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Jours tranquilles à Paris
9 juin 2020

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8 juin 2020

Laetitia Casta

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8 juin 2020

Océans : agir avant de se laisser submerger

Par Yvan Bourgnon,, navigateur, président fondateur de The SeaCleaners — Libération

oceans

Des déchets liés pour certains à l’épidémie de Covid, récupérés sur la digue de Juan-les-Pins (Alpes-Maritimes). (Photo Laurent Carré)

Sur le plan des déchets aussi, le Covid-19 est une catastrophe. A l’échelle mondiale, des milliards de masques et de gants terminent dans la mer et les lobbys du plastique et de l’emballage se frottent les mains. Il est temps d’agir sur tous les fronts.

Pourquoi se voiler la face ? Avant d’être l’amorce d’une nouvelle ère partout annoncée, le Covid-19 est pour l’heure, sur le plan des déchets, une catastrophe écologique. Sur les milliards de masques chirurgicaux et autres gants à usage unique utilisés dans le monde entier, des quantités astronomiques terminent leur vie par terre et dans l’océan. Une catastrophe pour la faune et la flore marines. Rappelons que, constitués en grande partie de polypropylène, donc de plastique, les masques à eux seuls mettent 450 années à se désagréger. Ces détritus liés à la pandémie viennent s’ajouter au triste score de 15 à 20 tonnes de déchets plastiques qui sont déversées chaque minute dans l’océan.

Dans ce «monde d’après», dont chacun souhaite qu’il soit empreint d’une réelle prise de conscience environnementale et de politiques publiques à l’avenant, les lobbys du plastique et de l’emballage se frottent les mains. Leur surenchère hygiéniste tous azimuts est pour eux l’occasion rêvée de redorer leur blason en imposant cet amalgame bien commode : plastique à usage unique = hygiène = sécurité optimale pour protéger les soignants, les consommateurs comme les aliments. Façon pernicieuse de discréditer indirectement les initiatives citoyennes de protections réutilisables, en tissu par exemple. De mettre à mal les campagnes de sensibilisation en direction des populations. Et, plus grave encore, d’envoyer par le fond toutes les mesures prises par les gouvernements du monde entier pour réduire l’emploi du plastique à usage unique, comme les cotons-tiges, pailles et autres couverts en plastique. Autant d’objets du quotidien qui n’ont pourtant aucun rapport avec le Covid-19.

Ces manœuvres au plus haut niveau s’exercent de mille façons. En France, on voit ainsi des demandes de moratoire apparaître au sujet des dispositions environnementales liées à la loi sur la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire, promulguée en février. Même chose à l’échelle européenne, où une demande de report a eu lieu concernant l’interdiction de certains plastiques à usage unique au motif que «les produits plastiques contribuent à lutter contre le Covid-19». Quant aux lobbys américains, ils n’hésitent pas à affirmer qu’interdire le plastique met «les consommateurs et les travailleurs en danger».

Cette nouvelle menace «post-première vague» de Covid-19 s’ajoute à toutes celles qui pèsent sur l’océan, et que nous connaissons déjà : surpêche, acidification, canicules marines, zones mortes, rejets de métaux lourds, pesticides, eaux usées des villes, dégazage des pétroliers, extraction minière sous-marine, etc. Victimes de la pollution plastique, ici une baleine est retrouvée morte avec une boule d’ordures de 100 kilos dans le ventre, là 85 % des tortues marines ont ingéré des déchets plastiques et on a retrouvé des fragments de plastique dans 90 % des oiseaux marins dans le monde !

Quant aux conséquences sur la santé humaine, si nous ne savons pas encore très bien dans quelle mesure les microparticules de plastique ingérées par les poissons ont des effets sur celle-ci, leur translocation a déjà été observée dans les poumons et le système digestif. Tous ces constats nous rappellent plus que jamais combien est vitale la préservation de cet océan qui, rappelons-le, recouvre 70 % de notre planète.

Bien plus que la sauvegarde des oiseaux marins, des tortues et des baleines dans laquelle certains voudraient cantonner ce combat, c’est tout simplement la survie de l’humanité qui est en jeu. Car l’océan contribue à réguler le climat à l’échelle mondiale en absorbant près d’un tiers des émissions de CO2 anthropiques. Ses nombreuses molécules marines révèlent chaque jour leur potentiel en termes d’applications médicales, notamment dans la lutte contre certains cancers… bref, on le voit, la liste serait longue qui tenterait d’évoquer tous les bienfaits que nous rend l’océan.

Alors que faire ? Penser commodément qu’il n’y a que les grandes mesures étatiques qui comptent, ou se dire que chaque petit geste est important quand on est 7 milliards à les faire ? Les deux ne sont pas antinomiques, bien au contraire. Aujourd’hui, c’est sur tous les fronts qu’il faut agir. Toutes les études montrent que la collecte des déchets, là où ils se trouvent, constitue un enjeu stratégique pour commencer à inverser la tendance. Car le moindre geste, comme le plus spectaculaire, est un acte de résistance face à ceux qui, même dans «le monde d’après», continuent à vouloir soumettre l’humanité et la nature à la loi du plus fort et à la tyrannie du business.

Autrement dit ? Ramasser un bâton de sucette ou collecter des déchets à grande échelle, même combat. Surtout quand, dans le monde entier, la collecte des ordures ménagères tourne au ralenti, confinement oblige, avec pour effet de laisser les pluies emporter les gants et autres masques vers le fond de l’océan… bref, quand on sait qu’à Bangkok, en Thaïlande, le volume de ces déchets plastiques a augmenté de 62 % en avril, on se dit que ce combat est non seulement d’actualité mais, à l’image de la lutte contre le Covid-19, d’ordre mondial.

Comme tant d’autres, j’ai été sidéré de voir ces images de détritus souiller la forêt de Fontainebleau, les quais de Seine, les caniveaux des grandes capitales occidentales. Dans tous ces pays, où l’on se targue de trier ses déchets et de protéger l’environnement, il aura suffi d’une période d’exception pour oublier nos grands principes et multiplier les incivilités, preuve que partout, le travail d’éducation est loin d’être achevé.

Collecter les déchets plastiques à grande échelle, là où la densité de déchets est la plus élevée, comme à l’embouchure des fleuves, est une priorité. Mais pas seulement : elle est aussi, dès aujourd’hui, de sensibiliser, de former et d’aider à légiférer en vue d’une meilleure prévention à tous les niveaux. Car s’il y a bien une vérité qui nous concerne et nous rassemble tous, c’est celle-ci : nous avons autant besoin de l’océan que l’océan a besoin de nous. Ce n’est donc pas le moment de baisser les bras, mais plutôt de se retrousser les manches ! Ni résignation ni fatalité : il nous appartient à tous d’agir. Alors profitons de la Journée mondiale de l’océan, ce lundi, pour lancer ce message : il est tard mais tout est encore possible.

7 juin 2020

Recherche - Face au Covid-19, la course au vaccin bat son plein

course aux vaccins

THE WALL STREET JOURNAL (NEW YORK)

Quelques mois après le déclenchement de la pandémie de Covid-19, plusieurs vaccins commencent à être testés sur l’humain. Une avancée fondamentale pour enrayer la progression du virus même s’il reste beaucoup d’interrogations.

Alors que gouvernements et groupes pharmaceutiques réfléchissent au moyen de développer des vaccins contre le Covid-19 et d’en réserver éventuellement les premières doses au personnel soignant, plusieurs candidats sont sur les rangs et tentent de se démarquer.

Sur la centaine de vaccins en cours de développement dans le monde, huit au moins sont entrés dans la phase des tests cliniques chez l’humain, dont plusieurs mis au point par [l’américain] Pfizer et la société de biotechnologies Moderna. Dans le même temps, des géants comme [l’américain] Johnson & Johnson, [le Britannique] AstraZeneca et [le français] Sanofi augmentent leurs capacités afin de pouvoir produire des centaines de millions de doses de leur vaccin ou de celui d’un de leurs partenaires.

Ces efforts s’inscrivent dans une grande course contre la montre, y compris à la Maison-Blanche. L’objectif : trouver les financements nécessaires pour accroître les capacités de production et de dépistage et disposer d’un vaccin aux États-Unis dès l’automne prochain.

Période de développement courte

Un vaccin sûr et efficace est le meilleur moyen de lutter contre le Covid-19, la maladie provoquée par le nouveau coronavirus, et de réduire les contaminations, affirment les autorités sanitaires. Les groupes pharmaceutiques travaillent d’arrache-pied pour mettre au point un potentiel vaccin le plus vite possible.

Il n’est toutefois absolument pas certain que les vaccins candidats, même les plus avancés, seront efficaces après une période de développement aussi courte. Certains traitements, comme ceux à l’étude chez Pfizer et Moderna, sont basés sur des technologies relativement nouvelles et qui n’ont pas encore été approuvées.

Une fois l’efficacité d’un traitement établie par des tests cliniques, les industriels comptent sur la diligence de la Food and Drug Administration (FDA) pour en autoriser l’usage – même si l’agence ne dispose pas de tous les éléments ordinairement requis pour une mise sur le marché.

Le 1er mai, la FDA a autorisé en urgence l’utilisation du remdesivir développé par Gilead Sciences quelques jours seulement après qu’une étude a démontré que ce traitement permettait de réduire la durée d’hospitalisation de malades souffrant du Covid-19.

L’agence s’est engagée à “faire usage de tous les instruments de réglementation adaptés et à rapidement formuler des recommandations pour accélérer le développement et la commercialisation d’un vaccin sûr et efficace contre le Covid-19”.

“Pas assez de doses pour vacciner toute la population”

Parmi les laboratoires qui ont augmenté leurs capacités de production, un certain nombre s’est engagé à fournir plusieurs millions de doses d’ici la fin de l’année. D’après leurs projections ainsi que les estimations des spécialistes, il est toutefois probable que la population générale doive patienter jusqu’aux premiers mois de 2021 pour pouvoir en bénéficier.

Les spécialistes espèrent que plusieurs vaccins candidats franchiront avec succès les différentes étapes de validation afin de disposer d’un grand nombre de doses. “Dans l’idéal, nous voudrions pouvoir produire entre sept et huit milliards de doses une fois le traitement autorisé afin de vacciner le monde entier, explique Walter Orenstein, directeur associé du centre de vaccinologie de l’université Emory, à Atlanta.

Néanmoins, le fait est que nous n’aurons probablement pas assez de doses pour vacciner toute la population des États-Unis”, reconnaît-il.

Sachant que les premières doses ne seront certainement disponibles qu’en quantités limitées, la question est de savoir quels pays y auront accès en priorité. D’après des représentants de l’industrie pharmaceutique, les entreprises bénéficiant de financements de l’État américain, comme Johnson & Johnson, Moderna ou Sanofi, sont vivement incitées à en réserver un certain nombre à la population américaine.

La Coalition for Epidemic Preparedness Innovation, une fondation qui défend la distribution équitable de vaccins dans le monde, a récemment accepté de verser plus de 380 millions de dollars à la société de biotechnologies américaine Novavax pour l’aider à mettre au point un vaccin susceptible d’être produit dans plusieurs pays et distribué dans le monde entier.

Vacciner les soignants et les travailleurs essentiels en priorité

Aux États-Unis, c’est probablement une agence fédérale comme les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) qui décidera où seront envoyées les premières doses et quelles catégories de population seront immunisées en priorité. Et les autorités sanitaires examinent la possibilité de s’appuyer sur des réseaux d’agences d’État chargées des campagnes de vaccination des enfants dans des hôpitaux publics, ainsi que sur des institutions privées agissant sous le contrôle des CDC, explique Claire Hannan, directrice exécutive de l’Association of Immunization Managers.

Parmi les premiers vaccinés figureront probablement le personnel soignant travaillant en première ligne et les secouristes, ainsi que les métiers essentiels comme les employés des supermarchés, des commerces alimentaires, des pharmacies et des transports publics, indique Paul Offit, directeur du Vaccine Education Center à l’hôpital pour enfants de Philadelphie et membre d’une commission réunissant des représentants de l’État fédéral et de l’industrie pharmaceutique pour accélérer le développement d’un vaccin contre le Covid-19.

Johnson & Johnson estime pouvoir fournir ses premières doses au début de l’année 2021. D’après son directeur scientifique, Paul Stoffels, l’entreprise devrait en avoir suffisamment pour vacciner l’ensemble des soignants. À terme, elle devrait produire plus d’un million de doses.

Moderna renforce elle aussi ses capacités de production, grâce notamment à un partenariat avec le groupe suisse Lonza, afin de pouvoir fabriquer plusieurs dizaines de millions de doses par mois d’ici la fin de l’année. L’objectif est de pouvoir en fabriquer un milliard par an, indique le directeur, Stéphane Bancel.

Réponses immunitaires incertaines face au vaccin

Les laboratoires ne chercheront probablement pas à modifier ou à améliorer les vaccins déjà mis sur le marché, car cela nécessiterait une nouvelle autorisation formelle, estime Florian Krammer, professeur en vaccinologie à l’Icahn School of Medicine de l’hôpital Mount Sinai, à New York.

Les tests des premiers vaccins pourraient toutefois permettre aux chercheurs d’avoir une idée plus précise du niveau de réponse immunitaire nécessaire pour parvenir à une bonne protection contre le virus, explique Walter Orenstein

Reste à savoir si les personnes âgées pourront bénéficier du vaccin. Les défenses immunitaires décroissant avec l’âge, l’efficacité du vaccin pourrait être limitée chez les seniors. Une partie de ces incertitudes tient à la nature des premiers essais cliniques, qui portent sur des sujets sains âgés de 18 à 55 ou 60 ans, et dont le but est d’estimer rapidement les effets secondaires chez les personnes les plus susceptibles d’en souffrir.

La réponse immunitaire aux vaccins est généralement moins forte chez les personnes âgées, il est donc difficile de se baser sur les réactions d’individus plus jeunes pour prédire les effets chez les personnes plus âgées”, prévient Lisa Jackson, chercheuse au Kaiser Permanente Washington Health Research Institute, qui a participé à l’une des études pour le vaccin de Moderna.

Le National Institute of Allergy and Infectious Diseases a récemment élargi le recrutement de sujets aux plus de 55 ans pour son étude sur le vaccin développé en collaboration avec la société de biotechnologies.

Peter Loftus

7 juin 2020

Londres : une capitale en déclin ?

londres capitale en déclin

THE ECONOMIST (LONDRES)

Alors que les Britanniques étaient eux-mêmes de plus en plus nombreux à quitter Londres, la ville risque de subir de plein fouet les conséquences de la crise du Covid-19 conjuguées à celles du Brexit.

Avant que n’éclate la pandémie, le gouvernement de Boris Johnson avait l’intention de modifier en profondeur la géographie économique du Royaume-Uni. On prévoyait ainsi d’investir massivement dans les infrastructures des régions pauvres des Midlands et du nord de l’Angleterre afin de contribuer à résorber l’écart de productivité observé avec Londres. L’objectif était de ramener à un même niveau les différentes régions du pays.

L’idée a toujours semblé un peu tirée par les cheveux. Les gouvernements britanniques qui se sont succédé depuis des décennies ont en effet tenté sans beaucoup de succès de stimuler la productivité à l’extérieur de la capitale. Et il semble de moins en moins probable que le gouvernement se lance dans de grands projets après la pandémie. Il devrait se contenter plutôt de remettre rapidement en état ce qui a besoin de l’être. Il se peut cependant qu’un autre phénomène se produise et permette à Boris Johnson de sauver la face : le déclin de Londres pourrait en effet entraîner un nivellement par le bas.

La ville la plus cosmopolite au monde

Londres n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui. Après la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement, qui avait déjà entouré la ville d’une large ceinture verte, la Green Belt, a délibérément incité les entreprises et les citadins à aller s’installer dans les “nouvelles villes” établies dans les comtés voisins. Le secteur de la production industrielle a connu un déclin, tout comme les quais, qui symbolisaient autrefois la prospérité de la ville et représentaient un vivier d’emplois. Dans les années 1980, la population londonienne avait chuté d’un quart par rapport à 1939, où elle atteignait 8,6 millions d’habitants. Les services et les établissements scolaires de Londres avaient par ailleurs très mauvaise réputation.

Après le Big Bang et la déréglementation des services financiers britanniques, en 1986, la logique de l’agglomération s’est de nouveau imposée, et Londres a repris sa marche en avant. On y trouve désormais plusieurs industries créatives, et, plus récemment, un pôle technologique prospère a émergé aux côtés des fournisseurs de services bancaires, de services de gestion des actifs et de services aux entreprises, qui y sont établis de longue date. Les établissements d’enseignement, les services de police et les transports ont tous connu une profonde transformation. L’afflux de population en provenance de tous les continents a fait de Londres la ville la plus cosmopolite au monde.

Or on observe depuis un certain temps déjà des signes annonçant le déclin de la capitale britannique. Si la population urbaine a continué de croître au cours des dix dernières années, cela est essentiellement dû à une augmentation de l’immigration et de la natalité. Entre 2008 et 2018, les Britanniques ont été plus nombreux à quitter Londres qu’à s’y installer. Les Londoniens se plaignent en outre des coûts élevés et de l’anxiété ambiante. La capitale figure d’ailleurs au bas de deux classements établis par l’Office britannique des statistiques (Office of National Statistics, ONS), c’est-à-dire ceux qui concernent le bien-être et la satisfaction individuelle. Depuis 2015, l’exode hors de la capitale que l’on observe a contribué à réduire l’écart entre les prix de l’immobilier à Londres et ceux pratiqués dans le reste du pays.

Quand les diplômés tournent le dos à la capitale

Les prix de l’immobilier restent cependant deux fois plus élevés à Londres qu’ailleurs dans le pays. Si l’on tient compte du coût du logement, les Londoniens sont, en moyenne, moins bien lotis économiquement que les habitants des autres régions du sud de l’Angleterre ou de l’Écosse. D’après le président du cabinet de services professionnels PwC, les diplômés commencent à tourner le dos à la capitale. Alors que 60 % des diplômés recrutés par les quatre grands cabinets comptables du pays étaient auparavant installés à Londres, en 2018, 60 % des nouveaux employés de ces firmes habitaient ailleurs.

Les loyers des espaces de bureaux situés dans les quartiers prisés de Londres sont encore plus élevés que ceux des particuliers. Le mètre carré de surface de bureaux coûte trois fois plus cher dans la capitale que dans d’autres villes du sud et sept à neuf fois plus cher qu’ailleurs au Royaume-Uni. D’après une firme de recrutement juridique, une entreprise peut économiser environ 20 000 livres [22 320 euros] par an, une fois pris en compte le salaire et les frais de bureau, en incitant un avocat à s’établir à l’extérieur du centre de Londres. Le terme “northshoring” – que l’on utilise généralement pour parler des délocalisations vers des villes comme Birmingham qui, dans les faits, ne sont pas très “nordiques” – est devenu un mot à la mode dans l’industrie. En 2017, HSBC a décidé de déménager à Birmingham le siège de ses services bancaires de détail au Royaume-Uni. En 2018, Amazon, le géant de la vente par Internet, a choisi Manchester pour y établir son principal pôle d’activités sur le territoire britannique.

Moins de bars, de restaurants et de théâtres

Si le coronavirus parvient à faire diminuer la valeur des propriétés et les loyers des espaces de bureaux, certains diplômés seront peut-être tentés de quitter Leeds ou Manchester pour revenir s’établir dans la capitale. La pandémie de Covid-19 et les mesures extrêmes de distanciation sociale utilisées pour l’endiguer posent toutefois un nouveau problème, plus profond : elles mettent en effet en péril deux éléments qui ont fait la renommée de la capitale britannique, c’est-à-dire les multiples possibilités de divertissement et la présence d’étrangers.

Londres doit au moins une partie de sa popularité au fait qu’il s’agit d’une ville fun. “Si les gens viennent ici, ce n’est pas seulement parce qu’ils peuvent toucher un salaire élevé, c’est aussi pour avoir du bon temps”, explique Douglas McWilliams, directeur du Centre for Economics and Business Research, un cabinet-conseil de Londres. Les bars et les cafés de l’East End ont fortement contribué à l’émergence d’un phénomène qu’il a baptisé, il y a quelques années, la “flat white economy”. En gros, on parle de “flat white economy” quand des professionnels avec des coupes de cheveux originales échangent des idées en sirotant des boissons branchées.

Or il est difficile d’avoir ce genre d’économie quand on doit maintenir une distance de deux mètres en faisant la queue pour se procurer sa dose de caféine. Forcés de réduire leur capacité d’accueil, les restaurateurs seront sans doute nombreux à mettre la clé sous la porte. Et les théâtres ne se remettront probablement pas de la crise. “Sans la culture et les restaurants, Londres n’est qu’un autre Francfort, mais le coût de la vie y est plus élevé et il y a plus de trafic”, résume un gestionnaire de fonds spéculatif.

Vers une ville plus verte et moins congestionnée ?

La crise du Covid-19 pourrait concourir, avec le Brexit, à freiner l’immigration internationale. Même si, avec le nouveau système d’immigration à points, les candidats étrangers qui postulent pour des emplois à Londres obtiennent un meilleur score que ceux qui sollicitent des postes ailleurs dans le pays (car les salaires y sont plus élevés), le signal est clair : le Royaume-Uni n’est pas très enthousiaste à l’idée d’accueillir un grand nombre d’immigrants. Les universités craignent de voir le nombre d’étudiants étrangers diminuer de 20 à 50 % au cours de l’année à venir. Pour Londres, qui accueille généralement plus de 100 000 étudiants étrangers, c’est un vrai problème.

Comme toutes les grandes villes, Londres risque de subir les conséquences des bouleversements du monde du travail provoqués par la crise du Covid-19. De nombreuses entreprises s’attendent ainsi à ce que certains de leurs employés continuent de travailler à la maison plusieurs jours par semaine, si ce n’est tous les jours, même après la fin de la pandémie. On peut supposer que les employés des entreprises qui doivent composer avec des locaux plus petits seront tentés de trouver un logement plus grand à l’extérieur de Londres pour y aménager un bureau. Quand on doit se rendre au bureau seulement deux ou trois fois par semaine, on peut habiter loin, surtout si cela nous permet d’avoir plus d’espace. Si cela se produit, toutefois, ce sont plutôt les villes-dortoirs du sud-est qui connaîtront un afflux massif de population et non les villes du nord et des Midlands, auxquelles le Premier ministre souhaite venir en aide.

Lisa Taylor, du cabinet-conseil Coherent Cities, reste optimiste. “Les deux prochaines années seront très difficiles, certes, mais le Londres de demain pourrait être très différent. On peut supposer que les pratiques d’aménagement urbain ne seront plus les mêmes et qu’il y aura davantage d’espaces de travail et de vie partagés.” Elle croit que l’on pourrait s’inspirer de villes comme Copenhague et Amsterdam pour faire de Londres une ville plus verte, moins congestionnée. Or ces villes sont loin d’être des métropoles internationales au même titre que la capitale britannique.

Il est peu probable que la capitale britannique soit de nouveau réduite au triste état dans lequel elle se trouvait avant le milieu des années 1980. Elle restera sans doute plus riche et plus productive que le reste du Royaume-Uni et continuera, plus que n’importe quelle autre ville d’Europe, d’attirer les immigrants talentueux. On peut cependant supposer que la crise affaiblira son pouvoir d’attraction et que l’économie britannique en souffrira. Mais il pourrait être plus souhaitable à d’autres égards d’avoir un pays moins centralisé, où les chances seraient réparties plus équitablement.

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6 juin 2020

Marisa Papen

marisa222

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6 juin 2020

La vie des objets : le transat

transat

Né sur les paquebots à la fin du XIXe siècle, ce siège pliable et empilable est devenu un grand classique du mobilier de jardin

Que ce soit sur une plage, à l’ombre d’une terrasse ou sur un balcon de ville, ce siège si confortable sonne comme un élément indissociable de l’été. Celui dans lequel on décide d’ouvrir un livre et où, finalement, on s’assoupit. Si le transat est aujourd’hui devenu un standard du mobilier de jardin, son histoire sent, elle, plutôt l’air frais du grand large.

En effet, les premiers sièges de ce type font leur apparition officielle sur les paquebots de ligne effectuant la traversée transatlantique (entre l’Europe et l’Amérique), dès la fin du XIXe siècle. A l’origine appelée « chaise de pont » (deck chair), une confortable assise facilement pliable et empilable au moindre grain fait alors son apparition sur les pontons des bateaux pour séduire la clientèle aisée.

De Mallet-Stevens à Eileen Gray

Les premiers modèles sont en bois et en rotin et pourvus d’un repose-pied et d’accoudoirs. Ils prendront très vite le nom de « transat », diminutif de « transatlantique ». Lors de l’armement du paquebot France, en 1960, ceux de première classe sont en aluminium laqué rouge.

Sur terre, avec l’arrivée des congés payés en France, en 1936, et la naissance du tourisme de masse, le transat se répand également sur les plages. Le rotin est remplacé par une toile de tissu solide, et le châssis est désormais en teck, en acacia ou en hêtre.

Si sa paternité originelle n’est pas connue, les designers modernistes vont, eux, s’amuser à redessiner ce nouveau modèle de siège. Parmi les plus connus figure le Fauteuil Transat, de l’architecte et designer français Robert Mallet-Stevens (1886-1945).

Ce modèle très épuré, fait d’une simple toile de coton blanc cassé, suspendue à une structure en tôle laquée vert, fut réalisé pour décorer la piscine de la villa du vicomte Charles de Noailles, à Hyères, dans le Var, entre 1923 et 1925. L’enseigne Habitat l’a réédité en 2014. Le Transat de la designer et architecte irlandaise Eileen Gray (1878-1976) a, lui aussi, marqué les esprits : il fut réalisé entre 1926 et 1929, période durant laquelle elle aménage sa villa E-1027 de Roquebrune-Cap-Martin, dans les Alpes-Maritimes.

Cette chaise longue, qui mélange bois laqué, métal chromé et une assise de cuir synthétique, possède plusieurs déclinaisons et a elle aussi été rééditée depuis.

Aujourd’hui, si le siège des paquebots est toujours là, le terme de « transat » semble avoir pris quelques rides et les catalogues de décoration lui préfèrent désormais « bain de soleil » ou « chilienne », résultant parfois de variations minimes quant aux lignes du modèle origina

6 juin 2020

We love GREEN

catherine ringer green

5 juin 2020

Consommation locale

consommer local

5 juin 2020

Un 14-Juillet d’exception sans le traditionnel défilé

14 juillet

14 juillet revue des troupes

14 juillet

Par Nathalie Guibert, Cédric Pietralunga - Le Monde

En raison du coronavirus, une cérémonie statique se tiendra place de la Concorde, avec un hommage aux soignants civils.

C’est une première depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Le 14 juillet prochain, il n’y aura pas de défilé militaire sur l’avenue des Champs-Elysées, comme le veut la tradition à l’occasion de la fête nationale. Une décision prise par Emmanuel Macron, « compte tenu de la situation exceptionnelle que connaît actuellement notre pays et des incertitudes qui demeurent quant à l’évolution de la pandémie du Covid-19 au cours des prochaines semaines », a indiqué l’Elysée, jeudi 4 juin.

Le défilé sera remplacé par une cérémonie militaire statique beaucoup plus sobre, qui se tiendra sur la place de la Concorde, avec seulement 2 000 participants contre 4 300 l’an passé. Ceux-ci formeront des « tableaux animés » devant quelque 2 500 invités. Le public ne devrait pas pouvoir y assister, sauf amélioration définitive de la situation sanitaire.

Le maintien de ce 14-Juillet « réinventé et adapté aux circonstances » est « une bonne nouvelle », a indiqué jeudi la ministre des armées, Florence Parly, devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale. « Ce n’est pas une annulation mais une adaptation », souligne-t-on à l’Elysée, où l’on ne mésestime pas la valeur symbolique de l’événement.

Moins spectaculaire

Cette spécificité française qui avait tant enthousiasmé Donald Trump, invité d’honneur en 2017, sera moins spectaculaire qu’à l’accoutumée. Aucun blindé ne circulera, par exemple : la partie motorisée de la parade (200 véhicules en 2019) est la plus lourde à préparer et il était devenu quasi impossible de la maintenir, pour des raisons logistiques.

Les soldats du 3e RIMA (infanterie de marine) de Vannes, le régiment du chef d’état-major des armées François Lecointre, seront peut-être déçus de ne pouvoir présenter le nouveau blindé Griffon, symbole de la modernisation en cours de l’armée de terre, qu’ils ont expérimenté les premiers. Mais l’allègement du rendez-vous soulagera aussi opportunément l’armée, qui doit rattraper les entraînements annulés pour cause de confinement, tout en maintenant les permissions d’été essentielles au moral des troupes, un sujet sensible. La cérémonie inclura néanmoins un défilé aérien, avec avions et hélicoptères.

Hormis les écoles militaires présentes comme les autres années, les unités terrestres et aériennes de ce 14-Juillet exceptionnel seront principalement celles engagées dans la lutte contre le coronavirus, au sein de l’opération « Résilience » : service de santé des armées et régiment médical ayant renforcé à Mulhouse (Haut-Rhin) les moyens de réanimation hospitaliers, équipages des aéronefs ayant transporté patients et matériels, ou spécialistes de la décontamination du 2e régiment de dragons.

Des partenaires européens ayant aidé la France dans la crise sanitaire sont en outre invités à « participer symboliquement » : Allemagne, Autriche, Luxembourg et Suisse.

Hommage aux soignants

Des civils, personnels soignants des hôpitaux mobilisés dans la crise du Covid-19, participeront également à la cérémonie, selon le souhait du chef de l’Etat. Le format reste à définir, « mais la cérémonie militaire sera bien distincte de l’hommage aux soignants, il n’y a pas de confusion », assure un membre du cabinet présidentiel.

Des Français engagés en première ligne lors de la crise sanitaire seront aussi conviés en tribune. « Il y aura des caissières, des éboueurs, toutes ces professions qui ont permis à la France de tenir et dont les Français veulent voir le comportement exemplaire honoré », souligne-t-on à l’Elysée. Un hommage sera également rendu à la figure du général de Gaulle, dont Emmanuel Macron célèbre le triple anniversaire cette année − celui de sa naissance, de sa mort et de l’appel du 18 juin 1940.

A écouter l’entourage présidentiel, Emmanuel Macron n’a jamais envisagé d’annuler la cérémonie du 14-Juillet, comme certains lui en ont prêté l’intention. L’Elysée a choisi entre les différentes options présentées par le général Bruno Le Ray, le gouverneur militaire de Paris responsable de l’opération. « On aurait fait comme d’habitude, avec une moitié de blouses blanches intégrée au défilé en mode “le peuple en marche”, cela aurait agacé tout le monde dans les rangs, souligne un militaire. Mais là, c’est un véritable 14-Juillet. » « Ce sera sobre, en résonance avec la gravité du moment », souligne l’Elysée. Comprendre : il n’y aura pas de musique des Daft Punk ou d’homme volant, comme lors des précédentes éditions.

Nouvelle étape

Le Rassemblement national a néanmoins accusé le président de « déconstruire la France », dans un communiqué publié jeudi soir. Selon le parti de Marine Le Pen, « priver » les Français de défilé « alors que le pays, soumis à des conditions de vie difficiles, restrictives et contraignantes jusqu’alors inédites en temps de paix, a fait face avec abnégation et discipline, est une faute manifeste ».

En attendant, le chef de l’Etat entend faire de cette célébration le point de départ d’une nouvelle étape de la vie du pays. Celle-ci a d’ailleurs été conçue pour s’intégrer dans la scénographie de « l’après » que le président de la République devrait esquisser peu ou prou au même moment, à l’occasion d’un grand discours ou d’une adresse à la Nation.

« Le lieu choisi pour la cérémonie, la place de la Concorde, dit tout de l’intention du président : il veut montrer que le pays a tenu bon durant la crise parce qu’il était uni, explique un conseiller d’Emmanuel Macron. Le 14 juillet doit être la démonstration que la vie reprend ses droits, que la République continue. »

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