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Jours tranquilles à Paris
27 mai 2020

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27 mai 2020

La santé de Kadyrov gérée comme un secret d’Etat en Tchétchénie

ka

Le président, contaminé par le Covid-19, est allé se faire soigner à Moscou

MOSCOU - correspondant

Où est Ramzan Kadyrov ? La question, simple, vire à l’affaire d’Etat en Russie, et plus encore en Tchétchénie, république du Caucase dont il est le président. Les premières informations faisant état d’une contamination au Covid-19 du dirigeant de 43 ans et de son hospitalisation à Moscou sont apparues jeudi 21 mai, sur un site d’investigation, Baza, disposant de bons relais dans les milieux du renseignement. Chose inhabituelle, ces informations ont été confirmées par les trois agences officielles, TASS, RIA Novosti et Interfax, avançant leurs propres sources. « Ramzan Kadyrov a été transporté par avion à Moscou, on soupçonne le coronavirus. Il est sous observation de médecins », a ainsi écrit la première. RIA confirmait aussi un transfert dans la capitale.

La contamination d’un haut dignitaire russe n’a rien d’exceptionnel. Avant Kadyrov, le premier ministre, Mikhaïl Michoustine, ainsi que plusieurs de ses ministres ou le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ont déjà été testés positifs au SARS-CoV-2. Certains d’entre eux ont dû séjourner à l’hôpital. Mais, signe de la sensibilité du sujet, la publication de ces informations a entraîné un branle-bas de combat en Tchétchénie même, où les officiels ont multiplié les dénégations, souvent contradictoires. Certains ont démenti toute maladie, comme le président du Parlement, Magomed Daoudov, homme de confiance de Kadyrov et responsable présumé des purges anti-homosexuels de ces dernières années, pendant que d’autres niaient uniquement le transport à Moscou.

Il faut dire que cette hospitalisation dans la capitale, si elle était avérée, ne manquerait pas de sel. En début de semaine passée, le président avait ainsi exigé le renvoi de soignants tchétchènes qui s’étaient plaints, sur les réseaux du manque de moyens de protection contre le virus. Il avait aussi forcé les « provocateurs » à s’excuser à la télévision et à confirmer que les hôpitaux du pays étaient parfaitement équipés. Pourquoi, dès lors, rallier Moscou ?

Un élément, relevé le 25 mai par le quotidien Novaïa Gazeta, jette le trouble sur les dénégations officielles : parmi les responsables niant toute contamination de Ramzan Kadyrov, son ministre de la santé, Elkhan Souleïmanov, qui a lui-même disparu de Grozny, la capitale tchétchène, depuis plusieurs jours. Prétendument pour accompagner son chef à Moscou. Cherchant à couper court aux rumeurs, M. Souleïmanov a diffusé une vidéo dans laquelle il explique passer plusieurs jours « en première ligne », à travailler dans les hôpitaux tchétchènes. Mais l’hôpital depuis lequel il s’exprime ressemble comme deux gouttes d’eau à la clinique de l’administration présidentielle, à Moscou, apparue dans différents reportages…

Hormis des communiqués officiels pour célébrer, par exemple, la fin du ramadan, Ramzan Kadyrov ne s’est pas exprimé en personne, ni même par l’intermédiaire de son canal préféré, Instagram. Son compte sur le réseau social est bloqué depuis le 13 mai, en application de sanctions prises dans le cadre du « Global Magnitsky Act » (la loi américaine Magnitski, sanctionnant la mort en prison de l’avocat russe Sergueï Magnitski, en 2009).

Depuis le début de l’épidémie, le très autoritaire dirigeant tchétchène a soufflé le chaud et le froid. Après avoir moqué la réaction occidentale et conseillé une recette à base de miel et d’ail, il avait assimilé les personnes en contaminant d’autres à des « terroristes » méritant d’être « tués ». En avril, il avait également menacé de mort une journaliste de Novaïa Gazeta, Elena Milachina, pour un article qui rapportait que les Tchétchènes malades étaient réticents à demander l’aide d’hôpitaux sous-équipés, craignant les mesures punitives et les représailles des forces de sécurité. Après avoir accepté la mise en place d’un confinement, lui-même n’avait pas modifié ses habitudes, multipliant les déplacements et refusant d’apparaître avec un masque. Dans le même temps, le Caucase est devenu l’un des principaux foyers du coronavirus en Russie. La Tchétchénie, avec 1,4 million d’habitants, compte 1 112 cas, mais la situation pourrait être plus grave. Dans le Daghestan voisin, les autorités ont reconnu que les 97 décès ouvertement enregistrés ne correspondaient pas à la réalité, et recensent plus de 700 morts de « pneumonie ».

Fonctionnement féodal

La gêne, à Grozny, est révélatrice d’un climat qui va bien au-delà de la seule crise du SARS-CoV-2. Ramzan Kadyrov, placé au pouvoir par Vladimir Poutine en 2004, après le meurtre de son père, Akhmad, tient la république grâce à ce lien personnel fort avec le président russe, mais aussi en imposant la terreur à sa population et grâce à la mise en place d’une petite armée loyale à sa personne.

Ce fonctionnement féodal a permis de ramener le calme sur le territoire après les guerres des années 1990 et 2000, mais il montre une grande dépendance aux individus. La vitalité de M. Kadyrov, qu’il exhibe volontiers sur Instagram, fait partie des attributs de son pouvoir. Son absence de Grozny et l’incertitude qui l’accompagne se traduisent immédiatement par un état de grande fébrilité. Le président tchétchène est une personnalité difficilement remplaçable. Ses multiples provocations envers le pouvoir fédéral, restées sans réponse, le prouvent.

Mais ces incertitudes pourraient bientôt cesser. Un Airbus A319, qui, selon plusieurs médias, appartient au président tchétchène, s’est posé sur l’aéroport de Grozny dans la nuit du lundi 25 à mardi 26 mai. Dans le même temps, des sources anonymes dans la presse russe assuraient déjà que Ramzan Kadyrov allait beaucoup mieux.

27 mai 2020

Enquête - Valise de billets en Suisse, fondation opaque au Panama : Juan Carlos, désarroi d’Espagne

roi juan carlos

Par Sandrine Morel, Madrid, correspondante Le Monde

A 82 ans, l’ancien monarque espagnol, réputé séducteur et bon vivant, est au cœur d’une affaire financière si retentissante qu’elle menace l’avenir même de la couronne dans son pays.

Une valise de billets. Un vieux roi dévoré par la passion des femmes et de l’argent. Une aristocrate allemande peut-être trop bavarde. De généreuses donations des pays du Golfe. Un gestionnaire de fonds et un sulfureux avocat à Genève. Sans oublier une fondation opaque, domiciliée au Panama… Tous les ingrédients d’un thriller politico-financier sont réunis dans le scandale qui frappe la monarchie espagnole depuis début mars. Les révélations sur la fortune cachée du « roi émérite » Juan Carlos en Suisse, où un procureur enquête depuis deux ans sur des soupçons de blanchiment, n’en finissent pas de salir la couronne et d’éclabousser son fils, Felipe VI.

Pour calmer le jeu, ce dernier a décidé de retirer à son père les fonds officiels qui lui sont alloués (195 000 euros par an). Après être apparu comme le deuxième bénéficiaire de la fondation utilisée par ce dernier pour occulter son patrimoine, il a aussi renoncé à tout héritage futur.

Rien n’y a fait : malgré ces efforts, le jeune roi, désireux d’incarner le renouveau de la monarchie espagnole depuis l’abdication de son père en 2014, n’a pas échappé au tintamarre des casseroles, le 18 mars, sur de nombreux balcons d’Espagne. Une protestation doublée du boycottage de l’allocution télévisée royale qui, au même moment, était censée donner du courage au pays. « Si la crise sanitaire n’était pas si grave, on ne parlerait de rien d’autre en Espagne », résume le politiste Pablo Simon.

Les faits rapportés au procureur suisse Yves Bertossa par leurs principaux acteurs, lors d’interrogatoires menés en 2018 – et révélés par le quotidien El Pais grâce à des fuites de la commission rogatoire entre les deux pays –, sont accablants.

Le gestionnaire de fortune de Juan Carlos, Arturo Fasana, dirigeant de la société Rhône Gestion, raconte ainsi qu’au mois d’avril 2010, celui qui était alors encore le chef de l’Etat espagnol s’était rendu à son domicile à Genève avec une mallette contenant 1,9 million de dollars (1,74 million d’euros) en espèces. Un simple « cadeau » de l’émir de Bahrein, lui aurait dit le roi, qui avait effectivement rencontré Hamad Ben Issa Al-Khalifa quelques semaines plus tôt à l’occasion d’un grand prix de Formule 1. Devant le magistrat, M. Fasana ne s’émeut guère de cette générosité. « Juan Carlos est une personne appréciée dans les pays du Golfe », explique-t-il. A l’entendre, la visite du souverain n’avait qu’un but : placer cet argent dans la banque Mirabaud, sur le compte de la fondation Lucum.

Chasse royale au Botswana

Cette fondation, domiciliée au Panama, dont Juan Carlos était le bénéficiaire, n’a plus de secret pour les Espagnols depuis que le quotidien La Tribune de Genève a révélé son existence, le 3 mars.

C’est sur ce compte que l’ancien roi avait reçu, en août 2008, un autre « don », d’un montant de 100 millions de dollars, cette fois de la part du gouvernement saoudien. Quatre ans plus tard, c’est aussi de ce compte que sont partis, lors de sa clôture précipitée, 65 millions de dollars vers un compte aux Bahamas appartenant à une certaine Corinna zu Sayn-Wittgenstein. De 26 ans sa cadette, cette entrepreneuse allemande est celle qui, sans le vouloir, a mis le procureur Bertossa sur la piste de la fortune de Juan Carlos…

Des années durant, cette brillante lobbyiste internationale, ex-épouse d’un financier américain puis d’un aristocrate allemand, a été très proche de Juan Carlos, marié depuis 1962 à Sophie de Grèce. Dès 2005, une photo montre le monarque dansant un rock endiablé avec cette blonde aux yeux bleus lors du bal annuel du New York Botanical Garden. Son nom, cependant, n’apparaît dans la presse espagnole qu’en avril 2012, lorsque Juan Carlos est opéré de la hanche après un accident. La Zarzuela (le palais royal) se voit alors contrainte d’expliquer aux Espagnols, plongés dans une terrible crise économique, que le roi revient d’une partie de chasse à l’éléphant au Botswana. La presse ajoute qu’il s’y est rendu avec une « tendre amie », une certaine Corinna, laquelle l’aurait accompagné, voire représenté, lors de nombreux voyages effectués ces dernières années dans les pays du Golfe…

Dire que l’épisode du safari abîme l’institution est un euphémisme. Les mots de compassion que le roi avait prononcés un mois plus tôt, assurant que « le chômage des jeunes l’empêch[ait] de dormir », sonnent soudain très faux aux oreilles de ses compatriotes, qui y voient la marque d’un insoutenable cynisme.

Les mois suivants, la « note de confiance » de l’opinion envers la monarchie ne cesse de baisser, atteignant un minimum de 3,68 sur 10 en 2013, selon le Centre de recherches sociologiques, l’institut de sondage officiel espagnol. Ajoutée aux révélations sur l’enrichissement illicite de son gendre, Iñaki Urdangarin, mari de sa fille Cristina de Borbon, l’affaire du safari provoquera la fin prématurée du règne de Juan Carlos, deux ans plus tard. Elle entraînera aussi, sans que cela se sache à l’époque, de nombreux remous en Suisse…

Par précaution, Juan Carlos dissout sa fondation et décide de transférer le solde du compte ouvert à la banque Mirabaud, soit 65 millions de dollars, à son amie allemande, directrice d’une société de conseil stratégique.

La manie des enregistrements

S’il espère ainsi continuer à profiter de cette fortune par le biais de Corinna zu Sayn-Wittgenstein, c’est raté. « Je n’ai pas sollicité la généreuse donation qui m’a été faite par le roi d’Espagne en 2012 et qui fait l’objet d’un contrat de donation irrévocable », fait savoir celle-ci au Monde par l’intermédiaire de son avocat en France, Me Eric Moutet. Autrement dit, c’est un cadeau, et elle n’entend pas le rendre à Juan Carlos. « Je n’avais aucune raison de douter de la sincérité des intentions de Juan Carlos Ier, fait-elle préciser par son conseil. Mais deux ans plus tard, j’ai dû prendre l’initiative d’une réunion avec ce dernier pour qu’un avocat lui explique que les fonds qu’il m’avait donnés ne pouvaient servir à financer ses dépenses, car cela susciterait immanquablement des soupçons de blanchiment. Il reviendra à Juan Carlos d’expliquer aux tribunaux anglais son comportement après cette réunion. »

Corinna zu Sayn-Wittgenstein, installée à Londres, se dit prête à lancer une procédure contre l’ex-roi d’Espagne au Royaume-Uni concernant les pressions dont elle s’affirme victime. « J’ai été menacée de mort, je fais l’objet d’une surveillance constante, on a tenté de me séparer de mes enfants et de détruire mon réseau de relations, notamment professionnelles, on s’est introduit plusieurs fois chez moi, on a diffusé des centaines d’articles contenant des mensonges et des calomnies grossières à mon encontre », détaille-t-elle à travers Me Moutet.

C’est peu dire que la relation entre l’ancien monarque et son amie s’est envenimée à partir de 2012. En 2015, cette dernière se confie à un commissaire de police, ex-détective privé, devenu membre des services spéciaux, José Manuel Villarejo. Cet homme, réputé capable d’arranger tout type de problème grâce à quarante ans de « services » dans les hautes sphères politiques et économiques d’Espagne, lui a été recommandé par le mari d’une amie, l’ancien président de la compagnie Telefonica, Juan Villalonga, qui assiste lui aussi à la réunion. Devant les deux hommes, Mme Wittgenstein s’épanche pendant des heures sur les « affaires » de Juan Carlos. Elle ignore que M. Villajero a la manie d’enregistrer secrètement toutes ses réunions, et elle n’imagine sans doute pas qu’il diffusera ces enregistrements trois ans plus tard…

En novembre 2017, l’ex-commissaire à présent à la retraite est rattrapé par la justice espagnole dans un autre dossier, une affaire de blanchiment présumé et de corruption internationale. Placé en détention provisoire, M. Villarejo est mis en examen pour révélation de secret, usage de faux, trafic d’influence et extorsion. L’homme, qui se croyait au-dessus des lois, exige d’être libéré sous peine de révéler de lourds secrets… C’est ainsi qu’en juillet 2018, il transmet à deux sites d’information, El Español et Ok Diario, les enregistrements de sa réunion de 2015 avec Corinna zu Sayn-Wittgenstein.

« Cadeaux empoisonnés »

Les « confidences » de l’ex-amie du roi sont détonantes. A l’en croire, le directeur d’alors des services espagnols, le Centre national du renseignement (CNI), Félix Sanz Roldan, aurait fait « pression » sur elle et l’aurait même « menacée » pour qu’elle taise les secrets en sa possession. Toujours selon elle, son domicile monégasque aurait été fouillé, Juan Carlos aurait mis un terrain à Marrakech (Maroc) à son nom sans son accord, par le biais d’un avocat établi en Suisse. « Non pas parce qu’il m’aime beaucoup, mais parce que je réside à Monaco », précise-t-elle. Elle parle aussi de « cadeaux empoisonnés » que le roi entend récupérer et qui risqueraient de lui valoir des accusations de blanchiment. D’après elle, ce dernier disposerait d’un compte en Suisse au nom d’un cousin, Alvaro d’Orléans-Bourbon, et ce compte lui servirait à payer des vols privés, qui décollent et atterrissent de la base militaire de Torrejon de Ardoz.

La suite est à l’avenant : l’ancien roi aurait utilisé l’amnistie fiscale de 2012 pour rapatrier des fonds et il aurait appelé des administrations publiques pour leur demander d’engager la fondation Noos, appartenant à son gendre, Iñaki Urdangarin, lequel sera condamné en 2018 pour détournement de fonds publics et trafic d’influence. Enfin, elle évoque une possible commission versée au monarque en marge du contrat de construction d’un « train du désert », entre Médine et La Mecque, marché attribué par l’Arabie saoudite à un consortium espagnol pour 7 milliards d’euros, en 2011… « Il ne sait pas distinguer ce qui est légal et ce qui est illégal », conclut-elle. Le commissaire Villarejo parle, lui, de « l’impunité psychologique de celui qui a toujours fait ce qu’il voulait ».

Ces enregistrements ont tout d’une bombe pour la monarchie. Mais les principaux médias refusent de les diffuser et limitent leur couverture de l’affaire, assurant ne pas vouloir se prêter à un « chantage à l’Etat » de la part de M. Villarejo. Le gouvernement du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) évite de commenter l’affaire et demande simplement au directeur du CNI, M. Sanz Roldan, de comparaître devant la commission des renseignements du Parlement.

Entendu le 25 juillet 2018, il dément toute pression à l’encontre de Corinna zu Sayn-Wittgenstein, mais reconnaît l’avoir rencontrée à l’hôtel Connaught de Londres, à l’été 2012. Il assure que le CNI n’a jamais enquêté sur le patrimoine ou les activités économiques du roi car aucun gouvernement ne le lui avait demandé, mais convient qu’il connaissait l’existence des enregistrements. Il estime que les voix sont authentiques, mais, selon El Pais, met en doute certaines des révélations faites par la chef d’entreprise allemande, notamment sur la commission du « train du désert », les voyages payés par le cousin du roi ou le fait que Juan Carlos ait pu bénéficier de l’amnistie fiscale de 2012.

L’enquête rebondit à Genève

Pour les deux grands partis espagnols, PSOE et Parti populaire (PP, droite), les explications de M. Sanz Roldan sont suffisantes. Pas question d’ouvrir une commission d’enquête parlementaire sur la fortune de Juan Carlos, comme le demandent alors le parti de la gauche radicale Podemos et plusieurs partis régionalistes.

Deux mois plus tard, en septembre 2018, la justice espagnole classe sans suite les révélations des enregistrements, « faute de preuve » et du fait de « l’inviolabilité du roi à l’époque des faits ». En Espagne, l’affaire semble close. Mais pas à Genève, où le procureur Bertossa a eu vent des commissions présumées versées sur des comptes en Suisse et a décidé d’enquêter sur un possible cas de blanchiment aggravé…

Ces deux dernières années, ce magistrat discret et consciencieux semble avoir pu confirmer une partie de ce que Mme Wittgenstein avait révélé à M. Villajero en 2015. En remontant le fil des virements effectués à celle-ci, il a découvert l’existence de la fondation Lucum, appartenant à Juan Carlos, et le versement de 100 millions de dollars de l’Arabie saoudite. Mais aussi l’existence d’une autre fondation, Zagatka, détenue par Alvaro d’Orléans-Bourbon, et dont Juan Carlos est le troisième bénéficiaire. Créée en 2003 au Liechtenstein, associée à un compte au Crédit suisse, Zagatka aurait servi à payer des dizaines de vols secrets durant onze ans, pour une valeur de 3 millions d’euros, selon El Pais. Résident à Monaco, le prince Alvaro d’Orléans-Bourbon nie avoir été utilisé comme prête-nom. D’après ses avocats, sa fondation ne servait qu’à suivre « la tradition familiale héritée de son père et de son grand-père » de « venir en aide aux monarchies européennes ».

Quant à Corinna zu Sayn-Wittgenstein, elle nie aussi avoir servi de prête-nom, car si « certains ont essayé de la manipuler, leurs tentatives ont échoué, assure Me Moutet. Elle a refusé d’être instrumentalisée et de servir de bouc émissaire pour couvrir les agissements de certaines personnalités puissantes en Espagne ».

En mars 2019, ce sont les avocats britanniques de Mme Wittgenstein qui ont prévenu Felipe VI qu’il était le second bénéficiaire de Lucum. Cette information, confirmée par la Zarzuela, n’est sans doute pas étrangère au fait qu’en avril 2019, Juan Carlos a mis fin à toute activité institutionnelle ou officielle et s’est retiré de la vie publique. Lui qui aurait pu rester dans les livres d’histoire comme l’homme ayant apporté et consolidé la démocratie en Espagne après la mort du dictateur Franco, en 1975, a fini par être rattrapé par ses excès.

« Meilleur lobbyiste de l’Espagne »

Pourtant, les Espagnols ont longtemps tout pardonné à ce souverain familier et sympathique, bon vivant et enjoué, d’après le journaliste Jaime Peñafiel, spécialiste de la monarchie espagnole : « Juan Carlos était considéré comme un bon roi, celui qui a mené la transition vers la démocratie et mis fin à la tentative de coup d’Etat de 1983. Il existait une certaine permissivité sur la question sentimentale. Quant à la question économique, il régnait une importante opacité informative : la presse cachait ses affaires. »

Pour les médias comme pour les partis, le fait de protéger le roi allait au-delà de la déférence due à un chef d’Etat : cela signifiait préserver la Constitution, la démocratie et l’unité du pays. Ses relations extraconjugales, sans doute bien plus nombreuses que les quelques noms avancés au fil du temps, donnaient une image de séducteur dont les Espagnols s’accommodaient volontiers. Quant à ses bonnes relations avec les monarchies du Golfe, elles étaient considérées comme profitables à tous.

Le journaliste Gregorio Moran a ainsi raconté, dans l’essai Adolfo Suárez : ambición y destino (Debate, 2009, non traduit), comment, en 1977, en pleine transition démocratique, le prince Fahd, futur roi d’Arabie saoudite, avait remis 100 millions de dollars à Juan Carlos. Un prêt destiné à « renforcer la démocratie espagnole », même si, comme l’écrit un autre journaliste, José Garcia Abad, dans Una tragedia griega (« une tragédie grecque », La esfera de los libros, 2005, non traduit), « il est arrivé beaucoup plus [d’argent] à la Zarzuela qu’à la Moncloa [siège du gouvernement] ».

Dès la crise pétrolière de 1973, les liens de Juan Carlos avec le prince Fahd avaient permis à l’Espagne de ne jamais manquer de pétrole. « C’est à cette date qu’il a été autorisé par Franco à recevoir des commissions comme intermédiaire avec l’Arabie saoudite », assure Jaime Peñafiel, qui rappelle qu’il « n’avait pas de fortune, seulement une toute petite allocation de Franco… ». Peu avant son abdication, en 2014, la vente de près de 250 chars de combat Leopard à l’Arabie saoudite avait été perçue comme le résultat de sa dernière intermédiation. Idem pour le marché du « train du désert », conclu en 2011.

« Pendant longtemps, Juan Carlos Ier a été considéré comme le meilleur lobbyiste de la “marque” Espagne : il avait coutume d’emmener des chefs d’entreprise dans ses voyages dans les pays du Golfe et d’Amérique latine, et leur a permis d’obtenir de grands contrats, rappelle José Maria Irujo, le journaliste d’El Pais qui a mené l’enquête en Suisse et révélé les derniers scandales. Malgré les rumeurs, il n’a jamais été prouvé qu’il recevait des commissions en échange. »

Les cadeaux reçus par Juan Carlos, parfois cédés au Patrimoine national après quelque temps d’usage, avaient un caractère ostentatoire problématique, mais le roi ne les refusait guère. La liste a de quoi impressionner : la somptueuse propriété de La Mareta, aux Canaries, offerte en 1989 par Hussein de Jordanie, son ami intime ; le premier yacht Fortuna, cadeau du roi Fahd d’Arabie saoudite en 1979, qu’il appelait « son frère » ; le deuxième yacht Fortuna, présent de chefs d’entreprises des Baléares en 2000 ; les deux Ferrari données par les Emirats arabes unis en 2011… Et les grands crus, et les bijoux, et les œuvres d’art, et même ce guépard offert, alors qu’il n’était encore que prince, par l’empereur d’Ethiopie, Hailé Sélassié, en 1972.

Grand ménage à la Zarzuela

Dans les années 1990, son amitié avec des personnalités sulfureuses, comme les financiers Javier de la Rosa et Mario Conde, emprisonnés par la suite pour des affaires de corruption, ont commencé à ternir sa réputation.

En 2003, la revue Forbes alla jusqu’à chiffrer sa fortune à 1,79 milliard d’euros, « un montant non négligeable pour l’héritier d’une famille exilée sans le sou », souligne l’historienne Laurence Debray dans sa biographie Juan Carlos d’Espagne (Perrin, 2019), en référence à l’exil de la famille royale lors de la proclamation de la République, en 1931, tout en rappelant que cette estimation n’a jamais été ni confirmée ni démentie, mais revue à la baisse à 300 millions d’euros après la crise immobilière de 2008.

Conscient que les écarts de son père ont endommagé l’image de la monarchie, Felipe VI s’est engagé, en 2014, à « veiller à la dignité de l’institution, à préserver son prestige et à observer une conduite intègre, honnête et transparente ». En 2015, il a écarté de la famille royale sa sœur, l’infante Cristina, et lui a retiré son titre de duchesse de Palma de Majorque, après le scandale de corruption impliquant son mari, condamné à cinq ans de prison en 2018. Felipe VI publie à présent chaque année la liste des cadeaux que lui et sa famille reçoivent lors d’activités officielles. Mais les murs ainsi dressés entre lui et son père ne le protègent pas des retombées de l’enquête suisse.

Dans l’entourage de l’ancien roi, on relativise les accusations en rappelant que les faits remontent à plus de dix ans, que le procureur suisse s’intéresse avant tout au rôle des banques de son pays et que, pour le moment, l’ex-monarque, désormais âgé de 82 ans, n’a pas été mis en examen, ni même convoqué. La Zarzuela, en revanche, ne cache pas son inquiétude quant au pouvoir de destruction des « affaires » de Juan Carlos sur la monarchie…

27 mai 2020

Le SARS-CoV-2 entraîne bien une immunité protectrice

Par Paul Benkimoun

Des personnels soignants infectés par le Covid-19 ont bien produit des anticorps, mais on ignore encore la durée de la protection.

Parmi les multiples questions qui restent posées à propos du Covid-19, celle de la réponse immunitaire et de la protection qu’elle pourrait conférer aux personnes ayant été infectées n’est pas la moindre.

Plusieurs travaux, dont une étude menée auprès de soignants du CHU de Strasbourg et prépubliée le 26 mai sur le site MedrXiv.org, confirment que l’infection par le SARS-CoV-2 suscite bien la production d’anticorps et que ceux-ci possèdent une action neutralisante contre ce coronavirus encore présente six semaines après l’apparition des symptômes.

Il faudra attendre d’autres travaux pour savoir combien de temps dure cette protection contre une réinfection, tout en gardant à l’esprit que les anticorps, produits par les lymphocytes B, ne constituent qu’une partie de nos défenses immunitaires, à côté de l’immunité cellulaire s’appuyant sur des globules blancs spécialisés, les lymphocytes T.

Le rassemblement évangélique qui s’est tenu à Mulhouse (Haut-Rhin) du 17 au 24 février a été à l’origine d’un foyer épidémique qui a essaimé à travers la France et a enraciné le Covid-19 dans la région. Cet épisode de « superpropagation » a été à l’origine de nombreux cas de contamination au sein des personnels du CHU de Strasbourg à partir de la première semaine de mars.

Afin de comprendre la réaction immunitaire développée à la suite de ces infections, une équipe associant des chercheurs du CHU de Strasbourg et de l’Institut Pasteur, a mené en avril une étude auprès d’un échantillon de membres du personnel chez lesquels l’infection par le SARS-CoV-2 avait été confirmée par un test PCR.

Chez les 160 soignants et personnels administratifs inclus dans cette investigation, le type de symptômes et leur date d’apparition étaient connus. Il s’agissait de formes bénignes de Covid-19, n’ayant pas nécessité d’hospitalisation, avec des symptômes classiques : fièvre, difficultés respiratoires, perte de l’odorat…

« Déterminer la durée de cette protection »

Deux tests sérologiques ont été utilisés : un test rapide du commerce détectant la présence d’anticorps contre le SARS-CoV-2, et un test « S-Flow », plus perfectionné, mis au point par les chercheurs de l’Institut Pasteur et utilisé par eux pour une étude à Crépy-en-Valois. Ciblant une autre région du coronavirus que le test rapide, le S-Flow fournit à la fois une information quantitative et qualitative.

« Il s’agissait pour nous de suivre l’apparition d’anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2, ce qui signait la séroconversion, d’apprécier la quantité de ces anticorps et leur efficacité à neutraliser le SARS-CoV-2 », explique Olivier Schwartz (responsable de l’unité Virus et immunité, Institut Pasteur), dernier cosignataire de l’étude.

Le pourcentage de neutralisation était calculé en comparant le signal d’immunofluorescence dans le sérum d’un participant à celui généré par des sérums d’individus Covid-19 négatifs.

Le test rapide a détecté des anticorps dans 153 (95,6 %) des prélèvements, tandis que le S-Flow en identifiait dans 159 (99,4 %), soit chez la totalité des participants sauf un, pour lequel aucun des deux tests n’a montré la présence d’anticorps. Premier enseignement donc, comme on l’espérait, l’infection entraîne bien une réponse de l’immunité humorale, même dans les formes bénignes de Covid-19.

Deuxième confirmation apportée par cette étude, la quantité d’anticorps neutralisants détectés par les tests s’accroît au fil du temps : 79 % des prélèvements effectués deux à trois semaines après le début des symptômes en possédaient ; un taux qui montait à 92 % chez ceux datant de trois à quatre semaines et à 98 % pour ceux recueillis quatre à six semaines après le début des signes cliniques. « L’activité neutralisante est bien présente à un temps plus tardif que l’apparition des anticorps et c’est encourageant, note Olivier Schwartz. Nous espérons suivre plus longuement les participants à cette étude afin de déterminer la durée de cette protection. »

« Immunité protectrice mais pas stérilisante »

Outre des études in vitro sur l’action neutralisante d’anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2, des essais chez des singes ont mis en évidence le fait qu’après une première infection par ce coronavirus suivie d’une guérison, ces animaux étaient protégés contre la maladie lorsqu’on leur administrait à nouveau le virus.

« Cela n’infirme pas une réinfection, mais les chercheurs ont constaté une augmentation rapide du taux d’anticorps contre le SARS-CoV-2, une élimination plus rapide du virus, remarque Olivier Schwartz, qui ne participait pas à ces études. Ces anticorps favorisent une forme bénigne, atténuée de la maladie. C’est une immunité protectrice mais pas stérilisante. »

Parallèlement à l’étude française, deux articles émanant d’équipes chinoises consacrés aux anticorps neutralisants anti-SARS-CoV-2 sont publiés, mardi 26 mai, sur le site de la revue Nature. Ces articles s’inscrivent dans la recherche d’anticorps responsables de l’immunité contre le SARS-CoV-2 afin de produire par clonage cette lignée à partir de l’ADN d’une cellule isolée capable d’en fabriquer.

Bin Ju (Southern University of Science and Technology, Shenzhen) et ses collègues ont analysé les sérums de huit patients infectés par le SARS-CoV-2 et identifié 206 anticorps monoclonaux, réagissant spécifiquement avec une région de ce coronavirus, dite « RBD », située sur la protéine virale Spike (protéine S). Celle-ci joue le rôle de clé en se liant au récepteur « ACE2 » situé à la surface des cellules pour y pénétrer et les infecter.

Le nombre élevé d’anticorps s’explique par le fait que chaque patient pouvait avoir un répertoire de plusieurs dizaines d’entre eux. Les capacités respectives de neutralisation de ces anticorps variaient selon l’aptitude à bloquer l’interaction entre la région RBD du coronavirus et le récepteur ACE2 de la cellule.

De leur côté, Rui Shi (académie chinoise des sciences, Pékin) et ses collègues ont isolé deux anticorps monoclonaux dotés d’un fort pouvoir neutralisant spécifique in vitro contre le SARS-CoV-2 dans le sérum d’un patient convalescent après un Covid-19. Ils ont également testé l’activité de ces anticorps administrés à des singes Rhésus, soit en traitement de l’infection, soit à titre prophylactique avant que le SARS-CoV-2 soit administré dans la trachée. L’un de ces deux anticorps monoclonaux montrait une forte capacité à éliminer le virus de la trachée, dans le cas d’une utilisation comme traitement, et à empêcher la charge virale d’y augmenter, pour ce qui est de l’usage prophylactique. Des pistes intéressantes pour la mise au point de nouveaux outils contre le SARS-CoV-2.

27 mai 2020

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27 mai 2020

La crise fait pâlir l’étoile du site de réservation en ligne Booking.com

Par Jean-Pierre Stroobants, Bruxelles, Correspondant Le Monde

Rattrapée par la pandémie due au coronavirus, la société de réservations d’hébergements envisage pour la première fois de son histoire des licenciements.

La fête est finie : pour la première fois de son histoire, Booking.com envisage un plan social et, peut-être, des licenciements. Rattrapée par la pandémie due au coronavirus, la jeune et florissante société de réservations d’hébergements, leader mondial dans son secteur, a vu, au cours du mois dernier, son activité chuter de 85 % par rapport à la même période en 2019, année durant laquelle le site avait enregistré 850 millions de nuitées.

Les autorités publiques ont été appelées au secours aux Pays-Bas, berceau de la société créée en 1996, à Enschede (Est), par Geert-Jan Bruinsma, un entrepreneur de 28 ans.

Le 10 avril, Glenn Fogel, le PDG de l’entreprise, annonçait, dans une visioconférence, que des licenciements étaient « vraisemblables ». Une première et un choc pour une société passée en quelques années du rang de start-up à celui de multinationale. Elle regroupe aujourd’hui 17 500 collaborateurs, dont 5 500 au siège du groupe, à Amsterdam. En France, son service clients, installé à Tourcoing (Nord), devait en compter 850 d’ici à la fin de l’année.

La polémique enfle

Se vantant, jusque-là, d’être l’un des rares acteurs du secteur touristique à ne pas avoir supprimé de postes, Booking a demandé des aides afin de pouvoir maintenir le revenu de ses salariés. Aux Pays-Bas, on ignore le montant que l’Etat lui a octroyé, mais la polémique enfle : reconnue pour sa créativité et son sens de l’innovation, Booking est aussi réputée pour sa capacité à user des ficelles de l’ingénierie fiscale.

L’Etat néerlandais offre un statut très favorable aux multinationales et, en outre, aux entreprises innovantes. Selon les estimations, la société de réservations aurait bénéficié jusqu’ici de quelque 2,2 milliards d’euros d’abattements au total.

« Nous ne sommes pas ici pour des avantages fiscaux, nous sommes d’Amsterdam », a toutefois affirmé récemment M. Fogel au quotidien NRC Handelsblad, auteur d’une vaste enquête sur la situation de la compagnie. Selon le PDG, la société a payé au total 3,7 milliards d’euros d’impôts en Europe jusqu’ici, dont une grande partie aux Pays-Bas. « Plus que Shell », souligne-t-il. Pour ce dernier, il s’agirait toutefois d’étudier désormais « la forme et la taille » de la future Booking.

L’IMAGE DE LA SOCIÉTÉ « COOL », BRANCHÉE, ET TRÈS PROFITABLE RISQUE D’ÊTRE TOUT AUTRE À LA FIN DE LA CRISE

L’image de la société « cool », branchée, et très rentable – un chiffre d’affaires annuel de quelque 10 milliards d’euros et un bénéfice proche de 3,5 milliards –, risque donc d’être tout autre à la fin de la crise. Un coup dur pour ses employés, habitués à une culture d’entreprise réputée non directive, avec des primes substantielles et un bien-être évident : les « soirées Booking » et les balades sur les canaux dans le bateau siglé du nom de la société sont célèbres à Amsterdam.

Les salariés, qui se disaient généralement très fiers d’appartenir à une telle collectivité, le resteront-ils ? L’annonce de possibles mesures sociales inquiète, en tout cas, les nombreux expatriés employés aux Pays-Bas, qui s’interrogent soudain sur leurs droits. La crainte de délocalisation de certaines activités affleure. La surcharge de travail dans certaines branches, dont les centres d’appels, est évoquée. Et une pétition circule, raconte NRC Handelsblad : les signataires se demandent, pour la première fois, si certaines pratiques de la direction sont bien conformes à la charte des valeurs de la société.

Une « pépite » à la trésorerie insuffisante

Tout semble changer également aux yeux d’une partie de l’opinion : l’entrée du chantier du « Tech Campus », l’immense nouveau siège que la compagnie fait construire – coût estimé : 270 millions d’euros – sur le site de l’ancienne poste centrale d’Amsterdam, est désormais ornée d’un panneau dénonçant une société « immorale et parasitaire ».

Des militants associatifs néerlandais se demandent, en effet, comment il est possible qu’un groupe réalisant de tels profits puisse en appeler à l’aide de l’Etat. La réponse étant que Booking Holding (qui regroupe Booking.com et aussi Priceline, Kayak, Rentalcars, etc.) dispose d’une trésorerie estimée à 5,8 milliards d’euros, mais qui pourrait s’avérer insuffisante pour affronter la crise, d’autant que ses dettes et ses emprunts se chiffrent à 7,1 milliards d’euros.

LES AUTORITÉS FISCALES FRANÇAISE, ITALIENNE ET TURQUE ONT, POUR LEUR PART, ACCUSÉ BOOKING DE TENTER D’ÉLUDER LE PAIEMENT DE LA TVA ET DE L’IMPÔT

Rachetée en 2005 par l’américain Priceline Group, Booking.com a été une véritable « pépite » pour son acquéreur, qui n’a déboursé que 120 millions d’euros à l’époque. Les plaintes des hôteliers, qui ont vu la commission qu’ils reversent au site passer de 5 %, au départ, à 10 %, voire 25 %, n’ont pas entamé le crédit de l’entreprise. Pas plus que l’interdiction qui était faite à ses commerçants de proposer des chambres moins chères sur d’autres plates-formes. Et les critiques des autorités réglementant la publicité quant à certaines pratiques – dont la célèbre mention « Plus qu’une chambre sur notre site » – n’ont pas eu davantage d’effet.

Les autorités fiscales française, italienne et turque ont, pour leur part, accusé Booking de tenter d’éluder le paiement de la TVA et de l’impôt en transférant ses bénéfices vers les Pays-Bas pour être moins taxée. Les autorités de la concurrence se sont, quant à elles, souciées de clauses contractuelles jugées abusives. Et en 2019, l’entreprise était contrainte par la Commission européenne de promettre une politique de prix plus transparente.

Aujourd’hui, c’est le Covid-19 qui risque de l’obliger à un changement de cap bien plus radical.

26 mai 2020

Jean Paul Goude

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