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Jours tranquilles à Paris
16 mai 2016

Georgia May Jagger photographiée par Mario Sorrenti

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16 mai 2016

Street Art

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16 mai 2016

Miranda Kerr

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16 mai 2016

David Bailey (photographe)

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16 mai 2016

Milo Moiré (artiste)

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16 mai 2016

Dita von Teese

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15 mai 2016

Harmony of the Seas - la folie des grandeurs !

Le navire a quitté Saint Nazaire aujourd'hui

Harmony Of The Seas 15/05/2016 depart de St Nazaire / Timelapse.

15 mai 2016

Madonna photographiée par Terry Richardson

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15 mai 2016

Emily Ratajkowski

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15 mai 2016

Gonzague Saint Bris. « La création du festival de Cannes fut le premier acte de résistance »

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Propos recueillis par Philippe Minard/ALP

Le journaliste historien Gonzague Saint Bris rend hommage au créateur inconnu du festival de Cannes, Philippe Erlanger. En 1939, la première édition fut malmenée par la guerre. En 1946, dans la joie retrouvée, Cannes devient la vitrine du monde libéré.

Qu'est-ce qui a poussé le journaliste historien que vous êtes à écrire (1) sur ce premier festival de Cannes ?

Il se trouve que jeune journaliste de 22 ans au Figaro, en 1970, je suis invité à déjeuner au Majestic, à Cannes, par un vénérable historien, Philippe Erlanger. Je suis heureux de le rencontrer pour l'entendre parler de Louis XIV mais il m'interrompt et me dit « Non, non, ce que je veux vous dire, c'est que je suis le créateur du festival de Cannes ». En 1938, Philippe Erlanger est un jeune homme de 35 ans ; il part au festival de Venise pour aller assister au succès, à son avis, du film français « Quai des Brumes », avec Michèle Morgan et Jean Gabin.

Si la Mostra de Venise, récupérée par Mussolini et Hitler, n'était pas devenue la vitrine du cinéma fasciste et nazi cette année-là, le festival n'aurait jamais vu le jour ?

En effet. Quand il arrive à la Mostra, festival déjà installé, Philippe Erlanger s'aperçoit que Goebbels, en accord avec Hitler et Mussolini, impose que le documentaire « Les Dieux du stade » soit récompensé. C'est une bronca terrible ! Les Américains et les Anglais sont furieux et annoncent qu'ils ne reviendront pas l'année suivante. C'est une révolte contre le festival. En rentrant à Paris, Philippe Erlanger se précipite chez son ami Jean Zay, jeune et prometteur ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts et lui suggère de créer en France un festival des nations libres.

On découvre que Biarritz était le premier choix d'Erlanger...

C'est un ratage historique pour la ville ! Les bourgeois de Biarritz, en villégiature, ne voulaient pas que les caméras heurtent leurs ombrelles... Cannes s'impose pour deux raisons : Raimu connaît le site et le valide et la ville de Cannes est prête à payer pour accueillir ce festival et pour l'organiser.

On peut dire que sa création est d'abord un acte politique, le premier acte de résistance ?

Tout à fait ! Je ne suis ni un fou ni un spécialiste de cinéma (2), mais en tant qu'historien, j'ai voulu montrer ce premier acte de résistance de la France contre le fascisme, avant même la déclaration de guerre. Cela d'autant plus que mes grands-parents, Jean et Carmen Saint Bris, sont morts en Déportation pour faits de Résistance.

Pourtant, le premier vrai festival de Cannes a réellement lieu en 1946 ?

Celui de 39 est tout de même très intéressant. C'est une réussite inouïe de réunir 20 pays, d'avoir toutes les plus grandes personnalités, de Jean Cocteau à Michèle Morgan, qui est déjà en bikini. Le duc et la duchesse de Windsor arrivent par le train bleu, avec leurs 150 valises. Et le président de premier festival n'est autre que Louis Lumière en personne. Lors du dîner inaugural au casino municipal, éclate un terrible orage, qui se transforme en ouragan. Tout s'envole ! Le lendemain, Hitler envahit la Pologne, puis les 2 et 3 septembre, l'Angleterre et la France déclarent la guerre à l'Allemagne. Ce premier festival est repoussé de quelques jours, de quelques semaines... Il ne reviendra qu'en 1946.

Au-delà des films, Américains et Russes rivalisent à coup de whisky et de vodka pour occuper le devant de la scène. Cannes capitale d'une résistance en 1939, Cannes vitrine du monde libre en 1946 ?

Absolument. En 1946, dans cette atmosphère chaleureuse, nous assistons tout de même à un spectacle de guerre froide. Nous avons une arrivée hyperpuissante des Américains, dont les actrices débarquent dans la baie en hydravion, sous la protection d'un énorme porte-avions venu des États-Unis qui démontrent ainsi leur suprématie. Les Russes veulent, eux aussi, mettre le paquet. Les tickets de rationnement sont toujours en place et les gens ont faim. On se précipite aux cocktails donnés par les Russes où l'on trouve vodka et caviar à volonté et aux soirées des Américains où l'on peut avoir whisky et petits fours à satiété. La qualité des films est au rendez-vous et tous les grands pays sont présents. Philippe Erlanger est là mais pas Jean Zay, grand résistant. Ce dernier a été massacré par la milice, qui lui a tiré dans le dos. La France avait imposé « La Bataille du rail » , de René Clément, un film qui montre la Résistance française.

Mais l'organisation n'est pas à la hauteur de l'événement...

Il n'y avait qu'un bon projectionniste... Pour faire face à tous ces films arrivant de tous les pays, il a engagé les jardiniers du casino. Il y a eu de nombreuses diffusions où les bobines ont été inversées, où les films étaient projetés sur les murs et pas sur l'écran ! Les Russes finissent par penser qu'ils sont tombés dans un traquenard. Mais il y a un tel goût de vivre de la population que tout cela s'oublie. C'est la naissance des monstres sacrés, c'est-à-dire des vedettes. Il y avait un côté bon enfant et les vedettes étaient accessibles sur la plage.

Peu de presse people, très peu de photographes, quelques bikinis, le cinéma occupait réellement le premier rôle. Pourtant il n'y avait pas encore de palme ?

Pour pouvoir attirer le maximum de pays, on donnait dix prix mais pas une palme. Elle arrivera sept ans plus tard. Cannes était d'abord un festival d'exposition pour les cinéastes, mais pas une compétition. Dès 1946, il devient le plus grand festival du monde, celui dont on parle le plus.

Que reste-il, aujourd'hui, de l'esprit des fondateurs ?

Il reste un festival mondial. On ne peut pas dire que c'est un festival de résistance mais c'est un festival admirablement organisé. Mais aussi bien soit-il cette année, je préfère la fraîcheur des premiers jours, l'audace et le courage des deux créateurs. Jean Zay a été honoré l'an passé par le président de la République qui a décidé du transfert de ses cendres au Panthéon. Je suis en colère parce que Philippe Erlanger n'a pas encore été reconnu comme le créateur du festival de Cannes. J'espère que Pierre Lescure saura réparer cette injustice.

1. « Un ruban de rêve » (Incipit), 102 pages, 12 €. 2. Gonzague Saint Bris a créé le festival du film de Cabourg, en 1983.

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