Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
24 mai 2017

Législatives : Baroin, général d’une droite éclatée face à Macron

Par Alexandre Lemarié, Auvergne-Rhône-Alpes, envoyé spécial

Le maire de Troyes bat la campagne LR pour les législatives. Mais sa marge de manœuvre est ténue et les ténors se déchirent sur l’attitude à tenir vis-à-vis du nouveau pouvoir.

« C’est collector ! Je vais le garder ! », s’amuse François Baroin, en tenant un dépliant jaune dans les mains intitulé… « En marche ». « Macron nous a copiés ! », rit Vincent Chriqui, candidat Les Républicains (LR) dans la 10e circonscription de l’Isère, en présentant un document du chantier de réaménagement de sa ville de Bourgoin-Jallieu, publié en 2015. La scène s’avère aussi cocasse que symbolique. Comme un passage de relais entre l’ex-directeur de campagne de François Fillon pour la présidentielle et le chef de file de campagne de la droite pour les élections législatives.

Souriant et détendu, M. Baroin a effectué une tournée en région Auvergne-Rhône-Alpes, mardi 23 mai, passant également par Annecy (Haute-Savoie) ou Mions (Rhône) pour soutenir les candidats LR-UDI au scrutin des 11 et 18 juin. Avec l’objectif d’obtenir une majorité absolue pour imposer une cohabitation à Emmanuel Macron.

« Le moyen le plus sûr d’avoir une politique de la droite et du centre, c’est d’avoir une majorité de la droite et du centre à l’Assemblée », a-t-il déclaré, un peu plus tard, lors d’une réunion publique à Jonage (Rhône), une commune de la banlieue de Lyon, en présence du patron du parti Bernard Accoyer, de celui des députés LR Christian Jacob ou du sarkozyste Brice Hortefeux.

Marge de manœuvre ténue

Un discours devant près de 600 personnes visant à mobiliser des troupes encore sonnées par l’échec à la présidentielle et déstabilisées par la recomposition provoquée par le nouveau chef de l’Etat. Mais auquel personne ne croit vraiment dans les rangs de l’ancienne UMP.

« Il sera très compliqué d’obtenir 289 députés », admet un membre de l’équipe de campagne. Un constat lucide : dans l’Assemblée sortante, LR compte 199 députés et l’UDI 27. Dès lors, comment remporter 63 sièges supplémentaires, alors que le mouvement de M. Macron, La République en marche (LRM), est, dans les sondages, favori des législatives ?

Conscient de la difficulté de sa tâche, M. Baroin tente surtout d’obtenir le groupe le plus nombreux possible dans la future Assemblée, pour que son camp soit incontournable dans le cas où le chef de l’Etat ne disposerait que d’une majorité relative. « Macron aura sûrement besoin de renforts au centre droit pour faire passer ses lois, comme celle sur le travail. Il faudra donc voter les réformes qui nous paraissent bonnes, afin de faire pencher la balance de notre côté », anticipe Lionel Tardy, député LR sortant, qui se représente dans la 2e circonscription de la Haute-Savoie.

En attendant, le maire de Troyes tente de dissuader les Français de voter en faveur des candidats LRM, qui bénéficient de la bienveillance d’une partie de son propre électorat. D’autant plus depuis qu’un premier ministre juppéiste, Edouard Philippe, mène la campagne législative du mouvement de M. Macron et que deux autres personnalités de droite – Bruno Le Maire et Gérald Darmanin – ont été nommées à Bercy. La marge de manœuvre reste ténue pour M. Baroin face à un chef de l’Etat au profil libéral en économie, qui a réalisé un sans faute depuis son investiture…

Face à Macron, le ton apaisé de Baroin

« Les gens de droite qui se disent “On a un jeune président, il faut l’aider”, il faut qu’ils fassent un choix dans la clarté », prévient-il, en surjouant les différences programmatiques avec celui qu’il dépeint comme un tenant du « statu quo » et de « l’ambiguïté ». Son principal angle d’attaque porte sur la fiscalité.

« Macron veut augmenter les impôts avec la hausse de la CSG, nous voulons les baisser. Nous proposons la fin des 35 heures, Macron n’a aucune proposition sur le sujet. Idem sur la retraite à 65 ans », insiste-t-il. Avant de mettre en garde contre « le choc fiscal sans précédent qui s’annonce si En marche ! a la majorité à l’Assemblée ».

Au-delà de ces arguments de campagne, M. Baroin ne tient pas un discours guerrier vis-à-vis du nouveau pouvoir. Loin de là. Soucieux de ne pas donner l’image d’une opposition systématique, le président de l’Association des maires de France assure être disposé à défendre « l’intérêt général ».

« Le plus utile pour le pays, ce n’est pas un affrontement avec le président de la République que nous respectons. Nous saurons pouvoir travailler à ses côtés pour le bien de la France », assure-t-il, afin de coller au sentiment ambiant dans l’opinion depuis l’élection de M. Macron, sur la promesse de dépasser les clivages partisans.

Un ton apaisé, qui tranche avec celui résolument offensif, employé par Laurent Wauquiez, lors de la réunion publique à Jonage. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui brigue la présidence du parti lors du congrès de novembre, s’est positionné en opposant résolu du pouvoir, dépeignant M. Macron comme « l’héritier de François Hollande » et « l’attrape-miettes de la politique française ».

L’émergence de deux droites irréconciliables ?

Le représentant de l’aile droitière s’est posé en gardien du temple LR, en fustigeant l’attitude des trois personnalités de droite qui sont entrées au gouvernement. « Certains ont préféré se vendre plutôt que de rester fidèles à leurs idées », a asséné M. Wauquiez, en les accusant d’avoir « trahi leurs valeurs » pour obtenir des « maroquins ministériels ». Il a aussi ciblé « tous ceux qui, la main sur le cœur, nous parlent de l’intérêt du pays alors qu’ils ne savent servir que leur petit intérêt personnel ».

Dans son viseur : la centaine d’élus de droite et du centre, qui ont appelé à « répondre à la main tendue » par M. Macron. Cela concerne notamment le député LR des Hauts-de-Seine, Thierry Solère, qui a affiché sa volonté de se placer dans une « démarche constructive » vis-à-vis du nouvel exécutif. « Je ne suis pas En marche ! mais je veux que ça marche », a-t-il déclaré, mardi, sur France Inter, en annonçant qu’il voterait la confiance au gouvernement d’Edouard Philippe. Sur RMC, le maire LR de Nice, Christian Estrosi, a appelé les futurs députés de droite à en faire autant.

Une position également envisagée par l’ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin dans Le Figaro. Sur Europe 1, le sénateur LR a même proposé que des députés LR et UDI « s’associent » dans la future Assemblée pour former « Les Constructifs », un groupement qui soutiendrait certaines réformes du pouvoir. Le signe qu’à droite, les ténors se divisent un peu plus sur l’attitude à tenir vis-à-vis de M. Macron. Comme si, peu à peu, se faisaient jour deux droites irréconciliables.

Publicité
18 mai 2017

Elections législatives 2017 - Macron s’essaie (lui aussi) à la synthèse pour son gouvernement

18445085_1902795290001689_1749519838142791680_n

Par Cédric Pietralunga, Raphaëlle Besse Desmoulières, Solenn de Royer, Bastien Bonnefous - Le Monde

Composée autour de trois grands blocs, l’équipe gouvernementale vise un objectif précis : gagner les législatives.

La fin du suspense. Trois jours après son intronisation à l’Elysée, Emmanuel Macron et son premier ministre, Edouard Philippe, ont dévoilé la composition du gouvernement, annoncée mercredi 17 mai à 15 heures piles sur le perron du Château par Alexis Kohler, le secrétaire général de la présidence.

Dix-huit ministres et quatre secrétaires d’Etat – onze hommes et onze femmes – qui devaient se retrouver pour un premier conseil des ministres, jeudi à 11 heures.

L’annonce de la nouvelle équipe a été retardée d’une journée sur le calendrier initial. Officiellement pour passer les impétrants au crible de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Officieusement car l’architecture du gouvernement a été délicate à trouver, même si l’Elysée et Matignon nient toute tension ou marchandage entre MM. Macron et Philippe, qui ont déjeuné ensemble tous les jours de la semaine à l’Elysée.

« On a pris le temps de faire les choses », commente sobrement l’entourage du chef de l’Etat. « Le gouvernement était resserré, il a fallu faire de la dentelle à la fin, cela a pris plus de temps », nuance-t-on à Matignon.

Trois grands blocs

Emmanuel Macron a bien retenu les leçons de François Hollande. Comme son prédécesseur et ex-patron, le nouveau chef de l’Etat s’est livré à un subtil art de la synthèse pour constituer son premier gouvernement. Le chantre du progressisme a marié des personnalités de gauche (trois ministres du Parti socialiste et deux des Radicaux de gauche), de droite et du centre (trois Les Républicains, en comptant le premier ministre Edouard Philippe, et trois MoDem), et des figures de la société civile (huit au total), inconnues du grand public mais respectées dans leurs secteurs respectifs.

« Un gouvernement de rassemblement et de renouvellement pour changer la France », s’est félicité après son annonce le président sur son compte Twitter. « L’équilibre politique est là » et « les bons » ont été choisis, abonde l’entourage d’Edouard Philippe à Matignon, qui justifie ainsi que deux ministres de François Hollande aient été reconduits (Jean-Yves Le Drian et Annick Girardin) malgré l’engagement contraire pris par M. Macron durant la campagne.

Sur le papier, l’équipe Macron-Philippe se découpe en trois grands blocs. Un premier bloc régalien confié à la gauche et au centre, avec les socialistes « marcheurs », Gérard Collomb à l’intérieur et Jean-Yves Le Drian au quai d’Orsay, et les centristes ralliés, François Bayrou à la chancellerie, Sylvie Goulard à la défense et Marielle de Sarnez aux affaires européennes. Une forme de reconnaissance pour ces soutiens expérimentés qui ont fait beaucoup pour la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle.

Un pari dangereux

Un bloc économique, ensuite, donné à la droite, avec Bruno Le Maire à Bercy et Gérald Darmanin au budget. Une revanche pour le député de l’Eure, grand perdant de la primaire de la droite à l’automne 2016, qui rêvait déjà de ce poste en 2011 sous le gouvernement Fillon mais s’était fait voler la place par François Baroin.

Bruno Le Maire à l’économie, un proche de Nicolas Sarkozy et de Xavier Bertrand aux finances, le tout sous la férule du juppéiste Edouard Philippe à Matignon. Un coup osé, mais risqué, pour le président Macron.

La nomination de ces trois hommes devrait diviser un peu plus encore leur parti, LR. Mais faire porter toute la politique économique et fiscale du nouveau pouvoir par une seule couleur partisane pourrait se révéler dangereux lors des futurs débats parlementaires ou des discussions avec les syndicats.

Enfin, le bloc plus social et culturel incombe à des membres de la société civile, choisis pour leurs compétences techniques et intellectuelles. Un véritable pari là aussi, tant ces promus ne maîtrisent aucun des codes de l’impitoyable vie politique.

Ainsi, Muriel Pénicaud, la nouvelle ministre du travail, sera chargée de la très délicate refonte par ordonnances du droit du travail. Cette spécialiste a certes connu ce ministère comme conseillère de Martine Aubry lorsque la maire de Lille en occupait la tête sous les gouvernements Cresson et Bérégovoy, mais elle a surtout depuis travaillé comme DRH du groupe Danone ou directrice générale de Business France, l’agence chargée de vanter les mérites des entreprises françaises à l’étranger.

La médecin Agnès Buzyn hérite, elle, du ministère de la santé, le directeur de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) et ancien recteur Jean-Michel Blanquer – accessoirement proche de François Baroin – de l’éducation nationale, et la double médaillée olympique en escrime Laura Flessel des sports. Françoise Nyssen, la patronne d’Actes Sud et éditrice de Paul Auster, de Mathias Enard ou de Stieg Larsson (mais aussi de Sylvain Fort, le nouveau « monsieur communication » de l’Elysée), unanimement respectée dans les milieux culturels et littéraires, débarque rue de Valois.

Un coup de maître

« Il n’y aura pas de stage découverte pour les ministres de la société civile, indique un conseiller élyséen. Plutôt que des stars dotées d’une forte notoriété, nous avons privilégié des personnes ayant une grande expérience, qui sont reconnues dans leur domaine et qui ont en plus un passé de dirigeant, de manager. »

Par ailleurs, fait-on valoir dans l’entourage du président, « ces personnalités issues de la société civile ne seront pas noyées au milieu des professionnels de la politique », ce qui a souvent été le cas par le passé. « Là, il y a un équilibre », insiste un conseiller, selon lequel les ministres devraient être dotés de « cabinets forts ». Comprendre : la bride sera courte avec l’Elysée.

Mais le véritable coup de maître de ce gouvernement reste la nomination de Nicolas Hulot au ministère de la « transition écologique ». L’ex-vedette de TF1, devenue une figure incontournable de l’écologie politique et une des personnalités préférées des Français, avait toujours refusé jusqu’à présent d’entrer dans un gouvernement. Au grand dam de François Hollande qui a longtemps espéré nommer ministre son ancien conseiller à l’Elysée.

Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Hulot, qui avait finalement renoncé à être lui-même candidat, ne s’était pas montré particulièrement tendre envers Emmanuel Macron. Il avait notamment peu goûté les propos du futur chef de l’Etat, favorable à la réouverture des chasses présidentielles, et ne s’était pas privé de le lui faire savoir par SMS.

Mais les contacts n’ont pas été rompus pour autant. Ces dernières semaines, les rencontres entre les deux hommes ont été facilitées par l’ancien député européen d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Daniel Cohn-Bendit. L’ex-porte-parole de la Fondation Hulot, Matthieu Orphelin, candidat d’En marche ! aux prochaines législatives, a aussi joué les entremetteurs.

« Le big bang que propose Macron est celui que Hulot a dans la tête depuis longtemps », souligne Jean-Paul Besset, un proche de l’ex-présentateur de l’émission « Ushaïa ». Même si l’intitulé de son ministère ne l’indique pas, son portefeuille comprend l’énergie, une compétence indispensable s’il veut pouvoir mener à bien son action.

Dans l’entre-deux-tours, certains signaux avaient été envoyés à Nicolas Hulot par le candidat Macron, comme la promesse d’un audit du traité transatlantique de libre-échange signé par la France avec le Canada (CETA), que l’écologiste rejette. Le député européen Pascal Durand (EELV), proche de l’ancien animateur, l’a encouragé à accepter. « Hulot était très soulagé que quelqu’un comme moi, qu’on peut difficilement soupçonner d’être macroniste, lui recommande d’y aller », confie-t-il.

Une promotion saluée, mais qui inquiète déjà certains proches du chef de l’Etat. « Hulot, c’est une connerie. Lui ministre, c’est l’administration qui va gouverner. C’est un militant, pas un responsable politique, il va nous emmerder dès le premier budget, va faire du chantage à la démission en permanence », craint cet élu qui prédit déjà « un rendez-vous manqué ».

Cohabitation de fait

L’exécutif a monté son casting avec un objectif à court terme décisif pour la suite : gagner les élections législatives des 11 et 18 juin. Emmanuel Macron doit impérativement avoir la majorité absolue à l’Assemblée nationale s’il veut pouvoir appliquer sa politique sans devoir en permanence passer des accords d’appareils avec LR et le PS.

En affichant aussi bien Jean-Yves Le Drian que François Bayrou, Bruno Le Maire que Nicolas Hulot, le nouveau président espère continuer à séduire une partie des électorats traditionnels de la droite et de la gauche. « Macron avait besoin de la gauche pour la présidentielle, il a besoin de la droite pour les législatives », analyse l’un de ses proches.

Mais, prudent, le chef de l’Etat a placé des hommes sûrs à des postes clés, à l’image de Gérard Collomb, Richard Ferrand et Christophe Castaner. En s’installant place Beauvau, le maire de Lyon garde la main sur la politique de sécurité en période de menace terroriste, mais aussi sur les informations sensibles remontées par les services de renseignement. Une assurance toujours utile sous une gouvernance droite-gauche qui pourrait vite tourner à une cohabitation de fait.

Richard Ferrand, nommé ministre de la cohésion des territoires, continue d’être le couteau suisse d’Emmanuel Macron, en embrassant un ministère très large comprenant, en plus de l’aménagement du territoire, la politique de la ville et le logement.

Enfin, le député des Alpes-de-Haute-Provence Christophe Castaner, fidèle de la première heure, portera la parole du gouvernement et veillera sur les relations avec le Parlement, une charge déterminante en cas de majorité fragile.

Une « alternance particulière »

Les passations des pouvoirs se sont déroulées, mercredi, dans la foulée de l’annonce du gouvernement, à la chaîne voire en même temps. Sur le tapis vert posé dans la cour de l’hôtel de Roquelaure, Ségolène Royal a fait des adieux émus au ministère de l’écologie, où elle se serait bien vue rester.

Bonne perdante, l’ex-ministre qui s’apprête à créer une « entreprise dans le domaine de la croissance verte » a estimé que les sujets environnementaux seraient « entre de bonnes mains » avec Nicolas Hulot. Son successeur a loué une « grande dame », une « dame courage » : « vous êtes irremplaçable », a-t-il flatté.

Au même moment, à l’est de Paris, à Bercy, le ministre de l’économie et des finances, Michel Sapin, très proche de François Hollande et qui n’a jamais porté Emmanuel Macron dans son cœur, remettait les clés de la citadelle vitrée à Bruno Le Maire, s’interrogeant sur cette « alternance particulière ». « Nous devons faire en sorte que le président de la République réussisse parce que c’est l’intérêt de la France », a-t-il concédé, tout en faisant part de ses doutes : « Quelle est la part de la rupture et de la continuité ? Nous le verrons. »

Lui succédant au micro, devant les personnels de Bercy, M. Le Maire a loué une « ère politique nouvelle », dans laquelle « nous acceptons de mettre de côté les querelles inutiles (…) pour que des hommes et des femmes de bonne volonté travaillent ensemble pour l’intérêt du pays ».

De son côté, François Bayrou, qui revient aux affaires vingt ans après les avoir quittées, a confirmé que la loi de moralisation de la vie politique serait présentée en conseil des ministres avant les législatives, lors de sa passation avec l’ex-garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas.

« Quelques démarches individuelles »

Si ce premier gouvernement du quinquennat a été bien accueilli par certains – Pierre Gattaz, le président du Medef, a salué « une bonne nouvelle », et Jean-Claude Mailly, le patron de FO, le « bon profil (…) plutôt rassurant » de Muriel Pénicaud au travail –, la gauche et la droite ont multiplié les critiques à son encontre, à un mois des législatives.

Du côté de LR, on refuse de voir dans le débauchage de MM. Philippe, Le Maire et Darmanin un risque pour l’après. « On nous annonçait une hémorragie, il n’en est rien ! », a réagi le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, dénonçant « quelques démarches individuelles ». « Ils sont partis, c’est un choix, ça leur appartient. C’est déjà derrière », a minimisé François Baroin, le chef de file de LR pour les législatives.

« Le coup dur, c’est Darmanin », concède néanmoins un très proche de Nicolas Sarkozy, qui refuse pour autant de voir dans ce gouvernement un danger pour la droite en juin. « Il faut évaluer la colère de l’électorat de gauche face à la résurrection de l’UDF canal historique et la répulsion de Bayrou sur l’électorat de droite, estime cette même source. Quant à la société civile, ça n’amuse que les dîners en ville et ça n’a aucun poids politique. Tu fais une campagne avec Agnès Buzyn ? Frédérique Vidal ? Elizabeth Borne ? Mounir Mahjoubi ? Ils sont inconnus ! »

A gauche, on préfère gloser sur l’âge des ministres, dont la moyenne (54,6 ans) est relativement élevée – trois d’entre eux, MM. Collomb, Le Drian et Mézard, fêteront même leurs 70 ans cette année. « C’est un nouveau gouvernement, mais ce n’est pas le renouveau ! », a ainsi ironisé le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, 65 ans, qui note que « les deux postes clés, premier ministre et Bercy, sont à droite. Donc, ça fait un gouvernement de droite avec une caution de gauche ».

Condamnés à la victoire aux législatives

De leur côté, les associations féministes ont déploré l’absence d’un ministère de plein exercice dédié aux droits des femmes. Marlène Schiappa est simple secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, placée auprès du premier ministre. Un « signal politique extrêmement négatif », selon l’association Les Effronté-e-s. Faux, rétorque-t-on à l’Elysée, où l’on observe que « l’un des grands chantiers du quinquennat », le droit du travail, a été confié à une femme, Muriel Pénicaud.

Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes espère que la parité soit également garantie dans les cabinets ministériels, alors que les premières nominations au cabinet d’Emmanuel Macron ont été essentiellement masculines. « L’Elysée ne s’applique aucun objectif de parité pour lui-même et ne donne aucune consigne aux ministres en ce sens », s’inquiète une haut fonctionnaire.

Quoi qu’il en soit, cette nouvelle équipe pourrait être rapidement amenée à évoluer. L’Elysée a annoncé que les ministres cumulards avec des exécutifs régionaux devront les quitter « sous un mois ». Une règle qui concerne le premier ministre lui-même, maire du Havre (Seine-Maritime), mais aussi François Bayrou et Gérald Darmanin, respectivement maires de Pau et de Tourcoing (Nord), et Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne, privilège qu’il avait réussi à conserver sous le quinquennat Hollande.

Surtout, les ministres candidats aux législatives sont condamnés à la victoire. En cas de défaite, ils devront démissionner du gouvernement, a indiqué la présidence de la République. Un enjeu de taille, notamment pour M. Le Maire, menacé dans sa circonscription de l’Eure.

Cédric Pietralunga, Bastien Bonnefous, Solenn de Royer, Raphaëlle Besse Desmoulières

18514293_1819259088402070_915357182608801792_n

 =============================

Les vingt-deux membres du gouvernement

- Ministre d’Etat, ministre de l’intérieur : Gérard Collomb

- Ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire : Nicolas Hulot

- Ministre d’Etat, garde des sceaux, ministre de la Justice : François Bayrou

- Ministre des armées : Sylvie Goulard

- Ministre de l’Europe et des affaires étrangères : Jean-Yves Le Drian

- Ministre de la cohésion des territoires : Richard Ferrand

- Ministre des solidarités et de la santé : Agnès Buzyn

- Ministre de la culture : Françoise Nyssen

- Ministre de l’économie : Bruno Le Maire

- Ministre du travail : Muriel Pénicaud

- Ministre de l’éducation nationale : Jean-Michel Blanquer

- Ministre de l’agriculture et de l’alimentation : Jacques Mézard

- Ministre de l’action et des comptes publics : Gérald Darmanin

- Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation : Frédérique Vidal

- Ministre des outre-mer : Annick Girardin

- Ministre des sports : Laura Flessel

- Ministre auprès du ministre d’Etat, ministre de la transition écologique, chargée des transports : Elisabeth Borne

- Ministre auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes : Marielle de Sarnez

Secrétaires d’Etat auprès du premier ministre

- Chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement : Christophe Castaner

- Chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes : Marlène Schiappa

- Chargée des personnes handicapées : Sophie Cluzel

- Chargé du numérique : Mounir Mahjoubi

13 mai 2017

Les secrets d’une embrouille

Il a suffi d’une liste, celle des candidats En Marche ! aux législatives, pour qu’Emmanuel Macron fâche son allié François Bayrou. Un projet d’accord, trouvé tard hier soir, devrait apaiser les tensions.

Par  Charles De Saint Sauveuret Henri Vernet

Le quinquennat n’a pas encore commencé qu’entre Emmanuel Macron et François Bayrou, le torchon brûle déjà. Après le clash de jeudi sur les investitures En Marche ! pour les législatives, où le MoDem s’est senti floué, le leadeur centriste a réuni hier soir son comité politique. Objectif : calmer ses (maigres) troupes et proposer une solution. Peu avant minuit, le maire de Pau a annoncé avoir trouvé un projet d’accord « solide et équilibré » avec la République en marche. « On a fait des pas en avant sur des questions extrêmement importantes pour l’avenir de la majorité », a-t-il précisé.

Vingt-quatre heures plus tôt, la tension était maximale. L’allié centriste du nouveau président tablait sur plus d’une centaine de circonscriptions réservées aux candidats MoDem, dont une soixantaine gagnables. A l’arrivée, on le sait, il en a obtenu moitié moins. Contrairement, jure Bayrou (même s’il nie avoir passé tout accord), aux engagements pris par Macron envers celui qui lui a permis de faire un bond décisif dans les sondages lors de son ralliement en février.

Série noire

Que s’est-il passé ? Pour le Béarnais et son bras droit Marielle de Sarnez, les « apparatchiks » d’En Marche ! — en clair, le secrétaire général Richard Ferrand — ont pris la main. Et privilégié le recyclage de nombreux « amis » socialistes. Exemple, l’investiture à Rennes de Gaspard Gantzer ( qui a finalement renoncé hier soir : lire ci-contre) alors que le MoDem avait avancé le nom de Laurence Méhaignerie, la fille de l’ancien ministre centriste. « Un nom qui parle en Bretagne », assure un cadre MoDem qui regrette ce loupé. Autre motif d’agacement, la décision du parti macroniste de ne pas présenter de candidat face à la socialiste Marisol Touraine en Indre-et-Loire. « Alors que les médecins sont hyper-remontés contre la ministre de la Santé de Hollande », fulmine un proche de Bayrou.

Enfin, le maire de Pau aurait vécu comme un affront personnel le refus du nouveau parti présidentiel d’investir dans sa propre circonscription historique (la 2 e des Pyrénées-Atlantiques) « son » candidat. Est-ce parce que l’intéressé, un notaire de 65 ans maire d’un petit village, ne répondait pas aux critères de renouvellement ? Certains affirment même que Macron aurait décidé « de purger la politique des plus de 50 ans » ! Faux, se défend l’état-major d’En Marche ! : « On ne fait pas du jeunisme, mais il y a des règles claires qui s’appliquent à tous. Le MoDem avait beaucoup de candidats qui avaient déjà trois à quatre mandats dans les pattes. » Selon ce cadre du parti, Bayrou a avant tout « fait un caprice… et un peu de cinéma à l’usage de ses vieux fidèles déçus ».

Il n’empêche, découvrant cette série noire, Marielle de Sarnez, très investie dans les derniers mois de la campagne de Macron et dont le nom circule pour un ministère, décide illico de claquer la porte : elle retire son nom de la liste des 428 candidats dévoilée jeudi (elle était pressentie à Paris XIV e), imitée par son fils ainsi que par le secrétaire général du MoDem, Marc Fesneau.

Hier, soucieux de calmer le jeu, Macron aurait glissé à son allié que « ses troupes avaient fait n’importe quoi ». De fait, une telle querelle a tout pour rebuter les élus de droite (LR ou UDI) que le président élu rêve d’enrôler d’ici à la présentation de la liste complète des candidats LREM (la République en marche), mercredi. Le MoDem devrait encore glaner une dizaine de circonscriptions gagnables, promet-on chez Macron.

La République en marche a suspendu hier l’investiture accordée au producteur de télévision Christian Gerin (« Faites entrer l’accusé ») aux législatives dans la 5 e circonscription de Charente-Maritime, après avoir découvert qu’il était l’auteur de tweets antisionistes.

12 mai 2017

Manuel Valls, SDF politique

Par Michel Noblecourt, éditorialiste au "Monde"

Dans sa chronique, Michel Noblecourt, éditorialiste au « Monde », estime que l’ancien premier ministre, toujours trop pressé, trop impétueux, joue un jeu perdant-perdant.

Jeudi 11 mai, Manuel Valls est devenu, à l’insu de son plein gré, un SDF politique.

Pour avoir décidé tout seul d’être un candidat de La République en marche (LRM), dans la 1re circonscription de l’Essonne, sans adhérer au parti d’Emmanuel Macron et sans quitter le Parti socialiste – dont il ne cesse par ailleurs de proclamer la « mort » –, l’ancien premier ministre se retrouve sans domicile fixe politique.

En présentant une première liste de 428 candidats aux élections législatives des 11 et 18 juin, Richard Ferrand, le secrétaire général de LRM, a confirmé que l’ex-maire d’Evry, qui « ne répondait pas aux critères », ne figurait pas parmi les vingt-quatre députés socialistes sortants adoubés par le mouvement du président élu. Bon prince, le nouveau chef de l’Etat lui fait seulement la grâce de ne pas présenter de candidat contre lui.

Procédure d’exclusion du PS

M. Valls a promptement « salué » cette décision. « Mon engagement et mon amour de la France ne s’embarrassent ni d’étiquettes, ni de postures artificielles et stériles, a-t-il proclamé crânement. C’est donc en homme libre mais fort d’une identité politique claire, revendiquée, assumée – républicain, progressiste, de gauche – que j’agis. »

L’ancien locataire de Matignon a réitéré sa volonté de se situer « dans la majorité présidentielle forte, cohérente et diverse qui doit se constituer ».

Reste que, dans une circonscription où Jean-Luc Mélenchon est arrivé largement en tête au premier tour de l’élection présidentielle – avec 29,69 % des voix, devant M. Macron (25,24 %) –, M. Valls va concourir de fait sans étiquette sous les couleurs d’une majorité présidentielle qui ne l’a pas formellement accepté.

Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, a engagé devant la commission des conflits du parti d’Epinay une procédure d’exclusion contre l’ancien chef du gouvernement qu’il avait soutenu quand il était à Matignon. Et M. Valls aura en face de lui un candidat socialiste.

Depuis qu’il a repris sa liberté, en décembre 2016, tout se passe comme si l’ex-premier ministre jouait un jeu perdant-perdant. Après avoir contribué à l’empêchement de François Hollande à se représenter, il a été candidat à la primaire socialiste. Et il a été sèchement battu par Benoît Hamon.

Porte close

Après avoir promis de soutenir l’ancien frondeur à la présidentielle, il l’a abandonné en rase campagne pour rallier M. Macron, au grand dam d’une partie de ses propres amis.

Quand le futur président était son ministre de l’économie, il l’avait accueilli en allié avant de le voir comme un rival, plus libre que lui pour inventer un nouveau « progressisme ». Dès lors, il avait ferraillé contre son ministre, n’hésitant pas à l’humilier, en lui imposant un 49.3 pour faire passer sa loi ou en le mouchant publiquement. Le 7 mai au soir, M. Valls s’est précipité pour faire allégeance. Mais il s’est heurté à une porte close.

M. Macron rêve d’une majorité absolue pour LRM et ne veut pas que son sort dépende du ralliement de M. Valls – soupçonné de mener un jeu personnel – et de ses amis. En multipliant les obstacles, il lui impose un chemin de Canossa, comme s’il devait d’abord se soumettre. L’ancien premier ministre parle de « supplice chinois ».

M. Ferrand s’est défendu, jeudi, « d’être dans une vindicte ».

En attendant d’éventuelles absolutions, M. Valls, toujours trop pressé, trop impétueux, subit une double humiliation de la part des camarades qu’il quitte et des amis qu’il cherche à rejoindre. Comme si LRM et le PS s’étaient coalisés pour lui infliger la motion de censure qu’il a réussi à conjurer quand il était à Matignon.

12 mai 2017

La liste de candidats publiée par La République en marche n'a pas "l'assentiment" du MoDem, déclare François Bayrou

François Bayrou, président du MoDem allié à Emmanuel Macron, a indiqué, jeudi 11 mai, que la liste de candidats présentée par La République en marche, pour les élections législatives des 11 et 18 juin, n'avait pas "l'assentiment" de son parti. "Je convoque le bureau politique du MoDem vendredi soir en souhaitant que dans les heures qui viennent, un mouvement de raison permette des investitures communes dans toutes les circonscriptions comme Emmanuel Macron et moi en sommes convenus depuis le premier jour de notre entente", a déclaré  le maire de Pau.

Publicité
11 mai 2017

Elections Législatives 2017

10 mai 2017

Manuel Valls

10 mai 2017

« C’est le renard dans le poulailler ». Un proche d’Emmanuel Macron à propos de l'ancien Premier ministre

unnamed (6)

Par  Myriam Encaoua

Peut-on faire plus humiliant ? A peine Manuel Valls annonçait hier qu’il serait candidat de la « majorité présidentielle » dans sa circonscription d’Evry, son fief électoral depuis 2002, que les lieutenants d’Emmanuel Macron le renvoyaient sans ménagement dans les cordes. « Il n’a pas été investi officiellement, n’a pas déposé sa candidature. S’il veut le faire, il ne lui reste que vingt-quatre heures pour se conformer à la procédure », a réagi froidement Benjamin Griveaux, le porte-parole d’En Marche !

En renvoyant ainsi manu militari l’ancien Premier ministre — dont le degré de détestation avec Emmanuel Macron n’est plus à démontrer — au rang de député lambda, pis, de simple candidat à la candidature, les équipes du nouveau parti ont bien l’intention de lui signifier une chose : il n’est plus le patron !

« Valls est bien sympa d’aller à la radio sans nous prévenir, s’emporte le député des Français de l’étranger (ex-PS) Arnaud Leroy, soutien du président élu. Mais, maintenant, c’est nous qui sommes à la manœuvre ! Qu’il aille s’inscrire sur Internet comme tout le monde ! » lâche-t-il, avec un dédain certain. Le cas Valls irrite tellement au sein d’En Marche ! que la fameuse « bienveillance » érigée en principe de conduite pendant toute la campagne d’Emmanuel Macron souffre manifestement d’une exception. De là à penser que l’intéressé pourrait se voir fermer la porte au nez, il n’y a qu’un pas. « N’a-t-il pas essayé de nous tuer à plusieurs reprises ? Valls, c’est le renard dans le poulailler. Si j’étais le président, je me méfierais. Quel intérêt politique a-t-il à l’accueillir ? » s’interroge un marcheur de la première heure sous couvert d’anonymat. « Franchement, on n’est pas demandeurs, il est trop clivant. Notre objectif, c’est le renouvellement », renchérit un autre.

Alors à quelle sauce Emmanuel Macron va-t-il manger Manuel Valls ? Sera-t-il investi ou pas ? Au QG du parti présidentiel, on noie le poisson. « Pas d’ostracisme, mais pas de précipitation », explique un conseiller, alors que la liste des 577 candidats sous la bannière République en marche doit être annoncée demain avant midi : « Nous avons le choix entre plusieurs profils. » Jean-Paul Delevoye, le patron de la commission nationale d’investiture, a confirmé qu’il y avait déjà une candidate déclarée sur cette première circonscription de l’Essonne, mais s’est bien gardé de dévoiler son nom… Manuel Valls devra donc boire le calice jusqu’à la lie.

Mais l’ancien ministre de l’Economie peut-il vraiment prendre le risque de « dégager » son ancien patron et d’apparaître à ce point revanchard ? « Ce serait un crime politique à ciel ouvert ! s’étouffe un socialiste proche du député d’Evry. C’est un ancien Premier ministre, et il partage avec Macron la même ligne politique ! Les Français ne le comprendraient pas. » Alors, futur allié ou ennemi de l’intérieur ? Le nouveau président tranche d’ici demain.

9 mai 2017

Législatives : le mouvement En marche ! rebaptisé « La République en marche »

Emmanuel Macron a démissionné lundi de son poste de président du mouvement fondé il y a un an. Il y est remplacé par Catherine Barbaroux, qui était jusque-là déléguée d’En marche !

Au lendemain de sa victoire à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a démissionné, lundi 8 mai, de son poste de président d’ En marche !. C’est Catherine Barbaroux — jusque-là déléguée du mouvement — qui en devient présidente par intérim, a annoncé lundi, en fin d’après-midi, le secrétaire général du mouvement, Richard Ferrand, au cours d’une conférence de presse.

Catherine Barbaroux fut notamment déléguée générale à l’emploi et à la formation professionnelle au ministère du travail sous Martine Aubry, Elisabeth Guigou, François Fillon et Jean-Louis Borloo, entre 1997 et 2005. Elle a également été présidente de l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique), pionnière dans le microcrédit entre 2011 et 2016.

Désormais, elle présidera à la transformation d’En marche !, qui va être rebaptisé « La République en marche », a annoncé Richard Ferrand au cours de cette conférence de presse. « Un congrès fondateur se tiendra avant le 15 juillet », a-t-il dit.

Le secrétaire général du mouvement a ensuite évoqué la question des élections législatives, qui se tiendront les 11 et 18 juin. Les 577 candidats d’En marche ! seront dévoilés d’ici à jeudi midi, a-t-il annoncé. M. Ferrand a fait savoir que tous les candidats avaient déjà été retenus par la commission d’investiture du parti, mais qu’il reste encore « des vérifications à faire ». Pour le moment, seuls quatorze noms sont connus.

Imbroglio sur les candidats issus de la société civile

Un imbroglio apparaît toutefois concernant les candidats issus de la société civile. Emmanuel Macron a toujours assuré que la moitié des candidats investis par le mouvement pour les élections législatives serait « issue de la société civile ». Ce qu’a confirmé Richard Ferrand ce lundi après-midi : « Il y aura au moins 50 % des candidates et candidats qui aujourd’hui n’ont aucun mandat politique d’aucune sorte. […] Ce sont des patriotes qui n’ont jamais été élus. »

Mais, plus tôt lundi, Jean-Paul Delevoye, qui préside la commission des investitures du mouvement, a affirmé que ces candidats issus de la société civile pourraient « être aussi des maires, des conseillers généraux, des conseillers régionaux » dont ce sera « la première élection législative. « Société civile » ne signifie pas « qui n’ont aucun engagement », a justifié M. Delevoye sur Franceinfo.

L’ancien président du Conseil économique, social et environnemental a également écarté, lundi, la possibilité pour les candidats investis aux élections législatives d’avoir une double étiquette avec un autre parti politique, tels que le Parti socialiste ou Les Républicains, lors de l’inscription en préfecture :

« Nous position n’a pas varié : si vous souhaitez soutenir le projet présidentiel, vous vous inscrivez au mouvement En marche !, sur le site En marche !, vous allez à la préfecture sous l’étiquette En marche !. »

Ainsi, pour Christophe Castaner, porte-parole d’Emmanuel Macron durant la campagne, les candidats aux législatives « doivent s’engager à soutenir la majorité présidentielle » du nouveau président sur son programme et ils « devront siéger dans le groupe majoritaire ».

Mais si le rattachement administratif sera incontournable pour ces élections des 11 et 18 juin, rien n’empêche les élus de conserver leur carte d’adhérent au Parti socialiste ou aux Républicains, par exemple. Vendredi 5 mai, Emmanuel Macron avait notamment assuré qu’il ne demanderait « à personne de déchirer sa carte ».

9 mai 2017

Le jeu perso de Valls

6931506_valls-macron-montage_1000x625

L'édito de Didier Micoine - Le Parisien

Mais à quoi joue donc Manuel Valls ? Trois mois après sa défaite cuisante à la primaire de la gauche, l’ancien Premier ministre semble toujours chercher comment rebondir... et faire parler de lui. En déclarant avant même le 1er tour de la présidentielle qu’il voterait Emmanuel Macron, il avait planté un poignard dans le dos de son «camarade» Benoît Hamon, candidat officiel du PS, et piétiné allègrement son engagement de soutenir le vainqueur de la primaire. Le voilà à présent qui annonce vouloir être candidat aux législatives sous les couleurs d’En Marche, enterrant peut-être un peu vite un PS (qu’il a, il est vrai, déjà donné pour mort). Il n’a même pas sollicité l’investiture du mouvement de Macron qui doit donner la liste de l’ensemble ses candidats jeudi. L’équipe d’En Marche entérinera-t-elle ce petit coup de force ? Cela cadrerait mal avec la volonté de renouvellement affichée. En tout cas, après le souffle nouveau apporté dimanche par l’élection de Macron, la démarche très perso de Valls a pris un sacré coup de vieux.

==========================

Législatives : En Marche ! accueille fraîchement la demande de Valls d'être candidat

L'ancien Premier ministre socialiste, Manuel Valls, a clarifié ce mardi son intention de se présenter aux législatives sous la bannière La République en marche. Mais du côté d'Emmanuel Macron, on assure ne pas avoir reçu de candidature officielle. «Il lui reste 24 heures pour la déposer», prévient un membre de l'équipe.

Manuel Valls l'avait déjà dit, il fera partie de la «majorité présidentielle» aux législatives de juin. Mais le socialiste l'a affirmé plus clairement ce mardi matin: «Je souhaite m'inscrire dans ce mouvement qui est le sien (Emmanuel Macron, ndlr), La République en marche», a-t-il déclaré sur RTL, avant de recevoir un accueil frais de l'entourage du nouveau président. La Commission d'investiture a précisé qu'une candidate avait déjà été choisie dans la circonscription de l'ancien Premier ministre, à Evry (Essonne).

Valls : «Je veux la réussite de Macron»

«Je ne suis pas en embuscade», a d'abord défendu Manuel Valls. «Je veux la réussite d'Emmanuel Macron (...) Comme j'invite d'ailleurs tous les députés sortants, les progressistes, ceux qui ont appelé à voter Emmanuel Macron avant le premier tour, ceux qui souhaitaient sa victoire, moi je serai candidat de la majorité présidentielle, je souhaite m'inscrire dans mouvement qui est le sien, La République en marche. Parlons franchement, nous nous retrouvons dans la majorité de ses propositions. Beaucoup de propositions, je les ai portées d'ailleurs», a argumenté l'ancien Premier ministre. Quant au Parti socialiste, «c'est une histoire pour moi, j'y suis attaché mais il est mort, il doit se dépasser».

Législatives : En Marche ! accueille fraîchement la demande de Valls d'être candidat

«L'investiture n'est pas automatique»

Les responsables d'En marche ! ont fait savoir lundi qu'ils communiqueraient le nom de leurs candidats aux législatives jeudi. Y ont-ils intégré l'ex-chef de gouvernement d'Emmanuel Macron ? «Moi je suis candidat, républicain, je connais bien ma circonscription… Ça sera à eux de choisir !» a lancé Manuel Valls. Qu'à cela ne tienne ! «L'investiture n'est pas automatique», a d'abord répondu sur France Bleu Provence l'ancien député socialiste et porte-parole du président élu, Christophe Castaner. Avant d'adoucir son propos plus tard, précisant que le socialiste avait «des chances» d'être investi s'il déposait véritablement sa candidature. Article de Christophe Castaner

Publicité
<< < 1 2 3 > >>
Publicité