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Jours tranquilles à Paris
15 avril 2017

François Fillon

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13 avril 2017

François Fillon

13 avril 2017

Le baiser de la mort

L'édito de Muriel Pleynet - le Parisien

Voilà un soutien, encore implicite, façon François Hollande, qui pourrait coller aux basques d’Emmanuel Macron tel le sparadrap du capitaine Haddock. Officiellement, le président de la République ne soutient ni Hamon, ni Macron et critique vivement Mélenchon. François Hollande ne prendra position qu’entre les deux tours de la présidentielle. En privé pourtant, il ne cache plus sa préférence pour Emmanuel Macron. Le baiser de la mort ? Emmanuel Macron semble le penser et tacle ; estimant aujourd’hui que ni ses «concitoyens», ni «les candidats» n'attendent la position du chef de l'Etat. Celui que François Fillon surnomme tour à tour Emmanuel Hollande ou François Macron ne veut surtout pas passer pour l’héritier d’un président jugé démonétisé. François Hollande ou le soutien dont on ne veut pas !

13 avril 2017

François Hollande multiplie les mises en garde contre le danger "populiste"

Le Monde - Par Solenn de Royer

Le président, qui s’inquiète de la percée de Jean-Luc Mélenchon, va multiplier les mises en garde contre le danger « populiste ». Sans appeler à voter Macron, il semble avoir fait une croix sur le candidat socialiste, Benoît Hamon.

Changement de pied. Alors qu’il avait décidé de rester sur l’Aventin jusqu’au premier tour, François Hollande sort du silence. Le président, qui s’exprime sur la Syrie aujourd’hui dans les colonnes du Monde, a également rencontré ce week-end l’ex-patron du Point, Franz-Olivier Giesbert, pour évoquer la situation politique, l’exercice du pouvoir et le bilan du quinquennat. La semaine prochaine, le site de divertissement Konbini diffusera à son tour une interview du chef de l’Etat, soucieux de s’adresser aux jeunes. Avant le deuxième tour, M. Hollande devrait accorder d’autres entretiens à la presse, profitant des dernières semaines de son mandat pour délivrer messages et mises en garde. « Il accélère », note un proche.

Un changement de stratégie lié – notamment – à la percée spectaculaire de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages. Devant ses fidèles, le président sortant, qui a été en incapacité de se représenter, se montre très sévère sur le niveau d’une campagne jugée « hors sol », centrée sur les affaires et laissant peu de place au débat projet contre projet. Il déplore que « l’émotion » et les dynamiques de campagne semblent avoir pris le pas sur la « raison » et le fond.

La « mode Mélenchon »

Victime du « dégagisme » qui a frappé, avant ou après lui, Manuel Valls, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, doublés par des outsiders aux primaires du PS et de LR, le président redoute que la « dernière quille à rester debout » l’emporte au finish, les 23 avril et 7 mai, alors qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen semblent marquer le pas dans les enquêtes d’opinion. « Il peut exister chez les Français la tentation d’abattre le ou les favoris du scrutin », analyse un proche du président, qui y voit l’une des causes de la « mode Mélenchon ». « Cette campagne sent mauvais », a lancé en privé M. Hollande, qui redoute un deuxième tour Le Pen-Mélenchon.

Dans Le Point du 13 avril, le chef de l’Etat qui assassine les primaires – lesquelles auraient affaibli les partis de gouvernement – critique ainsi le leader de la France insoumise, désormais crédité de 18 à 19 % d’intentions de vote. « Il y a un péril face aux simplifications, face aux falsifications, qui fait que l’on regarde le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte », attaque-t-il. Interrogé sur Emmanuel Macron, il rappelle qu’il n’a pas découragé son ancien ministre quand celui-ci lui a dit vouloir créer un mouvement politique. « Je considère que le politique a besoin de renouvellement », argue M. Hollande, en ajoutant avoir trouvé alors le pari de M. Macron « pour le moins audacieux ».

Si le chef de l’Etat n’appelle pas – et n’appellera pas – à voter pour le leader d’En marche ! avant le premier tour, il dit « faire confiance à l’intelligence des Français » dans l’isoloir. Mais il se prononcera en faveur d’un candidat avant le deuxième tour. « Le président sait qu’appeler à voter pour Macron avant le premier tour pourrait se révéler contre-productif, analyse l’un de ses amis. Mais entre les deux tours, il mettra tout son poids dans la bataille. »

Quoi qu’il en soit, M. Hollande semble avoir fait une croix sur le candidat du PS, descendu sous la barre des 10 % dans les intentions de vote. Le 1er avril, alors qu’il assistait au dévoilement d’une fresque de l’artiste JR au palais de Tokyo, il a croisé la maire de Paris, Anne Hidalgo, et Jean-Marc Germain, directeur de campagne de Benoît Hamon. Le chef de l’Etat – qui reproche aux frondeurs d’avoir saboté son quinquennat – n’a pas pu résister à lui envoyer une pique, l’air de rien. « Alors, a-t-il demandé, elle se passe comment, cette campagne ? »

L’avenir des hollandais au sein du PS

M. Hollande, qui a reçu son fidèle lieutenant Stéphane Le Foll le 11 avril à l’Elysée, suit également de très près les affaires du PS. La veille, le chef de file des hollandais avait réuni ses troupes au ministère de l’agriculture, comme chaque semaine. Alors que les discussions tournaient ces derniers mois autour de l’opportunité d’un choix entre Benoît Hamon et Emmanuel Macron, celles-ci ont glissé lundi soir sur l’après-présidentielle et le devenir des hollandais au sein d’un parti affaibli, qu’ils se refusent à quitter.

Une place délicate à trouver entre l’aile gauche incarnée par Jean-Luc Mélenchon et l’aile droite qu’a préemptée Emmanuel Macron, avec le soutien (subi) de Manuel Valls, qui cherche à fédérer les « progressistes » en dehors du vieux parti d’Epinay. En déshérence, les hollandais projettent de publier dans les prochains jours une tribune qui définirait leur « identité politique ». M. Le Foll a présenté l’initiative à M. Hollande, soucieux de préserver son héritage, tout comme la survie d’un parti qu’il a dirigé pendant onze ans. « Derrière tout ça, il y a la main du Grand Schtroumpf », sourit un hollandais selon qui le président est loin de se voir en « préretraité ». « Hollande est en train de sanctuariser un périmètre d’action et d’influence, ajoute le même. Il n’a pas renoncé à faire de la politique ».

Le chef de l’Etat, qui cherche à se loger à Paris et en Corrèze, continuera jusqu’au dernier jour de son mandat à se déplacer sur le terrain, pour défendre son bilan. Il sera jeudi dans l’Yonne et dans les Deux-Sèvres puis, vendredi à Sochaux (Doubs), pour visiter le site de PSA. Dimanche 16, il présidera le centième anniversaire de l’offensive du Chemin des Dames, dans l’Aisne. Il multipliera encore les déplacements dans la dernière ligne droite, jusqu’à l’avant-veille du premier tour, où il se rendra à Guingamp (Cotes d’Armor). « Il est formidablement accueilli sur le terrain », raconte l’un de ses amis, qui tempère aussitôt, pas dupe : « Mais davantage sur le registre d’un chanteur de variété. »

12 avril 2017

Emmanuel Macron...

Imagine-t-on le Général de Gaulle et Tante Yvonne faire campagne en doudoune à la montagne ? Pourquoi encore cette référence ? Parce que dans les colonnes du Parisien, ce mercredi, Emmanuel Macron confie : « dans mon Panthéon personnel, il y a de Gaulle et Mitterrand ». Et en même temps Macron s’affiche avec son omniprésente épouse Brigitte dans la station de ski pyrénéenne de La Mongie. Lunettes noires et doudounes de marque, main dans la main et sourires de stars, Emmanuel et Brigitte marchent dans la neige, entourés de photographes, perches et micros planant au-dessus de leurs têtes. Ce couple possède la magie de transformer ses apparitions en festival de Cannes. Une opération de com’ pour bien montrer qu’avec ce jeune candidat, c’est le renouvellement permanent... au moins de la garde-robe. Pour la com’, en revanche, c’est du réchauffé : les images aux sports d’hiver, avec famille radieuse, c’était Giscard dans les années 1970 ! Et puis, attention au décalage avec un pays qui ne va pas si bien. En cette dernière ligne droite, le candidat qui monte, c’est Mélenchon. Lui joue et surjoue la cause du peuple. Le couple Macron, c’est plutôt la cause du people...      

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12 avril 2017

François Hollande sort de son silence : «Cette campagne sent mauvais»

A onze jours du premier tour de la présidentielle, François Hollande, inquiet de la montée de Jean-Luc Mélenchon, sort de son silence. Le chef de l'Etat ne va pas jusqu'à appeler à voter Emmanuel Macron, mais «fait confiance à l'intelligence des Français».

Il avait dit qu'il s'abstiendrait et avait fini par accorder un entretien - cordial - à Benoît Hamon début février. Mais François Hollande ne tient plus. Face à la montée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, le président s'inquiète de l'éparpillement de la gauche et sort de son silence. Sans appeler clairement à voter Emmanuel Macron, le chef de l'Etat multiplie cette semaine les confidences qui vont dans ce sens.

Le Monde rapporte ce mercredi que François Hollande a même accordé une interview au site de divertissement Konbini pour s'adresser aux jeunes, pour l'instant plutôt attirés par la chaîne Youtube, le jeu vidéo et les hologrammes de Jean-Luc Mélenchon. Dans Le Point à paraître jeudi, le président dit également considérer que «le politique a besoin de renouvellement», en ajoutant avoir trouvé le pari de son ancien ministre de l'Economie «audacieux».

«Cette campagne sent mauvais»

«Cette campagne sent mauvais (...) Elle est hors sol», explique-t-il au Point. François Hollande semble déplorer que «l’émotion» et les dynamiques de campagne aient pris le pas sur la «raison» et le fond. Face à la «mode Mélenchon», et «le populisme», «il y a un péril face aux simplifications, face aux falsifications, qui fait que l’on regarde le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte», insiste encore le chef de l'Etat. Par ailleurs, «il peut exister chez les Français la tentation d’abattre le ou les favoris du scrutin».

Pour autant, pas question d'appeler les électeurs à voter pour le candidat d'En marche. Le président ne veut notamment pas gêner son ancien protégé. En revanche, ses mots sonnent comme des bons points à Emmanuel Macron. «Je considère que le politique a besoin de renouvellement», lâche François Hollande.

Hamon déçu...

Benoît Hamon ne peut, quant à lui, plus cacher sa déception. Evoquant ce mercredi dans Les Echos le leader des sociaux-démocrates allemands Martin Schulz, le socialiste «note qu'il m'a encore apporté son soutien ce week-end et qu'il en fait plus pour ma candidature qu'une vingtaine de dirigeants socialistes ou ministres français de premier rang».

Quant à François Hollande, «mon désaccord date de 2014 : je considère à ce moment-là que le déséquilibre sur la politique de l'offre va être dommageable et que la courbe du chômage ne va pas s'inverser... Je ne pense pas m'être complètement trompé», tacle-t-il.

Macron, «pas une mesure sociale dans ses cent premiers jours»

Pour lui, une victoire de Marine Le Pen, improbable en mai, est en revanche possible en 2022 «si on continue à mettre en œuvre des politiques libérales». «Je ne vois pas en quoi le programme d'Emmanuel Macron aurait des résultats différents. Il ne propose pas une mesure sociale dans ses cent premiers jours. Rien, le néant absolu!», dénonce le candidat du PS.

Enfin, il assure «assumer un désaccord profond avec Jean-Luc Mélenchon sur la question européenne». «Je ne crois pas à son plan A, parce qu'il place beaucoup trop haut le niveau de ses exigences de renégociations des traités pour que celui-ci soit réaliste. Donc en réalité il n'y a chez lui que le plan B, à savoir la sortie de l'Union européenne. Et moi, je ne souhaite pas une telle issue», martèle-t-il.

Le Parisien

12 avril 2017

On a suivi les street artists parisiens qui détournent et réinventent l'affichage électorale

11 avril 2017

Benoit Hamon...une bouteille à la mer...

Une lettre aux Français. Un peu comme une bouteille jetée à la mer, pour éviter le naufrage... dans les urnes, le 23 avril. L’équipe de Benoît Hamon a démarré ce mardi l’envoi de sa missive en 9 millions d’exemplaires. Le candidat socialiste tient d’abord à nous rassurer : « Ces dernières semaines, écrit-il, n’ont ébranlé aucune de mes convictions, elles les ont confirmées ». Sa chute dans les sondages au-dessous de 10%? Les lâchages des camarades du PS en transhumance vers l’écurie Macron ? Les folles rumeurs, faussement étayées par un SMS bidon, de son désistement au profit du rival honni, Jean-Luc Mélenchon ? Même pas mal !, assure, bravache, le « petit Benoît », comme l’a maladroitement désigné l’autre jour Martine Aubry. Bien sûr, il ira jusqu’au bout de ce qui ressemble de plus en plus à un calvaire. « Je me bats, je résisterai à tout : je viens d’une terre granitique », dit le Breton. Peut-être. On l’espère pour lui. Mais le PS, lui, que deviendra-t-il ? Car la maison Solferino n’est pas de granit. Plutôt un palais en carton empli de courants d’air...  

11 avril 2017

Jean Luc Mélenchon : Tout un programme

C’est avec des civils qu’on fait des militaires. C’est avec des modérés qu’on fait des mélenchonistes, avec des soumis qu’on fait des insoumis. Avérée par tous les instituts, la percée de Jean-Luc Mélenchon correspond au glissement réel d’une partie de l’opinion. Le candidat de La France insoumise a gagné quelque six points depuis le début de la campagne, soit environ 1,8 million de voix, peut-être 2 millions (cela dépend du taux d’abstention, qu’on ne connaît pas encore). Ces transfuges ne sont plus rebutés, de toute évidence, par le discours radical de Jean-Luc Mélenchon. Ils adhèrent à la personne. Ont-ils vraiment lu le projet ? Si oui, nous assistons à un gauchissement spectaculaire de l’opinion française, dans un pays qui tend à se droitiser (paradoxe compliqué mais réel : des deux côtés, les extrêmes progressent).

Un cinquième environ de l’électorat, donc, souhaite désormais accroître les salaires de 6% en moyenne, revenir aux 35 heures, aller vers les 32 heures, restaurer la retraite à 60 ans, lancer un plan d’investissement de 100 milliards d’euros, supprimer le CICE, instaurer une gratuité totale des soins, accroître les indemnités de chômage, créer une allocation autonomie pour les jeunes, nationaliser les industries d’armement et la production d’électricité, embaucher 60 000 professeurs… Le tout financé par un accroissement des prélèvements obligatoires de 45% à 49%, une augmentation de l’impôt sur le revenu jusqu’à 90%, une hausse de l’ISF, une inflation à 4% en fin de période, et une création monétaire conséquente qui financerait la dette publique. Et l’Europe ? On l’obligerait à ratifier cette politique ou bien on en sortirait. Bref, un programme de rupture qui aurait fait dresser les cheveux sur la tête des mà ªmes électeurs s’ils étaient restés là où étaient il y a deux semaines. Après, on dira que les Français sont rétifs au changement. A moins qu’ils n’aient pas encore lu le programme de Jean-Luc Mélenchon… Texte de Laurent Joffrin - Libération

10 avril 2017

François Fillon peut-il encore gagner ?

Par Alexandre Lemarié, Matthieu Goar

Le candidat de la droite, fragilisé par les affaires, a réuni ses soutiens dimanche à l’occasion d’un grand meeting, porte de Versailles, à Paris.

Sa campagne a été un long supplice accompagné d’une lente érosion dans l’opinion. Peut-il renaître dans le sprint final ? Lui en est convaincu. Depuis le début de l’année, François Fillon a répété à plusieurs reprises que l’élection présidentielle se jouerait dans les deux dernières semaines. Difficile de lui donner tort, tant l’indécision plane sur cette ultime ligne droite. Après une campagne rendue chaotique par les révélations quasi quotidiennes sur son train de vie et ponctuée par sa mise en examen, le candidat de la droite a organisé un grand meeting, porte de Versailles à Paris, dimanche 9 avril. Sur la scène, les ténors des Républicains, tels Eric Ciotti, Luc Chatel, Valérie Pécresse ou encore Bruno Retailleau, ont sonné la mobilisation.

L’opération a été réussie et les militants en sont sortis galvanisés. Pas seulement par les discours, mais aussi parce que le contexte de la campagne de François Fillon est en nette amélioration. La plupart des derniers sondages montrent un resserrement entre les quatre principaux candidats. Certes, M. Fillon est toujours troisième et il est même devancé par Jean-Luc Mélenchon dans une enquête publiée dimanche soir. Mais, dans de nombreux autres sondages, il grignote entre 0,5 et 1,5 % et Marine Le Pen et Emmanuel Macron stagnent. Conscient de cette convergence des courbes, le député de Paris est maintenant persuadé que l’élection sera serrée et qu’il pourra passer dans un trou de souris.

« Ils sont en colère, énervés »

Cette conviction se forge dans l’expérience de la primaire où l’électorat s’était cristallisé dans les deux dernières semaines. Malgré son image beaucoup plus abîmée qu’en novembre, François Fillon rêve de réussir le même coup. « Je serai au second tour », a-t-il répété jeudi, sur France Inter : « Ces sondages ne sont pas inexacts mais je suis absolument convaincu qu’ils sont biaisés à la fois par les échantillons, les questions et surtout par le climat politique général. (…) C’est exactement ce qu’on a vu à la primaire. » L’agenda des quatorze derniers jours a donc été minutieusement préparé : le grand rassemblement de Paris sera suivi par des meetings dans des grandes villes (Marseille, Lyon, Lille, Nice) mais aussi par des déplacements symboliques, peut-être dans la Sarthe. « Cela peut se passer comme à la primaire : une remontée spectaculaire de François Fillon dans les derniers jours. C’est maintenant que les gens se décident », espère Vincent Chriqui, son directeur de campagne.

Pour réussir à grignoter son retard, M. Fillon mise sur une forte participation de son socle et sur le rattrapage d’une partie de ceux qui se sont éloignés à cause des affaires. Les messages de soutien de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, vendredi, ont été précieux car l’ancien président parle à la base la plus fidèle alors que le maire de Bordeaux pèse dans l’électorat de la droite modérée. Et pour convaincre ces déçus, M. Fillon passe beaucoup de temps en meeting à mettre en avant son projet plutôt que sa personne. Il espère que le peuple de droite, même perturbé par ses affaires, finira au final par se raccrocher à son programme libéral et conservateur en le comparant à ceux de Mme Le Pen et M. Macron.

« Quand on les interroge dans les sondages, les gens disent aujourd’hui honnêtement qu’ils ne vont pas voter pour nous. Parce qu’ils sont en colère, énervés », observe Laurent Wauquiez. « Mais quand ils seront dans l’isoloir face à un seul bulletin de vote pour la droite et le centre, ils se diront : “bon, allez !, je vote pour la droite et le centre.” » Les fillonistes se raccrochent ainsi à la théorie d’un vote caché en sa faveur, qui ne serait pas mesuré dans les sondages.

Cette stratégie part du postulat que l’électorat de la présidentielle se déterminera principalement sur les programmes. Une analyse discutable. Car, dans une élection aussi personnalisée que la présidentielle, le profil du candidat reste un élément important du choix d’une partie des votants. Et sur cet aspect-là, François Fillon a beaucoup perdu avec les différentes révélations sur son rapport à l’argent. Selon une enquête Ipsos-Sopra Steria publiée le 5 avril, l’honnêteté et la probité sont en effet les qualités les plus importantes pour un président de la République pour une majorité des sondés. 65 % d’entre eux placent en tête ces deux qualités comme nécessaires à l’exercice présidentiel. Et François Fillon est le candidat à qui les électeurs font le moins confiance parmi les cinq « grands » candidats.

Stature et expérience

Même s’ils affichent leur optimisme devant les micros, les élus de droite savent que l’équation est encore compliquée. Toujours en retard, M. Fillon n’a pas forcément toutes les cartes entre les mains. Il doit aussi miser sur un effondrement d’un des deux favoris. « Désormais, il dépend d’une défaillance des autres, en particulier de Macron, qui a les clés de l’élection », glisse un député LR. Une donnée qui n’a pas échappé à l’ancien premier ministre. A longueur d’intervention, il cible Emmanuel Macron, surnommé « Emmanuel Hollande », dont l’électorat semble plus friable que celui de Marine Le Pen. « Macron sera le Juppé de cette présidentielle. Le soutien de Valls est un baiser de la mort, comme l’avait été le soutien de Bayrou à Juppé », estime Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne.

Pour faire la différence avec l’ancien ministre de l’économie, M. Fillon insiste sur l’incohérence de sa future majorité et le décrit comme l’héritier de François Hollande. Une façon de faire passer le message qu’il est le seul à incarner l’alternance. Et il met en avant sur son expérience. Ce dernier aspect revient en boucle dans les discours de la droite depuis le regain de tension internationale après l’attaque chimique qui a 87 morts en Syrie, mardi 4 avril, et la frappe américaine contre le régime syrien, vendredi 7 avril. Les fillonistes veulent croire que ce contexte anxiogène va pousser certains électeurs à élire un homme expérimenté à la tête du pays. « Personne ne peut se réjouir des tensions internationales mais dans ce contexte malheureux, chacun peut mesurer à quel point la stature et l’expérience seront cruciales pour le président de la France », argumente Jérôme Chartier.

Dans cette campagne dominée par les affaires et à l’approche de ce premier tour indécis, François Fillon n’a jamais totalement décroché. Grâce à ce socle qui lui a permis de garder la tête hors de l’eau, il peut encore rêver d’un sursaut. A plusieurs conditions. « Il est pour l’instant à un niveau bas pour un candidat de droite. Son principal enjeu reste de rassembler son électorat éparpillé sur Macron, Le Pen ou Dupont-Aignan, et d’attirer les électeurs de droite abstentionnistes », analyse Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP, qui rappelle que 30 % des électeurs qui avaient choisi Nicolas Sarkozy en 2012 ne sont pas encore sûrs de leurs choix.

Même si l’espoir est encore permis, la position de M. Fillon est loin d’être favorable. « L’histoire des campagnes présidentielles montre qu’un candidat classé troisième dans les sondages deux semaines avant l’élection ne s’est quasiment jamais qualifié pour le second tour, excepté Jean-Marie Le Pen en 2002 », rappelle M. Dabi : « Mais l’histoire est faite pour être bouleversée et il est vrai que nous sommes en présence d’une campagne atypique. » Surtout celle de M. Fillon…

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