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Jours tranquilles à Paris
20 mai 2020

LE PORTRAIT - Jacques Rocher, arbre généalogique

Par Gilles Renault - Libération

Fils du défunt magnat de la cosmétique, l’industriel milite pour la nature, à travers un festival photo qui entend exister cet été 2020.

La liaison tout juste établie, c’est le chant des oiseaux qui tient lieu de générique, telle une profession de foi. Extérieur jour. En arrière-plan, la pierre granitique, en partie gagnée par la végétation, du manoir du XVe siècle, depuis lequel le maître de céans donne audience sans apprêt. Assis devant une table en bois avec, posé dessus, un carnet sur lequel il prendra quelques notes, Jacques Rocher consent à se raconter, non sans avoir préalablement hésité. Une occurrence pas si fréquente, alors que ce ne sont pourtant pas les prétextes qui manquent : fils de (Yves Rocher, apôtre et tycoon de la cosmétique végétale), industriel vertueux (oxymore ?) féru d’environnement, maire réélu mi-mars, sans opposant («à vaincre sans peine…», dit-il en souriant lucidement) de La Gacilly, bourg du Morbihan à la rugosité coquette et berceau d’une saga patriarcale scellée par un chiffre d’affaires annuel supérieur à 2 milliards d’euros et une présence dans environ 115 pays, et père du festival photo précisément né au même endroit, à l’orée du XXIe siècle.

Mais le clan s’en est toujours tenu à une forme de réserve naturelle (une consœur parlera de «goût de la discrétion» hérité d’une «éducation catholique mâtinée de jansénisme») peu compatible avec les épanchements. Sauf à saisir le bon motif. Comme la perspective que ledit festival puisse exister cet été, devenant de la sorte une oasis dans l’océan d’annulations qui s’apprêtent à transformer la saison, d’ordinaire florissante, en reg culturel.

«La photographie a indéniablement un rôle à jouer dans un monde qui a aussi besoin de poésie», pose Jacques Rocher, regard azuréen derrière de fines lunettes, encore ému par le souvenir adolescent de virées matutinales pour contempler la saison des amours batraciennes dans les marais alentour. «Car les artistes restent des éclaireurs, capables de montrer la beauté comme la dureté», enchérit celui qui ne se revendique pas photographe lui-même mais apprécie Cartier-Bresson et l’école humaniste française. En 2004, il a lancé ce rendez-vous excentré, à la fois gratuit et ambitieux, localisé en plein air, dans l’espace public. De sorte que, chaque année, entre venelles, sentes, jardins et boqueteaux, afflue une cohorte d’amateurs plus ou moins éclairés, sensibles à une thématique qui, rétive à la mièvrerie possiblement contemplative, a su acquérir un crédit fondé.

Adoncques, voici que, focalisée sur l’Amérique latine, la 17e édition claironne vaille que vaille son intention de ressortir les cimaises. Avec juste un peu moins d’expositions («17  ou 18, au lieu des 25 prévues»), un démarrage différé de quelques semaines (prévue début juin, l’ouverture devrait se faire courant juillet) et, fatalement, une atmosphère différente de la flânerie bucolique qui d’ordinaire prévaut. «Nous sommes en train de plancher sur un circuit adapté aux directives, précise l’organisateur, en repensant le cheminement, l’espacement entre les accrochages, avec aussi une signalétique affinée et, bien sûr, l’accent mis sur la prévention, à défaut de placer un gendarme derrière chaque visiteur.»

Jusqu’à présent, La Gacilly a réussi à passer entre les gouttes de la pandémie planétaire. Aucune victime à déplorer, pas même parmi les quelque 156 pensionnaires du Laurier vert, la maison de retraite locale. Pour autant, l’élu reste sur le qui-vive, d’autant plus conscient de la sourde menace qu’il a lui même connu l’embuscade : «De retour d’un déplacement à New York, en février, j’ai été malade comme un chien et j’en suis sorti tout cabossé, sans être testé pour autant. En revanche, âgé de 3 mois, le plus jeune de mes deux petits-enfants, lui, a officiellement contracté le virus et il a dû rester une semaine en observation au CHU de Rennes.» Ainsi, Jacques Rocher qualifie-t-il en connaissance de cause l’époque d’«anxiogène, tant sur le plan sanitaire qu’économique». Sans pour autant prononcer une philippique contre un gouvernement auquel il reproche juste du bout des lèvres d’avoir sans doute «manqué de vigilance et d’anticipation», mais même pas d’avoir décidé de maintenir à tout prix le premier tour des municipales, laissant les bonnes volontés se dépatouiller in situ avec «une gestion opérationnelle extrêmement compliquée».

Maire pendant près d’un demi-siècle du village où il bâtit sa légende (dans un grenier), puis son empire (dans les usines qui continuent de faire vivre le territoire), Rocher père portait un brassard «divers droite». Admiratif de ce que le coryphée a «réussi à construire à force d’atypisme tenace», le benjamin de ses trois fils, qui lui a succédé en 2008, préfère pour sa part rouler «sans étiquette», assurant, ès qualités de chef d’entreprise, «ne pas vouloir mélanger les genres». Jusqu’à ne concéder qu’une sympathie de principe aux Verts dont, échaudé par les dissensions intestines qui ont plus d’une fois sabordé le mouvement, il doute de la capacité à surfer durablement sur la vague.

Pourtant, ça n’est pas faute d’avoir l’écologie chevillée au corps. D’une enfance bretonne marquée par «huit ou neuf années» en internat («la séparation n’est jamais un bon souvenir»), le lecteur de Jean Giono, Victor Hugo et Jack London retient, à rebours d’une société bardée d’écrans et péchant désormais par excès de zèle prophylactique, tout ce temps passé à grimper dans les arbres ou, avec ses deux frères, à capturer des vipères pour fabriquer du sérum antivenin.

Le bac en poche, celui qui épousera Gaëlle, avec laquelle il aura trois enfants, aujourd’hui âgés de 37, 35 et 18 ans, intègre comme il se doit le giron familial. Où, en 1991, il impulse la création de la Fondation Yves Rocher, «engagée pour la biodiversité» et reconnue d’utilité publique. «Favoriser toutes les initiatives possibles» pour, en tant qu’entreprise, permettre à dame nature de ne pas dépérir : telle est donc la vocation, au sein du groupe dirigé par son neveu, du «directeur du développement responsable et de l’environnement». Qui, à la croisée du conte et des comptes, signe ses messages «Jacques le planteur d’arbres» et, de fait, revendique à ce jour plus de 90 millions de spécimens disséminés aux quatre coins du monde.

Ceci expliquant cela, hors confinement qui l’a vu préférer la campagne bretonne à son adresse principale à Boulogne-Billancourt, en bordure de Paris, Jacques Rocher ne tient pas en place, un jour en Ethiopie, l’autre au Brésil, au Togo, en Russie ou au Liban. Au nom d’une croisade si probe qu’on n’a pas eu à cœur de le cuisiner sur son bilan carbone.

1957 Naissance à Rennes.

1991 Création de la Fondation Yves-Rocher.

2004 Festival photo La Gacilly.

2008 Elu maire.

Eté 2020 17e édition du fest

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16 mai 2020

Quand Chris Morin-Eitner transforme la capitale en jungle tropicale

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La nature reprend ses droits ! Si l’humain venait à disparaitre, à quoi ressemblerait les villes, les monuments emblématiques qu’elles abritent ? Vous êtes-vous déjà posé la question ? L’artiste, Chris Morin-Eitner, n’a pas hésité à se la poser, tellement, qu’il a décidé de réaliser un projet autour de cette question. Fascinant non ?

« Il était une fois demain », est une série de photographies dystopiques nous permettant d’imaginer la capitale après l'extinction de l’être humain. Une catastrophe naturelle, le réchauffement climatique, peu importe, ces clichés illustrent un monde où nous n’existons plus, seuls les animaux et la végétation subsistent, ils prennent possession des lieux.

Un paysage apocalyptique où la seule trace de notre passage est représentée par les monuments phares de Paris. Le Louvre, Le Moulin-Rouge, Le Sacré Cœur, Le Centre Pompidou, La Tour Eiffel, Les Champs-Elysées, tous ces édifices font qu’un avec une véritable jungle tropicale. Et le spectacle est saisissant !

Certains trouveront ces clichés effrayants, d’autres sublimes, à chacun son interprétation. Si le travail de Chris Morin-Eitner vous a plu n’hésitez pas à visiter le site de la Galerie W Landau, vous y découvrirez de nouvelles villes ensevelies sous le poids de la nature.

https://www.galeriew.com/artistes/chris-morineitner

5 rue du Grenier-Saint-Lazare 75003 Paris
212 rue Saint-Martin 75003 Paris

Lundi – Samedi, 10h30-19h et sur rendez-vous
01 42 54 80 24 | info@galeriew.com

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14 mai 2020

Karin Borghouts : Vincent Was Here

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Un livre de photographies d’art, un site web en une exhibition itinérante.

Très jeune, Vincent van Gogh (1853-1890) a transporté ses pénates de lieu en lieu sans jamais demeurer très longtemps où que ce soit. Dans le Borinage, il a décidé de devenir artiste. Dès lors, il a réalisé quelque 900 toiles et 1 100 œuvres sur papier. Il a également laissé 1 102 lettres. La photographe Belge Karin Borghouts a suivi la trace de Vincent van Gogh de son lieu de naissance aux Pays-Bas, Zundert, à Auvers-sur-Oise en France, où l’artiste a mis fin à ces jours. Non moins de treize lieux, dont Nuenen, Drenthe, Paris, Arles et Saint-Rémy-de-Provence ont été magnifiquement photographiés. Elle a également reconstitué certaines de ses natures mortes qu’elle a photographiées. Admirez les lieux surprenants et les thèmes de Van Gogh vus à travers le regard et l’objectif de Karin Borghouts.

https://vincentwashere.com

https://karinborghouts.be

Livre de photographies d’art VINCENT WAS HERE

Textes de Xavier Canonne, directeur Musée de la Photographie Charleroi et Ron Dirven, commissaire Vincent van Goghhuis, Zundert en néerlandais, français et anglais

Prix: 39 euros

Boutique en ligne: https://vincentwashere.com

Distribution internationale au détail: https://www.exhibitionsinternational.be

Exposition

Vincent was here – Karin Borghouts

Vincent van GoghHuis, Zundert, Pays-Bas

16/02/2020 – 16/08/2020

https://www.vangoghhuis.com

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13 mai 2020

Exposition au Centre Pompidou

« Matisse »

Il en va de Matisse comme de Turner ou de Picasso : ses expositions sont toujours un succès, et on en a un peu perdu le compte. Mais c’est une œuvre immense et, 150e anniversaire de sa naissance oblige, le Centre Pompidou sacrifie encore à la lucrative tradition. Outre ses très riches collections, le Musée national d’art moderne a pour l’occasion obtenu des prêts du Musée Matisse du Cateau-Cambrésis (Nord), et de celui de Nice, comme du Musée de Grenoble et d’autres institutions, publiques ou privées du monde entier. Cela suffira-t-il ? Les organisateurs nous promettent un regard autre sur le peintre, à la lueur du livre de Louis Aragon, Henri Matisse, Roman (1971), censé éclairer « les écritures de Matisse [pour] retracer des jalons essentiels d’un parcours », à travers « le rapport ininterrompu de l’œuvre au mot ». Dont acte. Ha. B.

Centre Pompidou, à Paris. Du 13 mai au 31 août. Tous les jours, sauf mardi, de 11 heures à 21 heures, 23 heures le jeudi.

10 mai 2020

Galerie Perrotin

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8 mai 2020

L’empaquetage de l’Arc de Triomphe par Christo reporté en 2021

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Face à l'épidémie du coronavirus et malgré le déconfinement annoncé, le Centre Pompidou, l'artiste Christo et le Centre des monuments nationaux ont décidé de reporter l'emballage de l'Arc de Triomphe à la rentrée 2021. L'installation devait être inaugurée cet automne.

Après avoir été reprogrammé à l’automne 2020 pour des raisons écologiques, le projet d’emballage de l’Arc de Triomphe par Christo doit aujourd’hui être reporté d’un an en raison de l’épidémie de coronavirus. Le Centre Pompidou, le Centre des monuments nationaux et l’artiste lui-même ont annoncé il y a quelques jours que cette gigantesque installation, qui devait renouveler l’exploit de 1985 au Pont-Neuf, serait finalement réalisée l’année prochaine et visible du 18 septembre au 3 octobre 2021. Ce choix, motivé par l’incertitude latente du milieu culturel face aux semaines/mois de déconfinement à venir, nous semble bien évidemment raisonnable. Regrettons simplement qu’il supprime de l’horizon culturel un événement qui avait de quoi nous réjouir en cette période un peu terne.

 

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Christo – L’Arc de Triomphe empaqueté (Projet pour Paris, Place de l’Etoile-Charles de Gaulle)

Sauvé par des faucons crécerelles ?

C’est un nouveau déboire pour le projet d’empaquetage du grand monument parisien par Christo qui voit ici ces dates modifiées pour la seconde fois. En juin 2019, les organisateurs avaient déjà été contraints de reporter à l’automne l’événement initialement prévu au printemps 2020. L’installation devait en effet se tenir du 6 au 19 avril, en parallèle d’une exposition thématique organisée au Centre Pompidou. Consacrée à la période parisienne de l’artiste, cette dernière aurait ainsi trouvé un écho monumental à son propos en plein cœur de la capitale tandis que le Grand emballeur se serait imposé comme l’une des figures tutélaires de l’année culturelle 2020 en France. Mais un petit oiseau a mis fin à ce beau rêve…

Les défenseurs de la cause écologique se sont en effet inquiétés de voir le faucon crécerelle privé au printemps d’un de ses hauts lieux parisiens de nidification. L’Arc de Triomphe, à l’image de Notre-Dame notamment, constitue en effet un abri de choix pour ces représentants d’une espèce protégée depuis 1972… L’art ne pouvant guère se permettre de piétiner délibérément le grand cycle de la vie, décision a été prise de repousser l’emballage de quelques mois pour une inauguration à l’automne. Ce petit geste écologique aura sans doute sauvé le projet qui n’aurait pas pu voir le jour en pleine crise sanitaire.

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Déconfinement et réouverture de l’exposition au Centre Pompidou

Mais que devient l’exposition « Christo et Jeanne-Claude. Paris ! » qui devait ouvrir ses portes le 18 mars au Centre Pompidou ? Pour l’heure, l’institution affirme qu’elle « sera visible dès que le Centre Pompidou sera en mesure d’accueillir à nouveau des visiteurs ». Bien évidemment, à l’heure où les musées, grands ou petits, ne peuvent se référer à aucune directive précise du ministère de la Culture quant à leurs probables dates de réouverture, cette annonce a des airs de vœu pieu mâtiné de Méthode Coué.

Découvrez le hors-série consacré à l’exposition «  Christo et Jeanne-Claude. Paris ! » au Centre Pompidou

Anne-Sophie Lesage-Münch

6 mai 2020

Covid-19 : la crise n’amuse pas les galeries

Par Elisabeth Franck-Dumas

Selon le Comité professionnel des galeries d’art, un tiers des galeries françaises pourraient fermer.

Très mondialisé, le marché de l’art contemporain dépend largement des foires internationales. Le Covid-19 pourrait bien changer la donne.

Le 8 avril, le communiqué est tombé dans les boîtes mails avec un léger «ping», mais son écho fut retentissant dans le monde de l’art. Un tiers des galeries françaises fermeraient boutique avant la fin de l’année… Un tiers ! Avec des conséquences qu’on s’imagine désastreuses pour les artistes, les encadreurs, les régisseurs, les auteurs, les commissaires… Le communiqué était signé du Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) qui, après étude réalisée auprès de ses 279 adhérents, a tiré la sonnette d’alarme et réclamé un plan de relance fort. Les pouvoirs publics ont été plus ou moins réactifs, mais dans le secteur, la nouvelle s’est propagée à grande vitesse. «On m’a appelé de partout pour m’en parler, raconte le galeriste autrichien Thaddaeus Ropac, l’un des grands du marché, implanté à Paris, Londres et Salzbourg. Tout le monde voulait savoir ce qui se passait à Paris. Le chiffre était très choquant.» Gageons pourtant que ce genre de statistique effrayante ne concernera pas uniquement les galeries parisiennes, et que l’onde de choc se répand de New York à Pékin. Portes closes des semaines durant, annulation de foires en pagaille, désaffection possible de collectionneurs…

Si l’exactitude du chiffre reste à prouver dans le temps, sept semaines après le début du confinement la crise sanitaire a déjà révélé deux faiblesses que recouvraient les chiffres records des ventes aux enchères défrayant depuis des années la chronique : l’essentielle fragilité d’un milieu essentiellement composé de petites entreprises employant moins de cinq salariés (où plus de la moitié des galeristes déclarent un chiffre d’affaires mensuel inférieur à 41 600 euros) et leur dépendance grandissante aux foires, qui se sont multipliées à une vitesse folle depuis une dizaine d’années, grevant leur budget (et leur bilan carbone…) dans un rapport de force pas tout à fait équitable, que certains espèrent désormais pouvoir inverser.

Changer de paradigme ?

«La crise a révélé une fragilité dont beaucoup de gens n’avaient pas idée, estime Stéphane Corréard, fondateur de la foire Galeristes et associé de Loeve & Co à Paris. C’est une des particularités du milieu : personne ne veut se désigner comme petit ou fragile, contrairement par exemple au milieu du cinéma, où ce n’est pas un motif de honte. Et les petits n’ont pas su se faire reconnaître par l’Etat, ou bénéficier d’un système d’aide type "exception culturelle". Alors que sans eux, pas d’émergence, pas de diversité, pas de scène locale.»

L’on aurait pu croire, pourtant, que la mondialisation du marché, et la possibilité de vendre d’un clic en ligne, de Santiago à Tokyo, auraient profité à tous. Mais ce sont les maisons de vente qui ont été les premières à voir leur public exploser via le Net, grâce à des sites comme Artprice, qui recensent les ventes se tenant dans le monde entier. Pour les galeries, c’est plus compliqué. «Quand on ne représente pas les artistes aux quatre coins de la planète, les ventes en ligne ne se font pas, explique Isabelle Alfonsi, de la galerie parisienne Marcelle Alix. Il faut que les collectionneurs aient eu l’expérience du travail de l’artiste pour décider de mettre 25 000 euros dans une œuvre qu’ils n’ont jamais vue.»

Accéder, pour les galeries, à un marché planétaire, passe donc d’abord par les foires, rendant ces grands-messes incontournables. «Elles pèsent entre 35 % et 45 % de mon chiffre d’affaires annuel, estime la galeriste Nathalie Obadia, et je pense être dans la moyenne.»

Est-il réaliste, voire souhaitable, de changer de paradigme ? C’est le bruit de fond lancinant du moment - cette crise signerait la mort des foires, le retour à un marché plus local. «Le système des foires d’art est-il encore acceptable ?» s’est ainsi demandé notre confrère Philippe Dagen dans une chronique publiée dans le Monde, le 10 avril, qui a trouvé de nombreux échos et répliques sur les réseaux, la fair fatigue (lassitude des foires) hantant le milieu depuis quelques années. Thaddaeus Ropac temporise : «J’ai toujours dit qu’il fallait s’assurer que notre présence dans les foires - on en fait 12 ou 13 par an - ne nous conduise pas à diminuer le travail qui ne peut avoir lieu qu’en galerie. Pour autant, nous n’abandonnerons pas les foires, qui sont un réservoir d’information irremplaçable.»

La crise sanitaire tranchera peut-être la question : la foire de Bâle a déjà été reportée de juin à septembre, le PAD Paris de mai à octobre, à quelques jours de la Frieze de Londres et de la Fiac à Paris. Mais se tiendront-elles, et avec qui ? Entre les possibles interdictions de voyager ou d’organiser de larges rassemblements et les réticences d’ordre psychologique, il est possible qu’il faille compter sans elles. Sur CNN, la galeriste new-yorkaise Dominique Lévy a pronostiqué que les collectionneurs reviendront lorsqu’un vaccin aura été trouvé.

Plutôt que l’éradication complète et permanente des foires, à laquelle personne ne semble croire, l’arrêt temporaire appelle à un changement d’échelle et de rapport de force. Nathalie Obadia estime que les méga foires seront amenées à être moins vastes et encore plus sélectives, et que les foires de niches, locales, se développeront.

«On attend que les organisateurs fassent un réel effort sur le prix de la location des stands et les conditions d’annulation, espère aussi Isabelle Alfonsi. Les foires ont eu énormément de pouvoir sur les galeries depuis dix ou quinze ans, il faut qu’elles réalisent que nous sommes les clients. Et en l’absence des grandes galeries américaines et des acheteurs sud-américains, il va falloir qu’elles traitent mieux leur cercle géographique le plus proche.»

Initiatives privées

Le retour au local : voilà l’autre petite musique du moment. Que ce soit par nécessité impérieuse (impossible de faire venir des œuvres de l’étranger), par militantisme (défense de la scène française) ou opportunisme, se dessine un paysage reconfiguré autour d’un maillage régional. Ainsi le CPGA, dans ses mesures d’urgence, a-t-il demandé que les acquisitions de l’Etat privilégient «les galeries françaises quand un·e artiste est parallèlement représenté·e à l’étranger» et que le «soutien des collectionneur·euse·s et de leurs associations» se fasse «au profit des galeries françaises». «Nous avons travaillé vers les Frac pour nous assurer humblement que chacun faisait son travail, ne reportait pas les commissions et achetait bien à des galeries françaises des œuvres d’artistes français», détaille Florence Bonnefous, de la galerie Air de Paris, qui fait partie du conseil du CPGA. «C’est à nous de pousser les musées à faire des expos avec des artistes de la scène française, renchérit Nathalie Obadia. Ils passaient un peu au second plan avant, car on privilégiait des artistes vedettes de la scène internationale.» «Elle est sympathique, l’idée du local, modère Isabelle Alfonsi. Mais comme tout est géré par l’Etat centralisé, c’est compliqué. Il y a un manque d’annonce criant de la mairie de Paris, alors que 88 % des adhérents du CPGA se trouvent en région parisienne.»

Dans l’intérim, différentes initiatives privées se multiplient pour tenter de faire corps. Ainsi «Restons unis», initiée par Emmanuel Perrotin, qui va ouvrir les portes de sa très médiatique galerie, du 23 mai au 14 août, à 26 galeries parisiennes qui, pour la plupart, n’ont pas sa force de frappe commerciale. Au mois de septembre, ce sera au tour de Thaddaeus Ropac d’accueillir pro bono 60 artistes et leurs galeries, sélectionnés par Jeune Création, dans son espace à Pantin. Et avant cela, le week-end des galeries, du 2 au 4 juillet, sera, espèrent les professionnels, une occasion de faire des ventes. «Les gens n’auront rien dépensé pendant des mois, escompte Nathalie Obadia. Je pense qu’il y aura un appétit, et que les collectionneurs seront là.»

6 mai 2020

Catalogue de l'exposition POMPEI au Grand Palais

4 mai 2020

Exposition au Cent Quatre (il y a quelques années)

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4 mai 2020

Galerie XII est heureuse de vous présenter "Yesterday", sa deuxième exposition virtuelle, du 04 au 17 mai 2020.

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Suite au succès rencontré par notre première exposition 3D en ligne, nous vous proposons un nouveau voyage dans notre espace virtuel commun : un flashback vers le siècle dernier, à travers l'objectif de plusieurs photographes.

Yesterday, la chanson des Beatles résonne dans nos têtes. Hier encore nous pouvions voyager, nous embrasser, sortir ensemble, faire la fête, aller à un concert… Toutes choses qui nous semblaient si naturelles ! Les quelques photographies réunies dans cette nouvelle exposition virtuelle en 3D nous ramènent encore plus loin, dans les années 50, 60 et 70, une époque aujourd’hui mythique. Rêvons ensemble à un retour dans le passé avec les images de Luc Fournol,  Benno Graziani, Jean-Marie Périer, Norman Parkison et Norman Seeff. Bon voyage !

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https://artspaces.kunstmatrix.com/en/exhibition/831045/yesterday

 

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