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Jours tranquilles à Paris
23 février 2019

EXPO PHOTO « THE COLOR WORK » : LA POÉSIE DE LA RUE EN COULEUR PAR VIVIAN MAIER

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Les Douches la Galerie expose « The Color Work » de Vivian Maier du 19 janvier au 30 mars 2019. Vivian Maier photographia inlassablement les rues de Chicago et New York, mais son talent resta anonyme toute sa vie.

Cette exposition de photos en couleur de Vivian Maier est une première en France après la sortie du livre The Color Work de Vivian Maier.

Ce n’est qu’à sa mort en 2009 que son travail est découvert et mis en lumière par John Maloof. La grande passion de Vivian Maier pour la photographie était restée inconnue jusqu’alors : elle passa son enfance avec sa mère entre la France et les Etats-Unis et il semble que ce soit une amie de sa mère, la photographe portraitiste Jeanne Bertrand, qui l’initiera à la photographie.

Plus tard, devenue nourrice, elle profitait de ses moments de liberté pour arpenter les rues avec son Rolleiflex, capturant l’humanité citadine avec poésie, s’inscrivant ainsi dans la lignée de l’histoire de la photographie de rue.

Vivian Maier pris ses premiers clichés en France vers 1949 avec un Kodak Brownie, appareil simple destiné à l’amateur. Elle retourne aux États-Unis en 1951 où elle devint nourrice et travailla pour une famille à Southampton, dans la banlieue de New York. Elle achète en 1952 son Rolleiflex, appareil moyen format couramment utilisé par les photographes de l’époque. La photographie prend alors une part de plus en plus importante de sa vie. Quittant New York pour Chicago en 1956, elle entre au service de la famille Gensburg. Elle y élève leurs trois enfants et utilise sa salle de bains pour y développer ses films.

Débute alors la période la plus prolifique de l’oeuvre de Maier.

En 1973, Maier quitte cette famille et ne peut plus développer elle-même ses films. Travaillant de famille en famille, elle emporte avec elle de plus en plus de pellicules non développées et de photos non tirées. À la fin des années 1970, Maier a cessé d’utiliser son Rolleiflex. La plupart de ses photographies prises dans les années 1980 et 1990 étaient des couleurs transparentes, prises sur un film Ektachrome. Ces pellicules resteront également non développés, tant ses soucis financiers deviennent importants. Elle stocke alors ses négatifs, pellicules et documents dans un storage.

Au début des années 2000, les enfants Gensburg la prennent en charge et la logent dans un petit studio. Ses affaires sont oubliées jusqu’à ce qu’elles se retrouvent en 2007 dans une vente aux enchères pour impayés, sans qu’elle le sache. Et c’est durant cette vente aux enchères que John Maloof découvre son travail, sans arriver à retrouver leur auteur, jusqu’à la mort de Vivian Maier en 2009.

William Meyers écrit dans le Wall Street Journal que parce que Maier utilisait un Rolleiflex moyen format plutôt qu’un appareil photo 35 mm, ses images sont plus détaillées que celles de la plupart des photographes de rue. Il écrit que son travail rappelle les photographies de Harry Callahan, de Garry Winogrand et de Weegee, ainsi que de Robert Frank. Il note également qu’il y a beaucoup d’autoportraits dans son travail, « dans de nombreuses permutations ingénieuses, comme si elle vérifiait sa propre identité ou s’interpolait dans l’environnement. Elle a souvent photographié sa propre ombre, elle-même. éventuellement comme un moyen d’être là et simultanément pas tout à fait là-bas.  »

Roberta Smith elle, écrivant dans le New York Times, a attiré l’attention sur le fait que les photographies de Maier rappellent de nombreux photographes célèbres du XXe siècle, tout en possédant une esthétique qui leur est propre. Elle écrit que le travail de Maier « peut ajouter à l’histoire de la photographie de rue du XXe siècle en le résumant avec une minutie presque encyclopédique, en se rapprochant de presque tous les photographes connus, dont Weegee, Robert Frank et Richard Avedon. Puis son travail glisse dans une autre direction, tout en maintenant un élément distinctif de calme, une composition claire et une douceur caractérisée par une absence de mouvement soudain ou une émotion extrême.  »

Informations pratiques

Exposition jusqu'au 30 mars 2019

Les Douches la Galerie

5, rue Legouvé 75010 Paris

lesdoucheslagalerie.com

Du mercredi au samedi, de 14h à 19h

Entrée libre

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22 février 2019

Photographie : Luigi Ghirri, arpenteur de mirages

Par Claire Guillot

Le Jeu de paume, à Paris, offre une plongée dans l’œuvre conceptuelle et ludique du photographe et coloriste.

Qui n’a jamais rêvé, enfant, devant les pages ouvertes d’un atlas ? Qui n’a jamais vu dans ces petits points et ces lignes dessinés sur les cartes des promesses d’aventures glorieuses et de grands espaces ? Le photographe Luigi Ghirri, lui, est allé plus loin. Tel Philémon, le personnage de bande dessinée naufragé sur les lettres de l’océan Atlantique devenues des îles, il a plongé dans les pages de son atlas comme s’il s’agissait d’un paysage.

Au Jeu de paume, à Paris, la salle couleur bleu lagon qui abrite sa série de 1973, Atlante, est la plus poétique de l’exposition qui lui est consacrée : en collant au plus près des couleurs et des mots imprimés, l’artiste fait surgir des contrées abstraites, des terres fantomatiques, des ciels nouveaux où le regard se perd.

Pour l’Italien Ghirri, le géomètre devenu photographe mort bien avant l’Internet et le numérique, l’espace virtuel des signes était déjà bien réel. « Tous les voyages possibles ont déjà été décrits et tous les itinéraires tracés…, écrivait-il. Il me semble que le seul voyage aujourd’hui possible se situe dans les signes, les images. »

Entre l’idée et la sensation

Avec ses 250 photos d’époque, l’exposition du Jeu de paume est la première présentation d’envergure consacrée en France à ce photographe atypique, mort en 1992, à 49 ans, après avoir ­signé une œuvre singulière, ­entièrement en couleurs, et une somme d’écrits théoriques.

L’artiste est majeur et pourtant méconnu : beaucoup en France ne connaissent que des images un peu décoratives aux couleurs pastel, bords de mer mélancoliques ou cartes postales pop d’une Italie gagnée par la consommation de masse.

Au Jeu de paume, le commissaire James Lingwood a voulu rectifier le tir et se concentrer sur les photos des années 1970, ces « années formatrices » selon lui, où Luigi Ghirri met en place son vocabulaire conceptuel et sériel. Dès ses débuts, on le voit déployer son approche unique, entre l’idée et la sensation. A savoir des travaux très méthodiques – il photographie obstinément le ciel pendant trois cent soixante-cinq jours pour sa série Infinito –, mais aussi des embardées poétiques pleines de clins d’œil et d’humour, témoins d’une Italie en pleine transformation.

POUR LUI, LA PHOTO N’EST LÀ NI POUR CONSOLER NI POUR TRANSFORMER MAIS POUR DÉCRYPTER LE MONDE ET LA SOCIÉTÉ

Alors que, dans les années 1970, la photographie artistique se ­partage entre les héritiers de l’instant décisif à la Cartier-Bresson et les tenants d’une photographie plus intimiste, dite « créative », Ghirri ne se reconnaît ni dans l’un ni dans l’autre. « Je n’ai pas accepté l’idée que le hasard, transformé en professionnalisme, puisse être la structure édifiante de mon travail de photographe », écrit-il.

Il refuse aussi toute idée de « signature » : « La croyance qu’un auteur se reconnaît parce qu’il appose un copyright visuel sur le monde extérieur est le plus grand danger que court la photographie. » Pour lui, la photo n’est là ni pour consoler ni pour transformer mais pour décrypter le monde et la société : il opte pour un style direct, pour des « prises de vue frontales » au plus près de l’expérience, et ne se reconnaît d’affinités qu’avec le photographe Walker Evans, l’Américain inventeur du « style documentaire », explorateur comme lui des signes vernaculaires.

Ses autres influences seraient plutôt à chercher hors de la ­photographie, du côté d’artistes qui, comme Ed Ruscha, ont utilisé l’image pour archiver la banalité du monde. Luigi Ghirri néglige le noir et blanc, « puisque le monde est en couleurs », et se rapproche de la pratique amateur avec le ­Kodachrome – titre de son célèbre livre-manifeste paru en 1978. Mais contrairement aux coloristes américains comme Stephen Shore ou William Eggleston, il choisit des teintes douces, ambiguës, ni pop ni clinquantes.

Un monde d’artifices

Armé de son appareil, Luigi Ghirri dresse un inventaire du monde contemporain tel qu’il est bouleversé par l’irruption de l’image, partout et par tous. Il écrit : « Dans une large mesure, la réalité devient toujours davantage une colossale photographie et le photomontage est déjà là : c’est le monde réel. » Les posters, les publicités, les affiches, les enseignes, les papiers peints sont son terrain de jeu.

Ghirri creuse les limites de la représentation, il utilise ses images des clés et des guides pour décoder tous ces signes. Dans la série Diaframma 11, 1/125, luce naturale, le photographe suit des gens de dos, plongés dans des cartes, absorbés dans des panoramas, en train de se photographier, devenant tour à tour spectateurs, voyeurs, modèles, sujets et acteurs de l’image en train de se créer, nous entraînant dans ce jeu de rôle par la même occasion. Luigi Ghirri aime à dessiner des cadres dans le réel, multipliant les jeux sur l’échelle, les reflets, les quiproquos visuels.

SUR CE MONDE FAIT D’ARTIFICES ET D’ARTEFACTS, JAMAIS LE PHOTOGRAPHE NE POSE UN REGARD DÉSENCHANTÉ OU DÉNONCIATEUR

Sur ce monde fait d’artifices et d’artefacts, jamais le photographe ne pose un regard désenchanté ou dénonciateur. Dans ses séries intitulées Le pays des jouets en référence à Pinocchio, ou In Scala (à l’échelle), il se délecte visiblement des fictions et des mirages que créent les décors des fêtes foraines ou les villes miniatures qu’aiment à visiter les touristes. « L’appareil photo est pour Ghirri une lanterne magique », ­résume le commissaire.

C’est aussi sans nostalgie que le photographe, qui a passé sa vie loin des grandes villes et des monuments prestigieux, interroge le paysage italien moderne, fixant son appareil sur les paysages sans qualité à la périphérie des villes et sur la banalité du quotidien.

Il y capte les restes du passé et d’idéologies souvent figés dans une imagerie kitsch : le communisme avec ses drapeaux, le catholicisme et ses croix en néon, l’Antiquité transformée en statue de jardin…

Si l’exposition rend justice à la dimension sérielle et analytique de l’œuvre de Ghirri, le découpage en une quinzaine de mini-chapitres, les longs textes explicatifs, la scénographie austère et la circulation compliquée ne facilitent pas la tâche du spectateur peu averti. Il manque aussi toute une dimension de l’œuvre, plus ludique et plus contemplative, pour compléter le tableau de cet artiste singulier. On se reportera pour cela à son chef-d’œuvre de papier, le livre Kodachrome (1978, réédité aux éditions Mack, non traduit), qui fait dialoguer dans un même mouvement poétique le monde et ses reflets, le faux et le vrai, le ciel et la mer.

« Luigi Ghirri, cartes et territoires », jusqu’au 2 juin. Jeu de paume, place de la Concorde, Paris 8e. Catalogue éd. Mack/Jeu de paume.

22 février 2019

« Roux ! De Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel »

Seuls 2% de la population mondiale sont roux. Entre attractions et répulsions, Les roux fascinent et obsèdent. Ils sont à l’honneur lors de l’exposition « Roux ! De Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel ». Ici les créateurs s’amusent autour de la chevelure rousse de Sonia Rykiel. #roux #henner #exporoux #soniarykiel #margiela #castelbaljac #parismode #red #poildecarotte #rousses #lerouxetlart #fantasme #flamboyante #obsession #spirou #fifibrindacier #femmefatale #expositionparis

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21 février 2019

Critique - Don McCullin, 50 ans dans le noir du monde

Par Alain Frachon, Londres, envoyé spécial, Michel Guerrin, Londres, envoyé spécial - Le Monde

A Londres, la Tate Britain consacre une rétrospective au photographe de guerre britannique, obsédé par les tragédies contemporaines.

Au début de l’ample rétrospective que la Tate Britain consacre au photographe britannique Don McCullin, 83 ans, un texte prévient non pas que le parcours contient des images choquantes pour l’œil, mais que toutes les épreuves sont tirées par lui et qu’elles sont en gélatine aux sels d’argent.

Coquetterie ? Non. L’auteur confie au visiteur ce qui lui est crucial. Un : je contrôle toutes les étapes de mon travail et je sculpte la prise de vue en chambre noire. Deux : la photo est un artisanat et je goûte peu la technique numérique qui gomme les contrastes.

Ajoutons que toutes les photos sont en noir et blanc, accrochées sur des murs gris uniformes. Que les cadres de bois noir sont identiques. Que toutes les images sont à peu près de même format, alignées comme dans un défilé militaire. En suivant sobrement la chronologie. Bref, du classique.

Certains diront qu’avec 259 photos au mur, ce qui est énorme, un peu de folie dans l’accrochage n’aurait pas fait de mal. Pas la peine avec McCullin. La folie est concentrée dans les images. Se déploie sur les murs de la Tate Britain un concentré de douleur, de larmes, de sang. Le contraste était violent, le jour de l’ouverture, le 4 février, entre les photos qui hurlent et la foule de spectateurs qui les contemple dans un silence recueilli.

Elevé au rang de lord par le prince Charles

Don McCullin met ses tripes sur les murs de la Tate. Il a été le témoin des grands événements de la deuxième moitié du XXe siècle. Il est le plus important photographe de presse de cette époque, un chroniqueur du temps présent devenu patrimoine vivant, adulé chez lui – il a été élevé au rang de lord par le prince Charles – et à l’étranger.

Il photographie les gangs de Londres à l’aube des années 1960, l’érection du mur de Berlin en 1962, Chypre à feu et à sang en 1964, la guerre du Vienam dix fois, le Cambodge, la famine au Biafra, les guerres de religion en Irlande du Nord ou au Liban… Mais il a aussi saisi comme personne les laissés-pour-compte et les fractures du Royaume-Uni et de la désindustrialisation. C’est bien simple, à la Tate, on ne croise qu’une image montrant les « riches » Anglais – deux couples endimanchés aux courses de chevaux à Ascot, en 2006.

Les guerres lointaines et les misères de la société britannique McCullin les a photographiées à deux ou trois mètres, pas plus. Et l’on se demande comment, à la différence de nombre de ses confrères, il est encore vivant.

Ses images étaient publiées en majesté dans le magazine du Sunday Times, que des millions de Britanniques feuilletaient le week-end au breakfast – le choc avec les œufs brouillés ! Les découvrir au musée, qui plus est dans ce temple de l’art britannique, ne va pas de soi. Pas tant pour une quelconque question morale, du genre « la guerre a-t-elle vraiment sa place au musée » ? Mais parce qu’une photo faite pour le journal, dopée par les titres, textes et légendes, légitimée par le lecteur qui la voit dans le tempo de l’événement, ne « tient » pas forcément sur le mur, bien des années plus tard, quand elle se retrouve isolée, décontextualisée. L’exercice est périlleux : c’est du reste la première fois que la Tate Britain s’offre à un photoreporter vivant.

Un style entre « obscurité et terreur »

Pari réussi. McCullin est bien un des rares photoreporters à maîtriser le passage de la presse au musée. Car l’exercice n’a pour lui rien d’inédit. Dès 1980, à une époque où franchir le pas est inimaginable – pour les photographes comme pour les gens de l’art –, McCullin est exposé au prestigieux Victoria and Albert Museum de Londres, avec en prime la publication du livre Hearts of Darkness (Random House, non traduit), dont l’introduction est signée John le Carré.

McCullin est à son aise à la Tate pour plein de raisons qui sautent aux yeux. D’abord, il sait ce qu’il veut et où il va. Cette exposition, il l’a contrôlée. Il a choisi chaque photo. Nous l’avons rencontré le soir du vernissage. Il a poussé la cohérence jusqu’à s’habiller tout en gris noir, le col boutonné, d’une élégance folle, bien dans le ton de son travail.

McCullin a du style, ses images en ont aussi, qui fait qu’on les distingue de tous les documents impersonnels publiés dans la presse. Un style entre « obscurité et terreur », dit-il. Des photos très noires, tragiques, d’une grande charge graphique, que ce soit au Vietnam ou au Royaume-Uni. Des photos qui sont tour à tour des instantanés mouvementés pris sur le vif et des portraits.

Oui, des portraits. Il a ce talent rare de savoir arrêter l’action, de s’imposer à l’événement et de saisir des visages qui ont du sens – un combattant américain sonné au Vietnam, sa victime au visage ensanglanté, un chômeur dans le nord de l’Angleterre, un couple qui marche dans la rue, un marginal à Londres… « J’ai invité le portrait dans le format de l’information », confie McCullin. Tout est dit. Cette marque vient de loin, puisque sa première photo publiée, alors qu’il a 23 ans, montre un gang de jeunes loubards des rues de Londres, les Guvnors : ses sept modèles posent en tenue du dimanche, au premier étage d’un immeuble en ruines.

« Sas de récupération »

Un style donc, mais aussi un parcours d’une cohérence extrême. Là encore, l’exposition est exemplaire, qui s’étend sur dix grandes salles, chacune consacrée à une période dans l’œuvre de McCullin. Tout est là, condensé. Pas une image importante ne manque. On voit un photographe se transformer, en quête de nouveaux sujets mais sans changer de style.

Les premières salles sont consacrées au reporter. Puis, le visiteur emprunte une sorte de « sas de récupération » : il faut s’asseoir pour découvrir une projection de ses publications dans la presse – couvertures et doubles pages de magazine. C’est la partie à la fois essentielle mais un peu bâclée de l’exposition. Car ces publications sont juste projetées au mur, sans classement apparent, sans explications ni légendes. Dommage.

Ensuite, vous découvrez le deuxième McCullin. Tutoyant les 50 ans, il prend ses distances avec l’actualité chaude, opte pour un appareil plus lourd, un objectif plus précis. Il devient paysagiste. Son paysage, c’est celui qui s’étend devant sa ferme du Sommerset, où il est installé depuis des années. Et puis le paysage plus lointain, celui du mur d’Hadrien, qui marquait la frontière entre Angleterre et Ecosse. Enfin, le paysage des vestiges de l’Empire romain, dans le Bassin méditerranéen – par exemple, ceux de Palmyre, en Syrie, martyrisés par l’organisation Etat islamique. Les images sont vides, mais les ciels noirs, les haies comme des tranchées, les crevasses comme des trous d’obus, les ruines encore debout, certes, mais cassées comme des gueules de combattants ; ce sont, écrit John le Carré, « des images de guerre prises en temps de paix ».

La Tate Britain nous promène dans un parcours exceptionnel de plus d’un demi-siècle, pas à pas, avec un homme, un artiste, qui change sans changer de regard sur le monde, qui ne transige pas avec la violence mais est toujours en empathie avec les perdants de l’histoire. McCullin est un moraliste. Quand nous l’avons croisé à la Tate, il avait l’œil bien vivant, pétillant d’énergie. Il semblait dire : « J’ai fait tout ça, c’est bien, mais je n’en ai pas fini. » Il n’en aura jamais fini.

« Don McCullin », Tate Britain, Millbank, Londres. Tous les jours, de 10 heures à 18 heures. Jusqu’au 6 mai. Catalogue, textes de Simon Baker et Shoair Mavlian, éd. Tate, 240 p., 170 photos, 25 £.

18 février 2019

Palais de Tokyo

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16 février 2019

BIENTÔT....MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE = REN HANG

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EXPOSITION

06.03.2019 - 26.05.2019

MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE

REN HANG

LOVE, REN HANG

L’exposition « LOVE, REN HANG » présente pour la première fois en France l’œuvre d’un des artistes chinois les plus influents de sa génération.

Avec une sélection de 150 photographies issues de plusieurs collections d’Europe et de Chine, l’exposition « LOVE, REN HANG »  occupe tous les espaces du deuxième étage de la MEP.

Composée essentiellement de portraits – d’amis, de sa mère ou de jeunes chinois sollicités sur internet –  mais également de paysages et de nus, l’œuvre de Ren Hang est immédiatement reconnaissable. Ses photographies, si elles semblent mettre en scène ses sujets, sont pourtant le fruit d’une démarche instinctive. Leur prise de vue, sur le vif, leur confère légèreté, poésie et humour.

À travers une approche chromatique, l’exposition propose une plongée dans les différentes constellations oniriques de l’artiste : la présence du rouge, les couleurs acidulées, une salle consacrée à sa mère, une autre, plus sombre, dédiée à des prises de vue nocturnes. Enfin, une dernière salle rassemble ses travaux plus « osés », sur le corps, créant un lien, fort et organique, entre l’érotisme et la nature.

Ren Hang questionnait, avec audace, la relation à l’identité et à la sexualité. Artiste homosexuel, particulièrement influent auprès de la jeunesse chinoise, son ton considéré comme subversif ou qualifié de pornographique, représentait vis à vis d’un contexte politique répressif, l’expression d’un désir de liberté de création, de fraîcheur et d’insouciance. Sa vision, unique, faisait référence au « réalisme cynique » (mouvement artistique chinois né des événements de Tian’anmen en 1989).

Présentés en regard de cet important corpus photographique, de nombreux écrits de Ren Hang, qu’il partageait régulièrement sur son site internet, témoignent de son combat contre la dépression. « Si la vie est un abîme sans fond, lorsque je sauterai, la chute sans fin sera aussi une manière de voler ». L’artiste s’est donné la mort en 2017, à l’âge de 29 ans. Il avait été exposé dans de nombreuses galeries à travers le monde, et était régulièrement publié dans des magazines de mode tels que Purple et Numero.

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15 février 2019

Au Bon Marché - derniers jours

Après Ai Weiwei, Chiharu Shiota et Leandro Erlich, c'est au tour de l'artiste portugaise Joana Vasconcelos d'investir les vitrines et les verrières du Bon Marché Rive Gauche, transformé pour l'occasion en espace d'exposition au cachet spectaculaire. Jusqu'au 17 février 2019, les visiteurs du célèbre magasin parisien pourront s'émerveiller devant "Simone", une suspension organique tentaculaire, qui rejoint le camp des Valkyries de l'artiste, ces créatures aériennes imposantes et protectrices apparues pour la première fois dans son travail en 2004. Composé d’un patchwork de tissus variés, de rajouts de broderies au crochet, de fils et autres passementeries précieuses, cet OVNI trône fièrement au-dessus des têtes, toutes levées pour admirer ses courbes hors norme qui font déjà parler...

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Photos prises avec ma Nikon KeyMission 170.

 

14 février 2019

Bientôt au Centre Pompidou

13 février 2019

Concorde Art Gallery - nouvelle exposition à partir du 16 février...

12 février 2019

Exposition - Les Douches la Galerie

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EXPO PHOTO « THE COLOR WORK » : LA POÉSIE DE LA RUE EN COULEUR PAR VIVIAN MAIER

Les Douches la Galerie expose « The Color Work » de Vivian Maier du 19 janvier au 30 mars 2019. Vivian Maier photographia inlassablement les rues de Chicago et New York, mais son talent resta anonyme toute sa vie.

Cette exposition de photos en couleur de Vivian Maier est une première en France après la sortie du livre The Color Work de Vivian Maier.

Ce n’est qu’à sa mort en 2009 que son travail est découvert et mis en lumière par John Maloof. La grande passion de Vivian Maier pour la photographie était restée inconnue jusqu’alors : elle passa son enfance avec sa mère entre la France et les Etats-Unis et il semble que ce soit une amie de sa mère, la photographe portraitiste Jeanne Bertrand, qui l’initiera à la photographie.

Plus tard, devenue nourrice, elle profitait de ses moments de liberté pour arpenter les rues avec son Rolleiflex, capturant l’humanité citadine avec poésie, s’inscrivant ainsi dans la lignée de l’histoire de la photographie de rue.

Vivian Maier pris ses premiers clichés en France vers 1949 avec un Kodak Brownie, appareil simple destiné à l’amateur. Elle retourne aux États-Unis en 1951 où elle devint nourrice et travailla pour une famille à Southampton, dans la banlieue de New York. Elle achète en 1952 son Rolleiflex, appareil moyen format couramment utilisé par les photographes de l’époque. La photographie prend alors une part de plus en plus importante de sa vie. Quittant New York pour Chicago en 1956, elle entre au service de la famille Gensburg. Elle y élève leurs trois enfants et utilise sa salle de bains pour y développer ses films.

Débute alors la période la plus prolifique de l’oeuvre de Maier.

En 1973, Maier quitte cette famille et ne peut plus développer elle-même ses films. Travaillant de famille en famille, elle emporte avec elle de plus en plus de pellicules non développées et de photos non tirées. À la fin des années 1970, Maier a cessé d’utiliser son Rolleiflex. La plupart de ses photographies prises dans les années 1980 et 1990 étaient des couleurs transparentes, prises sur un film Ektachrome. Ces pellicules resteront également non développés, tant ses soucis financiers deviennent importants. Elle stocke alors ses négatifs, pellicules et documents dans un storage.

Au début des années 2000, les enfants Gensburg la prennent en charge et la logent dans un petit studio. Ses affaires sont oubliées jusqu’à ce qu’elles se retrouvent en 2007 dans une vente aux enchères pour impayés, sans qu’elle le sache. Et c’est durant cette vente aux enchères que John Maloof découvre son travail, sans arriver à retrouver leur auteur, jusqu’à la mort de Vivian Maier en 2009.

William Meyers écrit dans le Wall Street Journal que parce que Maier utilisait un Rolleiflex moyen format plutôt qu’un appareil photo 35 mm, ses images sont plus détaillées que celles de la plupart des photographes de rue. Il écrit que son travail rappelle les photographies de Harry Callahan, de Garry Winogrand et de Weegee, ainsi que de Robert Frank. Il note également qu’il y a beaucoup d’autoportraits dans son travail, « dans de nombreuses permutations ingénieuses, comme si elle vérifiait sa propre identité ou s’interpolait dans l’environnement. Elle a souvent photographié sa propre ombre, elle-même. éventuellement comme un moyen d’être là et simultanément pas tout à fait là-bas.  »

Roberta Smith elle, écrivant dans le New York Times, a attiré l’attention sur le fait que les photographies de Maier rappellent de nombreux photographes célèbres du XXe siècle, tout en possédant une esthétique qui leur est propre. Elle écrit que le travail de Maier « peut ajouter à l’histoire de la photographie de rue du XXe siècle en le résumant avec une minutie presque encyclopédique, en se rapprochant de presque tous les photographes connus, dont Weegee, Robert Frank et Richard Avedon. Puis son travail glisse dans une autre direction, tout en maintenant un élément distinctif de calme, une composition claire et une douceur caractérisée par une absence de mouvement soudain ou une émotion extrême.  »

Informations pratiques

Exposition du 19 janvier au 30 mars 2019

Les Douches la Galerie

5, rue Legouvé 75010 Paris

lesdoucheslagalerie.com

Du mercredi au samedi, de 14h à 19h

Entrée libre

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