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Jours tranquilles à Paris
25 octobre 2018

Le cubisme, mouvement pluriel

Par Philippe Dagen

Braque, Picasso, Delaunay, Léger... Au Centre Pompidou, les « cubistes » s’exposent dans toute leur diversité.

Le mot cubisme vient évidemment de cube, le critique Louis Vauxcelles (1870-1943) ayant écrit de Braque, en novembre 1908, qu’il « réduit tout, sites et figures et maisons, à des schémas géométriques, à des cubes ». Satirique à sa naissance, le terme est repris en 1909 par les défenseurs de ces nouveautés, le plus célèbre étant Apollinaire. Depuis, cubisme appartient à la langue de l’histoire de l’art, comme impressionnisme ou surréalisme.

Si ce n’est qu’il est plus difficile à définir que ces deux-là et la plupart des avant-gardes en « isme ». En dépit d’Apollinaire, il n’existe pas de manifeste du cubisme. Ce n’est évidemment pas une manière spécifique et durable de peindre et sculpter, mais une suite d’expérimentations en constante évolution, jusqu’à des résultats de plus en plus nettement distincts. Quoi de commun entre un papier collé de Picasso de 1912 et une Fenêtre de Delaunay de la même année ? Entre une nature morte de Braque de 1913 et un Picabia exactement contemporain ? En raison de ces différences, ce n’est donc pas non plus un groupe. Braque et Picasso, d’une part, et ceux qui se disent cubistes à partir de 1910, d’autre part, n’exposent pas ensemble. Ils ne sont liés ni par des amitiés ni par des solidarités.

Quand Léger, Delaunay, Gleizes et Metzinger exposent ensemble au Salon des indépendants de 1911 dans la salle 41, première manifestation collective du « cubisme », c’est sans Braque et Picasso, qui refusent toute participation à des manifestations de ce genre, et sans Duchamp, Picabia et Kupka, qui sont dans d’autres salles. Quand la « salle cubiste » du Salon d’automne 1912 fait scandale, elle rassemble Kupka, Picabia ou Le Fauconnier, mais ni les fondateurs, ni Gris ou Derain.

Circonstance aggravante : dans ces années, la critique rappelle systématiquement que Picasso serait à l’origine de ce mouvement, bien qu’il n’y participe pas et refuse toute paternité. On imagine son agacement quand Vauxcelles, toujours subtil, écrit, à l’occasion du Salon des indépendants de 1912, dont Picasso est évidemment absent : « Picasso qui, il y a une dizaine d’années, ne manquait pas de talent, est le chef des messieurs cubistes, quelque chose comme le Père Ubu-Kub. » Et ainsi de suite jusqu’en 1914.

Une opération délicate et courageuse

Sans doute est-ce pourquoi les expositions générales du cubisme sont rares. Quand, en 1989, le MoMA de New York s’attaque au sujet, l’exposition s’appelle « Braque and Picasso : Pioneering Cubism ». Les autres, tous les autres en sont exclus. Depuis, il y a eu des vues partielles, sur tel ou tel aspect de la question, tels ou tels artistes, mais pas de synthèse.

Celle que tente le Centre Pompidou est donc une opération délicate et courageuse. Elle l’est en raison de ces questions de cohérence et de continuité. Elle l’est parce qu’il est de plus en plus difficile d’emprunter les Braque, Picasso, Léger ou Duchamp nécessaires : les valeurs d’assurance sont exorbitantes et les musées de plus en plus réticents à prêter leurs chefs-d’œuvre. Réunir plus de trois cents pièces est donc déjà, en soi, remarquable. Il est loin d’être certain qu’une telle exposition puisse se répéter dans l’avenir, si le renchérissement hystérique des valeurs financières se poursuit. Des ensembles comme celui des figures et natures mortes de Braque et Picasso de 1910-1911 et celui des collages des mêmes en 1912-1913 qui sont ici présentés sont donc, en eux-mêmes, exceptionnels.

On voit aussi ceux qui n’ont pu être constitués : si le Metropolitan de New York a laissé venir le Portrait de Gertrude Stein, si le Kunstmuseum de Bâle se distingue par le nombre et l’importance des œuvres qu’il prête, on ne peut en dire autant du MoMA. Quant aux grands Picasso de 1908 des musées russes acquis par Chtchoukine avant 1914 qui étaient à la Fondation Louis Vuitton en 2016, ils ne sont pas revenus, et on craint de savoir pour quelle raison budgétaire.

Les œuvres sont présentées dans l’ordre chronologique, de 1907 à la première guerre mondiale. Dans la première moitié du parcours, il n’y a donc que deux protagonistes, Braque et Picasso. Ils s’émancipent du postimpressionnisme et du symbolisme, modes dominantes. Ils ne s’arrêtent pas au fauvisme de Matisse et Derain de 1905 et se servent de Cézanne comme d’un contre-modèle : l’accentuation du volume contre la bidimensionnalité plate de Matisse, la réduction de la couleur contre l’éblouissement chromatique de Derain. Objets et corps sont pétrifiés, « cubes », formes fuselées ou ovoïdes, denses et dures.

Regarder ne suffit plus

Cette définition du cubisme par l’angle droit, la sphère ou toute autre géométrie dans l’espace, que Braque et Picasso inventent en 1908 et explorent jusqu’à l’hiver 1909-1910, est celle qui est reprise et systématisée par ceux qui se réclament du cubisme à partir de 1910. Quand paraissent dans le parcours les Gleizes, Metzinger, La Fesnaye ou Le Fauconnier, on a donc l’impression de revenir en arrière.

C’est qu’à ce moment Braque et Picasso sont loin, partis dans une direction inconnue : inventer des modes de figuration du monde qui ne procèdent plus par l’imitation visuelle des corps et des choses, mais par des dispositifs de signes suggestifs activés par des opérations logiques, donc mentales. La perception optique ne suffit plus à reconnaître le joueur de guitare et la table du café, perdus dans la prolifération des lignes et des touches de gris et d’ocres. Il faut observer, inventorier ces signes, les compléter, établir des relations entre eux. Ce qui est peint est de l’ordre de la métonymie, de l’allusion, du diminutif, du jeu de mots parfois. Regarder ne suffit plus, et la fonction du spectateur en est changée, rien de moins.

Les toiles que Braque et Picasso avancent comme des hypothèses et leurs vérifications à partir de 1911 sont continuées par leurs papiers collés l’année suivante. Ceux-ci ajoutent d’autres modes de désignation : le fragment de réalité inséré pour lui-même – journal, affichette, réclame –, la technique du faux bois et du faux marbre propre aux décorateurs. Un langage absolument nouveau se constitue, plus complexe que l’imitation picturale et mieux adapté au quotidien de la ville moderne et de la presse. Et propice aussi à l’autobiographie cryptée, dans le cas de Picasso.

A ces expériences, les « cubistes » autoproclamés de 1911 ne comprennent rien. De là, dans l’exposition, une rupture de plus en plus évidente entre les deux expérimentateurs et ceux qui font de ce qu’ils appellent cubisme un style, qui s’appliquerait au bronze, à la reliure ou à l’architecture. Ces maniéristes habiles et superficiels se nomment Modigliani, Csaky ou Laurens. Celui-ci occupe du reste dans le parcours une place un peu excessive par rapport à ce qu’il est : un suiveur virtuose.

A ce moment de l’histoire, en 1914, alors que Picasso intègre le trompe-l’œil et le dessin linéaire dans son langage, on peut diviser le cubisme en deux. Il y a, d’une part, le cubisme artistique, ensemble de procédés plastiques immédiatement identifiables, diffusés par l’engouement qui se répand alors à Londres, Milan, Berlin, Moscou et New York. C’est le cubisme international à succès des années 1920 qui commence. Et, d’autre part, le cubisme intellectuel qui exige qu’aucun acquis ne soit jamais tenu pour définitif, que les certitudes soient remises en question, que le mouvement soit perpétuel. Soit, en schématisant, d’un côté, la voie Braque : beaux tableaux, harmonies équilibrées, formules plastiques au point. On y trouve Gris, Delaunay et Léger. Et, à contresens, la voie Picasso : œuvres déconcertantes, ruptures, questions sans fin. On y trouve Picabia et Duchamp.

Le cubisme, Centre Pompidou, Galerie 1, niveau 6, Paris 4e. Du mercredi au lundi de 11 heures à 21 heures, 23 heures le jeudi. Entrée : de 11 € à 14 €. Jusqu’au 25 février 2019.

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20 octobre 2018

FIAC hors les murs

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20 octobre 2018

FIAC hors les murs - Jardin des Tuileries et Place Vendôme

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17 octobre 2018

L' Asie rêvée d'Yves Saint Laurent

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16 octobre 2018

La féminité abusive selon Zoé Duchesne dans sa performance "Poupée"

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C’est une ex-mannequin qui a décidé de passer de l’autre côté du miroir. La Québécoise Zoé Duchesne, 36 ans, beauté brune assez spectaculaire, a enchainé les shootings et les campagnes beauté avant de tout plaquer. « Paradoxalement, alors que j’ai gagné ma vie en montrant mon corps, je n’en pouvais plus d’attendre d’être un objet à la merci du regard d’autrui, continuellement en train d’attendre d’être choisie ». Après un épisode dépressif, Zoé trouve une arme pour rebondir : l’appareil photo que lui offre un ami. La jeune femme se poste alors face à son miroir, enfile une perruque blonde. Il manque un truc : elle recouvre goulument ses lèvres d’un rouge outrancier, façon Cicciolina. Un moyen de reprendre le contrôle sur son image en créant un avatar à mille lieues de la grande fille toute simple qu’elle semble être dans la vie. « Poupée, c’est mon alter ego, une créature qui parodie l’hyperféminité voire l’hyperexualisation que véhicule souvent notre époque ». Son expo à la galerie Marguerite Milin mêle 25 courts métrages et une trentaine de tableaux, aussi puissants que dérangeants.

« Poupée », à la Galerie Marguerite Milin à Paris, 46 rue du Château d’Eau, 75010 Paris. Jusqu’au 28 octobre.

« Poupée ou l'injonction de la féminité », le 20 Octobre 2018 à 17h au Sentier des Halles.

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16 octobre 2018

MIRO au Grand Palais

Réunissant près de 150 œuvres dont certaines inédites en France et couvrant 70 ans de création, cette rétrospective retrace l’évolution technique et stylistique de l’artiste.

Miró crée à partir de ses rêves et nous ouvre les portes de son univers poétique.

Il transforme ainsi le monde avec une apparente simplicité de moyens, qu’il s’agisse d’un signe, d’une trace de doigt ou de celle de l’eau sur le papier, d’un trait apparemment fragile sur la toile, d’un trait sur la terre qu’il marie avec le feu, d’un objet insignifiant assemblé à un autre objet.

Miró fait surgir de ces rapprochements étonnants et de ces mariages insolites un univers constellés de métamorphoses poétiques qui vient réenchanter notre monde.

"Pour moi, un tableau doit être comme des étincelles. Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou d’un poème".

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15 octobre 2018

Carte Blanche à Tomás Saraceno : ON AIR

Palais de Tokyo from Jacques Snap on Vimeo.

L’exposition ON AIR se présente comme un écosystème en mouvement, accueillant une chorégraphie à plusieurs voix entre humains et non-humains, où les oeuvres révèlent les rythmes et trajectoires communs, fragiles, et éphémères qui unissent ces mondes. ON AIR se construit grâce à la multitude de ces présences, animées et inanimées, qui y cohabitent.

L’exposition est comme un ensemble, qui révèle la force des entités qui peuplent l’air et la manière avec laquelle elles nous affectent : du dioxyde de carbone (CO2) à la poussière cosmique, des infrastructures et fréquences radio à de nouveaux couloirs de mobilité aériens. Ces histoires invisibles, qui composent la nature dont nous faisons partie, nous invitent à repenser poétiquement notre manière d’habiter le monde – et à réévaluer notre manière d’être humain.

Alors que les activités industrielles prédatrices exploitent la Terre, épuisent ses ressources et menacent d’entières écologies, ON AIR célèbre de nouvelles manières d’imaginer une planète libérée de frontières et d’énergies fossiles, au travers de nouveaux modes de production de la connaissance. De cette manière, l’exposition répond aux défis posés par l’Anthropocène, terme proposé pour décrire une époque de la Terre dans laquelle nous vivons désormais, et qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global sur l'écosystème terrestre. C’est ainsi particulièrement au travers des activités de l’Aerocene, un projet artistique interdisciplinaire initié par Tomás Saraceno, qui cherche à réactiver un imaginaire commun afin de collaborer éthiquement avec l’atmosphère et l’environnement, que les visiteurs sont invités à s’engager collectivement dans un exercice d’harmonisation planétaire.

ON AIR réunit une grande variété de collaborateurs, rassemblant des institutions scientifiques, des groupes de recherches, des activistes, des communautés locales, des visiteurs, des musiciens, des philosophes, des animaux non-humains, des phénomènes célestes, qui participent tous à la vie de l’exposition. Des ateliers, des concerts, des séminaires ouverts au public enrichissent régulièrement une exposition transformée en une vaste « jam-session cosmique », résonnant au rythme des rencontres et d’assemblées nées de nouvelles solidarités entre espèces.

Les journées « ON AIR live with... »

L’exposition ON AIR, qui réunit quotidiennement un chœur de voix humaines et non-humaines, accueille pendant toute sa durée des événements qui viennent l’enrichir et la métamorphoser, et particulièrement au cours des trois journées “ON AIR live with...”, un vendredi par mois, lors desquelles les visiteurs sont invités à prendre part à d’autres formes de conversation. À chacune de ces occasions, le 26 octobre, 23 novembre, et 14 décembre, un séminaire rassemble chercheurs, activistes et artistes au sein des espaces d’exposition, des workshops sont proposés au public ainsi que des concerts exceptionnels et inédits de « jamming with spiders » d’Alvin Lucier, Eliane Radigue et Evan Ziporyn.

Commissaire : Rebecca Lamarche-Vadel

15 octobre 2018

Cette semaine c'est la FIAC

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15 octobre 2018

"Le Cubisme" au Centre Pompidou

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Tout ce que vous devez savoir sur le cubisme, en somme, est à Beaubourg. On pourrait considérer la prochaine exposition du Centre Pompidou comme la bible de ce courant pictural majeur du début du XXème siècle. Picasso, Duchamp, Picabia, Delaunay, Braque, Léger, Derain... Les plus grands noms du cubisme se sont tous donnés rendez-vous à Beaubourg pour cette exposition exceptionnelle qui sonde les étapes clés du courant en faisant dialoguer peintures, sculptures... Au total 300 oeuvres d'art pour la première fois toutes réunies dans une seule et même exposition qui appréhende notamment l'écho du mouvement cubiste sur la société actuelle et ses arts. Incontournable.

Le Cubisme, du 17 octobre 2018 au 25 février 2019, Centre Pompidou, Place Georges Pompidou 75004 Paris

14 octobre 2018

"Carte Blanche à Tomás Saraceno" au Palais de Tokyo

La carte blanche de la rentrée du Palais de Tokyo va faire parler d'elle. Le musée parisien a invité Tomás Saraceno à investir les 13 000 m² de ses espaces d'exposition le temps d'une exposition éphémère qui fait la part belle au spectaculaire. Son crédo ? Croiser les arts, la science et l'architecture pour repenser poétiquement notre manière de voir le monde. L'espace d'exposition se transforme en membrane articulée autour d'agents humains et non humains, visibles comme invisibles, au rythme de sons et chorégraphies cosmiques. Un voyable inoubliable qui interroge notre rapport à la nature et aux microcosmes qui dévoilent ici toute leur force artistique. L'artiste contemporain argentin réussit son pari et sa carte blanche, de haute volée, a tout pour rester dans les annales du palais, et dans nos mémoires.

Carte Blanche à Tomás Saraceno - On Air, du 17 octobre 2018 au 6 janvier 2019, Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson 75116 Paris

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