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Jours tranquilles à Paris
19 avril 2019

Festival de Cannes

Festival de Cannes 2019 : Mati Diop, Jessica Hausner, Justine Triet et Céline Sciamma, quatre nouvelles venues dans la compétition

Par Thomas Sotinel

Les réalisatrices côtoieront les vétérans Jarmusch, Loach, Almodovar, Bellocchio et Malick lors de la 72e édition du Festival qui se déroulera du 14 au 25 mai.

La 72e édition du Festival de Cannes, du 14 au 25 mai, sera « romantique et politique », a annoncé Thierry Frémaux, son délégué général, qui présentait, jeudi 18 avril, en compagnie du président de la manifestation, Pierre Lescure, 46 longs métrages retenus en sélection officielle (compétition, Un certain regard, hors compétition), soit « 90 % de ce que vous verrez », a-t-il précisé.

Comme déjà annoncé, la compétition et le Festival s’ouvriront le mardi 14 mai par la projection de The Dead Don’t Die (Les morts ne meurent pas), film de zombies signé Jim Jarmusch, vétéran de Cannes, qui sortira le jour même en salles. Ce sera aussi le cas de l’un des derniers films présentés en compétition dix jours plus tard, Sibyl, de Justine Triet, la réalisatrice de Victoria (qui retrouve son interprète, Virginie Efira), nouvelle venue en compétition.

Avec la cinéaste sénégalaise et française Mati Diop, l’Autrichienne Jessica Hausner et sa compatriote Céline Sciamma, Justine Triet est l’une des quatre réalisatrices à concourir pour la Palme d’or. C’est une de plus que les deux années passées.

De Mati Diop on verra Atlantique, chronique de l’émigration vue par les femmes restées à Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, de Jessica Hausner, Little Joe, film fantastique tourné en anglais et de Céline Sciamma Portrait de la jeune fille en feu, un film en costumes avec Adèle Haenel.

Des vétérans largement représentés

Les vétérans européens et américains sont largement représentés dans la compétition : Pedro Almodovar présente Douleur et gloire, qui vient de lui valoir l’un de ses plus grands succès en Espagne ; Marco Bellocchio, Il Traditore, portrait du mafioso repenti Tomaso Buscetta ; Jean-Pierre et Luc Dardenne, Le Jeune Ahmed (le film sortira le jour de sa projection à Cannes) ; Arnaud Despleschin, Roubaix, une lumière, avec Léa Seydoux et Roschdy Zem ; Ken Loach, Sorry We Missed You, pendant que Terrence Malick vient tenir compagnie à Jim Jarmusch avec Une vie cachée.

Malgré sa toute neuve trentaine, Xavier Dolan fait aussi figure de vétéran : il revient avec un film tourné en français, Mathias et Maxime, qu’il interprète également après l’intermède anglophone de Ma vie avec John F. Donovan.

Enfin, pour compléter la liste des cinéastes qui ont déjà foulé le tapis rouge, le réalisateur palestinien de l’intérieur Elia Suleiman présentera en compétition It Must Be Heaven, comme il l’avait fait de ses deux précédents films, Intervention divine et Le Temps qu’il reste ; le Coréen Bong Joon-ho montrera Parasite, « qui sortira en salles », a tenu à préciser Thierry Frémaux (en 2017, Okja avait été retenu en compétition avant d’être diffusé exclusivement sur Netflix en France) ; le Brésilien Kleber Mendonça Filho reviendra, après Aquarius, avec Bacurau, coréalisé avec Juliano Dornelles.

Outre les quatre réalisatrices déjà citées, feront leurs débuts en compétition Diao Yinan, cinéaste chinois dont on découvrira un film policier, le Roumain Corneliu Porumboiu (La Gomera), l’Américain Ira Sachs (Frankie, avec Isabelle Huppert) et le Français Ladj Ly qui a baptisé son film d’un titre qui est en ce moment sur toutes les lèvres : Les Misérables.

Un certain regard

Sur les seize titres de la section Un certain regard, six sont des premiers longs métrages, autant sont réalisés par des femmes. Christophe Honoré (Chambre 212) et Bruno Dumont (Jeanne) feront figure de grands frères, avec le Catalan Albert Serra (Liberté).

Hors compétition, on n’est pas surpris de découvrir la présence de Rocketman, de Dexter Fletcher, biographie filmée d’Elton John, avec Taron Egerton. Claude Lelouch présentera Les Plus Belles Années d’une vie, avec les acteurs d’Un homme et une femme et Asif Kapadia (Amy) proposera un documentaire sur les années napolitaines de Diego Maradona. Le rôle du film populaire adoubé à Cannes, qu’a tenu en 2018 Le Grand Bain, de Gilles Lellouche, est cette fois confié à La Belle Epoque, de Nicolas Bedos.

Parmi les absences remarquées, celle de Once Upon A Time… In Hollywood, de Quentin Tarantino, dont Thierry Frémaux a fait savoir qu’il n’était pas terminé, tout en espérant qu’il le serait à temps pour arriver sur la Croisette et de Mektoub My Love : Intermezzo d’Abdellatif Kechiche. Restent encore une demi-douzaine de titres à venir. Deux ou trois concourront pour la Palme d’or, décernée par un jury présidé par le Mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu, dont la composition sera, elle aussi, annoncée ultérieurement.

Thomas Sotinel

cannes22

Les dix-neuf films en compétition

The Dead don’t die de Jim Jarmusch (Etats-Unis, film d’ouverture) ;

Douleur et gloire de Pedro Almodovar (Espagne) ;

Le Traître de Marco Bellocchio (Italie) ;

Parasite de Bong Joon-Ho (Corée du Sud) ;

Le Jeune Ahmed de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Belgique) ;

Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin (France) ;

Wild Goose Lake de Diao Yi’nan (Chine) ;

Atlantique de Mati Diop (Sénégal) ;

Matthias et Maxime de Xavier Dolan (Canada) ;

Little Joe de Jessica Hausner (Autriche) ;

Pardon tu nous a manqué de Ken Loach (Angleterre) ;

Les Misérables de Ladj Ly (France) ;

Une Vie cachée de Terrence Malick (Etats-Unis) ;

Bacurau de Kleber Mendonça Filho (Brésil) ;

The Whistlers de Corneliu Porumboiu (Roumanie) ;

Frankie d’Ira Sachs (Etats-Unis) ;

Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (France) ;

Ça doit être le paradis d’Elia Suleiman (Palestine) ;

Sibyl de Justine Triet (France).

Films présentés hors compétition

Les plus belles années d’une vie de Claude Lelouch, présenté le 20 mai ;

Rocketman de Dexter Flechter, présenté le 16 mai ;

Trop vieux pour mourir si jeune (épisodes 4 et 5) de Nicolas Winding Refn ;

Maradona d’Asif Kapadia ;

La belle époque de Nicolas Bedos.

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17 avril 2019

L'affiche de Cannes dévoilée

affiche cannes

27 février 2019

Alejandro Gonzalez Iñarritu, président du jury de Cannes 2019

cannes president

Par Thomas Sotinel

Le cinéaste mexicain a été choisi pour succéder dans cette fonction à Cate Blanchette. Le Festival se déroulera du 14 au 25 mai.

Le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu présidera le jury du 72e Festival de Cannes, du 14 au 25 mai. Le réalisateur d’Amours chiennes et du Revenant forme, avec Alfonso Cuaron et Guillermo del Toro le trio qui monopolise depuis 2013 l’Oscar du meilleur réalisateur (seul Damien Chazelle a réussi à leur subtiliser le trophée, en 2016), et qu’Hollywood a surnommé, en souvenir d’un court-métrage animé produit par Disney, The Three Amigos.

Alejandro Gonzalez Iñarritu, qui succède dans cette fonction à Pedro Almodovar (2017) et Cate Blanchett, a commencé sa carrière internationale à Cannes, avec la projection de son premier long-métrage, Amours chiennes à la Semaine de la Critique, en 2000. Il avait alors 36 ans. Aussi peu prolifique que son camarade Cuaron, il a depuis réalisé cinq films dont deux, Babel (2006) et Biutiful (2010) ont concouru pour la Palme d’or, le premier remportant le prix de la mise en scène des mains du jury présidé par Wong Kar-wai.

Ses deux derniers longs-métrages, Birdman (2014) et The Revenant (2015), produits par le studio américain Regency et distribués par la Fox, n’ont pas trouvé le chemin de la Croisette (et lui ont valu, à chaque fois, l’Oscar de la réalisation), mais Iñarritu a présenté à Cannes en 2017 son installation de réalité virtuelle Carne y Arena (chair et sable) qui voulait mettre les participants spectateurs dans la peau d’un migrant traversant la frontière mexicano-américaine.

Les pronostiqueurs se sont trompés

Dans le communiqué publié par le Festival, le cinéaste dit être « honoré et ravi » de revenir à Cannes et ajoute « le cinéma coule dans les veines de la planète et le Festival en est le cœur ».

C’est la première fois qu’un Mexicain préside le jury de Cannes mais plus que sa nationalité, c’est la situation d’Iñarritu sur le planisphère du cinéma qui en faisait un candidat évident. Venu du Sud, sa proximité avec le système hollywoodien n’a cessé de s’accentuer. Alors que ses premiers longs-métrages avaient été distribués par des sociétés indépendantes, il s’appuie depuis Birdman sur une major. Depuis Babel, il n’a pas tourné de long-métrage au Mexique, mais Carne y Arena, inspiré d’un des drames qui déchirent son pays, a tourné dans de nombreux musées d’Europe et d’Amérique.

Par ailleurs, Alejandro Gonzalez Iñarritu ne s’est pas compromis avec Netflix, contrairement à son compatriote et contemporain Alfonso Cuaron. Le nom de ce dernier avait été évoqué dans la presse française pour le poste de président du jury cannois.

Les pronostiqueurs s’étant trompés, on ne se risquera pas à mentionner certains titres auxquels le jury présidé par Iñarritu pourrait attribuer la Palme d’or. On sait simplement que les films de Quentin Tarantino (Once Upon A Time In Hollywood), Pedro Almodovar (Douleur et gloire), Arnaud Desplechin (Roubaix, ville lumière) ou Pablo Larain (Ema) seront prêts.

11 juillet 2018

Dates du Festival de Cannes 2019

festival cannes

22 mai 2018

Isabelle Adjani à Cannes 2018

adjani cannes

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20 mai 2018

Festival de Cannes

20 mai 2018

Cannes 2018 : le jury s’est montré sensible aux causes à défendre

Par Jacques Mandelbaum - Le Monde

Mise à part la Palme d’or, attribuée au Japonais Hirokazu Kore-eda, le cinéma asiatique, qui a brillé lors de la 71e édition, n’a pas été récompensé à sa juste mesure.

Comme l’aura dit Edouard Baer lors de la cérémonie de clôture du 71e Festival de Cannes, samedi 19 mai : « On remballe ». Après douze jours de haute tension, d’amour, de misère et de souffrance imprimés en plus grand que la vie sur les écrans, de chefs-d’œuvre et de croûtes suspendus à un même rai de lumière, de tapis rouge et de défilés néo-babyloniens sur les marches du Palais, de selfies interdits mais contagieusement accrochés aux sourires de starlettes-minutes, de cortèges officiels conduits à cent mètres de là par des motards de la police chauffés à blanc, d’escabeaux et de badauds jetés en vrac sur la chaussée, d’agapes inaccessibles au commun des mortels.

On décroche les panneaux publicitaires, on désagrège les sigles des firmes ornant les balcons, on karchérise les détritus générés par les visiteurs, on balaie la poussière de la scène du Grand Théâtre Lumière, où l’actrice Cate Blanchett et son jury ont fait, comme chaque année, quelques heureux et au moins autant de malheureux, parmi lesquels les quatre représentants de la « French Team » (Stéphane Brizé, Yann Gonzalez, Christophe Honoré et Eva Husson). Tout cela passera vite, avant que cela ne recommence, presque aussi vite, pour la prochaine Palme d’or.

Films à sujets

Il faut d’autant plus prestement, à l’approche de la nuit froide de l’oubli qui va ensevelir ses dernières braises, donner une image, un cliché lui-même promis à une courte vie, de cette édition 2018. Le palmarès rendu par le jury en constitue la version officielle, qui se révèle particulièrement sensible aux films à sujets et aux causes à défendre.

Enfance saccagée pour la Palme d’or (Une Affaire de famille, du Japonais Hirokazu Kore-eda) et le prix du jury (Capharnaüm, de la Libanaise Nadine Labaki). Revanche afro-américaine avec le Grand Prix (BlacKkKlansman, de Spike Lee). Apurement des comptes soviétiques avec le prix de la mise en scène (Cold War, de Pawel Pawlikowski). Soutien à un créateur assigné à résidence et parabole christique sur l’injustice du monde pour le double prix du scénario (Trois visages, de l’Iranien Jafar Panahi et Heureux comme Lazzaro, de l’Italienne Alice Rohrwacher).

Il n’est pas jusqu’aux prix d’interprétation attribués à l’actrice kazakhe Samal Yeslyamova (Ayka, du Russe Sergey Dvortsevoy) et à l’acteur italien Marcello Fonte (Dogman, de l’Italien Matteo Garrone) qui ne récompensent, en même temps que la prestation de leurs récipiendaires, l’engagement social et politique des films qui les portent.

Quoique décernée par un autre jury, la Caméra d’or n’a pas échappé à cette fibre militante, en récompensant un premier long-métrage au thème LGBT, Girl, du Belge Lukas Dhont, porté par l’équivoque incandescence de son jeune acteur, Victor Polster. Il ne restait qu’à accorder à Jean-Luc Godard et à son Livre d’image une « Palme d’or spéciale », qui confirme davantage qu’elle ne la lève sa marginalité dans la profession.

TOUT DANS CE PALMARÈS ATTESTE D’UNE VOLONTÉ D’OUVERTURE AUX MAUX DU MONDE ET D’UNE INTENTION FORTEMENT REVENDICATIVE

Tout dans ce palmarès atteste donc d’une volonté d’ouverture aux maux du monde et d’une intention fortement revendicative, soulignée tant par les postures que les discours, au point que l’actrice italienne Asia Argento a littéralement tétanisé la salle par une intervention historiquement inouïe en ces lieux, dominée par la colère froide et l’appel, sinon à la vengeance, du moins à la justice.

Rappelant avoir été violée par le producteur américain Harvey Weinstein durant le Festival de Cannes en 1997, elle a pointé un doigt sur la salle en prononçant cette diatribe : « Toute une communauté lui a tourné le dos, même ceux qui n’ont jamais dénoncé ces faits. Et parmi vous, dans le public, il y a ceux que l’on devrait pointer du doigt à cause de leur comportement envers les femmes, un comportement indigne de cette industrie, de n’importe quelle industrie. Vous savez qui vous êtes. Plus important encore, nous nous savons qui vous êtes. »

On comprendra que dans ce climat, les préoccupations artistiques aient pu passer au second plan. Non que les films récompensés ne soient pas dignes, pour certains d’entre eux, de leur prix. Le problème est que tous ne le sont pas et que la prime au sujet a manifestement brouillé la boussole esthétique nécessaire à une plus fine mesure du palmarès.

Mais si une chose manque ordinairement aux palmarès, c’est bien la cohérence esthétique, rares étant les jurys qui trouvent en eux-mêmes la capacité et l’audace de s’accorder en la matière. On en déduira que la synthèse politique est plus accessible que celle du goût.

Une édition en dents de scie

Cannes 2018 fut en tout état de cause une bonne année pour la compétition. L’édition, en dents de scie, présentait l’avantage de s’offrir à un jugement tranché plutôt qu’à l’indifférence inavouable qui accueille une sélection de basse intensité.

Il y eut, en un mot, du meilleur et du pire. Le meilleur marque le grand retour de l’Asie sur le devant de la scène. Non qu’elle avait disparu, mais sa présence ces dernières années dans les festivals internationaux était plus disparate. Elle s’est rassemblée cette année à Cannes, pour apparaître de nouveau comme le plus grand laboratoire de formes cinématographiques en activité.

La Palme d’or accordée au Japonais Hirokazu Kore-eda pour son délicat et impertinent mélodrame sur les fondements de la famille a du moins cette vertu de nous le rappeler.

Trois films en compétition – Les Eternels, du Chinois Jia Zhang-ke, Asako I & II, du Japonais Ryusuke Hamaguchi, Burning, du Coréen Lee Chang-dong – ont toutefois, à notre sens, dominé les débats esthétiques, l’intimisme radical qui les caractérise expliquant sans doute l’indifférence du jury à leur beauté. On pourrait d’ailleurs ajouter, hors compétition, le monumental documentaire de Wang Bing, Les Ames mortes, et, dans la section Un certain regard, le film-rêve de Bi Gan, Un grand voyage vers la nuit.

LES FILMS LES PLUS CATASTROPHIQUES DE CETTE COMPÉTITION SONT CONSTRUITS SUR UNE LOGIQUE DE L’ACCUMULATION ET DE LA SATURATION

Qu’est-ce qui rend ces artistes asiatiques si forts et si prenants ? Sans doute leur poétique du vide et du plein, ce sens foudroyant de l’ellipse et de la litote qui, accusant l’absence, rend la présence si intense.

Nul hasard si les films les plus catastrophiques de cette compétition sont a contrario construits sur une logique de l’accumulation et de la saturation : toujours plus de pathos, d’emberlificotements romanesques, de désinvolture avec le réel, de mauvais spectacle à bon compte. Les Filles du soleil, deuxième long-métrage d’Eva Husson, a concentré à cet égard tous les mécontentements, il y en eut pourtant d’autres.

Sélectionnée pour la première fois en compétition, la jeune réalisatrice gardera sans doute un mauvais souvenir de son passage. C’est que l’effet « montagnes russes » n’a pas non plus épargné les neuf nouveaux venus admis cette année en compétition, raison non suffisante pour disqualifier cette ouverture inédite. Leto, de Kirill Serebrennikov, Asako I & II, de Ryusuke Hamaguchi, Un couteau dans le cœur, de Yann Gonzalez et Ayka, de Sergey Dvortsevoy y furent du moins à leur place.

Disparition et présence évaporée

Enfin, parmi la prolifération des sujets et des figures générés par les films, c’est avec netteté que se détache cette année le motif de la disparition. Disparition d’une mystérieuse blonde à Los Angeles (Under the Silver Lake, de David Robert Mitchell), d’une fiancée avec laquelle on vient de s’établir (Asako I & II, de Ryusuke Hamaguchi), d’une fille crapuleusement enlevée (Everybody Knows, d’Asghar Farhadi), d’un garçonnet victime de la barbarie islamiste (Les Filles du soleil, d’Eva Husson), d’une amie d’enfance qu’on venait de séduire (Burning, de Lee Chang-dong), d’un nourrisson abandonné à la maternité (Ayka, de Sergey Dvortsevoy), d’un homme pour lequel on s’est sacrifié et qui vous rejette (Les Eternels, de Jia Zhang-ke).

Ce leitmotiv de la présence évaporée s’accorde sans doute avec ce que l’époque comporte d’indéchiffrable. Il n’en reste pas moins qu’elle est vieille comme le cinéma et dispensatrice d’éclatants chefs-d’œuvre (Sueurs froides, d’Alfred Hitchcock, L’Avventura, de Michelangelo Antonioni) au rayon moderne.

Un personnage qui disparaît dans un film est toujours la promesse palpitante d’une quête, en même temps que le signe du constant commerce avec l’absence qui donne son aura à la présence cinématographique. On retrouve ici la raison pour laquelle le cinéma asiatique a si singulièrement brillé sur ce Festival de Cannes, à défaut d’y être récompensé à sa juste mesure.

Jacques Mandelbaum

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Le réalisateur Luc Besson visé par une plainte pour viol

Le réalisateur Luc Besson est visé par une plainte pour viol, déposée vendredi 18 mai par une actrice, selon une information d’Europe 1 confirmée par l’Agence-France-Presse (AFP) samedi. Une enquête a été ouverte et confiée au premier district de police judiciaire. « Luc Besson dément catégoriquement ces accusations fantaisistes », a réagi auprès de l’AFP son avocat, Thierry Marembert. « C’est quelqu’un qu’il connaît, avec qui il n’a jamais eu de comportement déplacé », a-t-il ajouté. Selon Europe 1, c’est une comédienne de 27 ans qui accuse M. Besson d’avoir abusé d’elle. Les faits se seraient produits jeudi soir lors d’un rendez-vous au Bristol, un palace parisien situé près des Champs-Elysées. « La plaignante, qui connaît le producteur depuis plusieurs années, raconte avoir bu une tasse de thé puis s’être sentie mal et perdre connaissance. A son réveil, en fin de soirée, lui seraient revenus en mémoire des attouchements et pénétrations », explique Europe 1. Auditionnée dans la foulée avant de déposer plainte, elle a affirmé entretenir une relation intime avec le réalisateur de 59 ans depuis environ deux ans et s’y être sentie obligée, compte tenu de leurs rapports professionnels, selon des sources judiciaires à l’AFP. En déplacement à l’étranger, M. Besson n’a pas été entendu par les enquêteurs, selon une source proche de l’enquête.

19 mai 2018

La Palme d’or pour Kore-Eda, le Grand Prix pour Spike Lee : le palmarès du 71e Festival de Cannes

Clap de fin pour le 71e Festival de Cannes, samedi 19 mai. Le jury, présidé par l'actrice australienne Cate Blanchett, a décerné son palmarès, déjouant parfois les pronostics. Franceinfo vous donne les principaux prix de cette édition.

La Palme d'or pour "Une affaire de famille", de Kore-Eda

Le film Une affaire de famille, du Japonais Hirokazu Kore-Eda, a remporté la Palme d'or du Festival de Cannes. Première Palme d'or japonaise depuis L'Anguille de Shohei Imamura en 1997, Une affaire de famille raconte l'histoire d'une famille qui vivote et chaparde dans les magasins, qui recueille une fillette maltraitée.

19 mai 2018

Cannes, mutation ou déclin ?

cannes22

Par Thomas Sotinel - Le Monde

Alors que le Festival, qui s’achève samedi avec la remise de la Palme d’or, se sent à l’étroit sur la Croisette, la presse hollywoodienne remet en cause sa légitimité.

La veille du dévoilement du palmarès du 71e Festival de Cannes, samedi 19 mai, l’onglet « Cannes » avait disparu de la page d’accueil du site du Hollywood Reporter, la plus influente des publications liées à l’industrie cinématographique américaine. Comble d’infamie, c’était pour laisser la place à un onglet « mariage princier ».

C’était la conclusion logique d’une série d’articles publiés par le Hollywood Reporter et son principal concurrent Variety. Le premier avait énuméré les « Cinq signes d’un festival qui décline » – parmi lesquels l’absence de stars et la disparition des fêtes les plus somptueuses –, le second enjoignait à la manifestation cannoise de choisir entre « évoluer ou s’étioler ».

Bref, vue de Beverly Hills, la Croisette semble avoir perdu tout attrait. Ce divorce entre le cinéma hollywoodien, celui qui alimente les nominations aux Oscars, et le cinéma d’auteur du reste du monde, qui fournit le gros des rangs des sélections cannoises, est encore aggravé par l’éloignement des nouveaux acteurs du secteur.

Netflix, banni de la compétition, a retiré ses films. Plus inquiétant, pas plus que son concurrent Amazon, la plateforme n’a pratiquement rien acheté sur le marché du film, cette grande foire qui compte presque autant pour l’importance de Cannes dans la vie du cinéma mondial que le Festival lui-même.

Hausse des accréditations

A cette interrogation récurrente sur la compatibilité entre Cannes et l’ordonnancement de l’année cinématographique telle que le régissent les Oscars, est venue s’ajouter la réapparition d’un autre serpent de mer : dans un entretien aux Echos, Jérôme Seydoux, patron de l’une des majors françaises, Pathé, s’est prononcé pour la démolition du Palais des festivals, structure massive surnommée le bunker qui abrite la manifestation depuis 1983, et dont la capacité d’accueil des projections et devenue insuffisante. Une démolition qui entraînerait un hiatus plus ou moins prononcé dans l’organisation du Festival.

La compilation de ces griefs – auxquels on pourrait ajouter ceux des médias, dont le travail a été perturbé par la réforme des horaires des projections de presse –, conduit à poser la question de l’érosion du statut d’une manifestation qui reste, loin devant ses concurrentes immédiates, les festivals de Berlin, Venise et Toronto, la plus importante de son genre.

Dans son bureau du bunker, Pierre Lescure, le président du Festival, qui a succédé à Gilles Jacob en 2014, ne croit pas plus, chiffres à la main, au déclin qu’au désamour des Américains. « Le [nombre des] accréditations, au Festival et au marché, est en hausse, soit 41 517 jeudi soir, une progression de plus de 3 % par rapport à 2017 », fait-il remarquer, ajoutant que « 3 740 Américains sont accrédités, dont 2 111 au marché du film, ce qui en fait la nation la mieux représentée, devant la France ».

« Le centre de gravité de la saison s’est déplacé »

Le président convient toutefois, comme Thierry Frémaux – le délégué général l’avait fait lors de l’annonce de la sélection –, que le calendrier des Oscars, remis fin février, ne joue pas en faveur du Festival de Cannes. « Certains [studios, producteurs ou vendeurs internationaux] ne veulent pas s’exposer en mai. Mais citez-moi un seul grand film américain que nous aurions raté », demande Pierre Lescure.

Ce à quoi un vétéran européen du marché du film, qui préfère garder l’anonymat répond « le centre de gravité de la saison s’est déplacé en septembre (ce qui avantage la Mostra de Venise et Toronto). Pour qu’une société veuille venir à Cannes, il faut qu’elle soit sûre d’y trouver la symbiose entre les cinémas européen et américain. Ce n’était pas le cas cette année. Il y a une décorrélation entre ce que les gens désirent négocier sur le marché et ce que programme le Festival ».

Il n’y avait que deux films américains en compétition – Under The Silver Lake, deuxième long-métrage d’un quasi-inconnu, David Robert Mitchell, et BlacKkKlansman, du vétéran Spike Lee. Quant à la traditionnelle gâterie à grand spectacle, Solo, elle avait été dévoilée lors d’une avant-première à Los Angeles avant d’arriver sur la Croisette.

Le distributeur Jean Labadie, qui dirige Le Pacte – quatre films en compétition cette année –, « ne croit pas une seconde que Cannes ait perdu en importance ». Tout comme une consœur d’un quotidien américain, qui écartait les craintes de ses confrères hollywoodiens en rappelant la « résilience » dont le Festival a fait preuve face aux crises qu’il a traversées en bientôt trois quarts de siècle. Un optimisme qui s’appuie, pour le premier, sur les bénéfices qu’il retirera de la sélection des films qu’il distribue, et, pour la seconde, sur la qualité de la majorité des œuvres qu’elle a pu découvrir depuis le 12 mai.

Cannes, station réservée au « 1 % »

Reste qu’on ne peut pas répondre par l’optimisme à toutes les questions soulevées par les tenants de la thèse du déclin.

Sur la question des plateformes de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) – Netflix, Amazon, Hulu et les autres –, Pierre Lescure parie sur « l’ardente obligation de s’adapter à la réalité de vos désirs et de votre manière de consommateur. Cette obligation vaut pour tout le monde, pour Netflix, comme pour les exploitants et l’ensemble du système vertueux français, qui a aussi ses blocages ». Les exploitants de salles, représentés au conseil d’administration du Festival, ont lourdement pesé dans la décision qui a conduit à l’absence de Netflix.

Autre blocage, celui que provoquent l’exiguïté de la ville de Cannes et son caractère de plus en plus accentué de station réservée au « 1 % » – une remarque empruntée au Hollywood Reporter, expert en matière de très grande richesse.

Pour y remédier, Pierre Lescure espère persuader les hôteliers et les bailleurs cannois d’aligner leurs prix sur ceux de Toronto ou de Berlin, manifestations organisées dans des métropoles aux immenses ressources d’hébergement. Car si les majors et les producteurs hollywoodiens estiment que Cannes ne leur rapporte pas assez d’argent, la plupart des festivaliers, professionnels ou cinéphiles trouvent que le Festival leur en coûte trop.

18 mai 2018

Festival de Cannes... même pour elle !

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Nabilla a tout misé sur un dos nu qui laissait peu de place à l'imagination. (Cannes, le 15 mai 2018.)

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