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Jours tranquilles à Paris
4 octobre 2020

Daniel Auteuil face à la cécité du système judiciaire

La minisérie « Le Mensonge » s’inspire de l’affaire Christian Iacono, élu local accusé de viol par son petit-fils

FRANCE 2

LUNDI 5 - 21 H 05

SERIE

Avec Laetitia, France 2 a entraîné pendant deux semaines des millions de spectateurs dans les eaux froides et tourmentées de la violence faite aux femmes. Avec Le Mensonge, elle enchaîne aussitôt sur une autre représentation d’une affaire policière et judiciaire largement couverte par les médias. Le risque de la répétition est écarté : tout – la méthode, le style, l’ambition et même le sujet – oppose Le Mensonge à Laetitia.

Scénariste et réalisateur, Vincent Garenq s’est emparé de l’affaire Iacono qui a opposé pendant des lustres un enfant à son grand-père, qu’il accusait de viol. Maire d’une commune de la Côte d’Azur, l’accusé a été jugé trois fois avant que l’affaire ne trouve une conclusion définitive.

Vincent Garenq est l’auteur de Présumé coupable (2011), une évocation du parcours d’Alain Marécaux, l’un des prévenus condamnés puis innocentés de l’affaire d’Outreau. Philippe Torreton y tenait le rôle principal, le scénario était inspiré d’un livre de souvenirs de l’huissier de justice. Dans Le Mensonge, c’est Daniel Auteuil qui est au centre d’une nouvelle mise en scène de la cécité du système policier et judiciaire, dont le prototype jamais surpassé reste Le Faux Coupable d’Alfred Hitchcock.

Clan fragile

Les patronymes et les toponymes ont été changés. Christian Iacono, maire de Vence, auteur de l’ouvrage dont la série est « librement inspirée », est devenu Claude Arbona, maire de Castel-sur-Mer, mais qu’importe. La mécanique mise en mouvement par les accusations d’un enfant est détaillée, la chronologie qui s’étale sur quinze ans parfaitement respectée.

Vincent Garenq aime à saisir au vol ces personnages fugaces qui en quelques instants décident d’un destin : une psychologue hostile, une magistrate hautaine. A ces forces incontrôlables, il oppose le meilleur atout de la série, Daniel Auteuil, qui met tant d’humanité dans son personnage de patriarche (au sein de sa famille comme au sein de sa cité) que l’on est parfois surpris de le voir saisi d’accès d’autoritarisme.

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4 octobre 2020

Cabu, éternel gamin et grande figure du petit écran

Patrick Cohen consacre un volet de « Rembob’INA » au dessinateur tué le 7 janvier 2015 dans les locaux de « Charlie Hebdo »

LCP

DIMANCHE 4 - 21 H 00

MAGAZINE

L’humour, c’est un coup de poing dans la gueule, emballé dans un papier de soie, un papier de bonbon. » Le jeune Jean Cabut met la formule à toutes les sauces dans le premier sujet télévisé qui lui est consacré après son arrivée à Paris, lancé à 18 ans par un dessin publié dans Paris Match. « Rembob’INA » rend hommage au dessinateur assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 – alors que se tient à Paris le procès des attentats de janvier 2015 – et rappelle qu’il n’était pas qu’un caricaturiste de presse et auteur de bandes dessinées, mais aussi une figure du petit écran : un grand moment d’humour, sans nostalgie.

Constituée d’extraits courts d’archives de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), « Le Petit Monde des humoristes », présenté par Remo Forlani, en 1968 ; « Les 4 Vérités », de Jean-Daniel Flaysakier, en 1988, « Apostrophes », « Le Grand Echiquier »… la première partie permet, entre autres, de s’immerger dans l’ambiance inconcevable de la salle de rédaction de Charlie Hebdo première mouture.

Invité de Patrick Cohen, Philippe Val fait, sans le vouloir, une démonstration de la magie de la télé puisque, malgré la tristesse, il plaisante en évoquant son ami « toujours courtois », rencontré au début des années 1970 parce qu’ils partageaient la même passion pour… Charles Trenet – nous les verrons plus tard réunis sur scène, pour un moment d’anthologie.

Avec son pull rayé rouge, son débardeur à gros points mousse bleu et blanc ou sa chemise écossaise, Cabu cultive son côté Grand Duduche, du nom de son personnage de BD. Ce qui ne l’empêche pas d’être engagé, comme il le montre lors d’un face-à-face avec le colonel Bigeard – Jean Cabut est viscéralement antimilitariste. L’INA a également dans ses archives la conférence de presse tenue au Danemark après la sortie de la première caricature de Mahomet légendée « C’est dur d’être aimé par des cons ».

La seconde partie de l’émission est consacrée à « Récré A2 », émission pour la jeunesse à laquelle Cabu a participé durant dix ans, à l’initiative de William Leymergie, en plateau. On y retrouve une autre facette du caricaturiste, heureux et facétieux. Philippe Val est rattrapé par les souvenirs : « Vous vous rendez compte de ce qu’on a perdu ? »

1 octobre 2020

Véronique Cayla-Eric Toledano, un duo pour redorer les Césars

Par Cécile Bouanchaud, Clarisse Fabre - Le Monde

L’ancienne présidente d’Arte et le réalisateur auront la lourde tâche de dépoussiérer l’Académie et de régler le cas Polanski, comme le réclament les groupes féministes.

Officiellement, c’est l’acte 2 de la rénovation de l’Académie des Césars : l’ancienne présidente de la chaîne Arte, Véronique Cayla, née en 1950, et le réalisateur Eric Toledano, né en 1971, ont été élus respectivement présidente et vice-président de l’assemblée générale de l’Académie des Césars pour un mandat de deux ans, mardi 29 septembre dans la matinée, au terme d’une AG extraordinaire qui a eu lieu par visioconférence.

Seul candidat à ce poste délicat, le binôme paritaire succède à la présidente par intérim Margaret Menegoz, laquelle avait pris les rênes à la suite de la crise ouverte au sein de l’Académie en février. A la veille de la cérémonie du 28 février, le producteur Alain Terzian, qui pilotait l’Académie depuis 2003, a quitté sa fonction dans un climat houleux, lors de la démission collective des membres du conseil d’administration de l’Association pour la promotion du cinéma. Le fonctionnement opaque de l’Académie et son « entre soi » étaient devenus la cible de critiques, y compris de la part du milieu du cinéma, comme l’a montré la tribune signée par 400 personnalités dans Le Monde daté du 11 février.

L’institution doit être réformée en profondeur et s’ouvrir aux questions d’égalité et de diversité. A ce titre, Eric Toledano et Véronique Cayla représentent deux personnalités incontestées : Eric Toledano a accumulé les succès – avec son coréalisateur Olivier Nakache – grâce à des films populaires se saisissant de sujets de société (Intouchables, Samba, Hors normes, Le Sens de la fête). Quant à Véronique Cayla, femme de culture ayant tracé sa carrière dans les institutions (au ministère de la rue de Valois, à la tête du Centre national du cinéma et de l’image animée, etc.), elle incarne un cinéma d’auteur ouvert, au point de confier au duo Toledano-Nakache, quand elle était encore à la tête d’Arte, le soin de réaliser la série En thérapie.

A l’occasion de l’AG extraordinaire, mardi, ont été également élus les quarante-deux membres du nouveau conseil d’administration, soit vingt et un binômes paritaires représentant chacun une branche de métiers : y figurent, entre autres, les acteurs Marina Foïs et Antoine Reinartz, les réalisateurs Pascale Ferran et Cédric Klapisch, les agents artistiques Sébastien Cauchon et Elisabeth Tanner, etc.

« Un modèle collectif »

La nouvelle direction des Césars devra régler le cas du cinéaste Roman Polanski, accusé de viols et d’agressions sexuelles et toujours membre de l’Académie. Les douze nominations pour son dernier film, J’accuse, avaient suscité de vives protestations de la part de groupes féministes. Le cinéaste s’était d’ailleurs abstenu d’assister à la cérémonie. Le 28 février, la statuette du meilleur réalisateur lui a été décernée (en son absence), suscitant le départ de l’actrice Adèle Haenel.

Il y a deux semaines, la polémique a rebondi alors que l’on découvrait la composition de la nouvelle assemblée générale de 182 membres de l’Académie : 164 personnes y ont été élues (par les 4 313 membres de l’Académie), et dix-huit autres ont pu y siéger en tant que membre historique, sur simple demande écrite – sont membres historiques des personnalités qui ont reçu un Oscar, ou sont d’anciens présidents de l’Académie, etc. Une clause figurant dans les statuts actuels, et votée le 9 juillet, a autorisé en effet ces « historiques » à faire part, avant le 31 juillet, de leur volonté de participer à l’assemblée générale. Ce qu’a fait Roman Polanski. A la suite de cette révélation, deux réalisateurs membres historiques ont annoncé leur démission, sans rendre publics leurs noms – selon nos informations, il s’agit de Jean-Xavier de Lestrade, qui a reçu l’Oscar du meilleur documentaire en 2002 pour Un coupable idéal, et de Sam Karmann (Oscar du meilleur court-métrage en 1993 pour Omnibus). Tous deux sont au générique de la série Laëtitia, diffusée actuellement sur France 2, le premier comme réalisateur, le second comme acteur.

Parmi les autres membres historiques toujours présents, citons le producteur Thomas Langmann, condamné en 2019 pour harcèlement à l’égard de sa femme, ainsi que l’ancien patron contesté des Césars, Alain Terzian. Celui-ci a fait porter le chapeau… à son assistante : « Je n’ai rien demandé, je n’ai rien fait, c’est sans doute ma secrétaire qui a envoyé la lettre en croyant bien faire », a-t-il déclaré dans Le Figaro du 25 septembre.

Les esprits sont très échauffés. A l’issue de son élection, mardi, Véronique Cayla a lu un texte dans lequel elle appelle de ses vœux « un nouveau modèle pour les Césars, un modèle collectif, imaginatif, utilisant la modernité des moyens techniques pour pallier les difficultés actuelles, en particulier sanitaires. Nous avons tous deux [avec Eric Toledano], bien entendu, bien compris votre demande en matière de parité, de transparence, de diversité et de démocratie ». Puis la nouvelle patronne des Césars ajoute, dans une phrase ciselée : « Pour commencer, nous vous proposerons de construire un socle solide d’égalité entre tous les membres de l’association légitimés par un processus électif. » En creux, cette annonce semble annoncer la fin d’un système où siègent automatiquement des membres de droit.

Mobilisation sur les réseaux sociaux

Quoi qu’il en soit, les féministes n’entendent pas lâcher la pression. Le rassemblement qui était prévu mardi matin devant le siège des Césars, rue de l’Avre, à Paris, a dû être annulé, du fait de l’organisation de l’AG par visioconférence, pour des raisons sanitaires. Mais la mobilisation s’est déportée sur les réseaux sociaux, sous le mot-clé #clapdefinpolanski. « L’idée de ce mot-clé est de dire, une nouvelle fois, “ça suffit” », commente Alix Béranger, cofondatrice du collectif La Barbe, et à l’origine de cette journée d’action aux côtés d’Osez le féminisme, des Effrontées et de Nous Toutes. « Nous étions là en février, nous sommes là aujourd’hui, on ne lâchera rien », prévient-elle.

Mardi, le mot-clé #clapdefinpolanski était l’un des plus partagés sur Twitter. Sur les réseaux sociaux, les militantes ont massivement témoigné de leur « honte ». Celle de constater « l’impunité du cinéma français », qui maintient Polanski à un poste de pouvoir. Sur Facebook, le titre du dernier film du réalisateur, J’accuse se transforme en « J’abuse » ou « J’enrage ».

LA TRIBUNE DE VIRGINIE DESPENTES, PUBLIÉE DEUX JOURS APRÈS LA CÉRÉMONIE DES CÉSARS, VIENT D’ÊTRE RÉACTIVÉE ET REVISITÉE

Quant à la tribune de Virginie Despentes, publiée deux jours après la cérémonie des Césars, elle vient d’être réactivée et revisitée : le célèbre « Désormais on se lève et on se barre » est devenu une injonction au réalisateur : « Lève-toi et casse toi ».

Que pensent d’ailleurs les féministes de la nomination d’un tandem paritaire à la tête des Césars ? « On veut féminiser l’instance, mais on met un homme en binôme, c’est presque drôle, comme s’il fallait surveiller l’action des femmes », commente Alix Béranger, dénonçant « une tutelle ridicule ». Pour Fatima Benomar, d’Osez le féminisme, il y a une contradiction insoutenable à nommer une femme à la tête de l’Académie tout en conservant Roman Polanski parmi ses membres. « On ne peut pas accorder comme ça des symboles et des contre-symboles. La première chose cohérente à faire, c’est d’exclure cet homme de cette institution », commente la militante, considérant que cette situation « force certaines femmes à s’extraire de cette institution ».

1 octobre 2020

Normal Magazine - Alix Grellier - Yves Kortum from Normal Magazine on Vimeo.

30 septembre 2020

« Lux Æterna » : enfer et bûcher

Lux Æterna saisit quelques minutes du tournage d’un film dont on sait peu de choses, sinon que la scène qui se met en place sous nos yeux apparaît comme la représentation publicitaire et clinquante du simulacre d’une Passion malaxée par l’esthétique du vidéoclip. Une Passion qui serait celle du Christ mais aussi celle de ces femmes condamnées, dans l’histoire, au bûcher pour sorcellerie. Béatrice Dalle (la réalisatrice) et Charlotte Gainsbourg (l’actrice) y sont plongées dans un enfer, dont elles contribuent par ailleurs à la création. Durant cinquante minutes se déploie un catalogue de démonstrations hystériques et de haine largement diffuse.

Gaspar Noé brosse, sous une forme incroyablement condensée, un lugubre et inquiétant portrait de groupe, « à chaud » et dans l’illusion que donne le sentiment d’une captation sur le vif des affects. Lux Æterna se situe à une place à la fois imprenable et impossible, entre la noblesse revendiquée de l’art surréaliste (Buñuel y est même cité, in fine), un naturalisme sans rédemption et la vulgarité de l’audiovisuel contemporain. Jean-François Rauger

Film français de Gaspar Noé. Avec Béatrice Dalle, Charlotte Gainsbourg, Abbey Lee 

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30 septembre 2020

LUX ÆTERNA

Gaspar Noé saisit sur le vif l’enfer d’un tournage Fidèle à sa singularité plastique, le cinéaste brosse un inquiétant portrait de groupe

LUX ÆTERNA

Le nouveau film de Gaspar Noé ne réconciliera sans doute pas les détracteurs du cinéaste avec ses admirateurs.

Car tout, dans cet exercice de style, semble condenser ce qui fait la singularité plastique et morale du travail du réalisateur, soit une manière très personnelle de mêler jusqu’à la confusion culot et candeur, effronterie et naïveté. Une manière, aussi, de bousculer un spectateur dont la position ne cesse de varier, de voyeur à cobaye soumis à une expérience violente. Lux Æterna saisit quelques minutes du tournage d’un film dont on sait peu de chose, sinon que la scène qui se met en place sous nos yeux apparaît comme la représentation publicitaire et clinquante du simulacre d’une Passion malaxée par l’esthétique du vidéoclip. Une Passion qui serait celle du Christ mais aussi celle de ces femmes condamnées au bûcher pour sorcellerie.

Béatrice Dalle (la réalisatrice) et Charlotte Gainsbourg (l’actrice) y sont plongées dans un enfer, dont elles contribuent par ailleurs à la création. C’est l’enfer d’un tournage durant lequel s’agite une humanité réduite à une suite de frustrations, de ressentiments. Durant cinquante minutes se déploie un catalogue de démonstrations hystériques et de haine diffuse. Noé brosse un lugubre et inquiétant portrait de groupe, dans l’illusion que donne le sentiment d’une captation sur le vif des affects. Ce chaos, dont on peut douter du caractère créateur, témoigne dès lors d’un regard satirique vif et implacable, la vision d’un monde trivial, celui du cinéma, dénué de toute transcendance. Contradiction en action La nostalgie d’un sublime absent ou lointain s’impose, par un effet paradoxal, dans le recours fréquent à la figure de la sorcière et à ses diverses incarnations dans l’histoire du cinéma. Noé n’y va certes pas avec le dos de la cuillère en convoquant le souvenir de Dies Irae (Jour de colère, 1943), de Dreyer, mais aussi de La Sorcière (1988), de Marco Bellocchio (film dans lequel Béatrice Dalle tint le premier rôle), ou de Melancholia (2011), de Lars von Trier. Lux Æterna se situe à une place tout à la fois imprenable et impossible, entre la noblesse revendiquée de l’art surréaliste (Buñuel y est même cité), un naturalisme sans rédemption et la vulgarité de l’audiovisuel contemporain. Une contradiction en action qui passe, dans les dernières minutes, le spectateur à la moulinette d’une transe stroboscopique.  jean­françois rauger Film français de Gaspar Noé. Avec Béatrice Dalle, Charlotte Gainsbourg, Abbey Lee (0 h 51).

29 septembre 2020

Des Hommes et des Dieux

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29 septembre 2020

Miley Cyrus

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28 septembre 2020

HOMMAGE À MICHAEL LONSDALE

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France 5 Lundi 28 septembre 2020 à 20.50

Suite au décès de Michael Lonsdale, France 5 lui rend hommage et propose la diffusion du film "Des hommes et des dieux" dans Place au cinéma présenté par Dominique Besnehard.

DES HOMMES ET DES DIEUX

Un monastère perché dans les montagnes du Maghreb, dans les années 1990. Huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Quand une équipe de travailleurs étrangers est massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installe dans la région. L'armée propose une protection aux moines, mais ceux-ci refusent. Doivent-ils partir ? Malgré les menaces grandissantes qui les entourent, la décision des moines de rester coûte que coûte, se concrétise jour après jour…

Ce film s’inspire librement de la vie des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlèvement en 1996.

Réalisé par Xavier Beauvois avec Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin / Produit par Why Not Productions/Armada Films/France 3 Cinéma. 2010.

Interdit au moins de 10 ans

28 septembre 2020

Un procureur allemand lève le voile sur les crimes nazis

« Le Labyrinthe du silence » ausculte la douloureuse prise de conscience de l’Allemagne sur les atrocités du IIIe Reich

ARTE - Lundi 28 septembre - 20 H 55

Soixante­quinze ans après la libération du camp d’extermination d’Auschwitz­-Birkenau, il est difficile, pour les plus jeunes, d’imaginer à quel point fut longue et difficile la mise au jour de ce qui s’était réellement passé dans les camps de la mort nazis. En 1958, une agence fédérale chargée d’enquêter fut créée. Un homme important, auquel rend hommage Le Labyrinthe du silence, le film de Giulio Ricciarelli, apparut alors sur le devant de la scène publique allemande : Fritz Bauer. Ce magistrat avait été arrêté par la Gestapo en 1933 en raison de ses origines juives et de son adhésion au Parti social démocrate allemand. Exilé, il était revenu en Allemagne en 1949. Quelques années plus tard, il était procureur général du Land de Hesse. Pour l’essentiel, c’est grâce à lui, et aux magistrats qui travaillaient sous ses ordres au parquet de Francfort, que put avoir lieu, de décembre 1963 à août 1965, le « procès d’Auschwitz ». Le film commence en 1958, à Francfort. Dans la cour de récréation du lycée Goethe, sous l’œil vigilant de leur maître, des enfants chantent « Nul pays n’est plus beau que le nôtre ». Malaise, démultiplié quelques instants plus tard, lorsqu’un cycliste chute en croisant le regard de l’enseignant. Entrent en scène un journaliste de la Frankfurter Rundschau, Thomas Gnielka – ami du cycliste, il démasquera le professeur, un ancien SS d’Auschwitz –, et un jeune magistrat nommé Johann Radmann. Radmann, sous ses airs de gendre idéal, est plutôt du genre manichéen et psychorigide. Au début, ses différents interlocuteurs lui parlent d’Auschwitz comme si c’était « un camp de détention préventif ». Ne surtout pas prêter attention, lui dit­on, à ces rumeurs selon lesquelles « la plus grande catastrophe de l’humanité » se serait produite là­bas ; il ne s’agit que de « pure propagande ». Tous les délits étant prescrits, la seule solution serait d’établir un dossier d’accusation de meurtre. Peu à peu, la vérité finit par émerger, comme si elle sortait du néant. Historiquement irréprochable, Le Labyrinthe du silence est un film à la fois émouvant et digne. Il s’achève pile au moment où va débuter le procès de Francfort. Tandis que les deux jeunes procureurs s’apprêtent à entrer dans la salle d’audience, Bauer les prend à part : « Vous avez accompli un travail formidable, Messieurs. C’est une page d’histoire qui s’ouvre. »  Franck Nouchi Le Labyrinthe du silence, de Giulio Ricciarelli. Avec Alexander Fehling (All., 2014, 120 min).

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