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Jours tranquilles à Paris
18 septembre 2019

Cinéma : les malheurs de Woody Allen aux Etats-Unis

Par Laurent Carpentier

Son dernier film, unanimement salué en Europe, ne sort pas en salle outre-Atlantique, à la suite d’un litige avec Amazon.

Il porte un appareil auditif, a la vue fragile, et des lombalgies. A part ça, à 83 ans, cinquante-trois films, et toujours la même monture de lunettes (à croire qu’une fée autoritaire la lui a offerte au berceau), Allan Stewart Konigsberg reste imperturbablement Woody Allen. Est-ce l’humour, ce recul sur lui-même, cette auto-ironie élevée au rang d’arme fatale, qui le fait ainsi résister aux tempêtes polémiques qui l’assaillent ?

Alors que sort en Europe Un jour de pluie à New York (A Rainy Day in New York), Amazon, détenteur des droits aux Etats-Unis, a cassé le contrat qui le liait au réalisateur pour quatre films, empêchant de fait la sortie de celui-ci en salle outre-Atlantique. Woody Allen est aujourd’hui en procès avec la société de Jeff Bezos à qui il réclame 68 millions de dollars (61 millions d’euros) de dommages et intérêts.

Artistes à eviter

Le fond du problème n’est pas, comme on le verra sur les écrans, que le film soit scandaleux, mais bien plutôt son timing. Le tournage a en effet commencé alors qu’explosait l’affaire Harvey Weinstein. Personne n’avait encore vu le moindre bout de rush que, déjà, les réseaux sociaux bruissaient de commentaires assassins affirmant qu’il s’agissait d’une histoire d’amour entre un homme âgé et une jeune fille, rappelant au passage que Woody Allen est, depuis vingt-cinq ans, accusé par sa fille adoptive d’avoir abusé d’elle.

« Il n’y a rien de la sorte dans mon film, nous avait-il répondu en décembre 2017, alors que nous l’interrogions sur le sujet. C’est quelque chose que la presse a fabriqué de toutes pièces… » De fait, il avait raison.

Peu importe. Entre-temps, l’acteur principal, Timothée Chalamet, nommé aux Oscars pour Call Me by Your Name, avait pris soin de prendre ses distances, blâmant le réalisateur et offrant son cachet à des œuvres caritatives. Comme Kevin Spacey, Roman Polanski ou Louis C.K., Woody Allen avait rejoint la liste des artistes à éviter.

Un climat de haine

Que reproche-t-on exactement au cinéaste ? Woody Allen est accusé de s’être livré, le 4 août 1992, à des attouchements sur sa fille adoptive Dylan Farrow, âgée de 7 ans. Elle est l’une des trois enfants qu’il a élevés avec Mia Farrow (qui, au total, a eu quatre enfants naturels et en a adopté onze).

Ces accusations, Dylan Farrow continue de les porter, soutenue par sa mère et son frère Ronan (le journaliste auteur de l’article du New Yorker qui a lancé l’affaire Weinstein). Mais face à elle, son autre frère, Moses, dénonce, lui, le climat de haine entretenu par Mia Farrow, qui venait de découvrir la liaison de Woody Allen et d’une autre de ses filles adoptives, plus âgée, Soon-Yi Previn. Cette dernière épousera finalement le cinéaste avec lequel elle vit toujours, et qu’elle défend mordicus.

Témoignage contre témoignage… Pas d’autre cas de prédation révélé… Les enquêteurs et les juges renonceront à démêler le vrai du faux, abandonnant les poursuites tout en refusant au cinéaste la garde de la petite… Depuis, les deux clans se déchirent. D’un côté, les soutiens sans faille : Diane Keaton (Annie Hall, Manhattan…), Scarlett Johansson (Match Point, Scoop…), la romancière Daphne Merkin, qui a publié, en septembre 2018, dans le New York Times Magazine, une interview remarquée de Soon-Yi. De l’autre, ceux qui, comme Greta Gerwig (To Rome with Love) ou Nicholas Kristof, éditorialiste au New York Times et ami de Dylan Farrow, tirent à boulets rouges.

Des raisons d’image

S’il continue d’habiter New York (clarinettiste, il se produit chaque lundi avec son jazz-band au Café Carlyle, cabaret mythique de l’Upper East Side – les tickets, vendus 190 dollars, étaient épuisés pour la séance du 16 septembre), il y a un moment que le gamin de Brooklyn a trouvé un refuge cinématographique en Europe.

D’abord pour des raisons financières – ses films n’avaient plus là-bas le succès d’autrefois –, mais désormais pour des raisons d’image : les Européens sont moins prompts à clouer au pilori, quelle que soit leur faute, les contrevenants à l’ordre moral. Car, in fine, en l’absence de poursuites judiciaires, c’est d’abord sa filmographie qui pèse contre le cinéaste.

De Manhattan (1979) à Crimes et délits (1990), ses œuvres sont un questionnement récurrent sur le bien et le mal, et l’amour et ses dérives. Au point d’y voir la preuve d’un esprit coupable ? « C’est le matériau de base de tout auteur dramatique, se défendait-il à l’époque du tournage d’Un jour de pluie à New York, quand nous l’interrogions sur Wonder Wheel, son film précédent alors en passe de sortir en France. Nous avons les mêmes problèmes émotionnels que les Grecs il y a cinq mille ans : la passion, la jalousie, la haine, la solitude, l’amour d’un autre, et la frustration. Depuis, nous allons sur la Lune mais rien de tout cela n’a changé, et dans cinq mille ans, nous aurons fait de nouvelles découvertes miraculeuses mais les gens continueront à aimer, à être jaloux, à se sentir trahis… La même grande roue qui ne mène nulle part. »

Aujourd’hui, sa défense reste la même : « Les gens se méprennent, répète-t-il à qui veut l’entendre, mais je ne serai pas là très longtemps, alors ce n’est pas bien grave. » En attendant, il tourne son prochain film, loin de New York, à Saint-Sébastien (Espagne), avec Christoph Waltz, Elena Anaya, Sergi Lopez, Louis Garrel…

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18 septembre 2019

Un jour de pluie à New York - Woody Allen

Un trio de jeunes adultes talentueux emportés dans un tourbillon enthousiaste par l'un des plus beaux personnages de l'œuvre de Woody Allen : New York. Une vraie cure de jouvence.
“La ville a pris le dessus”, avoue Gatsby (Timothée Chalamet) à sa mère, en tentant de lui expliquer son séjour mouvementé à New York, suite d’errements et de rencontres qui l’ont fait dévier de son dessein initial : un week-end en amoureux avec Ashleigh (Elle Fanning), sa petite amie qui s’est aussi fait kidnapper par la ville. Cette phrase, une longue liste de personnages alleniens auraient pu se l’approprier, tant New York est chez Woody Allen cette zone d’intensité que ses personnages arpentent à la recherche d’un départ de fiction qui toujours arrive – quant au reste de l’Amérique, il serait comme désespérément dépourvu de cette électricité fictionnelle.

A ce titre, Un jour de pluie à New Yorkressemble de loin à un nouveau Woody Allen, un film de plus : péripéties romantiques, acteurs contaminés par le jeu allenien (fiévreux, logorrhéique et bardé de références culturelles), Manhattan pareil à un inamovible décor de cinéma. La merveille de ce film tient à un léger décalage opéré sur cette petite musique : si Allen offre régulièrement ses récits à de jeunes acteurs, il n'a jamais autant voulu capter à travers ce trio-là (Chalamet, Fanning, Gomez) l'idée même de jeunesse, synonyme chez lui d'élan vital, d'optimisme indestructible. On se souvient qu'il dispose parfois, ici et là, de petites touches de jeunes filles surdouées et séduisantes, énergiques et perdues dans un monde d'adultes fatigués qui semble être la norme (Mariel Hemingway dans Manhattan, Juliette Lewis dans Maris et Femmes...).

Une zone de lumière dans le regard du cinéaste

Alors, tous ces beaux acteurs, juvéniles, célèbres, talentueux, hyper-techniques et superbement gracieux dans leur manière d’intégrer si évidemment le monde d’Allen, créent un décalage, un pas de côté et une zone de lumière dans le regard du cinéaste qui, on le sent, semble vouloir fixer leur beauté une bonne fois pour toutes, se frotter à leur soleil.

C’est la magie renouvelée pendant 1 heure 30 du dernier plan de Manhattan, où le cinéaste-acteur se faisait contaminer par la joie de vivre d'Hemingway. Il faut voir ce petit lutin de Fanning annoncer à son copain (ils sont tous deux étudiants à Tucson en Arizona) qu’elle doit se rendre à New York pour interviewer son réalisateur préféré : elle en parle comme d’un départ imminent pour le plus grand des parcs d’attractions, un voyage vers le monde d’Oz, le monde d’Allen.

Un film de Woody Allen mais comme déréalisé, un Midnight in Paris à domicile. Manhattan filmé comme une coulée d’enthousiasme, de libido, où la seule connexion possible entre deux êtres semble être le flirt, l’envie de s’embrasser et de coucher ensemble, que le cinéaste systématise ici jusqu’au rêve. Il y a cette magnifique rencontre entre Chan (Selena Gomez, rémanence définitive de Judy Garland : même voix, même air de bébé abîmé qu'on devine sous les manières adultes) et Gatsby qui, d’un trottoir de la ville, se retrouve sur le tournage d’un film, comme si l’un menait naturellement à l’autre.

Il se souvient d’elle, la sœur d’une ancienne petite copine qui a bien grandi. Ils doivent jouer sans transition une scène de baiser, s’y reprennent plusieurs fois avant de la réussir. Ils s’y reprennent une dernière fois à la toute fin, lorsque Gatsby décide de ne pas quitter cette ville dont il veut rester l’acteur.

Chaque plan est un tableau pourvu de sa propre météo

Ces jeunes adultes, qu’on aimerait pouvoir qualifier d’enfants, Allen les filme, Vittorio Storaro les éclaire, et sa photographie apporte à Un jour de pluie à New York une part d’abstraction rêveuse et d’artifice qui transforme chaque plan en tableau pourvu de sa propre météo : une coulée de lumière jaune qui caresse la joue de Fanning, un écran de pluie qui brouille son visage, une séquence d’averse et de gris qui révèle la blancheur surnaturelle de son corps. Le chef-opérateur commente le songe du cinéaste.

Pas de hasard : lorsque Gatsby, qui avait prévu d’aller voir une expo de l'œuvre pétrifiée d'angoisse de Weegee (dont Manhattan était le terrain privilégié), suit finalement Chan au MET, ils déambulent parmi les portraits de Sargent et les paysages de Monet. La scène est splendide, parce que ces deux-là n’admirent pas les tableaux ; ils sont sereins, détachés, comme à égalité face aux chefs-d’œuvre, se sachant être, eux aussi, les sujets d’un tableau éclatant.

“Un jour de pluie à New York” de Woody Allen, avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez (E.-U., 2019, 1 h 32)

18 septembre 2019

Clara Morgane

danse avec stars

18 septembre 2019

Portrait de la jeune fille en feu - Céline Sciamma

La relation d'une peintre et sa muse se charge de désir et interroge ke regard qe l'une porte sur l'autre autant que le nôtre sur elles.
Portrait de la jeune fille en feu est de ces films qui ne se laissent pas appréhender facilement, qui se refusent d’abord à la séduction, qui font preuve de timidité, qui exigent du spectateur un premier pas vers eux. Mais une fois ce petit effort consenti, il sort de sa réserve, et se montre d’une générosité sans limite. “Prenez le temps de le regarder”, intime la professeure à ses élèves dès la toute première phrase du film, ô combien programmatique (un peu trop), et le film saura en retour vous regarder, c’est-à-dire vous toucher en plein cœur.

Le quatrième long métrage de Céline Sciamma est ainsi complètement à l’image de son héroïne, la jeune Héloïse (Adèle Haenel) qui, promise par sa mère à un gentilhomme milanais attendant de recevoir un portrait d’elle avant de confirmer l’union – le Tinder du XVIIIe siècle était, il faut l’avouer, un peu plus lent qu’aujourd’hui –, se dérobe autant qu’elle peut. Jusqu’à l’arrivée d’une véritable regardante : Marianne (Noémie Merlant), peintre tout aussi jeune, dépêchée par la mère d’Héloïse afin d’exécuter le portrait mais, en secret, pour ne pas brusquer sa fille et gâcher définitivement l'accord.

Le désir finit par déborder le champ

Marianne va donc, dans une première partie volontairement corsetée, s’employer à regarder Héloïse, pour pouvoir, croit-elle, la faire sienne, capter son âme en cachette et la fixer sur la toile. Mais c’est un échec. Et une première leçon : il n’est de portrait véritable qu’à double sens. Il faut que l’artiste accepte de s’ouvrir entièrement à sa muse, il faut qu’il y ait une circulation du regard pour que celui-ci soit vrai.

Cela vaut pour Marianne vis-à-vis d’Héloïse – Noémie Merlant, merveilleuse révélation du film, et Adèle Haenel, qui n’en finit pas d’impressionner –, mais aussi, donc, pour Céline Sciamma vis-à-vis de ses comédiennes. Et le spectateur, de l’autre côté de la toile, la grande, n’est pas dupe : dès lors que la peintre s’engage dans une relation, non seulement amoureuse mais surtout horizontale avec son modèle, acceptant d’elle la critique, et même la contre-représentation, dans une scène très forte évoquant Titanic, le film, lui, décolle.

Ce n’est pas tant qu’il se lâche : il reste jusqu’au bout d’une rigueur absolue, faisant dialoguer ses plans par un montage quasi mathématique. Mais, miracle, ses coupes un peu sèches soudain se gorgent de désir, le désir qui s’instaure entre les deux femmes et qui finit par déborder du champ. Et lorsque cette égalité à deux est atteinte, pourquoi ne pas l’étendre à d’autres, demande Sciamma ? Son Portrait de la jeune fille en feu, déjà très beau, gagne alors une dimension supplémentaire lorsque Marianne et Héloïse, de relativement haute extrace, font entrer dans leur danse une servante enceinte (Luána Bajrami) qui souhaite avorter. La représentation se double ainsi d’action, l’esthétique, d’éthique. Et l’image créée par la cinéaste (et sa chef-

Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, avec Adèle Haenel, Noémie Merlant, Lou Anna Bajrami (Fr., 2019, 1 h 59)

18 septembre 2019

The Naked Director » : quand une série nippone verse dans le porno soft

« The Naked Director », sise dans les bas-fonds japonais des années 1980, laisse espérer un traitement subtil de l’ascension professionnelle d’un pornographe, en vain.

Toru est l’employé médiocre et humilié d’une entreprise de vente au porte-à-porte. Instruit par un collègue expérimenté, il va bientôt devenir expert en la matière et faire des chiffres de vente faramineux. Alors qu’il a surpris son épouse, plutôt réservée au lit, dans une attitude déchaînée avec un autre homme, Toru découvre une autre face de la sexualité. Pourquoi ne pas mettre ses talents commerciaux au service des représentations imprimées de la chose sexuelle ?

Toru va bientôt faire fortune avec des revues censurées puis des magazines explicites – mais illicites – qui vont s’arracher, attirant la réprobation de la police et de la mafia japonaise – les fameux yakuzas –, les deux étant d’ailleurs parfois de mèche. Toru fait de la prison, en sort, se met au film pornographique d’abord simulé, puis non simulé. Ce qui lui vaudra diverses mésaventures plus ou moins rocambolesques.

La série a d’abord tout l’air du pendant nippon de The Deuce : années 1970-1980 reconstituées, bas-fonds crasseux, ripoux et policiers mouillés, carrière ascendante d’un(e) pornographe. C’est dire qu’on est loin des subtilités décryptées par Roland Barthes dans L’Empire des signes (1970).

Les premiers épisodes laissent espérer un traitement du sujet à la manière de Meurtre d’un bookmaker chinois (1976), de John Cassavetes, et d’Only God Forgives (2013), de Nicolas Winding Refn. Mais on s’aperçoit vite que le sujet de la pornographie devient le prétexte à fourguer le plus possible de situations pornographiques, non explicites mais assez salées pour titiller la lubricité de beaucoup de spectateurs.

Et que penser du cheminement d’une jeune fille délurée, qui montre sa culotte à la façon d’une petite fille des tableaux de Balthus et connaît l’épanouissement sexuel dès sa première pénétration filmée ? Elle trouvera bientôt une autre marque émancipatrice : ne pas s’épiler les aisselles, ce qui au pays du poil rasant, est une très érotique audace.

Mais le pompon du grotesque est décroché quand Toru décide de faire tourner une scène sexuelle dans un hélicoptère survolant Pearl Harbour… On est adepte des vertus du mauvais goût, mais là, les ravages du porno soft atteignent leur seuil de ridicule.

The Naked Director, saison 1, série créée par Masaharu Take. Avec Takayuki Yamada, Shinnosuke Mitsushima, Tetsuji Tamayama, Lily Franky, Misato Morita (Japon, 2019, 8 x 34-59 min). www.netflix.com/fr.

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17 septembre 2019

"L'homme à tête de chou" - Théâtre du Rond Point

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tete chou

tete de chou

15 septembre 2019

Parade, le spectacle de réouverture 2019 du Théâtre du Châtelet

Réalisation vidéo : Jacques Snap

Laissez vous embarquer par le spectacle de réouverture du Théâtre du Châtelet du 13 au 15 septembre 2019 !

Théâtreux passionné ou simple amateur de grabuge, que vous évoque le mot parade ? C'est en 1917 que la fabuleuse histoire de la Parade commence au Théâtre du Châtelet.

Cette oeuvre d'art totale a rassemblé les talents de Picasso, Satie, Cocteau et Massine sous la direction de Serge de Diaghilev pour un ballet de 20 minutes. L'idée : trois troupes de cirque essaient de convaincre le public de choisir leur spectacle.
La Parade 2019
La version 2019 fait revivre cet esprit novateur, populaire et pointu si caractéristique du Châtelet, et propose en accès libre des ateliers sur le Parvis de l’Hôtel de Ville où les passants de tous âges pourront apprendre gratuitement des numéros de cirque avec les professeurs de l’Académie Fratellini.

Connaissez-vous les Marionnettes Géantes du Mozambique ? Au son des tambours, elles vous ravirons d'un premier petit spectacle. La Cocteau Machine, où l'on voit l'artiste mécanisé sur une bicyclette immense, les rejoignent pour lancer la parade à travers les rues vers le Théâtre.

A l'intérieur, on rentre dans le monde fou d’Erik Satie : attractions de cirque (hypnotiseur, femme à barbe) et animations (salle à manger blanche, chambre à coucher, roulotte de cirque sur la terrasse…) gratuites vous ouvrent les portes d'un univers merveilleux et plein d'humour... et d'artistes ! Ne manquez pas les pianos à queue empilés dans le Grand Foyer. On adore notamment l'atelier « Créez votre costume cubiste », où vous pouvez créer votre costume en carton inspiré des costumes imaginés par Picasso.

Le grand spectacle

Le clou de la réouverture se trouve bien sûr au cœur du théâtre dans la grande salle, avec une mise en scène de Martin Duncan qui fait jouer les trois troupes de cirque. Marionnettes, tambours, ombres chinoises, arts du cirque, voltigeurs ou action painting... Vous l'aurez compris, la magie est bien présente dans le projet Parade ! Avec les talents de la compagnie de Stéphane Ricordel, du groupe ukrainien DakhaBrakha, STREB Extreme Action, et Ensemble intercontemporain.

Pour plus d'informations et réserver vos place de spectacle, rendez-vous sur le site officiel
THÉÂTRE DU CHÂTELET
Du 13 au 15 septembre 2019
2 rue Edouard Colonne, 75001 - M° Châtelet (1/4/7/11/14)
Spectacle : le ven. à 20h, sam. et dim. à 15h et 20h
- Activités extérieures : ven. dès 16h, sam. et dim. dès 11h et 16h
Dans la grande salle : pl. de 10 à 89 €
Parvis de l'hôtel de ville, place du châtelet et foyers du théâtre : accès libre et gratuit

15 septembre 2019

FESTIVAL DE DEAUVILLE - « Bull », d’Annie Silverstein : grand gagnant du festival de Deauville

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Catherine Deneuve, Présidente du Festival de Deauville

Par Véronique Cauhapé

Ce film âpre et puissant a remporté le Grand Prix de la 45e édition du Festival du cinéma américain et le prix de la Révélation 2019.

Avec son visage encore poupon et son air buté, l’héroïne de Bull, premier long-métrage de la réalisatrice Annie Silverstein, avait bouleversé les festivaliers. Il a, sans nul doute, contribué à convaincre le jury présidé par Catherine Deneuve, qui a choisi de décerner à ce film âpre et puissant, le Grand Prix de la 45e édition du Festival du cinéma américain de Deauville. Dans un même élan d’adhésion, Bull a également remporté le prix de la Révélation 2019, attribué par le jury conduit par Anna Mouglalis, et celui de la critique.

Un carton plein, en somme, pour ce récit initiatique d’une adolescente, Kris (qu’incarne, avec une densité touchante, Amber Havard), qui, privée de sa mère incarcérée dans une prison du Texas, ne sait comment contenir sa colère. C’est un acte de vandalisme auquel elle s’est livrée qui la conduira à se construire et à trouver sa voie dans un monde d’hommes, le rodéo. Portrait sous tension d’une jeune fille autant que d’une Amérique en déshérence, Bull figurait en mai dans la sélection Un Certain Regard à Cannes.

Palmarès féminin

Le festival de Deauville fut marqué cette année par une large présence féminine, tant sur le tapis rouge et sur scène, où des hommages ont été rendus aux actrices Kristen Stewart, Geena Davis, Sienna Miller et Sophie Turner, que dans les films où furent mises en lumière de nombreuses et belles héroïnes. Son palmarès rend compte de cet engagement. Couronné du Prix Spécial du 45e, Swallow, de Carlo Mirabella-Davis, nous raconte en effet l’histoire de Hunter (troublante Haley Bennett), femme au foyer en apparence heureuse, jusqu’au jour où elle apprend qu’elle est enceinte.

La jeune femme développe alors un trouble compulsif du comportement alimentaire (maladie de Pica). Son mari et sa belle-famille décident de l’interner. Un film féministe, ainsi que le revendique son jeune réalisateur, désireux de pointer le retour du patriarcat et du machisme des années 1950 (dont s’inspire Swallow) dans la société d’aujourd’hui, et en particulier celle de l’Amérique de Trump.

Dans la compétition où concouraient quatorze films, « seuls deux films rapportent des histoires de mecs », nous avait déclaré le directeur du festival Bruno Barde, satisfait de voir que « l’acte de création puisse enfin porter l’empreinte de ce que les femmes subissent et ce contre quoi elles doivent lutter ». Force est de constater que dans ce déséquilibre, la parité aura néanmoins été assurée puisque ces deux longs-métrages, The Lighthouse, de Robert Eggers, film en noir et blanc sur deux gardiens de phare d’une île reculée de Nouvelle-Angleterre, et The Climb, de Michael Angelo Covino, comédie douce-amère sur les tourments d’une amitié masculine, ont l’un et l’autre reçu le Prix du Jury.

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Après une semaine de festivités, la 45ème édition du festival du cinéma américain de Deauville s'achève avec son traditionnel palmarès. Bull d'Annie Silverstein a été récompensé par trois fois : Prix de la critique, Prix de la fondation Louis Roederer de la révélation et le Grand Prix du Jury. Premier long-métrage de sa cinéaste, Bull raconte l'histoire d'une relation étrange et tumultueuse entre un torero afro-américain sur le déclin et une jeune-femme white trash paumée dans l'Amérique profonde. Une œuvre dont le courage et l’honnêteté ont été salués par les différents jurys.

Le reste du palmarès de Deauville 2019 :

Prix d'Ornano-Valenti : Les Misérables de Ladj Ly. Une chronique sociale crue et sans concession sur les bavures policières, œuvre coup de poing, digne héritière de La Haine et Polisse, gravitant non loin de la nébuleuse Kourtrajmé. Un long-métrage adapté d'un court réalisé il y a trois ans.

Prix de la ville de Deauville : The Peatnut Butter Falcon de Tyler Nilson et Michael Schwartz. Une balade sauvage, ode poétique dans laquelle un jeune homme atteint du syndrome de Down se fait la malle pour devenir catcheur. Zack Gottsagen et Shia LaBeouf y démontrent une alchimie détonante.

Prix Spécial : Swallow de Carlo Mirabella-Davis. Un portrait de femme forte, inspirée de la grand-mère de son réalisateur qui était atteinte d'une maladie psychique. Dans ce drame familial à l'esthétique léchée et aux vibes hitchcokiennes, Haley Bennett brille par la force fragile habitant son personnage.

Prix du Jury : The Climb de Michael Angelo Covino. Une histoire d'amitié un peu farfelue et précieuse sur fond de cyclisme. Du Woody Allen pour les grandes digressions sur la vie et un humour qui fait mouche rappelant les meilleures comédies italiennes.

2ème Prix du Jury : The Lighthouse de Robert Eggers. Une bizarrerie fantasmagorique en noir et blanc, quelque part entre Samuel Beckett et H.P. Lovecraft, dans laquelle le tandem Willem Dafoe et Robert Pattinson perd la boule en marins isolés dans un phare paumé en pleine mer.

15 septembre 2019

Anna Johansson

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15 septembre 2019

Déambulation d’une jeune femme éperdue d'amour par Hafsia Herzi

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Tu mérites un amour - Hafsia Herzi
Révélée par La Graine et le Mulet de Kechiche, l’actrice Hafsia Herzi livre sa première réalisation : un conte sentimental d’une bouleversante simplicité.
Tu mérites un amour : ce titre emprunté à un poème de Frida Kahlo ressemble aux mots de réconfort qu’on a tous pu glisser à l’oreille d’un.e ami.e au cœur alangui, enserré.e dans sa solitude ou voué.e à se faire mal en amour. Comme Lila, l’héroïne d’Hafsia Herzi, emberlificotée dans une relation destructrice avec un garçon mythomane et infidèle. Mais au-delà, ce conseil inspiré pose plus sourdement la question du sentiment amoureux. Qu’est-ce que l’amour ? Une absence qui nous affame, et comme l’écrit Blanchot à propos de l’attirance, “un vide qui s’ouvre indéfiniment sous les pas de celui qui est attiré” ? Ou l’hypothèse d’un bonheur partagé ?

Réflexion insoluble

La grande force de ce premier long métrage, dont la fragilité financière n’entame jamais en rien la belle détermination, revient à affronter cette réflexion apparemment insoluble en se laissant guider par une héroïne aussi perdue qu’affligée après une énième tromperie de son copain. Pourtant, de cette plaie ouverte, Herzi tire non pas un film de chambre, un huis clos de larmes, mais plutôt une flânerie, la déambulation existentielle d’une jeune femme qui devient curieuse de tout et surtout des hommes.

Réjouissante drôlerie

Tu mérites un amour déploie un fabuleux talent d’observation braqué sur une pléiade de personnages masculins, dragueur, timide, esthète, libertin, chérubin, et c’est évidemment à travers cette succession de rencontres que Lila va cheminer vers une forme d’oubli et d’estime de soi – la clé pour, sinon faire taire la souffrance, l’amender un peu. Mais il ne faudrait pas oublier que ce film est drôle, scandé de scènes d’une réjouissante tendresse lors de réunions amicales sous la couette (avec le génial acteur débutant Djanis Bouzyani en confident peste) ou de rendez-vous Tinder peu concluants.

Influence “Kéchichienne”

Impossible d’oublier que l’actrice-réalisatrice vient du cinéma de Kechiche, dont elle adopte les codes les plus visibles – caméra à l’épaule, dialogues qui sonnent spontanés... On a même droit à une scène de couscous et de danse du ventre, ainsi qu'au visage “kechichien” de Jérémie Laheurte, l’ancien petit ami délaissé de La Vie d’Adèle. Mais chez Herzi, point d’exubérance : en dépit de ces quelques clins d'œil, tout reste singulièrement nimbé de mélancolie. Des yeux voilés par le spleen, des voix presque chuchotées, la torpeur du manque, une fin en suspension pleine d’audace : Hafsia Herzi mérite un amour, mais aussi amplement les louanges qui affluent déjà en nombre sur son œuvre d'une simplicité et d'une douceur désarmantes.

Tu mérites un amour d'Hafsia Herzi, avec elle-même, Djanis Bouzyani, Jérémie Laheurte (Fr., 2019, 1 h 39)

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