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Jours tranquilles à Paris
29 août 2019

Michel Aumont est décédé

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Au Conservatoire national d'art dramatique dans les classes de Denis d'Inès et de Jean Debucourt, Michel Aumont obtient un premier prix de comédie moderne dans Le Tragique malgré lui de Tchekhov et un premier accessit de comédie classique dans le rôle du Docteur de La Jalousie du barbouillé de Molière. À sa sortie du Conservatoire, il est engagé comme pensionnaire à la Comédie-Française. Il s'illustre sur les planches sans arrêt depuis.

La télévision fait ensuite appel à lui, puis le cinéma en 1972 avec un rôle dans La Femme en bleu de Michel Deville. L'acteur ne tarde pas à séduire les grands noms de la mise en scène, qui lui font souvent jouer des rôles de commissaires, tels Claude Chabrol pour Nada ou Claude Zidi pour La Course à l'échalote. On le voit aussi au générique du Jouet de Francis Veber, de Mort d'un pourri de Georges Lautner ou encore de Coup de tête de Jean-Jacques Annaud.

Acteur de premier plan au théâtre, il interprète plutôt des seconds rôles au cinéma, souvent employé en commissaire, homme politique ou homme de loi, Michel Aumont se fait un peu plus discret dans les années 1980, apparaissant toutefois aux génériques des Compères de Francis Veber, en 1983, et d'Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier un an plus tard.

Michel Aumont refait le commissaire en 1990 pour Ripoux contre ripoux. Variant les genres, il s'illustre ensuite en costumes dans le Beaumarchais, l'insolent d'Édouard Molinaro et poursuit sa riche collaboration avec Francis Veber, jouant un homo dans Le Placard (2000), un fou dans Tais-toi ! (2002), un médecin dans La Doublure (2006) et un gangster dans L'Emmerdeur (2008). En 2004, il fait une apparition dans Clara et moi d'Arnaud Viard avant d'interpréter le chef du protocole dans la comédie Palais Royal ! de Valérie Lemercier en 2005. En 2010, Il joue dans Les Invités de mon père d'Anne Le Ny. Le 29 août 2019, Michel Aumont meurt à 82 ans.

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27 août 2019

L’assassinat de Pasolini

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Œuvre de Ernest Pignon Ernest

Un visage émacié s’affiche sur l’écran ; Walter Siti croit reconnaître l’écrivain et cinéaste Pier Paolo Pasolini. L’étudiant italien, qui lui a consacré une thèse, est venu se détendre dans un sauna parisien, prisé des homosexuels. Les vapeurs du bain embuent le téléviseur. Il se frotte les yeux : oui, ce 2 novembre 1975, les infos parlent bien de Pasolini, tué au petit matin près de Rome. « Comme tout le monde, j’ai cru qu’il s’agissait du résultat de ses vagabondages sexuels », se souvient Siti.

Dans l’Italie très catholique des années 1970, ça ne fait guère de doute : le réalisateur, assassiné le Jour des morts, a payé pour ses péchés. Très rapidement, un prostitué de 17 ans, Giuseppe Pelosi, alias « Pino la grenouille », confesse le crime. Une prestation sexuelle qui aurait mal tourné, d’après lui. Très mal : c’est tout juste si l’on parvient à identifier le cadavre, broyé par des pneus de voiture. Le procès est expéditif, la sentence maximale pour un mineur : neuf ans et sept mois de prison.

« Je suis un affreux matou qui mourra écrasé par une nuit noire dans une ruelle obscure », prophétisait celui dont le corps sera retrouvé à l’aube, sur un terrain boueux d’Ostie, à 30 kilomètres de la capitale. Cette funeste prédiction, Pasolini l’avait réservée à une virulente adversaire, la journaliste Oriana Fallaci. Maintenant qu’il est mort, celle-ci ne croit guère à la piste Pelosi. Pour elle, de bien plus féroces créatures grenouillent derrière le batracien. Quelques jours après le meurtre, elle publie un scoop dans L’Europeo : Pino disposait de plusieurs complices, témoigne un anonyme. Loin d’écouter la reporter, on la condamne à quatre mois avec sursis pour refus de livrer ses sources.

Avec le temps, la thèse d’un crime politique finira, malgré tout, par s’affermir. En 2005, Pelosi se rétracte, dans une interview à la RAI. « On l’a exécuté. Ils étaient cinq. Ils lui criaient : “Sale pédé, sale communiste” et ils le tabassaient dur. Moi, ils m’avaient immobilisé. Je ne l’ai même pas touché. J’ai même essayé de le défendre… », jure-t-il, assurant ne pas avoir parlé plus tôt par peur de représailles. Las : jusqu’à sa mort, en 2017, « Pino la grenouille » pataugera d’une version à l’autre. « C’était un homme fragile, il a joué un rôle d’appât, promettant à Pasolini de lui rendre des bobines qu’on lui avait dérobées : le coupable idéal, en somme », tranche Walter Siti. Depuis l’assassinat, l’ex-thésard est devenu l’un des principaux spécialistes de Pasolini, dont il a dirigé l’édition des œuvres complètes. Il a gagné un peu d’embonpoint. Et beaucoup d’aplomb : « Désormais, j’en suis certain, affirme-t-il. La mort de Pasolini est liée à celle d’Enrico Mattei. »

Quel rapport entre l’auteur des Ecrits corsaires et Mattei, patron de l’ENI, la compagnie nationale d’hydrocarbures, surnommé « le Pirate de l’or noir » ? Pétrole. C’est à ce roman que travaillait Pasolini quand on l’a tué. « J’ai commencé un livre qui m’occupera peut-être pour le reste de ma vie, dit-il en janvier 1975 à La Stampa. Je ne veux pas en parler et, pourtant, sachez qu’il s’agit d’une sorte de “somme” de toutes mes expériences. » Dans son esprit, Pétrole devait faire près de 2 000 pages. Seul un quart nous en est parvenu, à la faveur d’une édition posthume, en 1992. René de Ceccatty, son traducteur, a décelé dans ce brouillon les prémices d’un « chef-d’œuvre » : « Je l’ai traduit en un été, happé par son souffle dostoïevskien, ses récits enchâssés à la Satyricon, ses jeux de masques, sa sexualité démente et désespérée, s’enflamme l’écrivain parisien, rencontré en Ombrie. Mais ce n’est qu’en traduisant la deuxième édition, enrichie de notes, en 2005, que j’en ai saisi toute la portée politique. »

Un roman à clés

Car Pétrole est un roman à clés, criblé de références cryptées. Derrière le personnage d’Ernesto Bonocore se cache nul autre qu’Enrico Mattei. Cela fait longtemps que Pasolini tourne autour du vibrionnant industriel, dont l’avion s’est écrasé en Lombardie, en 1962, dans un halo de mystère. L’un de ses producteurs, Cino Del Duca, a fondé le quotidien personnel de Mattei, Il Giorno. Et deux de ses meilleurs amis ont travaillé pour l’ENI : le poète Attilio Bertolucci a dirigé la revue de la compagnie ; son fils, Bernardo Bertolucci, a réalisé un documentaire de commande, La Via del petrolio (1967). Tous deux lui font part du climat pesant en interne depuis le crash de l’avion.

En 1965, une enquête de L’Espresso décrit le pouvoir croissant d’un certain Eugenio Cefis au sein de l’ENI. Elle achève de convaincre Pasolini : Pétrole racontera ce changement d’ère, et Cefis, frioulan comme lui, en sera le Méphisto. Son nom, Aldo Troya, dit tout du mépris qu’il lui inspire – « troia » signifie « pute » en italien. Un personnage « au sourire coupable », « capable de tout », lit-on dans Pétrole. « Il ne grimpait pas, il s’étendait. »

Cefis a connu Mattei durant la Résistance. Peu avant sa mort, il quitte l’ENI – à la suite, dira-t-il, d’une brouille avec son vieil ami. Il y revient en 1963, en tant que vice-président. En 1967, le voilà président ; la même année, l’enquête sur le crash conclut à un accident. « Cefis a donné beaucoup d’argent au paysan qui assurait avoir vu l’avion de Mattei exploser en vol avant de se rétracter », précise Vincenzo Calia. Au terme de l’instruction que ce magistrat a rouverte de 1994 à 2003, les pistes convergent vers le même suspect : Cefis, aussi atlantiste que Mattei était tiers-mondiste. Tel pourrait être, selon Calia, le commanditaire du sabotage. Trente ans plus tôt, dans Pétrole, Pasolini arrivait à un résultat identique : Troya est « sur le point d’être nommé président de l’ENI, ce qui implique la suppression de son prédécesseur ».

Cefis représente ce qu’abhorre Pasolini : le capitalisme globalisé, dont l’or noir symbolise bien, en cette période de chocs pétroliers, la viscosité. En 1972, devant l’Académie militaire de Modène, Cefis prône la création d’un pouvoir néocapitaliste, appuyé sur l’armée. Pasolini entend insérer in extenso ce discours, intitulé Ma patrie s’appelle multinationale, au cœur de Pétrole. Il y reproduit également, mot pour mot, des extraits de Voici Cefis. L’Autre Face de l’honorable président. Dès sa publication sous pseudonyme, en 1972, ce violent pamphlet est retiré des librairies – y compris des archives nationales. Une censure qui fera tache d’huile ? Selon certaines sources, une soixantaine de feuillets de Pétrole auraient disparu du domicile de Pasolini après sa mort. En 2010, le sénateur Marcello Dell’Utri, proche de Silvio Berlusconi et de la Mafia, prétend détenir ce chapitre manquant, où seraient décrites les manœuvres ayant conduit au meurtre de Mattei. « Dell’Utri ne l’a jamais divulgué. L’a-t-il jamais possédé ? En délicatesse avec la justice, il s’en est servi pour faire chanter ses amis politiques », analyse Walter Siti.

En août 1975, le Corriere della sera est racheté par le groupe Rizzoli. « Une opération financée, en douce, par Cefis », indique Giovanni Giovannetti, coauteur de Pédé, et c’est tout. “Pétrole” et les dessous cachés du meurtre de Pasolini (Mimésis). Le cinéaste frioulan a beau donner des coups de fil un peu partout, de la Sicile à Moscou, pour préparer Pétrole, il ignore que le journal où il signe ses articles les plus âcres est passé aux mains de son pire ennemi. Dans l’un d’eux, il accuse le parti alors au pouvoir, la Démocratie chrétienne, de se compromettre avec la Mafia, la CIA et les compagnies pétrolières. Une charge confirmée en 1981 avec la mise au jour de la P2, une loge puissante créée par… Eugenio Cefis. L’entrepreneur, exilé en Suisse de 1977 jusqu’à sa mort, en 2004, sortira indemne du scandale.

Les efforts de l’avocat Stefano Maccioni, qui fait rouvrir l’enquête sur le meurtre de Pasolini en 2008, sont restés vains : affaire classée en 2015, faute de preuves. « Les éléments sont pourtant accablants, s’insurge-il, dans son cabinet romain. Quelques heures après l’homicide, la police exhibait déjà une photo de Pelosi. On a relevé sur les habits de Pasolini l’ADN de cinq individus. Une voiture immatriculée à Catane a été vue, à Ostie, la nuit du meurtre. Or, c’est de Catane qu’a décollé l’avion de Mattei… Les deux assassinats ont été ordonnés par les mêmes milieux. »

A l’enterrement de Pasolini, l’écrivain Alberto Moravia est poursuivi par l’image de son ami fuyant « quelque chose qui n’a pas de visage, et qui l’a tué ». On y verra une métaphore de l’Italie, dont Pasolini combattait la désincarnation. Ou de Cefis, cet homme si discret, surnommé « le Fantôme ».

25 août 2019

Paris : ils ont commémoré la Libération, place Denfert-Rochereau

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Il y avait foule ce dimanche pour assister au grand défilé de chars depuis la porte d’Orléans jusqu’à la place Denfert-Rochereau où se trouve désormais le musée de la Libération.

Une foule d’anonymes s’est rassemblée ce dimanche autour de la place Denfert-Rochereau (XIVe) pour assister au grand défilé de chars organisé à l’occasion de la célébration du 75e anniversaire de la Libération de Paris. Sur les pas de la 2e division blindée du général Leclerc, entrée dans Paris le 24 août 1944, les chars sont remontés depuis la porte d’Orléans.

Un Espagnol de 94 ans, une Antillaise de 90 ans...

En chaise roulante, Louis Marti Bielsa, un Espagnol de 94 ans venu rejoindre les rangs de la résistance française en 1944, a participé à la Libération de Paris. « Je suis très ému par cette commémoration », confie ce vieil homme dans sa langue maternelle. « Ce sont les Résistants qui ont ouvert le chemin pour les chars », insiste-t-il.

À cette époque-là, Ena Poirier, elle, était aux Antilles. « Je me souviens des cloches qui sonnaient sur la place de l'église à Pointe-à-Pitre. Je n'avais que 14 ans à l'époque. Je n'ai pas oublié ce moment de joie, ni les larmes des mères qui avaient perdu leurs fils dans un naufrage alors que ceux-ci cherchaient à rejoindre les troupes françaises », raconte cette Antillaise de 90 ans qui avance dans la foule d'un pas assuré.

Robert, ingénieur de 54 ans venu de Luxembourg, pense à son grand-père, un poilu blessé au front et qui a survécu au naufrage du sous-marin qui le ramenait en Angleterre pour y être soigné. « En 1939 il voulait repartir au combat mais il a refusé le poste d'officier que l'armée lui proposait. Il voulait être un simple soldat mais était trop vieux pour prendre part aux combats », se souvient cet homme en fauteuil roulant.

En costumes d'époque

D'autres ont profité de cet événement pour raconter à leur progéniture les heures sombres de Paris occupé par les nazis et faire revivre la liesse de la Libération à l'instar de Miriam, Frédéric et leur fils de 10 ans qui ont suivi les chars en costume d'époque. « Je suis passionné par la Seconde Guerre mondiale depuis que je joue à Call of Duty (un jeu vidéo, NDLR) », confie le garçon qui porte un uniforme de soldat américain. « Nous l'avons emmené sur les plages du débarquement en Normandie pour la commémoration du Débarquement et nous poursuivons son apprentissage avec ces festivités de la Libération de Paris », sourit sa maman.

Pendant que la foule immortalisait avec les téléphones portables l'arrivée des chars, les Parisiens faisaient la queue pour découvrir le nouveau musée de la Libération de Paris, désormais installé à 20 m de profondeur, sous la place Denfert-Rochereau, pour découvrir notamment l'ancien poste de commandement du colonel Rol-Tanguy, chef des forces françaises de l'Intérieur (FFI) d'Ile-de-France. Le Parisien

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25 août 2019

25 août 1944 = Libération de Paris - 75ème anniversaire

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24 août 2019

Libération de Paris. Cinq personnages clés

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Inscrite dans la grande histoire de France, la folle semaine de la libération de Paris, il y a 75 ans, marquée par le soulèvement contre l’occupant allemand, a ses personnages clés. Parmi ceux-ci, aux côtés du général Leclerc, de Chaban et de Gaulle, le Breton Rol-Tanguy.

1. Rol-Tanguy,

le déclencheur de l’insurrectionDe son vrai nom Henri Tanguy (Rol est son pseudonyme dans la Résistance, en hommage à un camarade mort au combat) cet ancien ouvrier métallurgiste, né en 1908 à Morlaix et membre du PCF dès l’âge de 17 ans, s’est engagé dans les Brigades internationales en Espagne en 1937.

Résistant de la première heure, devenu en juin 1944 chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) d’Ile-de-France, il joue un rôle déterminant dans la libération de la capitale, qu’il coordonne depuis son poste de commandement souterrain, place Denfert-Rochereau. C’est lui qui, le 18 août, décrète la mobilisation générale. L’appel de Rol-Tanguy, qui donne le signal d’une semaine de combats de rues avant l’arrivée des chars de Leclerc, contredit les consignes en haut lieu de freiner l’impatience des Parisiens et de laisser faire les Alliés. L’histoire lui donnera raison.

2. Jacques Chaban-Delmas :

« un général galopant »

Né à Paris en 1915, celui qui ne s’appelle pas encore Chaban - un nom de guerre emprunté à un village de Dordogne - s’est engagé dans la Résistance dès décembre 1940. En juin 1944, il est chargé d’assurer la liaison entre l’état-major du général Koenig à Londres et la Résistance française. Cette responsabilité lui vaut, à 29 ans, le grade de général de brigade. « J’étais un général galopant qui sillonnait la ville au pas de course », écrira-t-il.

Rentré de Londres porteur de consignes précises, Chaban tente de convaincre Rol-Tanguy de la nécessité d’une « trêve » jusqu’à l’arrivée des Alliés, afin d’éviter une hécatombe et de limiter la destruction de la ville. En vain. Chaban reconnaîtra volontiers, par la suite, que les consignes de Koenig ne correspondaient pas à une vue réaliste de la situation.

Le 25 août, c’est la première rencontre avec le général de Gaulle qui, étonné de voir un « gamin » devenu général, s’attendrit et lui dit : « C’est bien, Chaban ».

3. Leclerc, le libérateur de Paris

Parti le 6 août de Normandie à la tête de la 2e Division blindée, le général Leclerc, de son vrai nom Philippe François Marie de Hauteclocque, ne reçoit que le 22 l’autorisation du haut-commandement allié de marcher sur Paris. Le 24, l’avant-garde de la 2e DB fait sauter les verrous qui bloquaient l’accès à la capitale. Le lendemain, Leclerc, âgé de 41 ans et déjà héros d’une fulgurante chevauchée en Afrique, est accueilli en libérateur par les Parisiens. À 9 h 43, « il est passé porte d’Orléans, debout dans une Jeep, sa célèbre canne à la main, acclamé par la foule », écrit ce jour-là l’AFP. « C’est lui qui prend la conduite des opérations dans Paris, c’est sous ses ordres que les FFI continuent à se battre. »

4. Von Choltitz :

Paris ne sera pas détruit.

Dietrich von Choltitz, né en 1894 en Haute-Silésie (sud de la Pologne) dans une famille d’officiers, a tenu entre ses mains le destin de Paris, du 7 au 25 août 1944, en tant que commandant de la garnison allemande du « Gross Paris ». Neuf fois, Hitler lui a donné l’ordre de détruire la Ville lumière.

Pourquoi l’homme qui a démoli Rotterdam et écrasé d’obus Sébastopol a-t-il refusé d’obéir ? « Je me trouvais en face d’un fou », dira-t-il à propos du Fürher. Le 25 août, le général von Choltitz passe pour la dernière fois la porte de l’hôtel Meurice, son quartier général. Leclerc et Rol-Tanguy vont recevoir sa reddition. Paris est libéré.

5. De Gaulle : le retour tant attendu

Le 25 août au matin, après quatre ans d’exil, de Gaulle entre à Paris par la porte d’Orléans à bord d’une Hotchkiss noire, « étreint par l’émotion et rempli de sérénité », dira-t-il. Il gagne la gare Montparnasse où Leclerc a fait signer à von Choltitz les ordres de cessez-le-feu suivant la reddition. À l’Hôtel de ville, il adresse à la foule un « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! Libéré par lui-même » resté célèbre. Le lendemain, de Gaulle, alors âgé de 53 ans, descend les Champs-Élysées sous les acclamations, accompagné du général Leclerc. « Un sacre », écrira son biographe.

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24 août 2019

A Paris, l’abri secret des FFI devient un saisissant Musée de la Libération

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Par Denis Cosnard

Le 25 août sera inauguré le nouveau site, à l’endroit où Rol-Tanguy a coordonné l’insurrection de la capitale durant une semaine de l’été 1944.

C’est tout à la fin du parcours que l’émotion saisit vraiment le visiteur. Après avoir zigzagué dans le musée, il faut pousser la lourde porte blindée, se courber pour entrer dans le sas, puis descendre un escalier mal éclairé. Un boyau gris de plus de 100 marches. Des tuyaux sales sont accrochés aux murs en béton brut. Tout en bas, à 26 mètres sous terre, encore une vieille porte rouillée à franchir, et l’on se retrouve dans une sorte de bunker. Un dédale de galeries où la température ne dépasse jamais 16 degrés. Aucun meuble, sinon un central téléphonique en ruine et un « cyclo-pédaleur », un de ces vélos qui produisaient de l’électricité, par exemple pour faire fonctionner la ventilation. Dans le couloir, une indication inscrite à la va-vite en 1944 a été conservée : « PC Rol », au-dessus d’une flèche.

Bienvenue dans l’ancien poste de commandement de Rol-Tanguy, place Denfert-Rochereau (14e arrondissement), l’abri secret d’où a été coordonnée l’insurrection de Paris en août 1944. Ce lieu chargé d’histoire était jusqu’à présent demeuré invisible. Le grand public va enfin pouvoir y accéder. Soixante-quinze ans jour pour jour après la fin de l’occupation de la capitale, c’est ici que sera inauguré, le 25 août, le nouveau Musée de la Libération de Paris. Avec ses salles d’exposition au rez-de-chaussée, et son trésor : ce PC militaire en sous-sol, que les curieux pourront découvrir par groupes de 18 personnes au maximum, et sur inscription.

Le Musée de la Libération de Paris existait déjà à Montparnasse depuis 1994. Il rassemblait d’intéressantes pièces sur le général Philippe Leclerc de Hauteclocque et sur Jean Moulin. Mais son emplacement, sur la dalle au-dessus de la gare, le rendait difficile à trouver. Le public n’était pas au rendez-vous. A peine 10 000 à 14 000 visiteurs par an, surtout des groupes scolaires. « C’était insuffisant par rapport aux ambitions de la Ville », reconnaît la directrice, Sylvie Zaidman.

Des faux papiers de Jean Moulin

Décision a donc été prise, en 2015, de transférer le musée dans un site plus approprié et de revoir toute la muséographie. Vingt millions d’euros de travaux plus tard, le résultat est spectaculaire. Les salles de plain-pied, pédagogiques, permettent toujours de parcourir l’histoire de Paris durant la seconde guerre mondiale en suivant les pas du « chef de guerre » Leclerc et de Jean Moulin, l’unificateur de la Résistance. Deux hommes qui, sans s’être croisés, ont joué l’un et l’autre un rôle-clé dans la lutte contre l’occupant allemand.

Sur place, on peut voir la vareuse et le burnous de Leclerc, datant de ses années au Maroc, des faux papiers de Jean Moulin, ou encore des tableaux provenant de la galerie niçoise qui lui servait de couverture. « Nous aimerions attirer ici plus de 50 000 personnes par an, des Parisiens, des touristes, des jeunes, indique Sylvie Zaidman. Des gens se sont battus, ont tout sacrifié pour défendre la liberté : cela peut intéresser tout le monde, non ? » Mais c’est bien un troisième homme, Henri Rol-Tanguy, qui donne à la nouvelle version du musée son intérêt particulier. Cent marches à descendre, et l’on se retrouve directement au cœur du quartier général clandestin des Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Deux bâtiments jumeaux se font face place Denfert-Rochereau, deux pavillons construits en 1787 par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux dans un style néoclassique. Il s’agit de vestiges du mur des fermiers généraux qui encerclait Paris. Ensemble, ils formaient la barrière d’Enfer. Ceux qui voulaient entrer dans la ville par cette porte devaient payer une taxe, l’octroi. En 1938, à l’approche de la guerre, les autorités décident de creuser sous l’un des pavillons un abri de « défense passive ». Il doit permettre aux responsables des services techniques de la ville (eau, voirie, éclairage, etc.) de poursuivre leur mission en cas de bombardement ou d’attaque au gaz toxique. Il y a de la place pour 130 personnes.

Un PC confidentiel

En pratique, cependant, l’abri n’est pas utilisé. Du moins jusqu’au 20 août 1944. Ce dimanche-là, Henri Tanguy, ouvrier communiste de 36 ans, devenu commandant des FFI de la région parisienne sous le pseudonyme de « Rol », investit les lieux. La veille, les dirigeants de la Résistance ont donné l’ordre à tous les hommes âgés de 18 à 55 ans de se mobiliser, et des policiers se sont emparés de la Préfecture de police. La victoire semble à portée de main. Les Alliés, débarqués en Normandie en juin, progressent vers Paris, des milliers de fonctionnaires se sont mis en grève, les Allemands sont sur la défensive. L’heure de l’insurrection a sonné.

D’où organiser cette ultime bataille ? « Nous sentions bien que nous étions en train de sortir de la clandestinité, racontera plus tard Rol-Tanguy. Mais l’ennemi était dans Paris, il avait déjà tenté de riposter à l’occupation de la Préfecture de police, le danger était permanent. » C’est pourquoi, après s’être installés vingt-quatre heures dans un immeuble de la rue Schœlcher (14e), le colonel et son équipe déménagent, le 20 août, « pour un lieu plus sûr », à deux pas de là : l’abri de Denfert-Rochereau. Il est vaste, protégé, bien aménagé, accessible depuis l’ancien octroi mais aussi de l’extérieur, directement sur la place ou par le terminus de la ligne de Sceaux du métro (l’actuelle station de RER). De quoi autoriser des allées et venues discrètes.

Pourtant, les Allemands connaissent son existence. Tous les matins, la Kommandantur appelle d’ailleurs pour vérifier que l’endroit est tranquille. « RAS », pour « rien à signaler », répond laconiquement l’ingénieur Tavès, un résistant qui joue les gardiens. Il y aurait pourtant beaucoup à signaler. Rol sort souvent avec ses gardes du corps, notamment pour se rendre à la Préfecture de police ou à l’Hôtel de Ville. Puis il revient, et retrouve notamment sa femme, Cécile, qui est aussi sa secrétaire. Tout le monde dort sur place. Des officiers, des agents de liaison, et même quelques journalistes pénètrent dans ce PC confidentiel, en glissant un mot de passe chaque jour différent.

« Paris libéré ! »

Le téléphone joue un rôle décisif. L’abri dispose d’un central particulier, dont il reste aujourd’hui l’armoire en métal. Une cinquantaine de communications ont lieu chaque jour. Une masse de renseignements affluent ainsi vers l’état-major : comptes rendus d’actions effectuées ou en cours, construction de barricades, situation de l’ennemi… « Nous avons suivi très précisément les mouvements des blindés allemands, ce qui nous permettait d’alerter les unités FFI et d’envoyer des corps francs les harceler, voire les mettre hors de combat », rapportera Rol-Tanguy.

A partir du 22 août, il suit également heure par heure la progression de la deuxième division blindée, la fameuse 2e DB du général Leclerc, forte de 15 000 hommes et de 200 chars. C’est elle qui, les 24 et 25 août, entre la première dans Paris, porte d’Orléans, et passe justement à Denfert-Rochereau.

Le 25, Rol-Tanguy et Leclerc se retrouvent pour la reddition du général Dietrich von Choltitz, dernier commandant militaire allemand de Paris, qui n’a pas détruit la capitale malgré l’ordre donné par Hitler. La capitulation est paraphée par Leclerc à la Préfecture de police et cosignée par Rol à la gare Montparnasse. Les deux hommes se dirigent ensuite vers l’Hôtel de Ville. Le général de Gaulle y prononce un discours à la population resté fameux : « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! »

Trois jours plus tard, Rol-Tanguy et les FFI abandonnent définitivement leur bunker de Denfert-Rochereau. Fini les heures passées sous terre, juste à côté des squelettes et des crânes amassés aux catacombes. La bataille de Paris a laissé des milliers de morts et de blessés. Mais soudain, le soleil paraît radieux.

Musée de la Libération de Paris, Musée du Général-Leclerc, Musée Jean-Moulin, 4 avenue du Colonel-Henri-Rol-Tanguy, Paris 14e. Ouverture au public à partir du 27 août, du mardi au dimanche, de 10 heures à 18 heures.

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23 août 2019

Occupation de Paris - rue de Rivoli

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22 août 2019

Libération de Paris : un défilé de la Liberté ce 25 août 2019

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Libération de Paris : un défilé de la Liberté

Pour les 75 ans de la Libération de Paris, participez à un Défilé de la Liberté, dimanche 25 août 2019. Aux côtés de véhicules militaires et civils d'époques, entrez dans les pas de la 2e DB du général Leclerc entré dans Paris le 25 août 1944 !

Partons d'un constat : la Libération de Paris est un événement historique que beaucoup d'entre nous ont seulement vu en vidéo ou en photo. Oui, le temps passe, et 75 ans se sont déjà écoulées depuis que Paris a été libéré, et pour se remémorer ce moment, la Mairie de Paris organise un défilé de véhicules d’époque, de la place du 25 août 1944, à l'endroit même où Leclerc et ses hommes sont entrés dans Paris le 25 août 1944.

Le défilé passera par l’Avenue du Général Leclerc, avant d'arriver Place Victor et Helène Basch où des images d’archives seront projetées. L’arrivée est prévue à 16h00 à Denfert-Rochereau où le jazz band qui vous aura accompagné en musique pendant le défilé assurera une dernière animation musicale.

Vous êtes invités, si vous le souhaitez, à venir habillés selon la mode vestimentaire de l’époque pour participer au défilé. De même, les habitants et commerçants des quartiers concernés sont invités, s'ils le souhaitent, à pavoiser leurs balcons et terrasses aux couleurs tricolores, comme ce fût le cas à la Libération.

De nombreux autres événements sont prévus ce jour de commémoration, comme le déploiement du drapeau tricolore sur la Tour Eiffel par les Pompiers de Paris le 25 août 1944 et, plus festif, la diffusion du film La Traversée de Paris avec Jean Gabin, Bourvil et Louis de Funès dans les salons de l'Hôtel de Ville.

Et quelques jours plus tard, dès le 27 août 2019, les amateurs d'histoire contemporaine ont rendez-vous au tout nouveau musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc.

17 août 2019

Peter Fonda, star du film « Easy Rider », est mort

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L’acteur, devenu icône de la contre-culture avec ce road-movie à moto dans les grands espaces du sud-ouest américain, s’est éteint des suites d’un cancer. Il avait 79 ans.

Il laisse orpheline toute une génération marquée par un long-métrage entré dans la légende : l’acteur américain Peter Fonda, rendu célèbre par son rôle de motard dans le film Easy Rider (1969), qu’il avait co-écrit, est mort vendredi 16 août au matin à son domicile de Los Angeles (Californie), à l’âge de 79 ans.

Fils de la star d’Hollywood Henry Fonda, petit frère de Jane Fonda et père de Bridget Fonda, Peter Fonda est mort d’un arrêt respiratoire provoqué par un cancer du poumon, a indiqué son attaché de presse dans un communiqué.

Le texte, signé de sa famille, conclut :

« Tandis que nous pleurons la perte de cet homme doux et gracieux, nous souhaitons aussi célébrer son esprit indomptable et son amour de la vie. En l’honneur de Peter, portez un toast à la liberté s’il vous plaît. »

Jane Fonda, dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse, a exprimé son émotion :

« Je suis très triste. C’était mon gentil petit frère adoré. Le bavard de la famille. J’ai passé des moments merveilleux seule avec lui ces derniers jours. Il est parti en riant. »

Icône de la contre-culture américaine

Easy Rider, écrit par Peter Fonda, Dennis Hopper, et Terry Southern, interprété par les deux premiers et réalisé par Hopper, est l’un des films étendards de la contre-culture américaine des années 1960. Il évoque la quête de liberté à travers une odyssée à moto dans les grands espaces du sud-ouest américain.

L’image de Peter Fonda les jambes étendues sur son chopper Harley-Davidson peint aux couleurs du drapeau américain est emblématique du cinéma de cette époque. Un exemplaire de cette moto s’était vendu aux enchères 1,35 million de dollars en 2014.

« Légendaire »

La disparition de l’acteur risque de laisser un grand vide. « Icône #PeterFonda », a simplement tweeté l’acteur Joseph Gordon-Levitt, accompagnant son message d’une photo, en noir et blanc, de Peter Fonda, veste en cuir sur les épaules et immense drapeau américain dans le dos. « Repose en Paix », a tweeté la réalisatrice américaine Ava DuVernay avec une photo datant de 2012 où elle fait un selfie avec celui qu’elle qualifie de « légendaire ».

Pour célébrer le 50e anniversaire de la sortie du film (le 14 juillet 1969), Peter Fonda avait organisé une projection à New York le 20 septembre prochain, avec des musiciens pour interpréter la célèbre bande-son rock du film, dont l’inoubliable Born to Be Wild du groupe Steppenwolf.

En 1998, l’acteur avait concouru aux Oscars pour son rôle dans le film L’Or de la vie de Victor Nuñez, qui lui a valu un Golden Globe. Plus récemment, Peter Fonda avait joué Méphistophélès dans Ghost Rider (2007). Son dernier film, The Last Full Measure, avec Samuel L. Jackson, Morgan Freeman et Laurence Fishburne, doit sortir fin octobre aux Etats-Unis.

Militant écologiste de la première heure, l’acteur avait fait sensation au festival de Cannes en 2011 lorsqu’il avait qualifié le président américain de l’époque, Barack Obama, de « putain de traître » en lui reprochant sa gestion d’une marée noire dans le Golfe du Mexique provoquée par le naufrage de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon.

fonda22

15 août 2019

Lewis Furey et Carole Laure

carole

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