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Jours tranquilles à Paris
10 juin 2020

Oradour-sur-Glane Georges : Le dernier meurtrier SS vivant, parle

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9 juin 2020

Emmanuel Macron compte célébrer à Londres l’appel du 18 juin

Prendre de la hauteur au-dessus des partis et des intérêts particuliers pour « réinventer » le modèle français, attaqué par la crise du coronavirus. Telle est la mise en scène gaullienne que veut mettre en place Emmanuel Macron, quelques jours avant de s’exprimer sur la nouvelle orientation politique qu’il veut donner à la suite de son quinquennat. Son intervention est attendue après le second tour des élections municipales, le 28 juin, et avant les cérémonies du 14-Juillet.

Selon nos informations, le président de la République compte bien saisir l’opportunité du 80e anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 pour se rendre à Londres sur les pas du général de Gaulle.

« Le projet est bien en option pour le 18 juin, confirme un conseiller à l’Élysée. Le déplacement est en discussion avec Downing Street (les équipes du Premier ministre Boris Johnson). On essaie de déterminer quel pourrait être le meilleur format. Étant donné le contexte sanitaire de l’épidémie de Covid-19 au Royaume-Uni, la question est de savoir si la cérémonie peut se tenir en public ou uniquement dans les locaux de l’ambassade de France. »

Sur les pas du Général

Car le gouvernement britannique a renforcé dernièrement les mesures sanitaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19 : à partir de cette semaine, tous les visiteurs arrivant de l’étranger sont astreints à une quarantaine de 14 jours (lire page 11). « Le déplacement, s’il est confirmé, s’effectuera de toute façon dans une délégation extrêmement réduite », précise-t-on à l’Élysée. il serait l’occasion de concrétiser le projet, déjà évoqué, d’une remise de la Légion d'honneur à la ville de Londres. Une rencontre avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, lui aussi fortement critiqué dans son pays sur sa gestion de la crise du Covid-19, est aussi à l’étude.

Le 17 mai dernier, déjà...

Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron se réfère à son illustre prédécesseur au palais de l’Élysée. Il avait déjà rendu hommage à Charles de Gaulle, le 17 mai dernier, en se rendant dans l’Aisne pour une cérémonie de commémoration des 80 ans de la bataille de Montcornet dans laquelle s’illustra le colonel de Gaulle, par une contre-offensive de sa quatrième division blindée. Il y avait salué « l’esprit français qui jamais ne se résout à la défaite. De Gaulle nous dit que la France est forte quand elle sait son destin, quand elle se tient unie. Colonel, général, chef de la France libre, président de la République, Charles de Gaulle incarne l’esprit français ».

Cette « année de Gaulle » se conclura, le 9 novembre, par le 50e anniversaire de la mort du fondateur de la Ve République.

6 juin 2020

L’endroit où le Débarquement a failli échouer

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Le 6 juin 1944, les soldats américains s’approchent du secteur Easy Red d’Omaha, à bord d’une péniche de débarquement.

C’est une jolie plage, longue, très longue. Huit kilomètres entre Vierville- sur-Mer, à l’ouest, et Sainte-Honorine-des-Pertes à l’est, dans le Calvados. Son surnom résume tout : Bloody Omaha. Omaha la sanglante !

Le réalisateur américain Samuel Fuller a débarqué à Omaha le 6 juin au matin. Il faisait partie de la fameuse Big Red One, la 1re Division d’Infanterie américaine. Revenu sur la plage normande pour le 50e anniversaire du Débarquement. Il se souvenait pour Paris Match :

« Le jour commence à se lever, on aperçoit dans la brume une idée de la côte. On quitte le bateau pour descendre dans les péniches de débarquement qui foncent vers la plage. J’étais dans le 16e régiment, 3e bataillon, compagnie K. Notre zone est Easy Red. La mer est agitée, des soldats dégueulent.

« Nous sommes dans la troisième vague d’assaut. Plus on se rapproche de la terre, moins on y voit – fumée, brouillard, explosions, tirs des 155 des batteries côtières. L’enfer. Mais ce n’est que le début.

« À 6 h 30, on atteint la terre. La mer est rouge de sang, elle charrie des morceaux de cadavres disloqués. Avec mon sergent, on réussit à atteindre une bande de sable et on ne trouve aucun trou de bombe pour s’abriter. On n’a rien pour se protéger, sinon le corps des soldats morts… »

L’état-major allié avait prévu que l’opération durerait 25 minutes. Fuller et ses camarades sont restés trois heures. En fait, tout a raté dans cette affaire. Les défenses allemandes sont intactes. Les troupes allemandes ne sont pas les anciens de la 716e division mais des soldats d’élite de la 352e, venus se mettre au vert en Normandie après une campagne en Russie. Le temps est mauvais, avec des vents forts et une mer formée. Les chars censés être amphibies coulent les uns après les autres.

90 % des soldats de la première vague ont été mis hors de combat, tués ou blessés. Le salut est venu de l’équipe de rangers, après de nombreuses tentatives infructueuses de placer des tuyaux bourrés d’explosifs baptisés « bengalores ».

Il est 9 h 30. Les GI’s vont pouvoir enfin se déployer et nettoyer blockhaus et bunkers. Il était temps, l’état-major d’Overlord est passé près d’une grande catastrophe. Le Débarquement a failli échouer sur la plage d’Omaha !

Pour Samuel Fuller, la guerre a continué malgré une blessure en 1944. Il l’a terminée en mai 1945 avec la libération du camp de concentration de Falkenau, en Tchécoslovaquie. Il a raconté sa guerre dans un film auto- biographique Au-delà de la gloire (1980) avec des séquences consacrées à Bloody Omaha. « Je n’ai pas pu filmer ce qui s’est réellement passé sur la plage car il n’est pas possible de filmer cette horreur-là. »

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6 juin 2020

Pointe du Hoc

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4 juin 2020

"Je sens que tu n’es pas loin... Tu n’es pas mort : tu dors enfin..." - Nicolas Bedos

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A Paris, l’adieu émouvant à Guy Bedos

Article de Sandrine Blanchard 

La preuve que l’humour est un signe d’intelligence, c’est qu’il énerve les cons. Et Dieu que tu en as énervé, des cons ! », sourit, les larmes aux yeux, Michel Boujenah. Jeudi 4 juin, dans l’église Saint-Germain-des-Prés, à Paris, le comédien et humoriste rend un dernier hommage à son ami et confrère Guy Bedos, mort le 28 mai, à l’âge de 85 ans.

Dehors, des centaines d’admirateurs et de curieux écoutent la cérémonie retransmise par haut-parleurs après avoir applaudi l’arrivée du cercueil. Au diable la distanciation sociale : massée derrière des barrières, la foule n’a pas la tête à se protéger d’un coronavirus qui semble déjà loin. « J’aimais son humour, son franc-parler, son impertinence, il me paraît irremplaçable », témoigne un fan des revues de presse qui firent le succès de Guy Bedos.

A l’intérieur de l’église, musique de films et chansons (Ma plus belle histoire d’amour, de Barbara, interprétée par l’actrice Doria Tillier, For me, formidable, de Charles Aznavour) ponctuent les souvenirs et témoignages de la famille et des amis. « Tu étais comme un frère, toujours disponible pour me conseiller, m’écouter. Je te promets de continuer à faire rire. Ta gentillesse et ton si beau regard vont nous manquer, merci et bravo », salue Muriel Robin, en pleurs.

Tout le monde se lève et un tonnerre d’applaudissements retentit. Dans l’assemblée se croisent des générations de comédiennes et comédiens (Jean-Paul Belmondo, Pierre Richard, François Berléand, Jean Dujardin, Fanny Ardant, Catherine Frot, Virginie Efira, Benoît Magimel, Alex Lutz), des humoristes (Elie Semoun, Smaïn), des personnalités des médias (Michel Drucker, Anne Sinclair), des écrivains (David Foenkinos, Frédéric Beigbeder), le metteur en scène Jean-Michel Ribes. Du côté politique, les anciens ministres Arnaud Montebourg et Jack Lang ainsi que le ministre de la culture, Franck Riester.

Soudain, la voix de Guy Bedos résonne. « Je ne veux pas qu’on m’enterre ni qu’on m’incinère. Je demande solennellement qu’on respecte mon intégrité physique, je veux qu’on m’embaume », gueulait-il dans l’un de ses sketchs. Un peu plus tard, son fils Nicolas se met au piano pour accompagner ce magnifique texte que son père aimait tant : « La vie est une comédie italienne, tu ris, tu pleures, tu meurs, en piste les artistes, c’est notre rôle d’être drôles. »

 « On va te faire des violons »

La cérémonie est à son image, gaie et tendre. « On va te faire des violons, du mélodrame a cappella : faut pas mégoter son chagrin à la sortie d’un comédien. Faut se lâcher sur les bravos », avait prévenu Nicolas Bedos dans une lettre lue lundi 1er juin par Augustin Trapenard sur France Inter. « Mon père n’était pas très pote avec la religion mais était très ému par les églises », écrivait-il aussi sur son compte Twitter avant les obsèques. « Il n’était peut-être pas très pote avec la religion mais je vous assure d’une chose, Dieu l’avait pour pote », a répondu le curé de Saint-Germain-des-Prés, le père Antoine de Folleville, ajoutant que Guy Bedos « aimait beaucoup ce quartier ».

Pour accompagner la sortie du cercueil, proches et amis entonnent Ce n’est qu’un au revoir tandis qu’à l’extérieur, la foule des anonymes pousse des youyous en hommage à Bedos l’Algérien et applaudit une ultime fois l’artiste. Un homme brandit une pancarte sur laquelle est écrit « L’humour est un humanisme » et des photos rappelant l’engagement du comédien en faveur des sans-abri et de l’association Droit au logement. Nicolas Bedos salue et remercie les admirateurs de son père. Les funérailles auront lieu en Corse dans « l’intimité » et Guy Bedos sera enterré à Lumio (Haute-Corse)

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29 mai 2020

Nécrologie - L’humoriste et comédien Guy Bedos est mort

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Par Sandrine Blanchard - Le Monde

Comique, polémiste, le comédien qui a reçu le Molière du meilleur « one-man-show » en 1990 est mort à l’âge de 85 ans.

Il sera, selon son souhait, enterré dans le cimetière de Lumio en Corse, cette île qu’il aimait tant. Il la surnommait « mon Algérie de rechange » à cause « des odeurs de maquis » qui lui rappelaient son enfance. Guy Bedos est mort jeudi 28 mai à l’âge de 85 ans, a annoncé son fils, Nicolas. Le comédien, humoriste et auteur se définissait comme « un pur résilient ». Tout son parcours d’artiste engagé, d’anar de gauche, de pamphlétaire énervé, d’éternel révolté, puise ses racines dans son enfance algéroise entre un beau-père raciste et antisémite et une mère pétainiste : « Le premier gouvernement que j’ai eu à subir, c’est ma mère et mon beau-père. Ma constance dans la rébellion vient de là .»

Le 23 décembre 2013 à l’Olympia, Guy Bedos avait mis un terme à près de quarante ans de carrière seul sur la scène qui avait fait sa renommée. Devant une salle comble, il livrait sa  « der des der », du nom de son spectacle, avouant : « Je vais avoir un mal fou à vous quitter ; il n’y a que sur scène que je suis bien. » A près de 80 ans, il n’avait rien perdu de son franc-parler qui lui avait valu autant d’amis que d’ennemis. Il l’assumait complètement : « Comment ça, je manque de nuance ? Absolument, je manque de nuance. Il y a une phrase de ce vieux réac de Sacha Guitry que je m’approprie bien volontiers : “Depuis que j’ai compris quels étaient les gens que j’exaspérais, j’avoue que j’ai tout fait pour les exaspérer”. »

Fidèle à ce qui avait fait sa marque de fabrique, Guy Bedos ressortait, pour sa dernière représentation ses fiches en bristol pour une ultime revue de presse. Gambadant sur scène, il réglait ses comptes avec « les fachos », confiait sa peur de la montée du Front national, rendait hommage à Nelson Mandela, saluait le « courage » de son « amie » Christiane Taubira. Il se demandait ce que Manuel Valls faisait à gauche, et avouait, taquin, à propos de François Hollande : « Je n’arrive pas à me concentrer sur lui. » Mais, ajoutait-il : « Je n’en suis pas à regretter mon vote car, comme le disait Françoise Giroud : “En politique, il faut choisir entre deux inconvénients”. » C’était l’une de ses phrases fétiches.

Le « vieux clown à succès »

Un mouchoir blanc à la main, Guy Bedos disait au revoir à son public fidèle en rappelant, comme à son habitude, que « la vie est une comédie italienne : tu ris, tu pleures, tu vis, tu meurs (…) En piste les artistes, c’est notre rôle d’être drôles ». Le « vieux clown à succès » eut droit à une standing ovation. Un peu plus tard dans les loges, plusieurs générations d’artistes venaient le saluer, parmi lesquels Jean Dujardin, Jean-Pierre Marielle, Charles Aznavour, Matthieu Chedid, Claude Rich, Jacques Higelin, Michel Boujenah.

Il en avait fini avec le one-man-show et la satire politique, mais pas avec les planches. Quelques mois plus tard, on le retrouvait sur la scène du Théâtre Hébertot à Paris, dans Moins 2, de Samuel Benchetrit. En pyjama, sur un lit d’hôpital, il partait, aux côtés de Philippe Magnan, dans une dernière évasion sentimentale pour se rire de la mort avant que le cancer les emporte.

Car, si le seul en scène a été la grande histoire de sa vie d’artiste et lui a permis de faire partie, des décennies durant, des plus grands humoristes français (aux côtés de Pierre Desproges et de Coluche), il est apparu plus d’une fois, et avec talent, au théâtre (notamment en 1993 dans La Résistible ascension d’Arturo Ui, mis en scène par Jérôme Savary), ainsi qu’au cinéma (il avait adoré jouer, en 2012, un vieux militant gueulard dans Et si on vivait tous ensemble, de Stéphane Robelin).

ENTRE DEUX SPECTACLES EN SOLO, GUY BEDOS S’ÉCHAPPAIT RÉGULIÈREMENT SUR DES TOURNAGES

Devenir comédien a toujours été son rêve d’adolescent malmené qui aspirait à se « réfugier dans la fiction pour supporter l’insupportable du réel ». Alors, entre deux spectacles en solo, Guy Bedos s’échappait régulièrement sur les planches (notamment dans deux pièces écrites par son fils Nicolas) ou sur des tournages. Son personnage de Simon, médecin étouffé par sa mère juive pied-noir très possessive, dans Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, d’Yves Robert, lui vaut une belle reconnaissance.

Mais ce n’est pas le grand écran qui lui apportera une notoriété. « Je n’ai pas la moindre amertume envers un cinéma qui m’aurait négligé, seulement un regret et aussi de la lucidité », avouait-il.

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La violence familiale

Guy Bedos est né le 15 juin 1934, à Alger. De ses seize premières années en Algérie, qu’il quittera en 1949, il garde un souvenir douloureux de misère affective. Il a 5 ans quand ses parents se séparent : « Un jour je n’ai plus vu mon père, c’est un autre homme qui dormait avec ma mère. » Envoyé pendant deux ans en pension à la campagne, il y vit le « passage préféré » de son enfance grâce à Finouche, la fille de la ferme. Cette institutrice – « ma vraie maman », écrira-t-il dans Mémoire d’outre-mère (Stock) en 2005 – lui apprend à lire, écrire, compter, mais aussi « à penser : liberté, égalité, fraternité, droits de l’homme au-delà des clivages qui divisaient l’Algérie ».

De retour dans sa famille, il retrouve la violence familiale, entre un beau-père qui lui fait comprendre qu’il est de trop et une mère à la main leste qui lui gâche son enfance. Maintes fois, il a envie de fuir cet environnement, et même de mourir. « Je n’ai été guéri de ce cancer mental, de ce penchant suicidaire qu’à la naissance de mes enfants », dit-il dans le très beau documentaire Guy Bedos, un rire de résistance, réalisé par Dominique Gros en 2009.

« J’AI FAIT DU THÉÂTRE SUR ORDONNANCE MÉDICALE »

Après son arrivée en France avec sa mère et ses deux demi-sœurs jumelles, âgées de quelques mois, il décide très vite de quitter la maison familiale inhospitalière de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) pour éviter de « glisser dans une momification d’ennui mortel ». Il rêve de théâtre et s’inscrit à l’école de la rue Blanche. « J’ai fait du théâtre sur ordonnance médicale », aimait-il raconter. « Ma chance fut qu’un médecin attentif ait compris que j’étais en perdition. Profondément dépressif. Il a recommandé à ma mère de me laisser suivre une vocation artistique, sinon cela finirait mal », expliquait-il au Monde, en 2009.

Rue Blanche, il rencontre Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Michel Aumont, met en scène et joue le rôle principal d’Arlequin poli par l’amour, de Marivaux, et « guérit » de ses tourments. C’est le hasard qui va le mener au music-hall. Jacques Chazot lui écrit son premier sketch qu’il joue à la Fontaine des Quatre-Saisons, dirigé par Pierre Prévert, le frère de Jacques. C’est Jacques Prévert, mais aussi Boris Vian et François Billetdoux qui l’encouragent à griffonner dans ses cahiers. Il commence à se produire dans des cabarets, seul ou avec Jean-Pierre Marielle. Dans les années 1960, il se retrouve, en covedette, au côté de Barbara à Bobino, puis en tournée avec Jacques Brel. L’humour devient son domaine de prédilection.

Pendant dix ans, avec la comédienne Sophie Daumier (morte le 1er janvier 2004), Guy Bedos fait rimer humour et amour. Couple à la ville, ce tandem comique – qui s’était rencontré sur le tournage du film Dragées au poivre, de Jacques Baratier – interprète de nombreux sketches écrits notamment par Jean-Loup Dabadie. Certains d’entre eux (le raciste de Vacances à Marrakech, le tombeur lourdingue de La Drague, le miséreux sexuel de Toutes des salopes) rencontrent un très grand succès populaire. En 1974, le duo se sépare, et, en cette année où Giscard « l’aristo » s’installe à l’Elysée, Guy Bedos passe au « je » et se fait polémiste politique dans des spectacles où il glisse des parenthèses sur l’actualité.

« Faire du drôle avec du triste »

Avec lui, la revue de presse parlée devient un exercice de style. Drogué aux infos, il dévore la lecture des journaux. « Je les lis comme un citoyen ordinaire, et ensuite je cherche comment tourner tout cela en dérision. » Ses tropismes sont constants : le pape et plus largement toutes les religions, les présidents, les ministres importants, les faits de société. Homme de pulsions, dès que quelque chose le révolte, il vitupère sur scène, se soulage par le rire de la bêtise humaine. Sa devise : « Faire du drôle avec du triste. »  « Giscard à l’Elysée, ça me contrarie. Fortement. Je le dis et je l’écris », reconnaît-il.

Ce stand-upeur avant l’heure livre ses colères au public et s’en donne à cœur joie, actualisant soir après soir sa revue de presse. Applaudi par la gauche, dénigré par la droite, le pamphlétaire remplit les salles et est interdit dans certaines émissions de télévision et de radio. Aux côtés de Gisèle Halimi (marraine laïque de son fils Nicolas) et de Simone Signoret, il est toujours prompt à pétitionner ou à manifester pour défendre les droits de l’homme, soutenir l’association Droit au logement.

Alors le 10 mai 1981, l’antigiscardien exulte à l’élection de François Mitterrand. Ce soir-là à Bobino, c’est la fête. Mais comme d’autres, Guy Bedos déchante. En 1989, au Théâtre du Gymnase, il profère : « Ça devient difficile d’être de gauche. Surtout, quand on n’est pas de droite. » Poil à gratter du pouvoir, il éreinte la droite, et n’est pas tendre avec la gauche dès qu’elle s’éloigne de ses idéaux et de ses valeurs. Néanmoins, il gardera des liens amicaux avec François Mitterrand, qui ne ratait aucun de ses spectacles. Le président avait beau lui dire : « Vous y allez fort, quand même ! », il conviait régulièrement le trublion à déjeuner ou à dîner à l’Elysée et l’invita même une fois, en août 1993, à Latche, dans les Landes, où l’ancien président possédait une maison.

Haut-parleur politico-satirique

Dans sa carrière de haut-parleur politico-satirique, certaines de ses invectives lui vaudront parfois procès. Que ce soit Marine Le Pen ou Nadine Morano, toutes deux ont perdu face à cet humoriste engagé qui revendiquait haut et fort un « rire de résistance ». L’antiracisme fut l’engagement majeur de sa vie. Dans son enfance algérienne, il avait entendu sa mère catholique dire : « Les juifs et les Arabes, qu’ils s’entretuent, ça fera toujours ça de moins. » Cette phrase l’a marqué à jamais. « Ma Torah, mon Coran, ma Bible à moi, c’est la Déclaration universelle des droits de l’homme », écrivait ce converti à l’athéisme dans Je me souviendrai de tout (Fayard, 2015). « Ma carrière d’humoriste est un succès, ma vie de citoyen utopiste, un échec », constatait-il face à la montée de l’extrême droite.

Tel un éternel ado, râleur et curieux, il n’hésitait pas à dire : « On m’a trop fait chier dans ma jeunesse pour que je me laisse emmerder dans ma vieillesse. » Il a inspiré plusieurs humoristes, au premier rang desquels Christophe Alévêque ou Stéphane Guillon qui font leur miel de l’actualité politique. Lui aimait Pierre Desproges, Fellag et Muriel Robin, avec qui il interpréta un duo en 1992.

Guy Bedos était un « mélancomique » qui ne cachait pas ses larmes. Sans fard, il disait à quel point il ne s’habituerait jamais à la disparition de ceux qu’il aimait (Sophie Daumier, Pierre Desproges, Simone Signoret, James Baldwin…). Il est parti les rejoindre. Adhérent à l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, il avait prévenu qu’on ne lui retirerait pas cette ultime liberté : « En cas d’urgence, je choisirai le suicide assisté. Avec ou sans la permission du président de la République. »

29 mai 2020

Guy Bedos

"Je vis une sorte de Vaudeville entre la vie et la mort depuis l'âge de 12 ans". Depuis ses adieux au one-man-show fin 2013 sur la scène de l'Olympia, Guy Bedos, décédé ce jeudi 28 mai, se confiait régulièrement sur son rapport décomplexé à la mort et sa façon d'envisager sa disparition.

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Mort de Guy Bedos, “le roi de la scène”. Ainsi Le Soir décrit-il l’humoriste, décédé jeudi 28 mai à 85 ans. “Un artiste engagé, qui pratiquait le rire de résistance. Inconsolable et gai, il était l’héritier de la commedia dell’arte et du stand-up américain. Il rejoint Desproges et Devos au firmament des artistes du rire”, poursuit le quotidien belge, rappelant que cet “homme de gauche” était né à Alger dans une famille d’extrême droite. Ami de très longue date de Jean-Paul Belmondo, il a aussi fait du cinéma, travaillant avec Marcel Carné, Jean Renoir, Claude Berri et bien sûr Yves Robert, dans Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis. Deux films coécrits, rappelle Le Soir, par Jean-Loup Dabadie, disparu dimanche.

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26 mai 2020

Robert Capa

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Il y a 66 ans aujourd’hui , le 26 mai 1954 disparaissait en Indochine une des légendes du photojournalisme, Robert Capa. Il  a couvert les plus grands conflits de son époque et a débarqué dans la première vague à Omaha Beach le 6 juin 1944. Il est aussi l’un des fondateurs de l’agence photographique @magnumphotos. Ici en 1954 en Indochine peu avant sa mort, avec son boitier photo, un Contax II. Photo : Michel Descamps/ Paris Match.

26 mai 2020

Jean-Loup Dabadie, les mots de la vie

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DISPARITION

Il aimait trop les mots – et surtout les bons – pour choisir parmi les plaisirs qu’ils peuvent prodiguer. Parolier prolifique, scénariste, dialoguiste, mais aussi journaliste, écrivain et traducteur (recension non exhaustive), Jean-Loup Dabadie est mort, dimanche 24 mai, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris 13e), à l’âge de 81 ans. Sans occuper le devant de la scène, cet homme éternellement souriant et élégant, à la conversation délicieuse et drolatique (il était encore un imitateur né) sous ses fausses allures de grand bourgeois coincé du 16e, tint une place de premier rang dans la chanson et la comédie grand public nationales. Des arts dits simples et légers, mais qui comptent paradoxalement parmi les plus difficiles qui soient, dans lesquels ce charmeur à l’insouciance intranquille excella sans céder à la vulgarité.

Très sensible à la critique, soucieux de reconnaissance, Dabadie aura tout de même connu son moment de gloire personnelle, le 10 avril 2008, quand il fut élu à l’Académie française, près de vingt ans après avoir essuyé un échec. Son admission marqua une date pour la vénérable institution qui, pour la première fois, admettait un saltimbanque en son sein. L’écrivain et critique Frédéric Vitoux, qui prononça le discours de réception, nota avec à propos que « ce n’est pas un fauteuil qu’il aurait dû occuper, mais quatre ou cinq, ceux de scénariste, de parolier, d’auteur de sketches, de romancier, de dialoguiste… »

Un inventaire des contributions de Dabadie à notre mémoire collective, plutôt celle des baby-boomeurs pour être exact, est de fait fastidieux. C’est sa plume que l’on retrouve derrière quelques-unes des plus grandes chansons de Michel Polnareff (Dans la maison vide, Holidays, Lettre à France) ou de Julien Clerc (Le Cœur trop grand pour moi, Ma préférence ou ce slow infernal qu’est Femmes, je vous aime). C’est aussi elle qui brille dans un diptyque aussi savoureux que celui que signe Yves Robert en 1976-1977 avec Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, ou dans d’autres fleurons de fantaisie comme La Poudre d’escampette (Philippe de Broca, 1971) ou Le Sauvage (Jean-Paul Rappeneau, 1975).

« Mélancomique »

Sans oublier les films du cinéaste qui l’auront révélé dans le registre de la comédie dramatique, un oxymore taillé pour Dabadie. De 1970 à 1974, le scénariste accompagna Claude Sautet pour Les Choses de la vie, Max et les ferrailleurs, César et Rosalie et Vincent, François, Paul… et les autres, grands classiques de la rediffusion illuminés par Romy Schneider et par Michel Piccoli. Mort douze jours avant son ami, le 12 mai, le grand acteur employait pour qualifier Dabadie le mot-valise de « mélancomique ».

A la chanson et au cinéma, il convient d’ajouter évidemment les sketches pour Guy Bedos (Le Boxeur et son fameux « Monsieur Ramirez », Bonne fête Paulette) et le couple irrésistible que l’humoriste formait avec Sophie Daumier (La Drague, Aimez-vous les uns les autres). Et le théâtre, quand bien même, en dehors des adaptations, les efforts de Dabadie furent limités. C’est pourtant avec un roman qu’il tente d’imposer son nom alors qu’il n’a que 19 ans. Les Yeux secs, un portrait de jeune fille revancharde vis-à-vis des garçons, est publié au Seuil en 1957. L’échec des Dieux du foyer, l’année suivante, amène alors le jeune homme à se tourner vers le journalisme, d’abord avec des critiques de films pour la revue Arts. Pierre Lazareff, le patron de France-Soir, le prend ensuite sous son aile et lui confie une chronique dans l’hebdomadaire Le Nouveau Candide. Dabadie écrit aussi dans la revue Tel Quel en fréquentant les francs-tireurs Philippe Sollers et Jean-Edern Hallier.

Né le 27 septembre 1938 à Paris, il est lui-même le fils d’un homme de mots puisque Marcel Dabadie a écrit des paroles de chansons pour André Claveau, Les Frères Jacques, Luis Mariano, Maurice Chevalier ou Tino Rossi. Mais c’est loin de ce père, alors prisonnier de guerre, que l’enfant grandit dans la région de Grenoble, entouré de sa mère et de ses grands-parents paternels. En 1950, il retourne à Paris pour y décrocher son baccalauréat à l’âge de 14 ans.

De son passage sous les drapeaux demeure un souvenir saillant : la découverte à la télévision des facéties de Guy Bedos et l’envie immédiate de proposer ses services au comique non troupier. Ce sera le début d’une longue complicité qui n’interdit pas les infidélités au profit d’autres humoristes, Sylvie Joly, Jacques Villeret, Muriel Robin ou Pierre Palmade. Actif à la télévision pour les émissions de Jean-Christophe Averty, Dabadie signe sa première pièce en 1967, Une famille écarlate, jouée par Pierre Brasseur et Françoise Rosay au Théâtre de Paris. Sans éviter les facilités. Il attendra près de vingt ans pour la deuxième, D’Artagnan ou les Choses de la vie du quatrième mousquetaire, au Théâtre national de Chaillot en 1988.

A l’aube des années 1970, cinéma et chanson vont dominer ses activités et établir sa réputation. A l’écran, son nom devient indissociable de celui de Claude Sautet à partir des Choses de la vie (1970), son premier scénario, d’après le roman de Paul Guimard. L’accident de voiture et l’existence qui défile en flash-back marquent les esprits, dont celui de Marcel Gotlib qui en propose une désopilante parodie à partir d’une glissade sur une savonnette.

Dabadie apportera sa touche à une vingtaine de films, Claude Pinoteau (La Gifle en 1974, La Septième Cible en 1984) et Yves Robert étant ses deux autres cinéastes de prédilection. Pour les scènes de tennis d’Un éléphant ça trompe énormément, le membre du Racing Club de France prend modèle sur les doubles hebdomadaires qu’il dispute en compagnie du producteur Alain Sarde, de l’écrivain Bertrand Poirot-Delpech, du journaliste Pierre Bouteiller ou du critique de cinéma Gilles Jacob. « ll fallait que je réunisse quatre hommes plutôt immatures. La partie de cartes étant prise, j’ai eu l’idée du tennis : il suffisait de les mettre en culottes courtes pour qu’ils redeviennent des mômes », expliquera-t-il au Monde en 2004.

Nonchalance dandy

Ces succès populaires le rendent familier aux Français, le scénariste trimballant désormais sa nonchalance dandy sur les plateaux de télévision. Alors que celui qui considère que « les acteurs sont les souffleurs des auteurs » reconnaît volontiers être un « besogneux », rongé par l’angoisse. « Je me lance en écrivant mes brouillons avec des feutres de couleurs pâles, rose, bleu ciel, des couleurs pas trop graves », détaillait-il au Monde en 1988. « Quand je réécris une page, je choisis un bleu plus soutenu. Ça commence à se fixer. Là-dessus interviennent les corrections que je fais en rouge, comme à l’école. Après, si je suis un peu rassuré par la scène, le sketch, la chanson, je l’écris au feutre violet, ma couleur préférée. A ce moment-là seulement, je prends mon beau papier blanc, bien lourd, avec en filigrane un soldat romain casqué, et je recopie, très doucement, à l’encre noire… »

Le monde de la chanson lui avait ouvert ses portes par l’entremise de Serge Reggiani, qui lui avait passé une commande pour son tour de chant à Bobino en 1968. En naîtra Le Petit Garçon après que Barbara eut kidnappé la première proposition, Marie Chenevance. Suivront pour Reggiani L’Italien ou Hôtel des voyageurs, et environ 300 chansons pour des interprètes de toute obédience, de Mireille Mathieu à Robert Charlebois. Avec quelques coups d’éclats isolés comme le crépusculaire Maintenant je sais pour Jean Gabin (1974) ou le bouleversant J’comprends pas pour Dutronc (1975), où le piégeur de filles se fait larguer. Le lien entre cinéma et chanson est établi quand Nous irons tous au paradis (1977), d’Yves Robert, reprend On ira tous au paradis, écrit cinq ans plus tôt pour Polnareff.

C’est pour le provocateur à perruque et lunettes noires que Dabadie s’illustre surtout dans la décennie 1970, avant Julien Clerc pour la suivante. « Jean-Loup Dabadie sait trouver le cœur des gens, témoignait ce dernier dans Le Monde en 2009. Sans doute parce qu’il évite l’esbroufe (…). Il observe, saisit les choses du quotidien. » Un des sommets de leur partenariat fut L’Assassin assassiné, plaidoyer contre la peine de mort en 1980, qui pousse Julien Clerc à déchirer ses cordes vocales.

« Qu’on me pardonne/Mais on ne peut certains jours/Ecrire des chansons d’amour/Alors j’ai fermé mon piano/Paroles et musique de personne/Et j’ai pensé à ce salaud/Au sang lavé sur le pavé/Par ses bourreaux. » Ces mots furent sitôt interprétés comme une cinglante réponse à Je suis pour, de Michel Sardou, qui avait déchaîné les passions quatre ans plus tôt en exaltant la vengeance personnelle. Ce qui n’empêcha nullement Dabadie de prêter sa plume à celui qu’il avait contredit pour Chanteur de jazz (1985), sans que cela ne lui réussisse avec ces « nuées de pédales » qui « sortaient de Carnegie Hall ». Rare faute de goût chez un homme qui en avait tant.

25 mai 2020

Souvenir - ma 2CV...

2 cv

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