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Jours tranquilles à Paris
29 mai 2020

Hong Kong : la Chine sous forte pression américaine et internationale

De la prise de position du président américain Donald Trump à une discussion informelle devant le Conseil de sécurité de l'ONU, la pression internationale monte sur Pékin et sa loi sécuritaire controversée imposée à Hong Kong.

La Chine fait face, vendredi 29 mai, à une levée de boucliers internationaux, en raison de sa volonté d'imposer sa loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie mènent la fronde contre le projet, lequel prévoit de punir les activités séparatistes, "terroristes", la subversion, ou encore l'ingérence étrangère dans le territoire autonome chinois.

Ces quatre pays estiment qu'il s'agit d'une manière déguisée de museler l'opposition hongkongaise et de rogner les libertés dans l’ex-colonie britannique. Ce que dément fermement la Chine.

Ce texte de loi intervient après les manifestations monstres à Hong Kong en 2019 contre l'influence de Pékin, marquées par des actes de violence, et qui ont renforcé un courant pro-indépendance jadis marginal.

Une autonomie remise en cause

La Chine a reproché aux Américains d'avoir jeté de l'huile sur le feu en soutenant publiquement les manifestants. Elle a également accusé les protestataires radicaux de mener des activités "terroristes".

En vertu du concept "Un pays, deux systèmes", Hong Kong bénéficie depuis sa rétrocession à la Chine en 1997 d'une large autonomie, de la liberté d'expression et d'une justice indépendante. Le projet de loi sur la sécurité nationale, qui a reçu l'aval jeudi à Pékin du Parlement national, totalement acquis au Parti communiste chinois (PCC), remet-il en cause l'autonomie hongkongaise ? 

Oui, selon les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ont obtenu l'organisation, vendredi d'une discussion informelle au Conseil de sécurité de l'ONU, à huis clos et par visioconférence, ont affirmé à l'AFP des sources diplomatiques.

Les étudiants chinois visés ? 

Dans un communiqué commun, le Canada et l'Australie ont accusé Pékin d'enfreindre ses obligations vis-à-vis de Hong Kong et de ses 7 millions d'habitants. Ils ont exprimé leur "profonde inquiétude" quant à cette loi, qui "limiterait les libertés de la population" et "éroderait (...) de manière dramatique l'autonomie et le système qui l'ont rendu si prospère".

Dans un contexte de fortes tensions Pékin-Washington (Covid-19, Ouïghours, Taïwan...), le président américain Donald Trump a annoncé pour vendredi une conférence de presse où il doit annoncer "ce que nous allons faire vis-à-vis de la Chine". Selon son chef de la diplomatie Mike Pompeo, il pourrait s'en prendre aux étudiants chinois aux États-Unis. 

Le vote du Parlement chinois, jeudi, est intervenu quelques heures après que Washington eut révoqué le statut spécial accordé à Hong Kong, ouvrant la voie à la suppression des privilèges commerciaux américains accordés au territoire autonome.

Mike Pompeo a justifié cette décision par le fait, selon lui, que la Chine ne donne plus au territoire son "haut degré d'autonomie" comme promis dans l'accord sino-britannique signé avant la rétrocession.

'La fin'

La "Loi fondamentale", la mini-Constitution qui préside aux affaires de Hong Kong depuis 1997, oblige les autorités hongkongaises à mettre en place une loi sur la sécurité nationale.

Mais une initiative dans ce sens en 2003 avait provoqué de grandes manifestations et le projet a ensuite été mis sous le tapis. 

Pékin perd désormais patience et s'apprête donc à imposer une législation, s'estimant dans son bon droit en vertu des dispositions de la Loi fondamentale.

Sans surprise, les médias chinois saluaient, vendredi, le feu vert donné à la loi, estimant qu'elle servirait la stabilité et l'autonomie du territoire.

La loi suscite cependant une levée de boucliers à Hong Kong au sein du mouvement d'opposition pro-démocratie.

"C'est la fin de Hong Kong", a déclaré auprès de l'AFP Claudia Mo, députée au Conseil législatif, estimant que Pékin les "dépossède de [leur] âme".

Avec AFP

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29 mai 2020

Synthèse - Hongkong : comprendre les enjeux du vote sur la « sécurité nationale » du Parlement chinois

hong kong manif

Les opposants prodémocratie redoutent que ce vote ne sonne la fin de la liberté d’expression et de manifester dans le territoire semi-autonome.

La reprise en main de Hongkong par la Chine se poursuit. Jeudi 28 mai, Pékin a adopté une disposition visant à imposer à l’ex-colonie britannique une nouvelle loi sur la sécurité, jugée liberticide par les militants prodémocratie. Une mesure adoptée sous les applaudissements, en présence du président chinois, Xi Jinping, par la quasi-totalité des près de 3 000 députés de l’Assemblée nationale populaire. Et un épisode de plus dans la guerre que mène le Parti communiste chinois à ceux qui contestent son autorité au sein de ses frontières, nombreux dans cette région semi-autonome secouée par des manifestations régulières depuis plus d’un an.

Quelle était la situation de Hongkong jusqu’à présent ?

En 1898, le Royaume-Uni et l’empire de Chine signent une convention qui cède Hongkong à la monarchie britannique pour une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans. Pour préparer la rétrocession du territoire à Pékin, prévue en 1997, un nouveau traité est signé en 1984. Celui-ci vise à protéger les acquis en termes de libertés individuelles et d’indépendance de la justice de cette région administrative spéciale, au moins jusqu’en 2047. C’est la naissance du principe « Un pays, deux systèmes ».

Contrairement aux habitants du reste de la Chine, les Hongkongais disposent actuellement d’une presse libre, de la liberté d’expression ainsi que de celle de manifester.

Que risque de changer ce vote ?

Le vote du Parlement chinois, jeudi, vise à imposer à Hongkong la mise en place d’une loi de « sécurité nationale », prévue dès 1997 dans l’article 23 de la loi fondamentale, la Basic Law, qui sert de mini-Constitution au territoire semi-autonome. Un article que le Conseil législatif local n’a jamais appliqué, car une grande partie de la population hongkongaise y voit une menace pour ses droits.

De fait, les Hongkongais ont été nombreux à se rassembler dans la rue pour montrer leur opposition aux tentatives du pouvoir central de reprendre le contrôle du territoire. Que ce soit en 2003, date du dernier essai de mise en œuvre du projet de loi de « sécurité nationale », ou plus récemment. En 2019, au terme de nombreux mois de manifestations, les Hongkongais ont ainsi obtenu l’abandon de la loi facilitant leur extradition vers la Chine continentale.

Jeudi, un mandat a donc été donné au Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP) chinoise pour rédiger un projet de loi qui sera ensuite incorporé dans la mini-Constitution.

Selon le projet soumis à l’ANP, cette loi devra « empêcher, stopper et réprimer toute action qui menace gravement la sécurité nationale, comme le séparatisme, la subversion, la préparation ou la commission d’activités terroristes, ainsi que les activités de forces étrangères qui constituent une ingérence dans les affaires » de Hongkong.

A ce stade, les détails de la mise en œuvre de ce programme ne sont pas connus, mais les opposants démocrates à l’influence de Pékin dans le territoire expliquent que la mesure risque d’ouvrir la voie à une régression sans précédent des libertés, notamment celles de manifester, de critiquer le gouvernement et le Parti communiste chinois ou encore de commémorer le massacre de Tiananmen. « C’est la fin de Hongkong », résume auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Claudia Mo, députée prodémocratie au Conseil législatif hongkongais.

D’autant que la disposition votée jeudi prévoit également d’autoriser des organes de sécurité chinois à ouvrir des antennes à Hongkong. « On changerait complètement de dynamique, explique Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique. Jusqu’à maintenant, ces organes de sécurité étaient très présents, mais de manière occulte, jamais officiellement. » Une manière de prendre directement en main le contrôle des activités des opposants – et de le faire savoir.

Pourquoi ce vote intervient-il maintenant ?

Selon Valérie Niquet, deux facteurs peuvent expliquer le vote empressé de cette mesure jeudi, annoncé seulement trois jours plus tôt.

D’une part, des élections législatives doivent avoir lieu en septembre à Hongkong. Seule la moitié du conseil législatif de la région est élue au suffrage universel, limitant de fait la possibilité d’un renversement de majorité (pro-Pékin à ce stade), mais une victoire des prodémocratie « porterait un réel coup à l’image de puissance que veut donner le Parti communiste au sein de ses frontières », analyse la chercheuse.

D’autre part, le coronavirus, s’il a empêché les manifestants de poursuivre leurs actions dans la rue du fait du confinement, a aussi suscité « une vague de mécontentement et de colère » ailleurs dans le pays, au point que la réaffirmation de la puissance du Parti communiste chinois devienne « sa seule porte de sortie de la crise », « sa stratégie de survie », analyse Valérie Niquet. Difficile pour le pouvoir central de continuer à tenir le pays avec une croissance en berne. Faire de Hongkong un exemple, « c’est aussi réaffirmer sa force ailleurs en Chine », poursuit-elle.

La communauté internationale peut-elle s’opposer à cette reprise en main ?

Les dés seraient-ils déjà jetés ? « Rien n’est encore entré en vigueur, nuance Valérie Niquet. Tout va dépendre de l’existence d’une réaction vive et coordonnée des autres Etats. »

Sans attendre le vote du Parlement chinois jeudi, l’administration de Donald Trump a ouvert la voie à des sanctions économiques contre Hongkong. « Aucune personne sensée ne peut soutenir aujourd’hui que Hongkong conserve un haut degré d’autonomie par rapport à la Chine », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, dès mercredi devant le Congrès.

Concrètement, l’administration Trump peut désormais mettre fin au statut commercial préférentiel accordé à l’ex-colonie britannique. Ces mesures impliquent notamment l’exemption de visas, le régime de change fixe entre les dollars hongkongais et américains, mais aussi des lois favorables aux entreprises, notamment un système fiscal accommodant et une protection juridique qui n’existe pas en Chine. Un traitement de faveur qui a permis à Hongkong de rester la quatrième place financière mondiale, rivalisant avec Londres et New York. A ce stade, les déclarations de Washington restent à l’état de menace.

Le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie ont également réagi, estimant dans un communiqué commun que ce vote « entre en contradiction directe » avec la convention signée en 1984, « légalement contraignante et enregistrée auprès de l’ONU ».

Perdre le statut commercial préférentiel de Hongkong grèverait durablement l’économie chinoise, malgré le poids désormais modeste du territoire à l’échelle de la Chine (0,5 % de sa population et 2,7 % de son PIB). Car sa place financière joue un rôle essentiel comme porte d’entrée et de sortie pour les capitaux du pays, que ce soit pour les grandes entreprises chinoises, cotées à la Bourse de Hongkong, ou pour les familles les plus riches, qui y stockent une partie de leur fortune. En Chine comme ailleurs, l’argent reste le nerf de la guerre.

hong kong manifestations

28 mai 2020

A Hongkong, la démonstration de force de dissuasion de la police

Par Anne-Sophie Labadie — Libération

hong k

Riot police detain a group of people during a protest in the Causeway Bay district of Hong Kong on May 27, 2020, as the city's legislature debates over a law that bans insulting China's national anthem. - Hong Kong police placed a dragnet around the financial hub's legislature on May 27 and fired pepper-ball rounds in the commercial district as they tried to stamp out protests against a bill banning insults to China's national anthem. (Photo by ISAAC LAWRENCE / AFP) ()

Un vaste dispositif antiémeute a poussé les manifestants prodémocratie, qui voulaient perturber mercredi l’examen d’un texte de loi criminalisant l’offense à l’hymne chinois, à réévaluer leur stratégie.

Les protestataires espéraient prendre le Parlement local. Ce devait être un coup de panache pour relancer la contestation antirégime dans la rue. Il s’agissait aussi de perturber l’examen du texte de loi imposé par Pékin et qui criminalisera toute offense à l’hymne national chinois. Des appels à la grève et au boycott des cours avaient été lancés «pour lutter tant qu’il est encore temps». Mais les opposants n’ont pas eu l’ombre d’une chance d’appliquer ce slogan : les abords du conseil législatif (LegCo) ont pris mercredi des airs d’Etat policier.

«Ligne rouge».

L’année dernière, le 12 juin, des manifestants avaient mis en scène un accident sur l’autoroute urbaine longeant le Parlement pour stopper la circulation et permettre à d’autres protestataires d’envahir la chaussée et d’encercler le bâtiment législatif. Ils avaient ainsi empêché l’examen du texte de loi autorisant les extraditions vers la Chine, déclencheur de la révolte populaire inédite dans la région chinoise semi-autonome. Pour éviter un tel fiasco, certains députés de la majorité pro-Pékin n’ont pas hésité à passer la nuit dans le LegCo, afin de s’assurer que le Parlement adapte dans la législation locale le texte introduit fin 2017 par Pékin dans l’annexe III de la mini-Constitution locale. Le gouvernement central avait alors argué que les sifflets lors d’un match de foot contre la Marche des volontaires, l’hymne chinois, «défiaient la ligne rouge du principe "un pays, deux systèmes"». Les autorités locales justifient la nécessité d’adopter un tel texte après la profanation du drapeau chinois et autres actes de vandalisme de l’emblème national par des manifestants en 2019.

Pour les opposants, ce texte est un affront supplémentaire, alors que le Parlement national chinois doit voter jeudi une résolution ouvrant la voie à une loi antitrahison à Hongkong. Le texte doit encore être élaboré par le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, mais Pékin a d’ores et déjà prévenu qu’il sanctionnerait les actes et actions de sécession, de subversion et de terrorisme.

En prévision de manifestations, des milliers de policiers étaient déployés mercredi sur des kilomètres à la ronde autour d’un LegCo barricadé. L’ambiance était tendue dans le quartier des affaires d’Admiralty, qui abrite aussi le siège du gouvernement. Sur les trottoirs, des enfilades d’uniformes kaki, doigt sur la gâchette d’armes estampillées «moins létales», des fouilles, des contrôles d’identité y compris de journalistes. Devant une telle démonstration de force, les manifestants ont réévalué leur stratégie. «Les risques sont trop importants, beaucoup pensent qu’il n’est pas sage d’y aller», témoignait un jeune protestataire sur l’application Telegram.

Les manifestants se sont donc rabattus sur les quartiers de Central et Causeway Bay. Des heures durant, des slogans prodémocratie voire proindépendance ont retenti sporadiquement dans diverses rues de l’île de Hongkong, ponctués de charges policières qui ont à peine perturbé le ronron du centre financier. A la mi-journée, la police tirait une salve de gaz poivre à quelques centaines de mètres de l’emblématique siège de la banque HSBC. En fin d’après-midi, on dénombrait plus de 300 arrestations dans divers quartiers.

«Le Parti communiste chinois manœuvre pour contourner la Constitution locale et exploite la loi de sécurité pour tuer les libertés à Hongkong, accuse une jeune manifestante sous couvert d’anonymat. Avec un système judiciaire relativement indépendant et la protection des droits de l’homme, Hongkong fournit un havre de sécurité pour les militants de Chine continentale.» Mais une fois la loi appliquée, vraisemblablement avant les législatives du 6 septembre, «la définition de la liberté changera à jamais, comme "arbeit macht frei". On pourra manger et travailler, mais vivre en ayant des idées sera désormais dangereux à Hongkong», conclut-elle.

«Bénéfique».

Sur les marchés, l’incertitude provoque aussi des remous. Après la plus importante baisse depuis 2015 vendredi, la Bourse enregistrait mercredi un afflux sans précédent d’argent de Chine continentale. La situation devait rester volatile à l’approche d’une riposte imminente et «très forte» promise par Donald Trump, pour qui la quatrième place boursière mondiale est devenue un terrain d’affrontement avec Pékin. Selon le président américain, la loi concoctée par Pékin nuira au statut international de Hongkong, lié à l’Etat de droit garanti par le principe «un pays, deux systèmes». Et mercredi, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a déclaré que Hongkong, ne jouissant plus de l’autonomie promise, ne pouvait continuer à bénéficier de privilèges commerciaux avec les Etats-Unis. Un argument balayé par les autorités locales. «Améliorer le système légal et renforcer les mécanismes de sauvegarde de la sécurité nationale sont bénéfiques au développement économique […] et au maintien de la prospérité et la stabilité de Hongkong», a rétorqué mercredi le secrétaire à la Justice, John Lee.

27 mai 2020

Covid-19 - Nouvel épicentre de la pandémie, le Brésil pourrait atteindre les 125  000 morts d’ici août

bresil pandemie

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Le Brésil a de nouveau dépassé, mardi 26 mai, le millier de victimes en vingt-quatre heures, pour la quatrième fois depuis l’accélération de la pandémie, la semaine dernière. Selon une nouvelle étude américaine, le plus grand pays d’Amérique latine ne serait pas au bout de ses peines : le bilan des victimes pourrait dépasser les 125 000 morts d’ici le milieu de l’été.

Le pire reste à venir pour le Brésil. Alors que le pays est devenu ces derniers jours l’épicentre de la pandémie de coronavirus, une nouvelle étude américaine publiée mardi laisse entrevoir un été très sombre pour les Brésiliens.

Selon des prévisions de l’Institut de mesure et d’évaluation sanitaire (IHME) de l’université de Washington, le nombre de victimes du Covid-19 pourrait dépasser les 125 000 d’ici à début août, rapporte le site d’information brésilien G1. Les chercheurs estiment que l’État de São Paulo devrait être le plus touché, avec plus de 32 000 décès, suivi de Rio, avec environ 26 000 décès. Ces deux États ont décrété depuis la fin mars un confinement de leur population, malgré la farouche opposition du président Jair Bolsonaro, qui ne cesse de relativiser l’ampleur de la pandémie. Mais cette mesure n’est assortie d’aucune coercition.

“Il faut absolument que le Brésil suive l’exemple de Wuhan, en Chine, ainsi que de l’Italie, de l’Espagne et de New York, en mettant en place des restrictions et des mesures de contrôle face à l’épidémie, qui se propage rapidement, afin de réduire la transmission du virus”, a expliqué le directeur de l’IHME, Christopher Murray.

Les systèmes hospitaliers des grandes villes déjà “sur le point d’être complètement dépassés”

Selon l’institut de recherche, si les autorités n’agissent pas rapidement, “le nombre de morts pourrait continuer de grimper jusqu’à la mi-juillet, ce qui engendrera des pénuries de moyens humains et matériels vitaux dans les hôpitaux”, rapporte CNBC.

Alors que “le système de santé publique du Brésil était sous tension avant la pandémie”, “les réseaux hospitaliers de certaines grandes villes sont déjà sur le point d’être complètement dépassés”, note Vox.

Le Sénat brésilien a d’ailleurs adopté mardi une loi obligeant les hôpitaux privés à mettre à disposition des lits inoccupés pour l’hospitalisation de patients malades du Covid-19, rapporte O Globo.

Le nombre de personnes infectées sept fois supérieur à celui des statistiques officielles

“Dans le même temps, le virus se propage rapidement dans les communautés les plus vulnérables du pays, particulièrement dans les favelas, dans les banlieues des villes, où la distanciation sociale est quasi impossible en raison de la promiscuité et des conditions sanitaires”, précise également Vox.

Mardi, Eduardo Macário, secrétaire adjoint à la Vigilance sanitaire, a reconnu que le nombre de cas de Covid-19 dans le pays pourrait être plus élevé que celui des statistiques officielles en raison de retards dans les dépistages et les déclarations de cas, indique Folha de São Paulo.

Selon des résultats publiés dans le cadre de l’étude Epicovid-19, la première enquête nationale sur la maladie, le nombre de personnes infectées par le nouveau coronavirus pourrait être environ sept fois supérieur au chiffre actuel, qui est de 391 222, pour une population de 210 millions d’habitants.

Noémie Taylor-Rosner

27 mai 2020

Hong Kong : Trump met en garde Pékin et promet une riposte imminente

Le président américain a déclaré mardi qu’il se préparait à engager cette semaine une action contre la Chine en raison de la volonté de celle-ci d’imposer une loi de sécurité nationale à Hong Kong, secoué depuis l’an dernier par des manifestations prodémocratie. Donald Trump a notamment prévenu qu’il risquait de faire perdre au territoire son statut de place financière internationale. Pour CNN, “la révocation du statut commercial spécial accordé par les États-Unis” à l’ancienne colonie britannique est “l’ultime sanction de l’arsenal de Trump”. Alors que les relations entre les deux puissances mondiales ne cessent de se détériorer, la chaîne américaine estime que Trump pourrait “être à deux doigts de rompre avec Xi”.

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26 mai 2020

Géopolitique - Le retrait des États-Unis du traité “Ciel ouvert” place la Russie devant un choix difficile

poutine33

VZGLIAD (MOSCOU)

Washington se retire du traité “Ciel ouvert” (Open Sky), qui permet aux pays signataires d’effectuer des vols d’observation au-dessus de leurs territoires. Pourquoi les États-Unis ont-ils pris une telle décision et en quoi est-ce dangereux pour les intérêts militaires russes ? Les réponses du site russe Vzgliad, proche des positions du Kremlin.

Le traité “Ciel ouvert”, signé en 1992, établit globalement le cadre suivant : chaque pays signataire [35 États, dont la Russie, les pays membre de l’OTAN, mais aussi la Biélorussie, l’Ukraine, la Géorgie] bénéficie d’un quota de survols des territoires des autres pays signataires à l’aide d’avions équipés d’appareils photographiques et autres systèmes d’observation, avec bien entendu l’obligation de laisser les autres pays survoler son territoire aux mêmes conditions. Ces mesures visent à réduire les tensions entre la Russie, les pays européens, les États-Unis et d’autres nations. Et elles y parvenaient en effet.

Conformément à ce traité, la Russie avait droit à un nombre donné de vols de reconnaissance au-dessus du territoire américain et des autres pays de l’OTAN, et devait en échange autoriser les Américains et leurs alliés à survoler son territoire. Il faut dire que ces survols étaient véritablement utiles pour la sécurité de la Russie, car ils permettaient de récolter des informations militaires importantes sans courir de risque.

Comme souvent, les critiques à l’égard du traité “Ciel ouvert” sont venues d’abord des Occidentaux et de leurs alliés. En 2014, les États-Unis ont annulé un de leurs survols de la Russie, puis ont tenté d’entraver la mission de reconnaissance russe au-dessus de leur territoire à cause du lancement du tout nouvel appareil russe Tu-214ON, qui poussait au maximum les limites technologiques fixées par le traité. Ces problèmes n’avaient pas conduit alors à la dissolution du traité.

En 2016, la Turquie, avec qui nos relations étaient au plus bas à la suite de la destruction d’un de nos bombardiers par l’armée turque, avait interdit à la Russie d’effectuer un vol de reconnaissance prévu par le traité au-dessus de son territoire.

La Russie accusée de “transgressions” depuis 2019

En 2019, les Américains se sont livrés à une nouvelle série d’accusations. D’après eux, la Russie interdisait les survols à moins de dix kilomètres des frontières de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud [deux régions de Géorgie autoproclamées indépendantes depuis 1992], ainsi qu’au-dessus de Kaliningrad [enclave russe en Europe du Nord]. En outre, ils accusaient la Russie d’outrepasser les conditions du traité en se servant de ces vols pour récolter des informations sur les infrastructures vitales sur le sol américain.

En réalité, tout cela n’était une fois de plus que l’expression de l’hypocrisie américaine. Les vols à proximité de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie auraient de toute évidence permis aux États-Unis de transmettre des informations sensibles à la Géorgie, ce qui aurait pu mettre en danger les soldats russes stationnés dans ces deux pays et plus largement dans la zone. De plus, l’idée même que les Américains soient tellement intéressés par l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud est risible. Il ne s’agissait manifestement que d’un prétexte.

Concernant les problèmes avec Kaliningrad, la responsabilité en revenait à la Pologne, qui planifiait ses survols de telle manière que les vols commerciaux étaient impactés, et qui refusait de changer d’un iota son approche du traité “Ciel ouvert”. D’ailleurs, lorsque l’on connaît le niveau de “modération” de la Pologne, on imagine aisément que les informations recueillies lors de ces survols de Kaliningrad auraient été utilisées à des fins de provocation militaire, surtout au vu de l’armement excessif de la Pologne. Il a donc fallu introduire une limitation du secteur de survol.

Une réaction du Kremlin s’impose

Quant aux prétendues “transgressions” des termes du traité de la part de la Russie dans ses observations des infrastructures américaines, cela est techniquement impossible, et, comme souvent avec les accusations américaines, aucune preuve ne venait les étayer. Toujours est-il que les Américains ont commencé à préparer leur retrait du traité précisément en 2019.

Et voilà donc que le 21 mai 2020 Trump annonce que les États-Unis quittent le traité, officiellement en raison de violations de la part de la Russie. Précisons que les autres signataires (y compris les membres de l’OTAN) ne parlent pas de quitter le traité. La Russie non plus pour l’instant, même si elle ne peut pas rester sans réagir face à cette nouvelle incartade américaine.

Un avantage militaire de Washington sur la Russie

La première conséquence évidente pour notre pays est que nous n’aurons plus la possibilité de contrôler les sites militaires sur le sol américain. De plus, cet inconvénient serait pour l’instant unilatérale – à en croire certains responsables politiques américains, le traité ne leur sert à rien puisqu’ils ont d’autres moyens de surveiller le territoire russe. Notamment à l’aide d’appareils-espions ou d’appareils commerciaux en orbite qui fournissent des images satellites. La Russie se trouverait donc en défaut, car elle ne possède pas de déploiement de satellites comparable à celui des Américains. En fait, tout cela revient à constater que les États-Unis veulent simplement s’assurer un avantage militaire. Mais ce n’est pas tout.

Théoriquement, la Russie peut continuer ses vols de reconnaissance au-dessus des pays européens membres de l’OTAN qui restent signataires du traité. Bien entendu, la possibilité de réaliser des vols d’observation en Europe est essentielle pour notre sécurité. Mais dans la pratique tout cela reviendrait à “jouer contre notre camp”. Chacun sait que les pays européens sont dépendants des États-Unis et répondent sans sourciller à la plupart de leurs demandes. Les Européens ne pourraient-ils donc pas continuer à fournir aux États-Unis toutes les informations recueillies lors de leurs vols, voire à survoler des zones à la demande des Américains ? C’est probable, voire certain.

Moscou réduite à choisir le moindre mal

Les services de renseignements au sein de l’OTAN travaillent ensemble ; ajoutons à cela la relation historiquement privilégiée qu’entretient avec les États-Unis la Grande-Bretagne, membre du traité. Donc, dans les faits, les États-Unis pourront disposer de toutes les informations concernant la Russie comme lorsqu’ils effectuaient des survols. Contrairement à la Russie, car personne n’ira collecter pour nous des informations sur le territoire américain.

Ce qui place la Russie face à un choix : soit elle renonce à collecter des données de renseignement auxquelles elle a actuellement accès grâce aux survols des pays européens membres de l’OTAN, soit elle se résigne à l’idée que ses partenaires européens partageront avec les États-Unis toutes les informations récoltées au-dessus de la Russie, tout en sachant que le territoire américain deviendra pour nous “terra incognita”. Il faut bien admettre qu’aucune des solutions n’est satisfaisante.

Pour juger de la posture des Américains, il faut se rappeler les slogans de Donald Trump durant les présidentielles. Tout le monde se souvient du premier, “Make America Great Again”. Or, il y en avait un autre, qui n’a pas trouvé sa place sur les casquettes, mais qui était bien présent dans les discours de Trump : La “paix armée”.

Les Américains continuent de détricoter les traités internationaux

La destruction systématique par les Américains de tous les accords multilatéraux qui assuraient la sécurité de l’Europe ainsi que leur tendance à augmenter la pression militaire vont vraiment dans le sens de ce type de coercition. Les Américains se souviennent encore de la faiblesse de Mikhaïl Gorbatchev et seraient heureux de répéter l’expérience. Ronald Reagan avait relevé l’Amérique en son temps sous le slogan de la “paix armée” par une croisade contre l’URSS, et l’on sait combien Trump veut ressembler à Reagan. Aujourd’hui, Trump travaille à accroître le niveau de menace militaire sur la scène internationale pour forcer les adversaires des États-Unis à faire des concessions.

L’attitude des États-Unis concernant tous les traités fondamentaux pour la sécurité internationale force malheureusement notre pays à se poser la question : dans quelle mesure la signature de pareils traités avec les États-Unis est-elle justifiée en soi ? Ce n’est pas la première fois qu’ils causent du tort à la Russie en se retirant de ce type de traités – d’abord le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, maintenant le traité “Ciel ouvert”, nous contraignant de choisir entre deux maux.

Il reste un traité que les Américains n’ont pas encore mis par terre : le traité New Start de réduction des armes stratégiques. Il n’est pas à exclure que là encore il faille bientôt trancher, malgré les lourdes conséquences que cela pourrait avoir pour la Russie et pour le maintien de la paix en général.

Alexandre Timokhine

25 mai 2020

A Hongkong, des milliers de personnes manifestent contre le projet de loi sur la sécurité imposé par la Chine

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Le régime communiste a déposé au Parlement chinois un texte visant à interdire « la trahison » et « la sécession » à Hongkong, en réponse aux manifestations monstres de l’opposition démocratique en 2019.

La situation se tend de nouveau à Hongkong. Des milliers de personnes ont envahi dimanche 24 mai les rues de Hongkong pour dénoncer un projet de loi chinois selon eux liberticide, entraînant une vive riposte de la police antiémeute, des scènes qui n’avaient plus été vues depuis des mois dans l’ex-colonie britannique.

Après des manifestations quasi quotidiennes l’an passé, la contestation avait pu paraître étouffée en raison de l’impératif de distanciation sociale lié à la lutte contre le coronavirus. Mais le dépôt au Parlement chinois, vendredi, d’un texte visant à interdire « la trahison, la sécession, la sédition et la subversion » à Hongkong a de nouveau mis le feu aux poudres. D’autant que Pékin a demandé dimanche son application « sans le moindre délai ».

La mouvance prodémocratie avait multiplié les appels pour dénoncer ce passage en force de la Chine sur une question qui suscite depuis des années l’opposition des Hongkongais. Des milliers d’habitants ont répondu présents dimanche malgré l’interdiction de manifester, scandant des slogans contre le gouvernement dans plusieurs quartiers de l’île.

Canons à eau et barricades

« Les gens pourront être poursuivis pour ce qu’ils disent ou écrivent contre le gouvernement », dénonce Vincent, un manifestant de 25 ans. « Les Hongkongais sont en colère car nous ne nous attendions pas à ce que cela arrive si vite et de façon si brutale, poursuit-il. Mais nous ne sommes pas naïfs. Les choses ne feront qu’empirer. »

Alors que le nombre de manifestants enflait dans les quartiers de Causeway Bay et Wanchai, la police a eu recours aux lacrymogènes et aux gaz poivrés pour tenter de disperser la foule, avec l’aide de canons à eau, selon des journalistes de l’Agence France-Presse.

Certains protestataires ont jeté des projectiles sur les forces de l’ordre, érigé des barricades de fortune et utilisé les parapluies pour se protéger des gaz lacrymogènes. La police a annoncé 180 arrestations. Le gouvernement de Hongkong a condamné « les actions illégales et extrêmement violentes » des manifestants, affirmant qu’elles mettaient en évidence « la nécessité et l’urgence de la loi sur la sécurité nationale ».

L’ex-colonie britannique a connu de juin à décembre 2019 sa pire crise politique depuis sa rétrocession par Pékin en 1997, avec des manifestations parfois très violentes. Bien que confortée par le triomphe des « prodémocratie » aux scrutins locaux de novembre, cette mobilisation a accusé le coup en début d’année après des milliers d’arrestations dans ses rangs, et les manifestations ont cessé du fait des restrictions de rassemblement ordonnées pour lutter contre le coronavirus.

« Nous sommes de retour ! »

« Nous sommes de retour ! Rendez-vous dans les rues le 24 mai », demandait samedi un graffiti sur un mur proche de la station de métro de Kowloon Tong. La police avait averti qu’elle interviendrait contre tout rassemblement illégal, au moment où se réunir en public à plus de huit est interdit à cause du coronavirus.

Le territoire jouit d’une très large autonomie par rapport au reste du pays dirigé par le Parti communiste chinois (PCC), en vertu du concept « Un pays, deux systèmes » qui avait présidé à sa rétrocession en 1997.

Ses habitants bénéficient de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et d’une justice indépendante. Des droits inconnus en Chine continentale. Ce modèle est censé prévaloir jusqu’en 2047 mais nombre de Hongkongais dénoncent depuis des années des ingérences de plus en plus fortes de Pékin. Beaucoup interprètent le passage en force de Pékin avec cette loi sur la sécurité nationale comme l’entorse la plus grave, à ce jour, à la semi-autonomie hongkongaise.

Refuge pour un nombre restreint mais croissant d’activistes pro-démocratie fuyant Hongkong, Taïwan leur fournira l’« assistance nécessaire », a déclaré la présidente Tsai Ing-wen. Le projet de loi constitue une grave menace pour les libertés et l’indépendance judiciaire de Hongkong, regrette-t-elle.

« Forces étrangères »

Dimanche, le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a enfoncé le clou en demandant l’application « sans le moindre délai » d’une loi qui « n’influencera pas le haut degré d’autonomie de Hongkong, ni les droits, les privilèges et les libertés des habitants, ni les droits et intérêts légitimes des investisseurs étrangers ».

« Les actes violents et terroristes continuent à monter et des forces étrangères se sont profondément et illégalement ingérées dans les affaires de Hongkong », a-t-il estimé, dénonçant « une grave menace pour la prospérité à long terme » du territoire.

L’article 23 de la Loi fondamentale, la mini-Constitution hongkongaise, prévoit que la région se dote elle-même d’une loi sur la sécurité nationale. Mais cette clause n’a jamais été appliquée et la dernière tentative de l’exécutif hongkongais, en 2003, avait échoué face à des manifestations monstres.

Les opposants redoutent surtout une disposition qui permettrait aux policiers chinois de mener des enquêtes à Hongkong et pourrait servir à réprimer toute dissidence. « J’ai très peur, mais il faut manifester », déclare dimanche dans la foule Christy Chan, 23 ans.

Le projet sera soumis au vote du Parlement chinois jeudi, lors de la séance de clôture de l’actuelle session parlementaire. L’issue ne fait aucun doute, l’assemblée étant soumise au PCC.

24 mai 2020

Coronavirus : Pékin se dit «au bord d’une nouvelle Guerre froide» avec les Etats-Unis

Le ministre chinois des Affaires étrangères a dénoncé, sans le nommer, les multiples piques lancées par Donald Trump sur la gestion de la crise sanitaire par la Chine.

chine ministre

« Outre la dévastation causée par le nouveau coronavirus, un virus politique se propage aux États-Unis » a regretté devant la presse le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi. REUTERS

Par Le Parisien avec AFP

Entre les deux pays, la tension ne descend pas. La Chine et les Etats-Unis sont « au bord d'une nouvelle Guerre froide », a averti dimanche le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, déplorant le regain de tensions avec Washington autour de l'épidémie de Covid-19.

Les premiers malades du nouveau coronavirus ont été signalés à la fin de l'an dernier dans la ville chinoise de Wuhan (centre). Il s'est depuis répandu sur la planète et fait quelque 340 000 morts.

Donald Trump a accusé régulièrement ces dernières semaines les autorités chinoises d'avoir tardé à communiquer des données cruciales sur la gravité du virus dont la propagation aurait pu, selon lui, être endiguée.

« Outre la dévastation causée par le nouveau coronavirus, un virus politique se propage aux États-Unis », a regretté devant la presse le chef de la diplomatie chinoise, sans nommer le président américain. « Ce virus politique saisit toutes les occasions pour attaquer et diffamer la Chine », a-t-il fustigé.

Les relations sino-américaines « prises en otage »

Pékin et Washington étaient déjà à couteaux tirés depuis deux ans et la guerre commerciale lancée par l'administration Trump à base de surtaxes douanières réciproques qui pénalise le commerce international.

Mais la pandémie de nouveau coronavirus a poussé la tension entre les deux puissances à des sommets. « Certaines forces politiques américaines prennent en otage les relations entre la Chine et les Etats-Unis et poussent nos deux pays au bord d'une nouvelle Guerre froide » avec la crise du coronavirus, a regretté Wang Yi.

Donald Trump a évoqué la possibilité de demander à Pékin de payer des milliards de dollars de réparations pour les dommages causés par l'épidémie. Et les Etats-Unis ont appelé à une enquête internationale sur l'origine du virus.

Bientôt une coopération internationale

La Chine est « prête » à une coopération internationale pour identifier la source du nouveau coronavirus, a affirmé Wang Yi. Mais une telle coopération devra s'abstenir de toute « ingérence politique », a-t-il averti.

24 mai 2020

Décryptages « Les gens ont été obligés de sortir, poussés par la faim » : le Pérou englué dans la crise due au coronavirus

Par Amanda Chaparro, Lima, correspondance Le Monde

Malgré des mesures de confinement très strictes depuis neuf semaines, le pays enregistre un nombre de malades alarmant.

Dans une région du monde en passe de devenir le nouvel épicentre mondial du virus, a averti l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avec plus de 500 000 cas diagnostiqués, le Pérou est devenu le pays le plus touché derrière le géant brésilien en Amérique du Sud. Et ce, malgré neuf semaines de quarantaine et des mesures drastiques prises dès le 15 mars – une date où le pays comptait moins d’une centaine de cas et aucun mort. « Nous vivons une situation dramatique, certains hôpitaux d’Amazonie ou du nord du Pérou se sont totalement effondrés. Il manque de l’oxygène, des lits, des médecins… », alerte Ciro Maguiña Vargas, médecin infectiologue de l’université Cayetano-Heredia de Lima et vice-président du Collège médical du Pérou.

Les derniers chiffres officiels sont alarmants. Le nombre de malades du Covid-19 a passé la barre des 100 000, pour une population de 32 millions d’habitants. On compte à ce jour plus de 3 200 morts. Quelque 7 545 patients sont hospitalisés, dont 901 en soins intensifs. Selon plusieurs sources, le décompte officiel des décès ne serait que la pointe de l’iceberg : les chiffres devraient être multipliés par trois, quatre, voire neuf selon les régions.

D’après les spécialistes sanitaires, le pic de la pandémie pourrait être atteint ces prochains jours selon les régions. Le sud du pays a été pour le moment relativement épargné contrairement au nord et à la région amazonienne, où le système de soins est au bord de la rupture. Près de 83 % des cas se concentrent dans à peine cinq régions, dont Lima, la capitale. Face à cette situation inquiétante, le chef de l’Etat, Martin Vizcarra, vient de prolonger, vendredi 22 mai, l’état d’urgence dans tout le pays jusqu’au 30 juin.

Mesures drastiques

Mais comment expliquer un tableau si sombre quand le président péruvien, contrairement à son homologue brésilien Jair Bolsonaro, a pris l’épidémie au sérieux et adopté des mesures drastiques saluées par la communauté médicale ? Le pays a fermé dès la mi-mars ses frontières terrestres, interdit les transports interprovinciaux et imposé un confinement strict. Un couvre-feu est même entré en vigueur tous les jours dès 18 heures et le port du masque a été rendu obligatoire.

Dans un premier temps, l’effort a semblé payant. Entre les mois de mars et d’avril, la courbe des contagions et des morts n’augmente que faiblement. Et puis, à partir de la mi-avril, les chiffres soudainement s’emballent.

Outre l’augmentation massive des tests qui en fait un des pays qui contrôlent le plus, la hausse brutale de la pandémie tient à plusieurs facteurs. « Les Péruviens ont tenu quatre semaines [de confinement], mais dans un pays où 70 % de la population vit du travail informel, les gens ont été obligés de sortir, poussés par la faim », explique Ciro Maguiña Vargas.

Carences du système de santé

Le gouvernement a certes réagi en débloquant des aides pour les familles les plus vulnérables. Une première allocation de 760 soles, environ 200 euros, a été distribuée à 2,8 millions de foyers. Mais l’effort a été jugé insuffisant, d’autant que nombreuses personnes n’entrant pas dans le cadre des recensements se sont retrouvées sans aucune ressource. Une allocation universelle a été mise en place quelques semaines plus tard. Mais elle n’a été pour le moment versée qu’à 140 000 personnes sur les 6,7 millions de foyers concernés. A Lima, l’Institut national de la statistique péruvien (INEI) estime que plus de 1,2 million de personnes ont perdu leur emploi au premier trimestre 2020.

La vague épidémique a également jeté une lumière crue sur les carences du système de santé. « Avec 4 % du produit intérieur brut consacré à la santé, le Pérou est un des pays d’Amérique latine qui a investi le moins dans le secteur, déplore Ciro Maguiña Vargas. Il manque plus de 11 000 spécialistes, les hôpitaux sont vieux et délabrés, le nombre de lits est largement insuffisant. » Une manière de rappeler les différences criantes entre les régions.

A Iquitos, capitale de l’Amazonie péruvienne, dans le nord du pays, les infrastructures sont défaillantes et les équipements de protection quasi absents de cette ville d’un demi-million d’habitants. On ne compte que deux hôpitaux et seulement vingt-cinq médecins encore actifs dans le centre hospitalier régional. Le personnel soignant a payé un plus lourd tribut à la pandémie : au moins treize médecins et deux infirmières ont succombé au virus ces dernières semaines.

24 mai 2020

Corée du Nord

corée du nord

La Corée du Nord veut renforcer sa “dissuasion nucléaire”. “Des mesures cruciales” ont été décidées lors de la réunion de la Commission militaire centrale sous la présidence de Kim-Jong Un, a indiqué dimanche l’agence de presse officielle KCNA, sans préciser quand cette réunion avait eu lieu. L’agence ne donne pas non plus de détails sur la nature des mesures décidées concernant la dissuasion nucléaire. Si la réunion a eu lieu ces derniers jours, ce serait la première apparition publique du dirigeant nord-coréen depuis près de trois semaines, souligne l’agence de presse sud-coréenne Yonhap. L’annonce de mesures de la direction nord-coréenne sur le nucléaire militaire intervient alors que l’administration Trump a évoqué la possibilité de réaliser le premier essai nucléaire américain depuis 1992, pour adresser un avertissement à la Russie et à la Chine, selon une information du Washington Post révélée vendredi.

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