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Jours tranquilles à Paris
15 avril 2020

Covid-19 : Trump coupe les vivres à l’OMS, l’accusant d’être responsable de la crise

trump oms

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Donald Trump a décidé de suspendre, mardi 14 avril, la contribution américaine à l’Organisation mondiale de la santé, dont les États-Unis sont le principal bailleur. Une décision controversée en pleine pandémie, qui a encore tué plus de 2 200 personnes aux États-Unis en vingt-quatre heures.

Critiqué de toutes parts pour la lenteur de sa réaction face au coronavirus, Donald Trump, qui “refuse de reconnaître ses propres erreurs”, “s’est trouvé mardi un nouveau bouc émissaire”, estime Vanity Fair.

Le président américain a annoncé la suspension de la contribution américaine à l’OMS, le temps d’évaluer son rôle “dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus”. Donald Trump a notamment reproché à l’agence de l’ONU de s’être alignée sur les positions de la Chine, que Washington accuse d’avoir initialement caché la dangerosité du virus lorsqu’il y a fait son apparition, en décembre. Ce qui, a-t-il dit, n’a pas permis de contenir l’épidémie “à sa source avec très peu de morts”.

“Trump a lui-même accordé le bénéfice du doute à Pékin”

Mais alors que le virus continue de faire des milliers de morts chaque jour dans le monde, dont plus de 2 200 ces dernières vingt-quatre heures aux États-Unis, la décision de Trump pourrait avoir des conséquences sanitaires, estime la presse américaine. “Les États-Unis contribuent plus que tout autre pays au financement de l’OMS, à hauteur de plus de 400 millions de dollars par an”, rappelle Politico. Ces coupes seront “un coup dur” pour cette organisation à l’heure où celle-ci “réalise des essais de vaccins, distribue des kits de dépistage et conseille les gouvernements du monde entier” pour lutter contre le coronavirus.

“Il y a des raisons d’être critique à l’égard de l’OMS”, note le Washington Post, qui rappelle que l’organisation a repris au début de la crise “des déclarations du gouvernement chinois affirmant qu’il n’y avait pas de preuve de transmission d’humain à humain”. Mais dans le même temps, Donald Trump a lui-même “accordé à la Chine le bénéfice du doute, la louant pour sa transparence, alors que ses agences de renseignement et ses conseillers l’avertissaient que le virus était beaucoup plus dangereux que le gouvernement chinois ne le laissait entendre”.

Suspendre l’aide américaine à l’OMS “exacerbera la crise et coûtera la vie à des Américains”

La décision de Donald Trump a suscité de vives critiques au sein de la communauté internationale et parmi les scientifiques. Ce “n’est pas le moment de réduire le financement” de l’OMS, qui est “absolument essentielle aux efforts du monde pour gagner la guerre contre le Covid-19”, a réagi mardi le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

Selon plusieurs anciens responsables sanitaires ayant travaillé sous des administrations républicaines et démocrates, la décision de Trump pourrait “exacerber la crise et coûter la vie à des Américains”, rapporte Business Insider. “La réponse de l’OMS à la pandémie de Covid-19 n’a pas été parfaite”, concède au magazine l’expert Jeremy Konyndyk, qui a supervisé les efforts de l’administration Obama pour lutter contre l’épidémie d’Ebola en Afrique. “Mais si nous nous mettons à attaquer l’OMS, c’est à nous que nous allons finir par faire du mal, car il sera plus difficile d’arrêter l’épidémie à l’échelle mondiale”, estime-t-il.

Pour l’hebdomadaire Newsweek, même si la décision du président américain est “controversée” sur le plan sanitaire, elle a le mérite d’exiger des réponses de la part de l’OMS, “notamment concernant la date à laquelle l’organisation a eu connaissance du fait que le virus a commencé à se transmettre d’humain à humain”.

Noémie Taylor-Rosner

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15 avril 2020

La gestion de la pandémie par l’OMS sous le feu des critiques

Par Paul Benkimoun, Marie Bourreau, Genève, correspondance, Frédéric Lemaître, Pékin, correspondant

Accusée d’avoir été trop lente à réagir et d’être trop alignée sur les positions chinoises, l’Organisation mondiale de la santé est aussi victime des faibles marges de manœuvre laissées par les Etats membres.

La guerre contre le coronavirus a t-elle fait sa première victime collatérale ? Alors que le nombre de personnes atteintes par l’épidémie de Covid-19 explose, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et son directeur général, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, sont sous le feu des critiques. Accusée d’être acquise à Pékin, l’organisation aurait « acheté » les théories chinoises et tardé à sonner l’alarme sur la dangerosité du virus.

Sur les réseaux sociaux, les images détournées d’un docteur Tedros les yeux bandés par un drapeau chinois ou tenu en laisse par le président Xi Jinping ont été largement partagées. Une pétition en ligne qui réclame la démission du directeur général a recueilli plus de 800 000 signatures. Dix fois plus que le texte qui, au contraire, le soutient.

Coup de massue supplémentaire, dans un tweet publié le 7 avril, le président Donald Trump accuse l’organisation de s’être « complètement plantée ». En rechignant à admettre les cas de contaminations interhumaines, l’OMS aurait contribué à faire du Covid-19 une pandémie globale, approchant des 2 millions de cas confirmés et causant plus de 110 000 décès dont plus de 22 000 aux Etats-Unis.

Il n’en fallait pas plus à Donald Trump, grand contempteur des organisations multilatérales, pour menacer de mettre fin à la participation financière des Etats-Unis à l’organisation. En pleine campagne présidentielle américaine, « les démocrates accusent Trump d’avoir échoué sur la crise du Covid. Trump, lui, essaye de transposer la faute sur le docteur Tedros », analyse Richard Gowan de l’International Crisis Group.

Tergiversations

Au siège de l’OMS, vaste bâtiment à quelques encablures du Palais des Nations à Genève, les critiques qui s’accumulent ne font – pour l’instant – pas trembler l’organisation née en 1948 et censée à son origine jouer un rôle normatif sur les questions de santé publique.

Depuis, les crises sanitaires ont largement rattrapé l’organisation. « Nous sommes mobilisés 24/24 et 7/7. Ces critiques sont habituelles. En temps de crise, il faut toujours un exutoire et un coupable », analyse le docteur Sylvie Briand, à la tête du département des maladies infectieuses qui, faute de moyens suffisants sur un budget total de 3,4 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) en 2019, ne comptait qu’une seule spécialiste des coronavirus dans son équipe lorsque la crise a éclaté.

La Chine informe Genève, le 31 décembre 2019, qu’un virus respiratoire frappe la région du Hubei et sa capitale Wuhan. Son génome est déjà séquencé mais les experts chinois ne le partagent que le 12 janvier. Deux jours plus tard, l’OMS assure dans un tweet que « les enquêtes préliminaires menées par les autorités chinoises n’ont pas trouvé de preuve claire de transmission interhumaine ». Ce même 14 janvier, le bureau de la santé de Wuhan écrit pourtant qu’elle « ne peut être exclue, même si le risque d’une transmission soutenue est faible ». Le 22 janvier, l’organisation reconnaît finalement que le virus se transmet bien d’homme à homme.

Le docteur Tedros réunit pour la première fois le comité d’urgence constitué de scientifiques et d’épidémiologistes. Ses membres sont très divisés sur l’opportunité de lancer une « urgence sanitaire de portée internationale » (USPPI), seul outil conféré à l’OMS pour alerter l’ensemble des Etats membres et permettre la mise en œuvre de recommandations internationales. Alors que le comité est réuni, la Chine annonce, à la stupéfaction générale, claquemurer les 11 millions d’habitants de Wuhan.

L’OMS tergiverse. Une séquence diplomatique est organisée en toute hâte. Le Dr Tedros s’envole pour Pékin rencontrer le président Xi Jinping. Une photo le montrant faisant une courbette au chef d’Etat enflamme la toile. « Nous sommes partis voir sur place ce que les chiffres ne disaient pas », assure le docteur Briand qui participait au voyage.

Une organisation sans pouvoir de coercition

Le comité d’urgence est à nouveau réuni le 30 janvier. Cette fois, il déclare une USPPI. Mais, le docteur Tedros se livre avec une constance gênante à des éloges sur la « transparence » et la réponse « sans précédent » des autorités chinoises. Des propos jugés au mieux « dotés d’un certain sens politique », selon un diplomate qui souligne le rôle influent de Pékin sur la scène internationale, et au pire complices du régime chinois, alors qu’il était déjà évident qu’il avait retardé de plusieurs semaines le partage d’informations.

« Cette déférence était vraiment excessive, assure Suerie Moon, codirectrice du Centre de santé globale de l’Institut de hautes études internationales et du développement, mais ce n’est pas suffisant pour accuser l’organisation d’avoir un biais chinois. Il fallait surtout s’assurer que le canal restait ouvert avec la Chine car les premières semaines étaient capitales pour recueillir de l’information permettant de mieux connaître le virus. »

C’est là toutes les limites de l’OMS, organisation intergouvernementale, sans pouvoir de coercition sur les Etats qui refusent de coopérer avec elle et encore plus s’agissant d’un régime autoritaire. « Cessons de faire preuve de naïveté. Les Etats membres veulent que l’OMS reste faible car la santé est une question éminemment politique et une prérogative nationale », assure Marie-Paule Kieny, virologue et ancienne sous-directrice générale qui a quitté l’organisation en 2017.

A l’issue de la crise du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003, les 194 Etats membres ont réussi à s’entendre pour actualiser le « Règlement sanitaire international ». Depuis 2005, il donne à l’OMS un rôle de coordination internationale en cas d’épidémie. Mais ils ont refusé que celle-ci se dote d’un pouvoir de sanction. « C’est comme un chef d’orchestre à qui on reprocherait de mal diriger alors qu’on ne lui a pas donné de baguette », estime Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale. L’OMS a cependant la possibilité de se baser sur les informations qui remontent des médias, d’Internet et de la société civile. Dans un pays muselé comme la Chine, cette veille a visiblement échoué.

Crise de confiance

Eternel problème de la gestion des annonces : pour chaque épidémie du XXIe siècle, SRAS en 2003, la pandémie grippale H1N1 en 2009 ou Ebola en 2014 et 2018, l’OMS a été accusée de réagir à contretemps : trop tôt ou trop tard, trop fortement ou trop faiblement. « Il ne faut pas oublier que les Etats les plus influents se reposent sur leur propre agence sanitaire. Les CDC américains (Centres for disease control and prevention) ont un budget dix fois plus gros que celui de l’OMS. Par contre, pour les Etats les plus pauvres, elle reste une tour de contrôle et ses recommandations technico-médicales sont très suivies », assure M. Flahault.

Nul ne sait comment l’OMS se relèvera de cette crise de confiance qui se heurte à une lame de fond unilatéraliste sur le plan international. Au siège, on assure qu’il sera toujours temps après la crise d’établir les responsabilités. « A chaque épidémie, il y a eu une remise en question de l’organisation », estime Mme Moon. « Cette crise démontre que dans un monde interdépendant, la santé est un enjeu global et qu’il faut renforcer le rôle de coordination de l’OMS », affirme la chercheuse. « C’est la leçon que devraient en tirer les Etats membres. Car une OMS affaiblie sera encore moins apte à faire face aux futures pandémies. »

La crise du coronavirus a également accru les tensions entre la Chine et l’OMS, d’une part, et Taïwan, de l’autre. Pékin considère comme une région chinoise cette île où se sont réfugiés en 1949 les nationalistes chinois lors de l’arrivée des communistes au pouvoir. Si les relations entre les deux rives du détroit se sont améliorées entre 2008 et 2016 lorsque le Kouomintang était au pouvoir dans l’île, elles se sont à nouveau dégradées depuis l’élection, en 2016, de Tsai Ing-wen, présidente du Parti démocratique progressiste (DPP). Pro-indépendantiste, celle-ci a été réélue haut la main en janvier 2020 pour un second mandat de quatre ans. Pékin avait autorisé Taïwan à assister aux assemblées générales de l’OMS en tant qu’observateur de 2009 à 2016 mais ce n’est plus le cas depuis cette date. Seul canal de communication entre l’île et l’OMS, le Centre de contrôle des maladies de Taïwan est toujours un « point de contact » du Règlement sanitaire international.

« Diplomatie du masque »

La crise du coronavirus donne à Taïwan l’opportunité de développer un double argumentaire. Dans un premier temps, les dirigeants du pays ont jugé que la mise à l’écart de l’île mettait potentiellement en danger la vie de ses 24 millions d’habitants privés d’informations sanitaires.

Mais, les semaines passant, le succès de Taïwan dans la lutte contre le virus – on ne dénombre à ce jour que six morts et ce, sans confinement de la population – les amène à déplorer que l’OMS ne prenne pas en compte le « modèle taïwanais ». Surtout, Taïwan reproche à l’organisation onusienne de ne pas avoir tenu compte de ses avertissements adressés le 31 décembre 2019 sur le risque de transmission interhumaine.

Alors que Taïwan s’est également lancé dans une « diplomatie du masque », en en donnant plusieurs millions aux Européens, aux Etats-Unis et aux derniers pays avec lesquels l’île entretient des relations diplomatiques, cet activisme énerve Pékin au plus haut point. Selon le ministère taïwanais de la défense, le porte-avions chinois Liaoning et cinq navires de guerre qui l’accompagnaient ont pénétré dimanche 12 avril dans les eaux taïwanaises.

Paul Benkimoun, Marie Bourreau (Genève, correspondance) et Frédéric Lemaître (Pékin, correspondant)

Coronavirus : « le pire est passé à New York » estime le gouverneur Cuomo. Les Etats-Unis ont recensé, lundi 13 avril, 1 509 nouveaux décès dus au Covid-19 en 24 heures, soit quasiment le même chiffre que la veille, selon le comptage de l’université Johns Hopkins qui fait référence. Ils restent le pays le plus touché dans le monde par l’épidémie liée au coronavirus qui a fait plus de 117 700 morts sur la planète. Lundi aussi, l’Etat de New York, épicentre de l’épidémie dans le pays, a franchi le cap des 10 000 morts. Son gouverneur Andrew Cuomo s’est néanmoins montré optimiste car le nombre d’hospitalisations net est en clair ralentissement. « Le pire est passé, si nous continuons à être intelligents » et à suivre les mesures de confinement, a-t-il assuré. Certains pays moins touchés, comme l’Autriche, ont déjà déclenché leur plan de sortie de crise, mais aucun, parmi les plus endeuillés, comme les Etats-Unis, l’Italie (plus de 20 000 morts), l’Espagne (plus de 17 000) ou le Royaume-Uni (plus de 11 000), n’ont encore osé donner une date précise pour la fin des restrictions les plus draconiennes. En Afrique, le Covid-19 a fait 833 victimes. Au Gabon, le confinement ne fait ainsi que débuter à Libreville, la capitale, tandis qu’au Nigeria il est prolongé de deux semaines dans un climat social tendu doublé d’une multiplication des actes criminels. Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé lundi le versement d’une aide d’urgence à vingt-cinq pays parmi les plus pauvres du monde pour leur permettre d’alléger leur dette et de mieux faire face à l’impact de la pandémie de Covid-19. Cette mesure permet de couvrir pour six mois les remboursements de la dette envers le FMI et « d’allouer une plus grande partie de leurs maigres ressources à leurs efforts en matière d’urgence médicale et d’aide ».

14 avril 2020

PEROU : un cas avéré de coronavirus à Mancora....

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13 avril 2020

Énergie - Accord historique des exportateurs de pétrole sur une baisse de la production

petrole diminution production

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Après des semaines de tensions et une plongée vertigineuse des prix du brut, les pays exportateurs de pétrole ont conclu dimanche un accord historique visant à réduire drastiquement la production, sur fond d’économies mondiales dévastées par la pandémie de coronavirus.

“L’accord pétrolier le plus important de l’histoire a été bouclé après trois jours d’intenses négociations, deux réunions virtuelles par vidéoconférence et une rencontre exceptionnelle des ministres de l’énergie des pays du G20”, écrit Arab News.

L’Opep et ses partenaires n’avaient d’autre choix que de s’entendre, s’ils voulaient éviter un nouvel effondrement des prix lundi matin. Ils semblent y être parvenus, au moins pour l’instant : les prix ont bondi à l’ouverture des bourses asiatiques.

Selon les termes de l’accord, la production sera réduite de près de 10 millions de barils par jour à dater du 1er mai, avant de remonter progressivement jusqu’en avril 2022. Jamais les pays exportateurs de pétrole n’avaient pris des mesures d’une telle ampleur, sur une période aussi longue.

Avant la crise du coronavirus, “100 millions de barils de pétrole alimentaient quotidiennement l’économie mondiale. Mais depuis, la demande a plongé de 35 %, entraînant un effondrement des prix”, observe le New York Times. Alors qu’il tournait autour de 60 dollars il y a encore quelques mois, le prix moyen du baril selon le panier de l’Opep dépassait à peine les 20 dollars ce week-end.

Mais pour ambitieux qu’il soit, l’accord pourrait ne pas avoir les effets escomptés à long terme, tempère le Wall Street Journal : “Les investisseurs craignent que les coupes ne soient pas suffisantes pour faire remonter les prix dans les prochaines semaines, alors que le confinement mondial réduit fortement la demande d’essence, de diesel et de kérosène”.

La baisse de la production annoncée “atténuera certains déséquilibres du marché, mais plusieurs analystes estiment que les mesures sont trop timides et ont été prises trop tard”, ajoute le quotidien économique. Selon les estimations des experts, il aurait fallu réduire la production de 30 millions de barils par jour pour être en phase avec la demande actuelle.

“Trêve temporaire”

Quels que soient ses effets, l’accord conclu dimanche est le fruit d’une entente inhabituelle entre la Russie, l’Arabie Saoudite et les États-Unis. L’agence Tass rapporte que “le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu au téléphone avec le président américain Donald Trump et le roi saoudien Salmane” et que les trois dirigeants “ont apporté leur soutien à l’accord”.

Selon plusieurs participants, Donald Trump aurait même été décisif dans la dernière ligne droite des négociations, en convainquant notamment les Saoudiens d’accepter l’exemption demandée par le Mexique, qui ne baissera sa production que de 100 000 barils par jour, contre les 400 000 demandés par l’Opep.

C’est “une volte-face surprenante pour M. Trump, détracteur fréquent de l’Opep par le passé”, remarque le Financial Times.

Le président américain s’est immédiatement félicité sur Twitter d’un accord “qui sauvera des centaines de milliers d’emplois du secteur énergétique aux États-Unis”, précise le quotidien britannique.

“Je voudrais aussi remercier et féliciter le président russe Poutine et le roi saoudien Salmane. Je viens juste de parler avec eux depuis le Bureau Ovale. Excellent accord pour tout le monde !”, a trompeté le président américain.

Mais Bloomberg reste sceptique face à cette nouvelle entente cordiale. “Ne soyez pas surpris si la guerre pour les parts de marché entre Saoudiens, Russes et Américains reprend, dès que le confinement se relâchera et que la demande de pétrole repartira”, avertit l’agence économique. “C’est plus une Trêve temporaire qu’une paix à long terme entre les trois plus gros producteurs”.

13 avril 2020

Coronavirus - Equateur

cimetiere equateur

Équateur : 700 cadavres recueillis dans des logements à Guayaquil. Une force spéciale, formée de policiers et de militaires, a évacué plus de 700 cadavres qui reposaient dans des habitations de Guayaquil, l’épicentre de l’épidémie de coronavirus en Équateur. Le responsable de cette équipe, créée par le gouvernement pour venir en aide aux services hospitaliers et funéraires, n’a pas spécifié les causes de ces décès, survenus pendant l’urgence sanitaire décrétée à Guayaquil à cause de la pandémie, rapporte El Universo. Selon le dernier bilan national officiel, l’Équateur compte quelque 7 500 cas de contamination dont 333 décès. Mais les experts médicaux du pays estiment que le Covid-19 pourrait faire jusqu’à 3 500 morts, rien que dans la région de Guayaquil. Au niveau mondial, la pandémie avait fait dimanche soir plus de 112 500 morts, dont plus de 22 000 aux États-Unis, le pays le plus touché par le virus.

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12 avril 2020

Synthèse - Coronavirus dans le monde : un dimanche pascal inédit

lapins

Depuis son apparition en Chine, l’épidémie de Covid-19 a fait au moins 107 064 morts dans le monde, dont plus de 20 000 aux Etats-Unis.

Sans processions, ni services religieux traditionnels : plus de 2 milliards de chrétiens vont vivre un week-end pascal inédit. Pour la fête la plus importante de la tradition chrétienne, la commémoration de la résurrection du Christ, selon ces religions, c’est sur écran que les fidèles suivront les messes pascales d’un pape François confiné.

A Jérusalem, pour la première fois en plus d’un siècle, le Saint-Sépulcre où le Christ a été enterré, selon la tradition chrétienne, est fermé au public durant tout le week-end.

Le pays le plus touché reste les Etats-Unis

Depuis son apparition en Chine en décembre, l’épidémie de Covid-19 a fait au moins 107 064 morts dans le monde.

Les Etats-Unis recensent samedi soir 1 920 nouveaux décès dus au coronavirus au cours des dernières 24 heures, ce qui constitue un léger ralentissement par rapport à la veille, selon un décompte de l’Université Johns Hopkins. Au total, dans le pays, l’épidémie a causé 20 506 décès au total, le bilan le plus lourd pour un pays dans le monde, selon les chiffres recueillis par cette université de médecine basée à Baltimore (est). Le maire de New York, Bill de Blasio, a annoncé que les écoles publiques de la ville resteront fermées jusqu’à la fin de l’année scolaire. Cela « aidera clairement à sauver des vies », a-t-il dit. Autre mauvaise nouvelle : plus de 10 % des 4 800 membres d’équipage du porte-avions américain Theodore Roosevelt ont été testés positifs, rapporte un porte-parole de la marine américaine.

Plus tôt dans la journée, l’Italie frôlait les 20 000 morts, selon un comptage de l’Agence France-Presse (AFP). Lors d’une conférence de presse, le commissaire extraordinaire du gouvernement italien pour le coronavirus, Domenico Arcuri, a expliqué que « 2,5 millions de tests seront distribués dans les régions la semaine prochaine ».

En outre, les bilans de la pandémie se sont aggravés en France (plus de 13 800 morts) et au Royaume-Uni, où un millier de personnes ont succombé en une journée (près de 10 000 morts), dont un enfant de 11 ans.

Le nombre des décès causés par la pandémie a également triplé en huit jours en Belgique avec 3 019 morts enregistrés.

Le Brésil a officiellement dépassé la barre des mille morts, dont six premiers décès dans des favelas.

Le confinement prolongé

Le confinement a été prolongé en Irlande, comme en Italie jusqu’à début mai. En Argentine, il est maintenu jusqu’au 26 avril ; quand le Venezuela prolonge de 30 jours l’« état d’alerte » et le confinement quasi-total. Et la Turquie, qui déplore aussi un millier de morts, a confiné 31 villes pendant tout le week-end, plongeant la mégapole Istanbul dans un silence inédit.

Au moment où certains pays européens se préparent à la sortie du confinement, dans le sillage de la Chine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné qu’une levée trop rapide des restrictions « pourrait entraîner une résurgence mortelle » de la pandémie.

L’OMS a également averti la Biélorussie que l’épidémie connaissait une « hausse rapide » du nombre de cas sur son territoire. Il existe « des preuves de l’augmentation rapide du nombre de cas » en Biélorussie, a indiqué le docteur Patrick O’Connor du bureau européen de l’OMS, en mission dans le pays de 9,5 millions d’habitants, un des rares pays d’Europe à n’avoir pas ordonné de confinement.

Quant au continent africain, où près de 13 000 cas de Covid-19 et de 700 morts ont été enregistrés selon les chiffres officiels, « le virus se répand au-delà des grandes villes », s’est inquiétée la cheffe de l’OMS pour le continent, la docteure Matshidiso Moeti, disant craindre « un nouveau front ».

Le port du masque s’étend

Les autorités du Niger ont, elles, rendu le port du masque obligatoire à Niamey, la capitale, alors que le gouvernement a prolongé l’isolement de la ville du reste du pays ainsi que le couvre-feu (19 heures à 6 heures du matin) et l’état d’urgence. Le port du masque est obligatoire au Benin, au Maroc ou encore à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire.

Les Bulgares devront aussi se couvrir le nez et la bouche dès dimanche, selon un décret publié samedi, le gouvernement craignant une recrudescence des infections au Covid-19 à l’occasion des fêtes de Pâques.

Des aides financières

Afin « d’éviter qu’une deuxième vague mortelle ne touche le Royaume-Uni », le gouvernement britannique a annoncé donner 200 millions de livres (227,6 millions d’euros) supplémentaires aux pays en développement. Cette aide sera reversée à diverses organisations britanniques ou internationales, a précisé le ministère du développement international dans son communiqué : 130 millions de livres (148 millions d’euros) iront ainsi à l’ONU, dont 65 millions à l’OMS et 50 millions à la Croix-Rouge internationale. Cela porte à 744 millions de livres (847 millions d’euros) la contribution britannique à la lutte globale contre le coronavirus, le pays ayant déjà apporté entre autres 250 millions de livres (285 millions d’euros) au Cepi, l’organisme chargé de développer un vaccin contre Covid-19.

Au Canada, la Chambre des communes a adopté un programme de subvention des salaires, présenté comme la plus vaste mesure économique du pays depuis la seconde guerre mondiale, pour aider les entreprises et leurs employés à traverser la crise provoquée par le coronavirus. Le montant de ce programme est évalué à 73 milliards de dollars (47 milliards d’euros).

Le tournoi WTA de Montréal 2020 annulé

Le tournoi WTA de Montréal, initialement programmé entre le 10 et 16 août, n’aura finalement pas lieu cette année et sera reporté en 2021, ont annoncé samedi les responsables du circuit féminin de tennis. Le tournoi était menacé depuis la décision du gouvernement de Québec de suspendre tous les événements sportifs et culturels jusqu’au 31 août.

11 avril 2020

La crise économique pourrait entraîner l’effondrement de nombreux États arabes

emirates

HA’ARETZ (TEL-AVIV)

La pandémie qui frappe de plein fouet les économies des pays arabes tombe au moment où la chute du prix du pétrole pousse les pays du Golfe à expulser les immigrés arabes des pays pauvres. Et cette fois-ci, les États arabes riches ne pourront pas aider les États pauvres

À peine a-t-on fait une estimation des dommages économiques que la pandémie de Covid-19 occasionne au Moyen-Orient qu’une prévision encore plus catastrophique lui succède.

L’Organisation arabe du tourisme, par exemple, prévoit des pertes de 40 milliards de dollars dans le secteur du tourisme d’ici fin avril s’il n’y a pas de changement dans l’évolution de l’épidémie, et cela n’inclut pas les pertes directes de plus de 14 milliards de dollars que les compagnies aériennes arabes pourraient subir.

Ces estimations n’incluent pas non plus les dommages indirects causés, par exemple, par le licenciement de milliers d’employés, les indemnisations et les aides aux nouveaux chômeurs et aux compagnies aériennes.

Dans certains pays de la région, comme l’Égypte ou la Jordanie, le tourisme est un élément stratégique de l’économie et constitue une part importante de leur PIB. Cela pourrait prendre d’un an et demi à deux ans pour remettre ce secteur sur pied.

Double guerre de survie

À l’heure actuelle, les pays arabes sont divisés entre ceux qui sont riches et détiennent d’énormes réserves de devises étrangères qui peuvent aider à financer des plans d’assistance économique impressionnants et ceux qui sont pauvres et cherchent maintenant à savoir comment ils financeront les besoins de base dès lors que les institutions financières internationales hésitent consentir des prêts à risque.

Dans chacun des pays de la région, riches et pauvres, il y a une double guerre de survie simultanée : l’une de la part des gouvernements essayant de protéger les économies de leur pays et l’autre de la part des citoyens, qui sont à la recherche d’alternatives face à l’impuissance de leurs gouvernements.

Les Émirats arabes unis et l’Arabie Saoudite ont créé des fonds spéciaux avec des dizaines de milliards de dollars de financement, à travers lesquels ils octroient des subventions et des prêts à des taux d’intérêt négligeables aux propriétaires d’entreprises et aux particuliers.

En même temps, en Syrie, en Jordanie et au Maroc, l’aide est minime précisément à un moment où les citoyens sont scandaleusement mis sous pression par les grandes entreprises et par les fournisseurs de denrées alimentaires et d’autres produits de base.

Marchands et contrebandiers

Des rapports en provenance de Syrie racontent comment les commerçants ont amassé d’énormes quantités de désinfectant au cours des derniers mois et les vendent maintenant à des prix dix fois supérieurs au taux pratiqué avant la pandémie de Covid-19.

En Arabie Saoudite, les autorités ont également découvert un entrepôt géant avec environ 1 million de masques. Au Maroc, des paquets de 50 masques sont vendus pour environ 50 dollars. Avant l’épidémie, ils coûtaient 3,50 dollars.

Porter plainte auprès des ministères de la Santé de la région au sujet de la hausse des prix est généralement inutile, en l’absence de personnel suffisant pour assurer la surveillance.

Dans une grande partie du monde arabe, des groupes de marchands et de contrebandiers font actuellement d’énormes profits sur la vente de masques et de gants, dont la plupart ne répondent pas aux normes internationales et peuvent même mettre en danger la santé des utilisateurs.

Des groupes de pression

Désormais, les citoyens craignent que les défaillances administratives de leurs États n’affectent également l’effort d’assistance gouvernementale. La plupart des plans sont assez vagues, les critères d’admissibilité à l’aide ne sont pas bien définis et les sommes que les particuliers peuvent espérer recevoir et comment ils les recevront restent souvent un mystère.

Des groupes de pression et des associations professionnelles commencent à harceler leurs ministères des Finances et du Commerce, chaque groupe cherchant à servir les intérêts de sa propre circonscription.

Ainsi, au Liban, des chauffeurs qui travaillent dans les transports publics et le fret ont organisé une manifestation demandant une compensation suite à une décision du gouvernement qui a réduit les transports. Les manifestants affirment que cette décision a touché plus de 50 000 familles libanaises.

En Irak, le personnel médical demande une compensation pour les longues heures de travail et cela s’ajoute à leurs plaintes concernant la pénurie aiguë de médicaments et de respirateurs dans le pays.

Expulsion massive des travailleurs étrangers

Les programmes d’aide incluent généralement des reports ou des exonérations d’impôts et de cotisations sociales et la suspension ou le report du remboursement de la dette aux banques, mais pour le moment, ceux qui ont perdu leur emploi ou dont les revenus ont été considérablement réduits en raison du ralentissement de la région n’ont nulle part où s’adresser.

Une autre menace guette les pays les plus pauvres de la région, dont des millions de citoyens travaillent dans les États du golfe Persique.

La semaine dernière, le Koweït a annoncé son intention de renvoyer chez eux environ 17 000 enseignants égyptiens qui travaillent dans le système éducatif koweïtien. Le Koweït a déclaré la fermeture des écoles jusqu’en août et n’a pas besoin d’enseignants jusqu’à la rentrée des classes.

Au Koweït, il y a environ 800 000 travailleurs égyptiens et 1 million d’Indiens parmi les 3,5 millions de travailleurs étrangers du pays.

Les pays riches ne peuvent plus rien promettre

Avec la contraction de l’industrie pétrolière [le baril de pétrole était à 60 dollars en décembre 2019. Début avril, il était autour de 20 dollars] et l’évaporation du commerce international au Koweït et dans d’autres pays du Golfe, on peut imaginer que les semaines à venir pourraient voir des millions d’autres travailleurs étrangers rentrer chez eux, où ils deviendront un fardeau pour leurs gouvernements.

La perspective de retrouver leur ancien emploi dépendra de l’ampleur de la pandémie et de la capacité de reprise des économies du Golfe et du reste du monde arabe. Dans des circonstances normales, les gouvernements des pays les plus pauvres auraient pu s’attendre à l’aide des plus riches de la région, dans le cadre de la tradition de solidarité arabe qui a fait ses preuves à maintes reprises.

Cette fois cependant, les pays riches ne peuvent plus rien leur promettre, pas même des colis alimentaires.

Zvi Barel

10 avril 2020

Le Pérou lance le plan de soutien économique le plus ambitieux d’Amérique latine

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Alors que les mesures de confinement se font plus drastiques, le gouvernement annonce que 12 % du PIB seront investis pour lutter contre l’épidémie.

C’est un plan économique « sans précédent, audacieux et responsable », à hauteur d’une crise « sans précédent », a affirmé la ministre de l’économie et des finances péruvienne, Maria Antonieta Alva, vendredi 3 avril, quelques jours après l’annonce par le chef de l’Etat, Martin Vizcarra, d’un ambitieux plan de relance de l’économie. Au total, 12 % du PIB, soit 26 milliards de dollars (environ 24 milliards d’euros), seront débloqués pour répondre à l’urgence sanitaire et redonner du souffle à une économie au point mort.

Alors que les projections de croissance étaient de l’ordre de 3 à 4 % pour 2020, avec la crise elles se sont effondrées. Les analystes prédisent que la croissance pourrait perdre jusqu’à deux points cette année.

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Comme ailleurs dans le monde, le Pérou est confronté à l’épidémie de Covid-19, avec 2 281 cas confirmés et 83 morts selon le dernier bilan, dimanche 5 avril. Le président Vizcarra, qui a décrété très tôt l’état d’urgence – le 15 mars, quand moins d’une centaine de cas étaient répertoriés dans le pays –, a imposé un confinement drastique, la fermeture totale des frontières et un couvre-feu entre 18 heures et 5 heures du matin. Des mesures prolongées jusqu’au 12 avril avec des restrictions chaque fois plus fortes.

Depuis le 2 avril, des jours de sortie sont différenciés pour les hommes et les femmes, trois jours chacun, et interdiction de sortir pour tout le monde le dimanche. Une mesure surprenante – prise aussi au Panama –, justifiée par le fait de limiter l’affluence dans les rues et de simplifier les contrôles. L’économie, elle, est paralysée à hauteur de 70 % selon la Banque centrale péruvienne.

Plan en deux temps

Le plan de relance, salué par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, un organisme de l’ONU, est considéré comme le plus ambitieux du continent. Il se déroulera en deux temps. Une première phase dite « d’endiguement », avec une tranche de 8,5 milliards de dollars pour soutenir le système de santé et faire reculer l’épidémie. L’aide sera débloquée d’urgence alors que dans certaines régions, on manque de tout : équipements de protection, lits, personnel, respirateurs.

« Nous avons les épaules financières pour prendre ces mesures audacieuses », Maria Antonieta Alva, ministre de l’économie du Pérou

Le plan comprend aussi un soutien économique aux plus vulnérables ainsi qu’une aide aux petites et moyennes entreprises, pour lesquelles l’Etat s’est engagé à prendre en charge 35 % des salaires des employés touchant moins de 1 500 soles (400 euros) par mois.

Une autre enveloppe, de plusieurs milliards de dollars, est prévue pour l’après quarantaine – mi-avril, si la levée du confinement est confirmée – afin de réinjecter des liquidités dans l’économie à travers des aides aux entreprises et des investissements dans la dépense publique, sans plus de détail pour le moment.

« Nous avons les épaules financières pour prendre ces mesures audacieuses », a affirmé Mme Alva, la ministre de l’économie. Le Pérou affiche en effet une bonne santé économique, même s’il a enregistré en 2019 son taux de croissance le plus faible depuis une décennie avec 2,2 %. Mais la croissance est loin de profiter à tous les secteurs : 6 millions et demi de pauvres sont recensés, équivalant à 20,5 % de la population.

Le secteur du tourisme très touché

Pour les plus vulnérables, l’aide du gouvernement se traduit par un bono de 380 soles (100 euros) pour les quinze premiers jours de confinement, renouvelable en avril. Une aide qui concernera 2,8 millions de familles en situation de pauvreté et d’extrême pauvreté ainsi que 800 000 travailleurs indépendants, alors que 70 % de la population active péruvienne travaille dans le secteur informel. Beaucoup de ces travailleurs, qui subsistent au jour le jour, sans sécurité sociale ni retraite, continuent de sortir malgré les interdictions et les mesures de confinement car l’aide se fait attendre. Une moitié des bénéficiaires potentiels auraient reçu l’allocation d’urgence jusqu’à présent.

Par ailleurs, 8,5 milliards de crédits assurés par l’Etat seront destinés à 350 000 entreprises, dont 90 % de microentreprises de moins de dix salariés. Une garantie, selon le gouvernement, pour que les entreprises continuent de payer les salaires dans un pays où les allocations chômage n’existent pas.

Des centaines d’entreprises, notamment dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, ont annoncé il y a quelques jours qu’elles ne seraient pas en mesure de payer leurs employés. Elles souhaitent déclencher un mécanisme de « suspension de l’emploi », qui consiste à renvoyer chez eux leurs salariés sans rémunération pour cas de « force majeure », et ce, jusqu’à quatre-vingt-dix jours. Ce qui permet de les réintégrer ensuite, en évitant ainsi les licenciements.

Dans le secteur du tourisme (3,9 % du PIB), un des plus touchés par la crise, 30 000 personnes pourraient être « suspendues » sans solde d’ici à fin avril, selon la chambre du tourisme. Néanmoins la ministre du travail, Sylvia Caceres, réaffirmait dimanche 5 avril, jetant le trouble dans le secteur entrepreneurial, que ce mécanisme n’était pas autorisé pendant la quarantaine mais que d’autres mesures étaient à l’étude.

Amanda Chaparro(Lima, correspondance)

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10 avril 2020

Covid-19 - La crise économique risque de disloquer la société

FOREIGN AFFAIRS (NEW YORK)

Le seul rôle de la politique économique aujourd’hui doit être de maintenir des liens sociaux forts, prévient cet économiste, qui dresse un parallèle entre la crise actuelle et la chute de l’Empire romain.

Mars 2020, le monde entier est touché par un fléau qu’il est incapable de contrer efficacement et dont personne ne peut sérieusement prédire la durée. Il ne faut pas analyser les répercussions économiques de cette nouvelle pandémie comme des problèmes ordinaires que l’on pourrait résoudre avec des solutions macroéconomiques.

Nous sommes peut-être sur le point d’assister à un basculement fondamental de l’économie mondiale. Dans l’immédiat, il s’agit d’une crise à la fois de l’offre et de la demande. L’offre diminue parce que les entreprises ferment ou font travailler moins de salariés pour les protéger du virus. La demande recule, parce que les gens restent chez eux et nombre des biens et services qu’ils consomment habituellement ne sont plus disponibles.

Un retour à l’économie naturelle

Le monde est peut-être face à un tournant radical : un retour à l’économie naturelle. L’exact opposé de la mondialisation. Alors que la mondialisation repose sur la division du travail entre les nations, un retour à l’économie naturelle pousserait les pays à rechercher l’autosuffisance. Ce changement n’est pas inévitable. Si les gouvernements parviennent à maîtriser et à surmonter la crise actuelle dans les six ou douze prochains mois, on reprendra probablement le chemin de la mondialisation – même si certains de ses fondements (comme la production en flux tendu) devront sans doute être revus.

Mais si la crise persiste, elle pourrait signer la fin de la mondialisation. Plus la crise dure, plus les obstacles à la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux s’installeront et plus la situation finira par sembler normale. Des groupes particuliers ayant intérêt à maintenir ce nouveau statu quo se formeront et la peur d’une nouvelle épidémie pourrait inciter les États à miser sur l’autosuffisance.

À cet égard, les intérêts économiques et sanitaires pourraient se rejoindre. Sachant que des millions de gens avaient l’habitude de prendre régulièrement l’avion, le fait d’exiger, par exemple, un simple certificat médical, en plus d’un passeport et d’un visa, représenterait un obstacle au retour au monde d’avant.

Un échange de biens excédentaires entre territoires

Cet effondrement pourrait ressembler à la chute de Rome, lorsque la désintégration de l’Empire romain d’Occident a fait émerger une multitude de petits territoires indépendants entre le IVe et le VIe siècle. Dans cette économie, le commerce se résumait à un échange de biens excédentaires entre territoires. Il ne s’agissait pas de se spécialiser dans une production pour un hypothétique acheteur. Ainsi que l’écrit l’historien F. W. Walbank dans The Decline of the Roman Empire in the West [Le déclin de l’Empire romain d’Occident, publié en 1946] :

Dans tout l’empire, on a assisté à un retour à l’artisanat de subsistance, destiné au marché local et aux commandes des environs.”

Dans la crise actuelle, les gens qui ne se sont pas entièrement spécialisés ont l’avantage. Si vous êtes capable de produire votre propre nourriture, si vous ne dépendez pas des réseaux publics de distribution d’eau et d’électricité, vous n’êtes pas seulement à l’abri de toute perturbation de ces services, vous êtes également mieux protégé d’une contamination car la nourriture que vous consommez n’est pas préparée par une personne potentiellement infectée et vous n’avez pas besoin de faire venir un réparateur, potentiellement contagieux, pour réparer quoi que ce soit chez vous. Moins vous êtes dépendant des autres, plus vous êtes protégé. Tout ce qui constituait un avantage dans une économie hautement spécialisée devient un inconvénient, et inversement.

Les gens ne pourront plus payer leurs factures

Le retour à l’économie naturelle ne serait pas guidé par les pressions économiques classiques mais par des préoccupations bien plus fondamentales, la peur des épidémies et de la mort. C’est pourquoi les mesures économiques classiques ne seront pas plus que des palliatifs : elles pourraient (et devraient) protéger ceux qui vont perdre leur emploi et ne possèdent souvent même pas de couverture santé. À mesure que ces gens se trouveront dans l’impossibilité de payer leurs factures, il s’ensuivra une série de chocs en cascade – des expulsions de domicile aux crises bancaires.

Reste que c’est sur le plan humain que le tribut sera le plus lourd et que les conséquences de l’épidémie risquent de conduire à une désintégration sociale. Ceux qui n’auront plus ni espoir, ni emploi, ni ressources pourraient facilement se retourner contre ceux qui sont mieux lotis. Aux États-Unis, près de 30 % de la population ne possède rien ou seulement des dettes.

Il faudra peut-être s’habituer aux scènes de pillage

Si cette crise produit encore plus d’individus n’ayant ni emploi, ni argent, ni accès aux soins, si ces gens tombent dans le désespoir et la colère, alors il faudra peut-être s’habituer aux scènes de pillage observées après l’ouragan Katrina à la Nouvelle Orléans en 2005 ou à des évasions de prisonniers comme récemment en Italie. Si les gouvernements doivent recourir à l’armée ou à des forces paramilitaires pour contenir des émeutes ou des atteintes aux biens, il est possible que les sociétés commencent à se déliter.

C’est pourquoi le principal objectif – si ce n’est le seul – de la politique économique devrait être de prévenir une telle dislocation sociale. Les pays avancés ne doivent pas se laisser aveugler par les indicateurs économiques, et notamment les marchés financiers, ils doivent se rappeler que le rôle essentiel de leur politique économique aujourd’hui est de maintenir des liens sociaux forts en cette période d’extrême pression.

L’économiste Branko Milanovic est spécialiste des inégalités et de la pauvreté. Il enseigne à l’université de la ville de New York.

Branko Milanovic

10 avril 2020

Témoignage - “Au Pérou, nous n’avons rien vu venir”

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COURRIER EXPAT (PARIS)

Le Pérou n’a ni les infrastructures ni les ressources nécessaires pour faire face à la crise sanitaire. Pour Léa Van Cuyck, qui vit à Cuzco, les autorités ont eu raison de fermer les frontières sans préavis et de décréter l’état d’urgence.

Ici, au Pérou, nous n’avons rien vu venir. Nous avions bien eu quelques pensées pessimistes à l’annonce d’un virus se propageant insidieusement sur la surface du globe, faisant fi des frontières, mais nous nous pensions à l’abri, loin des foyers épidémiques, dans nos vies bien tracées. Pourtant l’Amérique allait elle aussi être touchée de plein fouet. Nous ne voulions tout simplement pas y croire.

Jusqu’au mercredi 11 mars, quand le président Vizcarra (photo)  annoncé la mise en quarantaine de tous les ressortissants étrangers atterrissant sur le territoire, à la suite de la détection d’une soixante de cas de Covid-19. Branle-bas de combat dans notre agence de voyages : cette déclaration a fait l’effet d’un séisme. Nous n’avons pas voulu y croire.

Pourtant, c’était la seule mesure à prendre : le pays ne possède ni les infrastructures ni les ressources nécessaires pour faire face à une crise sanitaire d’une telle ampleur. Conscientes du péril, les autorités n’avaient ni le temps ni le droit de s’abandonner au déni. Il fallait absolument circonscrire l’épidémie le plus vite possible.

Soudain, un monde obéissant à de nouvelles règles

Fermer le pays avant la certitude d’une contamination aurait permis de tuer l’hydre dans l’œuf. Mais la population n’aurait pas compris l’application d’une mesure aussi radicale sans l’apparition de cet ennemi mortel sur le territoire national. Le virus que l’on pointait du doigt partout était enfin à nos portes. Nous pouvions commencer à avoir peur.

Au cours des soixante-douze heures qui suivent l’annonce du président Vizcarra, les informations se succèdent : le gouvernement décrète la ley de emergencia, ferme les frontières et suspend tous les vols internationaux en provenance et à destination de l’Europe et de l’Asie. Finalement, c’est l’annonce d’un confinement de deux semaines qui achève d’écailler le vernis de nos certitudes. De notre appartement, situé dans le quartier de Wanchaq, à Cuzco, nous nous sentons perdus et démunis. Nous envisageons le pire sans réellement pouvoir nous en convaincre.

Lundi 16 mars, première sortie depuis l’annonce du confinement. Un couvre-feu a été proclamé entre 18 heures et 5 heures du matin, laissant suffisamment de temps à la population pour s’organiser. Pourtant nous observons les premiers signes d’une folie collective : les gens se précipitent dans les supermarchés, ratissent les rayons et remplissent leurs voitures dans un tumulte erratique. Nous voilà devenus des spectateurs étrangers, ne comprenant pas cette agitation presque démente. Nous achetons rapidement ce qu’il nous faut pour les trois premiers jours de confinement et rentrons nous enfermer dans notre appartement, un aquarium aux parois de verre. Ses fenêtres seront le prisme par lequel nous observerons le monde à l’avenir, un monde obéissant à de nouvelles règles.

S’occuper l’esprit et les mains à tout prix

Alors que les supermarchés mettent en place des quotas pour éviter les pénuries, nous nous organisons de notre côté. Nous établissons un planning pour la semaine afin de hiérarchiser les tâches urgentes, nous occupant ainsi tout autant l’esprit que les mains. Nous consacrons notre première semaine de quarantaine aux reports et annulations de voyage. Personne ne sachant quand le confinement prendra fin et quand les frontières rouvriront, nous sommes dans un inconnu permanent.

Puis vient la deuxième semaine et l’annonce de la prolongation du confinement jusqu’à la mi-avril. La nouvelle nous assomme un peu, mais nous y étions préparés. Ne faisant plus que du télétravail à mi-temps, nous nous occupons de notre mieux. C’est l’occasion pour nous d’entreprendre tout ce que nous n’avons jamais le temps de faire. Pour ma part, je me lance dans l’apprentissage du japonais. Depuis plusieurs mois, je ne parvenais pas à y consacrer suffisamment de temps pour avancer. À raison de cinq à huit heures par jour, les semaines défilent plus vite, ne laissant aucune emprise aux pensées noires.

Chaque soir, comme si elles nous donnaient rendez-vous, des voitures de police défilent sous nos fenêtres, sirènes hurlantes et lumières clignotantes. Cette scène surréaliste se teinte cependant d’une incroyable banalité au fil des jours. Notre esprit s’est formaté, le confinement ne nous apparaît plus si contraignant. Nous attendons tout simplement que la vague pandémique s’essouffle, qu’elle se tarisse d’elle-même, pour nous permettre de reprendre le fil de nos vies, là où il s’était arrêté un mois plus tôt.

Croiser des visages anonymes dont seuls les yeux restent visibles nous paraît par contre toujours aussi incongru. Les masques ont quelque chose d’angoissant et de menaçant. Cela nous rappelle le couperet qui risque de s’abattre à tout moment, au détour d’une rue ou d’une rencontre fortuite. Mais il nous faut garder le moral et les exemples pour nous y aider ne manquent pas : la planète est en train de prendre sa première vraie bouffée d’oxygène depuis des décennies, la pollution reflue des grandes métropoles et les pays se tournent vers leurs producteurs locaux. Les industries se transforment pour s’adapter aux besoins du moment et les gestes de solidarité se multiplient. Malgré une désobéissance civile flagrante à travers le globe, des citoyens décident d’appliquer le confinement alors même que leur gouvernement n’a pas encore pris de décision officielle.

À l’heure où notre planète est en sursis, alors que le “jour du dépassement” apparaît un peu plus tôt chaque année, essayons de voir le positif sans pour autant oblitérer la tristesse et la détresse qui ont frappé des milliers de foyers ces derniers mois. Gardons à l’esprit que cette quarantaine prendra fin et qu’en attendant elle n’est pas vaine. Qu’elle ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Respectons-nous et protégeons-nous les uns les autres en restant confinés.

Léa Van Cuyck

perou rien vu venir

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Source

Courrier Expat

PARIS

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