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Jours tranquilles à Paris
29 mars 2020

PEROU : La police protégée si elle tue pendant le confinement

police perou

PEROU : Les militaires et policiers qui patrouillent pour faire respecter la quarantaine seront exemptés de responsabilité pénale s'ils tuent ou blessent par «légitime défense».

Le ministère de la Défense a averti sur les réseaux sociaux, vidéos à l'appui, que les militaires allaient faire usage du «principe de la légitime défense» en cas de «danger».

Les militaires et policiers péruviens qui patrouillent pour faire respecter la quarantaine décidée contre le coronavirus seront exemptés de responsabilité pénale s'ils tuent ou blessent par «légitime défense» en situation de «danger», ont annoncé les autorités samedi. «Le personnel des forces armées et de la police nationale du Pérou est exempté de toute responsabilité pénale dans l'exercice des fonctions constitutionnelles qui (...) de manière réglementaire, provoque des blessures ou la mort» du contrevenant, est-il écrit dans une loi publiée samedi dans l'organe officiel.

Après cette publication, le ministère de la Défense a averti sur les réseaux sociaux, vidéos à l'appui, que les militaires allaient faire usage du «principe de la légitime défense» en cas de «danger». Le Pérou est soumis à un isolement obligatoire et à un couvre-feu nocturne depuis le 16 mars.

(L'essentiel/afp)

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29 mars 2020

Tirs de missiles au-dessus de Riyad.

La coalition militaire qui intervient au Yémen contre les rebelles Houthis a annoncé avoir intercepté et détruit deux missiles dans le ciel de la capitale saoudienne, dans la nuit de samedi à dimanche, rapporte Arab News. Au moins trois bruits d’explosion ont été entendus dans la nuit, selon plusieurs correspondants de l’Agence France-Presse, sur place. “L’attaque n’a pas été revendiquée”, mais les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, ont “déjà visé Riyad et d’autres villes saoudiennes par le passé”, note Arab News. Ces tirs interviennent au moment du cinquième anniversaire de l’entrée de la coalition dans le conflit au Yémen pour contrer les Houthis.

27 mars 2020

Affaire Khashoggi : 20 Saoudiens poursuivis par la Turquie

mbs

La Turquie a lancé des poursuites contre 20 Saoudiens, dont deux proches du prince héritier Mohammed ben Salmane, à l’issue d’une enquête sur le meurtre de l’éditorialiste Jamal Khashoggi à Istanbul en 2018.

Le bureau du procureur général d’Istanbul a indiqué, dans un communiqué, qu’un acte d’accusation avait été préparé, ce qui ouvre la voie à un procès dont la date n’a pas encore été annoncée. Dans cet acte d’accusation, deux proches du prince héritier saoudien, l’ex-conseiller Saoud al-Qahtani et l’ancien numéro deux du renseignement, le général Ahmed al-Assiri, sont identifiés comme les commanditaires du meurtre.

Mandats d’arrêts internationaux

Ils sont accusés d’avoir ordonné un « homicide volontaire prémédité avec l’intention d’infliger des souffrances ». Dans le même document, 18 autres suspects sont accusés d’avoir pris part à ce meurtre. Les 20 suspects risquent la prison à vie.

Les autorités turques ont, par ailleurs, émis des mandats d’arrêt internationaux, a indiqué le bureau du procureur.

Lors de l’enquête, les policiers turcs ont notamment perquisitionné le consulat saoudien et des véhicules appartenant à la mission diplomatique, examiné les factures téléphoniques de certains suspects et recueilli les témoignages de plus de 50 personnes.

Jamal Khashoggi, un collaborateur du Washington Post et critique du régime saoudien après en avoir été proche, a été assassiné, en octobre 2018, dans le consulat d’Arabie saoudite où il s’était rendu pour récupérer un document.

Étranglé puis découpé

Selon la Turquie, il a été étranglé, puis son corps a été découpé. Les restes de l’éditorialiste de 59 ans n’ont jamais été retrouvés.

Ce meurtre a plongé l’Arabie saoudite dans l’une de ses pires crises diplomatiques et terni l’image du prince héritier Mohammed ben Salmane, dit « MBS », désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire du meurtre. Après avoir nié le meurtre, puis avancé plusieurs versions contradictoires, les autorités de Ryad ont affirmé qu’il avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls et sans ordre de hauts dirigeants.

À l’issue d’un procès entouré du plus grand secret en Arabie saoudite, cinq Saoudiens ont été condamnés à mort au mois de décembre dernier. Aucune accusation n’a été retenue contre Saoud al-Qahtani et Ahmed al-Assiri a été acquitté.

27 mars 2020

Opinion - Jair Bolsonaro est fini

FOLHA DE SÃO PAULO (SÃO PAULO)

Le président brésilien est mort politiquement, affirme cet éditorialiste du Folha de São Paulo. Même ses alliés commencent à le lâcher, consternés par sa gestion erratique de la crise du coronavirus et son déni de la gravité de la situation.

La mort politique est, en général, une mort annoncée. Certes pas à coups de concerts de casseroles comme ceux qui, dans un élan spontané, réclament le départ de Jair Bolsonaro chaque jour à 20 heures dans nos villes.

C’est une fin moins bruyante que le son des casseroles : la mort politique survient à la seconde même qui précède le temps du désespoir.

C’est dans cette seconde suspendue entre rage et confusion que réside le signe de la ruine d’un dirigeant. La rage quand ce dirigeant constate que l’opposition grandit de tous les côtés, y compris du côté de ses anciens alliés, et la confusion qui vient comme le dernier soupir avant une fin annoncée et solitaire.

À droite comme à gauche, les gouverneurs [d’États brésiliens] attendent tels des spectateurs funèbres le crépuscule de la présidence de Bolsonaro. Ils se nourrissent du déclin de sa popularité.

Des secondes d’égarement

Certains prennent fort à propos des mesures [de confinement] qui devraient en principe être coordonnées par le gouvernement fédéral. [À São Paulo comme à Rio de Janeiro, les gouverneurs, anciens alliés du pouvoir, ont lancé des mesures fortes pour contenir l’épidémie].

Il est difficile de dire quand cette seconde a eu lieu dans le cas de Bolsonaro. Était-ce cette seconde d’égarement au cours d’une émission en direct d’Arabie Saoudite, [en octobre 2019], où il a nié tout lien [des cercles du pouvoir] avec la mort de la conseillère municipale Marielle Franco [assassinée en mars 2018 à Rio] et de son chauffeur ?

Était-ce le bras d’honneur qu’il a adressé [en février dernier] aux journalistes ? Était-ce son désir de commémorer le coup d’État militaire [en mars 2019] ? Seraient-ce les attaques quotidiennes contre les femmes journalistes ? Ou encore les quinze autres manquements à son mandat qu’il a pu commettre ?

Peut-être la fin du bolsonarisme ne s’annoncera-t-elle qu’au moment même où elle surgira.

Le peuple n’est pas venu

Elle surgira, c’est possible, quand les idéologues et autres opportunistes qui l’ont accompagné quitteront les premiers le navire, comme les rats. Dans le navire, on n’a pas lu Machiavel [qui, dans Le Prince, écrit au XVIe siècle, montre comment devenir prince et le rester] et on s’est donc entouré de flagorneurs. On s’est employé à relire Olavo de Carvalho [un idéologue brésilien ultraconservateur, établi aux Etats-Unis, qui inspire Bolsonaro] dans l’attente que le peuple nous donne le pouvoir dans la rue.

Mais voilà, le peuple n’est pas venu [ces derniers jours]. Le peuple est resté confiné en attendant un vrai leadership, avec flot de paroles et tout. Mais il n’y en a pas.

La frustration de la population à l’égard du système politique est semblable aux sables mouvants, engloutissant toute personne qui tente de surfer dessus sans savoir comment nous en extraire tous.

Si les analystes ont eu raison de penser que c’est la rhétorique d’un glorieux passé perdu [celui de la dictature] – bien sûr imaginaire – qui a propulsé le bolsonarisme au pouvoir, la chute n’en sera que plus dure.

À l’heure où la pandémie grandit, lecteurs, vous verrez que l’austérité économique [encore prônée par Bolsonaro ces derniers jours] ne sert à rien quand on vit avec toute sa famille dans une pièce unique, quand il n’y a pas d’eau propre pour se laver les mains, quand la précarisation du travail vous prive de revenus en cette période de crise.

Les images d’une fin annoncée

La fin d’un dirigeant politique se manifeste par la solitude, comme celle qu’a connue Dilma Rousseff [en 2016] dans les derniers jours de sa présidence au palais du Planalto [à Brasília].

L’image qui restera de la présidence de Bolsonaro sera peut-être celle de la photo prise [le 21 mars], où le président, en claquettes et maillot de football, a annoncé la production en masse d’un médicament [l’hydroxychloroquine] contre le coronavirus, dont l’efficacité n’est pas prouvée, et un partenariat de l’État avec un hôpital d’élite [Albert-Einstein, à São Paulo], dont les termes n’existent pas.

L’image qui restera de la présidence de Bolsonaro, c’est le désespoir qui le rongera pendant ses derniers instants au pouvoir. Car sa fin est annoncée, qu’elle résulte d’une procédure de destitution ou de son incompétence à exercer sa fonction.

Il est l’heure de prendre les bonnes décisions

Les crises comme celle que nous vivons actuellement révèlent les incompétents, et elles sont aussi cathartiques. Elles font ressurgir avec force des idées qui traînaient depuis longtemps.

Il est l’heure, par exemple, de remettre sur la table le débat sur la taxation des grandes fortunes [protégées par Bolsonaro] et des dividendes, comme le demande à juste titre l’économiste Monica de Bolle [qui appelle à de grands investissements publics].

Il est aussi l’heure de discuter sérieusement de l’introduction de formes de revenu universel, l’heure d’innover en trouvant une organisation du travail qui apporte de la dignité aux travailleurs informels [en les aidant dans cette crise].

En politique, l’unité de temps, c’est le maintenant. Bolsonaro vit déjà dans celle d’hier.

Thiago Amparo

23 mars 2020

ALERTE-OMS-Coronavirus: La pandémie s’accélère, alerte l’OMS

L’Organisation mondiale de la Santé prévient que la pandémie « s’accélère » dans le monde, mais sa trajectoire peut être modifiée. Les cas confirmés de Covid-19 ont touché 300.000 personnes dans le monde et il y a plus d’un milliard de personnes confinées.

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21 mars 2020

Coronavirus : plus de 800 millions de personnes appelées à rester chez elles dans le monde

Alors que la pandémie de Covid-19 a fait au moins 11 310 morts, les mesures de confinement se multiplient. Elles concernent désormais cinq Etats américains, la Tunisie et la Polynésie, quand Cuba a fermé ses frontières aux touristes.

Le décompte ne cesse d’augmenter : le coronavirus a fait au moins 11 310 morts depuis son apparition en Chine en décembre, selon un bilan établi par l’université américaine Johns Hopkins, samedi 21 mars à 2 heures (heure de Paris), dont près de 6 000 en Europe.

En réponse, les mesures de confinement se multiplient à travers le monde, portant à plus de 800 millions le nombre de personnes appelées à rester chez elles à l’échelle internationale.

Des mesures plus restrictives envisagées

L’Italie, placée en confinement généralisé depuis une semaine, affiche un bilan particulièrement sinistre : 627 décès ces dernières vingt-quatre heures, un record portant le bilan du pays au-delà de 4 000 morts. Rome envisage d’adopter rapidement de nouvelles mesures plus restrictives, notamment sur les activités de plein air, afin de dissuader encore davantage la population de sortir.

L’Espagne a, elle, dépassé 1 000 décès et se prépare au pire avec près de 20 000 cas.

Le gouvernement britannique a ordonné la fermeture des pubs, restaurants, cinémas, salles de gym et théâtres. La Belgique a décidé de fermer ses frontières pour tout déplacement « non essentiel », mais pas pour le fret. La Bavière, deuxième Etat régional le plus peuplé d’Allemagne (13 millions d’habitants), et la Sarre ont décrété le confinement général.

Des confinements Etat par Etat en Amérique

Emboîtant le pas de la Californie, les Etats de New York, l’Illinois, le New Jersey, la Pennsylvanie, le Connecticut et le Nevada ont décrété, vendredi, l’arrêt de toutes les activités non essentielles pour faire face à la pandémie de coronavirus. Les sept Etats désormais concernés par ces mesures restrictives comptent environ 100 millions de personnes, dont 60 millions pour la Californie et New York.

Malgré ces décisions, le président, Donald Trump, a écarté l’idée d’un confinement au niveau fédéral. « Je ne pense pas que nous jugerons cela nécessaire un jour », a-t-il dit, soulignant que la Californie et New York étaient « deux points chauds ».

Les frontières se ferment à travers le monde

La mesure est décidée ailleurs dans le monde, comme en Tunisie, où les autorités n’ont pas précisé la date de son entrée en vigueur, ni sa durée. Cuba, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont également fermé leurs frontières. Le couvre-feu a été imposé en Haïti, en République dominicaine voisine, et à partir de samedi en Jordanie.

Le Guatemala a, de son côté, décidé de stopper son industrie « non essentielle », dès lundi. Le président a précisé que les supermarchés, les stations-service, les banques et les autres commerces resteraient ouverts.

En Colombie, le confinement général devient « obligatoire » à partir de mardi et jusqu’au 13 avril.

Des exceptions au confinement

La Suisse a, elle, durci ses mesures, interdisant les rassemblements de plus de cinq personnes. Mais elle a écarté tout confinement, estimant qu’il s’agissait de « politique spectacle ».

Le gouvernement a débloqué 32 milliards de francs suisses (30,4 milliards d’euros) supplémentaires pour soutenir l’économie. Une enveloppe de 10 milliards de francs suisses avait déjà été annoncée il y a une semaine. « Notre économie fonctionne actuellement à environ 80 % de sa capacité et nous devons faire tout notre possible pour maintenir un niveau d’activité suffisant », a déclaré le ministre de l’économie, Guy Parmelin, au cours d’une conférence de presse à Berne.

Aucun cas local en Chine

La Chine n’a enregistré samedi, pour le troisième jour de suite, aucun nouveau cas de contamination d’origine locale au coronavirus, mais les autorités sanitaires ont fait état de 41 cas importés supplémentaires, un record journalier. Le nombre de cas « importés » depuis l’étranger s’élève désormais à 269.

La Chine a recensé au total plus de 81 000 personnes contaminées, dont seules 6 013 sont encore malades, selon les autorités sanitaires.

L’Union européenne lâche la bride budgétaire

Face à cette crise sanitaire, l’Union européenne (UE) a annoncé la suspension de ses règles de discipline budgétaire, une mesure inédite. Concrètement, la Commission a donné son feu vert pour permettre aux Vingt-Sept de déroger temporairement à ce pacte, qui fixe les règles budgétaires aux Etats ayant adopté la monnaie unique. Créée en 2011, en pleine crise de la zone euro, cette clause n’avait jusqu’alors jamais été activée. Parmi les obligations que les Etats membres n’auront plus à respecter figure la fameuse règle imposant que leur déficit public reste inférieur à 3 % de leur produit intérieur brut (PIB).

17 mars 2020

En Russie, la Cour constitutionnelle autorise Vladimir Poutine à se représenter.

poutinre

La plus haute instance judiciaire du pays a donné son aval lundi à des modifications de la loi fondamentale qui permettront au président de rester, s’il le souhaite, au pouvoir jusqu’en 2036. Cette décision n’a toutefois rien d’inattendu, note le site d’information russe Meduza, qui rappelle que 11 des 15 juges de la Cour constitutionnelle ont été nommés par Vladimir Poutine. Pour entrer en vigueur, le nouveau texte doit encore être approuvé par référendum le 22 avril prochain. Le président russe a signé samedi cette vaste réforme constitutionnelle, qui, grâce à un amendement ajouté à la surprise générale quelques jours avant et vivement dénoncé par l’opposition, permettra de remettre à zéro le nombre de ses mandats présidentiels, alors que la loi russe interdit au président d’effectuer plus de deux mandats consécutifs.

15 mars 2020

Reportage - Crise migratoire : rejoindre l’Europe à tout prix

rejoindre europe à tout prix

DARAJ (BEYROUTH)

Pourquoi quitter la Turquie au péril de sa vie ? Parce que l’espoir d’une vie meilleure, en Europe, continue d’animer les réfugiés, raconte le média libanais Daraj, qui est allé rencontrer les candidats au départ.

Au centre d’Istanbul, une femme quinquagénaire couvre de baisers le visage d’un jeune homme qui a l’air d’être son fils. Lui essaie de la calmer, mais elle continue pendant un long moment avant d’arrêter ses effusions de tendresse. Il prend alors son sac pour le poser sur son dos, tandis qu’elle sort une banane de sa poche et la lui tend en disant : “Prends-la pour le cas où tu auras faim quand tu resteras bloqué sur la route.”

Autour, personne n’a le temps de se rendre compte de cette scène poignante. Tout le monde est pressé de trouver un bus qui puisse l’amener au “point zéro” à la frontière entre la Turquie et la Grèce. À quelques pas de là, un Syrien, gobelet de café à la main, crie : “Jusqu’en Grèce pour 100 livres !” Il essaie de remplir son bus de migrants, alors que des associations et des services municipaux mettent à disposition d’autres bus, gratuits ceux-là, quelques centaines de mètres plus loin.

Tout est parti d’une fuite due à un responsable turc, dans la nuit du 27 au 28 février, reprise par l’agence de presse Reuters, disant que la Turquie n’allait pas “empêcher le mouvement des migrants désireux de trouver refuge en Europe”.

Obligés de se dévêtir avant d’être renvoyés en Turquie

Dès le 28 février, des centaines de réfugiés ont commencé à se masser à la frontière. Parmi eux, les Afghans étaient les plus nombreux, suivis des Iraniens, puis des Somaliens, tandis que les Syriens formaient le contingent le plus petit.

Jusqu’à présent, la plupart n’ont pas réussi à passer. Seule une toute petite minorité a réussi à se faufiler, mais parmi ceux-ci, certains ont déjà été attrapés et renvoyés en Turquie, souvent nus, après avoir été obligés de se dévêtir, leurs vêtements, ainsi que leurs téléphones portables, ayant été confisqués. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur turc, le nombre de migrants irréguliers ayant quitté la Turquie pour prendre le chemin de l’Europe s’élève à 100 000 personnes.

Pourquoi les Syriens veulent-ils quitter la Turquie ? Yasser explique qu’il n’a pas de papiers. Or en Turquie, la fameuse “carte de protection temporaire” est devenue une véritable hantise. C’est ce document qui atteste de la situation régulière des réfugiés et qui leur donne accès à l’école pour leurs enfants, aux soins médicaux etc.

“La Turquie nous mène la vie dure”, lâche Ahmed Bakkour, originaire des environs de Damas, pour expliquer pourquoi il prend le risque de ce trajet qui représente de sérieux risques pour son épouse et pour sa fille de 5 ans.

Le casse-tête administratif

Arrivé en Turquie il y a quatre ans, il travaillait seize heures par jour dans un atelier de couture pour un salaire d’à peine 1 800 livres turques [équivalent d’environ 260 euros]. “Cela ne permet pas de vivre.” À cela se sont ajoutés le cambriolage de son appartement, puis un casse-tête administratif : “Ma carte de protection temporaire a été délivrée à Istanbul, mais celle de mon épouse à Adana. Cela rend presque impossible de faire une démarche administrative qui concerne toute la famille.”

La plupart des jeunes entre 18 et 30 ans que nous avons rencontrés ont en commun de chercher de meilleures perspectives d’avenir que ce qu’ils peuvent espérer en Turquie, où tout est fragile et incertain. Waël a un diplôme de dentiste, mais cela fait plus de deux ans qu’il travaille dans un atelier de fabrication de meubles.

Si je voulais ouvrir un cabinet de dentiste, il faudrait que je valide mes diplômes par un cursus de trois ans à l’université turque” explique-t-il. Le trajet d’Istanbul à Edirne, la grande ville turque frontalière [de la Bulgarie au nord et de la Grèce à l’ouest], prend quatre heures. Plus on se rapproche du but, plus il y a de présence de l’armée turque, qui aiguillonne les bus vers les endroits de moindre pression, là où il n’y a ni villes, ni villages, ni même éclairage public.

En face de soldats grecs armés jusqu’aux dents

Arrivés à ces endroits loin de toute activité humaine, les migrants marchent pendant des heures en direction de la frontière, jusqu’à ce qu’ils arrivent pour se retrouver face à face avec des soldats grecs armés jusqu’aux dents.

Pour Farès, cela fait trois jours qu’il attend. Il a reçu plusieurs grenades de gaz lacrymogène, mais il n’en démord pas. Il veut passer, et il est convaincu qu’il y arrivera. Il pense qu’il y aura de plus en plus de gens à venir, jusqu’à être tellement nombreux que les soldats grecs ne pourront plus contrôler la situation. “Je ne retournerai pas en Turquie, et je n’arrive pas à entrer en Grèce, dit-il.

La frontière est notre destin.”

Une vidéo diffusée par un jeune Syrien montre des dizaines de migrants en train de fêter leur passage réussi en territoire grec. Mais la journaliste syrienne Ayat Sultan a ensuite diffusé à son tour la photo du même jeune Syrien dans un centre d’hébergement côté turc, après que la police grecque l’a arrêté et renvoyé avec les autres migrants.

Ahmed Haj Hamdou

11 mars 2020

Xi Jinping, déjà proclamé en Chine vainqueur de la «guerre du peuple contre le virus»

xi et le virus

Le président chinois s’est rendu pour la première fois mardi à Wuhan, d’où est partie l’épidémie. Selon les autorités, le nombre de nouvelles infections est en chute libre dans le pays.

Xi Jinping, déjà proclamé en Chine vainqueur de la «guerre du peuple contre le virus»

«L’épidémie est presque jugulée», a déclaré le président chinois mardi, à Wuhan, épicentre du Covid-19. Tout en restant masqué et à bonne distance de ses interlocuteurs, et en discutant avec des malades par vidéoconférence. «Presque» car, selon les chiffres officiels, il reste plus de 20 000 malades du Covid-19 en Chine, et 349 cas suspects. Néanmoins, sur les 80 924 cas recensés dans le pays depuis trois mois, les trois quarts sont considérés comme guéris, et le ministère de la Santé n’a annoncé que 19 nouvelles contaminations au cours des dernières 24 heures, contre 40 la veille et environ 1 500 chaque jour au plus fort de la crise. Les deux hôpitaux de fortune de plus de 1 000 lits, construits en dix jours à grand renfort de publicité, sont toujours en activité, mais les 16 centres de conférences et gymnases réquisitionnés pour accueillir les malades ont été fermés.

Tribut

Depuis l’émergence du Covid-19, c’est la première visite du leader chinois dans le Hubei. La province de 56 millions d’habitants a payé un lourd tribut à la maladie, avec plus de 3 000 morts et 3 000 soignants contaminés. «Les premières étapes des objectifs de stabilisation et de redressement de la situation au Hubei et à Wuhan ont été réalisées. Mais les efforts de lutte contre le virus à Wuhan et la province environnante du Hubei restent ardus», a précisé Xi Jinping, cité par l’agence de presse officielle Chine nouvelle.

Pour le 49e jour consécutif, les 11 millions d’habitants de Wuhan, où le premier malade a été hospitalisé le 8 décembre, n’ont pas le droit de quitter la ville. En revanche, une application pour téléphone portable va délivrer aux autres citoyens du Hubei des codes QR de couleur déterminant leur droit à se déplacer, sans toutefois sortir des limites de la province. Les heureux détenteurs d’un «code vert» (aucun contact avec des cas confirmés ou suspects) pourront bouger librement à condition de ne pas venir de zones «à risque élevé». Les «jaunes» (en contact avec un cas suspect) restent assignés à résidence. Les malchanceux classés «rouge» (cas suspectés ou confirmés) sont contraints à l’isolement. La situation est toujours tendue dans le reste du pays, avec plusieurs centaines de milliers d’habitants confinés à Pékin. Cette situation encore critique n’empêche pas la propagande chinoise d’effrayer la population avec les quelques dizaines de cas importés d’Italie et d’Iran (en général des Chinois qui rentrent au pays), pourtant aisément traçables. «La police vient de frapper à ma porte, m’a interrogé sur mes voyages récents, et a vérifié les tampons sur mon passeport. Ils m’ont expliqué que la plus grande menace était désormais les gens ayant voyagé dans des pays à haut risque», racontait samedi sur Twitter Jared T. Nelson, un avocat de Shanghai.

Pendant ce temps, le Parti communiste peut continuer à réécrire l’histoire, avec Xi Jinping comme vainqueur de la «guerre du peuple contre le virus». Le 27 février, le célèbre épidémiologiste Zhong Nanshan avait déclaré que «le coronavirus pourrait ne pas venir de Chine». Une thèse aussitôt reprise par le ministère des Affaires étrangères et le corps des ambassadeurs. Dans une lettre envoyée à ses ressortissants le 5 mars, l’ambassade de Chine à Tokyo a parlé du Covid-19 comme du «virus japonais». Samedi, Lin Songtian, ambassadeur en Afrique du Sud, affirmait sur Twitter (interdit en Chine) : «Bien que l’épidémie ait d’abord émergé en Chine, cela ne signifie pas forcément que le virus en soit originaire.»

La censure d’Etat laisse opportunément proliférer les théories complotistes affirmant que le virus viendrait des Etats-Unis. Une présentatrice télé a réclamé que «le reste du monde fasse des excuses à la Chine pour les sacrifices qu’elle a consentis». L’objectif est de faire oublier que le régime a perdu trois précieuses semaines dans la bataille contre la maladie, en censurant l’information, en organisant un banquet de 40 000 familles le 18 janvier à Wuhan, et en laissant 5 millions de Wuhanais partir en vacances alors que l’épidémie était avancée et repérée. La presse officielle multiplie les images de malades remerciant des médecins épuisés mais victorieux, et met l’accent sur la propagation du virus sur la planète et la difficulté des pays démocratiques à freiner l’épidémie, faisant l’impasse sur les conséquences sociales dramatiques de la quarantaine du Hubei, qui fragilise les plus précaires et fait bondir les violences conjugales.

Ras-le-bol

Depuis le vent de colère qui a soufflé sur les réseaux après la mort de Li Wenliang, le médecin puni pour avoir, le 30 décembre, prévenu ses collègues de la dangerosité du virus, le régime met les bouchées doubles pour écraser toute critique. Xu Zhiyong, un juriste qui a appelé dans une lettre ouverte à la démission de Xi Jinping pour ses manquements dans la gestion de la crise, a été condamné lundi à 15 ans de prison pour «subversion». Une partie de l’opinion salue la réponse du pouvoir. Mais une autre laisse sourdre son ras-le-bol. «Les Chinois, les Wuhanais en particulier, ont découvert la lenteur et les problèmes de ce régime, confie une habitante du Hubei. C’est peut-être le début de quelque chose.»

11 mars 2020

Vladimir Poutine se voit bien rester au pouvoir jusqu'en 2036

Vladimir Poutine va-t-il se maintenir au pouvoir en Russie jusqu'en 2036 ? Le président russe a obtenu cette autorisation du Parlement ce mardi avec l'adoption d'un amendement qui, dans le cadre de sa réforme de la constitution, permettrait de «réinitialiser» le compteur limitant à deux les mandats présidentiels successifs. Ce qui tomberait bien, puisque Poutine est actuellement dans son deuxième mandat, qui doit s'achever en 2024. En effet, alors que la réforme confirme qu'il n'est pas possible d'exercer plus de deux mandats au pouvoir, cet amendement prévoit que les personnes ayant déjà présidé ou présidant actuellement (Poutine, donc) ne sont pas concernées, puisqu'il s'agirait en quelque sorte d'un «nouveau départ» constitutionnel. Selon lui, il reviendra à la Cour constitutionnelle de décider si cet amendement est constitutionnel, et aux citoyens russes de le confirmer lors d'un vote national le 22 avril dont les contours restent à définir. Si tel est le cas, Poutine pourrait à nouveau enchaîner deux mandats et garder le pouvoir jusqu'en 2036.

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