Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
13 octobre 2020

AMÉRIQUES « Jour de la race » : des milliers d’indigènes manifestent dans plusieurs pays d’Amérique latine

Ces rassemblements ont lieu à l’occasion du 528e anniversaire de la découverte des Amériques par Christophe Colomb. Au Venezuela, Nicolas Maduro va initier « un processus de décolonisation ».

Des milliers de membres des communautés indigènes de Colombie, du Chili et de Bolivie ont manifesté lundi 12 octobre, le jour de la commémoration de l’arrivée des expéditions de Christophe Colomb aux Amériques, en 1492, « Jour de l’hispanité » et fête nationale en Espagne, appelé « Jour de la race » dans de nombreux pays de la région.

Demande d’être considéré en Colombie

Dans le sud-ouest de la Colombie, les manifestants ont convergé vers Cali pour « dénoncer les massacres systématiques qui se produisent sur nos territoires sans que le gouvernement ne s’y intéresse », a déclaré Franky Reinosa, du Conseil régional indigène de l’Etat de Caldas (ouest). « Pour nous, [le 12 octobre] a été le plus grand ethnocide dans l’histoire de nos territoires. »

Les manifestants demandent également à être consultés sur les grands projets qui impactent leurs territoires, et la pleine mise en œuvre du plan de paix historique de 2016 qui a mis fin à un demi-siècle de violences avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

Le sud-ouest de la Colombie, qui borde l’Equateur et le Pacifique, compte une importante population indigène estimée à 4,4 % des 50 millions d’habitants, et est l’une des régions les plus touchées par les violences en lien avec le trafic de cocaïne dans le pays, premier producteur mondial.

Conflit entre les Mapuches et le Chili autour de terres

A Santiago (Chili), des représentants des peuples indigènes chiliens, principalement des Mapuches, le plus grand groupe ethnique du pays, ont également manifesté. Des heurts ont éclaté avec la police et au moins douze personnes ont été arrêtées.

« Le 12 octobre est une sombre date pour les peuples, pour les premières nations des Amériques, car elle marque le début du génocide, de l’exploitation, du pillage, de l’esclavage », a déclaré Jorge Huenchullan, porte-parole de la Communauté autonome Mapuche de Temucuicui, en Araucanie (sud).

La plupart des Mapuches du Chili vivent en Araucanie et entretiennent un conflit historique avec l’Etat chilien auquel elles réclament des terres qu’elles considèrent comme leur appartenant de droit ancestral. Les autorités en ont cédé plusieurs à des entreprises privées, principalement des sociétés d’exploitation forestière.

Les violences faites aux femmes aussi dénoncées en Bolivie

En Bolivie, dans la capitale La Paz, des militantes de défense des droits des femmes ont placé une jupe traditionnelle andine sur la statue d’Isabelle la catholique (1451-1504), reine de Castille et d’Aragon, qui avait financé les expéditions de Christophe Colomb.

Par cette action, qui visait également à dénoncer les violences faites aux femmes, les manifestantes entendaient dire « que la colonisation a été un génocide, que l’Amérique n’avait pas à être découverte, que l’Amérique avait déjà des sociétés formées », a déclaré à l’AFP Diana, une militante de 18 ans.

Reconquête de l’espace public au Venezuela

De son côté, le président vénézuélien Nicolas Maduro a décidé qu’il allait initier « un processus de décolonisation et de reconquête de tous les espaces publics portant le nom des colonisateurs, conquérants et génocidaires, et à partir d’aujourd’hui » l’autoroute Francisco Fajardo, un descendant d’Espagnols né au Venezuela et lié à la colonisation, s’appellera « Grand cacique Guaicaipuro », a annoncé Nicolas Maduro.

Cette autoroute de 28 kilomètres de long reliant l’est à l’ouest de la ville « portait le nom du colonisateur génocidaire Francisco Fajardo (…) c’est comme si dans un pays européen ils avaient nommé une autoroute [Adolf] Hitler », a ajouté M. Maduro.

Le Monde avec AFP

Publicité
12 octobre 2020

En distinguant le Programme alimentaire mondial, le comité Nobel alerte sur l’urgence de la faim dans le monde

Par Mathilde Gérard

Lors de l’annonce du prix Nobel de la paix, le comité a insisté sur l’importance de soutenir financièrement les actions de lutte contre l’insécurité alimentaire.

« La nourriture reste le meilleur vaccin contre le chaos. » C’est par ces termes que le comité Nobel a commenté l’attribution du prix Nobel de la paix, vendredi 9 octobre, au Programme alimentaire mondial (PAM), institution onusienne basée à Rome, dont la mission principale est d’apporter une aide alimentaire d’urgence aux populations. Alors que la faim dans le monde est en hausse continue depuis 2015, cette distinction vient mettre en lumière à quel point l’objectif faim zéro que l’ONU s’est fixé pour 2030 semble hors d’atteinte : près de 9 % de la population (690 millions) ne mange pas aujourd’hui à sa faim, un chiffre qui risque de progresser fortement en 2020, sous l’effet des mesures restrictives liées à la pandémie de Covid-19. Et, parmi elles, 135 millions sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, c’est-à-dire que leur subsistance est en danger.

« Sans la paix, nous ne pouvons pas atteindre notre objectif mondial d’éradication de la faim ; et, tant que la faim subsiste, nous n’aurons jamais un monde pacifique », a réagi le directeur exécutif du PAM, l’Américain David Beasley, dans un communiqué. Par cette distinction, le comité norvégien du Nobel a souhaité « tourner les regards vers les millions de personnes qui souffrent ou sont menacées de faim », mais aussi récompenser le multilatéralisme. « Le besoin de solidarité internationale et de coopération multilatérale est plus évident que jamais », a insisté Berit Reiss-Andersen, présidente norvégienne du comité.

« Je me réjouis que la question de la faim que l’on croit chaque fois réglée soit de nouveau mise en avant, a commenté au Monde Olivier De Schutter, ancien rapporteur des Nations unies pour le droit à l’alimentation. Les menaces aujourd’hui sont différentes de celles d’il y a trente ans : désormais, c’est le réchauffement climatique et les déplacements forcés de personnes en raison des conflits armés qui font grimper la sous-alimentation dans le monde. »

« Les financements ne suivent pas »

Fondé en 1961, le PAM, qui compte 17 000 salariés dans 88 pays, mène les deux tiers de ses interventions dans des zones de conflits, dans des conditions parfois très précaires. Chaque année, il porte assistance à près de 100 millions de personnes dans le monde. Son plus grand terrain d’action est le Yémen, dont les deux tiers des 30 millions d’habitants ne peuvent se nourrir correctement, selon le PAM. Cinq années de conflit armé ont mis en ruine le pays, son système de santé et son économie. Les aides onusiennes tentent tant bien que mal de préserver le Yémen d’une situation de famine généralisée, mais l’institution a alerté ces derniers mois sur la baisse des financements, qui l’ont contrainte à réduire ses interventions.

Reposant sur des contributions volontaires des Etats, d’entreprises ou de particuliers, le financement du PAM est soumis à de forts aléas. En attribuant son prix, le comité Nobel a alerté sur « les proportions inconcevables que pourrait prendre la crise alimentaire si le PAM et d’autres organisations ne recevaient pas le soutien financier requis ». Selon les calculs de l’ONU, seulement 10 % de son appel de fonds d’urgence sur la sécurité alimentaire, lancé dans le cadre de la pandémie de Covid-19, ont été financés (254 millions sur les 2,4 milliards requis).

Plusieurs échéances devraient rappeler les bailleurs à leurs obligations. Le Comité de sécurité alimentaire mondial (CSA), qui regroupe agences internationales, gouvernements et société civile, se réunira virtuellement du 13 au 15 octobre, et les organisations participantes y espèrent des engagements forts. « On est dans un contexte où la mesure de l’urgence n’a pas été prise. Les financements ne suivent pas, s’inquiète Hélène Botreau, responsable des questions de sécurité alimentaire pour Oxfam France. Ce prix Nobel attribué au PAM permet de repolitiser et remédiatiser le sujet, mais on attend une réponse ambitieuse et multilatérale à l’insécurité alimentaire. »

Un groupement de chercheurs internationaux publiera par ailleurs le 13 octobre une série d’articles dans la revue Nature sur les mesures à prendre pour éradiquer la faim, ainsi qu’une évaluation des investissements nécessaires. « Notre recherche montre que la pandémie de Covid-19 pourrait plonger 95 millions de nouvelles personnes dans la faim, réagit Jaron Porciello, de l’université Cornell (Ithaca, Etats-Unis), l’un des responsables de ce programme de recherche. Le travail d’urgence du PAM est plus que jamais nécessaire, au côté duquel il faut des investissements de long terme – sur les technologies vertes et le soutien à des petits paysans. »

Développement rural

Au-delà de ses interventions d’urgence, le PAM a opéré une mue depuis sa création. « Le PAM a pris conscience qu’il devait aller au-delà de la fourniture de rations alimentaires classiques et qu’il devait s’intéresser à la question du développement », note Olivier De Schutter. En 2008, l’organisation a lancé un programme visant à acheter à des petits producteurs locaux leurs récoltes pour les fournir aux populations dans le besoin, une façon de mieux protéger les marchés locaux souvent déstabilisés par l’arrivée de denrées extérieures. Ce programme Purchase for Progress correspond à 600 000 tonnes d’aliments donnés, soit un septième environ de l’aide alimentaire du PAM, et bénéficie à 1 million d’agriculteurs dans le monde.

L’institution s’est également ouverte à la question de la diversité nutritionnelle, notamment à l’égard des femmes enceintes et des nourrissons, et a développé des programmes d’alimentation scolaire dans plusieurs pays, fournissant des repas à 17 millions d’enfants. « Ces évolutions du PAM montrent qu’on n’est plus dans une aide humanitaire parfois mal ciblée, mais dans une démarche qui prend en compte le souci de développement rural », souligne Olivier De Schutter.

C’est la douzième fois qu’une institution onusienne ou l’un de ses représentants se voit récompensée par le comité Nobel, la dernière en date étant le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) en 2007.

11 octobre 2020

Corée du Nord

La Corée du Nord dévoile un missile géant. Kim Jong-un a dévoilé samedi, lors d’un gigantesque défilé militaire, un missile balistique intercontinental géant, selon NPR. Une experte citée par la radio publique américaine, Lee Ho-ryung, précise cependant que la Corée du Nord exhibe souvent des répliques ou des fausses armes, non opérationnelles, destinées à lancer un message au reste du monde. “Il est peu probable qu’ils procèdent à un essai, qui serait une provocation pour des pays comme les États-Unis”, dit-elle. “Ils veulent laisser la porte ouverte à la diplomatie”.

corée nord

11 octobre 2020

Controverse - La Colombie doit-elle légaliser la cocaïne ?

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Un sénateur vert a récemment déposé une proposition de loi inédite qui vise à asphyxier les réseaux de narcotrafiquants. L’initiative est loin de faire l’unanimité.

OUI

Pour mettre fin à la violence

– Portafolio, Bogotá

Qu’on parle de légaliser la drogue, la marijuana et la coca, ou de réglementer sa production et son utilisation en Colombie, c’est la même chose. La raison en est simple et évidente : il faut arracher ce marché aux trafiquants de drogue. Et empêcher que les millions engendrés par ce commerce illégal continuent de financer la violence sous toutes ses formes en Colombie.

La question de la légalisation ressort de nouveau dans le débat public, parce qu’il y a quelques jours le sénateur du Parti vert Iván Marulanda, soutenu par 20 autres membres du Congrès, a présenté une proposition de loi qui vise à réglementer et à légaliser le marché de la coca et de la cocaïne en Colombie. C’est une initiative novatatrice, intéressante et raisonnable. Il repose sur une mesure concrète, viable et réalisable : l’achat par le gouvernement colombien de 100 % de la récolte de feuilles de coca du pays et que ce soit l’État qui détermine son affectation et sa destruction.

Racheter la production serait moins cher que de la détruire

Une partie de la récolte reviendrait aux communautés indigènes, comme celles de la Sierra Nevada de Santa Marta, pour qui la feuille de coca joue un rôle central dans la culture et la vie quotidienne ; une autre partie servirait à des fins médicinales, une autre à un usage commercial, comme le thé de feuilles de coca, qui aujourd’hui se vend librement dans les supermarchés ; une autre partie serait transformée en cocaïne et distribuée aux consommateurs sous l’égide des autorités sanitaires, et ce qui resterait après avoir répondu à la demande des catégories exposées précédemment serait détruit.

Marulanda affirme, en donnant des chiffres, que l’achat de la récolte de coca par l’État colombien reviendrait bien moins cher que sa destruction au glyphosate ou manuellement. Je le crois. Il est facile de vérifier les chiffres.

La partie la plus controversée du projet est la production par l’État de cocaïne de très bonne qualité et sa distribution aux utilisateurs. Ces derniers seraient un peu plus de 300 000. J’imagine que la prescription sera réglementée par les autorités sanitaires et que les consommateurs devront s’inscrire et participer à des programmes de désintoxication, comme cela s’est fait il y a des décennies dans les pays européens qui ont dépénalisé l’utilisation de ce type de drogue. Pour autant, cet aspect du projet me semble risqué et inutile.

Je comprends son objectif : il faut légaliser et réglementer la totalité du marché de la coca et de la cocaïne, sans quoi le marché illégal ne prendra jamais fin. Mais, même sans cette mesure, le projet de Marulanda serait une grande avancée pour la Colombie. À l’origine de la violence que le pays connaît aujourd’hui, en particulier les derniers massacres horribles, il y a le trafic de drogue. Il s’agit de groupes illégaux qui s’approprient des territoires par le biais du terrorisme et de la peur.

En l’absence de débat sur ce sujet à l’international, en raison de la volonté marquée de Trump de mener une guerre totale contre la drogue et de l’immobilisme des Nations unies, la Colombie ne doit compter que sur elle-même.

– Ricardo Santamaría

cocaine

NON

Cela ne stoppera pas les trafics

– El Tiempo, Bogotá

Le cynisme des individus étant proportionnel à celui de la société qui le tolère, le sénateur Iván Marulanda vient de soumettre une proposition de loi en vue de légaliser la cocaïne. C’est incroyable. Dans sa candeur sans bornes, le parlementaire avance que l’État se portera acquéreur de toute la production de feuilles de coca, dont il évalue le prix actuel à 2,3 milliards de pesos [500 millions d’euros]. Le sénateur envisage-t-il de rivaliser avec les narcos pour faire flamber le prix de la coca et en faisant des paysans les cibles des narcos parce qu’ils auront préféré vendre à l’État ? A-t-il pris la peine de calculer l’extension inévitable des cultures de coca et les conséquences pour les cultures traditionnelles ?

Le sénateur Marulanda devrait savoir que l’enfer est pavé de bonnes intentions : il a beau préciser que l’État n’achètera que la production des exploitations géoréférencées par les Nations unies, son initiative contrevient à la Convention contre le trafic illicite de stupéfiants de 1988. Il devrait savoir aussi que le Pérou a tenté depuis les années 1950 de soutenir les cultivateurs de coca, et que son échec a été retentissant.

Marché noir

Il est étonnant que le sénateur tienne tant à citer l’Uruguay, le Canada et le Portugal en exemples de légalisation réussie, tout en restant aussi imprécis. Il oublie ainsi de préciser que l’Uruguay est devenu une destination touristique pour amateurs de cannabis, que la légalisation y a créé, paradoxalement, un second marché illégal, et que les cultivateurs détournent une partie de leur production vers le marché noir.

Et, surtout, il ne dit pas qu’aucun de ces trois pays n’aurait pris le risque d’employer le terme de “légalisation” s’il avait connu les problèmes de criminalité et de maintien de l’ordre qui existent en Colombie. Cerise sur le gâteau, Iván Marulanda est allé jusqu’à dire qu’une partie de la feuille serait consacrée à la fabrication de biscuits, de farines, de soupes – il ne manque que les compotes et les gelées !

Il est bon de voir qu’il y a des sénateurs rêveurs, nébuleux mêmes, mais Iván Marulanda ferait bien d’atterrir. À Bogotá, par exemple, où, au cas où il l’ignorerait, son parti est au pouvoir. Or la ville est rongée par les trafics (de drogue et autres), sans que les narcotrafiquants ne soient poursuivis ni arrêtés.

– John Mario González

10 octobre 2020

Russie : La mystérieuse disparition de la maîtresse de Vladimir Poutine

poutine maitresse19

L’ex-championne de gymnastique rythmique et maîtresse de Vladimir Poutine, Alina Kabaeva, n’a pas été vue en public depuis deux ans. Extrême discrétion ou disparition ?

La mystérieuse disparition de la maîtresse de Vladimir Poutine

La symbolique est significative ; Vladimir Poutine s’est marié en 1983, la même année où Alina Kabaeva est née. Quand elle voit le jour à Tachkent, en République Socialiste Soviétique d'Ouzbékistan, le futur président russe est alors un agent du KGB. Ce n’est que 17 ans plus tard qu’ils se rencontrent. Alina Kabaeva, devenue championne de gymnastique rythmique, est surnommée « la femme la plus souple de Russie » et pour cause, elle est médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Sydney et d’or à Athènes. Lui est déjà président de la Fédération russe. Si 31 ans les séparent, le pouvoir l’attire, elle ; la jeunesse l’attire, lui.

D’une femme à une autre

Peu importe s’il est marié à Lioudmila Alexandrovna Chkrebneva, ancienne hôtesse de l’air licenciée de lettres, épousée à l’époque pour qu’il puisse être envoyé par les services russes en mission à l’extérieur. Sa femme reste discrète, n’apparaît que très peu en public. On leur prête une relation froide ; la Première dame vivrait, sans lui, dans une résidence officielle près de Sotchi. D’autres rumeurs évoquent un enfermement en hôpital psychiatrique. Mais c’est de l’histoire ancienne. Vladimir Poutine a annoncé leur séparation après 30 ans de mariage en juin 2013. Son ex-femme vivrait désormais dans une immense demeure à 6 millions d'euros près de Biarritz, avec son nouveau compagnon, un jeune homme d’affaires de vingt ans son cadet, Artur Ocheretny.

Le néo-tsar s’occupe toutefois de ses deux filles, Maria et Yekaterina, 35 et 34 ans, elles aussi faisant de très rares apparitions publiques. Inscrites à la faculté de Saint-Pétersbourg, elles n’ont toutefois jamais été vues sur le campus. Elles vivraient sous de fausses identités, cachées par leur père, qui a déclaré le 11 août avoir injecté le vaccin contre le coronavirus à l’une d’elle, sans mentionner son nom. En juin dernier, des photos d’elles avaient été partagées sur les réseaux sociaux, rendant fou le Kremlin.

 

poutine maitresse20

Vladimir Poutine et Alina Kabaeva à Moscou en novembre 2004.

La politique et les enfants

Vladimir Poutine, lui, vivrait son idylle à l’abri des regards avec l’ancienne championne de gymnastique, dont les médias russes ne parlent pas, même si c’est un secret de polichinelle ; et si d’aventure le sujet est abordé par la presse, la censure s’applique. C’est ce qui est arrivé au Moskovki Korrespondent, forcé à fermer boutique après avoir publié un article sur cette relation amoureuse. Le journal officiel russe, la Pravda, parle évidemment d’un « mythe », d’une « intox ». Le principal intéressé avait lui déclaré à l’époque : « J'ai toujours eu un sentiment négatif à l'égard de ceux qui, avec leur nez rempli de morve et leurs fantasmes érotiques, s'ingèrent dans la vie des autres ».

Soupçonnée de dopage et suspendue en 2001, Alina Kabaeva s’est reconvertie en femme politique en 2007, élue à la Douma (le parlement russe) sur une liste du parti « Russie Unie » de Vladimir Poutine. La championne s’est spécialisée en politique jeunesse, devenant vice-présidente de la commission. En 2014, elle quitte ses fonctions et rejoint la holding National Media Groupe, possédant plusieurs médias et chargée de signer un contrat avec la plateforme américaine de streaming Netflix.

L'ex-gymnaste serait également la mère de deux enfants : un petit garçon en 2008 et une petite fille en 2013. Si elle a gardé secret l’identité du père, à la naissance de sa fille, Vladimir Poutine avait disparu pendant onze jours, sans explication. Elle a nié dans le Vogue russe en 2011 (dont elle faisait la Une en robe Balmain) que le petit garçon souvent présent avec elle était son fils, précisant que c’était son neveu ; ce que son ancienne coach et amie Irina Viner avait infirmé.

Des jumeaux et une disparition

En 2019, alors âgée de 36 ans, Alina Kabaeva aurait accouché de deux jumeaux au centre hospitalier Koulakov de Moscou. Pour assurer sa discrétion, le FSO (service chargé de la protection des hauts fonctionnaires) aurait été mobilisé, le quatrième étage évacué, la moitié du personnel médical mis en congé et les visites extérieures interdites. Elle n’a pas été vue depuis 2018, quand on l’annonçait enceinte de deux mois.

Vladimir Poutine l’aurait-il fait disparaître ? Peu probable. L’a-t-il protégée en la sortant des radars ? Probablement. Le dirigeant russe est un control freak au sujet de sa vie privée. Sans doute a-t-il voulu protéger les deux petits jumeaux comme il avait protégé ses deux filles ; ce qui montre la complexité de l’homme, accusé d’avoir empoisonné son opposant Alexeï Navalny, agissant en même temps, comme un papa poule en privé.

Publicité
8 octobre 2020

« Puissance régionale à l’ambition gargantuesque, la Turquie d’Erdogan se moque du Kremlin comme de la Maison Blanche »

Par Alain Frachon, éditorialiste au « Monde »

Le soutien d’Ankara à l’offensive de l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh illustre comment une puissance moyenne peut tenir en respect les poids lourds russe et américain, estime dans sa chronique Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».

Il n’a peur ni de Moscou ni de Washington. Imprévisible boutefeu de la scène internationale, le Turc Recep Tayyip Erdogan, appétit de géant et culot musclé, défie les grands de ce monde. Il illustre au Caucase une des réalités du moment : les poids moyens tiennent les poids lourds en respect.

Où est le leadership américain quand un des membres de l’OTAN, la Turquie, réveille, sans prévenir ses « alliés », le front de guerre du Haut-Karabakh ? Où est la prépondérance russe sur sa « zone d’influence » traditionnelle quand, appuyée par la Turquie, une ancienne République soviétique, l’Azerbaïdjan, en pilonne une autre, l’Arménie ? Puissance régionale à l’ambition gargantuesque, la Turquie d’Erdogan se moque du Kremlin comme de la Maison Blanche. De Vladimir Poutine comme du fiévreux Donald Trump.

Déclenchés le 27 septembre par l’Azerbaïdjan, les combats se poursuivaient cette semaine. Stepanakert, la « capitale » du Haut-Karabakh, enclave à majorité arménienne en territoire azéri, est chaque jour bombardée par les forces de Bakou. Le Haut-Karabakh, autoproclamé République indépendante, est appuyé par l’Arménie voisine – pour ne pas dire qu’il en fait partie. Dans les affrontements des années 1990, les forces arméniennes ont taillé alentour de l’enclave et, pour la protéger, des zones tampons d’où des dizaines de milliers d’Azéris ont été chassés par la force.

Moscou observe

Quel est l’objectif de Bakou ? Tenter de récupérer une partie du terrain cédé dans les combats du siècle passé ? Relancer une négociation internationale sur le statut du Karabakh ? Moscou observe, appelle au cessez-le-feu, bref, hésite sur la conduite à tenir (lire l’article d’Isabelle Mandraud et de Nicolas Ruisseau). L’attaque azérie était préméditée, préparée à l’avance par des forces qui sont traditionnellement équipées par la Russie. Entre Bakou et Moscou, les liens sont sentimentaux aussi : le camarade « papa » Aliev, Heydar, père de l’actuel président azéri, Ilham Aliev, était membre du Politburo de l’URSS. Des liens ont été scellés, verre de vodka en main, en chantant L’Internationale. Ce n’est pas rien.

Poutine était-il au courant des intentions du jeune Aliev ? On peut toujours prêter au grand stratège du Kremlin quelque motivation machiavélique pour laisser la guerre reprendre un moment dans la région. On voit mal le bénéfice. De l’autre côté, la Russie est plus présente encore : elle est liée à l’Arménie par un traité de défense qui ne couvre pas le Haut-Karabakh ; elle arme les forces d’Erevan ; elle dispose d’une base militaire sur le territoire de l’Arménie. La Russie est un peu chez elle à Bakou comme à Erevan.

Habituellement, le Kremlin sonne la fin des batailles entre Arméniens et Azéris. Et chacun obéit à son fournisseur d’armes. Seulement, cette fois, Bakou peut compter sur la Turquie d’Erdogan pour disposer d’une autonomie de manœuvre élargie. La cause de l’Azerbaïdjan turcophone au Karabakh est devenue celle du président turc. La deuxième plus puissante des armées nationales de l’OTAN, celle de la Turquie, appuie, d’une manière ou d’une autre, l’offensive azérie : drones et soldatesque arabe – à forte coloration islamiste – recrutée par Ankara, peut-être même soutien aérien.

Le New York Times rapportait cette semaine la teneur d’un entretien entre le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, et Robert O’Brien, le chef du Conseil de sécurité de la Maison Blanche. Pourquoi les Etats-Unis laissent-ils un membre de l’OTAN, la Turquie, alliée de Washington, demandait Pachinian, bombarder avec des F-16 américains une population d’origine arménienne sur un territoire disputé ? Ankara dément, non son appui à l’offensive de Bakou, mais que des F-16 turcs bombardent Stepanakert.

Au Congrès américain, qui a qualifié de génocide le massacre des Arméniens de Turquie au tout début du XXe siècle, on n’apprécie guère que l’allié turc de l’OTAN participe à une attaque contre les Arméniens du Karabakh. On estime que l’histoire oblige la Turquie à une manière de neutralité – au minimum – entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Mais Trump a un faible pour Erdogan. Il y a chez l’homme fort du Bosphore cette manière impulsive et autocratique, ce culot et cette façon de se moquer des experts qui réjouissent l’Américain.

Expansionnisme régional

Enfin, dès l’instant où les Etats-Unis estiment que le maintien de la Turquie dans l’OTAN justifie de tolérer toutes les foucades d’Erdogan, celui-ci a les mains libres pour poursuivre sa politique d’expansionnisme régional – au Caucase, au Moyen-Orient, au Maghreb et en Méditerranée orientale. Les Etats-Unis le regrettent sûrement mais y consentent.

La Russie n’est pas en meilleure position. Si Poutine pensait s’être gagné la reconnaissance du président turc en lui vendant, l’an passé, des missiles anti-missiles S-400, il s’est trompé. Aujourd’hui, le grand stratège du Kremlin se retrouve face à la Turquie et à ses forces sur au moins deux des fronts qui lui tiennent à cœur : en Syrie, où Ankara occupe une partie du pays ; en Libye, où Turcs et Russes sont dans des camps opposés. Sans parler du Caucase, où Erdogan attise les combats entre deux des protégés du Kremlin…

En 1956, quand le président Dwight Eisenhower, fâché et approuvé, en l’espèce, par l’URSS, ordonnait aux Britanniques, aux Français et aux Israéliens de mettre fin à leur expédition en Egypte, il était entendu. Au début des années 1990, quand les Etats-Unis imposaient la paix dans les Balkans, avec l’assentiment de Moscou, les canons se taisaient. Les poids lourds exerçaient encore de l’influence. Aujourd’hui, le poids moyen Erdogan « promène » et Poutine et Trump.

8 octobre 2020

88 à 115 millions de personnes vont basculer dans l’extrême pauvreté

La pandémie de covid-19 va précipiter dans l’extrême pauvreté entre 88 et 115 millions de personnes supplémentaires dans le monde cette année, a annoncé, mercredi, la Banque mondiale, soulignant que de plus en plus de citadins sont concernés. C’est la première fois depuis plus de vingt ans que le taux mondial d’extrême pauvreté va augmenter, souligne l’institution de Washington. Et d’ici à 2021, ce chiffre risque de monter jusqu’à 150 millions de personnes supplémentaires vivant avec seulement 1,90 dollar par jour, soit moins que le prix d’un café dans un pays avancé.

Un record pour les milliardaires

Parallèlement, la fortune des milliardaires a d’ores et déjà touché un sommet durant la pandémie. Selon une étude réalisée par la banque suisse UBS et le cabinet d’audit et de conseils PWC, la fortune cumulée des milliardaires se monte à pas moins de 10 200 milliards de dollars, soit un nouveau record, au-delà du pic de 2017. Leur fortune cumulée atteignait alors 8 900 milliards de dollars.

Malgré des secousses durant le krach boursier de mars qui a vu certaines grosses fortunes sortir de ce club privilégié, la fortune des milliardaires s’est vite redressée à la faveur en particulier des géants de la technologie et de la santé. La fortune des milliardaires avait chuté de 6,6 % en l’espace de quelques semaines en février et mars. Ils avaient ensuite rapidement rattrapé les pertes, rebondissant de 27,5% entre avril et fin juillet.

8 octobre 2020

Erdogan : un sultan insultant

erdogan54

Les carnetsd’Anna Cabana

Les ambitions du président turc, Erdogan, semblent sans limites. Ce « nouveau sultan » manie l’insulte avec fougue, en particulier à l’adresse de son homologue français, Emmanuel Macron.

Depuis les disparitions de feu Idi Amin Dada et du colonel Kadhafi, on avait un peu perdu l’habitude de l’insulte comme figure usitée des relations internationales. Certes, avec de nouveaux personnages comme Trump ou Bolsonaro, et avec le rôle politique et diplomatique désormais des réseaux sociaux, on a vu fleurir des noms d’oiseau entre chefs d’État et de gouvernement.

Mais il y a un personnage qui semble se distinguer en la matière, sur le fond comme sur la forme : Monsieur Erdogan.

Le « nouveau sultan » rêve à voix haute d’une reconstitution de l’empire ottoman avec pour moteur le nationalisme turc et le fondamentalisme islamiste. Il a illustré par deux fois, cette semaine, cette ambition singulière.

D’abord, en appuyant sans se cacher beaucoup, les menées de l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh en provoquant ainsi un conflit militaire avec l’Arménie.

Ensuite, en réagissant très vertement au discours d’Emmanuel Macron de vendredi dernier aux Mureaux sur ce que l’on appelle maintenant « la lutte contre le séparatisme ». Quel fut le tort de Macron, selon Erdogan ? « Les propos de Macron qui a dit que l’islam est en crise dans une ville où les musulmans sont majoritaires sont plus que de l’irrespect. C’est une provocation claire ». Diable !

Cela en dit long sur sa stratégie

Si l’on comprend bien, la souveraineté d’un pays et la possibilité pour son chef de s’exprimer trouveraient des limites dans la composition religieuse de la population des lieux où il s’exprime !

Erdogan ne pouvait pas dire plus clairement que, selon lui, l’islam n’est pas discutable et encore moins dans une commune où il est majoritaire. On imagine que le raisonnement ne serait pas réversible dans une commune de Turquie où une autre religion que l’islam serait majoritaire. Mais surtout, cela en dit long sur la stratégie du sultan qui considère, en particulier, que la diaspora turque forme des îlots de souveraineté turque dans les pays d’implantation, comme en Allemagne ou en France. Cela justifierait l’exercice de droits d’influence et de contrôle de l’État turc en territoire étranger.

Le plus étonnant, dans tout cela, est que l’ire du sultan s’adresse au chef d’État occidental qui a fait le plus pour essayer de dialoguer avec lui. Et d’ailleurs, Macron et Erdogan avaient eu un dialogue téléphonique peu avant le discours des Mureaux.

On n’avait jamais vu ça

Puis, l’insulte a surgi, accompagnée du tutoiement. « Je m’adresse depuis la Turquie au président français Emmanuel Macron. Fais d’abord examiner ta propre mort cérébrale. Personne ne fait attention à toi. Tu as encore un côté amateur, commence par remédier à cela. Lorsqu’il s’agit de fanfaronner, tu sais très bien faire. Etc. » De mémoire de chancellerie, on n’avait jamais vu ça !

Macron s’efforce de ne pas être sur le même registre. Mais n’en pense pas moins. Et ça se voit ! Et ça agace le sultan qui en remet une cuillère régulièrement. « Qui es-tu pour parler de structurer l’islam ? » « C’est de l’insolence et c’est dépasser les bornes » a-t-il ajouté, cette semaine.

Alors, faut-il s’inquiéter d’être la tête de Turc des Ottomans ? C’est l’équation que devra résoudre Macron. Erdogan a dit du Président français : « Notre attente est de le voir agir comme un homme d’État et non comme un gouverneur colonial ». On serait en droit d’attendre que le Président turc se comporte en homme d’État et non comme un sultan insultant.

6 octobre 2020

Caucase - Le “monde turc” aux frontières de la Russie

armenie

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

En soutenant l’Azerbaïdjan dans le conflit qui l’oppose à l’Arménie, la Turquie entend clairement montrer à la Russie qu’elle est “le patron” dans la région. Comme l’Empire ottoman en son temps, elle rêve d’un vaste espace turcophone.

“La République turque est l’héritière de l’Empire ottoman et doit bâtir une union avec l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Turkménistan, même au prix d’une confrontation radicale avec la Russie”, aimait à dire Abdulhaluk Çay, historien turc et directeur de l’Agence turque pour la coopération et le développement, créée en 1992 auprès du ministère des Affaires étrangères turc au lendemain de la dissolution de l’Union soviétique, écrit le média russe Lenta.ru dans un article sur l’expansion turque contemporaine.

C’est à cette époque qu’Ankara, qui, depuis la fin du XIXe siècle, nourrissait – en vain – le rêve d’un espace turcophone s’étendant de la mer Adriatique à la Grande Muraille de Chine avec Ankara pour centre, a décidé de saisir sa chance. Et de labourer le vaste espace postsoviétique. Son allié le plus proche : l’Azerbaïdjan. “Les dirigeants des deux pays répètent à qui mieux mieux le slogan ‘Une nation – deux États’”, et, en soutenant ouvertement Bakou dans le conflit du Haut-Karabakh, “Erdogan montre qu’il n’envisage pas d’abandonner ce peuple frère à son sort”.

Le rôle de l’islam

L’islam joue un rôle important dans les relations de la Turquie avec ces anciennes républiques. Mais il n’est pas le seul. Via une coopération économique, culturelle et idéologique active, “la Russie a permis à la Turquie, dans les années 1990, de s’ancrer dans les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, dans le Caucase et en Ukraine”, analyse toujours Lenta.ru. Affaiblis et déboussolés, ces pays fraîchement indépendants cherchaient, au-delà de l’aide économique immédiate, à se rapprocher de l’Otan et de l’Occident par le truchement d’Ankara. Ainsi, “les Géorgiens en sont certains : la coopération militaire et autres avec la Turquie les rapprochera de leur rêve d’entrer dans l’Otan”, et la Turquie les soutient énergiquement.

Les relations turco-ukrainiennes sont quant à elles au beau fixe depuis 1994, lorsque le président turc Süleyman Demirel, en visite à Kiev, a pour la première fois évoqué “la menace russe en mer Noire” et proposé, pour “freiner” la Russie, à tous les Ukrainiens aux racines tatares de revenir en Crimée. Ankara “cherche à renforcer son influence en Crimée, et Erdogan a à plusieurs reprises affirmé que sa priorité en Ukraine était la défense des droits des Tatares criméens pour la préservation de leur identité nationale”, rappelle le média.

Le soft power turc

Vous dites “Ouzbek” ? Il faut dire : “Turc ouzbek”, “Turc kirghiz”, “Turc tatare”, bref “Turcs de l’extérieur”. C’est ce terme qu’utilisent les médias turcs pour désigner les habitants des États indépendants d’Asie centrale, poursuit l’article. Comme disait Demirel, “la Turquie doit promouvoir les intérêts des jeunes États musulmans en Occident”. Washington a soutenu cette politique, et l’argent qu’y investissait Ankara venait en réalité des États-Unis et d’autres pays occidentaux.

Depuis, on ne compte plus les entreprises, cafés, restaurants, magasins, écoles, universités, voire des rues commerçantes entières (comme c’est le cas au centre de Tbilissi, la capitale de la Géorgie) détenus par le capital turc et destinés, les séries télévisées turques aidant “à la propagande du modèle de développement turc”. Un des succès visibles des innombrables structures de coopération turque (Conseil turc, Assemblée mondiale des peuples turcs, Organisation internationale pour la culture turque) en Asie centrale est l’abandon du cyrillique au profit de l’alphabet latin, ce qui permettra à terme de créer un “alphabet turc commun”.

Pour le directeur de l’Institut arménien des études orientales, Rouben Safrastian, cité par le média arménien Verelq, en ce mois de septembre 2020, “c’est la première fois que la Turquie s’immisce ouvertement dans un conflit au Caucase du Sud. Elle veut montrer à tous et en premier lieu à la Russie qu’elle est ici le patron. Ankara cherche à évincer Moscou de cette région. La Russie doit tracer une ligne rouge. La Turquie joue la provocation contre la Russie et contre ses alliés de l’Otan – reste à voir quelle sera la durée de vie de cette politique outrancière et aventurière.”

5 octobre 2020

Vladimir Poutine dans « l’œil du cyclone »

poutine oeil cyclone

De notre correspondante à Moscou, Nathalie Ouvaroff

Accusations d’empoisonnement de Navalny par Moscou, refus de Loukachenko d’accepter son échec à la présidentielle, conflit armé dans le Haut Karabakh… Certes, Vladimir Poutine est encore aux manettes russes mais il semble de plus en plus nerveux et déstabilisé face à la succession de crises.

Les retombées de la gestion calamiteuse de l’affaire Navalny et la gestion inadéquate de l’empoisonnement présumé du chef de l’opposition risquent d’être lourdes de conséquences pour Vladimir Poutine. En effet, elles ont donné une stature nationale et internationale à « l’ennemi numéro un du Kremlin » qui devient ainsi, de facto, un concurrent sérieux pour son locataire actuel dont elles écornent dangereusement l’image.

Le Kremlin a multiplié les maladresses

Dans cette affaire, le Kremlin a multiplié maladresses, erreurs, mensonges grossiers, s’embourbant de plus en plus dans ses propres contradictions. Jugez-vous même : refus d’ouvrir une procédure judiciaire malgré les demandes de la famille, puis de l’ensemble de la communauté internationale, pressions sur les médecins de l’hôpital d’Omsk, en Sibérie, pour qu’ils nient « toute présence de poison dans le sang et les urines d’Alexeï Navalny et attribuent son malaise sévère à un problème métabolique », enfin recherche frénétique parmi les compagnons du directeur du Fonds contre la corruption d’une personne susceptible de lui avoir donné un poison qui fait partie des substances proscrites par la convention sur l’interdiction des armes chimiques…

Par ailleurs, la phrase du Président russe sur un éventuel auto-empoisonnement d’Alexeï Navalny et les allusions de la machine de propagande sur la collaboration entre ce dernier et des services de renseignement étrangers n’ont fait que corroborer la thèse d’un empoisonnement orchestré au sommet de l’État.

Les révolutionnaires de Minsk ne désarment pas

Dans l’espace post-soviétique, Poutine, qui semble ne pas avoir tiré les leçons des évènements d’Ukraine, est en train de perdre la main… Sa stratégie - affaiblir Loukachenko pour le contraindre à accepter ce que la journaliste bélarusse, Hanna Livbakova, dans son interview au Washington Post, appelle « un Anschluss » (NDRL : un rattachement) et, en cas de refus, le remplacer par une personnalité plus docile, a échoué face à la volonté d’un peuple, avide de liberté. Certes, le changement de stratégie du Président bélarusse, et de son mentor, et la présence en nombre de communicants russes peuvent ralentir les évolutions. Reste que le rêve d’une reconstitution de l’empire soviétique espérée par Poutine est, d’ores et déjà, un échec.

Haut Karabakh : l’intenable neutralité russe

Le conflit du Karabakh constitue un véritable casse-tête chinois pour le chef de l’État russe, qui se trouve pris entre plusieurs feux alors qu’il est déjà affaibli. Le choix de la neutralité - seule possibilité pour la Russie qui a des liens étroits avec les deux protagonistes auxquels elle vend des armes - ne lui permet pas une autre politique et cela d’autant plus que Moscou doit ménager le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont elle a besoin pour mener à bien sa politique au Proche-Orient.

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 > >>
Publicité