Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
4 octobre 2020

De Jair Bolsonaro à Boris Johnson, les populistes pris à leur propre jeu

coronavirus masques

Par Léa Masseguin — Libération

Avant Donald Trump, d’autres présidents ayant minimisé la pandémie de Covid-19 avaient déjà contracté la maladie, parfois sous une forme grave.

Quel est le point commun entre Boris Johnson, Jair Bolsonaro et Donald Trump ? Ces chefs d’Etat et de gouvernement ont tous les trois été testés positifs au Covid-19 après avoir nié le danger de la pandémie.

Le Premier ministre britannique a été le premier à en payer les conséquences, le 27 mars. Après avoir misé sur une immunité collective et refusé d’arrêter de serrer la main de ses collaborateurs, Boris Johnson, 56 ans, a contracté le nouveau coronavirus. Il a dû être admis dans une unité de soins intensifs. Depuis plusieurs jours, il souffrait de toux persistante et de fièvre.

A 9 000 km de Londres, le président brésilien a lui aussi été testé positif, le 7 juillet, à ce qu’il qualifiait de «grippette». Pour prouver son bon état de santé, Jair Bolsonaro, 65 ans, n’avait pas hésité à retirer son masque lors de l’annonce de la nouvelle : «Comme ça, vous pouvez voir mon visage, constater que je vais bien, que je suis tranquille et en paix !» avait lancé le leader d’extrême droite à des journalistes, aussi surpris que paniqués.

«Mensonge»

Contrairement aux 186 882 personnes décédées à ce jour des suites de la maladie dans ces deux pays (144 680 au Brésil et 42 202 au Royaume-Uni), le virus a laissé la vie sauve aux deux populistes. Les dirigeants semblent même avoir été immunisés contre la perte de popularité. Malgré sa gestion calamiteuse de la crise, le taux d’avis favorable à l’action de Bolsonaro a gagné 5 points entre juin et août, notamment grâce à la distribution d’aides sociales aux plus précaires. Du côté du 10, Downing Street, 66 % des électeurs avaient une bonne opinion du Premier ministre à la fin de sa convalescence, malgré des dizaines de milliers de morts. «Ces leaders populistes veulent être considérés comme des dirigeants capables de renverser les normes, y compris en passant par le mensonge. Ils souhaitent que le virus soit perçu comme un ennemi qu’ils sont capables de terrasser physiquement, explique Catherine Fieschi, politologue et spécialiste des populismes. Le Covid-19 apporte de l’eau à leur moulin.»

Facteurs de risque

Ont-ils pour autant appris de leurs erreurs ? Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe, Johnson a fait marche arrière en revenant sur sa stratégie. Face à une seconde vague de contaminations, il a annoncé début septembre l’interdiction des rassemblements de plus de six personnes. Au Brésil, qui déplore le deuxième bilan le plus meurtrier derrière les Etats-Unis, Bolsonaro n’affiche, lui, pas de remords quant à sa gestion de la crise, allant jusqu’à traiter de «dictateurs» les gouverneurs et les maires ayant pris des mesures de confinement.

Aux Etats-Unis, le test positif de Trump sonne comme un coup de tonnerre. Miné dans les sondages, il est désormais en quarantaine. A 74 ans et considéré comme obèse (110 kg pour 1,90 m en 2019), le Président combine plusieurs facteurs de risque. Et les chefs d’Etat ne sont pas tous invincibles : à 55 ans, l’ex-président burundais Pierre Nkurunziza, qui assurait que son pays était protégé par la «grâce divine», est mort le 8 juin d’un arrêt cardiaque, possiblement des suites du Covid-19.

Publicité
4 octobre 2020

Tibétains, Ouïghours : en Chine, l’assimilation à marche forcée

Par Laurence Defranoux - Libération

Camps de rééducation, déplacement des populations, destruction du patrimoine… Malgré les protestations de la communauté internationale, Pékin accentue encore la répression à l’encontre des minorités.

Plus une semaine ne passe sans qu’une nouvelle enquête ne jette une lumière implacable sur l’assimilation brutale imposée par Pékin aux peuples ouïghour et tibétain. Pour contourner la chape de plomb de la censure, sinologues, journalistes, analystes, sociologues ou anthropologues de tous les pays croisent les témoignages, épluchent l’abondante production de la bureaucratie chinoise (statistiques, discours, directives…), étudient les photos satellites. Et mettent au jour toujours plus de violations massives des droits de l’homme.

Après chaque nouvelle révélation, Pékin crie à la désinformation et au complot «antichinois», calomnie les chercheurs, expulse les journalistes, refuse que des enquêtes indépendantes soient menées sur son sol (comme le réclame pourtant l’ONU), martèle que tous les peuples de Chine sont «heureux» puisque le Parti l’a décidé, et en veut pour preuve les photos de paysages majestueux et de jeunes filles souriantes postées jusqu’à la nausée par ses diplomates sur les réseaux sociaux. On aurait pu penser que les protestations des dirigeants européens, les sanctions américaines, les appels au boycott des JO d’hiver de 2022 ou la décision de grandes marques d’arrêter de produire au Xinjiang auraient poussé Pékin à adoucir le traitement réservé à des pans entiers de sa population. Au contraire.

Fin août, le président Xi Jinping a appelé à de «nouveaux efforts pour assurer la sécurité nationale au Tibet», soit un renforcement du contrôle policier. Et samedi, il a exigé que la politique menée au Xinjiang depuis 2014, qui, selon ses termes, «a généré une situation saine où les gens vivent et travaillent dans le contentement», soit prolongée.

Cimetières et mosquées rasés

On savait qu’au Xinjiang, appelé aussi Turkestan oriental, une immense région de l’ouest de la Chine qui compte 25 millions d’habitants, dont environ la moitié de musulmans, des mosquées, sanctuaires ou cimetières sont rasés et remplacés par des parkings, des parcs ou des terrains vagues. Mais l’ampleur des destructions était difficile à évaluer. Dans une enquête publiée sur le site de l’Australian Strategy Politic Institute (Aspi) la semaine dernière, le chercheur Nathan Ruser estime qu’environ 8 500 mosquées, anciennes ou récentes, ont été démolies dans le Xinjiang depuis 2017. Soit un tiers des lieux de culte recensés. 8 000 autres auraient par ailleurs été endommagées, comme la grande mosquée de Kargalik, datant du XVIe siècle, dont la porte monumentale a été détruite en 2018 et remplacée par une reconstitution miniature. D’autres ont été amputées de leur minaret et de leur coupole, ou transformées en magasins ou en bars branchés.

L’architecture est aussi ciblée. Les rues anciennes de Kashgar, carrefour commercial d’Asie centrale depuis des siècles, sont restaurées à la pelleteuse, les maisons de bois et de torchis remplacées par des alignements de façades façon Disneyland. La sphère privée n’est pas épargnée. Dans son article «Transformer l’espace domestique ouïghour», l’universitaire américain Timothy Grose a révélé cet été qu’une politique de «civilisation» des foyers ouïghours était menée depuis 2018. Des centaines de milliers d’intérieurs meublés de tentures, tapis, tables basses et niches de prière sont redécorés par les fonctionnaires chinois, avec des meubles modernes impersonnels, massifs et tape-à-l’œil.

Cet effacement physique s’ajoute à celui du patrimoine immatériel (langue, histoire, arts, littérature) et à la folklorisation des Ouïghours eux-mêmes, présentés par les médias d’Etat comme de braves paysans dansant et mangeant des pastèques dans un décor de far-west exotique. «L’objectif premier est de faire du Xinjiang une partie économiquement productive de la nation chinoise en éliminant ce que les autorités de l’Etat considèrent comme le "problème ouïghour". Ce qui arrive répond aux définitions du génocide culturel, mais aussi aux processus plus longs et plus vastes de domination et de dépossession de la colonisation, explique Darren Byler, anthropologue à l’université Cornell. Le génocide et la colonisation ne s’excluent pas, car l’occupation de la terre entraîne souvent l’élimination totale ou partielle du peuple colonisé.» Les intellectuels ouïghours qui auraient pu s’élever contre cette destruction programmée, comme la célèbre anthropologue Rahile Dawut ou le géographe et ex-président d’université Tashpolat Tiyip, ont disparu par centaines dans les limbes d’un système carcéral construit à marche forcée.

Au Xinjiang, des camps aux prisons

Après des émeutes qui avaient fait environ 200 morts en 2009 et une série d’attentats en Chine attribués à des séparatistes ouïghours, le président chinois avait, en 2014, ordonné aux autorités locales d’être «sans pitié». Chen Quanguo, un de ses proches, nommé à la tête de la région en août 2016, a appliqué les ordres avec un zèle inouï. En 2017, 20 % des arrestations policières en Chine ont eu lieu au Xinjiang, qui ne représente pourtant que 1,8 % de la population. Parallèlement, un réseau de détention extrajudiciaire, où règnent l’arbitraire et la torture, a été créé ex nihilo.

On estime qu’au moins un million de personnes ont été envoyées dans des camps de rééducation pour être «déradicalisées». Ces camps ont été rebaptisés en cours de route «centres de formation professionnelle». Pour la première fois, le 17 septembre, dans son livre blanc sur le Xinjiang, Pékin a livré un indice sur l’ampleur de sa campagne de «lutte contre l’extrémisme religieux via l’éducation», écrivant que «1,29 million de personnes ont été formées en moyenne par an au Xinjiang entre 2014 et 2019».

Depuis l’été 2019, les autorités répètent que «tous les étudiants ont été diplômés et ont trouvé un emploi». Beaucoup sont sortis des camps et ont été envoyés travailler à la chaîne, mais de nombreux Ouïghours n’ont fait que passer d’une forme de détention à une autre.Dans une enquête publiée fin août sur le site américain Buzzfeed, la journaliste Megha Rajagopalan a décompté 268 centres de détention construits depuis 2017 au Xinjiang, dont certains très récemment. Un mois après, les chercheurs australiens de l’Aspi ont allongé la liste, identifiant en tout 380 lieux de privation de liberté (camps extrajudiciaires, centres de détention classiques et prisons de haute sécurité). Selon eux, seuls quelques camps ont été désaffectés et, surtout, 47 nouvelles prisons ont été créées ou agrandies l’année passée, et 14 sont encore en construction. Pour Gene Bunin, qui gère la Xinjiang Victims Database, qui compile les signalements de Ouïghours disparus, «le fait que plus de 300 000 personnes ont été récemment condamnées à de très longues peines de prison est un problème beaucoup plus grave que les camps de rééducation».

Les nomades tibétains envoyés à l’usine

Depuis quelques jours, les projecteurs se braquent à nouveau sur le Tibet, une des régions les plus contrôlées et les plus sensibles depuis son invasion par les troupes chinoises en 1950. Entre 2011 et 2016, la région autonome a été dirigée par le même Chen Quanguo puis confiée à son adjoint. La Jamestown Foundation, basée à Washington, vient de publier un nouveau rapport du chercheur allemand Adrian Zenz, portant cette fois sur le transfert massif de nomades et de paysans tibétains à des fins économiques, mené depuis le début de l’année 2020. D’après une centaine de sources chinoises, vérifiées et complétées par l’agence Reuters, 543 000 personnes, soit un Tibétain sur sept, ont été déplacées entre janvier et juillet pour être formées à des emplois dans les secteurs de la construction, du textile, de la sécurité ou du nettoyage.

Sur un modèle rappelant celui du Xinjiang, où a été mis à jour ces derniers mois un sysème de travail forcé à grande échelle, des «centres de formation» au «style semi-militaire», où des photos montrent les stagiaires habillés en treillis, ont été construits pour l’occasion. D’après Vinayak Bhat, ancien colonel de l’armée indienne spécialisé dans l’imagerie, qui avait repéré trois de ces camps en construction l’année dernière, «on voit clairement sur les photos satellites que ces camps sont encadrés par la police armée du peuple», une force paramilitaire. Les objectifs officiels sont d’«éliminer les paresseux», «guider les masses vers une vie heureuse grâce au travail», leur inculquer «la gratitude envers le Parti» et atteindre les objectifs chiffrés d’éradication de l’extrême pauvreté imposés par Xi Jinping pour la fin de l’année.

Environ 50 000 travailleurs ont déjà été envoyés «par lots» dans divers endroits du Tibet et 3 000 autres dans le reste de la Chine selon Adrian Zenz. Le Global Times, organe de propagande du Parti, assure qu’il s’agit de «transfert des travailleurs excédentaires des zones rurales vers d’autres lieux sur la base du volontariat». Certes, l’exode rural est un des moteurs de la croissance économique chinoise, et on n’a encore que peu de données sur cette campagne de «formation» menée au Tibet. Mais le fait que des quotas de travailleurs soient imposés aux cadres locaux sous peine de punition et que, en quelques mois, un demi-million de nomades ou d’agriculteurs ont envisagé d’abandonner leurs alpages, leur mode de vie et leur famille pour embrasser des métiers peu qualifiés dans des villes inconnues laisse penser que cette politique relève, au moins en partie, du travail forcé.

3 octobre 2020

Navalny : « Poutine est derrière cet acte »

Pour l’opposant russe, l’usage du Novitchok ne peut être possible sans l’ordre du président

BERLIN - correspondant

Un homme très affaibli physiquement mais moralement plus combatif que jamais : voilà ce qui se dégage du long entretien accordé par Alexeï Navalny au Spiegel, publié jeudi 1er octobre. « J’affirme que Poutine est derrière cet acte, je ne vois pas d’autres explications », déclare le leader de l’opposition russe dans cette longue interview à l’hebdomadaire allemand, la première depuis sa sortie de l’hôpital berlinois de la Charité où il a passé deux semaines dans le coma après avoir été empoisonné en Russie à la fin du mois d’août.

Pour Alexeï Navalny, cela ne fait pas de doute. « Seules trois personnes peuvent (…) décider d’utiliser du Novitchok », le puissant produit innervant retrouvé dans son organisme par les médecins allemands : le directeur des services secrets (FSB), celui du renseignement extérieur et celui du renseignement militaire (GRU). Or, aucun « ne peut prendre une telle décision sans l’ordre de Poutine », affirme-t-il.

Interrogé sur ses projets, M. Navalny assure qu’il a la ferme intention de rentrer dans son pays. « Ma tâche est de rester le type qui n’a pas peur. Et je n’ai pas peur. Quand ma main tremble, ce n’est pas de peur, mais à cause de ce truc. Je ne ferai pas le cadeau à Poutine de ne pas rentrer en Russie. »

« Menace pour la sécurité »

A la question de savoir pourquoi les autorités russes ont autorisé son évacuation médicale en Allemagne, Alexeï Navalny répond : « Je pense qu’ils étaient déterminés à ne pas me laisser quitter le pays, c’est pour cela qu’ils ont déclaré que je n’étais pas en état d’être transporté. (…) Mais grâce à mes soutiens et aux efforts de mon épouse, l’affaire se serait transformée en un reality show titré : “Navalny meurt à Omsk”. (…) Or, il est important pour Poutine et ses alliés que leurs opposants ne soient pas des martyrs. (…) Si j’étais mort [là-bas], cela aurait été clairement leur responsabilité. »

Dans cet entretien, Alexeï Navalny rend également un hommage appuyé à Angela Merkel, qui lui a rendu visite à l’hôpital de la Charité. « J’ai été impressionné par sa connaissance de la Russie et de mon cas personnel. Il y a des détails qu’elle connaît mieux que moi. » Le 2 septembre, la chancelière allemande avait été la première dirigeante étrangère à qualifier de « crime » l’empoisonnement de M. Navalny.

Plutôt que de « sanctions contre la Russie dans son ensemble » en lien avec sa tentative d’assassinat, l’opposant préférerait une autre voie. « Ce dont nous avons besoin, c’est de sanctions contre des délinquants spécifiques, et je vous l’assure : 95 % des Russes y seraient favorables », assure-t-il.

Après la parution de l’entretien, Moscou n’a pas tardé à réagir. Les accusations d’Alexeï Navalny sont « sans fondements et inacceptables », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, assurant avoir des informations selon lesquelles l’opposant travaillerait avec la CIA. « Navalny n’a aucune honte, c’est un scélérat. Poutine lui a sauvé la vie », a de son côté affirmé Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, le Parlement russe.

Alors que se déroulaient ces passes d’armes entre M. Navalny et Moscou, cinq Etats européens membres du Conseil de sécurité de l’ONU – Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, Estonie et France – ont adressé une lettre à la Russie pour exiger des explications sur cette affaire qualifiée de « menace pour la sécurité et la paix internationales ». Un courrier publié jeudi, à la veille de la prise, par la Russie, de la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU pour le mois d’octobre.

28 septembre 2020

La pandémie de Covid-19 franchit la barre du million de morts.

coronavirus55

La pandémie de Covid-19 a fait plus d’un million de morts, selon un décompte de l’Agence France-Presse établi lundi 28 septembre à partir de données officielles. “C’est autant que le nombre de personnes vivant à San José, en Californie, à Volgograd, en Russie, ou à Qom, en Iran”, écrit le Washington Post. “C’est une maladie qui frappe de plein fouet les familles en deuil. Pas de funérailles, des enterrements précipités, à peine une chance de faire son deuil”, déplore le quotidien américain. Le Covid-19, poursuit l’article, “emporte beaucoup de gens alors qu’ils sont seuls, souvent dans des hôpitaux saturés de peur, équipés des armes les plus rudimentaires contre la maladie.”

27 septembre 2020

En Turquie, la justice ordonne l’arrestation de 82 cadres de l’opposition kurde

Par Jean-François Chapelle, Istanbul, correspondance - Le Monde

Le parquet d’Ankara accuse les anciens dirigeants du parti kurde HDP d’avoir encouragé des manifestations meurtrières en 2014 pour dénoncer l’offensive de l’organisation Etat islamique contre la ville syrienne de Kobané.

Pas à pas, la justice turque poursuit son œuvre d’éradication du deuxième parti d’opposition du pays, le Parti démocratique des peuples (HDP), de gauche et prokurde. Vendredi 25 septembre, le parquet d’Ankara a ordonné l’arrestation de 82 personnes dont le point commun est d’avoir exercé des fonctions de direction au sein du HDP durant l’automne 2014.

Parmi elles, on retrouve des figures de premier plan du mouvement, comme l’ancien député Sirri Süreyya Önder, qui, entre 2013 et 2015, s’est rendu à plusieurs reprises sur l’île-prison d’Imrali (nord-ouest de la Turquie) pour y rencontrer Abdullah Öcalan, le chef emprisonné de la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans le cadre d’un processus de paix désormais abandonné.

La police a également procédé, sous les huées de la population, à l’arrestation d’Ayhan Bilgen, le maire de Kars (Nord-Est), dernier chef-lieu de département encore aux mains du HDP après une vague d’évictions et de remplacements par des administrateurs judiciaires.

Le ministère public a justifié ce coup de filet en liant les suspects à des incidents violents survenus en 2014 dans le Sud-Est anatolien, majoritairement peuplé de Kurdes. La région était alors sous tension en raison de l’offensive de l’organisation Etat islamique (EI) sur la ville kurde syrienne de Kobané et de l’inaction d’Ankara, renvoyant dos à dos EI et PKK, face à cette opération meurtrière.

Geste politique

Entre le 6 et le 8 octobre 2014, les manifestations de soutien à Kobané ont dégénéré en affrontements avec les forces de sécurité, mais aussi avec les militants d’une formation islamiste locale, le Parti de la cause libre. Plusieurs bilans contradictoires font état de 31 à 54 morts, ainsi que de plusieurs centaines de blessés et d’arrestations.

Dans un communiqué publié vendredi, le parquet d’Ankara accuse les 82 suspects d’avoir « lancé de nombreux appels à la population lui enjoignant de sortir dans la rue et de mener des actions terroristes ».

La décision d’exhumer un dossier vieux de six ans pour justifier ces arrestations a été condamnée par un large spectre de partis politiques et d’organisations de la société civile d’opposition, qui dénoncent un geste politique. Le barreau de Diyarbakir a rappelé, dans un communiqué, qu’une grande partie des personnes actuellement visées par un mandat d’arrêt avaient déjà été interrogées par le parquet après les incidents de 2014.

« Cependant, allant à l’encontre du droit, il a décidé de monter une opération pour arrêter à nouveau les personnes qu’il avait déjà entendues, affirme-t-il. L’objectif de cette opération n’est pas de s’acquitter d’une obligation légale mais d’appliquer une décision politique et arbitraire. »

« Cadeau de mariage »

Özgür Özel, vice-président du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche), a apporté son soutien aux membres du HDP en interpellant le parquet lors d’une conférence de presse : « Six ans sont passés depuis les événements des 6-8 octobre. Nous voulons savoir quelles sont les nouvelles preuves. A notre connaissance, il n’y en a pas. »

« Les arrestations de ce matin sont un cadeau de mariage au palais présidentiel », a commenté sur Twitter le député CHP Sezgin Tanrikulu, faisant référence à la récente visite du procureur général de la République, Yüksel Kocaman, chargé de l’enquête, au siège du pouvoir. La presse rapporte qu’il est allé saluer le président Recep Tayyip Erdogan avec son nouveau gendre, sitôt le mariage célébré.

Le coprésident du HDP, Mithat Sancar, a quant à lui dénoncé un « génocide politique » visant son parti. « Ce pouvoir mène depuis cinq ans des opérations de génocide politique de manière systématique, a-t-il déclaré en conférence de presse. Ce matin encore, il a frappé la politique démocratique et l’espoir de la démocratie à travers notre parti. » « Notre parti n’est pas responsable des événements des 6-8 octobre, a ajouté M. Sancar. C’est au contraire le gouvernement qui en est responsable en annonçant les attaques de l’EI contre Kobané comme une bonne nouvelle et en préparant le terrain pour la violence. »

En perte de vitesse depuis les élections législatives de juin 2015, qui l’ont contraint de faire alliance avec l’extrême droite nationaliste, le gouvernement islamo-conservateur du président Erdogan a multiplié au cours des dernières années les opérations contre le HDP, et son parti frère, le DBP, implanté dans le sud-est du pays.

A l’automne 2016, le chef de l’Etat a dépossédé le DBP de 95 des 102 municipalités qu’il administrait au motif de collusions avec le PKK, et a remplacé les maires par des administrateurs judiciaires nommés par le ministère de l’intérieur.

Après les municipales de mars 2019, il a bafoué le choix des électeurs dans 47 des 65 villes reprises par le HDP ou le DBP. Une vingtaine de maires, plusieurs députés et les ex-présidents du HDP, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, sont sous les verrous.

Publicité
27 septembre 2020

Arrestations - Turquie : vaste coup de filet dans les milieux prokurdes

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Ankara a émis vendredi des mandats d’arrêt contre 82 personnes soutenant la cause kurde, notamment plusieurs membres du Parti démocratique des peuples (HDP), deuxième parti d’opposition au parlement turc.

Ce nouvel exemple de “répression du HDP, qui prône la reconnaissance culturelle et une plus grande autonomie des Kurdes de Turquie”, selon le Washington Post, intervient dans le cadre d’une enquête sur les violentes manifestations de l’automne 2014, qui avaient fait 37 morts à travers le pays.

La population était descendue dans la rue pour protester contre le gouvernement, resté bras croisés face à la prise par l’État islamique de Kobadié, une ville syrienne à la population majoritairement kurde, située à un jet de pierre de la frontière turque.

“Ankara accuse les responsables du HDP d’avoir appelé la population à manifester”, alors que le HDP accuse au contraire “la police turque d’avoir provoqué les violences”, explique Al-Jazira.

Le parquet “n’a pas donné le détail des chefs d’accusation retenus pour chacune des 82 personnes visées, mais assure que les crimes et délits commis pendant les manifestations incluent meurtre, tentative de meurtre, vol, dégradations, pillages, destruction du drapeau turc et coups et blessures à l’encontre de 326 membres des forces de l’ordre et 435 citoyens”, rapporte le quotidien turc Hurriyet.

Vingt des 82 accusés ont été arrêtés vendredi en Turquie – dont le maire HDP de Kars, Ayhan Bilgen. La plupart des autres seraient à l’étranger ou auraient rejoint la milice séparatiste du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), qualifiée de terroriste par Ankara, les États-Unis et l’Union européenne (UE).

Plus de 1 000 membres du HDP emprisonnés

Il s’agit du “plus grand coup de filet” dans les milieux prokurdes cette année, même si les arrestations de dirigeants du HDP ont été “une constante des cinq dernières années”, remarque El País. “Plus de 1 000 membres du parti sont actuellement sous les verrous”, précise le quotidien espagnol. Parmi eux, ses anciens leaders, Figen Yuksekdag et Selahattin Demirtas, également cités dans l’enquête sur les manifestations, mais déjà emprisonnés depuis 2016.

De nombreuses voix de l’opposition affirment d’ailleurs que les mandats d’arrêt lancés vendredi, pour des faits remontant à plus de six ans, n’avaient d’autre but que de maintenir ces deux leaders derrière les barreaux.

“Ils se focalisent sur les violentes manifestations des 6, 7, et 8 octobre 2014 dans le sud-est du pays, et essaient d’en attribuer la responsabilité à Demirtas et au HDP, comme si le parti avait pu prévoir les violences à venir”, dénonce ainsi Emma Sinclair-Webb, directrice du bureau turc de l’ONG Human Rights Watch, dans les colonnes d’Arab News.

Le procureur d’Ankara a par ailleurs indiqué que sept députés du HDP font partie des suspects et qu’un “récapitulatif des charges retenues contre eux sera envoyé au Parlement, afin de lever leur immunité”, rapporte Bloomberg.

26 septembre 2020

Covid-19 : le carnaval de Rio 2021 reporté sine die.

carnaval rio

Après les plus prestigieux festivals de cinéma et de musique, c’est maintenant le plus grand carnaval du monde qui se trouve terrassé par le nouveau coronavirus. L’édition 2021 du carnaval de Rio, qui devait se tenir en février, a été reportée sine die, rapporte O Globo. La Ligue indépendante des écoles de samba de Rio de Janeiro (LIESA) a indiqué jeudi que les écoles de samba n’auraient “ni le temps ni les ressources financières et organisationnelles pour être prêtes pour février”. Les autorités municipales doivent maintenant décider si les festivités de rue – qui drainent, comme la compétition des écoles de samba au Sambodrome, des millions de personnes – seront autorisées ou non. Le Brésil est l’un des pays les plus touchés par le Covid-19, avec 140 000 morts.

24 septembre 2020

Le Kremlin se prépare au retour en Russie d’Alexeï Navalny

navalny photo

Par Benoît Vitkine, Moscou, correspondant - Le Monde

Encore convalescent, l’opposant est sorti de l’hôpital berlinois de la Charité, mercredi 23 septembre, où il était traité après son empoisonnement.

Si l’avion qui le transportait à Moscou n’avait pas atterri en urgence, le 20 août au matin, malgré une alerte à la bombe opportunément annoncée à l’aéroport d’Omsk, en Sibérie, Alexeï Navalny serait peut-être mort. Celui dont Vladimir Poutine se refuse à prononcer le nom aurait bel et bien été effacé de la scène politique russe – un mauvais moment à passer pour le Kremlin, mais un souci de moins.

Un mois plus tard, c’est lui, Alexeï Navalny, qui dicte l’ordre du jour – politique, médiatique, diplomatique. Cloîtré dans l’hôpital berlinois de la Charité, l’opposant empoisonné était déjà incontournable. Sa sortie de cet établissement, mercredi 23 septembre, rend encore un peu plus délicate la confrontation du pouvoir russe avec son nouveau « problème Navalny ».

Le retour au pays n’est toutefois pas encore d’actualité : si les médecins allemands qui ont annoncé que M. Navalny avait pu quitter l’hôpital jugent « possible » une guérison complète, ils restent prudents quant à d’éventuelles conséquences de long terme. L’opposant lui-même, âgé de 44 ans, a posté sur les réseaux sociaux une photo de lui dans un parc, amaigri, regard hagard et cerné : « Dans l’immédiat, les plans sont simples, écrit-t-il. Physiothérapeute, réhabilitation. Tenir sur une jambe. Retrouver le contrôle de mes doigts. »

Quelques jours plus tôt, M. Navalny avait déjà fait part de sa faiblesse physique, mais aussi de celle de son cerveau, de sa difficulté à nommer les choses et les personnes. La chronique de son rétablissement est suivie avec ferveur sur les réseaux sociaux ; ses publications récoltent régulièrement plus d’un million de « j’aime ».

Enquête sur lui-même

Chacune d’elle vient annihiler la stratégie du Kremlin consistant à faire comme s’il n’y avait pas d’affaire Navalny, pas plus qu’il n’aurait existé un opposant nommé Navalny. La justice russe refuse même d’ouvrir une enquête, arguant que rien dans ce qui lui est arrivé ne laisse supposer un crime.

Mercredi 23 septembre, la porte-parole du ministère des affaires étrangères a aussi assuré que ni l’URSS, ni la Russie, n’avaient développé une substance de type « Novitchok », le poison utilisé contre M. Navalny, selon des laboratoires allemand, suédois et français. Jusqu’à présent, les officiels russes, y compris le patron du renseignement extérieur, une semaine plus tôt, expliquaient plutôt que les stocks de ce poison avaient été détruits.

Quand Le Monde a révélé, mardi 22 septembre, que Vladimir Poutine avait, dans un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, évoqué entres autres hypothèses celle d’un auto-empoisonnement, M. Navalny a commenté avec humour : « J’ai fait cuire le Novitchok dans ma cuisine, j’ai avalé le contenu de ma flasque dans l’avion et je suis tombé dans le coma. Mon plan astucieux était de mourir dans un hôpital d’Omsk où, à la morgue, l’autopsie aurait conclu : “Cause de la mort : a assez vécu.” » L’ancien avocat se pose aussi comme le premier enquêteur sur son propre empoisonnement : lundi, il a réclamé que la Russie lui rende ses habits, sur lesquels pourrait être trouvé du poison.

Ces sorties donnent un aperçu du casse-tête que constituera, à terme, le retour en Russie de cet opposant déterminé et maîtrisant les codes de la communication.

Celui-ci, qui a toujours su se mettre en scène dans ses rigoureuses enquêtes sur la corruption, continue aussi de le faire. Il y a quelques jours, il dédiait un post à sa femme, pour leurs vingt ans de mariage. Au-delà des mots d’amour, l’épisode rappelle deux choses : que M. Navalny est de la race, inexistante en Russie, des politiciens modernes ; qu’il est prêt à retourner contre ses auteurs le harcèlement permanent dont il a fait l’objet, ces dix dernières années, jusque dans sa vie privée.

L’agenda russe perturbé

Dans le même temps, le tabou Navalny a sauté dans l’espace médiatique. Certes, les « experts » invités à discourir à la télévision sur son cas le font en avançant des versions toujours plus farfelues ou en présentant des versions truquées de ses vidéos, mais le fait est là : le phénomène Navalny ne peut plus être ignoré. Son retour achèvera de le mettre au centre du jeu, alors que les Russes ont toujours eu la dent dure contre leurs émigrés, quelles que soient les causes de l’exil.

Le constat est similaire s’agissant de la diplomatie. On ne peut qu’imaginer l’irritation de Vladimir Poutine face aux questions du président français concernant celui qu’il ne considère guère plus que comme un agitateur, comme il l’a dit lui-même à M. Macron. Le nom de M. Navalny a aussi été cité plusieurs fois à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies. Le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, se voit obligé de répéter jour après jour les mêmes arguments : si empoisonnement il y a eu, celui-ci est intervenu après le départ de Russie de Navalny, quand bien même celui-ci était déjà dans le coma.

Autrement dit, et avant même son retour, cet opposant supposément inexistant perturbe jusqu’à l’agenda international de la Russie, et pourrait être la cause de nouvelles sanctions.

« Le mythe du Kremlin selon lequel Navalny est un marginal ne tient plus, note Lioubov Sobol, l’une de ses alliées. Tout le monde a vu que le pouvoir le craignait, et maintenant sa notoriété est encore plus importante. L’intérêt et l’empathie pour son action ont augmenté, à lui de transformer cela en soutien, après son retour. » Pour Mme Sobol, « le plan reste le même : faire battre les candidats du pouvoir aux élections législatives de l’année prochaine, auxquelles on ne nous laisse pas participer, et lutter pour qu’Alexeï puisse être candidat à la présidentielle de 2024. »

« La pression va encore augmenter »

Le politiste Fiodor Kracheninnikov estime lui aussi que M. Navalny a d’ores et déjà acquis une stature nouvelle : « Maintenant, aux yeux des Russes comme de l’étranger, c’est Poutine contre Navalny. Le Kremlin a prouvé qu’il était prêt à tout, Navalny aussi. Et puis, il y a ce trait russe : on aime ceux qui ont souffert. » Pour M. Kracheninnikov, le pouvoir pourrait être tenté d’avancer au mois de mars 2021 les élections législatives programmées à l’automne pour éviter au maximum que l’opposant puisse s’engager dans la campagne.

Selon la politiste Tatiana Stanovaïa, du think tank R.Politik, le retour de M. Navalny posera un problème important au pouvoir, « si tant est que celui-ci retrouve 100 % de ses forces ». Mais contrairement à d’autres observateurs, Mme Stanovaïa ne voit pas dans la médiatisation accrue du cas Navalny une garantie de sécurité : « Les enjeux sont devenus trop importants pour que le pouvoir le laisse tranquille, estime-t-elle. La pression sur lui et sur sa famille va encore augmenter, et sa vie en Russie deviendra encore plus difficile, avec des poursuites judiciaires relancées. S’il est passé à tabac en bas de chez lui, il y aura des protestations... Et alors ? »

Mercredi, interrogé après la sortie de l’hôpital d’Alexeï Navalny, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a souhaité au « patient » de guérir rapidement. « Quant à son retour à Moscou, comme tout citoyen de la Russie, il est libre de le faire à tout moment », a précisé M. Peskov.

24 septembre 2020

Biélorussie : des dizaines d’interpellations après l’investiture surprise de Loukachenko.

La police biélorusse a dispersé mercredi des manifestations de l’opposition contre la prestation de serment inattendue du président biélorusse Alexandre Loukachenko. “Loukachenko a tenu son ‘inauguration’ en secret aujourd’hui”, écrit Charter97.org. D’après le site web biélorusse, proche de l’opposition, les manifestations et les barrages routiers se poursuivaient dans la nuit de mercredi à jeudi dans certains quartiers de la capitale, Minsk. Selon l’Agence France-Presse, plus de 150 personnes ont été arrêtées dans le pays.

23 septembre 2020

Diplomatie - Washington et Pékin s’affrontent à l’ONU dans un climat de "nouvelle guerre froide"

onu pekin washington

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

La rivalité entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping a largement dominé mardi l’Assemblée générale annuelle des Nations unies. Face aux attaques de Donald Trump l’accusant d’être responsable de la crise du Covid-19, Pékin a cherché à jouer la carte stratégique de la coopération internationale.

“L’acrimonie entre les États-Unis et la Chine a largement pesé” mardi “sur la 75e session de l’Assemblée générale des Nations unies”, organisée de manière virtuelle en raison, du Covid-19, note le South China Morning Post.

Le président américain Donald Trump a utilisé son discours préenregistré pour s’en prendre à Pékin, accusant de nouveau la puissance rivale d’avoir laissé le “virus chinois”, une formule qui suscite l’ire de Xi Jinping,” infecter le monde”. Il a également demandé aux Nations Unions de tenir la Chine pour responsable de ses actes.

Contrairement à Washington, “Pékin sait utiliser le multilatéralisme à son avantage”

Le président chinois qui s’est exprimé, après son homologue américain, a lui pris le contre-pied de l’attitude agressive de Washington, faisant preuve, selon Jen Kirby, journaliste à Vox, de davantage de subtilité stratégique. Sans mentionner directement les États-Unis, Xi Jinping a souligné que “la Chine n’avait pas l’intention d’entrer dans une Guerre froide” et a mis en garde contre “le piège d’un choc des civilisations”, appelant à ne pas “politiser” la lutte contre le coronavirus.

Xi Jinping, “qui s’exprimait avec derrière lui une vue d’artiste de la grande muraille”, remarque Le Soir, a préféré mettre en avant son engagement en faveur de la coopération internationale et d’une réponse humanitaire au Covid-19.

Dans leurs discours, les deux dirigeants ont largement “déformé les réalités de leurs pays et du monde en ce moment”, note Vox. Mais “75 ans après la création des Nations unies, la Chine a montré que contrairement aux États-Unis, elle savait utiliser le multilatéralisme à son avantage”.

La Chine s’engage à atteindre la neutralité carbone d’ici 2 060

À la surprise générale, Xi Jinping est même allé jusqu’à annoncer mardi que la Chine s’engageait à atteindre la neutralité carbone d’ici 2 060. “C’est la promesse la plus audacieuse qu’ait jamais faite la Chine en matière de climat”, note le New York Times. “Si les Chinois la concrétisent, cet engagement jouera un rôle crucial dans la lutte mondiale contre le changement climatique”.

“Les observateurs estiment qu’avec cette annonce, le leader chinois cherche à profiter des réticences américaines à répondre au défi climatique”, note Matt McGrath, journaliste en charge des questions d’environnement à la BBC. “L’engagement climatique de Xi Jinping à l’ONU, quelques minutes seulement après le discours du président Donald Trump, était clairement une décision audacieuse et bien calculée”, estime Li Shuo, spécialiste de la politique climatique chinoise à Greenpeace Asie, interrogé mardi par la radio britannique.

Agacé par la guerre entre Pékin et Washington qui a occupé le devant de la scène mardi, le président français Emmanuel Macron a tenté de reprendre la main en “critiquant de manière à peine voilée” les deux géants, note Bloomberg. Le monde “ne peut pas se résumer à la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis”, a-t-il lancé. Nous ne sommes pas collectivement condamnés à un pas de deux qui, en quelque sorte, nous réduirait à n’être que les spectateurs désolés d’une impuissance collective”.

Noémie Taylor-Rosner

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 > >>
Publicité