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Jours tranquilles à Paris
11 avril 2019

Abdelkader Bensalah, le long parcours doré d’un apparatchik algérien

Par Amir Akef, Alger, correspondance

Le président du Sénat a été désigné, mardi 9 avril, président par intérim pour 90 jours.

Président du Conseil de la nation (Sénat), Abdelkader Bensalah est depuis le mardi 9 avril le président par intérim de la République algérienne pour une durée de quatre-vingt-dix jours. Une semaine après le départ d’Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission par l’armée.

Cette désignation s’est faite au nom de la mise en œuvre de l’article 102 de la Constitution, telle qu’exigée par le général Ahmed Gaïd Salah. Mais la procédure est vivement contestée par une rue algérienne entrée en dissidence contre le pouvoir depuis le 22 février et qui refuse une transition menée par les « hommes du régime » et selon les « règles du régime ».

« Je vais travailler à concrétiser les intérêts du peuple. C’est une grande responsabilité que m’impose la Constitution », a déclaré M. Bensalah après sa désignation. Celle-ci a été immédiatement dénoncée sur les réseaux sociaux comme une « provocation ».

Les étudiants, de retour de vacances forcées, ont manifesté au même moment à Alger pour dire leur rejet du gouvernement de Noureddine Bedoui (le premier ministre) et d’Abdelkader Bensalah sous le slogan « les étudiants rejettent la bande à cocaïne », dans une allusion à un scandale qui a donné lieu à la chute de plusieurs généraux. La police les a empêchés d’accéder à la place Maurice-Audin en utilisant des gaz lacrymogènes et des canons à eau.

Un cacique du régime

Agé de 77 ans, Abdelkader Bensalah est né à Fellaoucene, dans la wilaya (préfecture) de Tlemcen, la région d’où est issu Abdelaziz Bouteflika. Depuis le début des années 1970, il a un long parcours doré d’apparatchik obéissant.

Après un petit passage dans le journalisme, il a été successivement député, ambassadeur, sénateur et il a présidé les deux chambres du Parlement. Une présence durable pendant laquelle il ne se distingue ni par des idées ni par des positions particulières, comme c’est le cas en général des caciques du régime, contraints à la langue de bois.

Qualifié par l’avocat et militant des droits de l’homme Mustapha Bouchachi d’un des « symboles de la corruption du pouvoir », le chef de l’Etat par intérim présente un parcours qui – c’est un euphémisme – n’inspire guère confiance à de nombreux Algériens.

Il fait partie de la devanture politique du régime depuis 1992. Il est alors désigné membre du Conseil national de transition (CNT), un substitut au Parlement installé par le régime après que l’armée a décidé, en janvier 1992, de stopper le processus électoral, remporté au premier tour par le Front islamique du salut (FIS). Il présidera cet ersatz de Parlement entre 1994 et 1997. Il est ensuite désigné secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), une formation créée de toutes pièces par le régime en février 1997, et qui raflera la majorité des sièges lors des législatives.

Carrière confortée avec l’arrivée de Bouteflika au pouvoir

Elu député, Abdelkader Bensalah préside l’Assemblée nationale populaire (chambre basse). Sa carrière est confortée avec l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en 1999, qui s’appuie sur les gens originaires de l’ouest du pays. M. Bensalah est, depuis 2002, le président du Conseil de la nation, et le deuxième personnage de l’Etat.

Fidèle d’Abdelaziz Bouteflika, M. Bensalah a été un ardent défenseur de la révision de la Constitution qui a permis, en 2008, de lever la limitation des mandats et d’ouvrir la voie à la « présidence à vie ». Il a défendu sans surprise un cinquième mandat présidentiel pour M. Bouteflika, dont la perspective a fait sortir massivement les Algériens dans les rues pour exiger la fin d’un régime dont il est l’une des incarnations les plus décriées.

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7 avril 2019

Affaire Carlos Ghosn: L'ex-dirigeant a enregistré un message pour «désigner les responsables»

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JAPON « Ce sont les avocats qui l’ont, elle sera diffusée bientôt », selon sa femme Carole, qui a quitté le Japon

L’ex-dirigeant Carlos Ghosn, à nouveau arrêté cette semaine au Japon, a enregistré un message pour « désigner les responsables de ce qui lui arrive » et qui sera « bientôt » diffusé, a affirmé son épouse dans un entretien au Journal du Dimanche.

"Il y a un acharnement qui n'est pas récent. Il a démarré le jour de mon arrestation, et il n'y a pas eu un jour, ni une semaine, sans nouvelles accusations.

Carlos Ghosn, patron déchu de Renault, Nissan et Mitsubishi, a été interpellé jeudi matin à son domicile de Tokyo en raison de nouveaux soupçons de malversations financières, un mois à peine après avoir été libéré sous caution. Placé une nouvelle fois en garde à vue, après 108 jours passés derrière les barreaux, Carlos Ghosn avait annoncé la veille qu’il comptait tenir une conférence de presse le 11 avril pour « dire la vérité à propos de ce qui se passe ».

Carlos Ghosn : "Il y a eu une démolition systématique, quelques personnes à l'intérieur de Nissan sont à l'origine de ça, et ont bénéficié de complicité à l'extérieur de Nissan"

Le Drian a appelé le Japon à respecter les droits et la présomption d’innocence

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Carole Ghosn, qui était présente lors de l’arrestation, a indiqué avoir regagné la France malgré la confiscation de son passeport libanais par la police japonaise, en utilisant son autre document de voyage, américain. Réitérant sa foi dans l’innocence de son mari, Carole Ghosn a assuré ne pas vouloir qu’il soit « au-dessus des lois mais qu’il soit jugé de façon équitable (…) Je demande solennellement qu’on lui laisse la présomption d’innocence comme à tout citoyen français et j’en appelle au président de la République ».

Plus tôt samedi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait appelé le Japon à respecter les droits et la présomption d’innocence de Carlos Ghosn lors d’un entretien avec son homologue nippon en marge d’une réunion du G7 à Dinard.

La nouvelle arrestation de M. Ghosn est motivée par des soupçons d’avoir transféré des fonds de Nissan à une société « de facto contrôlée par lui », via un distributeur de véhicules du constructeur japonais à l’étranger, selon le parquet. Carlos Ghosn est déjà sous le coup de trois inculpations : deux pour déclarations inexactes de revenus durant les années 2010 à 2018, dans des documents remis par Nissan aux autorités financières, et une pour abus de confiance.

7 avril 2019

Bouteflika parti, les Algériens dans la rue pour maintenir la pression

Considérant que le départ de l’ex-président n’était qu’une « demi-victoire », une foule immense a manifesté pour un septième vendredi d’affilée à travers le pays.

Une foule immense a de nouveau envahi le centre d’Alger et les principales villes d’Algérie vendredi 5 avril, malgré l’annonce du départ du pouvoir du président Abdelaziz Bouteflika. Les protestataires expriment désormais leur refus de toute implication des anciens fidèles du raïs dans la transition politique.

Confronté à une contestation populaire inédite déclenchée le 22 février et très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, M. Bouteflika, 82 ans, a démissionné mardi, après 20 ans passés à la tête du pays.

« Vendredire »

Déterminés à se débarrasser du « système » dans son ensemble, les Algériens sont à nouveau descendus très nombreux dans la rue, pour le septième vendredi de rang. D’imposants cortèges ont défilé à Oran, Constantine et Annaba, deuxième, troisième et quatrième villes.

L’agence de presse officielle APS a recensé des manifestations dans 41 des 48 régions du pays, rendant compte de façon inédite des slogans très hostiles au pouvoir. Les cortèges se sont dispersés dans le calme à la tombée de la nuit. Aucun incident n’a été signalé.

« On ne pardonnera pas ! », ont notamment scandé les manifestants, en référence à la lettre d’adieu, adressée mercredi, par le chef de l’Etat, dans laquelle il a demandé pardon aux Algériens.

Arrivé tôt de Boumerdès près d’Alger, Said Wafi, 42 ans, employé d’une banque publique, voulait « être le premier manifestant contre le système. Le départ de Bouteflika ne veut rien dire si ses hommes continuent à gérer le pays ». « [Il] était très malade, il ne gouvernait pas en réalité et rien ne changera s’il part seul et laisse ses hommes », renchérit Samir Ouzine, étudiant de 19 ans.

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Avec sa démission, le néologisme « vendredire », inventé par les contestataires et signifiant « manifester joyeusement », a acquis sur les réseaux sociaux, un sens supplémentaire : « faire chuter un régime dictatorial pacifiquement. »

Départ des « 3B »

« La démission du président ne signifie pas qu’on a eu réellement gain de cause », a expliqué dans une vidéo sur Internet l’avocat Mustapha Bouchachi, une voix de la contestation, appelant à faire de ce vendredi « un grand jour ».

Les protestataires ont appelé au départ des « 3B », Abdelkader Bensalah, Tayeb Belaiz et Noureddine Bedoui, trois hommes-clés de l’appareil mis en place par M. Bouteflika et à qui la Constitution confie le processus d’intérim.

Président depuis plus de 16 ans du Conseil de la Nation (chambre haute), M. Bensalah est chargé par la Constitution de remplacer le chef de l’Etat pour trois mois, le temps d’élire un successeur lors d’une élection présidentielle. Tayeb Belaiz, qui fut durant ces 16 ans ministre, préside le Conseil constitutionnel, chargé de contrôler la régularité du scrutin. Le premier ministre Noureddine Bedoui était jusqu’à sa nomination le 11 mars le très zélé ministre de l’intérieur. Il est aux yeux des manifestants l’« ingénieur en chef de la fraude électorale et ennemi des libertés », comme l’a qualifié le quotidien francophone El Watan.

A la place, les manifestants appellent à la mise sur pied d’institutions de transition à même d’engager des réformes et d’organiser des élections libres.

« L’armée et le peuple sont frères »

Grand vainqueur de son bras de fer avec l’entourage de M. Bouteflika, qu’il a contraint in fine à quitter le pouvoir, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, apparaît comme l’homme fort du pays.

Le limogeage annoncé ce vendredi du général Athmane Tartag, « coordinateur » des services de renseignements auprès de la présidence, fait passer sous le contrôle du général Salah, en tant que vice-ministre de la défense, trois importants services (sécurité intérieure, extérieure et renseignement « technique ») jusqu’ici sous la tutelle de M. Bouteflika. Et renforce son pouvoir, face à un gouvernement affaibli par le départ du chef de l’Etat et l’hostilité de la rue. Mais le général Gaïd Salah est lui aussi largement perçu par les manifestants comme un homme du « système », qu’il avait fidèlement servi depuis sa nomination en 2004.

« L’armée et le peuple sont frères », ont scandé les manifestants, ce vendredi à Alger, mais plusieurs pancartes hostiles au général Salah ont également été vues par des journalistes de l’Agence France-Presse ou relayées sur les réseaux sociaux. « Nous voulons recouvrer notre liberté, notre souveraineté. (…) J’espère vivre assez longtemps pour vivre la démocratie dans mon pays », confiait Saïd Zeroual, 75 ans, les larmes aux yeux.

Cet espoir a, pour l’heure, fait renoncer Zoubir Challal à tenter, comme de nombreux Algériens, de traverser la Méditerranée à la recherche d’un avenir meilleur. La pancarte que ce chômeur de 28 ans porte dit : « Pour la première fois, je n’ai pas envie de te quitter mon pays. »

6 avril 2019

Reportage - Dans un Venezuela au bord du chaos, le défi de l’opposition face à un Maduro inébranlable

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Par Claire Gatinois, Caracas, Maracaibo, envoyée spéciale - Le Monde

Une mobilisation populaire est prévue samedi de façon concomitante dans des petites et grandes villes du pays. Ce mouvement se veut l’acte I de l’« opération liberté ».

Pedro n’avait pas vingt ans quand il est entré dans la clandestinité, se méfiant de tout et de tous dans son propre pays. « Parce que j’ai protesté contre ce gouvernement j’ai tout perdu. J’ai dû quitter mes études et partir six mois en exil, mais je suis revenu. Je préfère me battre et mourir ici pour la démocratie que m’éteindre à petit feu asphyxié par le régime », confie le jeune homme de 22 ans, corps sec et ton de combattant. Comme la plupart de nos interlocuteurs, il préfère taire sa véritable identité.

Classé parmi les « terroristes » aux yeux de Nicolas Maduro, le président du Venezuela, Pedro appartient à la bande des « résistants » de Saladillo, un bastion de l’opposition au régime chaviste depuis les manifestations de 2014 qui doit son nom à quatre tours de béton de dix-huit étages baptisées Saladillo, nichées dans le centre de Maracaibo, capitale de la région occidentale de Zulia. Dans cette troupe où se mêlent préadolescents et quinquagénaires, on raconte la prison, les tortures et ces blessures qui ont rendu certains handicapés à vie.

En ce début d’avril, deux d’entre eux relèvent leurs tee-shirts montrant les impacts de balles en caoutchouc reçues lors de la rébellion de la veille pour protester contre les coupures d’eau et d’électricité qui ont transformé la capitale régionale en ville fantôme.

C’est dans ces immeubles décatis, où les ascenseurs ont cessé de fonctionner depuis bien longtemps que ces « résistants » se préparent à la manifestation du samedi 6 avril. La mobilisation populaire, prévue de façon concomitante dans les petites et grandes villes du Venezuela se veut le premier épisode de l’« opération liberté », un mouvement orchestré par Juan Guaido, président de l’assemblée nationale qui s’est autoproclamé chef d’Etat par intérim en janvier.

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« Véritable phénomène politique »

« Juan Guaido est la lumière au bout du tunnel ! Il est notre espoir », confie Pedro, épuisé par des années de luttes vaines et une répression sans relâche qui a coûté la vie de l’un de ses compagnons, Adrian Jose Duque, qui comptait parmi les 140 victimes recensées lors des mobilisations de 2017.

A cette population enragée contre un régime qui a basculé dans l’autoritarisme, Juan Guaido a redonné des raisons de croire. En quelques mois, le député de 35 ans, fils d’un chauffeur de taxi, hier inconnu dans les « barrios », quartiers populaires vénézuéliens, comme sur la scène internationale, est parvenu à récolter l’appui d’une cinquantaine de pays étrangers, dont les Etats-Unis et diverses nations de l’Union européenne. Membre du parti Volonté populaire, se revendiquant de la social-démocratie, Juan Guaido a su fédérer une opposition formée de partis composites, dont l’idéologie allant de la gauche radicale à la droite dure, ne se rejoint que dans la lutte contre Maduro.

« Juan Guaido est un véritable phénomène politique », observe Jose Antonio Gil Yepes, sociologique à la tête de l’institut de sondages Datanalisis à Caracas. Privilégiant la raison sur l’émotion, le président par intérim, qui promet de conduire le pays sur la voie de la démocratie, rafle aujourd’hui plus de 60 % d’opinions favorables, selon une enquête de Datanalisis datée de la mi-mars. Si une élection sans fraude avait lieu demain, le trentenaire obtiendrait 80 % des sondages laissant 20 % à un Maduro, accusé d’affamer la population et de saccager l’économie, indique encore cette enquête.

Inébranlable, le chef d’Etat s’accroche malgré tout au pouvoir, entouré d’un petit groupe de fidèles et de l’Etat-major de l’armée.

Des allures de décors de « Mad Max »

Dans les rues de Maracaibo, la disgrâce populaire de l’héritier d’Hugo Chavez est patente. Elle s’étale à coup d’insultes taguées sur les façades lépreuses de bâtiments désertés. La ville, dont la richesse pétrolière était autrefois jalousée par toute l’Amérique latine a pris, avec la baisse des cours du brut, la décadence des installations pétrolières et l’hyperinflation, des allures de décor de Mad Max. Les privilégiés ont décampé allant chercher un semblant de prospérité à l’étranger pendant que les magasins baissaient, un à un, leur rideau.

Désert économique et social, lieu de toutes les contrebandes avec la Colombie voisine, la ville a connu en mars-avril, un nouveau black-out, victime, comme le reste du pays de pannes liées à la dégradation des installations, que Maduro attribue à des « attaques cybernétiques » menées par l’« impérialiste américain » pour faire main basse sur les réserves d’or noir.

Etape supplémentaire de la déchéance de la région, ces coupures géantes s’ajoutent aux pénuries d’eau et au rationnement de l’essence tandis que le bolivar se transforme en monnaie de singe : le salaire minimum (18 000 bolivares) suffit à peine à acheter un kilo de viande. « C’est la jungle ! », résume Jesus Bracho, posté depuis plus d’une demi-heure dans la file d’attente d’un distributeur de billets. « Les camions d’eau n’arrivent que chez les privilégiés ! Maduro veut tuer le peuple », lance une femme au sein d’un petit attroupement en colère planté devant le bâtiment public d’Hydrolago, chargé de la distribution de l’eau.

« Les gens mangent dans les poubelles »

Dans le centre de Maracaibao, allongée sur un matelas élimé posé à même le trottoir pour supporter la chaleur de la nuit, Carolina Martinez, 37 ans, confie avoir cru, un temps, à la révolution bolivarienne. Aujourd’hui, cette assistante du gouvernement « a honte de travailler pour l’Etat ». Après tant de mois de privations, la mère de deux enfants de 12 et 4 ans payée une misère en a presque oublié le goût de la viande. « Ce gouvernement n’est ni socialiste, ni communiste. Il est terroriste ! », grogne Nadio, le père de Carolina à ses côtés.

Au bord du chaos, Maracaibo a explosé le 1er avril. La ville, plongée dans l’obscurité par les coupures électriques, a été ce jour-là le théâtre d’émeutes émaillées de pillages. Avant de fracasser la vitrine d’une pharmacie pour s’emparer de shampoings, de savons mais aussi de chips et de sodas, vendus dans l’établissement, les pillards auraient crié « on a faim ! », raconte la gérante. « Les gens mangent dans les poubelles. Maduro est un fils de p… On veut quelqu’un d’autre à la tête du pays même si c’est un extraterrestre », appuie un vendeur de légumes du marché municipal.

Ce climat de tension extrême laisserait présager la montée d’un « printemps vénézuélien » si la révolte ne cohabitait pas avec l’épuisement d’une société où trouver à manger est une lutte, se déplacer, un défi et protester, un danger de mort. Trop occupés à survivre, les Vénézueliens glissent peu à peu dans l’apathie.

« Caniche des Américains »

« Le chavisme parie sur l’usure », présage un diplomate. Une usure de la société mais aussi d’une opposition en mal de stratégie. Après avoir échoué, le 23 février, à faire entrer l’aide humanitaire envoyée par les Etats-Unis, dans l’espoir de voir basculer l’armée vénézuélienne de leur côté, les troupes de Juan Guaido se heurtent aujourd’hui à un Maduro sourd à toute négociation diplomatique comme le souhaiterait la communauté internationale. « Il se passe des choses, mais ce n’est pas encore suffisant », reconnaît Stalin Gonzalez, vice-président de l’Assemblée nationale.

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Après trois mois d’activisme, plane ainsi la menace de l’enlisement de la dynamique Juan Guaido. Le danger est d’autant plus prégnant que Nicolas Maduro semble déterminé à emprisonner son ennemi accusant le leader de l’opposition, considéré comme un « caniche des Américains », d’avoir fomenté un complot « diabolique » visant à l’assassiner.

Pour sortir de l’impasse les opposants les plus radicaux, à l’image de Maria Corina Machado représentante de la droite dure, plaident pour activer l’article 187 de la Constitution, celui qui ouvrirait la voie à une intervention extérieure. « Le régime est capable de tout. Ce n’est pas une dictature, c’est un Etat criminel. Combien de morts faudra-t-il encore pour que la communauté internationale réagisse ? », s’emporte-t-elle. « Il faut une menace réelle et imminente face à Maduro », ajoute la politicienne estimant, quitte à rouvrir les fractures de l’opposition, que Guaido est mal entouré.

Selon Datanalisis, plus d’un tiers de la population estime que Maduro ne quittera le pouvoir qu’avec une intervention militaire de l’étranger, quand moins de 3 % des interrogés parient sur une solution pacifique fondée sur des élections libres et transparentes.

4 avril 2019

La mort par lapidation. Voici ce que risquent désormais les homosexuels à Brunei.

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3 avril 2019

La lettre politique de Laurent Joffrin

Trois hirondelles pour la liberté

Les démocraties vont mal, motif d’angoisse. Mais les dictatures vont-elles si bien ? Ou, plus exactement, les régimes semi-autoritaires qui s’imposent ou perdurent un peu partout dans le monde. Trois fragiles hirondelles ont pris leur envol récemment. Elles ne font pas le printemps de la liberté ; elles montrent que la vie des autocrates qui concurrencent nos vieux régimes fatigués n’est pas non plus toute rose.

En Algérie, Abdelaziz Bouteflika, jusqu’ici accroché comme une momie à son fauteuil de grabataire présidentiel, vient d’en être chassé par une insurrection populaire et pacifique, qui a vu l’armée céder à la rue pour garder l’essentiel. Rien n’est joué. La coalition opaque des militaires et des prévaricateurs du FLN fera tout pour rester en place. Mais elle a dû baisser pour la première fois la garde et débarquer l’un des siens pour sauver les autres. Résultat fragile mais résultat tout de même. L’avenir s’entrouvre pour l’Algérie.

En Turquie, Recep Tayyip Erdogan, qu’on pensait inexpugnable, vient d’essuyer une série de cinglants échecs dans les dernières élections municipales, perdant même la ville qui l’avait promu au premier rang, Istanbul, rampe de lancement de son ascension. Rien n’est joué. L’opposition est réprimée, divisée, disparate ; la religiosité turque est une garantie pour le parti du président ; la peur du désordre peut encore donner un long bail au sultan turc. Mais le peuple s’est dépris de sa fascination pour l’islamiste impérieux. L’avenir s’entrouvre pour la Turquie.

Au Venezuela, Nicolás Maduro résiste encore, jusqu’au dernier Vénézuélien qui restera dans un pays ruiné et affamé, où les révolutionnaires, faute de réaliser le grand soir, ont produit la grande nuit des pannes d’électricité géantes. Rien n’est joué. Appuyé lui aussi sur l’armée, qui hésite à le lâcher, le terne successeur de Chavez s’accroche au pouvoir à coups de mesures tyranniques, mais le jeune président de l’Assemblée continue son combat, malheureusement entaché par l’éléphantesque soutien de Donald Trump. L’avenir s’entrouvre au Venezuela.

Ainsi la démocratie qu’on dénigre quand on en bénéficie continue de faire rêver ceux qui en sont privés. Elle est comme l’air des villes. On se plaint qu’elle est polluée. Mais si cet air vient à manquer, on étouffe.

3 avril 2019

Algériens / Gilets Jaunes

3 avril 2019

En Algérie, l’armée a précipité la démission de Bouteflika malgré la résistance de son entourage

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Par Amir Akef, Alger, correspondance - Le Monde

Face aux pressions des militaires, le chef de l’Etat algérien a été contraint mardi, dans un « souci d’apaisement », d’anticiper son départ initialement annoncé d’ici à la fin de son mandat le 28 avril.

La retraite politique d’Abdelaziz Bouteflika aura finalement été plus rapide et chaotique que prévu. Alors qu’il avait annoncé lundi 1er avril sa démission « avant le 28 avril » – terme légal de son mandat – le président algérien a dû lâcher prise vingt-quatre heures plus tard sous la menace à peine voilée de l’armée qui, se prévalant du soutien de la rue, ne semblait guère apprécier les manœuvres dilatoires du clan présidentiel.

M. Bouteflika a rendu publique sa « démission » dans la soirée de mardi 2 avril en réponse à une sommation, quelques minutes plus tôt, du chef de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, lui enjoignant de mettre en œuvre « immédiatement » les dispositions de l’article 102 de la Constitution. Ce dernier prévoit l’« empêchement » pour raison de santé ou la démission volontaire. La brutale accélération des événements a trahi l’existence d’un violent conflit au sommet de l’Etat entre l’entourage de M. Bouteflika et l’armée.

Faisant référence à cette épreuve de force, M. Bouteflika affirme dans sa lettre de démission remise au président du Conseil constitutionnel avoir pris sa décision en son « âme et conscience » dans le but de « contribuer à l’apaisement des cœurs et des esprits ». Son geste, a-t-il ajouté, « procède de [son] souci d’éviter que des excès verbaux qui marquent malencontreusement l’actualité ne dégénèrent en dérapages potentiellement dangereux ». Les formules soulignent en creux la virulence des affrontements qui ont déchiré ces derniers jours les cercles du pouvoir à Alger.

Tension au paroxysme

Entre l’armée qui voulait hâter le pas de la transition post-Bouteflika, soucieuse d’apparaître ainsi comme l’alliée du mouvement protestataire mobilisé depuis le 22 février, et le clan présidentiel s’efforçant de gagner du temps, la tension avait atteint ces derniers jours son paroxysme. Le chef de l’armée Gaïd Salah avait été exaspéré par la révélation d’une tentative de Saïd Bouteflika, le frère du président, de proposer à Liamine Zéroual, ancien chef de l’Etat (1994-1999), de prendre la direction d’un organe de transition. Saïd Bouteflika aurait recouru à cette fin à la médiation de l’ancien chef des services de renseignements, le général Mohamed Mediène, dit « Toufik »,

M. Zéroual a confirmé mardi la rencontre avec le général « Toufik » tout en précisant avoir décliné l’offre. Il prétend aussi avoir conseillé à l’ex-patron des renseignements, ennemi de longue date de Gaïd Salah, de « ne pas entraver le mouvement populaire » des Algériens qui « ont repris le contrôle de leur destin en main ».

La version de M. Zéroual, qui dément de fait les affirmations diffusées samedi par la chaîne Echourouk TV sur une implication des services français, est venue confirmer les assertions du chef d’état-major sur l’existence de manœuvres dilatoires de l’entourage de M. Bouteflika. Ces dernières, à l’initiative de Saïd Bouteflika, auraient visé à entraver la mise en œuvre de la solution préconisée par l’armée.

Dans un long communiqué rendu public mardi à l’issue d’une réunion des hauts responsables de l’Armée nationale populaire (ANP) au siège de l’état-major, le général Gaïd Salah a ainsi fait référence à des « réunions suspectes » pour « comploter contre les revendications du peuple et adopter des pseudo-solutions en dehors du cadre de la Constitution afin d’entraver les démarches de l’ANP ».

Authenticité contestée

Détail étonnant, Gaïd Salah conteste résolument l’authenticité du communiqué du 1er avril – « attribué au président de la République » – annonçant la démission du chef de l’Etat d’ici la fin de son mandat (28 avril). Ce communiqué, a-t-il assuré, émane « d’entités non constitutionnelles ». Dans ce cadre, Gaïd Salah charge sans ménagement l’entourage de M. Bouteflika qu’il qualifie de « bande ».

Il fustige en outre de « vastes opérations de pillage et de dilapidation » qui ont permis à une « poignée de personnes d’amasser des richesses immenses par des voies illégales et dans un court laps de temps, en toute impunité, profitant de leur accointance avec certains centres de décision douteux, et qui tentent ces derniers jours de faire fuir ces capitaux volés et s’enfuir vers l’étranger ». Le propos vise une dizaine d’oligarques, proches de Saïd Bouteflika, dont l’ancien patron des patrons, Ali Haddad, qui font l’objet d’enquêtes et de mesures d’interdiction de quitter le territoire.

Ce communiqué de Gaïd Salah, qui a précipité les événements, contenait enfin une menace implicite adressée au clan présidentiel qui s’employait à épargner à M. Bouteflika l’« empêchement » constitutionnel (article 102) proposé par le chef d’état-major dès le 26 mars. « Il n’y a plus lieu de perdre davantage de temps », a mis en garde Gaïd Salah qui a appelé à « appliquer immédiatement la solution constitutionnelle proposée, à savoir la mise en application des articles 7, 8 et 102 ».

Outre l’article 102 relatif à l’« empêchement » du chef de l’Etat, les articles 7 et 8 de la Constitution renvoient à la « souveraineté » et au « pouvoir constituant » du peuple, soit une main tendue au mouvement protestataire. « Notre décision est claire et irrévocable », a ajouté le général Salah. Dès lors, la pression sur le clan présidentiel est devenue trop forte. Une rumeur a même fait état d’une arrestation « imminente » des frères Bouteflika, Saïd et Nacer. Ces derniers ont cédé.

« Vacance » définitive de la présidence

Et maintenant ? La notification officielle de la démission au Conseil constitutionnel devrait être suivie d’un constat de « vacance » définitive de la présidence de la République, laquelle sera communiquée au Parlement. En vertu de l’article 102 de la Constitution, le président du Conseil de la nation – ou Sénat – Abdelkader Bensalah devrait en principe assumer l’intérim du chef de l’Etat pour une durée de quatre-vingt-dix jours au maximum au cours de laquelle des élections présidentielles devront être organisées.

Le recours « littéral » à l’article 102 implique également que la charge d’organiser le scrutin présidentiel reviendra à l’actuel gouvernement, nommé par M. Bouteflika. Or cette perspective est rejetée par les acteurs du mouvement populaire qui estiment inacceptable une application stricte de l’article 102. Celle-ci permettrait en effet aux figures du régime, Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation (Sénat) et Noureddine Bedoui, premier ministre, de gérer la transition. Aussi la désignation d’un gouvernement de personnalités intègres issues du mouvement populaire exigerait-t-elle de déroger à cet article 102.

Dans une déclaration au HuffPost Algérie, l’avocat Mustapha Bouchachi, l’une des figures les plus en vue de la contestation, a qualifié de « d’acte positif » la démission du président Bouteflika mais, a-t-il ajouté, « tout reste à faire » car les « Algériens demandent le départ du système ». « Si l’on veut réellement “écouter le peuple” il faut appliquer l’article 7 [établissant que « le peuple est la source de tout pouvoir »] » a-t-il précisé en appelant à « entamer une transition » sous l’égide d’« un gouvernement d’union nationale ».

La sortie définitive de M. Bouteflika met désormais l’armée directement face aux exigences populaires. Les appels à manifester vendredi 5 avril continuent à être diffusés sur les réseaux sociaux.

2 avril 2019

ALGERIE - ça se précipite....

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ALERTE-Algérie: L’armée réclame le départ « immédiat » du président Bouteflika

Le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Gaïd Salah, a présidé aujourd’hui une réunion au ministère de la Défense. Réunion à l’issue de laquelle l’armée juge «irrévocable» la destitution d'Abdelaziz Bouteflika.

Dans un communiqué du ministère de la Défense relayé par l’agence TSA, le chef d’état-major dit que l’armée soutiendra le peuple jusqu’à la satisfaction de ses revendications » car, souligne-t-il, « le peuple est la seule et unique source du pouvoir ».

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Algérie : le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a remis sa démission

Le président de la République a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République, a appris l'agence de presse algérienne auprès de la présidence de la République.

Il n'a pas attendu le 28 avril. Le président de la République algérienne Abdelaziz Bouteflika a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République, a appris l'agence de presse algérienne auprès de la présidence de la République.

2 avril 2019

La loi islamique imposée au sultanat de Brunei, une décision condamnée par l’ONU

Par Bruno Philip, Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est

A partir du mercredi 3 avril, l’homosexualité et l’adultère seront punis par lapidation et le vol, par l’amputation d’une main. La mise en œuvre des châtiments pour les délits sexuels reste néanmoins complexe.

Le Brunei, un petit sultanat à majorité musulmane sur les côtes de Bornéo, va appliquer la charia, ou loi islamique, à partir du mercredi 3 avril. Les punitions seront particulièrement sévères : lapidation pour homosexualité et adultère, amputation d’une main pour les voleurs. La haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a dénoncé lundi la nouvelle législation, qui, si elle était appliquée, « marquerait un sérieux recul pour la protection des droits humains ».

L’annonce de l’entrée en vigueur de la loi coranique et des châtiments qu’elle implique n’est pas une surprise : en 2014, le sultan Hassanal Bolkiah, 72 ans, avait décidé d’appliquer la charia par étapes sur son émirat, dont 67 % de la population est musulmane. Cette dernière phase concerne l’imposition complète des hudud, l’arsenal juridique qui prévoit les peines contre les « crimes » allant à l’encontre de la « loi de Dieu » : fornication, adultère, rapports sexuels entre personnes du même sexe, consommation d’alcool et autres substances interdites, etc.

Les autorités du Brunei étaient restées des plus discrètes quant à l’application de cette dernière étape du processus : si l’annonce avait été publiée en début d’année au journal officiel, le gouvernement avait observé un silence absolu. C’est le site du Brunei Project, une ONG de défense des droits de l’homme, qui a vendu la mèche la semaine dernière, provoquant un tollé mondial.

Boycottage du Plaza Athénée et de l’Hôtel Meurice

L’acteur américain George Clooney a réagi jeudi dans un texte publié sur le site hollywoodien Deadline.com, appelant au boycottage de neuf hôtels aux Etats-Unis et en Europe appartenant à la Brunei Investment Company, qui dépend du ministère des finances, dont, à Paris, le Plaza Athénée et l’Hôtel Meurice. « Chaque fois que nous logeons ou dînons dans ces hôtels, nous mettons de l’argent dans les poches d’hommes qui choisissent de lapider ou de fouetter à mort leurs propres citoyens accusés d’homosexualité ou d’adultère », écrit M. Clooney. Le chanteur britannique Elton John a soutenu l’appel de l’acteur américain.

L’ancien vice-président américain Joe Biden a condamné lui aussi, sur Twitter, l’imposition de cette législation extrême : « Lapider des gens pour homosexualité ou adultère est épouvantable et immoral. Il n’existe aucune excuse – culturelle ou de l’ordre de la tradition – pour cette sorte de haine et d’inhumanité. »

Le sultan du Brunei, dirigeant aussi puissant que révéré par son peuple, est l’un des hommes les plus riches du monde. Quant à son émirat, c’est le pays disposant du plus haut revenu de l’ensemble de l’Asie du Sud-Est, après Singapour – grâce à une manne pétrolière et gazière qui a permis d’acheter la paix sociale.

Pour la première fois depuis que l’on a appris la date du début de l’imposition de la charia, l’émirat a réagi, samedi, en diffusant un communiqué officiel s’efforçant de justifier les raisons de cette décision et tenter de rassurer l’opinion publique internationale : la charia, « outre qu’elle a pour but de criminaliser et de dissuader des actes contraires aux enseignements de l’islam, entend également protéger et respecter les droits légitimes de tous les individus, les sociétés et les nationalités, quelles que soient leurs croyances et leurs races ».

Un islam de plus en plus rigoriste

Les autorités de l’émirat insistent sur le fait que le système judiciaire reste double, l’un basé sur la charia, l’autre sur la common law à la britannique, dans ce territoire devenu indépendant de la Grande-Bretagne en 1984 seulement.

L’émirat est une terre de paradoxe : cette monarchie absolue ne dispose d’aucune presse libre, ne tolère pas la moindre opposition ou critique à l’égard de son sultan, ne souffre pas la moindre contestation. La liberté religieuse n’est toutefois pas absente : les 33 % de non-musulmans, d’origine chinoise, ou membres des différents groupes indigènes de Bornéo, peuvent pratiquer leur foi. Même si, au vu de l’évolution vers un islam de plus en plus rigoriste au fil des années, dont le sultan est le maître d’œuvre, les manifestations publiques de religiosité non musulmane n’y sont plus permises. Ainsi, Noël ou le Nouvel An chinois peuvent être fêtés, mais en famille et discrètement. Une forte amende punit les contrevenants.

Selon un observateur occidental basé à Brunei, l’extrême sévérité des futurs châtiments pourrait cependant être tempérée par le fait que la loi islamique prévoit que quatre témoins musulmans doivent apporter la preuve du crime, tels la sodomie ou l’adultère – des conditions difficiles à remplir pour établir un flagrant délit. L’amputation des membres pour les voleurs pose un problème plus immédiat.

Selon une source qui a requis l’anonymat, la communauté chinoise, chrétienne ou bouddhiste – et qui représente environ 10 % de la population –, commence « à s’inquiéter » des conséquences de l’application de la loi. D’autant que, en 2014, année de l’annonce du début d’imposition de la première phase de la charia, les responsables du ministère des affaires religieuses avaient affirmé, sans ambiguïté, devant un public d’expatriés venus s’informer lors d’une réunion publique : « La loi islamique s’appliquera aux musulmans et aux non-musulmans, y compris aux étrangers résidant au Brunei. »

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