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Jours tranquilles à Paris
16 novembre 2017

Crise au Liban : Saad Hariri devrait arriver en France « dans les prochains jours »

Le premier ministre démissionnaire du pays du Cèdre a été invité par Emmanuel Macron, qui a précisé que ce n’était pas un exil politique.

Nouvelle surprise dans la crise libanaise faisant suite à la démission du premier ministre Saad Hariri. Invité par Emmanuel Macron à venir en France avec sa famille, M. Hariri devrait arriver « dans les prochains jours », a annoncé l’Elysée mercredi 15 novembre au soir. Le président français a précisé que ce n’était pas un exil politique, mais « un acte d’amitié ».

Dans la journée, les réactions des différents acteurs de la crise qui touche le pays du Cèdre se sont succédé.

Hariri s’affirme libre, Aoun le croit en captivité

« Je veux répéter et assurer que je vais très bien. » « Je vais revenir si Dieu veut à mon cher Liban comme je vous ai promis », a tweeté M. Hariri mercredi. Il réfutait ainsi une nouvelle fois la thèse le présentant comme otage des autorités saoudiennes.

Plus tôt dans la journée, le président libanais, Michel Aoun, avait en effet accusé l’Arabie saoudite de détenir Saad Hariri. Il avait déclaré à son propos : « Nous le considérons donc en captivité et détenu. »

Le 12 novembre pourtant, Saad Hariri avait annoncé qu’il allait « très bientôt » rentrer dans son pays. « Je suis libre ici, si je veux voyager demain, je voyage », avait-il déclaré. « J’ai écrit ma démission de ma main, et j’ai voulu provoquer un choc positif », avait-il dit lors d’un entretien avec la chaîne de télévision libanaise, Future TV.

Bahaa Hariri, le frère de Saad Hariri, s’est également exprimé mercredi sur la démission de son frère cadet, déclarant, dans un communiqué à l’agence Associated Press, qu’il « soutenait sa décision », accusant dans le même communiqué, le Hezbollah de vouloir « prendre le contrôle du Liban ». Il remercie également l’Arabie saoudite des « dizaines d’années de soutien » aux institutions nationales du pays du Cèdre.

Que s’est-il passé après la démission de Saad Hariri ?

Dans son allocution télévisée faite depuis l’Arabie saoudite, le 4 novembre, annonçant sa démission et diffusée sur la chaîne Al-Arabiya, M. Hariri accusait le Hezbollah et son allié iranien de « mainmise » sur le Liban et disait craindre pour sa vie. Il accusait également Téhéran d’avoir « créé un Etat dans l’Etat ».

L’annonce de sa démission est intervenue dans un contexte de fortes tensions sur plusieurs dossiers entre les deux poids lourds de la région, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite.

Au lendemain de cette déclaration, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait accusé Riyad d’avoir contraint M. Hariri à la démission. Depuis, la position du « parti de Dieu » n’a pas changé. Le mouvement fait tout ce qu’il peut pour accréditer la thèse d’une manipulation saoudienne, pour vider la décision du premier ministre de toute validité et pour le forcer à reprendre ses fonctions.

Mardi, le premier ministre français, Edouard Philippe, a estimé que la démission de M. Hariri a ouvert « une période d’incertitude qu’il faut clore rapidement ». Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est, quant à lui, attendu mercredi soir à Riyad, où il doit rencontrer le prince héritier, Mohammed Ben Salmane, puis Saad Hariri.

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12 novembre 2017

Président Trump, semaine 41 : récit de voyage

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

« Extraordinaire », « épique », « historique »... L’occupant de la Maison Blanche et ses hôtes ne manquent pas de superlatifs pour décrire sa tournée asiatique. Et il n’est pas resté insensible aux flatteries

La tournée de Donald Trump en Asie ? Si vous vous fiez à la parole du président des Etats-Unis et de ses hôtes, vous avez le choix entre « extraordinaire », « épique », et « historique ». Avant l’étape de Manille, et la rencontre à venir avec l’incommode président Rodrigo Duterte, Donald Trump n’a rencontré que des gens épatants.

Au Japon, le premier ministre Shinzo Abe a été le premier à estimer que cette visite était de nature à entrer dans l’Histoire. Recroisé au Vietnam, à l’occasion d’un sommet régional, vendredi, le même a ensuite assuré à un Trump élevé au rang de thaumaturge que les relations avec la Corée du Sud s’étaient soudainement beaucoup améliorées depuis son passage. Le président sud-coréen Moon Jae-in a jugé pour sa part que les Etats-Unis avaient beaucoup changé (en mieux) depuis son élection, un an plus tôt.

En Chine, le président Xi Jinping a comparé son déplacement à celui de Richard Nixon, en 1972, alors qu’il s’agissait alors du premier d’un président des Etats-Unis et que ce dernier, venu spécialement, avait passé une semaine entière sur place au lieu de quarante-deux heures, dont deux nuits, pour M. Trump. Les Chinois avaient promis une « visite d’Etat plus », mais M. Xi a assuré directement à l’intéressé qu’il s’agissait d’une « visite d’Etat plus plus ». Un bond en avant qualifé ensuite de « très intéressant » par M. Trump.

Un président très accommodant

Le superlatif est souvent le compagnon de route des speechwriters dans l’exercice de la visite présidentielle, a fortiori lorsqu’il s’agit du président des Etats-Unis. Le souci pour Donald Trump est que son stoïcisme face à la flatterie est plutôt relatif, au point de le rendre alors très accommodant.

Gratifié à Pékin d’une visite approfondie de la Cité interdite, puis de vingt et un coups de canons tirés sur la place Tiananmen, il n’a pas voulu embarrasser son hôte en exigeant comme Barack Obama, en 2014, que les deux présidents répondent à des questions de la presse au terme de leur rencontre de travail, jeudi. Deux jours plus tard, croisant son homologue russe au même sommet régional, M. Trump a trouvé convaincantes ses dénégations réitérées selon lesquelles la Russie n’avait pas cherché à interférer dans l’élection présidentielle de 2016.

« Chaque fois qu’il me voit, il me dit : “Je n’ai pas fait ça”, et je le crois vraiment quand il me le dit », a confié gravement le locataire de la Maison Blanche. Lorsque par le passé un républicain regardait Vladimir Poutine dans les yeux, il y lisait trois lettres selon la formule alors en vigueur : « un K, un G, et un B ». Avec ses lunettes de voyageur, M. Trump a déchiffré pour sa part un S, un I, un N, un C, un E, un R, un I, un T, et un E, ce qui comblera certainement d’aise le renseignement américain qui affirme le contraire depuis plus d’un an.

Devant le Palais de l’Assemblée du Peuple, jeudi, à l’occasion d’une cérémonie d’accueil, M. Trump avait croisé un groupe d’enfants enthousiastes brandissant des drapeaux des deux pays et des bouquets de fleurs (artificielles). Les mêmes avaient dûment répété une demi-heure plus tôt, avec toute l’authenticité requise pour une « visite d’Etat plus plus ».

11 novembre 2017

Syrie : «pas de solution militaire» pour Trump et Poutine

Réunis à Danang (Vietnam) pour un sommet Asie-Pacifique, Donald Trump et Vladimir Poutine, les présidents américain et russe, en ont profité pour publier un communiqué conjoint dans lequel ils déclarent être «d'accord pour dire que le conflit en Syrie n'a pas de solution militaire» et ils confirment leur «détermination à vaincre l'Etat islamique».

«Les présidents ont confirmé leur engagement pour la souveraineté de la Syrie, son indépendance, son unité, son intégrité territoriale et sa nature séculaire», indique encore le communiqué, qui a été publié par le Kremlin. «Les président ont aussi discuté la nécessité de réduire les souffrances humaines en Syrie, et appelé tous les pays membres de l’ONU à augmenter leur contribution pour satisfaire aux besoins humanitaires dans les mois qui viennent.»

Le commandement militaire russe avait récemment accusé les Etats-Unis de «faire seulement semblant» de combattre l’EI en Irak et de gêner la contre-offensive soutenue par la Russie dans l’est de la Syrie.

9 novembre 2017

La Syrie rejoint l’accord de Paris sur le climat, les Etats-Unis isolés

Avec la décision du Nicaragua, en octobre, et le ralliement de Damas, ce mardi, Washington se retrouve seul à dénoncer le pacte.

Les Etats-Unis sont désormais bien seuls en marge de la coalition climatique mondiale. Mardi 7 novembre, la Syrie a en effet annoncé son intention de rejoindre l’accord de Paris contre le réchauffement planétaire.

Lors des discussions sur le climat (COP23) qui se tiennent jusqu’au 17 novembre à Bonn (Allemagne), la délégation de Damas a déclaré que le pays, ravagé depuis six ans par la guerre, allait signer le pacte adopté le 12 décembre 2015 lors de la 21e Conférence des parties à la convention climat (COP21).

La Syrie doit désormais déposer ses instruments de ratification auprès des Nations unies (ONU) à New York. Selon le site du Parlement syrien, un projet de loi a été adopté le 22 octobre afin de ratifier l’accord, « conformément à la Constitution qui stipule la protection de l’environnement ».

La Syrie et le Nicaragua n’avaient pas signé cet accord conclu par 195 nations en 2015. Le Nicaragua, qui dénonçait alors un texte trop timide, s’y est finalement rallié en octobre. La Syrie sera ainsi le 197e et dernier Etat à rejoindre l’accord, à ce stade ratifié par 169 pays et entré en vigueur moins d’un an après son adoption dans la capitale française.

« C’est risible »

« C’est super ! Ils [les Syriens] sont la dernière partie à la Convention climat de l’ONU à signer l’accord de Paris », a réagi Chai Qimin, négociateur pour la Chine. « Ce qui n’en laisse qu’un à avoir annoncé son retrait », a-t-il ajouté, sans nommer Washington.

Porté, signé puis ratifié par l’administration de Barack Obama, le texte a été dénoncé par le nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, qui a annoncé, le 1er juin, sa décision d’en retirer son pays.

L’annonce de la Syrie a d’ailleurs été accueillie avec ironie outre-Atlantique. « Franchement, la Syrie s’inquiète vraiment ? », « c’est risible », a ainsi lancé la porte-parole du département d’Etat américain Heather Nauert : « Si le gouvernement syrien se préoccupe autant de ce qu’il y a dans l’air alors qu’il commence par ne pas gazer son propre peuple. »

L’accord de Paris vise à limiter le réchauffement mondial bien en-deçà de 2 °C par rapport à la Révolution industrielle. Washington se retrouve désormais seul à dénoncer le pacte. Les statuts du texte ne lui permettent cependant pas d’en sortir concrètement avant le 4 novembre 2020. Les Etats-Unis sont aujourd’hui le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, et historiquement le premier.

6 novembre 2017

Plusieurs centaines de manifestants anti-Poutine arrêtés à Moscou

Une manifestation pour dénoncer le président russe Vladimir Poutine a été rapidement dispersée par la police, dimanche 5 novembre à Moscou. Le rassemblement était organisé à l’appel de Viatcheslav Maltsev, candidat aux élections législatives en 2016 et opposant déclaré du Kremlin.

La police, pour qui les rassemblements n’étaient pas autorisés, a arrêté plus de 260 personnes pour « trouble à l’ordre public ». Selon l’agence de presse TASS, certaines ont été interpellées en possession de couteaux, de coups-de-poing américains mais aussi d’armes pouvant tirer des balles en caoutchouc. L’organisation non gouvernementale OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations d’opposants russes, a annoncé que plus de 380 personnes avaient été appréhendées dans tout le pays, dont 346 à Moscou.

« Dire non au régime de Poutine »

Viatcheslav Maltsev, qui se décrit lui-même comme nationaliste et anarchiste, avait appelé à manifester pour une « révolution du peuple » et « dire non au régime de Poutine ». Actuellement à Paris, où il est arrivé après qu’un tribunal de Moscou a émis contre lui un mandat d’arrêt pour appel à des activités extrémistes, il prend la parole et organise son mouvement Artpodgotovka via une chaîne politique très suivie sur YouTube.

Alexeï Navalny, qui a parfois exprimé des positions proches des vues nationalistes, a lui-même récemment dénoncé une campagne d’intimidation organisée par les autorités contre le mouvement de M. Maltsev, officiellement interdit par Moscou en octobre. En mars et en juin, des centaines de personnes avaient été arrêtées lors de rassemblements anticorruption organisées à l’appel de M. Navalny.

Les services russes de sécurité (FSB) avaient annoncé dès vendredi les arrestations, à Moscou et dans sa région, d’un groupe de partisans de M. Maltsev accusés de préparer des « actes extrémistes d’ampleur » les 4 et 5 novembre, notamment en prévoyant de « mettre le feu à des bâtiments gouvernementaux et d’attaquer des policiers ».

Des alertes à la bombe ont entraîné dimanche l’évacuation du théâtre moscovite du Bolchoï, de l’hôtel Metropol et du Goum, le grand magasin qui se trouve sur la place Rouge, selon des agences de presse russes. Un cordon de sécurité a ainsi été déployé autour du grand magasin et du Bolchoï, selon Reuters. Depuis deux mois, des appels téléphoniques anonymes ont déjà perturbé les activités de plusieurs centres commerciaux, de gares ferroviaires et d’organismes publics ; il s’agissait à chaque fois de fausses alertes. Aucun de ces actes n’a été revendiqué.

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6 novembre 2017

Le royaume saoudien se met en ordre de bataille

Par Benjamin Barthe, Beyrouth, correspondant - Le Monde

Purge anti-corruption, démission forcée du premier ministre libanais Saad Hariri : Riyad montre ses muscles, en interne et face à l’Iran, au risque d’enclencher une escalade régionale.

Samedi 4 novembre, par une rafale de décisions surprises, la couronne saoudienne est brusquement passée à l’offensive, sur la scène intérieure, comme sur la scène régionale. Ce raidissement a commencé en début d’après midi, avec la démission choc du premier ministre libanais Saad Hariri, annoncée par l’intéressé depuis Riyad où il s’était rendu la veille, sur convocation expresse du prince héritier, Mohammed Ben Salman.

Le contexte très inhabituel de l’annonce, faite à l’extérieur du Liban, et le traditionnel poids de l’Arabie saoudite dans les affaires du Mustakbal (Futur), le mouvement de M. Hariri, suggèrent que ce dernier, en poste depuis décembre 2016, s’est fait dicter sa décision par ses hôtes. Aux yeux des observateurs, le chef de file du camp sunnite libanais fait les frais de la volonté de Riyad de hausser le ton contre l’Iran et le Hezbollah, le mouvement chiite pro-Téhéran, avec lequel M. Hariri avait conclu un accord de gouvernement.

Purge dans les plus hauts cercles dirigeants

Le durcissement du pouvoir saoudien, emmené par Mohammed Ben Salman, le fils du roi Salman, un réformateur aussi ambitieux qu’autoritaire, surnommé « MBS », s’est poursuivi dans la soirée, avec une vague d’arrestations touchant les plus hauts cercles dirigeants. Une cinquantaine de princes royaux, d’anciens ministres et d’hommes d’affaires ont été appréhendés, dont le célèbre milliardaire Al-Walid Ben Talal.

Parmi les victimes de cette spectaculaire purge, présentée comme une opération anti-corruption, figurent aussi des membres du clan Abdallah, le précédent souverain, notamment son fils Mitab, jusque-là ministre de la garde nationale, une unité d’élite, forte de 80 000 hommes. Autres personnalités frappées de disgrâce : l’ancien ministre des finances Ibrahim Al-Assaf, en poste pendant vingt ans, le ministre de l’économie Adel Faqih, le patron des chaînes de divertissement MBC, Al-Walid Al-Ibrahim, et Bakr Ben Laden, le PDG du géant du BTP du même nom.

« C’est une manœuvre avant tout politique, décrypte le politologue Stéphane Lacroix, professeur à Sciences Po. En Arabie saoudite, les princes ont toujours mélangé les finances publiques avec leurs propres deniers. MBS cherche à détruire tous les réseaux susceptibles de s’opposer à la nouvelle verticale du pouvoir qu’il est en train de construire. »

La version officielle de « l’ingérence » de l’Iran

Les dirigeants saoudiens auraient-ils menacé Saad Hariri de l’inclure dans leur liste noire des corrompus pour l’obliger à démissionner ? La thèse circule dans certains milieux libanais, où l’on sait qu’en plus de diriger le gouvernement, l’héritier de l’empire Hariri pilote l’entreprise de construction saoudienne Saudi Oger, qui est en pleine faillite.

La version officielle attribue son retrait du pouvoir à « l’ingérence » de l’Iran, le concurrent de Riyad pour la suprématie régionale. Dans son allocution sur la chaîne Al-Arabiya, propriété de la maison des Saoud, Saad Hariri, 47 ans, a accusé Téhéran de semer « la discorde » dans le pays du Cèdre et d’y entretenir « un Etat dans l’Etat », par l’entremise du Hezbollah. Mais la charge paraît un peu trop soudaine pour être crédible. Lorsqu’il a formé sa coalition, le chef du Mustakbal savait pertinemment que le mouvement chiite, et donc la République islamique, y joueraient un rôle central.

Pour justifier sa décision, M. Hariri a aussi invoqué des menaces pesant sur son existence. « Nous vivons dans une atmosphère semblable à l’atmosphère qui régnait avant l’assassinat du premier ministre martyr Rafik Hariri », a-t-il déclaré. Une allusion à son père, mort en 2005, dans un attentat à la voiture piégée, pour lequel trois membres du Hezbollah sont en cours de jugement, devant un tribunal international. « J’ai perçu ce qui se tramait en secret pour attenter à ma vie », a ajouté le dirigeant libanais.

Selon les médias saoudiens, celui-ci aurait fait l’objet, il y a quelques jours, d’une tentative d’assassinat, qui aurait été déjouée. Mais l’affirmation est traitée avec circonspection par les services libanais de sécurité qui disent tout ignorer de ce supposé complot. Les analystes voient plutôt dans cette nouvelle crise gouvernementale le désir de l’Arabie saoudite de mettre un terme aux efforts d’accommodement de M. Hariri avec le Hezbollah.

Le risque d’une nouvelle escalade

Les autorités saoudiennes ont très probablement été choquées par le fait qu’Ali Akbar Velayati, le conseiller diplomatique du guide suprême iranien, Ali Khamenei, a été reçu, vendredi, à Beyrouth, par leur protégé libanais. Une rencontre d’autant plus agaçante pour Riyad qu’à sa sortie du bureau du premier ministre, M. Velayati s’est félicité des offensives anti-djihadistes menées cet été par l’armée libanaise et le Hezbollah, les qualifiant de « victoires de l’axe de la résistance », une référence au camp pro-Téhéran.

En l’espace de quelques heures, fidèle à sa réputation d’impulsivité, « MBS » a donc doublement tapé du poing : en interne, où il déblaie le terrain pour le jour où son père décédera ou abdiquera en sa faveur ; et en externe, face à l’Iran, l’ennemi juré, au risque d’une nouvelle escalade.

« Avec MBS, les deux dossiers avancent toujours en parallèle, observe Stéphane Lacroix. Il veut être à la fois le grand modernisateur autoritaire, qui met à bas le système saoudien traditionnel et le porte-étendard du volontarisme saoudien face à l’Iran. L’histoire s’accélère. Nous sommes peut-être à la veille d’une nouvelle guerre régionale. »

Samedi soir, le camp pro-iranien a rappelé à son adversaire qu’il avait les moyens de riposter. Pour la première fois depuis l’intervention de l’armée saoudienne au Yémen, il y a deux ans et demi, un missile, tiré depuis ce pays, a atteint Riyad. Lancé par les Houthis, une milice pro-iranienne, le projectile a été intercepté dans le ciel de la capitale, sans causer de blessés ni de dégâts. Mais le fait que Riyad soit désormais à portée de tir des insurgés yéménites offre à l’Iran une carte supplémentaire dans son bras de fer avec le royaume saoudien.

Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)

Al-Walid Ben Talal arrêté L’homme le plus riche du monde arabe, le prince Al-Walid Ben Talal, dont la fortune est estimée à 18,7 milliards de dollars (16,1 milliards d’euros), fait partie de la cinquantaine de personnalités saoudiennes arrêtées samedi 4 novembre, sur ordre du palais royal. L’actionnaire de Twitter est confiné, comme les autres victimes de cette purge, dans les suites du Ritz Carlton, un palace de Riyad. Le magnat des médias, âgé de 62 ans, est l’un des rares princes saoudiens à avoir voté, en juin, lors de la réunion du Conseil d’allégeance, contre la promotion de Mohammed Ben Salman, le fils du roi, au poste de prince héritier.

29 octobre 2017

Voici le nouveau roi de Thaïlande...

29 octobre 2017

Ksenia Sobtchak - opposante à Vladimir Poutine

Moscou 24 octobre. Conférence de presse de Ksenia Sobtchak. Six jours plus tôt, cette célébrissime animatrice de télévision, ancienne icône de la jet-set, la moscovite des années 2000, a présenté sa candidature à la présidentielle russe de 2018 comme opposante à Vladimir Poutine. Fille de l'ancien maire de Saint-Pétersbourg, non affiliée à un parti, elle entend incarner le vote "contre tous". #KseniaSobtchak #vladimirpoutine #campagneelectorale #Russie

ksenia

Photo Maxim Shemetov @reuters #maximshemetov

Retrouvez notre #tourdumonde des photos marquantes de la semaine sur Courrierinternational.

25 octobre 2017

Bundestag

25 octobre 2017

En Chine, la consécration de Xi Jinping et sa « nouvelle pensée »

Par Brice Pedroletti, Pékin, correspondant - le Monde

Après Mao Zedong et Deng Xiaoping, le numéro un chinois voit son nom et sa doctrine inscrits dans la charte du Parti communiste chinois.

L’heure était à l’unanimité, mardi 24 octobre, dans l’immense amphithéâtre du Palais du peuple, place Tiananmen à Pékin, pour la clôture du 19e congrès du Parti communiste chinois (PCC), ce conclave quinquennal de première importance. Après la lecture du projet d’amendement des statuts du parti, qui devait consacrer l’apport philosophique du secrétaire général, Xi Jinping, à l’édifice du socialisme à la chinoise, celui-ci a lui-même procédé au vote à main levée des quelque 2 200 délégués : « Que ceux qui approuvent lèvent la main. » Des milliers de bras se sont tendus dans un froissement d’étoffe.

Puis : « Que ceux qui ne sont pas d’accord lèvent la main ! » Tour à tour, les appariteurs répartis dans la salle ont crié : « mei you ! » (« aucun »). Une nouvelle déferlante de « mei you » tonitruants a parcouru la salle lorsque furent sondés les abstentionnistes. « La résolution est adoptée », a déclaré, sans trahir la moindre émotion, le secrétaire général sortant et candidat à son renouvellement – son mandat à la tête du PCC sera formellement approuvé mercredi.

« Guide pour l’action »

Et c’est ainsi que « la pensée de Xi Jinping du socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère » a rejoint dans la charte du PCC le marxisme-léninisme, la pensée de Mao Zedong, la théorie de Deng Xiaoping, la « pensée importante des trois représentativités » et le « concept de développement scientifique ». Ces deux dernières contributions, dues respectivement aux secrétaires généraux Jiang Zemin (1989-2002) et Hu Jintao (2002-2012), tous deux présents au Palais du peuple, ne sont pas nominalement rattachées à leurs promoteurs dans les statuts du parti.

Ces « pensée », « théorie » ou « concept » fonctionnent comme des mises à jour du logiciel théorique du PCC, centré sur le marxisme-léninisme et toujours organisé selon le principe du « centralisme démocratique ». Chacune est un « guide pour l’action », un ensemble d’orientations et de choix politiques censés adapter le communisme chinois aux nouveaux enjeux de l’époque et mobiliser les troupes.

La « nouvelle pensée » de Xi fournit un cadre au « rêve chinois de renaissance de la nation » qui lui est cher, pour la « nouvelle ère » dans laquelle entre la Chine : rien moins que les trente-deux ans à venir jusqu’au centenaire de la fondation de la République populaire, le 1er octobre 2049. La Chine sera alors un « pays socialiste moderne, prospère et puissant », comme l’a plusieurs fois promis M. Xi, et « toute proche du grand rêve chinois de renaissance ».

Le secrétaire général s’est levé après le vote pour écouter L’Internationale devant l’immense emblème de la faucille et du marteau. La salle a fait de même : les milliers de délégués et anciens dirigeants, des hommes dans leur majorité, en veste, cravate et badge rouge épinglé au veston – à l’exception des représentants des minorités ethniques, vêtus de superbes costumes traditionnels, ou du personnel de la police et de l’armée, en uniforme. La séance a également désigné à la tête de la Commission centrale de discipline, le redoutable bras anticorruption du parti, Zhao Leji, un proche allié de Xi Jinping qui supervisait la direction du personnel au sein du parti, en remplacement de Wang Qishan.

Projet « décisif »

La mention du nom de Xi Jinping au côté de sa « pensée » est une consécration pour le numéro un chinois. Aucun dirigeant, depuis Mao, n’avait vu son apport théorique inscrit dans la charte de son vivant, puisque celui de Deng l’avait été à titre posthume. « Cela va au-delà du titre de “noyau dirigeant” qui lui a déjà été accordé [en octobre 2016], et lui assure la suprématie idéologique. Son autorité suprême dans le parti va donc en sortir renforcée », commente le chercheur chinois Chen Daoyin.

Une autorité qui pourrait prolonger son influence au-delà de ses deux mandats, même s’il n’est plus le secrétaire général désigné, ont spéculé certains observateurs – une manière pour Xi Jinping de rester virtuellement au pouvoir après le prochain congrès de 2022 sans bousculer les usages d’une retraite au-delà de 67 ans (M. Xi en a aujourd’hui 64).

Ce signal de la consolidation de son pouvoir par Xi Jinping consacre le retour au centre du jeu (politique, social, culturel) du parti communiste comme donneur d’ordres, décideur et producteur de normes. Le projet de « construction du parti » – comme entité dirigeante irréprochable mais surtout indiscutable – a été présenté comme « décisif » par Xi Jinping.

« La trajectoire politique suivie ces cinq dernières années laisse penser qu’il y aura encore plus de contrôle, expliquait l’historien chinois Zhang Lifan avant le congrès. Il est difficile pour Xi Jinping de faire machine arrière, il s’en est pris à toutes les factions au sein du parti, a attaqué les intellectuels libéraux, les patrons. S’il perd du pouvoir ou entame des réformes, il perdra le contrôle, et le parti peut s’écrouler. La seule chose qu’il peut faire est d’accumuler encore plus de pouvoir pour lui et pour le parti. »

« IL RESSORT [DE LA PENSÉE DE XI] UN RENFORCEMENT DU PARTI SUR LE PAYS, LA SOCIÉTÉ, L’ÉCONOMIE », ESTIME JEAN-PIERRE CABESTAN, SINOLOGUE

C’est le retour en force de l’idéologie. « Il y a une logique inhérente dans le parti-Etat qui a un besoin ardent d’idéologie : il faut un raisonnement convaincant pour justifier l’existence d’un parti avec une autorité supra-étatique », écrit le politologue norvégien Stein Ringen dans l’ouvrage qu’il vient de consacrer à la Chine (The Perfect Dictatorship, non traduit). L’ouverture et les réformes, poursuit-il, n’ont jamais remis en question ce discours. Elles ont juste rejeté l’idée d’une révolution permanente (chère à Mao).

« Depuis lors, bien plus que de démonter l’échafaudage idéologique de l’Etat, chaque dirigeant successif a ajouté de nouveaux éléments. L’idéologie est bien là, elle est couvée, nourrie et réinventée », explique-t-il. Ce qui pourrait, c’est l’une des hypothèses du livre, mettre la Chine sur la voie d’un « Etat de puissance » de type fasciste.

Cet aggiornamento communiste n’en a pas moins des limites, juge le sinologue Jean-Pierre Cabestan, qui y voit « un populisme à la chinoise ». « Il ressort [de la pensée de Xi] un renforcement du parti sur le pays, la société, l’économie. Ce que cela montre aussi, a contrario, c’est que la société chinoise s’est éloignée du parti. Les Chinois sont détachés de la politique, ils ont tourné le dos à la politique et aux politiciens – du moment que le parti fournit la sécurité et la croissance. »

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