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Jours tranquilles à Paris

7 août 2020

Espagne - "Au milieu d'un tourbillon médiatique", Juan Carlos Ier choisit l'exil

juan carlos

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Soupçonné de corruption, l’ancien roi d’Espagne, qui avait abdiqué en 2014 après trente-neuf années de règne, a annoncé qu’il quittait le pays. Il laisse à son fils Felipe le soin de restaurer l’image d’une monarchie marquée par une série de scandales.

L’information fait logiquement la une de toute la presse espagnole. “Juan Carlos Ier quitte l’Espagne”, titrent en substance les grands journaux du pays. Soupçonné de corruption, au cœur d’une enquête de la Cour suprême, l’ancien souverain – il a abdiqué en 2014 - a informé son fils Felipe VI de sa “décision de s’exiler” dans une lettre publiée lundi sur le site officiel de la monarchie. Il s’y dit “guidé par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions et à toi, en tant que Roi”.

Un éditorial d’El Pais estime que “le roi émérite quitte l’Espagne pour empêcher ses affaires personnelles d’affecter la monarchie”. Le rôle de Juan Carlos dans l’attribution du marché du TGV de la Mecque à un groupe espagnol pose question. La Cour suprême cherche à savoir s’il a touché une rétrocommission. L’avocat de l’ex-chef d’Etat a fait savoir qu’il restait à disposition de la justice même s’il se trouverait déjà hors d’Espagne d’après 20 Minutos.

Pour le journal de droite El Mundo, pas de doute, il s’agit d’un “geste douloureux en défense de la Couronne”. Le quotidien considère que le gouvernement socialiste actuel a fait pression sur Felipe pour que son père quitte le palais de la Zarzuela. “Don Juan Carlos a facilité les choses pour son fils et successeur en acceptant avec sérénité le départ de la résidence qu’il occupe depuis 1960”, salue El Mundo. Et si le choix était si “douloureux”, c’est parce que Juan Carlos et les siens ont déjà connu “la déchirure de l’exil” après l’avènement de la Seconde République en 1931.

Où est-il parti ?, se demande La Vanguardia. “Pour le moment, nous l’ignorons”, répond le journal. “L’important est qu’il résidera en dehors de l’Espagne. Cela ressemble à un exil. Volontaire ou forcé par les circonstances, mais c’est un autre roi qui se met en route vers l’exil”, semble regretter le titre catalan.

Sans surprise, Publico, une parution classée à gauche, fait preuve de moins d’indulgence vis-à-vis de Juan Carlos. Il a “fui” l’Espagne, “acculé par la justice” alors que “de nombreux détails sur sa fortune opaque continuent à voir le jour”. Le site rappelle qu’il est le seul monarque européen impliqué dans une affaire de corruption, évoquant une somme de 100 millions de dollars “donnée” par l’Arabie Saoudite et dissimulée au fisc espagnol.

Quelle image garder de celui qui a guidé l’Espagne sur le chemin de la démocratie ?

Même les médias  favorables à la monarchie ne nient pas les écarts de sa fin de règne. “L’être humain est faillible”, admet le conservateur ABC. “À 82 ans, le roi Juan Carlos est devenu un personnage à deux visages”, un homme d’État qui “a aidé l’Espagne à marcher sur la voie des libertés d’une démocratie parlementaire” et un leader parti chasser l’éléphant au Botswana alors que son peuple faisait face à une crise économique profonde en 2012.

Le retour de la monarchie en 1975 et son rôle dans la période qui a suivi la dictature de Franco, voilà sur quoi insiste l’éditorial de La Razon. “Pour ceux qui ont vécu ces années fébriles (…), il y a peu à expliquer sur le travail décisif de Don Juan Carlos. Aux nouvelles générations, nées dans la liberté et donc moins conscientes de sa valeur et de l’effort continu que sa défense exige, il suffira de rappeler que le vieux Roi, aujourd’hui cible d’insultes et de calomnies, a affronté tous les obstacles que les forces du passé, fortes et nombreuses, ont dressés contre l’ambition de faire de l’Espagne une nation libre”, peut-on lire dans le journal royaliste.

Alors El Pais s’intéresse à ce qu’il appelle “l’avenir du passé”. Difficile de juger la place dans l’histoire de l’ancien roi d’Espagne quand il se trouve “au milieu d’un tourbillon médiatique”. Mais le fait qu’il ait abdiqué, que son fils ait préféré renoncer à son héritage et qu’il quitte aujourd’hui le pays ne plaide pas en faveur de la présomption d’innocence, souligne le quotidien madrilène. “Dans quelle mesure ce présent, si plein de bruit et de fureur, peut-il fausser notre perception même du rôle que Don Juan Carlos a joué dans le passé, et comment il affectera l’avenir de la Couronne”, interroge El Pais.

El Mundo ne s’attend pas par exemple à ce que le geste “déchirant” du roi émérite “n’arrête dans leur croisade tous ceux qui ciblent la monarchie”. Même analyse pour La Razon qui met en cause “les secteurs les plus radicaux de la vie politique espagnole, ceux qui cherchent avec ardeur à briser l’unité de la Nation et à mettre fin à la monarchie parlementaire”.

Cette monarchie parlementaire est désormais incarnée par Felipe, soucieux de rétablir l’exemplarité et l’image du royaume dès son arrivée sur le trône en 2014. En mars dernier, il a notamment décidé de suspendre l’allocation de 200 000 euros annuels accordée à son père. La Vanguardia voit dans le “dernier exil” de Juan Carlos une décision de son fils. Felipe VI “devait aller plus loin : il devait démontrer qu’il n’avait rien à voir avec ces affaires privées”.

juan

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7 août 2020

Bols bretons

bols bretons

7 août 2020

Plaidoyer - Il faut supprimer d’urgence les maisons de retraite

DE STANDAARD (BRUXELLES)

Ce gérontologue belge explique, point par point, pourquoi les institutions dans lesquelles nous parquons les personnes âgées sont indignes, inadaptées et arriérées.

À partir du XVIIIe siècle, on a milité pour l’abolition de l’esclavage. Puis certains ont exigé la suppression de la peine de mort et des prisons. Aujourd’hui, d’autres dénoncent la prostitution, le trafic d’êtres humains, la souffrance animale. Le point commun entre ces “abolitionnistes” ? L’indignation contre l’injustice. Or, la crise du coronavirus nous a montré que l’heure d’un nouveau combat a sonné : il y a au moins huit bonnes raisons de fermer définitivement les maisons de retraite.

1. Ce sont des lieux propices à la propagation des maladies

Le coronavirus a très lourdement frappé la Belgique, et la grande majorité des victimes sont des pensionnaires de maisons de retraite. Cette situation s’explique notamment par une mauvaise préparation, des mesures prises trop tardivement et un manque de moyens matériels et humains. La raison principale est toutefois à chercher ailleurs : il était impossible de faire appliquer les mesures de précaution dans ces résidences où les pensionnaires vivent dans la promiscuité. Ces dernières ont bien essayé de les isoler dans leur chambre, mais cette méthode, aussi invivable qu’inhumaine, n’était pas tenable sur le long terme.

2. Les seniors ne veulent pas y aller

Tous les sondages démontrent que nos seniors ne veulent pas être placés en maison de retraite et préfèrent rester chez eux. Or, la plupart du temps, ce sont les familles qui prennent la décision, faute de meilleure option. Elles se retrouvent alors devant un choix cornélien : le placement de leurs parents ou leurs grands-parents, souvent malades et dépendants, en résidence est synonyme d’exposition à d’autres dangers, comme le nouveau coronavirus.

Or, moyennant des investissements massifs dans les soins préventifs et les services infirmiers à domicile, nous pourrions leur offrir une deuxième option valable. D’autant plus que les baby-boomers, génération par nature plus “revendicatrice”, seront vraisemblablement moins enclins à accepter leur sort que les membres, sans doute plus dociles et conciliants, de la “génération silencieuse”.

3. Elles prodiguent des soins médicaux d’un autre temps

Le vieillissement de la population bouleverse le monde médical. La plupart des maladies ne sont plus aiguës, mais chroniques. Songeons aux troubles cardio-vasculaires, au diabète, au cancer, à l’obésité, à la dépression, à la démence. Les soins de première ligne intégrés [ceux qui peuvent être dispensés à domicile, dans des petits centres ou des cabinets privés] et la prévention prennent la place des soins résidentiels dispensés à l’hôpital. Les maladies chroniques sont des maladies lentes, qui exigent une approche préventive contraignante, similaire à celle adoptée contre le Covid-19.

En intervenant de façon structurelle au niveau de l’environnement et du comportement, il est possible, moyennant une bonne hygiène de vie (arrêt du tabac, alimentation saine, exercice physique et absence de surpoids), d’éviter jusqu’à 80 % des maladies chroniques. Or, une maison de retraite est un milieu justement propice à la perte d’autonomie et aux maladies, et qui favorise donc aussi la vulnérabilité à des virus mortels tels que ceux du Covid-19 ou de la grippe.

4. Elles sont un non-sens gérontologique

Le but de la gérontologie est de permettre que le vieillissement se passe dans de bonnes conditions de santé. Cette science repose sur deux principes de base : l’autonomie et l’activité. En d’autres termes, pour rester en bonne santé au fil des ans, nous devons conserver notre autonomie et rester actifs. Des soins de bonne qualité doivent concourir à ce double objectif. En maison de retraite, vous perdez pratiquement toute autonomie, au point que ces structures en deviennent des prophéties autodestructrices. Elles favorisent ce qu’elles devraient précisément éviter : la dépendance, la maladie, l’abandon.

5. Elles violent les droits humains

Les droits humains sont universels et ne connaissent pas de limite d’âge. Les résidents des maisons de retraite ont donc droit à la liberté, à la dignité, au respect de la vie privée et du domicile, et à de bons soins de santé. Coronavirus ou pas.

Johan Leman, ancien directeur et fondateur du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, devenu Unia, craint que la dépendance aux soins ne conduise à des abus (immobilisations) et à des traitements cruels, inhumains et dégradants (obligation de porter des couches). Dans une tribune publiée par De Standaard, il plaide pour la mise en place d’un Commissariat aux droits des personnes âgées, qui veillerait au respect des droits humains dans les maisons de retraite. Cet organisme serait chargé de traiter les plaintes, de donner voix aux victimes et de lutter contre les discriminations.

6. Elles nous divisent

Les maisons de retraite isolent les personnes âgées du reste de la société, ce qui confirme et renforce l’image négative de la vieillesse. L’exclusion des personnes âgées s’apparente à toutes les autres formes d’exclusion : elle constitue un mécanisme de défense et de déni qui entretient le statu quo. Nous projetons sur les autres ce qui nous inspire malaise ou peur et nous finissons par les bannir de notre vie. En entretenant les stéréotypes et l’image – faussée – de décrépitude qu’on colle habituellement aux personnes âgées, les maisons de retraite favorisent la ségrégation générationnelle.

7. Elles sont dépassées

Au cours du XIXe et du XXe siècle, les grands “rassemblements” en institution étaient considérés comme tout à fait normaux. Nous étions alors à l’âge d’or des couvents, des casernes, des cités industrielles, des pensionnats. On avait tendance à répondre aux problèmes sociaux et sociétaux en créant de grandes institutions “normatives” : asiles de pauvres, orphelinats, maisons de correction et asiles d’aliénés. Et bien sûr, il y avait déjà les “hospices”.

À l’exception de ceux-ci, tous les exemples que j’ai cités, que les sociologues qualifient d’“institutions totales”, ont disparu et ont été remplacés par des solutions plus adéquates. En effet, ce n’est pas parce qu’on regroupe les problèmes qu’on les résout. Au contraire. Ces “institutions totales” ont fait leur temps parce qu’elles entretiennent non seulement les problèmes, mais surtout qu’elles en créent de nouveaux. Même les prisons, prototype d’une institution totale, sont progressivement remplacées par des centres de détention de moindre envergure.

8. Elles sont bien trop chères

Les soins aux personnes âgées coûtent énormément d’argent. Or, mieux vaut investir le peu de moyens dont nous disposons dans l’humain que dans la pierre – c’est-à-dire dans le développement de soins ambulatoires plutôt que dans des structures résidentielles d’un autre temps. D’autant que la vision et l’approche actuelles ne seront bientôt plus soutenables.

En effet, si les (nombreux) baby-boomers connaissent autant de problèmes de santé que leurs homologues de la génération silencieuse, nous aurons besoin demain de deux fois plus d’hôpitaux et de deux fois plus de maisons de retraite. Même en imaginant que nous ayons assez d’argent pour les financer, nous ne trouverons jamais assez de personnel pour en garantir le fonctionnement. Voilà pourquoi il faut déplacer le curseur du curatif vers le préventif : cela permettra d’éviter les maladies et la dépendance aux soins, et donc les maisons de retraite.

Peter Janssen

7 août 2020

Photo#graphie : Aline Memmi & Jean Benoît Zimmermann : Confinitude

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Aline Memmi et Jean Benoît Zimmermann, de l’association marseillaise “Photo#graphie” s’ennuyaient pendant les longues semaines de confinement imposé.

Alors , dans un premier temps ils ont inventé un nouveau mot de vocabulaire pour la langue française.

L’association d’une situation avec l’état issu de cette situation. La “Confinitude” étant constatée, il était urgent d’en présenter ses différents aspects et les réalisations de plusieurs créateurs pour l’illustrer.

Ils ont entrepris recherches et sollicitations pour collecter nombres de photographies ; et préparé une maquette de livre adaptée aux divers aspects de la confinitude. C’est ainsi que dans ce livre témoignage vous découvrirez quelques photographes connus et des moins connus, des professionnels et des amateurs, des perfectionnistes et des dilettantes.

L’impression et le support papier de ce livre sont d’excellentes qualités et son coût d’acquisition plus que raisonnable. En dehors de quelques grandes librairies dédiées à la photographie, vous pouvez acquérir directement cet ouvrage, par correspondance, sur le site de «Photo#graphie».

Photo#graphie

10 impasse Maurice Racol

13007 MARSEILLE

Confinitude

www.photo-graphie.org

contact@photo-graphie.org

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7 août 2020

La Chine peut-elle sauver le Liban ?

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Oubliez les États-Unis, la France et les pays arabes du Golfe, et tournez-vous vers Pékin : c’est le leitmotiv que l’axe pro-iranien ne cesse de scander au Moyen-Orient. C’est aussi l’option que défend le quotidien libanais Al-Akhbar après la double explosion qui a ravagé la capitale libanaise.

La volonté américaine de se retirer du Moyen-Orient n’a pas seulement laissé la porte ouverte à la Russie et aux puissances régionales pour occuper le terrain et en tirer avantage.

Aujourd’hui, c’est la Chine qui semble le candidat favori des pays et mouvements antiaméricains pour investir le Moyen-Orient. Pour contrer les sanctions américaines sur l’Iran et la Syrie, un accord économique et militaire entre Téhéran et Pékin, capable de redonner un nouveau souffle à la République islamique, devrait bientôt voir le jour.

Et au Liban, le secrétaire général du Hezbollah (mouvement chiite pro-iranien) appelle Beyrouth, depuis le mois de juin, à rejeter l’Occident et à “se diriger plus à l’Est”. Pékin, selon le site officiel iranien Parstoday, s’est félicité d’une telle initiative, faisant miroiter de nombreux projets qui peuvent aider le pays du Cèdre.

Or l’explosion qui a détruit ce 4 août des pans entiers de Beyrouth, donnant le coup de massue à une économie déjà à bout de souffle, a poussé le quotidien libanais Al-Akhbar, considéré comme proche du Hezbollah, à ouvrir le débat sur les nouvelles alliances que le Liban doit mener.

Faire appel au Hezbollah

Dans son éditorial, le directeur du quotidien, Ibrahim Al-Amine, incite le gouvernement libanais à se tourner vers la Chine : “‘Le gouvernement fait ce qu’il peut pour résoudre les problèmes.’ Voilà ce qu’ont expliqué les sept ministres qui ont répondu aux questions des journalistes. Le souci, c’est qu’avant de résoudre les problèmes, ils jacassent, comme tous les Libanais.”

“C’est ce qu’on a vu ces deux derniers mois, avec des ministres qui confient en privé leur lassitude…”

Rares sont ceux qui ont ravalé leur orgueil et se sont rendus à l’évidence : ils sont impuissants, et la seule chose qu’ils peuvent faire est d’en appeler au Hezbollah. Lui seul peut empêcher le gouvernement de sombrer.”

Le journaliste poursuit : “Qu’attend-on pour demander l’aide de la Chine pour la reconstruction ? Avons-nous peur que les Américains, les Européens ou les pays du Golfe rajoutent une énième couche de sanctions économiques ? Les aéroports de New York, de Londres ou de Paris seraient-ils tellement plus modernes que celui de Shanghai ?”

Le progrès technologique est en marche en Chine aujourd’hui. Un milliard et demi de personnes y ont l’eau potable et peuvent se laver à n’importe quelle heure de la journée, et les ordures sont ramassées dans les rues de Pékin [contrairement à ce qui se passe à Beyrouth].”

Le “marchand d’armes” français

L’éditorial conclut sur une note antioccidentale et antisaoudienne : “S’il y en a, parmi les ministres, qui tiennent à se ranger derrière les Occidentaux, grand bien leur fasse, mais qu’ils nous laissent vivre notre vie sans nous obliger à adopter leur système de valeurs morales méprisables. Pourquoi aucun ministre libanais n’a-t-il encore été envoyé en Chine pour s’enquérir des moyens de coopération ?”

“La France n’ose pas prendre de mesures contre l’avis des Américains, et nous envoie un marchand d’armes en habit de ministre des Affaires étrangères [Jean-Yves Le Drian, venu à Beyrouth le 23 juillet] pour nous donner des leçons sur les réformes à faire.”

“Peut-être le Premier ministre libanais attend-il un signe de Mohamed ben Salmane, l’ours déchaîné saoudien. Mais comment croire que celui-ci se préoccupe du devenir d’une poignée de Libanais alors qu’il est indifférent au sort de millions de Yéménites ? Faut-il rappeler au Premier ministre les difficultés des pays du Golfe, où des centaines de milliers d’employés étrangers sont renvoyés, dont beaucoup de Libanais ?”

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7 août 2020

Marisa Papen

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6 août 2020

Keiko Ogura, hantée par Hiroshima, 75 ans après

Tokyo. De notre correspondante

La voix de Keiko Ogura s’étrangle. « Nous voulons que l’arme nucléaire soit abolie avant notre mort. Je prie pour cela tous les jours depuis soixante-quinze ans. Nous le devons pour ceux qui sont morts ce jour-là… » L’octogénaire fait partie des derniers hibakusha, ces Japonais qui ont survécu aux bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945.

Sa vie, elle la décrit comme une existence rongée par la culpabilité à l’égard de « ceux qui sont morts sous nos yeux, et que l’on n’a pas pu sauver ». Elle raconte aussi l’inquiétude, au quotidien, pour la santé de sa famille et de ses deux enfants. « J’ai vécu avec cette peur chevillée au corps de leur avoir peut-être transmis quelque chose, liée aux radiations que j’ai reçues. »

Après avoir vécu le pire, les hibakusha ont été discriminés : « Personne ne voulait se marier avec quelqu’un qui avait survécu à la bombe, de peur de ne pas avoir des enfants en bonne santé. »

Keiko Ogura avait 8 ans lorsque la bombe s’est abattue sur Hiroshima, le 6 août 1945, à 8 h 15 du matin. « La veille, la nuit avait été si silencieuse. D’habitude, on entendait les avions survoler les maisons. Mon père a eu un pressentiment, il disait que ce silence n’était pas de bon augure. »

« C’était si sombre »

En lui interdisant d’aller à l’école ce matin-là, il lui a sans doute sauvé la vie. L’enfant se trouve néanmoins à 2,4 km du point d’impact. « J’étais seule, j’ai vu cette lumière aveuglante. En quelques secondes, j’ai été propulsée au sol et je suis restée inconsciente. Quand j’ai rouvert les yeux, la scène de désolation, je ne l’ai jamais oubliée. Les flammes, les débris de verre partout. C’était si sombre, sans un bruit.La ville avait été rasée en un souffle. »

En ce jour du 75e anniversaire, 136 682 hibakusha, d’une moyenne d’âge de 83 ans, sont toujours en vie. Nombreux sont ceux qui, comme Keiko Ogura, continuent de raconter leur histoire et de se battre pour l’abolition de l’arme nucléaire (lire ci-dessous). « Je suis tellement en colère que le Japon n’ait toujours pas ratifié le traité international sur l’interdiction des armes nucléaires après ce que nous avons subi. »

Aujourd’hui, du fait de la pandémie de Covid-19, le parc du Mémorial de la paix d’Hiroshima sera désert pour la commémoration. Depuis mars, aucun touriste ni écoliers en voyage scolaire ne l’ont visité, pour étudier les conséquences de la décision des États-Unis d’utiliser l’arme atomique, afin d’obtenir la capitulation du Japon et mettre fin à la Seconde Guerre mondiale. Un crève-cœur pour les survivants qui peinent à faire perdurer le devoir de mémoire.

Avec son association Hiroshima Interpreters for Peace (HIP), Keiko Ogura animera une visite virtuelle sur YouTube, en direct du parc. « Je me souviens de la peur des radiations que l’on a ressentie après la bombe. Avec le Covid-19, nous avons affaire à un autre ennemi invisible. Personne ne peut fuir. Les gens du monde entier doivent s’unir et se battre ensemble pour survivre. »

Johann FLEURY.

6 août 2020

Deauville - maître nageur sauveteur

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6 août 2020

Hiroshima et Nagasaki : la mémoire des survivants

Soixante-quinze ans après les bombardements atomiques des villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki, les derniers survivants de la double tragédie s’efforcent toujours d’en perpétuer la mémoire.

Les « hibakusha », littéralement « personnes affectées par la bombe », ont, pendant des décennies, porté avec force leur appel à bannir l’arme nucléaire. On en dénombre encore environ 136 700, mais leur âge moyen est d’un peu plus de 83 ans, selon le ministère japonais de la Santé. Et beaucoup étaient des nouveau-nés ou encore dans le ventre de leur mère, en ces matins des 6 et 9 août 1945.

« Il ne faut pas que cela se reproduise », et, pour cela « les gens doivent entendre les faits », rappelle Terumi Tanaka, 88 ans, survivant de la bombe de Nagasaki. Il avait 13 ans lorsque, le 9 août 1945, la bombe américaine a frappé sa ville, où 74 000 personnes sont mortes sur le coup et dans les mois qui ont suivi.

« Nous disparaîtrons tous »

Trois jours auparavant, la première attaque nucléaire de l’Histoire avait frappé Hiroshima, tuant 140 000 personnes.

Terumi Tanaka a passé la majeure partie de sa vie à partager son expérience, dans l’espoir que les armes nucléaires soient interdites. Mais, « tôt ou tard, nous disparaîtrons tous », souligne-t-il.

Il a participé à la création du groupe « No more hibakusha project » (« Projet plus jamais de Hibakusha »), pour préserver les archives, « y compris ce que nous avons nous-mêmes écrit », explique-t-il, afin que la génération suivante « puisse les utiliser » dans ses campagnes contre l’arme atomique.

Il reconnaît que les interventions des hibakusha n’attirent souvent plus qu’une poignée de personnes. À 74 ans, Jiro Hamasumi fait partie des plus jeunes survivants. Sa mère était enceinte lorsque la bombe a explosé, à Hiroshima. Son père a été tué, très probablement sur le coup. « Il ne se passe pas un jour sans que je pense à mon père », reconnaît-il, au cours d’un entretien accordé à son domicile.

Ce qu’il sait du bombardement lui vient de sa fratrie : la lumière aveuglante, le bruit assourdissant de l’explosion de la bombe connue sous le nom de Little Boy et l’horreur qui a suivi.

Son père était au travail, à quelques centaines de mètres de l’épicentre. Sa mère a alors essayé de se rendre au bureau de son mari avec ses enfants mais « la chaleur et l’odeur de chair brûlée » les ont arrêtés.

« Abolir l’arme nucléaire »

Ils n’y ont finalement trouvé que « quelque chose qui ressemblait à son corps » et n’ont pu ramasser qu’une boucle de ceinture, une clé et une partie de son portefeuille.

Né en février 1946, Jiro Hamasumi a échappé aux séquelles dont ont souffert de nombreux enfants exposés aux radiations dans l’utérus de leur mère. Mais cette attaque nucléaire a défini toute son existence et, lui aussi, a consacré des décennies à faire campagne contre l’arme nucléaire. « Le parapluie nucléaire », c’est-à-dire la garantie de protection d’un pays par un État allié disposant de l’arme nucléaire, n’évoque en lui « que le nuage en champignon » d’une explosion atomique, résume-t-il.

Au fur et à mesure qu’ils vieillissent, les hibakusha passent la main à de jeunes militants, dont beaucoup sont originaires de Hiroshima et Nagasaki et qui ont été élevés dans les souvenirs des survivants de la bombe. L’un d’entre eux est Mitsuhiro Hayashida, 28 ans, petit-fils de hibakusha de Nagasaki, qui organise des événements avec des survivants et qui contribue aussi au suivi d’une pétition internationale pour l’interdiction de l’arme nucléaire ayant déjà recueilli plus de onze millions de signatures. « Aujourd’hui, les enfants et petits-enfants de survivants comme moi militent, mais le poids de nos mots n’est probablement même pas la moitié de celui des paroles des survivants », déplore-t-il. « Il faut vraiment que le monde se dirige vers l’abolition de l’arme nucléaire pendant qu’ils sont en vie », plaide-t-il.

6 août 2020

AURAY - Deux visites pour découvrir le patrimoine

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La vieille halle du XVe siècle, démolie en 1905, fait partie du parcours.

Service Archives et Patrimoine de la mairie d’Auray

Pour la deuxième année consécutive, le service municipal archives et patrimoine pilote l’action dont il a la charge, et résumée par sa formule : « Laissez-vous guider au cœur d’Auray. » Le programme se décline en sept circuits dans le cadre de visites guidées qu’anime Clément Robert, médiateur du patrimoine, en juillet et août. Celui-ci met l’accent sur deux aspects spécifiques de ces visites, « C’est notre cœur de métier. Le public a la possibilité de se faire présenter des documents d’archives, comme d’anciens plans montrant la disposition des lieux à telle ou telle époque. Nous pouvons ouvrir les édifices que nous visitons, et qui sont habituellement fermés. »

À propos du patrimoine historique d’Auray, Clément Robert souligne que, ce qui le caractérise, « c’est un legs des ducs et duchesses de Bretagne. » Jeudi, la visite guidée permettra la découverte de tout ce qu’ils ont fait construire : le château, le pont à Saint-Goustan, les maisons à pans de bois, les anciennes halles, le prieuré de Saint-Gildas et la Commanderie du Saint-Esprit. La bataille d’Auray (1364) sera aussi contée.

La visite du plus ancien édifice de la commune encore debout aura lieu samedi, sur le site de la chapelle du Saint-Esprit. La Commanderie, construite au XIIIe siècle, était l’une des plus riches de l’Ordre des hospitaliers du Saint-Esprit.

Jeudi 6, sur la place de la République, à 14 h 30, et samedi 8, à 14 h 30. Durée 1 h 30. Tarifs : 5 €, gratuit pour les moins de 12 ans.

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