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Jours tranquilles à Paris

21 juillet 2020

Décryptages - Ces cinémas qui n’ont pas rouvert

cinema salle

Par Nicole Vulser

Faute de films porteurs qui leur assureraient une rentabilité, 10 % des salles de l’Hexagone ont gardé porte close depuis le 22 juin.

Entre cent et deux cents cinémas, répartis sur tout le territoire français ont gardé porte close malgré le feu vert donné à leur réouverture le 22 juin. Ils représentent près de 10 % du parc hexagonal. Pourquoi un tel choix ? Rentabilité insuffisante, offre cinématographique trop maigre pour attirer les foules, difficultés à recruter des bénévoles dans les salles associatives, période estivale de travaux ou de vacances annuelles… Les raisons s’avèrent multiples et souvent s’additionnent.

A Saint-Etienne, Paul-Marie Claret a coupé la poire en deux. Cet exploitant a ouvert les quatre salles du Méliès Jean Jaurès, mais pas les deux du Méliès Saint François, « qui me coûteraient trop cher », explique-t-il. Déjà, « il faudrait 3 000 spectateurs pour que le Jean Jaurès soit rentable, nous n’en sommes qu’à 1 230 par semaine », se désole -t-il.

Cette molle reprise de la fréquentation ne lui permet pas de faire face à ses frais fixes. « Pour la première fois, dit-il, j’ai dû imposer trois semaines de vacances à mes dix salariés ». Il a souscrit à un prêt garanti par l’Etat de 150 000 euros. Et encore, se console-t-il, « j’ai la chance d’être propriétaire des murs ». Paul-Marie Claret constate une concurrence plus exacerbée que jamais en termes de programmation avec les multiplexes. « Avec seulement neuf nouveaux films cette semaine, ils n’ont rien à se mettre sous la dent », dit-il.

LES BLOCKBUSTERS AMÉRICAINS VOIENT LEURS SORTIES MONDIALES SANS CESSE REPOUSSÉES POUR DES RAISONS SANITAIRES

La pénurie de films forts c’est bien le problème. « A Coulommiers [Seine-et-Marne], on ne peut pas tenir, faute de sorties. Hors de Paris, la fréquentation en salles peut s’écrouler de 80 %. Tout le monde attend Hollywood comme le Messie », lance Dragan Klisaric qui a fermé l’Hemisphère Theater. Pas de toile donc cet été dans la municipalité de l’ancien ministre de la culture Franck Riester.

Les blockbusters américains voient leurs sorties mondiales sans cesse repoussées pour des raisons sanitaires. Pas avant octobre pour Black Widow de Cate Shortland avec Scarlett Johansson, le dernierJames Bond de Cary Joji Fukunaga ou encore Trolls 2 pour les enfants. « S’il n’y a pas de deuxième vague du Covid, le dernier trimestre proposera une offre très riche, grâce aussi aux films populaires français comme Les Tuche 4. Mais pour l’instant, je préfère garder de la trésorerie et rouvrir quand le marché sera plus porteur », explique Dragan Klisaric. L’autre salle qu’il exploite, L’Epée de bois, à Paris, accueille en revanche du public. La baisse de fréquentation, jugulée à 20 %, est compensée par les aides de la mairie.

« 90 % des salles françaises sont ouvertes »

« 90 % des salles françaises sont ouvertes, mais tous les étés certains cinémas choisissent de fermer », tempère Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF). Il ne cache pas que les trois premières semaines de reprise se sont avérées « très complexes » entre « une fréquentation très basse », avec un million de spectateurs par semaine (quatre fois moins qu’habituellement), « très peu de films inédits et une réduction très importante du nombre de séances ». La FNCF a d’ailleurs proposé vendredi 17 juillet au gouvernement un « plan d’urgence et de relance » des cinémas.

Marc-Olivier Sebbag note toutefois des indices positifs, comme la reconstitution progressive de l’offre de nouveaux films ou encore la présence massive du public dès que les salles organisent des avant-premières. A contrario, l’hypothèse du port du masque même pendant les séances pourrait encore rebuter les cinéphiles.

NOMBRE DE SALLES ASSOCIATIVES, QUI FONCTIONNENT GRÂCE À DES ÉQUIPES DE BÉNÉVOLES SOUVENT RETRAITÉS, N’OUVRIRONT PAS AVANT SEPTEMBRE

A Nantes, le plus important cinéma du centre-ville le Gaumont (douze écrans) n’a pas rouvert pour des raisons de sécurité, parce qu’un morceau de la verrière de la façade s’est brisée le 2 juin. Une expertise est en cours.

Même si la mairie incite Le Concorde (quatre écrans) à rester ouvert tout l’été, son exploitant Sylvain Clochard fermera boutique du 5 au 25 août comme chaque année, pour que ses six salariés prennent leurs vacances. Et aussi « parce que ce ne serait pas assez rentable », ajoute-t-il. Sans concurrence frontale, ses recettes ont fondu de plus de 30 % par rapport à 2019, l’obligeant à mettre son équipe au chômage partiel, une semaine par mois.

Fermer pour se refaire une beauté, c’est la stratégie d’une petite dizaine de cinémas qui profitent du creux de l’été pour effectuer des travaux de rénovation. C’est le cas par exemple des 7 Parnassiens ou de l’Escurial à Paris.

Enfin bon nombre de salles associatives, qui fonctionnent grâce à des équipes de bénévoles souvent retraités, n’ouvriront pas avant septembre. « Dès la mi-mars, plusieurs bénévoles nous ont dit qu’ils n’assureraient pas l’été », explique Nathalie Legrand, secrétaire du bureau du cinéma La Bobine à Pontchâteau (Loire-Atlantique). « De plus, avec les nouvelles règles sanitaires, personne n’avait envie de faire du ménage à 23 heures », ajoute-t-elle.

Au Celtic à Baud (Morbihan), François-Yves Burban président de l’association qui gère ce cinéma, lui-même confronté à des problèmes de santé, ne voulait pas faire peser des risques sanitaires inutiles aux bénévoles de plus de 65 ans. Mais surtout, lui aussi trouve que la pénurie de films est telle qu’il n’a pas lieu d’ouvrir. Plutôt pessimiste, il confie : « Bon nombre de mes collègues du Morbihan qui ont rouvert le 22 juin se demandent s’ils ne vont pas fermer ».

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21 juillet 2020

Libération

libé 21 juillet

Ouïghours : «On m’a fait m’allonger et écarter les jambes, et on m’a introduit un stérilet»

Par Laurence Defranoux

Qelbinur Sidik Beg, le 14 juillet. Cette professeure des écoles a demandé l’asile en Europe, après être venue voir sa fille. (Photo Florian Van Roekel pour Libération)

Après la publication d’un rapport sur les stérilisations forcées menées par la Chine, «Libération» a rencontré une enseignante ouïghoure exilée en Europe, victime de cette procédure, qui relate son expérience dans les camps de «rééducation». Arrestations massives, tortures, viols, travail forcé… son récit inédit témoigne du virage totalitaire et génocidaire de la politique d’assimilation du Parti communiste.

«Toutes les femmes âgées de 18 à 50 ans de mon quartier, à Urumqi [la capitale du Xinjiang, ndlr], ont été convoquées le 18 juillet 2017, pour un "examen gratuit" obligatoire. A 8 heures, la queue était déjà très longue devant l’hôpital. Quand ça a été mon tour, il n’y a pas eu d’examen gynécologique, ni d’entretien. On m’a fait m’allonger et écarter les jambes, et on m’a introduit un stérilet. Ça a été d’une violence terrible. Je pleurais, je me sentais humiliée, agressée sexuellement et mentalement. Mais je travaillais dans un camp, je savais ce qui m’attendait si je refusais. Il y avait des filles très jeunes. Je n’ai pas vu une seule Han [l’ethnie majoritaire en Chine].» Qelbinur Sidik Beg a alors 48 ans, et une fille unique qui suit des études de biologie médicale en Europe. Avoir un second enfant n’aurait pour elle rien d’illégal, puisque la Chine a mis fin il y a quatre ans à la politique de l’enfant unique et que les minorités de la province du Xinjiang avaient droit, jusqu’en 2016, à trois enfants. Mais elle appartient à l’ethnie ouïghoure, comme environ 11 millions de musulmans turcophones, persécutée par le régime communiste.

Nous rencontrons Qelbinur Sidik Beg le 14 juillet, dans un pays européen dont elle préfère taire le nom. Brushing impeccable, cheveux d’un noir de jais à peine striés de blanc, tee-shirt rose flashy, elle nous montre sur son téléphone la convocation qu’elle a reçue pour la visite de contrôle annuel de ce 18 juillet : «Toutes les femmes de 18 à 59 ans [l’âge limite a été repoussé chaque année] sont concernées. Si vous ne coopérez pas, vous serez punie.» Elle nous explique alors que si une femme ouïghoure veut un enfant, elle doit désormais obtenir trois autorisations : celle de la police, de son employeur et enfin de la mairie.

«En cachette»

La vie de cette diplômée de l’université d’Urumqi en civilisation chinoise, professeure des écoles issue d’une famille influente, a basculé le 1er mars 2017, lorsqu’elle a été recrutée comme enseignante dans un camp de «rééducation politique», au début de la campagne d’enfermement de masse des Ouïghours menée au plus haut niveau par Pékin. Conditions de détention inhumaines, viols, torture, entrave aux naissances, absurdité de sa mission d’éducation… Son témoignage, inédit, très détaillé, confirme toutes les informations que nous avons pu recueillir depuis trois ans auprès de rares détenus libérés ou de leur famille, ainsi que les rapports et enquêtes réalisés par des journalistes et des chercheurs malgré la chape de plomb posée sur la région par le Parti communiste chinois. Un éclairage précieux qui dévoile de l’intérieur un système carcéral, extrajudiciaire et d’une violence inouïe, dirigé contre un groupe ethno-racial sous couvert de «formation professionnelle» et de lutte antiterroriste.

Qelbinur Sidik Beg est née en 1969 à Urumqi, la capitale régionale située à 3 000 kilomètres de Pékin, dans une famille de six enfants. Le Xinjiang, appelé par les Ouïghours «Turkestan oriental», est une immense région semi-désertique située au carrefour des routes commerciales d’Asie centrale et peuplée d’ethnies majoritairement musulmanes : Ouïghours, Kazakhs, Kirghizes, Ouzbeks, Tadjiks… Jusqu’aux années 1990, malgré l’annexion de la région par la Chine communiste en 1949, la culture ancestrale, intellectuelle et artistique locale est omniprésente, la langue principale est le ouïghour, qui s’écrit en caractères arabes, le chinois ne s’apprend qu’au collège. «On avait des voisins hans et musulmans, on jouait ensemble, il n’y avait pas de haine encore. Mes frères et sœurs sont tous diplômés du supérieur, ils sont policiers, hauts fonctionnaires, ou font des affaires florissantes. Je me considérais comme une citoyenne chinoise, je trouvais que le gouvernement faisait de bonnes choses en matière de développement et d’éducation des zones rurales», se souvient Qelbinur Sidik Beg.

Le premier choc se produit en 2004, quand son école ouïghoure reçoit l’ordre de devenir «bilingue», soit chinois et anglais. Puis, après les émeutes de 2009 à Urumqi et des attentats attribués à des islamistes et indépendantistes ouïghours, l’entreprise de colonisation intérieure menée par Pékin s’accélère encore. «La discrimination, le racisme étaient de plus en plus forts, le contrôle des pratiques religieuses plus strict. Ma mère priait en cachette. Pendant le ramadan, le directeur de mon école nous offrait à boire et à manger pour repérer les suspects.»

En 2016, le Xinjiang passe sous la férule de Chen Quanguo, secrétaire du Parti communiste local qui a sévi auparavant au Tibet. Sous prétexte de lutte contre les «trois démons» (à savoir extrémisme, séparatisme et terrorisme), l’assimilation forcée prend un tournant totalitaire. «Ils se sont mis à arrêter des gens la nuit. Dans mon immeuble, les habitants du premier, du deuxième et du quatrième étage ont disparu les uns après les autres, et un autocollant "ne pas entrer" a été placardé sur leur porte. A l’école, mes petits élèves pleuraient en demandant pourquoi on leur avait enlevé leur mère. Chaque soir, je me couchais tout habillée, car je ne voulais pas être emmenée en pyjama.»

Le 28 février 2017, Qelbinur Sidik Beg est convoquée à la mairie. Comme elle a des responsabilités dans la gestion des ressources humaines et des bases de données, elle ne s’étonne pas. Elle se retrouve avec sept autres enseignants, six Hans et une Ouïghoure. Trois fonctionnaires leur annoncent que «le gouvernement a regroupé des personnes non éduquées», et qu’ils ont été sélectionnés pour leur donner des cours. «Depuis 2016, on passait des examens pour vérifier nos compétences, notre profil personnel et celui de nos proches. Je me suis dit que c’était le résultat de cette sélection.» La professeure signe des formulaires, dont l’un où elle s’engage à n’en parler à personne, sinon «toute sa famille sera punie».

Dès 2014, l’une de ses collègues, originaire d’un comté rural, lui avait parlé d’un camp de rééducation ouvert près d’Aksou, à 1 000 km au sud d’Urumqi. «Je n’y avais pas vraiment prêté attention», dit Qelbinur Sidik Beg. Puis, en 2016, la même lui raconte, effondrée, avoir vu son père, directeur d’école, sa mère et ses trois frères se faire arrêter par la police. «A chacun d’eux, les policiers disaient : "Tu as prié, tu auras 10 ans de prison. Tu lis le Coran, 8 ans."»

«Chaînes»

Sa collègue lui confie aussi que des femmes ont été convoquées en groupe pour se faire ligaturer les trompes. «Nous pensions que des choses pareilles ne pouvaient arriver qu’au sud, que jamais la capitale ne serait touchée», se souvient Qelbinur Sidik Beg. Au Xinjiang, un véritable fossé civilisationnel sépare les urbains et les ruraux, et parler mandarin est un atout important pour son avenir. L’enseignante accepte la mission qui lui est confiée par les autorités et se rend au rendez-vous secret fixé le 1er mars, à 7 heures. «Je devais aller à un arrêt de bus et appeler un policier pour qu’il passe me chercher. On a roulé jusqu’à un immeuble de quatre étages en périphérie, derrière une montagne. Il était entouré de murs et de barbelés. On est entrés via une porte électrique métallique. Il y avait des policiers armés, et une dizaine d’employés, administrateurs, infirmières, profs, directeurs. On m’a amenée dans une salle de contrôle. Une employée a crié : "La leçon va commencer !" Sur les écrans de vidéosurveillance, j’ai vu dix cellules, chacune contenait dix personnes.» Qelbinur Sidik Beg montre la petite chambre du centre de demandeurs d’asile où est organisée notre rencontre, où tiennent à peine deux lits superposés, un lit simple et une petite table. «Les cellules faisaient cette taille. Elles étaient plongées dans le noir, leurs fenêtres condamnées avec des plaques métalliques. Il n’y avait pas de lits, juste des couvertures par terre. En tout, ils étaient 97 prisonniers. Ils avaient été enfermés le 14 février. Ils avaient encore leurs cheveux et leurs barbes. Parmi eux, sept femmes, dont trois très âgées.»

Durant notre entretien, Qelbinur Sidik Beg s’exprime avec un luxe de détails, mime des scènes, choisit ses mots. Pleure, souvent. Parfois, elle quitte la pièce pour reprendre des forces, profondément traumatisée par le rôle de complice qui lui a été imposé par les bourreaux. «Les élèves sont entrés dix par dix dans la classe. Ils portaient des chaînes aux pieds et aux mains. Quand ils ont tous été assis sur de petites chaises en plastique, sans table, on m’a fait entrer. Il y avait beaucoup d’hommes âgés de plus de 70 ans avec de longues barbes. Normalement, je dois leur montrer du respect. Mais ils gardaient la tête baissée. Certains pleuraient. J’ai dit : "Salam aleikoum." Personne ne m’a répondu. J’ai compris que j’avais dit quelque chose de terriblement interdit.» Elle jette un œil aux huit caméras de surveillance et continue : «Je me suis présentée, j’ai dit : "Je suis ici pour vous apprendre le chinois en pinyin." J’ai écrit "A, B, C, D…" sur le tableau, en priant Dieu de me sortir vivante de cet enfer. Ils répétaient après moi, A, B, C, D…»

Au bout de deux heures, Qelbinur Sidik Beg demande à faire une pause pour aller chercher de l’eau. Aujourd’hui, elle se sert toujours de la même gourde, qu’elle fixe soudain avec effroi. Une bouteille siglée Hello Kitty, bleu turquoise translucide avec des cœurs et des personnages joyeux, témoin muet de la scène infernale. Le midi, elle aide à distribuer le repas des «élèves» : «On a mis la "soupe de riz" dans des bols, mais je ne voyais pas trace de riz, que de l’eau chaude. Chacun avait droit à un momo [ravioli à la vapeur]. A une cellule de personnes âgées, j’ai ajouté deux momos en douce. Après le repas, un policier a surgi en disant : "Il manque deux momos". J’étais terrorisée. Une employée a répondu qu’elle s’était trompée en comptant. Je me suis dirigée vers la bouilloire pour me faire un thé, mes collègues se sont précipités : "Non, ne bois pas, c’est l’eau des détenus, elle n’est pas assez bouillie." Ça a été le plus long jour de ma vie.»

«Hurlements»

Qelbinur Sidik Beg a un contrat de six mois. Les trois premières semaines, elle se familiarise avec ses 97 élèves. Ils n’ont pas de nom, juste un numéro imprimé sur leur chemise orange. «J’avais un élève qui était très beau, très intelligent. Une des employées ouïghoures le connaissait. Il s’appelait Sélim [le prénom a été changé], c’était un des plus riches hommes d’Urumqi avant que sa fortune soit gelée par l’Etat. Chaque jour, il me suppliait : "Maîtresse, laissez-moi encore quelques minutes voir la lumière du soleil", car un interstice de 20 cm avait été laissé aux fenêtres dans ma classe. Un jour, il a disparu. Il faisait de l’hypertension, il est mort d’une hémorragie cérébrale.» Il y avait un autre garçon qu’elle aimait bien. «Il était actif, faisait de son mieux durant les cours en pensant qu’il pourrait sortir vite de là. Il est tombé malade, une infection qui s’est aggravée. Quand ils l’ont enfin emmené à l’hôpital, il est décédé avant d’arriver.» Lui et Sélim sont morts au cours des trois premières semaines. «Chaque jour, mes élèves étaient moins nombreux. Au début, ils étaient en bonne santé. Je les ai vus dépérir. Certains ne pouvaient même plus marcher.»

Le 20 mars, le premier étage du camp se remplit de nouveaux arrivants, entièrement rasés. «Les premiers détenus étaient surtout des religieux pratiquants, souvent âgés. Là, j’ai vu arriver des intellectuels, des hommes d’affaires ou des étudiants dont le seul crime était d’avoir consulté Facebook, interdit en Chine.» A ce moment-là, sa mission d’éducation n’a plus aucun sens. «Ils parlaient très bien chinois. Alors je leur distribuais des chants communistes et l’hymne national, et on récitait ensemble. La porte par laquelle ils passaient était entrouverte, et barrée par une chaîne à mi-hauteur. Cela les obligeait à entrer à quatre pattes ou en rampant. Je croisais leur regard, c’était atroce. Et toutes les heures, on m’en envoyait 100 autres.» Les détenus ont le droit d’aller aux toilettes trois fois par jour, à heure fixe, et à une douche par mois, limitée à quinze minutes.

Les semaines passent. Elle ne parle à personne de l’enfer dans lequel elle est plongée, à part à son mari, durant une nuit entière. «Même mon quartier est devenu une prison à ciel ouvert. J’ai vu des policiers se ruer sur cinq femmes qui discutaient sur le trottoir et en emmener deux, un sac noir sur la tête. Je les ai vus contrôler le téléphone d’un lycéen, puis le jeter à terre et l’embarquer.» Car désormais, au Xinjiang, avoir WhatsApp ou un contact à l’étranger suffit pour se faire arrêter. «Mon voisin, un commerçant, a demandé à un ami chinois de téléphoner à son fils qui travaillait au Kirghizistan pour le supplier de ne pas rentrer. Dans la nuit, cinq policiers ont débarqué chez lui et l’ont menotté en criant : "Tu as téléphoné à l’étranger, c’est un crime immense." C’était en mai 2017. Son ami chinois a été relâché au bout de trois mois, mais mon voisin n’est jamais revenu.»

Dans le camp où elle travaille, de nouveaux détenus arrivent sans cesse. «Au bout de six mois, il y avait peut-être plus de 3 000 prisonniers. Ils étaient 50 ou 60 par cellule, et dormaient par terre à tour de rôle. Chaque jour, deux, trois, parfois sept personnes étaient appelées, à n’importe quel moment. La salle de torture était dans la cave. Les hurlements se répandaient dans tout le bâtiment, je les entendais quand je déjeunais, parfois quand j’étais en classe.» Qelbinur Sidik Beg connaît une des policières du camp, dont elle a eu le fils en classe à l’école primaire, qui lui donne discrètement quelques informations. «Elle m’a expliqué qu’il y avait quatre sortes de torture à l’électricité : la chaise, le gant, le casque, et le viol anal avec un bâton.»

En septembre 2017, à l’issue de son contrat, Qelbinur Sidik Beg est assignée à un autre camp, toujours à Urumqi, mais réservé aux femmes. «C’était un bâtiment ordinaire de six étages, en pleine ville. Sur la façade, il était écrit en grandes lettres : "Maison de retraite". C’était immense. Il y avait environ 10 000 femmes, la tête rasée, dont seulement une soixantaine de plus de 60 ans. La plupart d’entre elles étaient jeunes, jolies, bien élevées. Ces femmes avaient été internées parce qu’elles avaient étudié à l’étranger, en Corée, Australie, Turquie, Egypte, en Europe ou aux Etats-Unis. Elles avaient un grand bagage intellectuel, parlaient plusieurs langues. Elles avaient été arrêtées quand elles étaient rentrées voir leur famille. Je tremblais pour ma fille. J’avais décidé de me suicider si la Chine l’obligeait à rentrer.» Les détenues n’ont pas de toilettes, juste un seau qui n’est changé qu’une fois par semaine. Comme dans le premier camp, chacune n’a le droit qu’à une minute le matin pour se laver le visage, et à une douche mensuelle. «L’atmosphère était pestilentielle. Beaucoup tombaient malades à cause du manque d’hygiène.»

Chaque lundi, les 10 000 prisonnières font la queue à l’infirmerie. Une infirmière leur fait une injection en intraveineuse, l’autre prend un échantillon sanguin et leur donne un cachet blanc à avaler. Une infirmière, «qui était assez aimable», explique à Qelbinur Sidik Beg qu’elles ont besoin de calcium parce qu’elles vivent dans le noir, que la prise de sang sert à détecter les maladies contagieuses, et que le cachet est pour les aider à dormir. «Je me demandais : "Pourquoi autant de calcium ?" Une fois, en montant dans ma salle de classe au premier étage, j’ai croisé une policière qui transportait le cadavre d’une étudiante. On était les deux seules employées ouïghoures, on se parlait dans la cour où il n’y avait pas de caméras. Elle m’a dit : "On est très impliqués dans le contrôle des naissances. On leur donne la pilule, et il y a même des contraceptifs dans les momos. Mais cette étudiante continuait à avoir ses règles et elle est morte d’une hémorragie. N’en parle jamais."»

Contrairement au premier camp, où la plupart des employés étaient issus de minorités, Qelbinur Sidik Beg affirme que dans le camp pour femmes, tous les cadres sont des hommes hans. «Une fille d’environ 20 ans a été appelée durant mon cours pour un "entretien". Elle a été ramenée au bout de deux heures. Elle souffrait tant qu’elle ne pouvait plus s’asseoir. Le policier lui a crié dessus, puis l’a emmenée. Je ne l’ai jamais revue. La policière m’a expliqué que chaque jour, les cadres faisaient venir quatre ou cinq filles pour les violer en groupe, parfois à l’aide de matraques électriques introduites dans le vagin et l’anus.»

Harcèlement

En novembre 2017, Qelbinur Sidik Beg se met à son tour à saigner abondamment. «Je ne supportais plus ce que je voyais dans les camps, cette horreur quotidienne dont je ne pouvais pas parler. Mon mari m’a dit d’aller à l’hôpital.» Son supérieur vient la voir le jour même, lui demande si elle peut trouver un remplaçant. Elle lui conseille un collègue. «J’ai été hospitalisée un mois. Je ne suis jamais retournée au camp. En décembre 2017, une vague de jeunes détenus ont été relâchés à Urumqi. Certains avaient été si gravement torturés qu’on devait les amputer d’un bras ou d’une jambe. D’autres étaient devenus fous.»

Après les vacances d’hiver, en février 2018, elle retourne à son poste à l’école primaire. Le mardi qui suit, elle est démise de toutes ses responsabilités. «J’avais travaillé avec dévouement durant vingt-huit ans, en sacrifiant mes week-ends. Avant, on pensait que le gouvernement chinois était notre gouvernement, qu’il suffisait de respecter la loi. Mais en fait, quand on est ouïghour, quoi qu’on fasse, c’est inutile. Alors que l’école comptait une centaine d’employés, les onze autres Ouïghours ont été rétrogradés eux aussi. Et le 16 avril 2018, on nous a fait signer des documents pour partir en retraite. Je n’avais pas l’âge, mais il n’y avait pas moyen de refuser.»

Sans emploi, affaiblie, elle fait une demande pour récupérer son passeport (au Xinjiang, les passeports sont confisqués par la police) et aller voir sa fille qui se marie en Europe. Au dernier moment, on lui interdit de quitter le pays. Deux jours après la date du mariage, elle est interrogée par la police pendant cinq jours. «Ils disaient que ma fille participait à des manifestations interdites. Je disais que non. On m’a montré son profil Facebook et la preuve qu’elle avait regardé une vidéo interdite.» Ils exigent que sa fille leur transmette des informations sur sa vie en Europe, ses coordonnées, celles de son université. Comme beaucoup d’autres étudiants ouïghours à l’étranger soumis au harcèlement des autorités chinoises, sa fille envoie les documents demandés.

Sur les 600 habitants ouïghours de la résidence de Qelbinur Sidik Beg, 190 disparaissent en deux ans. Au premier étage, puis au deuxième, des migrants intérieurs chinois emménagent dans les appartements vides. En 2019, après s’être remise à saigner, Qelbinur Sidik Beg se fait retirer clandestinement son stérilet grâce à l’intervention d’un cousin à la tête d’un hôpital, un crime puni de prison. Grâce à l’appui de ses relations, elle obtient enfin l’autorisation de quitter la Chine, pour raisons médicales. «Il a fallu que je me rende dans 23 administrations différentes. A chaque fois, je devais m’engager à rentrer au bout d’un mois, sinon on me supprimerait ma pension de retraite. L’Union européenne m’a délivré un visa de trois mois. Mon mari aussi a un visa, mais les autorités chinoises ont exigé qu’il reste en Chine pendant que je serais partie. »

A son arrivée en Europe en octobre, elle est déprimée, épuisée. «Je ne parlais à personne, j’avais très peur pour ma famille, que mon mari soit torturé.» Ce dernier lui conseille de rester auprès de sa fille encore un peu, puisqu’elle a un visa de trois mois. Aux autorités chinoises qui la harcèlent, elle raconte qu’elle est hospitalisée. «Puis il y a eu le Covid-19, et je n’ai pas pu rentrer chez moi. Finalement, j’ai décidé de relever la tête, et de me battre pour mon peuple. Le gouvernement chinois ne sait pas encore que je ne vais pas rentrer, et que j’ai demandé l’asile politique. Mon mari non plus.» LIBERATION

21 juillet 2020

La Main verte à Erdeven

main verte

21 juillet 2020

Récit - L’affaire Darmanin devient un « boulet » pour l’exécutif

Article de Alexandre Lemarié

Mis en cause par une femme pour viol, le ministre de l’intérieur ne cesse depuis sa nomination d’être pris à partie par des associations féministes. S’il a le soutien d’Emmanuel Macron et de Jean Castex, plusieurs au sein de la majorité s’inquiètent que la polémique n’affaiblisse le pouvoir.

Il est sur tous les fronts ou presque. Depuis sa nomination au ministère de l’intérieur, Gérald Darmanin multiplie les déplacements et les prises de parole pour renouer la confiance avec les forces de l’ordre. Et surtout tenter d’imprimer sa marque.

Mais rien n’y fait. Deux semaines après son arrivée, le nouveau locataire de Beauvau reste empêtré dans la polémique sur son affaire. En 2017, il a été mis en cause par une femme pour viol. Classée sans suite dans un premier temps, la procédure a été relancée par la cour d’appel de Paris, qui a demandé début juin de nouvelles investigations.

Les accusations qui le visent lui valent d’être soumis au feu roulant des critiques, notamment de la part d’associations féministes. Samedi 18 juillet, l’ex-ministre du budget a encore été la cible de chants hostiles de la part d’une dizaine de femmes, lors de sa venue à Nantes, après l’incendie de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. « Cathédrale en feu ! Darmanin au milieu ! », ont-elles notamment scandé. Depuis sa nomination place Beauvau, les militantes féministes dénoncent inlassablement un « remaniement de la honte ». Elles appellent à la démission de M. Darmanin et ciblent également le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, accusé d’avoir critiqué le mouvement #metoo. Plusieurs milliers de manifestants ont notamment protesté le 9 juillet à Paris et dans plusieurs villes de France contre leur présence au gouvernement, dénonçant « la culture du viol En Marche ».

Au sein de l’opposition, les attaques fusent également. « Gérald Darmanin n’est pas à sa place comme ministre de l’intérieur », a jugé la sénatrice socialiste de l’Oise, Laurence Rossignol. Chez Les Républicains (LR), Rachida Dati a déploré qu’« une suspicion de viol, de harcèlement et d’abus de confiance » ne soit pas considérée comme « un obstacle à diriger le pays ». La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a, elle, déploré « une marque de mépris pour toutes les victimes ». Dans une tribune publiée dans Le Monde le 15 juillet, un collectif de 91 femmes issues de plus de trente-cinq pays du monde a condamné, à son tour, « un virage politique antiféministe ».

« Tranquille comme Baptiste »

Gérald Darmanin joue de son côté la sérénité, assurant n’avoir « évidemment » rien à se reprocher. « Je suis tranquille comme Baptiste », a-t-il déclaré, samedi 18 juillet, dans La Voix du Nord, faisant référence au personnage de comédie qui joue le bouc émissaire subissant les coups avec flegme. « J’ai eu une vie de jeune homme », s’est-il défendu, s’estimant « accusé à tort ». Deux jours plus tôt, il avait déjà contre-attaqué, en se disant « victime d’une chasse à l’homme » et « l’objet d’une calomnie ».

« Depuis que cette histoire est sortie en 2017, il se considère comme un grand brûlé, confie son entourage. Le coup avait été rude à l’époque. Aujourd’hui, trois décisions de justice ont été rendues, toutes dans le même sens : deux enquêtes préliminaires ont été classées sans suite et un non-lieu a été rendu par deux juges d’instruction. » Mais l’enquête, qui est en cours, reste une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

Le camp Darmanin se montre rassuré par la réaction de l’exécutif, qui a affiché un soutien sans faille à son ministre. Le 14 juillet, Emmanuel Macron a défendu sa nomination au nom du respect de la présomption d’innocence, précisant avoir abordé le sujet avec lui « d’homme à homme ». Le premier ministre, Jean Castex, répète quant à lui « assumer totalement » le choix de placer l’ex-maire de Tourcoing (Nord) à Beauvau. Le 16 juillet, il a même haussé le ton, en dénonçant des « dérives inadmissibles » dans les critiques contre M. Darmanin.

La majorité, elle aussi, fait bloc ; 167 parlementaires de La République en marche (LRM) ont ainsi publié une tribune dans Le Monde, le 15 juillet, pour défendre la présomption d’innocence, estimant que « la vindicte populaire n’est pas la justice ». « La présomption de culpabilité ne peut remplacer la présomption d’innocence », fait valoir la porte-parole de LRM, Aurore Bergé. Pas question, selon elle, de répondre aux injonctions des féministes, qui demandent le départ de M. Darmanin. « Il est pris pour cible car il est l’un des ministres les plus importants du gouvernement. Il est impensable de céder à ce genre de menaces ou alors il suffira d’une plainte pour déstabiliser n’importe quel gouvernement. »

« Cela ne passe pas »

Il n’empêche, l’intensité et la durée de la mobilisation suscitent de l’inquiétude chez certains fidèles du chef de l’Etat. « C’est chaud bouillant cette histoire car cela ne passe pas », s’alarme un macroniste historique. Avant de trancher, sévère : « Sur le fond, l’argument de la présomption d’innocence est légitime. Le problème, c’est sur le plan moral : une accusation de faveur sexuelle, c’est une tache indélébile. » Au sein de la majorité, quelques élus, minoritaires, reprochent à MM. Macron et Castex d’avoir « sous-estimé l’affaire ». « Ils n’ont pas su anticiper et ont commis une erreur d’appréciation, s’étonne un parlementaire. C’est inexplicable qu’ils l’aient mis là. C’était trop dangereux. »

Des élus LRM jugent la situation « difficilement tenable » si le feuilleton s’installe. Les partisans de M. Darmanin, eux, veulent se rassurer en pariant sur une érosion progressive de la mobilisation, à la faveur des vacances d’été. « Et à la rentrée, on ne parlera plus de cela mais de la crise sociale », veut croire l’un d’eux. « Cette histoire va s’éteindre d’elle-même. De toute façon, le président ne cédera pas », assure un ministre.

Si c’est le cas, restera un point faible à combler : rassurer sur la volonté de l’exécutif d’œuvrer en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes. Depuis le remaniement, les féministes estiment que M. Macron a « perdu toute légitimité » dans ce domaine. Conscient de cet écueil, il a rappelé, le 14 juillet, ne pas avoir renoncé à en faire « un fil rouge » de son quinquennat. Pas question de perdre le vote d’une partie des femmes dans l’optique de la présidentielle de 2022. « Cela reste une grande cause, sur laquelle notre action va se poursuivre et s’intensifier », assure l’Elysée.

Une tâche dévolue à la nouvelle ministre déléguée à l’égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno. « Ma responsabilité est de faire en sorte que des victimes de violences se sentent libres de dire “je suis violentée” », déclare-t-elle au Parisien, dimanche, disant avoir lancé à M. Darmanin, récemment : « Ton sujet va être un boulet à porter pour moi. » Jugeant nécessaire de lui « laisser le bénéfice du doute », elle souligne toutefois se « mettre du côté des personnes dont [elle a] la responsabilité, en l’occurrence les femmes ». Avant de conclure : « Si jamais il m’a menti, j’en tirerai toutes les conséquences. » Comme un avertissement.

21 juillet 2020

Plage...

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21 juillet 2020

Plouharnel - Anne-Claire Coudray, marraine d’Escales Photos

Le festival Escales Photos a été inauguré ce lundi, à Plouharnel (56). Une fois encore, sa marraine, la journaliste Anne-Claire Coudray, était présente.

Une fois de plus, la marraine du festival Escales Photos, Anne-Claire Coudray, était présente pour l’inauguration de cet événement artistique. Ce lundi, la journaliste de TF1 était à Plouharnel au côté d’élus du territoire, mais aussi d’Erwan Amice, le photographe qui présente « Skiant ar mor ».

260 photographies, 13 expositions

Maintenir le festival Escales Photos n’a pas été une évidence, mais témoigne d’une réelle volonté. L’événement photographique en libre accès a donc bien lieu. 260 photographies, soit 13 expositions, sont proposées comme autant d’histoires.

Anne-Claire Coudray a insisté sur l’importance de ce patrimoine, sur la richesse et la vitalité des hommes et des femmes qui forgent le territoire.

Avec Erwan Amice, c’est le monde de la coquille Saint-Jacques et les bancs de maërl qui s’exposent sur les murs du vieux bourg. Une visite en images, mais aussi la découverte de la bio-acoustique en baie de Quiberon grâce à des QR Code apposés sur certaines photographies.

Pratique

Exposition en libre accès jusqu’en novembre à Locmariaquer, La Trinité-sur-Mer, Plouharnel, Le Palais (Belle-Ile-en-Mer), Houat et Hoëdic.

21 juillet 2020

Baroudeur

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21 juillet 2020

Vannes - Une partie du Morbihan affectée par une panne de réseau mobile et internet

De 7 h, lundi matin, jusqu’au début de l’après-midi, une large partie du Morbihan a été plongée dans le silence numérique. Le réseau de téléphone mobile et d’internet de l’opérateur Orange ne fonctionnait plus.

L’origine de la panne, causée par une « double disjonction » entraînant une panne d’alimentation électrique sur un équipement de télécommunication, a été localisée à Vannes.

Elle a affecté jusqu’à 29 000 foyers, 616 clients « pros » et 688 entreprises, dans un très large secteur : entre Ploërmel et Pontivy, Vannes et Redon (Saint-Avé, Questembert…) et dans le pays d’Auray (Locoal-Mendon, Ploemel, Étel, Crac’h). La presqu’île de Quiberon et Belle-Ile-en-Mer ont été particulièrement touchées.

La panne a eu également des répercussions sur le réseau mobile (2G, 3G, 4G). Des techniciens réseaux ont travaillé sur le remplacement de fusibles. Le rétablissement des réseaux et communications est intervenu en début d’après-midi, vers 13 h.

21 juillet 2020

Naturisme

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21 juillet 2020

Lorient - Éoliennes flottantes : le débat est lancé

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Article de Julien Boitel

Une soixantaine d’éoliennes flottantes de plus de 200 mètres de hauteur entre Belle-Ile-en-Mer et Groix. Le projet est le premier du genre en France. Un débat public a été lancé hier, à Lorient. Il se poursuit jusqu’au 30 novembre.

1 Quel projet ?

Il porte sur l’attribution de deux parcs éoliens commerciaux. Un premier de 250 MW d’une vingtaine d’éoliennes, dont l’attribution est prévue en 2021, et un second pouvant aller jusqu’à 500 MW, à l’horizon 2024. Pour la première fois en France, il s’agira d’éoliennes flottantes et non posées au sol. En dehors des fermes pilotes ou des démonstrateurs, ce projet sera « l’un des premiers au monde », vantent l’État et RTE, les co-maîtres d’ouvrage. Le raccordement mutualisé vers la terre et le réseau public de transport d’électricité sera réalisé par RTE.

2 Quelle zone ?

Une large zone s’étendant sur 1 330 km2, au sud de l’île de Groix et à l’ouest de Belle-Ile-en-Mer, a été identifiée comme préférentielle pour accueillir les deux parcs éoliens, après des travaux menés depuis 2015, en concertation avec les acteurs maritimes et littoraux bretons et ligériens. C’est à l’intérieur de celle-ci que devra être définie une zone plus précise d’implantation des éoliennes, qui pourraient, à terme, occuper environ 100 km2.

3 Quelle technologie ?

Des éoliennes installées sur d’énormes flotteurs en béton ou en acier. L’innovation présente plusieurs avantages. Les éoliennes peuvent être installées à plus grande distance des terres, comparativement aux éoliennes en mer posées au sol. « Plus vous êtes loin en mer, plus le vent est régulier et fort, ce qui est important pour la production électrique, explique Laurent Michel, directeur général de l’énergie et du climat du ministère de la Transition écologique. Être plus loin des côtes, cela permet aussi de diminuer l’impact visuel, et sans gêner le trafic maritime. »

De même, la taille des éoliennes allant en augmentant, « vous pouvez avoir moins d’éoliennes pour la même puissance et sur une surface moins importante, ce qui limite les répercussions sur la pêche », ajoute Laurent Michel.

4 Pourquoi un débat public ?

La portée d’intérêt national du projet et ses implications socio-économiques et environnementales justifient un tel dispositif. Ce débat se déroule en amont de la désignation par appel d’offres de l’opérateur industriel. Il ne porte donc pas sur un projet bien défini mais sur le principe d’implantation d’éoliennes flottantes. « L’objectif est que le public bénéficie d’une information la plus transparente, accessible et complète », détaille Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public. « Notre rôle est que tous les publics puissent s’exprimer : les pros comme les antis. Mais, au-delà de dire s’ils sont pour ou contre, on interroge l’opportunité du projet. En quoi cela va les concerner ? Quels sont les aspects négatifs pour eux ? Notre rôle est que tout soit sur la table. Il n’y a pas de questions taboues », explique Chantal Jouanno.

Après le 30 novembre, la commission nationale rendra « une photographie des arguments du public mais pas un avis », des conclusions sur lesquelles l’État et les élus pourront s’appuyer pour « corriger le projet ou même y renoncer ».

5 Comment y participer ?

Le débat se déroule en deux phases. Cet été, des panneaux d’informations seront déployés dans des lieux fréquentés par les estivants. À partir de la rentrée, 14 réunions d’information et thématiques seront organisées.

Un local d’informations va ouvrir au 13, boulevard du Maréchal-Leclerc, à Lorient. Les participants pourront livrer leurs réflexions via le site internet www.eolbretsud.debatpublic.fr

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