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Jours tranquilles à Paris

26 octobre 2020

UN VOYAGE SONORE - Domaine de Kerguéhennec

Jusqu'au 1er novembre 2020 - 56 500 Bignan

Le Domaine de Kerguékennec vous invite à vivre un fabuleux voyage sonore en ce début d'automne. Tous les espaces seront investis pour proposer une expérience mélodieuse hors du commun, mêlant les compositions de l'Orchestre National de Bretagne et les puissantes vibrations de la nature avoisinante. Vous pourrez assister à de nombreux spectacles immersifs, notamment celui du compositeur Alain Mahé et du dessinateur Vincent Fortemps, une improvisation faisant appel à nos sens et nos rêveries !

Evadez-vous !

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26 octobre 2020

La Main Verte - Erdeven

main verte

26 octobre 2020

Covid-19 : les députés votent la prorogation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 16 février

Olivier Véran a défendu, samedi devant l’Assemblée, la prolongation de ce régime d’exception, pour faire face à une « période qui sera longue et difficile ».

La vague monte, et l’exécutif prépare de possibles restrictions pour les Français jusqu’au printemps : la prolongation de l’état d’urgence sanitaire était passée au crible, samedi 24 octobre, à l’Assemblée nationale, où les oppositions critiquent l’utilisation au long cours de cette « arme atomique ». Dans la soirée, les députés ont finalement adopté par 71 voix contre 35, en première lecture, la prorogation de ce régime d’exception jusqu’au 16 février.

Pour ce texte présenté mercredi en conseil des ministres et examiné au Palais-Bourbon au pas de charge, les députés étaient prêts à siéger jusqu’à dimanche soir, dans un hémicycle où leur présence est limitée à 50 % en raison de l’épidémie due au coronavirus. Le projet de loi sera au menu du Sénat dès mercredi et devrait être adopté définitivement début novembre.

Au coup d’envoi des débats, Olivier Véran a défendu la prolongation jusqu’au 16 février de l’état d’urgence sanitaire, pour faire face à une « période qui sera longue et difficile ». « Nous avons besoin de ce texte pour être efficace dans la période » de deuxième vague du coronavirus, a déclaré le ministre de la santé. Ce n’est « pas un texte de conviction », mais « un texte de responsabilité pour nous permettre de protéger activement les Français dans cette période qui sera longue et difficile », a-t-il ajouté.

Des restrictions possibles jusqu’au 1er avril

M. Véran a rappelé les derniers chiffres : 42 000 Français diagnostiqués en vingt-quatre heures, 2 000 patients hospitalisés, 300 admis en réanimation, près de 300 morts à l’hôpital et dans les Ehpad. La situation va « s’alourdir dans les prochains jours et semaines, quoi que nous fassions », a-t-il pronostiqué, du fait de la dynamique du virus.

Le gouvernement vient d’étendre le couvre-feu à 54 départements et à la Polynésie, soit 46 millions de Français concernés. Pour appliquer cette mesure, il se fonde sur l’état d’urgence sanitaire, rétabli par décret depuis une semaine sur l’ensemble du territoire. Ce régime d’exception avait été appliqué déjà entre mars et le début de juillet pour la première vague de contaminations, et avait permis le confinement de la population ou des limitations drastiques des déplacements.

Or, au-delà d’un mois, la prorogation de ce régime doit être autorisée par la loi. D’où ce texte, qui prévoit un terme au 16 février au soir prochain, mais aussi des restrictions encore possibles jusqu’au 1er avril.

Pas de « blanc-seing » au gouvernement

Le projet de loi doit permettre entre autres d’habiliter très largement le gouvernement à prendre des ordonnances dans les domaines du droit du travail, du fonctionnement des administrations et encore des collectivités, comme au printemps. En commission, les députés ont cependant réduit la période d’habilitation.

Car si la plupart des groupes politiques soutiennent la prolongation de l’état d’urgence sanitaire, ils déplorent qu’elle soit si longue et refusent de donner un « blanc-seing » au gouvernement. « Nous sommes prêts à nous ranger derrière l’unité nationale », mais « elle se fabrique par le débat régulier », souligne le communiste Stéphane Peu (Seine-Saint-Denis). Mais, répond-on chez La République en marche, la durée est « adaptée et proportionnée », alors que l’hiver s’annonce « difficile », dans l’attente d’un vaccin contre le coronavirus.

Les députés Les Républicains mettent en doute la nécessité à ce stade de l’état d’urgence sanitaire, qui est « l’arme atomique », selon les mots de Philippe Gosselin. L’objectif est-il « le confinement généralisé ? ». « Le gouvernement doit mettre cet élément sur la table », réclame le député de la Manche.

La « crainte d’une érosion de l’acceptabilité sociale »

Même au sein de la majorité, des interrogations se font jour, comme chez Agir, où Dimitri Houbron a évoqué en commission la « crainte d’une érosion de l’acceptabilité sociale » des mesures prises par le gouvernement, du couvre-feu aux fermetures de certains établissements.

Les « insoumis » n’ont pas « confiance dans la gestion du gouvernement » au vu de la première vague et pourraient voter contre la prorogation. Entre les « retards » au démarrage et « la pénurie des masques, les stratégies de dépistages », il y a eu « plus que des cafouillages », selon Danièle Obono (Paris), qui en appelle à « plus de rigueur, de cohérence, d’anticipation pour les prochains mois ».

Jeudi, le premier ministre, Jean Castex, a semblé préparer les esprits à des temps plus difficiles encore : si l’épidémie n’est pas jugulée, le gouvernement devra « envisager des mesures beaucoup plus dures », a-t-il dit, alors que plusieurs pays, tel l’Irlande, viennent de décider des reconfinements.

26 octobre 2020

Vu sur internet

jaime48

26 octobre 2020

La ligne 13, la plus saturée et la plus anxiogène du métro parisien

metroooo

Par Denis Cosnard - Le Monde

La ligne qui dessert Saint-Denis et Asnières - Gennevilliers arrive en tête des lignes qui génèrent le plus de craintes, devant la 4 et la 7, selon une importante étude réalisée par l’Institut Paris Région.

Maguy s’est installée à l’entrée du quai, loin du bord. Pas envie d’être bousculée par d’autres voyageurs, ni prise dans un mouvement de foule. Ce jeudi, à 14 h 30, c’est en principe une heure creuse dans le métro parisien. A la station Place de Clichy, pourtant, les rames en direction de Saint-Denis sont déjà bien remplies. « De toute façon, c’est toujours bondé, ici », glisse Maguy derrière son masque.

Un entassement dont profitent certains. « Une fois, un homme s’est collé à moi, un frotteur, raconte cette femme de chambre de 40 ans. Je l’ai insulté. Il est parti à la station suivante, Guy Môquet, comme si de rien n’était. » Une autre fois, le portable qu’elle venait d’acheter à crédit lui a été volé. « Depuis, je fais très attention, et quand je rentre dans le métro, je tiens mon sac devant moi, comme ça, bien contre mon ventre. »

Bienvenue sur la ligne 13. La plus saturée de toutes les lignes du métro parisien. La plus anxiogène aussi. C’est ce que montre une importante étude que vient de publier l’Institut Paris Région sur le sentiment d’insécurité dans les transports collectifs franciliens.

En septembre et octobre 2019, l’institut a envoyé un questionnaire à 515 255 abonnés Navigo et Imagine R, entièrement complété par 50 222 personnes, un taux de réponse plutôt élevé. Les personnes interrogées devaient notamment citer les lignes et les stations où elles avaient eu peur pour la dernière fois.

Cette cartographie de la peur a mis du temps à être connue. En mai, en pleine sortie du confinement, l’Institut a été incité à ne pas envoyer de message trop négatif alors que la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse demandait aux usagers de revenir dans le métro et le RER. Une version tronquée de l’étude a alors été publiée. L’enquête complète, elle, a finalement été mise en ligne fin septembre, en catimini.

« Cette ligne, on l’appelle entre nous la bétaillère »

La ligne 13 y occupe une place de choix. Le métro apparaît en effet comme le transport qui suscite le plus d’expériences anxiogènes, devant le RER, le Transilien, le bus et le tramway. Et de toutes les lignes de métro, c’est la 13 qui ressort comme la plus problématique. Près de 14 % des personnes déclarant avoir eu de l’appréhension dans le métro la citent en premier. Cette ligne qui traverse tout Paris du Nord au Sud arrive nettement devant la 4 et la 7, mentionnées l’une et l’autre par 11 % des répondants.

Globalement, les lignes et stations citées en masse par les usagers interrogés sont aussi les plus fréquentées. Pour le RER, c’est la ligne A, la plus utilisée, qui cristallise le plus de craintes (elle est citée par 33 % des usagers ayant déjà eu peur dans le RER). De même, les plus grandes gares et stations sont aussi celles qui sont le plus évoquées dans l’enquête, à commencer par la gare du Nord – la plus importante d’Europe –, la station de RER Châtelet-Les Halles, et la gare Saint-Lazare.

Cependant, « ces deux hiérarchies, celle des peurs et celle des fréquentations, ne se recoupent jamais entièrement », notent les auteurs de l’étude. C’est le cas pour les lignes de métro. La plus empruntée de Paris, la 1, qui rejoint Vincennes à La Défense, n’arrive qu’au neuvième rang des lignes anxiogènes. Le fruit sans doute de sa régularité, liée à son automatisation. Même aux heures de pointe, elle n’est en général pas saturée.

La 13, au contraire, l’est totalement. « Cette ligne, on l’appelle entre nous la bétaillère », raconte une journaliste qui travaille à Clichy et l’emprunte tous les jours. Le matin, des agents doivent se placer devant les portes de chaque rame pour faciliter la descente et la montée des voyageurs. Un nouveau système de conduite a beau équiper les rames depuis la fin 2017, la surutilisation de la 13 par rapport à sa capacité conduit à de nombreux « incidents voyageurs », notamment sur les deux branches en direction de la Seine-Saint-Denis, et à des retards fréquents.

« Ce qui déclenche le sentiment d’insécurité, c’est l’autre »

De quoi susciter de la tension, donc de l’anxiété. Peur de se faire voler, agresser, ou, désormais, d’attraper le coronavirus dans des wagons surchargés. Sur Twitter, Charlotte s’en prend aux responsables de la 13 : « Grâce à vous, on va choper le covid ! » « C’est un crime et une honte », ajoute Thomas. « Et après c’est les restaus, bars ou stades de foot en plein air qu’il faut fermer prioritairement… », s’énerve un autre internaute. « Moi, c’est une ligne que j’évite, confie Laurène, 54 ans. Mon mari ne veut plus que je la prenne toute seule. Il y a trop d’insécurité, trop de bruns irrespectueux, qui vous insultent si vous protestez. » Des immigrés ? « Oui, c’est ça », confirme-t-elle à mi-voix.

« Notre étude le montre : sur toutes les lignes, ce qui déclenche le sentiment d’insécurité, c’est l’autre, analyse Sylvie Scherer, la responsable des questions de sécurité à l’Institut Paris Région. Soit parce qu’il a un comportement hors norme, qu’il est agité, alcoolisé, qu’il paraît différent, menaçant. Soit parce qu’au contraire, il n’y a personne. Les lieux déserts aussi sont anxiogènes. »

Sur la ligne 13, comme dans les grandes gares, c’est bien la cohue et la présence de ces « autres » qui nourrissent l’inquiétude. En particulier la proximité forcée avec des pauvres qui demandent de l’argent, des SDF, des toxicomanes, des immigrés. La cartographie du sentiment d’insécurité, si elle est liée à la fréquentation, recoupe donc aussi la géographie sociale. « Les secteurs avec beaucoup de personnes en situation d’exclusion se révèlent plus anxiogènes », constate Sylvie Scherer.

Les stations des quartiers populaires de Paris et de la banlieue Nord-Est se retrouvent d’ailleurs fréquemment citées dans l’enquête. Pour le Transilien, par exemple, c’est la ligne J (réseau Saint-Lazare Nord) qui comptabilise la plus forte proportion d’expériences anxiogènes : « près d’un quart des enquêtés déclarant avoir eu peur dans un train de banlieue a eu peur sur cette ligne », notent les auteurs. De même, la ligne de tramway T3b, qui fait le tour du Nord de Paris, se révèle la plus difficile, alors qu’elle n’est pas la plus fréquentée.

Recours accru à la vidéosurveillance

Dans tous les cas, les femmes sont les plus touchées par la peur dans les transports en commun. Parmi les répondants, un homme sur deux affirme n’avoir jamais eu peur dans le réseau d’Ile-de-France. « Moi, je ne me suis jamais senti en danger dans le métro », assure ainsi Ali, un agent immobilier de 28 ans, qui va chaque jour de l’Etoile à Brochant, dans le quartier des Batignolles. Ce n’est le cas que d’une femme sur trois.

En outre, les craintes varient beaucoup selon le genre. Les femmes redoutent avant tout d’être harcelées ou agressées sexuellement, une angoisse que ne connaissent pratiquement pas les hommes. Eux s’inquiètent des vols et des agressions physiques.

Pour se protéger, hommes et femmes affirment pratiquement tous être « vigilants », « attentifs » dans les transports collectifs. Mais les femmes modifient davantage leur comportement : 59 % disent adapter plus ou moins souvent leur apparence (contre 26 % des hommes), et un tiers se fait parfois accompagner (contre 12 % des hommes).

A Ile-de-France Mobilités, la structure publique qui organise les transports en commun, de tirer à présent les leçons de cette étude qu’elle a copilotée. Depuis des années, des efforts ont été effectués pour rendre les stations et les gares plus lumineuses, ou encore pour déployer des rames dans lesquelles les passagers peuvent passer d’un wagon à un autre, de manière à ne pas sentir coincés. Visiblement, cela ne suffit pas. A l’automne 2019, un sondage a montré que 4 Franciliens sur 10 avaient encore peur d’être agressés ou volés dans les transports en commun. La proportion ne varie guère depuis vingt ans.

En décembre 2019, Valérie Pécresse a présenté un nouveau plan de sûreté dans les transports en commun. Il doit renforcer le nombre d’agents de sécurité, ce qui répond à la première revendication des personnes interrogées par l’Institut Paris Région. Il prévoit aussi un recours accru à la vidéosurveillance conjuguée à l’intelligence artificielle.

Les habitués de la ligne 13, eux, attendent avant tout le prolongement de la ligne automatique 14, avec l’ouverture de trois nouvelles stations dans une zone aujourd’hui desservie par la 13. Plusieurs fois retardée, l’inauguration est désormais prévue pour le 15 décembre. Cela pourrait alléger d’environ 25 % le trafic sur la 13. De quoi réjouir Lisa, une bibliothécaire de Saint-Ouen habituée de la « bétaillère » : « Après des années d’attente, on voit enfin le bout du tunnel ».

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26 octobre 2020

Barcelone - Sagrada Familia

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Sagrada Familia

Véritable emblème de Barcelone, la Sagrada Familia est une basilique pensée par Antoni Gaudí. C’est une œuvre monumentale d’une beauté incroyable qu’il convient de visiter avec un audio-guide afin d’y découvrir les secrets de ses nefs, ses façades, ses voûtes et ses colonnes.

26 octobre 2020

Etats Unis

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26 octobre 2020

Marie Goupy : « Le temps de la crise et de l’urgence est devenu peu à peu notre horizon politique »

Par Marie Goupy, Philosophe

Sanitaires, climatiques ou liées à la menace terroriste, les crises ont transformé les pratiques politiques et juridiques, dont les effets délétères doivent être questionnés pour ralentir le temps de l’urgence, estime la philosophe dans une tribune au « Monde ».

Ne glisse-t-on pas trop vite aujourd’hui de l’idée de crise sanitaire vers celle d’un usage nécessaire de moyens exceptionnels, que l’on qualifie parfois d’état d’exception ? La question mérite d’être posée après la nouvelle déclaration de l’état d’urgence sanitaire, le 14 octobre. La justification de ces moyens exceptionnels semble d’abord presque sémantique : puisque nous sommes en crise, il faut bien se résoudre à utiliser des mesures adaptées.

Déroger au droit et aux procédures ordinaires pour gagner en efficacité semble alors le gage d’une action politique forte. On ajoutera sans doute que l’état d’urgence sanitaire, comme l’état d’urgence avant lui, correspond à des lois : en s’efforçant de faire rentrer la gestion de la crise dans le cadre de la légalité, le gouvernement préserverait donc l’Etat de droit, tout en se donnant les moyens de répondre aux circonstances.

Dans cet argumentaire, un point demeure pourtant en suspens, comme une sorte d’évidence peu discutable : le droit ordinaire et les moyens qu’il autorise sont-ils véritablement insuffisants ? Pourquoi, pour ne prendre qu’un exemple, faut-il que le gouvernement légifère par ordonnances pour répondre à la crise sanitaire plutôt que de soumettre au débat parlementaire des questions de santé et des choix économiques qui vont affecter la société durablement et qui, normalement, relèveraient bien du domaine de la loi ?

Là encore, on incriminera sans doute la lenteur des procédures ordinaires. Mais, lorsque les crises deviennent précisément l’ordinaire des gouvernements, ne faut-il pas réfléchir autrement à cet impératif d’urgence et plus généralement à cette accélération du temps politique qui est devenu le nôtre ?

Discours de la nécessité

Car les crises se répètent et l’urgence tend à s’imposer avec la régularité d’une véritable temporalité politique : un regard rétrospectif sur l’usage d’un droit dérogatoire depuis le tournant du 11 septembre 2001 suffirait à le montrer. On peut compter les mois, les années passées sous des législations d’exception provisoires : en France, près de deux ans et demi sous état d’urgence, sécuritaire ou sanitaire, entre novembre 2015 et aujourd’hui.

Il faut également noter que l’exploitation d’un tel droit s’est généralisée dans la plupart des Etats de droit et que son recours tend à répondre à des situations de plus en plus diverses : à des attaques terroristes, à des crises économiques, à des catastrophes écologiques et, aujourd’hui, à la crise sanitaire.

Enfin, même lorsque l’on met un terme à l’application d’une législation d’exception, les gouvernements prennent souvent soin d’intégrer dans le droit ordinaire les dispositions exceptionnelles qui leur semblent désormais indispensables.

« CETTE PROLIFÉRATION DE RÈGLES SOUVENT DÉROGATOIRES, INÉVITABLEMENT TECHNIQUES, EXCLUT TOUTE LISIBILITÉ POUR DES CITOYENS ORDINAIRES »

Cet usage banalisé d’exceptions justifiées par l’urgence a été qualifié parfois d’« état d’exception permanent », invitant à penser par là un mode de gouvernement.

L’expression a provoqué bien des objections : l’idée d’un gouvernement par l’exception ne relativise-t-elle pas que les crises sont des faits qui imposent, par leur violence, une réaction ? Bien loin de gouverner par l’exception, les autorités seraient conduites malgré elles à mener une politique de nécessité. Mais ce discours de la nécessité tend néanmoins à recouvrir ce fait : les crises et le temps politique de l’urgence qui l’accompagne transforment – ont déjà transformé – les pratiques politiques et juridiques. Il empêche surtout de percevoir que le temps de la crise et de l’urgence est devenu peu à peu notre horizon politique.

Car, depuis longtemps déjà, ce droit que l’on applique seulement pour une crise donnée ne peut plus être examiné sans tenir compte de l’épaisseur du droit sur la durée : de ces couches de législations d’exception, de dispositions dérogatoires qui font glisser l’équilibre des pouvoirs vers un exécutif tenté de devenir un peu législateur et de s’extraire de certains contrôles. Par ailleurs, les crises tendent à accélérer la production de droit, dans un gage affiché de respect de l’Etat de droit ; mais cette prolifération de règles souvent dérogatoires, inévitablement techniques, exclut toute lisibilité pour des citoyens ordinaires. Avec ce risque que le temps n’habitue peu à peu les populations à l’urgence comme manière de gouverner et à la crise comme argument.

L’urgence comme mode d’existence

Plus généralement, les crises tendent à devenir un horizon politique permanent, et ce à la fois en tant que réalité et comme prisme politique – comme manière de saisir la réalité.

C’est donc à ces deux niveaux que l’omniprésence des crises doit être pensée : pourquoi traiter en tant qu’exception des phénomènes auxquels on pourrait répondre autrement, notamment lorsqu’ils s’avèrent durables – comme pour le terrorisme, mais aussi, à l’avenir, les questions climatiques et de santé ? Quelles politiques d’anticipation pourraient permettre de ne pas gérer ces questions seulement comme des crises, c’est-à-dire avec des moyens dérogatoires et des débats accélérés, sinon inexistants ? Plus profondément, pourquoi les crises s’accélèrent-elles et quelles sont les conditions structurelles de leur caractère endémique ?

Disons-le d’emblée : on ne résoudra pas ces questions dans ce temps de l’urgence permanente, qui contribue à river l’action et l’imaginaire politiques au présent et à refermer toute perspective future, sinon sous une forme apocalyptique. Mais l’expérience du temps dans cette crise d’ampleur mondiale a aussi ouvert un espace de réflexion, menaçant sans doute, mais aussi nouveau. A condition de cesser de penser l’urgence seulement comme un fait, mais d’y voir, au-delà, une temporalité politique et un mode d’existence que l’on peut questionner et transformer. Sous réserve, aussi, de se préoccuper dès maintenant des effets délétères des crises à répétition sur les institutions et le droit, qui pourraient pourtant jouer un rôle salutaire pour ralentir le temps politique de l’urgence.

Marie Goupy est philosophe, directrice de programme au Collège international de philosophie et maîtresse de conférences à l’Institut catholique de Paris.

26 octobre 2020

Miley Cyrus

miley

26 octobre 2020

Frames From The Edge - Helmut Newton from DSP on Vimeo.

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