Exposition. « La Bretagne traite mal ses roux »
Quand un roux photographie des roux... Pascal Sacleux expose actuellement ses clichés à l'aéroport de Rennes.
Article de Philippe Créhange
Agent d'escale à l'aéroport de Rennes, Pascal Sacleux est aussi photographe. Il expose en ce moment ses clichés. Thème : les roux.
C'est une exposition originale que propose actuellement l'aéroport de Rennes. Au moment de l'enregistrement de leurs bagages, les voyageurs peuvent observer une trentaine de photographies grand format, accrochées aux murs et représentant... des rousses et des roux, âgés de 6 mois à 70 ans
« Il y a des gens qui sont très malheureux »
On doit cette série de clichés d'anonymes, pris à l'aéroport, à Pascal Sacleux. « J'ai voulu photographier mes semblables », confie ce roux, qui a fait des minorités une de ses spécialités. Avec un objectif bien précis en tête : « Je veux que les gens s'habituent à regarder les roux en face et que les roux s'habituent aussi à s'aimer car on ne leur fait pas une bonne publicité dans la société ».
Victimes de quolibets quand ils sont enfants, sans compter les réputations sans fondements sur leur mauvaise odeur supposée ou leur sexualité débridée quand ils sont plus grands, les roux n'ont pas toujours la vie facile. Y compris en Bretagne, où on en compte pourtant beaucoup. « La Bretagne traite mal ses roux. C'est historique. C'est tellement ancré dans les croyances que c'est toujours le cas aujourd'hui en 2017. Il y a des gens qui sont très malheureux en Bretagne parce qu'ils sont roux », affirme Pascal Sacleux.
Un livre et un festival ?
En tant que roux, le photographe a lui-même été choqué, lorsqu'à 17 ans, un garçon s'est approché de lui et l'a humilié en public. « Il m'a dit devant tout le monde que " les roux, c'est comme les noirs, ça sent le chien mouillé quand il pleut " ». Une insulte et une bêtise qui l'ont sans doute inconsciemment poussé à afficher des roux sur les murs bien des années plus tard.
L'exposition se tient à l'aéroport de Rennes jusqu'au 15 juin. Et après ? « J'espère qu'elle va bouger », confie le photographe qui lance, par ailleurs, un appel à tous les roux et rousses de Bretagne qui seraient d'accord pour se faire prendre en photo. Car après l'exposition, il pense déjà à un livre. Et pourquoi pas, demain, un festival des roux. « Ça existe déjà en Écosse. Mais j'aimerais que cela soit un festival ouvert, pas uniquement réservé aux roux. Il ne faudrait pas non plus que ça fasse ghetto », insiste Pascal Sacleux.