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Jours tranquilles à Paris

13 juillet 2020

Bondage

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13 juillet 2020

« On ne laisse pas passer un truc pareil »

Reportage - « On ne laisse pas passer un truc pareil » : à Paris, la détermination des militantes féministes contre la nomination de Gérald Darmanin

Un millier de personnes ont manifesté à Paris contre la récente nomination à l’intérieur de Gérald Darmanin, accusé de viol, et celle à la justice d’Eric Dupond-Moretti, très critique envers le mouvement #metoo.

De mémoire de chercheur en sciences politiques, on n’avait rarement vu ça. Des manifestations après la nomination de deux ministres, sans qu’ils n’aient encore eu le temps de prendre la moindre décision. Habituellement, les protestations surviennent contre des choix gouvernementaux. Là, Gérald Darmanin, fraîchement installé à l’intérieur, et Eric Dupond-Moretti à la justice, ont déjà suscité contre eux une première journée de mobilisation nationale ; elle s’est tenue vendredi 10 juillet.

Alice Coffin avait reçu des centaines de messages dès lundi soir. La nouvelle élue Europe Ecologie-Les Verts (EELV) au Conseil de Paris, croisée en bas de l’Hôtel de ville, raconte la sidération, puis la colère, qui ont saisi les associations féministes. Des émoticones « vomi » aux textos « pour de vrai j’ai eu envie de vomir », en passant par l’évocation d’un « traumatisme », « ça a circulé partout, comme une traînée de poudre », explique-t-elle.

Les échanges ne sont plus modérés, le ton est tranché : « Tous disaient la même chose : on va au combat, on ne s’arrêtera pas tant qu’ils resteront en poste », ajoute-t-elle.

Derrière elle, deux grands corbeaux de tissus noirs, sur lesquels les noms de Gérald Darmanin et d’Eric Dupond-Moretti sont inscrits à la peinture blanche, toisent le millier de manifestants présents sur un parvis presque rempli. A même le sol, une jeune femme bricole sa dernière pancarte de carton. Au marqueur noir, elle inscrit : « Un viol toutes les dix minutes en France, c’est ça votre solution ? »

« C’est insupportable cette impunité »

Un peu plus loin, une manifestante porte une affiche « Il y a des guillotines qui se perdent » ; une autre l’aborde : « C’est ma préférée ! » La discussion s’engage : « J’en peux plus, ils se sentent intouchables, ils nous méprisent, c’est insupportable cette impunité. »

Partout, la foule, très jeune, confirme la détermination décrite par Alice Coffin et perçue sur les réseaux sociaux ces derniers jours. « Darmanin démission », « La culture du viol elle est En Marche », « Un complice à la justice, un violeur à l’intérieur » sont scandés plusieurs fois.

A 23 ans, Claire s’est formée au féminisme au lycée, fascinée par la figure d’Emma Watson, l’actrice de la saga Harry Potter qui s’est engagée pour l’égalité femmes-hommes. Selon elle et son amie Alice, elles sont là aujourd’hui pour montrer « qu’on ne ferme pas les yeux, on ne laisse pas passer un truc pareil, on est là pour les victimes ».

A la question d’un mouvement exclusivement féministe, minoritaire et cantonné aux grandes villes françaises, l’étudiante en école de commerce évoque son trajet vers la manifestation. « J’étais dans le métro avec ma pancarte, il y a écrit “Darmanin” dessus. Un contrôleur l’a lue, et m’a dit “Ah, c’est le ministre violeur, courage les filles, on est avec vous.” »

« C’est nous qui allons devenir un obstacle »

Un millier de personnes à Paris, 600 à Bordeaux, 500 à Lyon, 300 à Toulouse, 200 à Lille, et même huit à Cognac en Charente, les manifestations féministes organisées à la va-vite sur Instagram et Whatsapp n’ont pas encore fait réagir les deux ministères concernés.

Mais le risque politique est peut-être là, celui d’une mécanique de l’indignation qui s’enclenche, et s’auto-entretient. Marie, étudiante elle aussi, le précise : « Les SMS existent, il a échangé des faveurs sexuelles contre un service, il ne peut pas juste répondre “non-lieu et présomption d’innocence” tout le temps. »

Cette affaire pourrait devenir un stigmate, de ceux qui poursuivraient le ministre de l’intérieur à chacun de ses déplacements ou de ses prises de parole. Ces manifestations peuvent-elles faire tomber Gérald Darmanin ? « Oui je pense, analyse Alice Coffin. L’Elysée a dit que cette enquête n’était pas un obstacle à sa nomination, alors c’est nous qui allons devenir un obstacle. A chacun de ses pas, il aura désormais sur sa route un obstacle féministe ».

Et l’ancienne activiste de terminer par des considérations géographiques : « Là, on pourrait remonter la rue de Rivoli, elle est piétonne, et on irait le chercher à Beauvau. C’est ça qu’il faut qu’on fasse : aller le chercher. »

13 juillet 2020

La Trinité sur Mer

la trinité sur mer

13 juillet 2020

ISTAMBUL - Sainte Sophie

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Erdogan ordonne la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée

Par Jean-François Chapelle, Istanbul, correspondance, avec Marina Rafenberg, à Athènes

La décision du président turc, attendue depuis des années par les milieux religieux et nationalistes, suit l’invalidation par la justice du décret de 1934 qui avait transformé l’édifice byzantin en musée.

Le 24 novembre 1934, Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la jeune République turque, versait la basilique-mosquée de Sainte-Sophie au pot commun de l’humanité, en décrétant sa transformation en musée. Quatre-vingt-six ans plus tard, le 10 juillet 2020, le président Recep Tayyip Erdogan a rendu le joyau d’Istanbul au culte musulman, pour le plus grand bonheur des franges les plus religieuses de son électorat et de ses alliés d’extrême droite.

Saisi par une association menant depuis une quinzaine d’années un combat pour le retour à l’islam de tous les lieux de culte musulmans déconsacrés pendant les premières décennies de la république laïque, le Conseil d’Etat a annoncé, vendredi 10 juillet, qu’il invalidait le décret signé par Atatürk au motif que Sainte-Sophie, devenue une mosquée après la prise de Constantinople par Mehmet le Conquérant, en 1453, ne pouvait pas être utilisée à d’autres fins que celle qui lui avait été assignée par le sultan.

Dans l’heure suivante, le Journal officiel a publié la décision prise par M. Erdogan de transférer Sainte-Sophie, jusque-là gérée par le ministère de la culture et du tourisme, à la direction des affaires religieuses, et de rouvrir l’édifice à la prière. En soirée, le chef d’Etat islamo-conservateur a défendu avec flamme le retour à l’islam du monument dans une adresse télévisée à la nation.

« Aujourd’hui, la Turquie s’est débarrassée d’une honte. Sainte-Sophie vît à nouveau une de ses résurrections, comme elle en a déjà connu plusieurs. La résurrection de Sainte-Sophie est annonciatrice de la libération de la mosquée Al-Aqsa », à Jérusalem, a déclaré le président turc. « Elle signifie que le peuple turc, les musulmans et toute l’humanité ont de nouvelles choses à dire au monde. »

« Provocation pour l’héritage culturel mondial »

M. Erdogan a indiqué que la première prière sous la haute coupole de l’édifice aurait lieu le vendredi 24 juillet. Il a assuré que les touristes pourraient continuer de visiter le site, mais désormais gratuitement.

Le président est en revanche resté muet sur le sort qu’il entendait réserver aux mosaïques de Sainte-Sophie, recouvertes d’un enduit pendant les cinq siècles de son utilisation comme mosquée à l’ère ottomane. A Trabzon, ville de l’est du pays située sur la mer Noire, une autre église du même nom a été rendue en 2013 au culte musulman après l’installation d’un ensemble de paravents et d’écrans dressés afin de cacher les fresques byzantines.

Sur le parvis de Sainte-Sophie, la décision présidentielle a été accueillie avec allégresse par quelques centaines de personnes, qui ont scandé en cœur « Dieu est grand » avant de se recueillir pour la prière du soir. Elle a en revanche été critiquée par plusieurs institutions et capitales, notamment dans le monde orthodoxe, où l’ancienne basilique du VIe siècle, lieu du couronnement des empereurs byzantins, compte comme un centre spirituel de première importance.

« C’est une provocation envers le monde civilisé, a dénoncé, quelques minutes après l’annonce, la ministre grecque de la culture Lina Mendoni. Le nationalisme dont fait preuve le président Erdogan ramène son pays six siècles en arrière. » Le ministre grec des affaires étrangères, Nikos Dendias, a lui aussi réagi à chaud sur Twitter en désignant cette action du régime turc comme une « provocation pour l’héritage culturel mondial ».

Fortes tensions entre Athènes et Ankara

« La Grèce condamne avec la plus grande fermeté la décision de la Turquie. (…) Non seulement cela va impacter les relations entre la Grèce et la Turquie mais aussi celles de cette dernière avec l’Union européenne, l’Unesco et toute la communauté mondiale », a pour sa part commenté le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

La décision turque intervient dans un contexte de fortes tensions entre Athènes et Ankara sur l’exploitation des ressources en hydrocarbures de la Méditerranée orientale et la gestion de la question migratoire, la Turquie ayant encouragé cet hiver des milliers de migrants à traverser la frontière grecque.

Le primat de l’orthodoxie, le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier, avait défini le mois dernier le musée de Sainte-Sophie comme un « symbole de la rencontre, de la solidarité et de la compréhension mutuelle entre le christianisme et l’islam ». Le transformer en mosquée « pourrait dresser des millions de chrétiens dans le monde contre l’islam », avait-t-il prévenu. La police grecque était sur le pont vendredi soir pour protéger les représentations turques en Grèce.

La décision a également été déplorée à Moscou. « Nous constatons que l’inquiétude des millions de chrétiens n’a pas été entendue », a réagi le porte-parole de l’Eglise russe, Vladimir Legoïda. Mercredi, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, avait exhorté la Turquie « à continuer de conserver Sainte-Sophie comme musée, en tant qu’illustration de leur engagement à respecter les traditions cultuelles et la riche histoire qui ont façonné la république turque, et à assurer qu’elle demeure ouverte à tous ».

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), qui compte Sainte-Sophie sur ses listes du Patrimoine mondial de l’humanité, a indiqué dans un communiqué qu’elle « regrette vivement la décision des autorités turques, prise sans dialogue préalable, de modifier le statut » de la basilique-musée.

L’avènement d’un « Deuxième Conquérant »

Le président turc a cependant prévenu, vendredi soir, que les récriminations n’infléchiraient pas sa détermination, l’usage que la Turquie fait de Sainte-Sophie « relevant de ses droits souverains ». La reconversion de l’édifice en mosquée est un cheval politique de l’islam politique turc, dont est issu le chef de l’Etat, depuis plusieurs décennies.

En 1967 déjà, l’Union nationale des étudiants turcs (MTTB), une organisation nationaliste et islamiste dans laquelle M. Erdogan a fait ses classes politiques, avait investi le monument pour y organiser une prière collective. Dans son adresse télévisée, le Reis a aussi cité un de ses auteurs de chevet, l’intellectuel conservateur Osman Yüksel Serdengeçti, annonçant l’avènement d’un « Deuxième Conquérant » qui rendrait Sainte-Sophie à l’islam. « Ce jour est arrivé », a-t-il ajouté avec émotion.

« Il ne faut pas réduire cette décision à l’islamisme du parti présidentiel », tempère toutefois le chercheur Jean-François Pérouse, ex-directeur de l’Institut français d’études anatoliennes (IFEA) d’Istanbul. « Il y a aussi une temporalité plus récente à l’œuvre, liée à la grande alliance entre ce parti et l’extrême droite, qui est plus vigilante sur ces questions », commente-t-il.

En perte de vitesse depuis 2015, le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan a conclu, pour se maintenir au pouvoir, une alliance avec le Parti de l’action nationaliste (MHP) qui a conduit Ankara à faire siens les thèmes privilégiés de l’extrême droite : fermeté, voire bellicisme dans la conduite des affaires étrangères et exaltation de l’identité islamo-turque sur la scène nationale.

Jean-François Chapelle (Istanbul, correspondance) avec Marina Rafenberg, à Athènes

 

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Sainte-Sophie : la France déplore la décision de la Turquie. Dans un communiqué du ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, la France a regretté, vendredi, la décision de la Turquie de reconvertir Sainte-Sophie en mosquée : « La France déplore la décision du Conseil d’Etat turc de modifier le statut de musée de Sainte-Sophie et le décret du président Erdogan la plaçant sous l’autorité de la direction turque des affaires religieuses. Ces décisions remettent en cause l’un des actes les plus symboliques de la Turquie moderne et laïque » « L’intégrité de ce joyau religieux, architectural et historique, symbole de la liberté de religion, de tolérance et de diversité, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, doit être préservé », a ajouté le ministre.

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Heurs et malheurs de Sainte-Sophie

Par Virginie Larousse

Situé à la croisée des continents, le chef-d’œuvre de l’empereur Justinien n’a cessé d’attiser la convoitise. Instrumentalisée, la basilique a connu trois vies : église chrétienne, mosquée, musée. Et est en passe de redevenir un lieu de culte musulman.

C’est sa splendeur qui a conduit les Slaves, païens, à devenir orthodoxes au Xe siècle. Dépêchés à Sainte-Sophie de Constantinople pour enquêter sur le christianisme, les émissaires de Vladimir, Grand Prince de Kiev, sont subjugués : « Ils nous conduisirent là où ils célébraient leur Dieu et nous ne savions plus si nous étions dans les cieux ou sur la terre. Il n’y a, en effet, sur terre rien d’une telle beauté. C’est là que Dieu demeure avec les hommes ! »

Ebloui par la description qui lui est rapportée – la finesse des mosaïques, l’or des icônes, l’éclat des marbres –, celui qui sera considéré comme le fondateur de la « Sainte Russie » se convertit au christianisme oriental, et avec lui la majorité du peuple slave. Sainte-Sophie valait bien une messe.

Dressée sur une colline surplombant la mer de Marmara, le monument a été construit au VIe siècle sur les ruines d’une église plus ancienne édifiée vers 325 par Constantin, le premier baptisé des empereurs romains. Mais l’édifice – déjà surnommé « la Grande Eglise » – subit les vicissitudes du temps et est détruit en 532 au cours de violentes émeutes dans la ville, qui compte alors quelque 400 000 habitants. Fervent chrétien – il persécute sans relâche les païens « hérétiques » –, l’empereur Justinien (483-565) décide aussitôt de refonder la basilique.

Au terme d’un chantier-éclair de cinq années conduit par les meilleurs architectes de l’époque, Isidore de Milet et Anthémios de Tralles, et qui voit s’affairer plus de dix mille ouvriers, l’église de la Sainte-Sagesse (Hagia Sophia, en grec) devient le monument le plus spectaculaire de la chrétienté. Avec ses 55 mètres de hauteur et ses 30 mètres de diamètre, son dôme est le plus grand du monde pendant plus de mille ans, jusqu’à ce que celui de la basilique Saint-Pierre de Rome ne vienne le détrôner. Inaugurant son chef-d’œuvre en 537, Justinien se serait exclamé : « Je t’ai vaincu, ô Salomon ! », en référence au Temple de Jérusalem.

Catastrophes naturelles et troubles politiques

Imposante de l’extérieur, la basilique de la « nouvelle Rome » se révèle au contraire tout en légèreté à l’intérieur, et comme « suspendue au ciel par une chaîne d’or », s’émerveille l’historien Procope de Césarée. Splendide, l’édifice n’en demeure pas moins fragile. Les secousses sismiques provoquent régulièrement d’importants dommages – jusqu’à provoquer l’effondrement du dôme à plusieurs reprises.

Aux catastrophes naturelles s’ajoutent les troubles politiques, plus particulièrement le contexte de rivalité entre la papauté romaine et le patriarcat de Constantinople, en froid depuis le schisme de 1054. Détournée de ses objectifs initiaux – la reconquête des lieux saints de Jérusalem –, la quatrième croisade, en 1204, aboutit au sac de Constantinople par les croisés. Sainte-Sophie est pillée, son autel détruit afin d’en récupérer les matériaux précieux, ses reliques emportées. La merveille de l’orthodoxie est consacrée en église catholique – sa première conversion –, et abrite le siège du patriarche latin de Constantinople, avant que les Byzantins ne reprennent la ville en 1261.

Deux siècles plus tard, la « nouvelle Jérusalem » tombe de nouveau, cette fois sous le joug des Turcs ottomans. L’Empire romain d’Orient ne se relèvera pas. Mais alors que les conquérants musulmans détruisent ou pillent la plupart des monuments chrétiens du pays, Hagia Sophia est épargnée par le sultan Mehmet II. Eclatant trophée de guerre, la basilique déchue devient la mosquée Aya Sofya en 1453. Le symbole irrécusable de la victoire de l’islam sur le christianisme. Sitôt après sa conquête, Mehmet II viendra y faire la prière du vendredi.

Pour humiliante qu’elle soit aux yeux des vaincus, le fait de convertir un lieu de culte n’a rien d’exceptionnel à cette époque. Ainsi la mosquée de Cordoue, en Espagne, est-elle devenue la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption après la Reconquista, en 1236. De même, nombre de monuments chrétiens ont été construits sur d’anciens temples païens – c’est d’ailleurs sans doute le cas de Sainte-Sophie de Constantinople, qui pourrait avoir été bâtie sur les ruines d’un temple d’Apollon.

« Il y a une peur, un complexe »

Toujours est-il que Aya Sofya s’islamise peu à peu : les croix et les cloches sont retirées, les mosaïques et les peintures murales couvertes de lait de chaux – l’islam rejetant les représentations humaines ­ –, tandis que l’imposante silhouette de la Grande Eglise se voit flanquée de quatre minarets.

Et c’est paradoxalement l’ancien lieu de culte chrétien qui devient le modèle des mosquées ottomanes. Au XVIe siècle, Soliman le Magnifique, qui se rêve en nouveau Justinien, demande à son architecte Sinan de construire une mosquée – la Suleymaniyé – sur le modèle de Sainte-Sophie, même si son plan basilical s’avère inadapté au culte musulman.

Demeurée, au fil du temps, une icône de l’architecture, l’ancienne basilique se trouve une nouvelle fois instrumentalisée après la première guerre mondiale. Mis en difficultés par les puissances de l’Entente, les Ottomans menacent de dynamiter Sainte-Sophie de Constantinople – la ville reçoit officiellement le nom d’Istanbul en 1930. Tout autre sera la politique de Mustafa Kemal Atatürk. En 1934, le premier président de la République de Turquie désacralise la basilique-mosquée pour « l’offrir à l’humanité », la transformant en musée. Un geste qui s’inscrit dans sa volonté d’ancrer le pays dans la modernité et la laïcité, au même titre que le changement d’alphabet ou l’abolition du califat, en 1924.

Cette politique a fait long feu : les velléités d’instrumentaliser un monument si puissamment symbolique ont rapidement refait surface. Les imposants panneaux calligraphiés aux noms d’Allah, de Mahomet, des quatre califes et des petits-fils du Prophète, qu’Atatürk avait fait décrocher, sont remis en place dans les années 1950. En 2012, des militants d’un parti islamiste et nationaliste organisent une prière musulmane sous la coupole byzantine.

« Il y a une peur, un complexe derrière cette démarche de reconversion, analyse l’historien Edhem Eldem. On répète symboliquement l’acte de conquête. »

Tiraillée entre l’Occident et l’Orient, le christianisme et l’islam, le politique et le religieux, Sainte-Sophie apparaît finalement comme la métaphore des rapports souvent tumultueux entre l’Europe et l’Asie, à l’exacte jonction desquelles elle se situe.

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13 juillet 2020

C'est l'été...

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Photo prise dans un magasin à Carnac

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13 juillet 2020

SNCF - Auray - Le pôle d’échanges multimodal prend forme

Le projet

« Ça avance bien », note d’emblée Claire Masson, maire d’Auray. Le projet de Pôle d’échanges multimodal (PEM) revêt une importance majeure pour l’intercommunalité Aqta, qui finance une grande partie des travaux. Leurs effets directs sont déjà notables pour les voyageurs et les habitants.

Le parking « longue durée » a ouvert hier

Prévu pour répondre aux besoins liés à l’ouverture prochaine de la nouvelle gare, le parking « longue durée » est ouvert depuis hier. Il peut accueillir un total de 124 véhicules. Une capacité doublée par rapport à l’ancien parking. « Le parking va offrir un maximum de places avant de pouvoir continuer les travaux », affirme Fabrice Robelet, maire de Brec’h et vice-président délégué d’Aqta aux transports et chargé du PEM. Il est pour le moment gratuit, et sa gestion sera confiée à Effia, filiale de la SNCF.

À ces nouveaux emplacements s’ajoutent les 85 places actuelles du parking provisoire. Concernant le parking dédié aux courtes durées de stationnement, d’une capacité de 64 places, les travaux d’aménagement vont désormais débuter. Il doit être opérationnel d’ici six mois. « Un abri à vélo sécurisé, avec des arceaux », jouxtera ce parking central, souligne Mikael Mahé, chef de projet du PEM.

Des badges pour les résidents ?

Principale question des riverains de la gare : pourront-ils se garer gratuitement ? « Il est prévu de réglementer le secteur de la gare en zones bleues, avec des badges pour les résidents », répond Mikael Mahé. Ces badges, ou cartes, permettront de stationner sa voiture sans coût. La délimitation de la zone concernée « doit encore être discutée », note Claire Masson.

Espace multimodalité au nord

Les travaux se poursuivent aussi au nord de la voie ferrée. Déconstruit en début d’année, le bâtiment de l’ancien Gamm Vert laisse progressivement place à un nouveau parking « longue durée », cette fois de 173 places. La phase de terrassement a débuté en mai et les travaux doivent prendre fin d’ici janvier 2021. Des espaces dédiés aux cars, taxis et deux roues seront ensuite aménagés pour rendre opérationnelle la multimodalité sur le site.

Ouverture en mai 2021 pour la nouvelle gare

Bien visibles, la charpente et les structures métalliques donnent déjà de l’allure au futur bâtiment voyageur. L’ouvrage devrait ouvrir au public d’ici mai 2021. Il doit permettre d’accueillir de nouveaux passagers, que ce soit les touristes ou les riverains, avec l’ambition de doubler le chiffre de 770 000 voyageurs annuels dans la commune.

« Les gens vont peut-être se rendre compte que s’arrêter à Auray, et non pas à Lorient, sera aussi bien », suggère Fabrice Robelet. À noter que les différents travaux seront interrompus à partir du 8 août, et ce pour deux semaines.

Pose de la passerelle en septembre

Le premier tronçon de la passerelle avait été posé en janvier dernier. Les deux suivants le seront avant septembre, date initialement prévue. « On a eu un peu la trouille pendant le confinement que ce soit reporté, mais la passerelle est bien là », confirme Fabrice Robelet. Les deuxième et troisième parties de l’édifice ont été assemblées en mai dernier.

Clément AUBRY.

13 juillet 2020

Laetitia Casta

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13 juillet 2020

Région d'Auray - Petits et grands ont rendez-vous dans les dix-neuf sites religieux à visiter

Forts de ses 27 000 visiteurs l’an passé, l’opération Détour d’art fête sa quatorzième édition cette année. Le principe est simple : découvrir le patrimoine religieux sous un regard neuf. Les mesures sanitaires seront adaptées au contexte actuel, ce qui n’empêche pas de découvrir ou redécouvrir les différents édifices.

Pour tous les goûts

Les visites des monuments sont divisées cette année en quatre catégories distinctes pour s’adapter à tout type de public. Les passionnés d’histoire trouveront par exemple leur compte dans les « Grands lieux d’histoire », les épris d’architecture découvriront eux les chapelles répertoriées dans la thématique « Du style au fil du temps ». Enfin les amateurs d’arts ou de contes et légendes pencheront pour les thèmes « Art sacré et sacrés décors » et « Rendez-vous en terre insolite ».

Des sorties nature

Principale nouveauté cette année, les naturophiles et autres randonneurs seront aussi à la fête. Rien n’oblige les visiteurs à se cantonner aux seuls monuments sacrés proposés. Des parcours de randonnées, à pied ou à vélo, sont recensés permettant de découvrir les édifices religieux par la marche, au milieu des paysages calmes et verdoyants du pays d’Auray. Il faudra compter une dizaine de kilomètres pour les parcours de randonnée, contre une vingtaine de kilomètres en moyenne à vélo.

Des animations pour les enfants

Les plus jeunes ne sont pas laissés pour compte. Eux aussi pourront découvrir l’histoire des différentes chapelles du pays d’Auray à travers des jeux de pistes. Les défis mettront leur sens de l’observation et de déduction à l’épreuve pour collectionner les « Clés du temps ». Quatre jeux sont proposés sur les sites de Sainte-Anne-d’Auray, Plumergat, Pluneret et Ploërmel. La pochette de jeux est proposée au tarif de 3 € dans les offices de tourisme.

Découvrir le patrimoine en musique

Plus que de simples lieux de visite et de recueillement, les chapelles accueilleront des concerts entre leurs murs à des dates ponctuelles à Sainte-Anne-d’Auray et Pluvigner. En association avec l’Académie de musique et d’arts sacrés de Sainte-Anne-d’Auray, culture bretonne, chants populaires ou encore musiques d’époque sont mis à l’honneur. Les dates des concerts sont consultables sur le site du festival.

Visites gratuites

En dehors des visites guidées orchestrées par une guide, tout est gratuit. Dix-neuf sites, parfois méconnus, sont à découvrir cet été. Une offre un peu plus restreinte qu’à l’accoutumée pour assurer la bonne tenue de l’accueil et la sécurité sanitaire des visiteurs. Les dix communes mobilisées disposeront de bénévoles, souvent des habitants du village, pour narrer le récit des édifices religieux et transmettre leur savoir aux curieux.

Clément AUBRY.

Jusqu’au 20 septembre. Renseignements et contacts : www.detourdart.com

13 juillet 2020

Jeune femme au ballon - j'aime beaucoup

jeune fille ballon

13 juillet 2020

Coronavirus

Coronavirus : une éradication est “très peu probable”, prévient l’OMS. “Dans la situation actuelle” – 556 000 morts pour plus de 12,3 millions de cas ont été recensés dans le monde –, il est “très peu probable” que le coronavirus puisse être éradiqué de sitôt, a estimé vendredi dernier un responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cité par CNN. “Il y a des environnements très particuliers dans lesquels cela peut se produire – les États insulaires et d’autres endroits – mais même eux risquent une réimportation”, a déclaré le docteur Mike Ryan, directeur exécutif du Programme des urgences sanitaires de l’OMS, lors d’une réunion à Genève. Toutefois, la pandémie de Covid-19 “peut encore être ramenée sous contrôle”, a dit le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, pour qui “seule une action agressive combinée à une unité nationale et une solidarité mondiale peut renverser la trajectoire”.

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