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Jours tranquilles à Paris

25 octobre 2020

Strasbourg privée de son marché de Noël

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Le coronavirus aura finalement eu raison de ce que le terrorisme n’avait pas réussi à abattre : Strasbourg n’aura pas de marché de Noël cette année. C’est un centre-ville illuminé, agrémenté de l’un des plus hauts sapins de Noël d’Europe, mais privé de ses stands de décoration et de l’odeur du vin chaud, que découvriront les visiteurs.

Ces derniers sont d’ores et déjà moins nombreux depuis que l’Allemagne a classé l’Alsace en zone rouge, obligeant ses ressortissants de retour d’un séjour dans la région à s’isoler en attendant leur dépistage. Sur les bateaux à passagers comme dans les rues de la capitale alsacienne, les touristes allemands ont ainsi disparu en l’espace d’un week-end. Et cela ne devrait pas s’arranger alors que les deux départements alsaciens seront soumis à un couvre-feu à partir de samedi. Depuis plusieurs semaines, l’annulation de cette manifestation était envisagée avec angoisse, tant par les commerçants et forains que par les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie-restauration, déjà mis à mal par le report à Bruxelles des sessions du Parlement européen.

Environ 2 millions de personnes fréquentent le marché de Noël chaque année. « C’est le seul moment de l’année où l’on peut lutter contre le littoral », note Patrice Geny, directeur de l’office de tourisme de Strasbourg. Son impact économique global est évalué à 250 millions d’euros, selon les derniers chiffres disponibles, qui datent de 2012. « On réalise 15 % de notre chiffre d’affaires durant cette période », précise Pierre Siegel, président de la branche hôtellerie de l’UMIH Strasbourg, qui représente 15 000 salariés et regrette une absence de concertation de la part de la ville.

Prendre les devants

« En septembre, la Foire européenne n’a réalisé que 10  % à 20 % du chiffre d’affaires normal. Pour le marché de Noël, on peut s’attendre à pire », explique la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian. En annonçant, jeudi 22 octobre, l’organisation d’une « manifestation sans chalets » depuis le salon doré de l’hôtel de ville, cette dernière a clairement voulu prendre les devants face à une décision de la préfecture annoncée pour la fin du mois. La ville va maintenant tenter d’accompagner au mieux les acteurs du marché de Noël. Certains commerçants pourraient être intégrés aux marchés alimentaires « classiques » que la ville souhaite maintenir. Un travail sera aussi réalisé avec les restaurateurs. D’autres solutions doivent être trouvées pour les associations qui, chaque année, animaient le « village du partage » ainsi que le marché de Noël « off ». Quant au dispositif d’aide d’urgence, davantage du ressort de l’Eurométropole, Mme Barseghian compte sur le soutien de l’ensemble des collectivités, ainsi que de l’Etat.

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25 octobre 2020

Théâtre

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25 octobre 2020

Traceurs GPS : les enfants en liberté trop surveillée ?

Par Maïté Darnault, correspondante à Lyon — Libération

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(Photo Steven Robinson Pictures. Getty Images. Montage Libération)

Pour se rassurer, un nombre croissant de parents sont tentés d’équiper leurs rejetons d’objets connectés, qui promettent davantage d’indépendance et de sécurité mais soulèvent des questions d’éthique et d’épanouissement.

Autonomie : du grec autos («soi-même») et nomos («la loi, la règle»). Soit se gouverner soi-même, en étant relié à un environnement plus vaste. Concrètement, quand Pim, 8 ans, ne maîtrise pas encore le grec ancien mais aspire à se passer d’escorte pour ses allers-retours quotidiens, comment repenser l’agenda familial, qui ressemble à une carte d’aiguilleur du ciel sous amphètes ? La vérité est moche comme un slip échoué à 10 centimètres du panier à linge sale : on en cause entre «mamans». C’est un fait, la charge mentale de l’autonomisation, qui sous-tend la sécurisation (fantasmée ou non) des enfants dans l’espace public, incombe en majorité aux mères. Et parmi les tuyaux que se refilent ces logisticiennes du périscolaire, il y a le traceur GPS. Mouchard ou outil éducatif ? Quand on découvre l’existence de ces objets connectés, on peut ricaner face à la danse du ventre marketing des développeurs qui les commercialisent. On tente aussi d’échapper à l’équipement (trop) précoce en smartphone, sésame ô combien culpabilisant vers l’hydre numérique. Juré craché, Pim n’aura pas son portable avant le collège (où c’est interdit depuis 2018), voire le lycée - pour les plus audacieux. Et on se désole de la marginalisation croissante des enfants dans l’espace public, qu’on tend à circonscrire à des espaces dédiés, comme les parcs.

La technologie peut-elle aider à lutter contre ce rétrécissement ? Il existe des boîtiers (à partir de 50 euros, plus un forfait mensuel autour de 5 euros), à placer dans un cartable, qui émettent un signal GPS permettant aux parents de localiser, via une application, l’enfant en temps réel.

Marie (1), 37 ans, habite un village de l’Ain. Cette psychomotricienne ne voit «pas l’intérêt pour des préados d’avoir un téléphone», mais souhaite que les plus âgés de ses quatre garçons puissent se rendre seuls à l’école. L’un, 11 ans, parcourt 2 km en trottinette avant et après son trajet en bus. Le second, 13 ans, a 10 km aller-retour à faire à vélo. A la rentrée, Marie les a équipés d’un boîtier GPS doté de boutons enclenchant un appel vers des numéros définis ou l’envoi de SMS préenregistrés. La balise peut aussi être paramétrée pour expédier des notifications quand l’enfant quitte et atteint un lieu précis, ou sort d’une zone donnée. «Je me suis interdit de mettre ces alertes, l’idée d’espionner ton petit est gênante et c’est anxiogène d’attendre de les recevoir», considère Marie, qui n’aime pas le terme de «traceur». «Je ne l’ai pas acheté dans cette optique, c’est plus : "Si tu tombes à vélo, tu te trompes de bus ou qu’il ne passe pas, tu peux me prévenir." Et c’est accompagné d’un discours : "Si tu as besoin de quelque chose, tu peux aussi demander à une dame dans la rue."»

«Une bouée de sauvetage»

Marie reconnaît que «si tu es anxieux, ça peut vite devenir une drogue, tu es toujours tenté de regarder où ils sont». Pour l’heure, elle considère que ça lui «ouvre des options» : «Maintenant, je les laisserai plus aller explorer la forêt à vélo pendant trois heures.» Même sentiment pour Claire, sa belle-sœur, la première de la famille à avoir franchi le pas : «Ça m’enlève le truc de devoir être tout le temps avec eux, ça me donne de la liberté, mais je suis consciente du risque de tomber dans l’abus, ça doit rester un outil de prévention.» Il y a deux ans, elle a acheté un boîtier pour sa fille, 8 ans aujourd’hui, qui traverse seule un parc en trottinette pour aller en classe.

Employée dans la finance, Claire vit en Suisse romande, à Lausanne, ville tranquille de 140 000 habitants. Le matin, elle vérifie à distance si sa fille est bien arrivée à l’école. A l’heure de la sortie, la fonction d’appel permet, selon elle, de «diminuer la panique» : «Ma fille est un peu anxieuse, le trottoir se vide vite le soir et si j’ai cinq minutes de retard, ça lui donne une action à faire, plutôt que de se mettre à pleurer, de perdre ses moyens, c’est comme une bouée de sauvetage.» Dont sa fille peut «décider», dit-elle, de se saisir : «Je ne peux pas l’appeler, c’est à elle de prendre l’initiative.» Si la quadra parle des «dangers de la rue» à ses enfants, elle n’en fait pas non plus une «obsession».

Céline (1), 34 ans, la sœur de Marie, est curieuse de l’expérience de ses neveux, mais reste «pas du tout à l’aise de donner tout petits, à [ses] enfants, l’habitude qu’on trace leurs données». Formatrice linguistique, elle vit à Grenoble (160 000 habitants), où la circulation l’inquiète plus que les «mauvaises rencontres». Son aîné, 10 ans, se déplace seul entre le conservatoire, la bibliothèque et le supermarché d’à côté. Le cadet, 8 ans, va chez l’orthophoniste en solo. «J’ai envie qu’ils aient plus d’autonomie et ils sont très demandeurs, mais on se limite à des trajets très courts, je n’ai pas encore trouvé la bonne solution», estime-t-elle. Elle envisage d’acheter un téléphone portable, sans Internet, pour le plus grand. Reste, dit-elle, un «certain jugement de la part des autres», voisins, parents d’élèves, pour qui «ça ne paraît pas normal de voir un enfant seul en ville» : «Il y a l’idée que tu lui fais courir un risque.» Or «accepter le risque» fonde le processus d’autonomisation, souligne Claire Balleys, sociologue de la communication et des médias à la Haute Ecole de travail social de Genève : «La confiance nécessite une mise en vulnérabilité. La géolocalisation peut transmettre un message problématique à l’enfant : si seuls ses parents peuvent l’aider, cela signifie que toutes les autres personnes, dans l’espace public, représentent un danger. Plus tard, les ados, pour se construire, ont besoin de parenthèses de sociabilité où ils sortent de leur rôle d’enfant.» Et le fait de les rappeler constamment à ce statut entrave leur pouvoir d’agir.

Hormis les boîtiers GPS, on trouve en ligne des tas de vidéos vantant des montres connectées «débutantes», au design hypergenré (rose et rond pour les filles, bleu et plus carré pour les garçons), disponibles à partir de 40 euros. Elles proposent l’activation à distance par les parents d’un micro, captant les sons proches de l’enfant, sans que celui-ci en soit forcément informé. «Ces gadgets vont à l’encontre du projet parental éducatif, dont le but est de rendre l’enfant autonome, s’indigne la psychologue Sabine Duflo, spécialiste des usages numériques. Nous vivons certes dans une société anxiogène, mais les enfants doivent apprendre à se séparer sans être inquiets.»

Repères

Le plus beau cadeau pour Pim serait donc d’abord un accompagnement éclairé : faire le chemin une première fois ensemble, en prenant des repères, négatifs (ce passage piéton où les voitures ne s’arrêtent jamais), positifs (ce large trottoir protégé), en désignant des alliés (tels voisins, les commerçants du quartier). Et en prêtant une oreille attentive au retour d’expérience de l’enfant.

Benoît Grunemwald, expert en cybersécurité chez Eset France, pointe l’autre enjeu de ces objets connectés, lié à la collecte des données personnelles : «Il faut prendre conscience qu’un tiers va accéder à ces informations sur la position de l’enfant. Les parents doivent s’assurer de protéger leur compte avec une authentification de qualité et peuvent se demander où sont stockées les données, sur quel serveur, dans quel pays. Car on peut imaginer que le système se retourne contre leur intention première.» Le péril n’est pas nécessairement au coin de la rue, en somme.

(1)     Le prénom a été modifié.

25 octobre 2020

Gif animé

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25 octobre 2020

Plouharnel

La quatrième édition de l’exposition « Plouharnel en Arts », inscrite au programme du festival « Un Automne autrement », débute ce mercredi. Quatorze artistes peintres, sculpteurs et photographes d’art, venus de Plouharnel, Carnac, Saint-Pierre-Quiberon, Etel, Plougoumelen et Ploeren viennent présenter le fruit de leur travail dans les trois salles, dont une pour grands formats, à l’Espace culturel jusqu’au1er novembre. L’occasion de découvrir la richesse de l’univers artistique du territoire souvent méconnu.Pratique : tous les jours de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 h 30. Entrée libre. Masque obligatoire.

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25 octobre 2020

Covid-19 : quelles mesures sanitaires s’appliquent en Bretagne ?

Entre les décisions prises par le gouvernement, celles édictées par les préfets et les initiatives des maires pour protéger leurs administrés de la contamination à la covid-19, il n’est pas évident de s’y retrouver.

1 Port du masque en ville

Le port du masque devient obligatoire dans de plus en plus de villes. Parfois uniquement dans le centre, comme dans le Finistère à Morlaix, Concarneau, Landerneau et Carhaix. Parfois, l’obligation s’étend à l’ensemble de la communauté de communes, comme en Ille-et-Vilaine à Rennes, Couesnon-Marches-de-Bretagne, Fougères, Vitré, Châteaugiron et Saint-Méen-le-Grand, ou dans le Finistère, à Brest.

Dans le Morbihan, le port du masque est, pour le moment, obligatoire dans un rayon de 100 m autour de chaque école, mais aussi des gares routières, ferroviaires et maritimes.

Enfin, plusieurs villes et villages ont rendu le port du masque obligatoire dans la rue. C’est le cas dans le Finistère à Plouzané et Guilers, Quimperlé, Plougastel-Daoulas, Pont-l’Abbé, Fouesnant, Landivisiau, Lesneven, Le Folgoët, Plabennec, Douarnenez, Tréboul, Roscoff et l’île de Batz, Saint-Marine et Roudouallec.

Dans les Côtes-d’Armor, la prefecture a étendu le port du masque en journée à de nombreuses communes, samedi 24 octobre. Il est donc obligatoire à Saint-Brieuc, Plérin, Trégueux, Langueux, Lamballe-Armor, Loudéac, Perros-Guirec, Saint-Briac-sur-Mer, Saint-Lunaire, Dinan et Saint-Jouan. Le masque est obligatoire le vendredi, samedi et dimanche, de 9 h à 23 h 30 à Saint-Quay-Portrieux, Pordric, Saint-Cast-le-Guido, Binic, Trégastel, et Tréguier. Et toute la journée, tous les jours, à Bréhat, Pléneuf, Paimpol, Erquy et Plouha.

Cancale (35) est également concernée.

Et le masque reste obligatoire sur les marchés dans toute la Bretagne.

2 Fermeture des bars et des restaurants

La mesure a provoqué la colère des professionnels du secteur : les bars sont désormais fermés en journée dans toute l’Ille-et-Vilaine, et non plus uniquement lors du couvre-feu. Les restaurants restent ouverts jusqu’à 21 h, mais les hôtels pourront continuer à servir leurs clients, en « room service », après 21 h.

Sur toute la côte d’Émeraude, y compris dans la partie des Côtes-d’Armor, les bars doivent fermer à partir de 23 h, de Saint-Briac-sur-Mer à Cancale. Même mesure à Saint-Brieuc.

La fermeture des bars, dans le Finistère est obligatoire dès minuit à Brest et Quimper.

Et, comme dans le reste du pays, les restaurants ne peuvent plus accueillir plus de six personnes à la même table.

3 Autres mesures

En Ille-et-Vilaine, les salles de sport, les piscines et les gymnases sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Dans le Morbihan, ce sont les plages et les sentiers littoraux dont l’accès est interdit de 21 h à 6 h. Les établissements recevant du public (ERP) de Plérin (22) sont fermés en raison de la découverte d’un cluster au sein du club de foot.

25 octobre 2020

Vu sur internet

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25 octobre 2020

Vacances de la Toussaint : la Bretagne fait le plein

La Bretagne arrive en tête des destinations régionales des camping-caristes sur la période octobre-décembre 2020.

De très nombreux Français ont choisi comme destination la Bretagne pour leurs vacances de la Toussaint. Pour échapper au couvre-feu et pour prendre un grand bol d’air frais, avant d’affronter l’hiver.

Le week-end dernier, il fallait prendre son mal en patience pour passer le péage autoroutier de La Gravelle, à l’est de Rennes, dans le sens Paris-Bretagne. Les voitures étaient pare-chocs contre pare-chocs, à l’approche des barrières. C’est une évidence, les habitants de la région parisienne, et d’autres grandes métropoles, ont fui en masse leur domicile pour se libérer du couvre-feu qui leur impose de se claquemurer chez eux, dès 21 h. Ce qui restreint considérablement leur liberté de mouvement en cette période de vacances qui, normalement, rime avec liberté.

Selon les professionnels du secteur, c’est le littoral qui serait le grand gagnant de cette Toussaint 2020. La covid-19, et les contraintes qu’impose la crise sanitaire, aurait freiné considérablement le tourisme urbain qui, d’habitude, fonctionne à plein de l’automne au printemps.

Le Finistère en tête des départements français

Selon une étude, réalisée par le site de location de logements de particuliers à particuliers Abritel, le Finistère caracole en tête des départements français les plus recherchés pour les vacances de la Toussaint. Le Morbihan arrive en troisième position, derrière la Charente-Maritime.

Les Côtes-d’Armor et l’Ille-et-Vilaine se placent, eux, en onzième et treizième positions. Comparé à la Toussaint 2019, la Bretagne a gagné des points : cette année-là, le Finistère était arrivé en quatrième position, le Morbihan en sixième et les Côtes-d’Armor en treizième.

Un autre baromètre intéressant à prendre en compte est celui des intentions de nuitées des camping-caristes français et belges (sur la période octobre-décembre 2020). Selon les projections de camping-car Park, réseau d’aires d’étapes et de services, la Bretagne arrive en tête des destinations régionales. Elle devrait accueillir, au cours de ce trimestre, 17,6 % des camping-caristes français, soit environ 527 000 nuits. Suivent la Nouvelle Aquitaine (17,3 %) et l’Occitanie (13,5 %).

Dans notre région, c’est le Morbihan qui arrive en tête des intentions de séjours (31 %) suivi du Finistère (28 %), des Côtes-d’Armor (22 %) et enfin de l’Ille-et-Vilaine (19 %).

Grands espaces et évasion

À l’office de tourisme de Perros-Guirec (22), Didier Alno, directeur, estime que le niveau de fréquentation est bon. « Difficile de comparer avec les années précédentes car on doit faire sans la clientèle étrangère. Mais, depuis samedi dernier, on accueille beaucoup de familles de toute la France, à la recherche de grands espaces et d’évasion. Des gens qui, pour la plupart, ont quitté la ville pour quelques jours. Les excursions en mer pour les Sept Îles font le plein, comme les visites thématiques que nous proposons. On ressent chez ces personnes une réelle envie de découvrir, de se vider la tête. » Et de prendre un grand bol d’air sans porter le masque.

Dans ce secteur, tous les campings sont fermés. Les touristes sont donc hébergés dans des gîtes, des locations mais aussi à l’hôtel. « Les professionnels me disent que ça n’est pas facile à gérer. Les gens réservent à la dernière minute et ont du mal à se projeter. »

Sur la côte morbihannaise, aussi, on se réjouit de la fréquentation. « La seconde semaine des vacances s’annonce meilleure que la première. Il y a beaucoup de primo-visiteurs annoncent les professionnels interrogés. Des gens susceptibles de revenir. » Dans les offices, les demandes d’information portent souvent sur la situation sanitaire mais aussi sur les dégâts causés par la dernière tempête qui semble avoir marqué les esprits.

25 octobre 2020

Couvre-feu

couvre feu 21 h

25 octobre 2020

Covid-19 : pourquoi le roman "1984" de George Orwell est-il si souvent cité pour critiquer les mesures sanitaires ?

1984

Article rédigé par Elise Lambert - France Télévisions

Après l'instauration d'un couvre-feu dans plusieurs métropoles françaises, une fausse citation du roman d'anticipation a circulé sur les réseaux sociaux.

Novlangue", "Big Brother", "double-pensée"… Quand Emmanuel Macron a annoncé l'instauration d'un couvre-feu dans neuf métropoles, jeudi 15 octobre, plusieurs personnalités françaises et anonymes ont brandi des références au roman 1984 de George Orwell. Tout autour du monde, dans des manifestations, l'écrivain britannique et son œuvre la plus célèbre sont devenus le symbole de l'opposition aux réponses gouvernementales à l'épidémie de Covid-19.

Selon ceux qui y font référence, la pandémie a conduit certains Etats à agir comme le "Big Brother" du roman dystopique, cachant la vérité, restreignant les libertés et utilisant la force pour empêcher les populations de réagir. Ces comparaisons sont-elles vraiment pertinentes ?

Une satire, pas une prophétie

Retour en 1948. Lorsque George Orwell écrit son roman d'anticipation, la Guerre froide divise le monde en deux blocs : les Etats-Unis et leurs alliés de l'Ouest, contre l'URSS et ses Etats satellites. Dans ce contexte, l'écrivain imagine Océania, un immense pays qu'il plonge dans un futur proche, en 1984 (84 étant obtenu en inversant les chiffres de 48), et qu'il confie à un régime totalitaire. L'Etat, via le Parti, surveille ses habitants, leurs pensées et leurs actes, tandis que des messages de propagande sont diffusés en continu dans les rues et jusque dans les maisons. Winston Smith, le personnage principal, est employé du ministère de la Vérité, où il est chargé de réécrire l'histoire afin de propager le récit des autorités.

"Lorsque George Orwell écrit ce roman, il décrit ce qu'il voit et ce qu'il ressent du monde à son époque", contextualise Philippe Jaworski, professeur émérite de littérature américaine à l'université Paris-Diderot, éditeur et traducteur de l'œuvre de George Orwell pour la Pléiade. Quand il observe ce qui se passe en URSS, le Britannique voit "la dictature stalinienne, la réduction en esclavage des individus, l'interdiction de la liberté d'expression, la torture, la rééducation des esprits..." Aucune volonté de prédiction dans son texte : George Orwell "n'est pas un prophète, c'est un pamphlétaire. Il écrit '1984' parce qu'il est scandalisé par la terreur stalinienne".

"'1984' est un roman politique, une satire qui pousse au maximum la logique du stalinisme."

Philippe Jaworski à franceinfo

George Orwell s'inspire également de la guerre civile espagnole (1936-1939), où il a combattu, auprès du Parti ouvrier d'unification marxiste (Poum). A son retour en Angleterre, il constate que "le Parti communiste espagnol, sur ordre de Staline, a fait exécuter les anarchistes et leurs alliés du Poum et l'a caché en dictant des mensonges à la presse anglaise, via les partis de gauche anglais", explique Kevin Boucaud-Victoire, journaliste et auteur de George Orwell : écrivain des gens ordinaires (2018).

Tout au long de 1984, George Orwell décrit le type de société qui pourrait advenir si ces pratiques devenaient la norme. "Pour lui, cette mentalité gagne plus facilement les classes sociales cultivées et les experts que les gens ordinaires", relève l'éditeur Thierry Discepolo, préfacier d'une traduction de 1984 à paraître. Orwell a observé lui-même cette tendance "dans les années 1930, au sein de l'élite intellectuelle anglaise, de gauche comme de droite". "Dans '1984', il imagine à quoi pourrait ressembler un monde où toute pensée serait réellement l'expression de l'idéologie de la classe dominante."

Dominer par le langage et la surveillance

Parmi les méthodes du Parti pour renforcer son pouvoir et contrôler les esprits, il y a le "novlangue" ("newspeak" dans la version originale du roman), qui remplace l'anglais standard (oldspeak). Le "novlangue" occupe une fonction précise : appauvrir la langue pour empêcher toute pensée critique, toute opposition, d'être formulée, dite ou écrite. "Nous détruisons chaque jour des mots, des vingtaines de mots, des centaines de mots. Nous taillons le langage jusqu'à l'os", explique le personnage Syme, chargé d'écrire la onzième édition du dictionnaire novlangue.

"Pour Orwell, la déshumanisation passe par la perte du langage, qui est constitutif de l'espèce humaine", analyse la romancière et essayiste Isabelle Jarry, autrice de George Orwell : 100 ans d'anticipation. Dans 1984, la langue est même "considérée comme l'outil le plus efficace de domination, mais aussi de privation de liberté". Le "novlangue" produit un autre concept : la "double-pensée", qui permet de soutenir simultanément deux idées contradictoires. En témoignent les slogans du "ministère de la Vérité" : "La guerre, c'est la paix", "La liberté, c'est l'esclavage", "L'ignorance, c'est la force".

Inspiré par les techniques de surveillance de l'URSS, George Orwell imagine "Big Brother", chef du Parti, représenté par un homme portant une moustache noire. Son visage au regard fixe est présent sur toutes les affiches de propagande, sur les écrans à l'intérieur des foyers, avec toujours la même mise en garde : "Big Brother vous regarde." Ce chef totalitaire interdit tout plaisir, toute liberté, toute relation amoureuse et ne s'en cache pas. "Nous abolirons l'orgasme (...) Il n'y aura plus de loyauté qu'envers le Parti, il n'y aura plus d'amour que l'amour éprouvé pour Big Brother. Il n'y aura plus de rire que le rire de triomphe provoqué par la défaite d'un ennemi. Il n'y aura ni art, ni littérature, ni science", explique O'Brien, membre du "Parti", à Winston Smith.

"On l'utilise comme un clin d'œil"

Surveillance, privation de libertés, pouvoir totalitaire… Les thèmes développés dans 1984 résonnent, pour certains, avec le monde à l'ère du Covid-19. Sur Google, les recherches liées à 1984 avaient déjà explosé après l'annonce du confinement, le 16 mars. Sur les réseaux sociaux, la maladie est désormais rebaptisée d'un hashtag #Covid1984. "Les chiffres sont faux, les tests sont des conneries et les masques ne fonctionnent pas, résister #Covid1984", écrit une internaute sur Twitter. "Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage, quand on veut tuer l'économie, on dit qu'il y a le covid #Covid1984", écrit un autre.

"Ce hashtag, on l'utilise comme un clin d'œil pour attirer les gens, pour titiller les cerveaux sur la 'technopolice' qui est en train de s'installer en France", affirme un administrateur du compte Cerveaux non disponibles à franceinfo. Pour lui, "sous prétexte de sécurité ou de santé, on va mettre en place des mécanismes de surveillance – attestation, traçage –, de punition, de contrôle de nos vies. C'est l'accumulation de ces mesures et la manière de les appliquer qui sont problématiques."

"Quand on utilise #Covid1984, c'est au-delà de l'œuvre en elle-même. C'est tout ce qu'elle représente dans l'inconscient collectif : la réduction de nos libertés."

un administrateur de "Cerveaux non disponibles" à franceinfo

Les personnalités politiques ne sont pas en reste. Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a partagé une fausse citation du roman d'Orwell, avant de la supprimer : "En-dehors du travail, tout sera interdit. Marcher dans les rues, se distraire, chanter, danser…" Olivier Besancenot, ancien candidat du NPA à la présidentielle, a repris un extrait de l'ouvrage, authentique celui-ci : "Dans notre monde, il n'y aura pas d'autres émotions que la crainte, la rage (...) et l'humiliation."

En mai, lors des débats sur l'application StopCovid, le chef de file des élus LR Damien Abad dénonçait un "pas de plus, même prudent" vers une société "orwellienne". Dans une interview au Parisien, l'eurodéputé LREM Stéphane Séjourné mettait à son tour en en garde : "Il est faux de penser que Big Brother peut nous sauver."

Un emblème de la culture populaire

Au-delà de la pandémie, l'ouvrage connaît régulièrement des pics de recherches ou de popularité. En 2017, après l'investiture de Donald Trump, les ventes de 1984 ont bondi sur Amazon, rappelle Le Figaro. Pour protester contre cette élection et un gouvernement "qui construit ses propres faits", quelque 200 cinémas à travers le monde ont projeté le film 1984 de Michael Radford (sorti en 1984).

"Ce roman est entré dans la culture populaire, c'est un phénomène assez exceptionnel que je ne suis pas sûr de comprendre, admet Philippe Jaworski. Ce qui me surprend le plus, c'est que lorsque le roman est sorti en 1949, les gens réagissaient exactement comme aujourd'hui ! Ils avaient le sentiment d'avoir en face d'eux quelque chose de terrifiant à venir." Pourtant, le contexte de l'écriture de 1984 n'a rien à voir avec celui d'aujourd'hui.

"Pour lui, les dictatures les plus redoutables sont politiques. Mais aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a d'autres pouvoirs qui peuvent contrôler nos vies, nos pensées, qui sont technologiques, ou financiers, comme les Gafa. George Orwell n'avait pas du tout pensé à ça, assure Philippe Jaworski. Il était terriblement tributaire de son temps. Il n'avait pas l'imagination pour se projeter dans des techniques de surveillance plus sophistiquées ou mondialisées."

Toute allusion à une pandémie mondiale est également absente de 1984. "On a peut-être des points communs, comme les restrictions de liberté : fermeture des salles de sport, fin des sorties, la question des données avec StopCovid… Mais on est loin de vivre sous Big Brother, on n'est pas dans un régime de destruction de la vérité, de contrôle de la pensée", nuance Kevin Boucaud-Victoire, qui estime que l'auteur britannique, étudié à l'école, connu de tous, est plutôt devenu une sorte d'argument d'autorité pour dénoncer des abus de pouvoir.

"Les images utilisées dans '1984' sont si fortes qu'elles imprègnent notre imaginaire, notre inconscient collectif au-delà de l'œuvre. C'est ça, la force de la littérature."

Isabelle Jarry, romancière à franceinfo

Dans l'appendice de 1984, George Orwell laisse deviner, en parlant d'Océania et du "novlangue" au passé, qu'en fin de compte, le régime a échoué. "Il n'explique pas comment, il ne donne pas de réponse", raconte Philippe Jaworski. Au contraire même, l'écrivain appelle les lecteurs "à trouver les moyens de résistance avec une question : 'Pourquoi acceptez-vous ce qui vous paraît inacceptable ?'" Une interrogation "finalement intemporelle", pour Philippe Jaworski.

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