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Jours tranquilles à Paris

24 octobre 2020

Crêpe et crêperie

crepe

creperie

Photos : Noémie

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24 octobre 2020

Conflans : comment le terroriste a cherché d’autres cibles sur les réseaux sociaux, avant Samuel Paty

Par Arthur Carpentier, Nicolas Chapuis, Elise Vincent - Le Monde

« Le Monde » a consulté les échanges d’Abdouallakh Anzorov, entre le 25 septembre et le 5 octobre, avec des profils partageant sa vision extrémiste de l’islam. Il tentait de se procurer les adresses de personnes ayant, selon lui, insulté l’islam.

A trois reprises avant l’assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), Abdouallakh Abouzezidovtch Anzorov, le terroriste, a cherché à se procurer les adresses de personnes ayant, selon lui, insulté l’islam ou les musulmans sur les réseaux sociaux. Des polémiques de collégiens et de lycéens, comme il en existe tous les jours sur ces plateformes, qui aboutissent au lynchage d’une personne par des milliers de comptes, mais qui, dans le cas du djihadiste d’Evreux, âgé de 18 ans, auraient pu lui fournir la cible qu’il cherchait.

Le Monde a exhumé trois séries de messages, entre le 25 septembre et le 5 octobre, et reconstitué en partie les échanges du terroriste avec des profils de jeunes hommes, souvent d’origine tchétchène, et partageant en tout point sa vision extrémiste de l’islam.

Le premier de ces échanges remonte au 25 septembre, le jour de l’attaque qui s’est déroulée rue Nicolas-Appert, à Paris, devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, et qui a fait deux blessés graves. L’assaillant, un Pakistanais de 25 ans, avait justifié son acte par la republication des caricatures de Mahomet par le journal satirique.

Sur son compte Twitter, son réseau social de prédilection, Abdouallakh Anzorov ne mentionne pas cette attaque. A vrai dire, lui qui est d’ordinaire si prolixe sur tout ce qui touche à l’islam, se montre très prudent dès que ses amis abordent ces thématiques, même s’il ne cache pas vraiment son soutien aux talibans, aux djihadistes du Mali ou à l’organisation Etat islamique (EI).

« C’est quoi son Twitter ? Il habite où ? »

Ce jour-là, Abdouallakh Anzorov est surtout préoccupé par deux choses : la mort d’un homme d’origine tchétchène qu’il connaît à Evreux, abattu à la terrasse d’un café, sur laquelle il s’épanche ; et une séquence parodique qui fait le tour des réseaux sociaux.

En fin de matinée, la vidéo d’un jeune homme en train de faire une fausse prière musulmane, dans laquelle il remplace les paroles par celles d’une chanson du rappeur Jul, a été publiée. Sur Telegram, le compte « Cpasdeslol », extrêmement suivi, a partagé la publication. Elle est vue plus de 70 000 fois. Elle est très relayée sur Twitter, essentiellement par des personnes qui se présentent comme musulmanes et qui s’estiment offensées dans leur foi. Un jeune homme en région parisienne, qui apporte régulièrement son soutien à BarakaCity ou au Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), la partage sur son compte Twitter, assortie de ce commentaire : « Cet individu ce moque ouvertement de l’Islam, mais je vous tease d’avance il va être soutenu par les politiciens, TPMP [Touche pas à mon poste], les extrémistes, donc par pitié ne l’harcelez pas. Et qu’Allah le guide car c’est trop grave la… »

Un jeune homme qui se présente sous le pseudonyme d’Abou Tchétchène, interlocuteur régulier du futur terroriste, commente son message : « Se moquer de la religion pour faire rie des gens, c’est officiellement plu un musulman. » La vidéo parvient par ce canal jusqu’à Abdouallakh Anzorov, qui réagit : « C’est quoi son Twitter ? il habite où ? » Quelques minutes plus tard, il fait une capture d’écran du jeune homme sur la vidéo et poste ce message : « Aidez-moi à le trouver, son adresse, ses coordonnées… etc. » Son ami, Abou Tchétchène l’interroge : « Tu comptes faire quoi ? » « Parlons peu », répond Anzorov.

Un certain « Imran » tente de le dissuader : « Ca sert à rien frère tu vas commettre des péchés pour les péchés des gens, il le payera par dieu ». « Quel péché ? », rétorque le jeune homme. Un autre profil répondant au pseudonyme Barbe Noire, ouvertement salafiste, qui arbore en bannière la photo d’un homme armé d’une Kalachnikov et qui partage le drapeau de l’EI – le compte était toujours actif au moment de l’écriture de cet article –, s’enquiert de la situation :

« Il a fait quoi ?

– Il se moque de la prière, il se moque d’Allah.

– Ok frère, je comprends. »

Des messages qui peuvent presque paraître anodins au milieu des dizaines d’autres qui condamnent la vidéo en des termes parfois violents et menacent son auteur, mais qui prennent une ampleur tout autre avec le passage à l’acte d’Anzorov quelques jours plus tard.

Le 1er octobre, Abdouallakh Anzorov, au gré de ses échanges sur Twitter, souvent très tard dans la nuit, tombe sur une autre polémique. Des captures d’écran d’une conversation sur la messagerie Snapchat circulent sur les réseaux sociaux. On peut y lire des échanges entre Ousmane, qui semble être un collégien, et l’une de ses camarades qui est musulmane. Ousmane assure détenir des photos de la jeune fille non voilée. Il menace de les faire « tourner dans des groupes », si elle n’envoie pas des photos de son sexe : « envoie ta techa bb, sal beurette. » « Wallah wallah wallah tu l’auras pas », répond-elle. « Je men blk [bats les couilles] de ton Allah, tenvoie ou jfais tourner », répond le garçon. La jeune fille fait des captures d’écran de la discussion qui se retrouve sur les réseaux sociaux. 

Dans la foulée, le jeune homme est insulté et menacé par des centaines de comptes. Certains parviennent à récupérer son adresse et son numéro de téléphone. Abdouallakh Anzorov fait partie des internautes qui cherchent des informations. Il fait une capture d’écran du compte Snapchat du jeune homme et poste ce message : « S’il vous plaît les frères (je dis jamais svp) dites moi son adresse, je ferais sincèrement des dou’a (incantations) pour celui qui me la donne. » Le terroriste ne le sait pas mais, en réalité, Ousmane n’est pas le véritable auteur des messages. L’adolescent s’est fait voler l’accès à son compte. Contactée par Le Monde, la personne qui a piraté son profil nous a envoyé en guise de réponse une vidéo de masturbation.

Par la suite, Abdouallakh Anzorov se fait plus discret. Faut-il y voir un mûrissement du passage à l’acte ? Le 5 octobre, il parle à nouveau de se procurer une adresse, sans qu’il soit possible d’identifier la cible, dans un échange avec un certain Hanafi. « J’ai regardé sur Youtube, CHERCHONS son adresse y’a plus de temps à perdre », dit ce dernier. « Ah oui mdrrrr [mort de rire] tavu frère truc de fou », répond le futur assassin. Le dénommé Akchechen s’en mêle pour savoir qui est visé. « Mdrrrr affaire top secrète », répond Abdouallakh Anzorov. Son interlocuteur, Hanafi, avait participé quatre jours plus tôt à la curée autour d’Ousmane, avec ce message évocateur : « On va couper des têtes là, qui vient Fisabilillah [dans le chemin de dieu] avec moi ? »

Le 16 octobre, trois heures après l’attentat revendiqué sur Twitter, le profil d’Hanafi, qui nie tout lien avec l’auteur de l’attaque, est mis sur le grill par une jeune fille. « Tu fais genre ouai je connais pas, tu cherchais l’adresse de qui il y a 10 jours avec lui ? » « J’sais plus du tout c’était y’a 10 jours, mais c’était un truc pour rire sûrement », se défend-il avant d’avancer cette explication : « Mais je ne le connais absolument pas dans la vraie vie, toi même tu dois sûrement avoir des gens avec qui tu parles sur Twitter sans savoir qui ils sont réellement… C’est le danger des réseaux. » Ce sera son dernier message, avant de supprimer son compte, comme la plupart de ceux qui ont été en relation avec le terroriste.

24 octobre 2020

Reportage - Une quarantaine de bâtiments historiques vous accueillent pour « La Nuit des châteaux »

nuit chateaux

Par Laurent Carpentier, Paizay-Naudouin (Charente) - Le Monde

Là où il n’y a pas le couvre-feu, ou parfois en début de soirée, ces sites patrimoniaux ouvrent leurs portes samedi 24 octobre dans tout le territoire.

A l’écart des grandes routes, tout au nord du département de la Charente, au milieu des champs où plane un couple de milans, le château de Saveilles dresse humblement ses pignons de pierre centenaires que percent des croisées à chéneau et des fenêtres à pilastres, ses tours coiffées en poivrières, ses meurtrières moyenâgeuses et ses aménagements Renaissance. Le châtelain en titre, Christian de Mas Latrie, 66 ans, est dans le parc à tondre la pelouse. Samedi soir, il reçoit : il y invite sous la lueur des flambeaux à visiter ce château du XIVe siècle en remontant le temps d’une histoire qui est aussi la sienne.

Le 24 octobre, en effet, c’est la deuxième édition de La Nuit des châteaux. Visite immersive à Blanc Buisson (Eure), Détective Party à Chémery (Loir-et-Cher), dégustation d’hypocras au château de Comborn (Corrèze), feu d’artifice à Jumilhac (Dordogne)… Une centaine de châteaux partout en France devaient ouvrir leurs portes dans une opération séduction qui vise autant à soutenir des monuments gourmands en dépenses d’entretien qu’à sensibiliser au patrimoine. Le chiffre a chuté de moitié avec les annonces du gouvernement face à la pandémie. Et dans quelques endroits, en Indre-et-Loire, dans le Calvados, on est passé de « A la nuit tombée » au plus humble « A la tombée de la nuit. » Reste que les vieilles tours résistent au couvre-feu.

A l’origine de l’événement, il y a Dartagnans, une start-up créée en 2015 pour accompagner les propriétaires de château dans la restauration et la gestion de leur patrimoine. « Apporter notre pierre à l’édifice », résume Romain Delaume, 34 ans, qui a fondé la petite société avec son copain Bastien Goullard. Pas sûr qu’il ait pensé à l’acuité ironique de l’image. Il parle vite en effet – de peur qu’on n’entende pas tout ce qu’il a à raconter : le financement participatif, la billetterie Dartngo, les 500 propriétaires accompagnés, les quinze salariés…

En 2007, les deux jeunes hommes sont à l’ESC Lille (rebaptisée Skema). Lorsqu’ils en sortent, ils passent deux ans à faire des tableaux financiers et des business plans dans des cabinets de conseil avant de décider de « faire quelque chose qui a du sens ». Férus de patrimoine, ils montent alors cette société, sorte de boîte à idées qui cumule savoir-faire marketing et expertise financière, moyennant une commission d’un peu plus de 10 % sur les fonds levés et les billets vendus.

« Ce n’est pas Chambord… »

Le genre d’outil sur lequel notre châtelain de Saveilles ne crache pas, lui qui, malgré l’élégante beauté du lieu posé au milieu de ses douves en eau, ne cumule pas plus de 700 visiteurs par an. « Ce n’est pas Chambord… », confirme en souriant cet ancien haut responsable dans le secteur des ascenseurs, aujourd’hui à la retraite, et qui tente vaille que vaille de maintenir les bâtiments à flot, craignant à chaque tempête que des ardoises s’envolent, chauffant au minimum les vingt-cinq pièces (« Quand il fait 15 °C, je suis content ») et louant quelques gîtes pour tenter de trouver un équilibre économique.

En sept cents ans, le château de ses ancêtres en a vu de toutes les couleurs. Attaqué par des soudards, rehaussé d’un étage à la Renaissance, tombé un temps dans l’escarcelle du maréchal de Turenne qui n’y mit jamais les pieds, utilisé comme ferme lorsque la famille le délaissa pour monter à la cour de Versailles, salons transformés au XIXe siècle en style Louis-Philippe, laissé à vau-l’eau ensuite, jusqu’à ce que de Mas Latrie père décide en 1948 de reprendre en main cette bâtisse où il était né.

« J’en ai gâché du plâtre ici avec mes frères, raconte notre hôte. A l’époque, il n’y avait ni électricité ni eau courante. » Une carpe saute dans la douve. « Si j’ai hérité de cette maison c’est aussi pour la transmettre. A ma descendance, bien sûr mais aussi aux gens qui viennent. Un château, c’est beaucoup de mystères, un témoignage sur l’histoire », explique-t-il en nous emmenant visiter la petite chapelle, construite en 1868, et depuis soigneusement restaurée, où, lorsqu’ils viennent, deux de ses fils, prêtres, aiment à donner la messe.

25 000 ACTIONNAIRES INTERNAUTES (ISSUS DE PLUS DE 115 PAYS) ONT RACHETÉ POUR 1,6 MILLION D’EUROS LE CHÂTEAU DE LA MOTHE-CHANDENIERS

A l’instar du château de Saveilles, ils sont pléthore, ces bâtiments, tels des parchemins de pierre, exposés à l’usure des siècles. « Beaucoup de châteaux sont en vente parce que les propriétaires n’y arrivent pas, constate Christian de Mas Latrie. Qu’un jour ici cela puisse s’arrêter est pour moi un crève-cœur. »

En 2017, au sein de Dartagnans, les jeunes consultants inventeurs de La Nuit des châteaux ont d’ailleurs sauté le pas et racheté pour 1,6 million d’euros le château de la Mothe-Chandeniers (Vienne), au sud de Saumur. Enfin, pas eux, mais 25 000 actionnaires internautes, à raison de 50 euros la participation. Forts de ce succès, en 2019, ils ont fait pareil à Ebaupinay, dans les Deux-Sèvres, et cette année encore, en juillet, ils ont repris une ruine à Vibrac (Charente), à proximité d’Angoulême.

Romain Delaume ne cache pas sa satisfaction : à la veille de l’événement, et malgré le Covid-19 qui a conduit certains à l’abandon, on compte déjà 4 000 réservations pour l’ensemble des événements répertoriés. Au château de Saveilles, à l’écart du temps, on en dénombrait vingt-cinq. « C’est bien », soupire le châtelain en regardant au loin une corneille solitaire.

Tout le programme en France sur www.nuitdeschateaux.com.

24 octobre 2020

Fashion victim

fashion victim

24 octobre 2020

Joe Biden

biden333

Joe Biden promet que le vaccin contre le Covid-19 sera gratuit pour tous. S’il est élu président le 3 novembre prochain, Joe Biden s’est engagé à ce que le vaccin contre le Covid-19 soit gratuit pour tous. Le candidat démocrate à l’élection présidentielle présentait vendredi son plan de lutte contre la pandémie et a déclaré, selon CNN : “Une fois que nous aurons un vaccin sûr et efficace, il devra être gratuit pour tout le monde, que vous ayez une assurance santé ou pas”. Son adversaire, Donald Trump, s’est lui aussi déclaré favorable à la gratuité du vaccin.

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24 octobre 2020

Plantu

dessin samuel plantu futur

24 octobre 2020

Chronique

« Le décalage est vertigineux entre l’étendard de la liberté d’expression brandi par Macron et le quotidien d’enseignants et d’artistes qui s’autocensurent »

Par Michel Guerrin, Rédacteur en chef au « Monde »

Dans sa chronique, Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », est interpellé par le fait que les œuvres récentes qui interrogent les conceptions sociétales des musulmans sont rarissimes, alors qu’il en existe beaucoup qui les brossent en victimes.

Les enseignants comme les artistes sont face au même dilemme. C’est eux face à leur public, que ce soient des élèves en classe, des lecteurs d’un roman, des visiteurs d’un musée, des spectateurs d’un film. Comment leur parler ?

Face au cercueil du professeur Samuel Paty, à la Sorbonne, Emmanuel Macron a brandi l’étendard de la liberté d’expression. Or le décalage est vertigineux avec le rude quotidien d’enseignants et d’artistes, qui, pour éviter les ennuis, par peur aussi, s’autocensurent dans les sujets abordés, les mots prononcés, les images montrées.

Ces derniers vivent ce que disent de multiples sondages : la grande majorité des Français musulmans de moins de 25 ans placent l’islam avant la République. Mais chaque fois que de telles données sont mises sur la table, des voix, surtout à gauche, leur opposent les discriminations économiques et sociales – évidentes – que vivent les jeunes d’origine immigrée. Et souvent elles taxent les auteurs de ces études d’islamophobes.

Ce fut le sort de l’enquête auprès de 7 000 lycéens La Tentation radicale ? (PUF, 2018) pilotée par les sociologues Olivier Galland et Anne Muxel. Le sort du sociologue Hugues Lagrange qui, dès 2010 dans Le Déni des cultures (Seuil), pointait la famille et la religion comme causes du déclassement. Le sort des écrivains algériens Kamel Daoud et Boualem Sansal. Le sort, en 2012, de Sofie Peeters, pour son court-métrage Femme de la rue, dans lequel elle se filme en caméra cachée marchant dans un quartier de Bruxelles où vivent en majorité des musulmans, essuyant les mots « salope » ou « chienne ». Le sort de ceux qui ont pointé une hostilité lors de la minute de silence dans des écoles après la tuerie à Charlie Hebdo. Le sort de la Norvège qui, en 2016, devant l’afflux de migrants, a voulu leur apprendre « les codes culturels européens ».

Trois postures similaires

Toujours est-il que depuis les attentats de 2015 le nombre de festivals, de centres d’art, de théâtres, de cinémas en Europe qui ont annulé ou édulcoré un projet par crainte de heurter les musulmans est effarant. Au point que l’humoriste et comédien Guy Bedos avait pesté : « L’autocensure confine à la lâcheté. » Autre constat : les œuvres récentes qui interrogent les conceptions sociétales des musulmans sont rarissimes alors qu’il en existe des tonnes qui les brossent en victimes.

Comment alors régler un problème qui n’est jamais représenté ? Cette question est justement posée dans une œuvre de 2011 que l’on doit au réputé chorégraphe Lloyd Newson, entre paroles et danse : Can We Talk About This ? « Pouvons-nous parler de ça ? » Pouvons-nous parler des atteintes aux libertés, dont les femmes ou homosexuels sont victimes, qu’imposent des musulmans en Europe ?

Trois postures similaires sont de plus en plus fréquentes : ne pas heurter pour l’artiste, ne pas faire de vagues pour l’enseignant, adopter « des accommodements raisonnables » pour les responsables politiques. Des enseignants confient qu’il devient difficile d’aborder dans certaines classes, sans faire jaillir la haine, des sujets comme les juifs et la Shoah, le droit des femmes, le sexe, la colonisation, l’homosexualité, les signes religieux à l’école, le 11-Septembre, Tariq Ramadan, Dieudonné et même les cathédrales.

Dans son blog hébergé par Mediapart, le 18 octobre, Alrei, qui a enseigné en Seine-Saint-Denis, ajoute que Madame Bovary pose problème. Peu importe que Flaubert ait révolutionné l’art du récit. Mais face à des élèves « pour la plupart issus de l’immigration, les plus véhémentes adversaires d’Emma étaient les filles. Elles la (…) traitaient d’infidèle (mais pas au sens conjugal du terme), d’impure, de mécréante… ».

Une multitude de petits renoncements

Certains ont regretté que Samuel Paty n’ait pas montré aux collégiens une caricature moins crue que celle de Mahomet nu avec une étoile sur les fesses. C’est un peu comme dire, après la tuerie à Charlie Hebdo, que le journal l’avait « un peu cherché ». C’est ne pas comprendre que transiger sur des dessins autorisés par la loi ouvre la voie au renoncement, par exemple à enseigner la liberté d’expression sans prononcer le mot « islam ».

Une multitude de petits renoncements sont déjà à l’œuvre dans la culture, quand des musées bannissent toute complexité dans leurs textes afin de ne pas pénaliser le public des exclus ou remplacent les chiffres romains par les chiffres arabes (Louis XIV devient Louis 14).

Le renoncement est en marche quand Mila, 16 ans, qui a insulté l’islam – non les musulmans – sur Instagram reçoit encore des menaces de mort neuf mois plus tard sans que ça n’émeuve grand monde, nous raconte Le Point du 15 octobre. Ni quand Cyril Hanouna, sur la chaîne C8, dénonce les « propos abjects » de Mila, ajoutant qu’« elle fait bien de se faire toute petite ».

On sent pourtant un léger changement de climat. Qu’un artiste s’autocensure laisse indifférent. Quand le sujet concerne 870 000 enseignants, non. L’artiste incarne moins la République que l’enseignant. Il n’est pas anodin que treize régions s’apprêtent à diffuser dans tous les lycées un livre de caricatures politiques et religieuses.

Le verrou qui tiendra le système ou le fera exploser, à l’école comme dans l’art, s’appelle philosophie des Lumières. Elle est déjà ébranlée par ceux qui y voient l’hégémonie planétaire de l’homme blanc occidental alors qu’elle sert aujourd’hui à défendre la liberté de parole et d’art partout dans le monde. C’est pouvoir s’indigner quand le poète irakien Alaa Mashzoub, pourfendeur des tabous politiques et religieux, est assassiné en 2019.

Nous verrons ce que l’Etat fera pour soutenir les enseignants. Il serait inspiré d’aider aussi les milliers de militants culturels, premier contact créatif des populations modestes. En 2017, après l’attentat à Nice, nous avions rencontré une artiste qui donnait des spectacles de marionnettes dans les écoles de quartiers difficiles. Elle était blessée par des gamins qui lui disaient « tu es baisable ». Elle devait réagir seule.

24 octobre 2020

Elections Américaines

election usa

24 octobre 2020

Couvre-feu: la société bascule vers un «totalitarisme de la prévention»

Le couvre-feu a été étendu. Désormais, deux tiers des Français sont concernés par la mesure. Une décision qui suscite l’incompréhension chez certains, dont le Cercle Droit et Liberté, une association regroupant des professionnels du droit. Elle a déposé un recours devant le Conseil d’État dans l’espoir de faire sauter ce «confinement nocturne».

«Inefficace, disproportionnée et liberticide». C’est ainsi qu’est défini le couvre-feu par Me Thibault Mercier, avocat et président du Cercle Droit et Liberté, une association qui réunit des avocats et des juristes.

Ce 20 octobre, le groupe, appuyé par 20 autres requérants, a déposé un recours devant le Conseil d'État contre le couvre-feu. Une mesure controversée qui, en plus de restreindre les libertés individuelles et collectives, a été imposée à la population sans que le gouvernement n’ait tenté pleinement d’autres politiques susceptibles d’éviter cette «assignation à résidence», comme l’a désigné l’avocat dans son entretien à Sputnik.

«On est dans une société qui n’accepte plus le risque et qui crée des mesures, toujours plus de mesures pour arriver à un risque zéro mais ce n’est pas possible. Et finalement, cette société du risque zéro nous amène à ce qu’un auteur appelait le ‘’totalitarisme de la prévention’’», relate Me Mercier, citant l’œuvre d’Ulrich Beck La société du risque, datant de 1986.

Le sociologue explique dans son ouvrage que se prévenir de tout a finalement des répercussions plus graves que la situation de départ.

Selon l’association, le gouvernement prouve sa négligence avec cette nouvelle politique qui pourrait avoir, in fine, des conséquences désastreuses au niveau économique et social, alors que les effets du confinement se font encore ressentir pour de nombreux secteurs, au bord de la faillite.

24 octobre 2020

Frames From The Edge - Helmut Newton from DSP on Vimeo.

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