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Jours tranquilles à Paris

15 juin 2020

À Vannes, une dizaine de jardins éphémères sortent de terre

Article de Laurent Guenneugues

Il y aura moins de jardins éphémères cette année à Vannes, mais il y en aura tout de même une dizaine. Dont l’un réalisé par les riverains au cœur du quartier Nord-Gare, une double première !

Si la nature a repris ses droits pendant le confinement, selon l’expression consacrée, cette période de repos forcé n’a pas fait les affaires des jardins éphémères… « Mi-mars, on avait déjà validé 25 ou 26 projets pour cette sixième édition », se souvient Patrick Le Toquin, responsable du service des espaces verts de Vannes. Mais le confinement a changé la donne.

Les élèves des lycées horticoles et CFA de la région, notamment, ne pourront pas mettre à exécution leurs idées créatives. Plusieurs jardineries ont aussi renoncé cette année, car après une longue période de fermeture, elles se retrouvent avec beaucoup de travail. Dans ces conditions, pas facile de dégager du temps pour réaliser bénévolement un jardin éphémère !

Une dizaine de projets sont tout de même en train de sortir de terre, en ce moment. Ils devraient être terminés pour la fin juin. La plupart sont réalisés par des paysagistes ou autres professionnels du secteur, de Vannes ou des environs. Mais l’un d’eux est aussi l’œuvre d’habitants du quartier Nord-Gare, en face du futur hangar culturel, au pied des nouveaux immeubles bâtis par Giboire.

Du lien social plein pot

C’est une double nouveauté pour les jardins éphémères : « C’est la première fois que des riverains portent un projet et c’est aussi la première fois qu’il y en aura un en dehors du centre-ville », se réjouit Alain Musset, président de Fleurs de pavés. Lancée il y a deux ans, cette association a d’abord créé un jardin partagé pour produire des fruits et légumes. « Cette année, on a souhaité réaliser un jardin éphémère, qui permettra de faire connaître notre quartier à tous les Vannetais. Et puis, ça crée du lien social. Il n’y a rien de mieux pour intégrer les nouveaux arrivants. Une fois terminé, ce sera un lieu propice aux échanges ».

Une quinzaine de voisins de tous âges ont donc sorti pelles et râteaux, depuis la fin mai, pour réaliser ce joli coin de verdure, baptisé Le Passage. « C’est sur le thème de la récup. Tout ce qui est utilisé ici a déjà eu une autre utilité auparavant, on leur donne une seconde vie ». Par exemple, la plupart des palettes ont été récupérées sur le chantier de construction voisin.

Objets de brocante ressortis des greniers, coccinelles réalisées avec des pneus peints ou encore vieux jeans d’où s’échapperont des plantes… Leur imagination a été florissante ! Du bambou va aussi offrir un petit bruit agréable quand il y aura du vent.

Après trois semaines à ratisser et empoter, leur jardin éphémère est terminé… Et ça dépote !

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14 juin 2020

Vu sur internet

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14 juin 2020

Hallyday-Deneuve : « Ils s’aimaient trop pour vivre en couple »

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« Lady Lucille », alias Catherine Deneuve, et Johnny Hallyday ont entretenu une relation d’amour-amitié pendant plus de 50 ans. Photo DR

Propos recueillis par Philippe Minard/ALP

Pendant plus de cinquante ans, une mystérieuse Lady Lucille a accompagné la vie de Johnny Hallyday. À la demande du chanteur, l’ancien journaliste de Paris Match, Gilles Lhote, vient de révéler dans un livre qu’il s’agissait de Catherine Deneuve.

Pourquoi sortir ce livre maintenant ?Après le succès de « Destroy », son autobiographie, Johnny m’a demandé à plusieurs occasions, quand le « moment serait venu », pour reprendre son expression, d’établir la vérité sur l’identité de Lady Lucille. Il ne voulait pas que Catherine Deneuve reste une femme de l’ombre. En août 2016, j’étais avec lui quand une fake news a annoncé sa mort. Il a profité de ce moment pour accélérer sa demande de concession dans le cimetière de Saint-Barth et m’a renouvelé son souhait de raconter avec élégance cette formidable histoire, d’une tendresse inouïe, avec Lady Lucille.

Le moment venu, cela signifiait après sa mort ?

Non. Cela restait à définir. J’ai commencé à vraiment réfléchir au moment opportun. Catherine Deneuve n’est pas venue à ses obsèques - bien qu’elle ait été conviée - tellement sa peine était grande. Sa seule déclaration depuis (la première depuis 1963) a été faite aux Inrockuptibles, dans un entretien où elle a rendu un hommage très touchant à Johnny. Cela a été fait de manière très élégante mais ça voulait dire ce que cela voulait dire. Pour moi, ce témoignage a constitué une sorte de blanc-seing. D’autant que les querelles d’héritage entre les différents clans, qui ont été d’une violence inouïe, semblent apaisées. La sagesse est revenue et le moment m’a donc semblé venu.

Catherine Deneuve a-t-elle été informée de la sortie de votre livre ?

Non, je n’ai contacté personne avant la sortie du livre. L’avant-veille de la parution, je suis allé à son domicile pour déposer un exemplaire chez sa concierge. Je n’ai eu aucune réaction à ce jour. Je ne la connais pas personnellement, je l’ai simplement vue à plusieurs reprises dans la loge de Johnny.

Dans le milieu, cette relation était un secret de polichinelle ?

On peut dire cela. Mais c’était le secret le plus caché du show-business ! Ils jouaient beaucoup avec ça, avec ces histoires d’amour-amitié dont beaucoup se demandaient ce qu’elle recouvrait exactement. Mais c’est une véritable love story qui va durer plus de 50 ans et c’est pour cela que cette histoire est belle.

Catherine Deneuve a été la femme de sa vie ou la femme d’une vie ?

Je dirais qu’elle a été le fil rouge sentimental de toute sa vie. Lui, le prince du tumulte, le roi des infidèles, a su inventer avec Catherine Deneuve une nouvelle fidélité où était banni tout ce qui pouvait relever de la jalousie. Qu’ils aient été amants ou pas n’était pas le problème. Même après trois ans d’absence, ils se retrouvaient comme s’ils s’étaient quittés la veille. Elle a toujours été une femme de combat et c’est ce que Johnny aimait. Pour l’anecdote, il avait été très marqué, en 1962, par le fait qu’elle était la première femme à faire du surf, avec Joël de Rosnay comme moniteur. C’est une femme très rock’n’roll, très libre, qui a toujours su préserver l’intimité de sa vie privée avec une férocité absolue. Alors que Johnny, c’était tout le contraire.

Elle a été sa maîtresse, son amour, sa sœur, son amie, sa mère consolatrice… Elle a été toutes les femmes ?

C’est tout à fait cela. La première photo emblématique du rock made in France, c’est celle d’eux dans le film à sketches , « Les Parisiennes », en 1962. La guerre d’Algérie vient de se terminer et ils sont le symbole de la liberté des jeunes. Ils sont d’une beauté absolue. J’ai regardé toutes les photos d’eux prises toute leur vie. Il n’y a jamais rien de compromettant mais il y a une sensualité et une complicité de regard absolue. Quand j’ai demandé à Johnny ce qu’elle avait de si spécial, il m’a simplement répondu : « Elle a ce que les autres n’ont pas .». Elle était pour lui la quintessence des femmes.

Pensez-vous que, s’ils avaient vécu en couple, cette relation aurait existé ?

Ce sont deux monstres sacrés au caractère trop trempé. Ils ont gravi les marches de la gloire, chacun de leur côté, et elle savait très bien que s’ils avaient été en couple, ils ne seraient pas allés au bout. Ils s’aimaient trop pour vivre en couple. C’était des jumeaux branchés à la même source, d’une manière presque chimique. On ne peut pas lutter contre ça.

Laeticia, sa dernière épouse, réputée possessive, a-t-elle été agacée par cette relation intouchable ?

À mon avis, cela a été agaçant pour toutes ses femmes ! Laeticia a été très jalouse de cette complicité d’un autre monde. Et je ne connais pas une femme qui ne l’aurait pas été. Adeline était toujours étonnée par les regards d’admiration de Catherine Deneuve envers son mari. Elle m’a dit que c’était hallucinant. Hallyday et Deneuve ont toujours eu l’incroyable capacité de s’effacer quand l’un ou l’autre vivait une nouvelle histoire. Ils avaient cette élégance. Elle a toujours fait du bien à Johnny quand il n’était pas bien.

Ce que révèle ou confirme votre livre, c’est que Johnny était un enfant fragile…

Il était complètement désemparé, rongé par le mal de l’abandon de son père et même de sa mère. C’était un écorché vif. Deneuve est la femme qui l’a rassuré. C’est la seule femme avec qui il n’a pas fait de Une de Paris Match, juste pour la préserver.

« Lady Lucille » aux éditions du Seuil, 176 pages.

14 juin 2020

Le Parisien du 14 juin

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14 juin 2020

Jan Fabre

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14 juin 2020

Coronavirus : au Chili, le ministre de la santé démissionne au plus fort de l’épidémie

Par Aude Villiers-Moriamé, Buenos Aires, correspondante

La gestion de Jaime Mañalich avait été vivement critiquée depuis le début de l’épidémie de Covid-19, qui s’accélère dans le pays. Dans la région de Santiago, près de 100 % des lits de réanimation et soins intensifs sont occupés.

« Je suis, en ce qui me concerne, parvenu à la conviction que cette nouvelle étape de lutte contre le coronavirus requiert un nouveau leadership. » Masque chirurgical sur le visage et drapeau chilien épinglé à la veste, Jaime Mañalich a officiellement annoncé sa démission du poste de ministre de la santé, samedi 13 juin, après plusieurs mois d’une gestion marquée par des hésitations et déclarations polémiques.

Cet ancien médecin de 66 ans, proche du président de droite Sebastián Piñera, dont il fut déjà le ministre de la santé lors de son premier mandat (2010-2014), était particulièrement critiqué par l’Ordre des médecins du Chili, qui lui reprochait de n’avoir pas agi à temps face à l’avancée de l’épidémie dans le pays. Le gouvernement, pariant sur une stratégie d’immunité collective, s’était en effet contenté, dans un premier temps, d’un confinement obligatoire ciblé, concernant quelques communes uniquement, alors que de nombreux professionnels de santé l’exhortaient à étendre la mesure à toute la région de Santiago, qui concentre 7,5 des 18 millions d’habitants du Chili.

Une épidémie sous-estimée

Jaime Mañalich, qui a été radié de l’Ordre des médecins en 2015 pour manquements à l’éthique (une sanction annulée par la suite, le médecin spécialisé en néphrologie et épidémiologie ayant déjà quitté l’Ordre à ce moment-là), a semblé à plusieurs reprises sous-estimer la gravité de l’épidémie, allant jusqu’à s’interroger, le 21 mars : « Que se passerait-il si ce virus mutait vers une forme plus bénigne ? Que se passerait-il s’il mutait et se transformait en bon virus ? ».

M. Mañalich s’était également fait l’avocat de la stratégie de « Nouvelle normalité », invoquée dès la fin avril, alors que le pic de l’épidémie n’avait pas été atteint, par le gouvernement pour relancer l’activité économique du pays. « A mesure que les mesures s’assouplissent, les citoyens peuvent, en prenant toutes les précautions possibles, reprendre une vie un peu normale, plaidait l’ex-ministre, manger une empanada ou aller boire une bière, par exemple. » Des recommandations vite retirées, face à la nette augmentation du nombre de nouveaux cas au mois de mai, qui a contraint le gouvernement à prendre des mesures plus strictes.

Un confinement obligatoire de toute la région de Santiago a finalement été décrété à la mi-mai. Trop tard, selon l’Ordre des médecins et une partie de l’opposition. Le Chili traverse actuellement sa phase la plus grave de l’épidémie : dans la région de Santiago, la plus touchée par le coronavirus, 96 % des lits de réanimation et soins intensifs sont occupés, selon la société chilienne de médecine intensive. Plus de 167 000 cas positifs ont été recensés dans le pays au 13 juin, ce qui représente un taux de contagion parmi les plus élevés au monde, même s’il convient de signaler que le Chili a conduit jusqu’ici davantage de tests que ses voisins, de l’ordre de 40 000 par million d’habitants, contre 5 000 en Argentine.

Polémique autour du nombre de décès liés au Covid-19

La démission du ministre intervient également alors qu’une polémique vient d’éclater au sujet de la comptabilisation du nombre de décès de coronavirus dans le pays. Le média en ligne d’investigation Ciper a révélé, samedi 13 juin, que le ministère de la santé chilien communiquait à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) des chiffres nettement plus élevés que ceux annoncés publiquement lors de son bilan journalier. Ce bilan transmis à l’OMS, qui prendrait en compte des morts « suspectes ou attribuables au coronavirus », selon l’article du Ciper, fait état de 5 000 morts liés au Covid-19 dans le pays, contre 3 101 communiqués lors du point presse du ministère de la santé le 13 juin. Ce n’est pas la première polémique liée au décompte des décès qui tâche le mandat de Jaime Mañalich : mi-avril, ce dernier avait affirmé, à tort, que les Chiliens morts du Covid-19 étaient comptabilisés parmi les chiffres de guérison car ils ne « contaminaient plus ». L’erreur de communication fut corrigée quelques jours plus tard, mais le mal était fait, l’information avait déjà circulé dans les médias nationaux et internationaux, provoquant surprise et indignation.

Jaime Mañalich a été qualifié par le président Sebastián Piñera de « grand serviteur public qui a mis la santé des Chiliens au-dessus de tous ses intérêts légitimes et n’a lésiné sur aucun sacrifice ». Il a été remplacé au pied levé par Enrique Paris, 71 ans. Lui aussi médecin de formation et proche du président Sebastian Piñera, cet ancien président de l’Ordre des médecins a déclaré se trouver « face à un défi qui [le] préoccupe » et appelé « au dialogue et à la coopération », dans une société toujours marquée par le mouvement social contre les inégalités initié au mois d’octobre 2019 et par une forte défiance envers les institutions politiques.

La nomination de M. Paris a été saluée par les professionnels de santé. « Le nouveau ministre de la santé, le Dr Enrique Paris, fait face à l’immense défi de modifier profondément la stratégie sanitaire, de la transformer en une stratégie de collaboration, de transparence, avec des mesures concrètes pour interrompre la chaîne de contagion [du coronavirus], a publié sur Twitter la présidente de l’Ordre des médecins Izkia Siches, ce samedi 13 juin, pour mener à bien cette tâche, vous pouvez compter sur la complète disposition de l’Ordre des médecins. »

14 juin 2020

Laetitia Casta

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14 juin 2020

Synthèse - « Il faut des mesures d’urgence » : les responsables politiques redoutent une révolte de la jeunesse

Par Julie Carriat, Sylvia Zappi, Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié

De l’Elysée aux oppositions, le mot d’ordre est lancé : éviter une génération perdue, à l’heure où la crise sociale menace tout particulièrement les 18-25 ans, très présents dans les manifestations.

A mesure que l’inquiétude sanitaire liée au Covid-19 reflue, d’autres urgences plus politiques passent au premier plan : à quel avenir destine-t-on les 18-25 ans qui ont vu leurs études interrompues, leur insertion professionnelle compromise avec le confinement ? Mi-mars, le coup d’arrêt porté à l’économie, aux écoles et universités avait pourtant peu fait débat, tant la peur de contaminer mortellement ses aînés était forte dans la population et le discours public.

Aujourd’hui, à l’heure où les manifestations qui ont éclaté en France en écho à la mort de George Floyd aux Etats-Unis rassemblent une majorité de jeunes, les responsables politiques redoutent d’avoir « sacrifié » une classe d’âge et semé le ferment d’une révolte tenace, en forme de conflit des générations.

COLCANOPA

Aux racines de cette inquiétude, la crise sanitaire n’avait pourtant pas éveillé d’opposition entre générations, bien au contraire, souligne la sociologue Monique Dagnaud, spécialiste au CNRS de la jeunesse et des médias. « Quand on a compris que le confinement allait être long, on aurait pu imaginer que des jeunes se lèvent en disant, non ce n’est pas possible, mais il y a une sidération qui a gelé la protestation », note-t-elle.

Cette cohésion intergénérationnelle pendant la crise, la sociologue l’explique par la prééminence de la famille. « Il n’y a jamais eu autant de solidarité économique entre les générations, la famille est la seule institution qui n’est pas remise en question. Le reste, la politique, les partis, font tous l’objet d’une forte défiance. Tout le monde a voulu protéger les vieux, les grands-parents », souligne-t-elle, notant que le virus a représenté le « premier vrai ennemi » de la génération des « inoxydables » de l’après-guerre, ces « boomers » au sujet desquels on a cessé d’ironiser pendant la crise.

« On a fait vivre quelque chose de terrible à la jeunesse »

A mesure que l’épidémie recule, le sommet de l’Etat mesure pourtant l’ampleur de l’épreuve qui, imposée à tous, cause un malaise particulièrement aigu chez les jeunes adultes. Ainsi, pour Emmanuel Macron, les manifestations contre les violences policières et le racisme traduisent autant une mobilisation liée à l’affaire George Floyd – un Afro-Américain de 46 ans asphyxié par un policier blanc, le 25 mai, aux Etats-Unis – qu’une réaction à la crise du Covid-19. « On a fait vivre quelque chose de terrible à la jeunesse lors du confinement, a récemment confié en privé le chef de l’Etat. On a interrompu leurs études, ils ont des angoisses sur leurs examens, leurs diplômes et leur entrée dans l’emploi. Ils trouvent dans la lutte contre le racisme un idéal, un universalisme. »

Une antienne reprise à Matignon, où l’on s’inquiète en particulier des effets de l’arrêt de la plupart des activités sportives et des compétitions. « Les jeunes, tout le monde le sait, ont besoin de se dépenser. Le confinement, ça les a rendus dingues. Il faut qu’on leur permette de faire davantage de sport, de pouvoir s’amuser entre eux », confie un proche d’Edouard Philippe. Pour l’instant, les regroupements de plus de dix personnes restent interdits dans l’espace public mais un allégement de la contrainte serait envisagé à partir du 22 juin.

Mots durs

Si l’on n’y prend garde, la crise du Covid-19 pourrait même déboucher sur un « conflit entre générations », estime-t-on à la tête de l’Etat, où l’on rappelle que c’est pour protéger les plus fragiles, c’est-à-dire avant tout les personnes âgées, que le confinement du pays a été décidé. « Les jeunes ne craignaient rien et on les a enfermés comme tout le monde, c’est quand même violent », pointe un conseiller ministériel.

En privé, Emmanuel Macron a d’ailleurs des mots durs sur la génération de Mai-68, qu’il estime trop gâtée. « Nous sommes l’un des seuls pays d’Europe où les revenus des retraités sont supérieurs à ceux des actifs, c’est un vrai sujet de cohésion sociale », estime un proche soutien du chef de l’Etat. Au début de son mandat, le président quadragénaire avait bien tenté d’y remédier, notamment en augmentant la contribution sociale généralisée (CSG) et en désindexant les pensions, mais il avait dû renoncer à la plupart de ces mesures au moment de la crise des « gilets jaunes ».

Au sein de La République en marche (LRM), le délégué général du parti, Stanislas Guerini, a érigé ce sujet en enjeu prioritaire de la fin du quinquennat, sans toutefois susciter de consensus sur les réponses à apporter. « J’ai une obsession : que la jeune génération ne soit pas sacrifiée », répète-t-il. Pour l’éviter, le patron des « marcheurs » a proposé dans un entretien au Monde, le 20 mai, « une prime à l’embauche » pour les jeunes, ainsi que l’ouverture du revenu de solidarité active (RSA) pour les moins de 25 ans.

Pourtant, le secrétaire d’Etat à la jeunesse, Gabriel Attal, a condamné cette piste, estimant qu’elle illustrait un « esprit de défaite » – « aucun jeune ne grandit avec les minima sociaux comme horizon » –, au grand dam de certains élus de l’aile gauche de la majorité, à l’instar de Fiona Lazaar. La députée LRM du Val-d’Oise plaide vigoureusement pour un « RSA jeunes », qu’elle considère comme un « filet de sécurité indispensable ». « Aujourd’hui, alors qu’ils sont les premières victimes de la pauvreté, les jeunes sont généralement exclus des dispositifs de solidarité », fait-elle valoir.

Perspectives trop sombres

Dans l’opposition, le diagnostic et les réponses diffèrent. Question d’électorat peut-être, pour Les Républicains (LR), il n’est pas question de regretter la place accordée aux plus âgés dans la gestion de l’épidémie. Le parti s’inquiète cependant des 700 000 jeunes terminant cette année leur formation initiale et prône pour eux des mesures, notamment celles, classiques dans le logiciel de la droite, d’allègement du coût du travail.

« Nous, députés de la nation, sommes incontestablement face à une génération qui, si nous ne faisons rien, sera sacrifiée », estimait, le 3 juin, le député LR Guillaume Peltier (Loir-et-Cher), défendant une proposition de loi visant à exonérer de cotisations l’embauche en contrat à durée indéterminée ou en contrat de plus de six mois d’un jeune de moins de 25 ans pour les deux prochaines années. Une « vieille recette » selon la majorité à l’Assemblée nationale, qui a rejeté, jeudi, le texte en question.

A gauche, face à une précarité des jeunes qu’ils jugent exacerbée par la crise, les socialistes prônent la prolongation d’un an des bourses étudiantes, une prise en charge totale des frais de formation à la charge des apprentis, mais aussi une « prime rebond » pour les entreprises qui embauchent un jeune pour un premier emploi, la revalorisation des aides personnalisées au logement (APL) et l’extension du RSA aux 18-25 ans. « Il faut des mesures d’urgence », estime Gabrielle Siry, porte-parole du PS, pour qui la « présence massive et inhabituelle » des jeunes dans les queues de distribution d’aide alimentaire durant le confinement est un signal fort.

Si chaque famille politique avance ses pistes, il semble pour l’heure trop tôt pour dire quelle couleur pourrait prendre un embrasement général de la jeunesse face à des perspectives trop sombres. Pour la sociologue Monique Dagnaud, après la mobilisation récente des jeunes pour le climat et celle contre les violences policières, aujourd’hui, la crise sociale qui s’amorce pourrait en tout cas avoir la capacité de fédérer une génération. A moins que l’exécutif ne parvienne, dès maintenant, à éteindre les départs de feu.

14 juin 2020

Bretagne - Jardins

Bretagne jardins

14 juin 2020

A Hongkong, dans les petits papiers de Londres

Par Anne-Sophie Labadie, correspondante à Hongkong — Libération

Dans le viseur de Pékin et de sa loi anti-subversion, les habitants de la région semi-autonome renouvellent en masse leurs passeports britanniques d’outre-mer, obtenus après la rétrocession, pour pouvoir éventuellement fuir.

Longtemps, ils ont moisi au fond des tiroirs, délaissés comme d’inutiles documents de voyage. Mais aujourd’hui, les passeports britanniques d’outre-mer (British National Overseas, ou BNO) deviennent des tickets pour l’exil, des pis-aller que s’empressent d’acquérir des Hongkongais anéantis par la perspective d’être surveillés par l’œil de Pékin une fois la loi anti-subversion appliquée.

«Je ne l’avais pas renouvelé depuis 2007, il ne me servait à rien vu que le passeport [de la région administrative spéciale] de Hongkong nous permet d’aller dans beaucoup de pays sans visa», explique Dan, 40 ans. Mais en 2014, après les manifestations monstres, «je l’ai renouvelé, car j’ai compris que le gouvernement ne nous écoutait déjà plus, et malheureusement, il va peut-être m’être utile aujourd’hui».

L’hostilité au gouvernement central communiste s’est muée en révolte et, pour faire taire les opposants, Pékin veut imposer très vite sa loi sur la région semi-autonome. En réponse, Londres a ouvert ses bras aux quelque 3 millions de Hongkongais éligibles selon lui au BNO, dont les droits seraient élargis à celui de travailler et de rester pour une période d’un an renouvelable.

«On se réjouit au moins de savoir que quelqu’un nous tend la main. Et je la prends cette main», réagit Chow, salariée de 48 ans, qui ne sait cependant pas si ni quand elle prendra cette issue de secours. Elle attend de connaître le contenu de la loi et ses modalités d’application. La presse locale évoque déjà la création d’une unité de police spéciale chargée de collecter des renseignements et d’enquêter. «Un projet vraiment létal», selon Chow, mais qui, claironnent les autorités locales, a cependant un large soutien populaire, si l’on en croit les 3 millions de signatures d’une pétition lancée par ces dernières et les treize manifestants qui ont ostensiblement déchiré dimanche leur BNO (dont un périmé) devant le consulat du Royaume-Uni pour dénoncer l’ingérence britannique.

«Chèque en bois»

Pékin a beau assurer que la stabilité reviendra, les projets de départ flottent pesamment dans l’air. En septembre déjà, un sondage de l’Université chinoise de Hongkong révélait que 42 % des habitants souhaitaient émigrer et, en 2019, plus de 120 000 demandes de renouvellement de BNO ont été effectuées. «On attend avant de partir de voir jusqu’à quel point nos libertés d’expression et de rassemblement vont être étouffées par le Parti communiste», explique Lo. «Mais j’ai 49 ans. Qui voudra de moi au Royaume-Uni, où c’est déjà la crise ? L’offre de Johnson est peut-être un chèque en bois», s’interroge celui qui préférerait, quitte à s’exiler, «un train de vie plus doux et moins cher en Asie.»

«Les Hongkongais ont bien compris qu’avec le Brexit et le départ des Européens, ils seront utiles pour pourvoir les postes et louer les maisons. Tout le monde peut bénéficier de cette dynamique», souligne Kelvin Lam, élu local. Mais «la principale question est de savoir si le BNO sera aussi accordé aux enfants des détenteurs». Seules les personnes nées avant la rétrocession, en 1997, ont droit au document. Or «les jeunes auraient dû avoir la priorité car ils sont en première ligne face à la police», rappelle Lo. Ils sont aussi dans le collimateur des autorités. Sur les plus de 9 000 arrestations liées aux manifestations, près de 20 % sont des mineurs et risquent jusqu’à dix ans de prison pour «émeute». «Mon fils de 15 ans continue de manifester, je n’arrive pas à l’en empêcher. Ça va devenir vraiment très risqué, et je partirai peut-être pour le protéger, en espérant que les autorités britanniques lui donneront aussi des papiers», témoigne Dan.

«Visa doré»

Les jeunes avaient constitué le gros de la deuxième vague de migration après l’échec des manifestations pro-démocratie de 2014, la première vague, massive, ayant été déclenchée par la peur du retour dans le giron chinois en 1997, rappelle John Hu, de l’agence d’immigration Migration Consulting. Le seul 1er avril 1996, dernier jour d’inscription pour les BNO, les autorités avaient dû ouvrir un stade pour permettre aux quelque 35 000 candidats de patienter.

Selon John Hu, nous assistons aujourd’hui à une troisième vague, qui touche cette fois toutes les tranches d’âge et s’annonce «historique», même si le «on attend de voir» prédomine. Son agence a ainsi vu son activité multipliée par cinq depuis l’annonce par Pékin, le 21 mai, de la promulgation imminente de la loi anti-subversion. «Le Royaume-Uni n’est pas la destination favorite parmi les pays anglophones, même si les universités sont bonnes», car le niveau de vie élevé et certains types de visas (d’affaires et pour les start-up) sont difficiles à acquérir. A titre d’exemple, il faut débourser au moins 2,23 millions d’euros pour un «visa doré» (permis de séjour accordé contre des investissements locaux) au Royaume-Uni, 500 000 au Portugal. Des prix inabordables dans les deux cas pour de nombreux Hongkongais, dont un sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.

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