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Jours tranquilles à Paris

7 juin 2020

Londres : une capitale en déclin ?

londres capitale en déclin

THE ECONOMIST (LONDRES)

Alors que les Britanniques étaient eux-mêmes de plus en plus nombreux à quitter Londres, la ville risque de subir de plein fouet les conséquences de la crise du Covid-19 conjuguées à celles du Brexit.

Avant que n’éclate la pandémie, le gouvernement de Boris Johnson avait l’intention de modifier en profondeur la géographie économique du Royaume-Uni. On prévoyait ainsi d’investir massivement dans les infrastructures des régions pauvres des Midlands et du nord de l’Angleterre afin de contribuer à résorber l’écart de productivité observé avec Londres. L’objectif était de ramener à un même niveau les différentes régions du pays.

L’idée a toujours semblé un peu tirée par les cheveux. Les gouvernements britanniques qui se sont succédé depuis des décennies ont en effet tenté sans beaucoup de succès de stimuler la productivité à l’extérieur de la capitale. Et il semble de moins en moins probable que le gouvernement se lance dans de grands projets après la pandémie. Il devrait se contenter plutôt de remettre rapidement en état ce qui a besoin de l’être. Il se peut cependant qu’un autre phénomène se produise et permette à Boris Johnson de sauver la face : le déclin de Londres pourrait en effet entraîner un nivellement par le bas.

La ville la plus cosmopolite au monde

Londres n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui. Après la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement, qui avait déjà entouré la ville d’une large ceinture verte, la Green Belt, a délibérément incité les entreprises et les citadins à aller s’installer dans les “nouvelles villes” établies dans les comtés voisins. Le secteur de la production industrielle a connu un déclin, tout comme les quais, qui symbolisaient autrefois la prospérité de la ville et représentaient un vivier d’emplois. Dans les années 1980, la population londonienne avait chuté d’un quart par rapport à 1939, où elle atteignait 8,6 millions d’habitants. Les services et les établissements scolaires de Londres avaient par ailleurs très mauvaise réputation.

Après le Big Bang et la déréglementation des services financiers britanniques, en 1986, la logique de l’agglomération s’est de nouveau imposée, et Londres a repris sa marche en avant. On y trouve désormais plusieurs industries créatives, et, plus récemment, un pôle technologique prospère a émergé aux côtés des fournisseurs de services bancaires, de services de gestion des actifs et de services aux entreprises, qui y sont établis de longue date. Les établissements d’enseignement, les services de police et les transports ont tous connu une profonde transformation. L’afflux de population en provenance de tous les continents a fait de Londres la ville la plus cosmopolite au monde.

Or on observe depuis un certain temps déjà des signes annonçant le déclin de la capitale britannique. Si la population urbaine a continué de croître au cours des dix dernières années, cela est essentiellement dû à une augmentation de l’immigration et de la natalité. Entre 2008 et 2018, les Britanniques ont été plus nombreux à quitter Londres qu’à s’y installer. Les Londoniens se plaignent en outre des coûts élevés et de l’anxiété ambiante. La capitale figure d’ailleurs au bas de deux classements établis par l’Office britannique des statistiques (Office of National Statistics, ONS), c’est-à-dire ceux qui concernent le bien-être et la satisfaction individuelle. Depuis 2015, l’exode hors de la capitale que l’on observe a contribué à réduire l’écart entre les prix de l’immobilier à Londres et ceux pratiqués dans le reste du pays.

Quand les diplômés tournent le dos à la capitale

Les prix de l’immobilier restent cependant deux fois plus élevés à Londres qu’ailleurs dans le pays. Si l’on tient compte du coût du logement, les Londoniens sont, en moyenne, moins bien lotis économiquement que les habitants des autres régions du sud de l’Angleterre ou de l’Écosse. D’après le président du cabinet de services professionnels PwC, les diplômés commencent à tourner le dos à la capitale. Alors que 60 % des diplômés recrutés par les quatre grands cabinets comptables du pays étaient auparavant installés à Londres, en 2018, 60 % des nouveaux employés de ces firmes habitaient ailleurs.

Les loyers des espaces de bureaux situés dans les quartiers prisés de Londres sont encore plus élevés que ceux des particuliers. Le mètre carré de surface de bureaux coûte trois fois plus cher dans la capitale que dans d’autres villes du sud et sept à neuf fois plus cher qu’ailleurs au Royaume-Uni. D’après une firme de recrutement juridique, une entreprise peut économiser environ 20 000 livres [22 320 euros] par an, une fois pris en compte le salaire et les frais de bureau, en incitant un avocat à s’établir à l’extérieur du centre de Londres. Le terme “northshoring” – que l’on utilise généralement pour parler des délocalisations vers des villes comme Birmingham qui, dans les faits, ne sont pas très “nordiques” – est devenu un mot à la mode dans l’industrie. En 2017, HSBC a décidé de déménager à Birmingham le siège de ses services bancaires de détail au Royaume-Uni. En 2018, Amazon, le géant de la vente par Internet, a choisi Manchester pour y établir son principal pôle d’activités sur le territoire britannique.

Moins de bars, de restaurants et de théâtres

Si le coronavirus parvient à faire diminuer la valeur des propriétés et les loyers des espaces de bureaux, certains diplômés seront peut-être tentés de quitter Leeds ou Manchester pour revenir s’établir dans la capitale. La pandémie de Covid-19 et les mesures extrêmes de distanciation sociale utilisées pour l’endiguer posent toutefois un nouveau problème, plus profond : elles mettent en effet en péril deux éléments qui ont fait la renommée de la capitale britannique, c’est-à-dire les multiples possibilités de divertissement et la présence d’étrangers.

Londres doit au moins une partie de sa popularité au fait qu’il s’agit d’une ville fun. “Si les gens viennent ici, ce n’est pas seulement parce qu’ils peuvent toucher un salaire élevé, c’est aussi pour avoir du bon temps”, explique Douglas McWilliams, directeur du Centre for Economics and Business Research, un cabinet-conseil de Londres. Les bars et les cafés de l’East End ont fortement contribué à l’émergence d’un phénomène qu’il a baptisé, il y a quelques années, la “flat white economy”. En gros, on parle de “flat white economy” quand des professionnels avec des coupes de cheveux originales échangent des idées en sirotant des boissons branchées.

Or il est difficile d’avoir ce genre d’économie quand on doit maintenir une distance de deux mètres en faisant la queue pour se procurer sa dose de caféine. Forcés de réduire leur capacité d’accueil, les restaurateurs seront sans doute nombreux à mettre la clé sous la porte. Et les théâtres ne se remettront probablement pas de la crise. “Sans la culture et les restaurants, Londres n’est qu’un autre Francfort, mais le coût de la vie y est plus élevé et il y a plus de trafic”, résume un gestionnaire de fonds spéculatif.

Vers une ville plus verte et moins congestionnée ?

La crise du Covid-19 pourrait concourir, avec le Brexit, à freiner l’immigration internationale. Même si, avec le nouveau système d’immigration à points, les candidats étrangers qui postulent pour des emplois à Londres obtiennent un meilleur score que ceux qui sollicitent des postes ailleurs dans le pays (car les salaires y sont plus élevés), le signal est clair : le Royaume-Uni n’est pas très enthousiaste à l’idée d’accueillir un grand nombre d’immigrants. Les universités craignent de voir le nombre d’étudiants étrangers diminuer de 20 à 50 % au cours de l’année à venir. Pour Londres, qui accueille généralement plus de 100 000 étudiants étrangers, c’est un vrai problème.

Comme toutes les grandes villes, Londres risque de subir les conséquences des bouleversements du monde du travail provoqués par la crise du Covid-19. De nombreuses entreprises s’attendent ainsi à ce que certains de leurs employés continuent de travailler à la maison plusieurs jours par semaine, si ce n’est tous les jours, même après la fin de la pandémie. On peut supposer que les employés des entreprises qui doivent composer avec des locaux plus petits seront tentés de trouver un logement plus grand à l’extérieur de Londres pour y aménager un bureau. Quand on doit se rendre au bureau seulement deux ou trois fois par semaine, on peut habiter loin, surtout si cela nous permet d’avoir plus d’espace. Si cela se produit, toutefois, ce sont plutôt les villes-dortoirs du sud-est qui connaîtront un afflux massif de population et non les villes du nord et des Midlands, auxquelles le Premier ministre souhaite venir en aide.

Lisa Taylor, du cabinet-conseil Coherent Cities, reste optimiste. “Les deux prochaines années seront très difficiles, certes, mais le Londres de demain pourrait être très différent. On peut supposer que les pratiques d’aménagement urbain ne seront plus les mêmes et qu’il y aura davantage d’espaces de travail et de vie partagés.” Elle croit que l’on pourrait s’inspirer de villes comme Copenhague et Amsterdam pour faire de Londres une ville plus verte, moins congestionnée. Or ces villes sont loin d’être des métropoles internationales au même titre que la capitale britannique.

Il est peu probable que la capitale britannique soit de nouveau réduite au triste état dans lequel elle se trouvait avant le milieu des années 1980. Elle restera sans doute plus riche et plus productive que le reste du Royaume-Uni et continuera, plus que n’importe quelle autre ville d’Europe, d’attirer les immigrants talentueux. On peut cependant supposer que la crise affaiblira son pouvoir d’attraction et que l’économie britannique en souffrira. Mais il pourrait être plus souhaitable à d’autres égards d’avoir un pays moins centralisé, où les chances seraient réparties plus équitablement.

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7 juin 2020

Consommateur local

consommer local

7 juin 2020

L’application Stop Covid activée par plus d’un million d’utilisateurs

L’application française StopCovid « a passé le cap du million d’utilisateurs », a indiqué, samedi, sur RMC, Cédric O, secrétaire d’État au Numérique. Le ministre n’a pas précisé s’il y avait déjà eu des cas d’utilisateurs de l’application signalant leur contamination au coronavirus, renvoyant la communication sur ce point au ministère de la Santé. StopCovid est disponible depuis mardi dernier sur Google Play et sur l’AppStore d’Apple. L’application permet à ses utilisateurs d’être prévenus s’ils ont croisé, dans les deux semaines précédentes, un autre utilisateur contaminé au coronavirus. Son efficacité dépend du nombre de personnes qui l’utilisent, même si le gouvernement estime qu’elle est utile « dès les premiers téléchargements ».

7 juin 2020

'HOMESICK' UNE NOUVELLE HISTOIRE VISUELLE PAR 'HELENA BROMBOSZCZ' {NSFW / EDITORIAL EXCLUSIF}

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La photographe Helena Bromboszcz  et la mannequin Kasia Danioł se sont  associées pour l' éditorial exclusif de NAKID intitulé « Homesick ».

Helena Bromboszcz est une photographe spécialisée dans la photographie de mode. Cela l'intéresse, car cela lui permet d'explorer «divers aspects de la beauté féminine, souvent d'une manière peu orthodoxe» . elle dit.

«Cela étant dit, je vois également qu'il y a beaucoup à changer dans le fonctionnement de l'industrie de la mode et je crois que mon travail peut le rendre au moins un peu plus respectueux de l'environnement, inclusif et autonomisant pour les femmes - tout cela selon ma vision esthétique . " Si vous aimez cette histoire visuelle, montrez-leur un peu d'amour, ce n'est qu'un aperçu des choses incroyables qu'ils ont créées - rendez-vous sur leur Instagram ci-dessous pour en savoir plus sur cet artiste génial et soutenir leur créativité et votre inspiration quotidienne en les suivant !

Découvrez plus sur Helena Bromboszcz et leur travail

https://www.instagram.com/helenabromboszcz/

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6 juin 2020

Départ pour la Bretagne... définitivement (mais je reviendrai quelques fois à Paris !)

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6 juin 2020

Marisa Papen

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6 juin 2020

La vie des objets : le transat

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Né sur les paquebots à la fin du XIXe siècle, ce siège pliable et empilable est devenu un grand classique du mobilier de jardin

Que ce soit sur une plage, à l’ombre d’une terrasse ou sur un balcon de ville, ce siège si confortable sonne comme un élément indissociable de l’été. Celui dans lequel on décide d’ouvrir un livre et où, finalement, on s’assoupit. Si le transat est aujourd’hui devenu un standard du mobilier de jardin, son histoire sent, elle, plutôt l’air frais du grand large.

En effet, les premiers sièges de ce type font leur apparition officielle sur les paquebots de ligne effectuant la traversée transatlantique (entre l’Europe et l’Amérique), dès la fin du XIXe siècle. A l’origine appelée « chaise de pont » (deck chair), une confortable assise facilement pliable et empilable au moindre grain fait alors son apparition sur les pontons des bateaux pour séduire la clientèle aisée.

De Mallet-Stevens à Eileen Gray

Les premiers modèles sont en bois et en rotin et pourvus d’un repose-pied et d’accoudoirs. Ils prendront très vite le nom de « transat », diminutif de « transatlantique ». Lors de l’armement du paquebot France, en 1960, ceux de première classe sont en aluminium laqué rouge.

Sur terre, avec l’arrivée des congés payés en France, en 1936, et la naissance du tourisme de masse, le transat se répand également sur les plages. Le rotin est remplacé par une toile de tissu solide, et le châssis est désormais en teck, en acacia ou en hêtre.

Si sa paternité originelle n’est pas connue, les designers modernistes vont, eux, s’amuser à redessiner ce nouveau modèle de siège. Parmi les plus connus figure le Fauteuil Transat, de l’architecte et designer français Robert Mallet-Stevens (1886-1945).

Ce modèle très épuré, fait d’une simple toile de coton blanc cassé, suspendue à une structure en tôle laquée vert, fut réalisé pour décorer la piscine de la villa du vicomte Charles de Noailles, à Hyères, dans le Var, entre 1923 et 1925. L’enseigne Habitat l’a réédité en 2014. Le Transat de la designer et architecte irlandaise Eileen Gray (1878-1976) a, lui aussi, marqué les esprits : il fut réalisé entre 1926 et 1929, période durant laquelle elle aménage sa villa E-1027 de Roquebrune-Cap-Martin, dans les Alpes-Maritimes.

Cette chaise longue, qui mélange bois laqué, métal chromé et une assise de cuir synthétique, possède plusieurs déclinaisons et a elle aussi été rééditée depuis.

Aujourd’hui, si le siège des paquebots est toujours là, le terme de « transat » semble avoir pris quelques rides et les catalogues de décoration lui préfèrent désormais « bain de soleil » ou « chilienne », résultant parfois de variations minimes quant aux lignes du modèle origina

6 juin 2020

We love GREEN

catherine ringer green

6 juin 2020

Presse : très précaires pigistes

De nombreux free-lance se sont retrouvés brutalement sans revenus

Je préfère que vous ne donniez pas mon nom. » « Faites attention, je suis la seule fille du service pour lequel je travaille, on va savoir que c’est moi. »« Ne citez pas mes deux employeurs principaux, mes collègues vont me reconnaître tout de suite. » Difficile, quand on est journaliste précaire, payé à la pige ou en CDD, de faire valoir ses droits sans craindre les représailles. « Si j’ai du boulot depuis autant d’années, c’est parce que je la ferme, se persuade Juliette, célibataire et mère de deux enfants. On sait qu’avec moi il n’y a pas de problème. »

A la mi-mai, la jeune femme tirait pourtant désespérément le diable par la queue. Parce qu’elle n’avait pas encore été rémunérée pour des enquêtes menées au cours des douze derniers mois, ou parce qu’elle ne disposait pas de deux fiches de paie dans les quatre derniers mois − les deux principaux critères figurant dans le décret du 16 avril sur le chômage partiel −, elle n’avait accès au dispositif chez aucun de ses employeurs. « Heureusement que je suis logée et que mon ex m’aide financièrement », murmure-t-elle, croisant les doigts pour recevoir, un jour, les 10 000 à 12 000 euros qui lui reviennent.

Cagnottes spontanées

Quand le confinement a été instauré, de très nombreux journalistes ont vu leur activité disparaître. Plus de rencontres à suivre pour les journalistes sportifs, plus de films, de livres, d’albums ou de concerts inédits pour les critiques, plus de voyages pour les spécialistes du tourisme, plus de hors-séries ou de suppléments (supprimés) à remplir. Quand elle a mis en place un fonds d’aide d’urgence, la mutuelle Audiens, spécialisée dans la couverture des professionnels de la culture et des médias, a reçu en quinze jours autant de demandes d’aide qu’en une année et demie.

Dans certaines rédactions, comme à L’Equipe ou à France Télévisions, des salariés ont spontanément abondé des cagnottes. Des délégués syndicaux se sont battus pour intégrer les pigistes au décret sur le chômage partiel ou, quand cela a été nécessaire, rappeler les employeurs à leurs devoirs − certains ont essayé d’imposer des conditions supplémentaires, comme la détention de la carte de presse, alors que le texte ne le stipulait pas.

En mars et avril, Dan Perez, délégué SNJ-CGT à L’Equipe, recevait « 10 à 15 appels par jour » émanant des quelque 200 précaires embauchés à la pige par le groupe. Privés de matchs, les « livers », ces journalistes spécialisés dans le commentaire ultraprécis livré en direct, « ont vu leur activité passer de 100 % à zéro », justifie-t-il. « Comme on a tendance à penser que le foot ne s’arrête jamais, donc le boulot, on s’est retrouvés complètement démunis », reconnaît Thomas Fédérici, « liver » depuis neuf ans. Alors qu’il compte sur un revenu mensuel de 900 à 1 000 euros en moyenne annuelle, ce trentenaire a touché 600 euros de chômage partiel. Il ne s’estime pas à plaindre et fait avec, en attendant le retour des jours de match. Critique littéraire privée d’ouvrages par le confinement et de chômage partiel car de nationalité belge, Kerenn Elkaïm a résolument essayé de sublimer le moment : chaque jour ou presque, elle a mené des interviews d’écrivains du monde entier en direct sur Facebook. Pour la beauté du geste.

Début de carrière

Groupes WhatsApp pour comparer les situations et se défouler, velléités de monter des collectifs ou de se syndiquer, réflexions sur le métier… « Le seul avantage de cette histoire, c’est qu’entre indépendants, isolés comme jamais, on s’est enfin rapprochés », constatent nombre de jeunes gens avec lesquels Le Monde a échangé. Qui est payé ? Est-il vrai que si les piges s’arrêtent, cela équivaut à un licenciement ? Comment faire quand elles diminuent ? « Honnêtement, ça faisait du bien d’échanger, note Inès. Quand on est seul dans son coin, on n’a aucun poids. » Spécialisée dans la culture, elle a continué à recevoir des commandes, « mais, comme la pagination des magazines a baissé, j’en ai eu beaucoup moins qu’avant. Et ça continuera tant que la pub ne reviendra pas ». Son été sera placé sous le signe de la diète : comme mars, avril et mai lui seront payés en juin, juillet et août, « j’aurai un salaire riquiqui et plus de chômage partiel pour compenser ».

Quand on est payé à la tâche, mieux vaut « ne pas être un panier percé », confirme cette éditrice dans le sport, passée d’une vingtaine de jours de travail par mois à quatre. Elle a compris que la parenthèse Covid allait marquer durablement son début de carrière : « Avec l’Euro et les JO qui étaient prévus cet été, les jeunes professionnels comme moi aurions pu montrer ce qu’on avait dans le ventre, nous faire remarquer, décrit-elle. Au lieu de ça, non seulement on n’aura pas de boulot cet été, mais on en aura moins après : puisqu’on nous annonce un plan social, même les titulaires vont trinquer ! »

Au collectif Profession pigiste, Véronique Hunsinger juge qu’« il est encore très difficile de mesurer toutes les conséquences » de la crise sur le journalisme free-lance. « C’est pour les jeunes diplômés, que je m’inquiète », glisse-t-elle. Sans expérience, sans carnet d’adresses, et avec un éventail des possibles restreint comme jamais, leurs premiers pas dans le métier risquent d’être très compliqués.

6 juin 2020

L’endroit où le Débarquement a failli échouer

debarquement

Le 6 juin 1944, les soldats américains s’approchent du secteur Easy Red d’Omaha, à bord d’une péniche de débarquement.

C’est une jolie plage, longue, très longue. Huit kilomètres entre Vierville- sur-Mer, à l’ouest, et Sainte-Honorine-des-Pertes à l’est, dans le Calvados. Son surnom résume tout : Bloody Omaha. Omaha la sanglante !

Le réalisateur américain Samuel Fuller a débarqué à Omaha le 6 juin au matin. Il faisait partie de la fameuse Big Red One, la 1re Division d’Infanterie américaine. Revenu sur la plage normande pour le 50e anniversaire du Débarquement. Il se souvenait pour Paris Match :

« Le jour commence à se lever, on aperçoit dans la brume une idée de la côte. On quitte le bateau pour descendre dans les péniches de débarquement qui foncent vers la plage. J’étais dans le 16e régiment, 3e bataillon, compagnie K. Notre zone est Easy Red. La mer est agitée, des soldats dégueulent.

« Nous sommes dans la troisième vague d’assaut. Plus on se rapproche de la terre, moins on y voit – fumée, brouillard, explosions, tirs des 155 des batteries côtières. L’enfer. Mais ce n’est que le début.

« À 6 h 30, on atteint la terre. La mer est rouge de sang, elle charrie des morceaux de cadavres disloqués. Avec mon sergent, on réussit à atteindre une bande de sable et on ne trouve aucun trou de bombe pour s’abriter. On n’a rien pour se protéger, sinon le corps des soldats morts… »

L’état-major allié avait prévu que l’opération durerait 25 minutes. Fuller et ses camarades sont restés trois heures. En fait, tout a raté dans cette affaire. Les défenses allemandes sont intactes. Les troupes allemandes ne sont pas les anciens de la 716e division mais des soldats d’élite de la 352e, venus se mettre au vert en Normandie après une campagne en Russie. Le temps est mauvais, avec des vents forts et une mer formée. Les chars censés être amphibies coulent les uns après les autres.

90 % des soldats de la première vague ont été mis hors de combat, tués ou blessés. Le salut est venu de l’équipe de rangers, après de nombreuses tentatives infructueuses de placer des tuyaux bourrés d’explosifs baptisés « bengalores ».

Il est 9 h 30. Les GI’s vont pouvoir enfin se déployer et nettoyer blockhaus et bunkers. Il était temps, l’état-major d’Overlord est passé près d’une grande catastrophe. Le Débarquement a failli échouer sur la plage d’Omaha !

Pour Samuel Fuller, la guerre a continué malgré une blessure en 1944. Il l’a terminée en mai 1945 avec la libération du camp de concentration de Falkenau, en Tchécoslovaquie. Il a raconté sa guerre dans un film auto- biographique Au-delà de la gloire (1980) avec des séquences consacrées à Bloody Omaha. « Je n’ai pas pu filmer ce qui s’est réellement passé sur la plage car il n’est pas possible de filmer cette horreur-là. »

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