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Jours tranquilles à Paris

24 octobre 2020

Couples LGBT : les catholiques prêts à l’union autour du pape ?

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Par Eric Jozsef, correspondant à Rome — Libération

La diffusion, mercredi, d’un enregistrement du pape François se disant en faveur d’un partenariat civil et d’un «droit à une famille» pour les homos a fait grincer la frange conservatrice de l’Eglise. En interne, le Saint-Siège craint des divisions.

Le Vatican, combien de divisions ? A l’intérieur des palais apostoliques, la règle est la prudence et les propos feutrés, mais les déclarations du pape François, qui s’est dit publiquement favorable, mercredi, à l’union civile pour les homosexuels, font resurgir le spectre de violentes fractures et d’affrontements au sein de l’Eglise. «Pour le moment, c’est un sentiment de jour d’après. Les bouches sont cousues mais la tension est palpable, résume le vaticaniste du quotidien La Stampa, Domenico Agasso. Les médias du Vatican n’ont pas émis le moindre commentaire et presque personne ne parle, même en off. On préfère se concentrer sur le renouvellement de l’accord préliminaire entre la Chine et le Saint-Siège sur la nomination des évêques.»

Depuis le début de son pontificat, le pape François n’a cessé de faire des ouvertures en direction des personnes homosexuelles. Dès 2013, de retour des Journées mondiales de la jeunesse au Brésil, il avait fait sensation en déclarant : «Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?»

«Coup de massue»

Mais jamais, Jorge Mario Bergoglio n’avait été aussi loin en déclarant, dans le cadre d’un documentaire d’Evgeny Afineevsky qui lui est consacré : «Les personnes homosexuelles ont le droit d’être en famille. Ce sont des enfants de Dieu, elles ont droit à une famille. […] Ce qu’il faut, c’est une loi d’union civile, elles ont le droit d’être couvertes légalement. J’ai défendu cela.» «Avec cette déclaration, du point de vue de l’influence sociale et politique de l’Eglise, le Saint-Père change le cours de l’histoire», glisse un prélat. Non seulement, il réaffirme la nécessité de la miséricorde et de l’accueil envers les homosexuels (même si du point de vue doctrinal, l’homosexualité reste un péché), mais il confirme que l’Eglise est prête à accepter que les couples LGBT aient des droits civils (lire ci-contre). Ce que plusieurs responsables ecclésiastiques, dont le cardinal Walter Kasper, avaient déjà publiquement soutenu.

En tant qu’archevêque de Buenos Aires, Bergoglio s’était lui-même déclaré en 2010, lors d’un débat sur le mariage pour tous, favorable à une protection juridique pour les couples homos. Mais cette prise de position revêtu de la robe pontificale prend une tout autre dimension. «C’est un coup de massue pour les conservateurs, qui depuis des décennies mènent les batailles pro-vie», observe un vaticaniste qui rappelle que le prédécesseur de François, Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, avait réaffirmé en 2003 la position de l’Eglise : «Reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage signifierait approuver un comportement déviant.»

La galaxie ultra-catholique s’est donc indignée jeudi de la rupture consommée. «Ce sont des phrases déconcertantes, a lancé le site catholique La Nuova Bussola Quotidiana. Le droit naturel et divin est écrasé, la loi morale et naturelle est sapée.» Pour le cardinal Leo Burke, ces déclarations «sont privées de toute importance en ce qui concerne le magistère. Ce sont les opinions personnelles de celui qui les a prononcées, mais le fait qu’elles ne correspondent pas à l’enseignement constant de l’Eglise est source d’une profonde amertume et d’une préoccupation pastorale urgente». Et le conservateur américain d’enfoncer le clou : «Le scandale causé donne la fausse impression que l’Eglise catholique a changé de route sur des questions d’une importance cruciale». Les adversaires de Bergoglio, qui le traitent mezza voce de «pape communiste», lui reprochent d’ailleurs régulièrement de parler à tort et à travers avec des journalistes ou des documentaristes.

«Ambiguë»

Dans l’entourage du souverain pontife, on s’emploie en tout cas à rappeler qu’avaliser les unions civiles ne signifie pas ouvrir la voie aux mariages homosexuels, au contraire. Une position réitérée par le théologien Bruno Forte, qui a indiqué que «les droits des personnes doivent être respectés. Si deux individus, y compris du même sexe, décident de vivre ensemble, elles ont le droit à ce que leur choix ait une forme de protection». En ajoutant : «Le pape François a toujours répété qu’il ne peut y avoir de confusion entre la famille voulue par Dieu, qui est l’union entre un homme et une femme ouverte à la procréation, et tout autre type d’union.»

Mais, tels que rapportés par le documentaire, le pape va en fait plus loin en affirmant que les couples homosexuels «ont droit à une famille». «L’expression utilisée apparaît ambiguë», souligne dans les colonnes de La Stampa Lucetta Scaraffia, historienne et professeure à la Sapienza, car «elle est habituellement utilisée pour demander la reconnaissance au droit à la parentalité, c’est-à-dire obtenir par des moyens divers [FIV, GPA, ndlr] des enfants».

Au Vatican, on laisse entendre que les propos du pape auraient été enregistrés dans des contextes différents et qu’il n’y aurait pas d’ambiguïté sur la constance de la morale catholique. Reste que les propos pontificaux ont fait l’effet d’un chiffon rouge. «C’est une chose de ne pas discriminer les gays, c’en est une autre de dire qu’ils ont droit à une famille», insiste le quotidien de droite La Verità, qui rappelle que le catéchisme de l’Eglise catholique affirme toujours que «les Saintes Ecritures présentent les relations homosexuelles comme de graves dépravations». «Au sommet de l’Eglise, la prise de position de François a le soutien de nombreux prélats, assure Domenico Agasso, mais il y a de l’embarras car on craint les divisions.» A savoir une sorte de schisme des conservateurs. D’autant que, si les unions civiles voire les mariages homos sont de plus en plus banalisés dans beaucoup de pays, hors d’Europe, l’homosexualité est encore souvent taboue et réprimée.

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24 octobre 2020

Marisa Papen

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23 octobre 2020

Frank Horvat est décédé

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Grande figure de la photographie de mode et de reportage, Frank Horvat est décédé, mercredi 21 octobre, à l'âge de 92 ans.

Le photographe Frank Horvat, qui s’était illustré dans la photographie de mode dès les années 1960, s’est éteint à l’âge de 92 ans à Boulogne-Billancourt, là où il résidait depuis plusieurs années. En noir et blanc ou en couleurs, il a, tout au long de sa carrière, saisi les plissés du vêtement, les sourires en coin, les jeux d’ombre, les mines grises, les gestuelles prises sur le vif, l’élégance innée et celle travaillée.

Les débuts : des timbres-poste au Kodak Retinamat

Frank Horvat naît en 1928 à Abbazia en Italie, aujourd’hui territoire croate. Sa famille d’origine juive, fuyant le fascisme, s’installe successivement en Suisse, en Italie, au Pakistan, en Inde, en Angleterre et en France. À quinze ans, sa passion pour le médium photographique débute et il troque sa « collection de timbres-poste contre une caméra Retinamat de 35 mm ». De 1947, il intègre l’Académie de Brera où il étudie l’art. Un de ses premiers emplois, dans une entreprise de publicité, lui permet d’acquérir un appareil Rolleicord. Ainsi muni, il se lance en tant que free-lance pour des magazines italiens.

Cartier-Bresson : une rencontre décisive

En 1950, Frank Horvat rencontre Robert Capa et Henri Cartier-Bresson. Au contact du photojournaliste français, il adopte le Leica, appareil réputé pour sa légèreté et sa maniabilité, et entreprend ses premiers voyages en Asie, en tant que photoreporter. Son revirement professionnel vers le secteur de la mode entraînera une certaine désapprobation de la part du photographe français. Les photographies d’Horvat, même celles de mode, témoignent de son attachement au processus de capture de « l’instant décisif », si cher à Cartier-Bresson.

En 1955, il s’installe à Paris, ville qu’il ne quittera plus. Devenu photographe de mode en 1957, sa vie s’organise entre Paris, New York et Londres, au rythme effréné des collections de mode. Il travaille pour divers magazines internationaux parmi lesquels « Elle », « Vogue », « Glamour » et « Harper’s Bazar ».

Des entrevues signées Frank Horvat

Souffrant d’une douleur aux yeux, Frank Horvat délaisse un temps la photographie pour l’écriture. De 1986 à 1987, il réalise des recueils d’entretiens avec des photographes reconnus : Édouard Boubat, Robert Doisneau, Mario Giacomelli, Josef Koudelka, Don McCullin, Sarah Moon, Helmut Newton passerons par son cabinet et sous sa plume. Ces Entre Vues sont publiées aux éditions Nathan.

De retour à la photographie, il développe de multiples projets, de 1990 à 1998, alliant son attrait pour la mode mais aussi pour la peinture classique et l’histoire de l’art : Mythologies, Sculpture by Degas, Bestiarium, History of Fashion au Musée Galliera. Outre son activité d’auteur, il se consacre à une série de photographies sur son quartier de Boulogne-Billancourt intitulées Walk around Boulogne-Billancourt, capturant les détails architecturaux et la vie du quotidien.

Une production photographique mise en lumière

L’œuvre photographique d’Horvat a fait l’objet d’exposition dès les années 1950. En 1955, il compte parmi les artistes invités de l’exposition « Family of Man » au Museum of Modern Art de New York, et son édition parisienne au Musée National d’Art Moderne en 1956. Un film, réalisé par Arte, lui est consacré en 2000. La même année, le musée Maillol lui consacre une exposition. En 2006, l’espace Landowski, à Boulogne, réalise une rétrospective de son travail. Jusqu’au début du mois d’octobre 2020, sa série Vraies Semblances, où ses portraits de femmes font écho aux grandes figures de la peinture classique, était mise à l’honneur à la galerie Lelong. Son dernier ouvrage, Side Walk, consacré à ces photographies colorées du New York des années 1980, est paru ce mois-ci aux éditions Xavier Barral.

23 octobre 2020

Trump, ce bouffon

trump bouffon

Par Simon Blin — Libération

Photo ci-dessus : Donald Trump lors du premier débat présidentiel à Cleveland, Ohio, le 29 septembre. (AP)

Lui ou Bolsonaro exercent leur pouvoir non pas en dépit de leur incompétence, mais en raison même de celle-ci. Dans un essai, le spécialiste de la rhétorique politique Christian Salmon décrypte le style «grotesque» des leaders populistes.

On pensait avoir touché le fond. Donald Trump, Jair Bolsonaro, Boris Johnson, Matteo Salvini et consorts nous avaient emmenés déjà bien loin dans l’énormité. Et puis le Covid-19 est arrivé. Avec la gestion de la pandémie, on a compris ce que voulait dire «creuser encore et encore». Exemple parmi tant d’autres, Johnson opposant au confinement le «droit inaliénable du peuple anglais à aller au pub», avant d’être lui-même admis en urgence à l’hôpital pour avoir contracté une forme sévère de la maladie. Ou bien la sortie de Trump suggérant d’injecter du désinfectant dans le corps pour lutter contre le virus. Le président américain, qui avait d’abord nié le danger, a fini par être testé positif, entraînant derrière lui une invraisemblable confusion autour de son état de santé. De retour en meeting, il a déclaré : «Je me sens si puissant. Je pourrais marcher dans la foule et aller embrasser tout le monde. J’embrasserais les gars et les jolies filles. Je vous ferais un bon gros bisou.» Séquence ubuesque dont le milliardaire saura à coup sûr profiter pour renforcer sa base électorale.

Ce qui était une faiblesse il y a quelques années, être ouvertement ridicule, abject et politiquement insouciant, semble être devenu un atout majeur pour se singulariser. Chez Trump comme chez Bolsonaro, l’incapacité à gouverner est paradoxalement érigée en compétence absolue. C’est cette inversion des valeurs que Christian Salmon tente de comprendre dans son dernier essai, la Tyrannie des bouffons (Les Liens qui libèrent). L’essayiste décrit une communication «carnavalesque», récit typique du renversement des hiérarchies où le peuple prend la place du roi et instaure une forme de pouvoir comique. Sauf que le trumpisme ou le bolsonarisme, développe Salmon, sont des formes de carnavals eux-mêmes inversés, qui installent la bouffonnerie directement depuis le sommet de l’Etat. Et «puisqu’ils échappent par nature aux catégories politiques existantes» - sont-ils populistes, illibéraux, nationalistes, souverainistes ou fascistes ? -, l’auteur propose de qualifier leur gouvernance de «grotesque». Non pas au sens premier, la satire, mais celui de grottesca, terme italien qui désigne «tout ce qui franchit les limites et mêle les genres.»

Loin de toute forme de folie, le «grotesque» est une «rationalité paradoxale», explique l’auteur, reprenant la formule visionnaire de Michel Foucault : «La souveraineté grotesque opère non pas en dépit de l’incompétence de celui qui l’exerce mais en raison même de cette incompétence et des effets grotesques qui en découlent […]. J’appelle grotesque le fait qu’en raison de leur statut, un discours ou un individu peuvent avoir des effets de pouvoir que leurs qualités intrinsèques devraient disqualifier.»

Dans l’Ere du clash (Fayard, 2019), Salmon démontrait déjà que ce style politique asseoit précisément la crédibilité de son discours sur le «discrédit» du système. La transgression et la surenchère ont remplacé, dit-il, le Storytelling, titre d’un autre de ses ouvrages, paru en 2007, sur l’influence des méthodes du marketing et de la publicité dans la structure des messages politiques. Entre-temps, ce spécialiste de rhétorique publiait la Cérémonie cannibale (Fayard, 2013), mettant l’accent sur le passage de l’incarnation du pouvoir à l’exhibition de la personne capable de capter l’attention du public et booster les audiences médiatiques.

L’enjeu du débat politique ne repose plus tant sur des programmes et des idées que sur une bataille linguistique pour imposer ses propres termes. Le processus a été formulé par le sociolinguiste américain George Lakoff dans une célèbre métaphore animalière. Professeur à Berkeley et conseiller en communication des démocrates américains pendant des dizaines d’années, Lakoff dit à ses étudiants de «ne surtout pas penser à un éléphant». Suggestion ayant pour effet immédiat de convoquer l’image de l’animal dans leurs esprits. Par cet exercice pédagogique, le spin doctor montre que le cerveau humain fonctionne parfois moins par rationalité que par association de figures. Selon lui, le succès de la communication par les fake news relève de ce même mécanisme cognitif. La théorie de l’éléphant de Lakoff, conceptualisée dans les années 90, connaît une seconde jeunesse à travers Trump, Salvini, Johnson et autres chefs d’Etat clownesques. Une façon d’expliquer, pour Salmon, que ces leaders ne sont en rien des anomalies ou des héros bravant seuls contre tous le système, mais bien de purs produits de celui-ci. Si pour le moment, la France reste plutôt préservée de ce genre de spécimen, le «phénomène burlesque» commence tout de même à pointer le bout de son nez chez des figures dites «antisystème» tels Didier Raoult, Jean-Marie Bigard ou Cyril Hanouna.

Une figure moins connue du public français que le très médiatique Steve Bannon résume peut-être à elle seule ce basculement progressif dans l’ère du grotesque : le sulfureux Roger Stone. Cet ex-conseiller de l’ombre de Trump, condamné à 40 mois de prison pour avoir menti au Congrès dans l’enquête russe avant d’être gracié par Trump lui-même, est l’un de ceux qui ont théorisé la politique comme divertissement. Dans ce nouveau régime, les électeurs sont devenus des fans. Ils ne votent plus pour un chef d’Etat, ils élisent un showman. Pour Stone, rappelle Salmon, «la seule chose pire que d’avoir tort, c’est d’être ennuyeux». En fin de compte, «il vaut mieux être tristement célèbre que pas célèbre du tout». Il ne fait aucun doute que Trump songe à ce précepte au moment d’aborder la dernière ligne droite de sa campagne présidentielle face au candidat démocrate qu’il surnomme «Joe l’endormi».

Christian Salmon La tyrannie des bouffons Les Liens qui libèrent, 224 pp., 16 € (ebook : 11,99 €).

23 octobre 2020

"Helmut Newton": ses photos de femmes dénudées ont-elles libéré leurs modèles ou imposé les fantasmes masculins ?

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Des femmes élancées, athlétiques, sculpturales, presque toutes blondes. Des compositions géométriques ou jouant sur les oppositions entre ombres et lumière ; un noir et blanc tranchant, évocateur. Pas mal d’humour et de clin d’œil à l’Histoire, à l’architecture, à la peinture. Des clichés érotiques ou provocateurs. Une fascination assumée pour la nudité. Il y a tout cela chez Helmut Newton, et plus encore.

Disparu en 2004, le photographe laisse une œuvre impressionnante reconnaissable au premier coup d’œil qui interroge les représentations sociales et les rôles assignés aux individus. Sa complice, June, connue sous son nom de photographe, Alice Springs, l’a épaulé toute sa vie, première à juger ses clichés, ses livres, ses expositions.

La grande richesse de ce documentaire, signé Gero von Boehm, découle des témoignages de quelques-unes de ses égéries les plus célèbres : Grace Jones, Isabella Rosellini, Charlotte Rampling, Claudia Schiffer, Marianne Faithfull, Hanna Schygulla. Mais aussi sa complice de toujours : Anna Wintour, rédactrice en chef de l’édition américaine du magazine Vogue. Le réalisateur a aussi recueilli le regard qu’Helmut Newton porte sur ses débuts et les influences majeures qu’il reconnaît même si certaines - comme celle de l’artiste Brassaï pour ses photos de nuit -, sont sans doute plus avouables que d’autres…

Allemagne: l’ombre des années de guerre

Épaulé par la Fondation Helmut Newton, Gero von Boehm a eu accès à de nombreux films et photos d’archives qui jalonnent le parcours de l’artiste berlinois, resté admiratif de l’esprit de bohème et de la liberté de sa ville, ainsi que de l’aura de la République de Weimar.

Adolescent juif, Newton était conscient de l’influence exercée par une photographe comme Leni Riefenstahl qui exalta le corps allemand lors des Jeux olympiques, embrassant pleinement la propagande nazie. On retrouve des traces de cette période cruelle et troublée dans sa façon de mettre en scène les contraires, les images de domination et de corps athlétiques et de confronter les ombres et lumières de la ville. Son travail d’assistant auprès de la photographe Yva (Else Neuländer-Simon) a été déterminant, façonnant son parcours d’apprenti et d’homme. Son atelier sera fermé, la photographe sera déportée tandis que Newton et sa famille fuiront l’Allemagne.

L’œuvre d’Helmut Newton, aujourd’hui encore, pose question et fait réagir ; certaines photos sont jugées vulgaires, humiliantes ou amorales sans qu’on puisse trancher avec certitude si ce regard sexualisé sur la femme sert uniquement son auteur ou a permis à toutes ces "amazones" de s’affirmer face aux donjons et dragons de notre époque. Une thématique que le documentariste a abordé avec tous les modèles féminins rencontrés. Une démarche singulière, obsessionnelle qui, forcément, pose question aujourd’hui plus encore qu’hier.

Helmut Newton : The Bad and the Beautiful Portrait documentaire De Gero von Boehm Durée 1h33.

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23 octobre 2020

ACT UP

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23 octobre 2020

Assassinat de Samuel Paty : le compte Twitter du terroriste avait été signalé six jours avant le meurtre

France Télévision - Selon nos informations, un message posté par Abdoullakh Anzorov a alerté les utilisateurs du réseau social le 10 octobre. Le ministre de l'Intérieur défend ses services.

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Le compte Twitter du terroriste avait été signalé à plusieurs reprises. (Photo d\'illustration)Le compte Twitter du terroriste avait été signalé à plusieurs reprises. (Photo d'illustration) (JAKUB PORZYCKI / NURPHOTO / AFP

Il est passé sous les radars. A peine une semaine avant l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le compte Twitter de l'assassin de Samuel Paty avait pourtant été signalé aux services antiterroristes. Selon nos informations, Abdoullakh Anzorov a en effet posté sur Twitter, le 10 octobre, un message immédiatement identifié comme contrevenant à la loi et transmis à la plateforme du ministère de l'Intérieur Pharos. Mais à ce jour, les services d'enquête ignorent encore le contenu de ce message.

A peine le propos était-il mis en ligne sur l'un des comptes utilisés par le jihadiste qu'il était rendu inaccessible... Le compte a été désactivé par son utilisateur, celui-ci réalisant peut-être qu'il risquait d'être poursuivi pour son contenu. Depuis l'attentat du vendredi 16 octobre, les policiers chargés de l'enquête ont adressé une demande à Twitter afin de reconstituer l'historique du compte Al Ansâr et d'exhumer ce mystérieux message.

Depuis le printemps dernier, le jeune Tchétchène se montrait très actif sur les réseaux sociaux, notamment sous le pseudo Tchetchene_270. Les policiers découvrent, en analysant les données de son ordinateur, qu'il possédait de nombreux comptes sur différents supports. Il avait d'ailleurs à plusieurs reprises été repéré et dénoncé par les utilisateurs pour ses propos extrémistes.

Plusieurs signalements pour des "propos litigieux"

Selon des sources concordantes, le premier signalement remonte au 12 juillet. Un utilisateur de Twitter alerte alors la police judiciaire, via la plateforme dédiée aux contenus illicites Pharos (Plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements). Cet utilisateur a en effet repéré des propos haineux envers le régime chinois et polémiques sur la situation en Afghanistan.

Après signalement, les responsables de la plateforme Pharos transmettent le dossier aux services spécialisés concernés, en fonction du type d'infraction visée (injures, antisémitisme, pédopornographie…). En l'occurrence, ils saisissent l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste. Et en bout de chaîne, la DGSI, service de renseignement intérieur chargé notamment de la lutte antiterroriste, hérite du signalement. Il s'agit d'évaluer la dangerosité de Tchétchène_270.

"Les propos litigieux portaient sur la situation internationale et ne visaient nullement la France, fait valoir aujourd'hui une source proche du dossier. Le titulaire du compte ne figurait pas dans le fichier des personnes radicalisées. Il n'était pas connu pour fréquenter des cercles islamistes radicaux. Raison pour laquelle ses tweets n'ont pas été jugés prioritaires. Il faut les mettre en perspective avec la masse de dossiers ultra sensibles traités par les services de renseignement." La plateforme Pharos traite en moyenne 230 000 signalements chaque année, soit plus de 4 500 par semaine.

Une radicalisation décomplexée

Un deuxième signalement à Pharos intervient à la fin du mois de juillet. Il fait l'objet de la même analyse. A peu près à la même date, la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) signale à son tour un contenu ouvertement antisémite mais directement auprès de Twitter. "La procédure étant distincte de Pharos, elle échappe à la police nationale", relate un bon connaisseur du dossier. A la fin du mois d'août, un photomontage de tête coupée apparaît sur ce même compte, comme l'a révélé Mediapart. Selon le site d'information en ligne, il est fabriqué à partir d'une image tirée d'une série turque. Le cliché est rapidement retiré. Selon les services de police, cette publication morbide ne fait pas non plus l'objet d'un signalement Pharos.

Au fil des mois et notamment à partir de septembre, la radicalisation d'Anzorov se fait de plus en plus décomplexée, dans sa vie quotidienne à Evreux (Eure) et sur les réseaux sociaux. Elle s'accélère, mais elle passe toujours sous les radars de l'antiterrorisme. A la mi-septembre, le jeune Tchétchène échange via Instagram avec un correspondant installé à Idlib, la poche de résistance rebelle et jihadiste située dans le nord-ouest de la Syrie, selon une information du Parisien dont franceinfo a eu confirmation.

Tous deux parlent de "martyre" et de "hijra" (émigration dans un pays musulman). Il ne fait guère de doute qu'à cette date-là, Anzorov cherche à gagner la Syrie. Là encore, ces échanges échappent aux services antiterroristes. Vient enfin cet ultime signalement du 10 octobre, puis l'assassinat de Conflans-Sainte-Honorine. En milieu de journée jeudi, au Sénat, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin a défendu l'action de ses services face au début de polémique : "Des comptes comme ceux-là, mesdames et messieurs les sénateurs, il y en a des milliers, pour ne pas dire plus."

23 octobre 2020

Covid-19 : 38 nouveaux départements sous couvre-feu.

couvre feu nouvelle carte

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi que l’extension de cette mesure sur le territoire français entrerait en vigueur samedi à minuit, pour les nouvelles zones concernées. Elle vise à faire face à une circulation du virus “extrêmement élevée”, avec 41 000 cas enregistrés ces dernières 24 heures, un niveau jamais vu. Au total, 46 millions de Français sont désormais concernés par ces restrictions de circulation, soit les deux tiers de la population, note le journal italien Il Fatto Quotidiano, qui remarque que de tous les pays européens, c’est la France qui est la plus touchée par une flambée de cas. L’Allemagne a toutefois enregistré près de 11 300 nouveaux cas en 24 heures, un record absolu pour ce pays salué pour sa bonne gestion de la première vague épidémique au printemps. “La situation est devenue globalement très grave”, a déclaré jeudi Lothar Wieler, président de l’institut de veille sanitaire Robert Koch.

23 octobre 2020

Courrier International

courrier

23 octobre 2020

Attentat de Conflans : le terroriste était en contact avec au moins deux présumés djihadistes en Syrie

Par Elise Vincent, Nicolas Chapuis - Le Monde

L’exploitation du téléphone d’Abdouallakh Anzorov a révélé des échanges avec deux interlocuteurs localisés près d’Idlib, dont un russophone. Leurs comptes sont en cours d’analyse et leur rôle éventuel dans le projet d’assassinat de Samuel Paty reste à préciser.

L’enquête sur la décapitation de Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie d’un collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) assassiné le 16 octobre, après avoir montré lors de ses cours des caricatures de Mahomet, progresse. Principale nouveauté ces dernières heures : l’identification de contacts entre l’assaillant abattu par les forces de l’ordre, Abdouallakh Anzorov, et la zone irako-syrienne. Ces messages découverts après l’exploitation de son téléphone révèlent désormais, selon nos informations, des échanges avec non plus un, comme révélé par Le Parisien mercredi 21 octobre, mais au moins deux présumés djihadistes se trouvant dans la région d’Idlib, dans l’est de la Syrie.

Cette région est aujourd’hui l’un des derniers bastions importants des djihadistes de tous horizons, qu’ils appartiennent aux rangs d’Al-Qaïda sous l’émanation locale de l’organisation baptisée Hayat Tahrir Al-Cham, ou aux reliquats de l’organisation Etat islamique.

Leur identité n’est pas encore connue à ce stade ; l’un d’eux est russophone. Leurs comptes sont en train d’être analysés. Il n’est toutefois pas certain, à ce stade, qu’ils aient piloté le Tchétchène de 18 ans dans son projet d’assassiner Samuel Paty.

Message posté sur Instagram en langue russe

Comme en témoigne le compte Twitter d’Abdouallakh Anzorov, dont Le Monde a pu analyser l’intégralité du contenu, le jeune homme était très radicalisé depuis six mois à un an. Il envisageait même de tenter la hijra, l’émigration en pays musulman. Qu’il ait eu dans ce cadre des échanges avec des djihadistes sur zone, qui plus est à Idlib, un endroit où ces derniers bénéficient aujourd’hui d’une certaine liberté de mouvements, n’est pas surprenant.

Par ailleurs, a pu recouper Le Monde, l’exploitation du téléphone de l’assaillant a permis d’exhumer un message audio posté notamment sur Instagram, en langue russe, dans lequel on l’entend, essoufflé, justifier son geste après la décapitation de Samuel Paty. Dans ce message versé à la procédure, il déclare notamment avoir « vengé le prophète ». « Frères, priez pour qu’Allah m’accepte en martyr », ajoute-t-il aussi selon l’AFP, qui a révélé l’information.

Alors que la justice a procédé aux mises en examen de sept personnes dans ce dossier, dont six pour « complicité d’assassinat terroriste », leurs avocats ont commencé à contester, pour certains, les chefs de mises en examen qui leur ont été signifiés ou leur placement en détention provisoire. Le cas de Brahim C., le père de l’élève de 13 ans qui avait pour enseignant Samuel Paty et dont les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont contribué au drame, selon l’enquête, devrait notamment être débattu vendredi 23 octobre.

Contacts avec Brahim C. en amont de l’attentat

Le profil de Brahim C. est particulier à plus d’un titre. Cet homme d’origine algérienne, âgé de 48 ans, évolue depuis longtemps dans les cercles musulmans très pratiquants, voire salafistes. Il est notamment très engagé dans une association, Aide-moi, qui organise des pèlerinages à la Mecque pour les personnes handicapées.

L’exploitation de son téléphone a démontré qu’il avait eu un certain nombre de contacts avec Abdouallakh Anzorov en amont de l’attentat. Mais quelle en a été la teneur ? Il manque encore des éléments aux enquêteurs pour avoir une vision globale de leurs échanges. En garde à vue, il a en tout cas nié avoir eu connaissance du projet mortifère de l’assaillant.

Selon nos informations, en 2014, c’est d’ailleurs lui qui était venu dénoncer aux autorités sa demi-sœur handicapée partie dans la zone irakienne. Il s’était manifesté en appelant le centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation, le numéro vert mis en place à l’époque par le gouvernement, pour aider les familles dans cette situation. Aujourd’hui, cette dernière est toujours en vie et se trouve dans le camp d’Al-Hol, en Syrie.

Concernant les deux mineurs âgés de 14 et 15 ans mis en examen dans le dossier pour avoir désigné contre de l’argent Samuel Paty, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a expliqué, jeudi matin, devant le Sénat où il était auditionné, que le rapport commandé auprès de l’inspection générale de l’éducation nationale pour établir l’enchaînement des faits au collège de Conflans-Sainte-Honorine devrait lui être remis « en début de semaine prochaine ».

Cette intervention était précédée d’une rencontre dans la matinée avec les syndicats d’enseignants pour évoquer la rentrée du 2 novembre, après les vacances de la Toussaint. Interrogé sur le contenu de cette journée, M. Blanquer a d’ores et déjà demandé à « tous les élus de la République, les conseillers municipaux, les maires, les sénateurs, d’être présents auprès des professeurs le jour de cette rentrée ».

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