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Jours tranquilles à Paris

4 novembre 2020

Bilan -Le style Trump, ou le triomphe du mauvais goût

trump58

THE WASHINGTON POST (WASHINGTON)

En quatre ans de mandat, Donald Trump a imposé sa marque “bling-bling” sur la Maison-Blanche et sur le pays tout entier. Les Américains sauront-ils se remettre de cet affront esthétique ? s’interroge avec humour le Washington Post.

Laissons de côté la politique et l’idéologie une minute (difficile, certes), pour ne nous intéresser qu’à l’esthétique : le look de Trump, le décor de sa présidence, l’atmosphère de sa campagne de réélection.

Les Américains sont familiers de l’esthétique personnelle de Donald Trump depuis des décennies : l’or, le côté bravache, les superlatifs, la mise en scène digne de la télé-réalité, son obsession constante pour son patronyme. Or cela fait bientôt quatre ans que l’Esthétique Trump est entrée en collision (ou en fusion ?) avec la présidence américaine, l’une et l’autre se marquant mutuellement d’un sceau qui ne disparaîtra pas de sitôt.

Trump et ses majuscules dorées. Trump et sa signature hachée tracée au marqueur noir. Trump qui agrippe et embrasse un drapeau américain. Qui distribue des piles de Big Mac tièdes sur des plateaux d’argent dans la salle à manger de la Maison-Blanche. Qui balance des rouleaux de papier essuie-tout aux Portoricains victimes d’un ouragan comme un chauffeur de salle jette des tee-shirts souvenirs sur le terrain d’un match de baseball catégorie poussins. Qui ponctue l’annonce d’une conférence de presse d’un “Amusez-vous bien” qui fait plus penser à un animateur de soirée qu’au chef des armées. Qui arbore une veste blanche tombante trop longue de dix centimètres pour rencontrer la reine Élisabeth II. Et son équipe de campagne qui offre un “billet de 1 000 dollars à l’effigie de Trump, ÉDITION LIMITÉE” pour attirer les donateurs (“REJOIGNEZ-NOUS ET DEMANDEZ-LE MAINTENANT”). Trump qui, devant le public de ses meetings, râle sur les toilettes dont les chasses d’eau ne sont plus ce qu’elles étaient.

Et il y a, bien sûr, ses tweets. La grammaire enfantine, la ponctuation hystérique, les majuscules inutiles, l’amplification de mèmes diffusés par des trolls et ses superfans complotistes.

La doctrine de Trump est peut-être “L’Amérique d’abord”, mais à quoi ressemble exactement l’Esthétique Trump ? “La précision, ça passe après” ? “Pas normale” ? Est-elle proche de celle d’Alice au pays des merveilles, ainsi que son gendre Jared Kushner l’a laissé entendre au journaliste Bob Woodward – un décor bizarre, picaresque, qui part dans tous les sens ?

La question a effectivement tout d’un terrier de lapin. Sautons-y à pieds joints.

L’Esthétique Obama était un mélange à la fois glacé et brûlant d’espoirs ardents et de classe tout en retenue. L’Esthétique Reagan, c’était le courage en jeans à la fraîche. Il émanait de Lyndon B. Johnson et de George W. Bush une bonhommie texane qui était bien souvent une stratégie. L’Esthétique Kennedy (classique et patricienne) s’est transformée en Mystique Kennedy (réminiscences du paradis perdu). L’Esthétique Nixon frisait la paranoïa quaker, conjugaison d’austérité et d’arrogance qui a corrompu la présidence, mais au moins respectait-il encore les atours de la fonction.

Alors, celle de Trump ? Comment la définir ?

“D’une grossièreté achevée, commente Debbie Millman, qui dirige un programme de master à l’École des arts visuels de New York. Je me demandais justement comment la décrire, en terminologie du design. J’ai inventé la notion de ‘chic dictatorial’.”

“Vulgaire, répugnant, idiot, juge Michael Bierut, concepteur du logo de la campagne d’Hillary Clinton en 2016 (un H fléché) et spécialiste de design graphique à l’École d’art de l’université Yale. Ça déborde d’erreurs de grammaire, de majuscules qui n’ont rien à faire là, de polices de caractères hideuses. Des associations de couleurs atroces, un jeu terrible avec les échelles. Tout est affreux, affreux, affreux.”

Et ? “Il y a bien quelqu’un [Donald Trump] à qui cela fera sans doute plaisir de savoir que cela offense une personne qui, sur son CV, se présente comme un spécialiste du design graphique à l’École d’art de Yale.”

La Trump Tower construite à la place d’un immeuble Art Déco

L’Esthétique Trump consiste-t-elle simplement à offenser toutes les autres esthétiques ? Le sujet est épineux. Le casino miteux de l’un peut fort bien être La Mecque scintillante de l’autre.

Et c’est là que l’on en vient à se poser des questions gênantes sur les études, la classe, l’éducation, les valeurs. À l’époque où les ancêtres maternels de Trump étaient agriculteurs dans l’Écosse rurale du XVIIIe siècle, Hugh Blair, révérend et professeur à Édimbourg, écrivait sur le goût. Rares sont les choses qui séparent plus les hommes que leur sens individuel du goût, pensait Blair. “Chez certains hommes n’apparaît que la faible lueur du Goût ; ils apprécient les beautés du genre le plus grossier, et n’en ont qu’une impression faible et confuse, écrivait-il en 1787, alors que chez d’autres le Goût se mue en un profond discernement et en une vive jouissance des beautés les plus raffinées.”

Deux siècles plus tard, au grand dam des défenseurs du patrimoine, Trump, alors âgé de 34 ans, pulvérisait les vestiges Art Déco du magasin Bonwit Teller à Manhattan afin de faire de la place pour la Trump Tower, son monument définitif sur la Ve Avenue. “Trump s’imagine sans doute que la mémoire de la ville aura tôt fait d’oublier cet acte de vandalisme esthétique”, commentait le New York Times en juin 1980, mais “la taille d’un immeuble ne fait pas la grandeur de l’homme. Pas plus que les gros contrats ne font les experts en art.”

Dessin de Bertrams, paru dans De Groene Amsterdammer, Pays-Bas.Dessin de Bertrams, paru dans De Groene Amsterdammer, Pays-Bas.

Les lettres d’or sur le fronton de l’édifice étaient en Stymie Extra Bold, une police de caractères dite “égyptienne”. L’architecte Der Scutt souhaitait en tempérer la hardiesse en limitant la hauteur des lettres à une quarantaine de centimètres, en accord avec l’élégance de la boutique Tiffany voisine. Trump était passé outre et en avait fait doubler la taille, d’après un entretien accordé par l’architecte au Design Observer en 2009.

Après l’inauguration de la tour en 1983, le critique d’architecture du New York Times avait défini une des caractéristiques de l’immeuble qui présageait la future présidence de Trump : l’immeuble se souciait plus de son propre style que d’être en harmonie avec son environnement. Serait-ce là, en fin de compte, l’Esthétique Trump ? Se faire remarquer, à n’importe quel prix ?

Nous sommes au téléphone avec l’architecte Alan Lapidus, chez lui dans le Maine. Son père, Morris, avait conçu des bâtiments pour Fred Trump à New York, et lui-même en a dessiné pour Donald. Fred Trump avait fait construire ses immeubles d’appartements en banlieue avec de la brique de l’Hudson : robuste, simple, bon marché et classe moyenne. Donald, lui, a voulu faire le contraire de son père, explique Alan Lapidus. Autrement dit, de l’acier, du verre, du clinquant, de la hauteur, du filigrane, Manhattan. Il voulait donner une impression d’excès et de richesse, mais pour pas cher.

Il n’est pas question d’esthétique, souligne Lapidus, mais de poudre aux yeux. “Ce qu’il veut, c’est le brillant, l’or, la forme plutôt que le fond, et c’est ce qu’il a fait avec la présidence, explique Lapidus. Il va balancer une déclaration ridicule simplement parce que sur le moment ça sonne bien, et deux jours plus tard on s’aperçoit que c’était n’importe quoi.”

Une célébration constante de l’hyperbole

Une chose est sûre, l’Esthétique Trump est une célébration de l’hyperbole. À l’en croire, et à en croire ses partisans, Trump est un super-héros, un vainqueur et un protecteur. Son esthétique est souvent une collaboration entre le président et ses fans, un cercle vicieux où ils ne cessent jamais de s’autocongratuler, qui peut tout aussi naturellement accoucher d’une vidéo du visage animé de Trump collé sur le corps du président qui se bat contre les extraterrestres dans le film Independence Day que d’une gravure dépeignant le président en George Washington – le pied sur la lisse d’une barque, prêt à courageusement “traverser le marécage”.

Selon Hunter Schwarz, de l’agence marketting Yello, la police du logo de campagne de Trump est l’Akzidenz Grotesk Bold Extended, autant d’épithètes [“accident”, “grotesque”, “téméraire”, “agrandi”] qui vont bien les uns avec les autres. Les vidéos officielles de la Maison-Blanche sont comme les bandes-annonces claquantes de films d’action : scénarisées à coups de ralentis et de Steadicam, avec Trump en narrateur qui lit son script tandis que résonnent violons, cuivres et tambours.

Ce qui les sous-tend ? “La force.”

Nous sommes maintenant au téléphone avec deux responsables de la campagne de réélection de Trump, et nous discutons de l’Esthétique Trump. (Ils n’ont accepté de nous parler que sous couvert d’anonymat – d’accord, tout ce que vous voulez, ce n’est pas non plus une question de vie ou de mort.)

“Dans l’ensemble, c’est la force, et le fait de regarder vers l’avenir, poursuit le premier. Pas la force comme si on allait vous cogner. Je…

– Je pense que c’est la réussite, intervient le second.

– ‘Confiant’, c’est peut-être ça le mot.

– Réussite, optimisme et confiance.

– En fait, je n’aime pas ‘force’, ça a une connotation militaire.

– Tout ça peut en gros se résumer à ‘l’Amérique d’abord’.”

Cette force, l’artiste Scott LoBaido la voit. C’est pour cela qu’il a peint Trump avec des muscles, en acrylique sur toile – pas parce que Trump a des muscles, mais parce qu’il y fait penser. “On ne cesse de me critiquer : ‘Il ne ressemble pas à ça, il est gros’, déclare LoBaido, qui vit et travaille à Staten Island. Et moi, je dis : ‘Écoutez, ce n’est pas la question de savoir à quoi il ressemble. L’Amérique a voté pour la force.’”

Pour Matt Kuhlman, un artiste de Milwaukee, c’est une histoire de force blanche. Un jour, Kuhlman a convaincu un groupe d’amateurs d’art pro-Trump d’exposer un collage absurde qui débordait d’armes, de seins, d’explosions, et de tout un tas de Trump qui jouaient de la guitare – une œuvre satirique qui pouvait aussi être interprétée comme un hommage sincère de la part d’un fan. “Le jugement esthétique est fonction d’un enchaînement hiérarchisé de pensées, où on se dit : ‘Ça, c’est désirable, ça, ça ne l’est pas’”, assure Kuhlman. Le machisme patriotard du président, son attitude bravache à la “Dégagez-moi ces voyous”, ses efforts pour salir ou annuler tout ce qu’a fait le président Barack Obama, “tout ça est axé sur le masculinisme blanc”, affirme-t-il.

Aussi, en juillet dernier, quand il a vu une photo de Trump qui présentait divers produits de l’entreprise agroalimentaire Goya, pouces levés depuis le Bureau ovale, Kuhlman a cru qu’il s’agissait d’un montage satirique. “Je me suis dit que quelqu’un avait dû le troller sur Photoshop, avait inséré les haricots pour lui donner l’air idiot, avoue Kuhlman. Voilà où nous en sommes.”

Quand il a été annoncé que Trump avait été sélectionné pour le prix Nobel de la paix, aussitôt son équipe de campagne a diffusé un collage brouillon représentant le président avec entre les mains une sorte d’énorme trophée en or digne d’un dessin animé. Collage aussi amateur que trompeur. L’image incitait ses partisans à “nominer le président Trump maintenant”, en versant un don à sa campagne. Le prix Nobel de la paix est en réalité une petite médaille, et la nomination n’est pas en soi l’objet d’une récompense, à plus forte raison sous la forme d’une coupe à la Wimbledon. (Dans certaines versions, Nobel était même orthographié “Noble”.)

“L’esthétique de Trump, c’est de l’anti-esthétique, précise Millman, de l’École des arts visuels. Cette anti-esthétique repose sur des trucs bidon, sur le kitsch, sur des mensonges, en fin de compte. Ce qui reflète l’état de notre culture.”

Une tentation fasciste

Si Matthew Ipcar a un problème avec l’esthétique de Trump, ce n’est pas parce qu’elle est chaotique, lourde et racoleuse, mais parce qu’elle dissimule une idéologie plus précise. “En toute honnêteté, quand je regarde les œuvres des fans d’Obama, mes préférées, ce sont toujours les plus décalées : comme Obama à cheval sur une licorne qui lance des arcs-en-ciel avec ses paumes, souligne Ipcar, designer qui a travaillé sur les campagnes d’Obama et de la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. Donc, pour moi, ce n’est pas qu’une question de classe, d’esthétique ou précision visuelle. Chez nous, il y a vraiment tout un tas de machins vraiment moches que j’adore. C’est le message sous-jacent des trucs de Trump qui m’horrifie.”

D’ailleurs, l’esthétique qui sert à faire passer ce message est de nature fasciste, estime Jennifer R. Mercieca, auteure de Demagogue for President : The Rhetorical Genius of Donald Trump [“Un démagogue à la Maison-Blanche, le génie rhétorique de Donald Trump”, inédit en français]. Elle prend pour preuve une image postée sur la page Facebook officielle du président le soir où il a été menacé d’être destitué. C’est une photo qui montre un Trump sûr de lui, l’air mauvais, un index pointé sur le spectateur, encadré d’un texte en capitales grossières qui dit 

“EN RÉALITÉ

C’EST À VOUS QU’ILS EN VEULENT

PAS À MOI

JE SUIS JUSTE SUR LEUR CHEMIN”

“Tout est noir ou blanc, eux ou nous, ‘Je suis la seule chose entre eux et vous, ils vont vous faire la peau, vous avez une dette envers moi’, ajoute Jennifer Mercieca, professeur de rhétorique à l’université A&M du Texas. Cette idée du sacrifice fait généralement partie de la rhétorique fasciste. Et là, elle est intégrée à une image.”

Quand nous lui avons présenté les grands axes de cet article, la Maison-Blanche nous a répondu ce qui suit : “On ne saurait décrire le président Trump autrement que comme un patriote courageux absolument fier d’être lui-même. C’est un battant qui ne ménagera jamais ses efforts pour obtenir des résultats au nom du peuple américain, et la longue liste de ses succès prouve que sa méthode fonctionne.”

Dan Zac

Source

The Washington Post

WASHINGTON http://www.washingtonpost.com

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4 novembre 2020

Qui sera le président des USA ?

dessin poutine

4 novembre 2020

Confinement en France : la nation de la culture met en péril le livre

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Le gouvernement français n’a pas classé les librairies dans les commerces essentiels. La polémique qui en a découlé et qui a abouti à la fermeture de la totalité des points de vente de livres en France risque d’avoir des conséquences désastreuses sur le secteur de la culture.

“Des livres ? Repassez en décembre !” C’est ainsi que la Frankfurter Allgemeine Zeitung résume les dangers posés par le deuxième confinement en France et qui concernent le monde de la culture.

Pour commencer, constate le quotidien allemand, le confinement n’échappe pas à la règle d’or de la “célèbre bureaucratie française”, à savoir “l’exception confirme la règle” : tout est interdit sauf autorisation dérogatoire. Aujourd’hui, d’une exception à l’autre, elle est sur le point de faire une nouvelle victime : le livre.

“L’intello pour qui la nourriture spirituelle est une nécessité existentielle pourrait bientôt être en manque : les librairies doivent garder rideau baissé”, se désole le quotidien avant d’ajouter :

Mais les exceptions à cette fermeture des librairies sont toutefois encore plus grotesques : les supermarchés devaient en effet pouvoir continuer à vendre des livres – et le dernier contre-ordre à cette exception est peut-être la plus aberrant de tous.”

Et la FAZ d’expliquer que face à la fermeture des libraires indépendants, la Fnac a renoncé à ouvrir ses rayons de livres le temps que durera le confinement et que l’Académie Goncourt n’annoncera pas son lauréat de cette année tant que les librairies n’auront pas rouvert.

L’exception culturelle française en péril

“Après les désastres bureaucratiques autour des masques et des tests de dépistage du coronavirus, c’est le monde de la culture qui se trouve pris dans le chaos et met en péril une caractéristique civilisationnelle que le monde entier admire et qui devait déjà lutter contre Hollywood et la mondialisation : on parle ici de la fameuse ‘exception culturelle’ française.”

Un malheur pour le monde de l’édition français qui pourrait être “une aubaine pour Amazon”, observe Market Watch. La classification du livre par le gouvernement français comme bien non essentiel “serait un véritable cadeau offert au géant américain, qui connaît déjà un franc succès dans le pays malgré la mauvaise réputation qui lui est faite.”

Le site d’information financière estime que Paris sera exposé à une forte pression en faveur d’une réouverture des commerces culturels en décembre. Car, à cette période, le secteur réalise 20 % de son chiffre d’affaires annuel. Et le site de prophétiser :

Il faut s’attendre à ce que les Français réclament davantage de pression fiscale sur les géants de l’Internet.”

4 novembre 2020

Bettina Rheims

bettina

4 novembre 2020

Covid-19 : erreurs de communication, polémiques… Le gouvernement empêtré dans le reconfinement

Par Olivier Faye, Alexandre Lemarié - Le Monde

A l’image du porte-parole Gabriel Attal, qui a annoncé un couvre-feu à Paris, et de la polémique sur les produits « essentiels », l’exécutif peine à être clair alors que le reconfinement est moins respecté.

Les confinements se suivent et ne se ressemblent pas. Alors que la règle du « restez chez vous » imposée en mars avait abattu sa chape de plomb d’un coup sur l’ensemble de la France, ce nouvel épisode, appliqué depuis le 30 octobre, peine à reproduire un effet de souffle comparable.

« L’atmosphère n’est pas exactement la même. Les gens n’ont pas encore pris conscience de la réalité du danger », estime une ministre qui attribue notamment cette différence au fait que les écoles restent ouvertes et que les Français sont incités à travailler. « L’opinion publique est fatiguée, lasse, dans l’incompréhension et la contestation », a reconnu le premier ministre, Jean Castex, mardi 3 novembre, lors de la réunion des députés La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale.

La situation sanitaire, pourtant, n’a rien de rassurant. Au contraire. Lundi, le nombre de décès liés au Covid-19 a fortement progressé, avec 418 morts recensés, et le nombre de contaminations diagnostiquées a battu un nouveau record : 52 518 en vingt-quatre heures. De quoi pousser le gouvernement à adapter son dispositif, afin que ce nouveau confinement soit à la fois mieux respecté et accepté. Et ce, au prix de quelques embardées dans sa communication.

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a ainsi été pris en faute, mardi matin, pour avoir annoncé sur BFM-TV qu’un couvre-feu serait désormais appliqué « à 21 heures, je crois », à « Paris et peut-être l’Ile-de-France ». Une réponse aux nombreuses entorses au confinement, constatées ces derniers jours. Les autorités ont dressé 14 000 verbalisations sur 100 000 contrôles à travers tout le pays. Mais M. Attal a parlé trop vite. A peine dévoilée, l’option qu’il a avancée a immédiatement été démentie par Matignon. « Cette mesure va être concertée avec la municipalité parisienne par la Préfecture, mais n’est pas décidée à ce stade », a rectifié l’entourage de Jean Castex, précisant qu’« une décision sera prise dans les prochains jours ».

Comment expliquer un tel couac de communication au sommet de l’Etat ? Lundi soir, lors d’une réunion interministérielle organisée autour de Jean Castex, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a déploré des rassemblements nocturnes illégaux dans les rues de la capitale, devant certains commerces ou des restaurants reconvertis dans la vente à emporter et autorisés à fermer tardivement. Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, de son côté, a évoqué la possibilité de soumettre ces commerces à un couvre-feu. Mais la question n’avait pas encore été tranchée, et n’avait donc pas vocation à être dévoilée sur la place publique, avant qu’une concertation ait été menée avec les élus locaux concernés.

Double discours

Pas question de donner l’impression que le sommet de l’Etat tranche sans informer ces derniers au préalable, d’autant que la maire socialiste de la capitale, Anne Hidalgo, avait déjà fait état, ces derniers jours, de son opposition à la fermeture de certains commerces, comme les librairies. « C’était prématuré de la part de Gabriel Attal d’aborder ce sujet-là », déplore un conseiller ministériel.

Interrogé par Le Monde, le porte-parole du gouvernement fait amende honorable, en reconnaissant une erreur de forme : « J’aurais dû clairement rappeler que la concertation est un préalable à toute prise de décision, et donc mettre du conditionnel. »

Dans l’opposition, plusieurs élus, de droite comme de gauche, ont raillé ce rétropédalage, assimilé à une forme d’« amateurisme ». « Ouvert. Fermé. Ouvert. Fermé… Et si un seul Français ne comprend pas, c’est qu’il est irresponsable », a notamment ironisé le numéro trois du parti Les Républicains, Aurélien Pradié.

A ce couac de communication s’est greffée une forme de double discours dans l’expression d’Olivier Véran. Lundi matin, sur RTL, le ministre de la santé a exclu, pour l’heure, un durcissement des conditions du reconfinement. « Nous sommes armés pour combattre ce virus », a-t-il assuré, en mettant en avant des chiffres qui « attestent d’un respect du confinement ». A l’entendre, pas besoin d’un nouveau tour de vis puisque, la veille, il y avait, par exemple, seulement « 50 % de voyageurs dans les rames de métro parisiennes le matin ». En mars, les rames du matin n’étaient parfois remplies qu’à 5 % de leur capacité et la RATP précise que, depuis la rentrée de septembre, les métros du matin ne se remplissaient déjà plus qu’à 70 %. La baisse est donc à relativiser.

Quant au télétravail, alors que sa collègue du ministère du travail, Elisabeth Borne, ne cesse de répéter que ce n’est « pas une option », mais « une obligation », afin de pousser les entreprises à l’adopter massivement, lui s’est voulu rassurant : « Les chiffres du télétravail attestent que les entreprises jouent le jeu et les salariés également. »

Changement de registre du même Olivier Véran, quelques heures plus tard, lors de la réunion des députés MoDem, à l’Assemblée nationale. « Les dégâts sanitaires se font sentir. On retrouve le décompte morbide quotidien de la première vague », a-t-il déclaré face aux élus centristes, en soulignant la nécessité que les Français restent chez eux « pour donner un coup de frein à l’épidémie ».

Cafouillages

Ces épisodes font suite à plusieurs jours d’imbroglio autour de l’ouverture ou non de certains commerces de centre-ville et de rayons dans les supermarchés. Après plusieurs jours de polémiques avec les élus locaux, un décret précisant les produits pouvant être vendus en grande surface a été publié, mardi, par le gouvernement.

S’y ajoutent donc notamment les « produits de toilette, d’hygiène, d’entretien et de puériculture ». Des restrictions avaient été prises, concernant notamment la vente de livres ou de maquillage, afin d’assurer l’« équité » avec les commerces indépendants ayant dû fermer leurs portes, selon le terme utilisé par Jean Castex.

Signe de la tension suscitée par cet épisode, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, opposé à ce que les commerces soient contraints de tirer leur rideau, s’était permis de griller la politesse au chef du gouvernement et d’annoncer avant lui, dimanche, la fermeture de certains rayons dans les supermarchés. « Le Maire joue toujours une carte personnelle, rien de nouveau sous le soleil », dit en soupirant un conseiller ministériel.

Des cafouillages dans la communication, qui mettent à mal la lisibilité du discours du gouvernement. Au risque de nuire au respect du reconfinement, et ainsi de réduire son efficacité. Devant les députés LRM, Jean Castex a pourtant demandé à ses troupes de la clarté dans l’expression. « Nous devons dire à nos concitoyens que la crise sanitaire est là, qu’elle est revenue, qu’elle va s’accroître et que nous devons prendre les bonnes mesures face à cette situation », a-t-il souligné. Avant de mettre en garde : « L’acceptabilité des mesures dépend du fait que nos concitoyens comprennent que cette crise est grave. » Ce qui suppose que le message à faire passer ne soit pas parasité.

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4 novembre 2020

Donald Trump

Capture

4 novembre 2020

Reconfinement : cent nuances de télétravail

Par Juliette Garnier, Chloé Aeberhardt, Véronique Chocron, Nabil Wakim, Béatrice Madeline, Aline Leclerc - Le Monde

En dépit des consignes fermes du gouvernement, une certaine « anarchie » est observée dans les entreprises.

« Depuis vendredi, au travail c’est comme d’habitude. Il n’y aurait pas eu d’allocution du président de la République que ça aurait été pareil », constate Tom (tous les prénoms ont été changés), technicien, dans son usine en banlieue parisienne. « J’arrive à la même heure, je croise les mêmes collègues. Absolument rien n’a changé », s’étonne également Angèle, assistante sociale dans une collectivité territoriale en région Centre-Val-de-Loire. « Mon responsable m’a dit “on reste comme ça”. Donc je suis à 100 % à mon poste », témoigne encore Laurent. Pour cet ingénieur dans un bureau d’études en Normandie comme pour nombre de Français, depuis le reconfinement, la vie au travail « continue comme si de rien n’était ».

Aucun taux de télétravailleurs n’est encore disponible – contrairement à ce qu’affirmait, mardi 3 novembre sur RTL, le ministre de la santé, Olivier Véran, qui déclarait que « les chiffres du télétravail attestent que les entreprises jouent le jeu et les salariés également ». Mais la RATP nous donne un indice : à l’heure de pointe du matin, lundi 2 novembre, les métros parisiens n’étaient qu’à moitié pleins. Une baisse toute relative, car depuis la rentrée de septembre, ces rames ne se remplissaient déjà plus qu’à 70 % aux heures de pointe. Le reconfinement ne marque donc qu’une baisse de 20 % par rapport à ce niveau. Sans commune mesure avec le printemps où les rames du matin n’étaient remplies qu’à 5 %.

Si le président de la République, dans son discours du mercredi 28 octobre, demandait à chacun de participer à l’effort – « L’économie ne doit ni s’arrêter ni s’effondrer ! » – loin du « restez chez vous » du printemps, la règle édictée par la ministre du travail, Elisabeth Borne, dès le lendemain semblait pourtant claire : le télétravail « n’est pas une option » mais « une obligation » pour les travailleurs, salariés ou indépendants qui peuvent exercer leur activité à distance.

Le nouveau protocole national en entreprise actualisé le 29 octobre ne reprend pas ce terme d’obligation. Il stipule néanmoins que le télétravail « doit être la règle », précisant que « le temps de travail effectué en télétravail est porté à 100 % pour les salariés qui peuvent effectuer l’ensemble de leurs tâches à distance ». Pour les autres, les entreprises doivent prévoir des aménagements dans l’organisation, pour réduire au maximum les déplacements domicile-travail et le temps de présence en entreprise.

Mais de ces mêmes règles, les entreprises semblent avoir fait une application à la carte. C’est ce que révèlent les témoignages que Le Monde a pu recueillir, de salariés dans des PME, de grands groupes, de multinationales, ou d’agents de la fonction publique.

« Je pourrais télétravailler à 100 % en cette période, mais visiblement mon entreprise nous demande de télétravailler entre 0,5 et 3 jours par semaine, au maximum, se désole par exemple Agnès, ingénieure dans une entreprise de construction aéronautique. Pas sûre que ça soit vraiment efficace pour endiguer le virus, d’autant qu’on nous demande d’être tous présents sur site les mêmes jours. »

Dérogations

Dans certains groupes, les règles mises en place lors du premier confinement ont été en partie assouplies. C’est le cas chez EDF où l’activité dans les centrales nucléaires est plus soutenue qu’en mars. « Il y a eu de l’apprentissage, on sait mener les chantiers en respectant les gestes barrières », explique le groupe. Mais les tâches de bureau sont toutes réalisées en télétravail.

Chez Total, une note interne révélée par Libération recommande aux salariés de se rendre sur le site deux jours par semaine pour certaines activités qui « nécessitent un travail en équipe et dans le souci de préserver le lien social ». Une interprétation des consignes gouvernementales dénoncée par la CFDT, qui y voit une incitation à désobéir aux recommandations de l’Etat. Le groupe pétro-gazier précise qu’il s’agit d’une possibilité pour les salariés qui en exprimeraient le besoin.

Au contraire, l’assureur Axa a choisi la même approche stricte qu’au mois de mars, avec 100 % de télétravail, hors certaines fonctions logistiques et informatiques. Chez Sanofi, le télétravail est redevenu la règle hors sites de production et de R&D. Mais des dérogations sont possibles en cas d’« activité ou situation personnelle nécessitant à titre exceptionnel une présence sur site ».

Des dérogations sont également permises une fois par semaine au siège du Crédit mutuel pour éviter l’isolement à ceux qui en souffrent. « Il y avait une attente en ce sens », note le président du Crédit mutuel, Nicolas Théry. Le groupe de prêt-à-porter Etam dit avoir reçu des demandes d’attestations dérogatoires de 400 de ses 600 salariés du siège, à Clichy (Hauts-de-Seine). « Ils ne veulent pas télétravailler » explique le gérant du groupe, Laurent Milchior.

Certaines entreprises ont ainsi distribué très largement ces attestations à leurs personnels. « La direction a imposé à tous les manageurs d’être présents en disant que sinon la dynamique n’était pas la même. Quant aux collaborateurs, chacun fait un peu comme il le sent », explique ainsi Agathe, qui a reçu la sienne du groupe de médias en ligne Webedia.

« Fatigue généralisée »

Responsable marketing dans un grand groupe cosmétique, Eve, mère d’un enfant de 2 ans gardé à son domicile, se désole au contraire qu’aucune dérogation ne soit possible dans son entreprise : « Je dois donc rester travailler dans ma chambre, ordinateur sur les genoux, avec les bruits, les pleurs et accessoirement la nounou qui me dérange. C’est très pénalisant. »

« Les chefs d’entreprise comme les salariés sont un peu perdus, car si le discours gouvernemental est fort, le texte juridique en lui-même est plus light qu’au mois de mars, estime Alban Moreau, directeur du pôle conseil RH au cabinet Fiteco, qui compte 1 500 clients, en particulier des TPE et PME. Beaucoup ont mis en place les protocoles sanitaires (Plexiglas, masques, etc…) et ne comprennent pas où est le risque aujourd’hui. Les patrons considèrent qu’ils ont fait beaucoup d’efforts, qu’il n’y a pas de problème particulier de contaminations dans leurs entreprises. »

« Collectivement, il est plus compliqué pour les collaborateurs comme pour les chefs d’entreprise d’aborder ce deuxième confinement, analyse Sébastien Lacroix, directeur associé senior de McKinsey France. Pour les collaborateurs, il y a des risques psychologiques liés à la solitude et à la rupture du lien social. Pour les chefs d’entreprise, il s’agit de garantir la créativité des équipes, la performance de l’entreprise et l’affectio societatis dans la durée. Or, il y a une fatigue généralisée. L’esprit de mobilisation générale n’est plus là. »

4 novembre 2020

Chaperon rouge...

chaperon

4 novembre 2020

Présidentielle américaine 2020 : duel très serré entre Donald Trump et Biden

Le président républicain et son adversaire démocrate ont remporté hier les Etats acquis à leur camp. Le vainqueur pourrait ne pas être connu avant plusieurs jours.

L’Amérique retient son souffle. Alors que les derniers bureaux de vote pour l’élection présidentielle sont encore ouverts aux Etats-Unis, les estimations dévoilent, ce mercredi 4 novembre au matin, un duel très serré entre le président républicain sortant Donald Trump et son rival démocrate Joe Biden.

Dans un pays traversé par des crises sanitaire, économique et sociale d’une ampleur historique, le pays se prépare à de longues heures d’attente, voire de longues journées, avant un résultat officiel. D’autant qu’une grande partie des votes par correspondance ne seront pas comptabilisés avant plusieurs jours.

Seule certitude : la vague démocrate, espérée par ceux, dans le camp Biden, qui se prenaient à rêver de victoires historiques en Caroline du Nord, en Géorgie ou encore au Texas, n’aura pas lieu. Donald Trump semble même avoir remporté la Floride face à Joe Biden, une victoire qui lui permet de continuer à croire à la possibilité d’un second mandat. Le Texas semble lui aussi, pour l’instant, tourner à l’avantage du président sortant.

A défaut de percer dans le Sud, le chemin de Joe Biden vers la Maison Blanche passe désormais par le Nord industriel du pays. L’objectif affiché est de reprendre trois Etats, arrachés sur le fil par Donald Trump en 2016 : le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie. Plus à l’ouest, le décompte dans l’Arizona fait l’objet d’une attention particulière : une victoire de Joe Biden dans cet Etat remporté par l’ancien magnat de l’immobilier il y a quatre ans lui serait très utile dans sa quête présidentielle. Et pour l’heure, la tendance penche de fait du côté des démocrates.

La chambre des représentants devrait rester démocrate

Sans surprise, les deux candidats septuagénaires ont rapidement engrangé une série d’Etats qui leur étaient promis. L’Indiana, le Kentucky, l’Alabama, l’Arkansas et le Tennessee, entre autres, pour Donald Trump. La Californie, l’Illinois, la Virginie, New York, le Colorado, le Delaware ainsi que la capitale fédérale Washington pour Joe Biden.

Pour l’emporter, un candidat n’a pas besoin d’être majoritaire en voix au niveau national : il doit obtenir au moins 270 des 538 grands électeurs attribués au niveau des Etats. A ce stade, le président sortant en dispose de 119 et le démocrate 209.

Joe Biden s’est exprimé rapidement dans la nuit de mardi à mercredi, affichant sa confiance dans la victoire. « Gardez la foi, nous allons gagner! » a lancé l’ancien vice-président américain devant des partisans réunis en « drive-in » dans son fief de Wilmington, dans le Delaware. « Nous pensons que nous sommes en bonne voie de gagner cette élection », a-t-il déclaré sous les klaxons enthousiastes. « Nous sommes confiants sur l’Arizona », un Etat-clé, a ajouté Joe Biden, 77 ans, en appelant à la patience. « Nous allons gagner la Pennsylvanie », a-t-il proclamé.

Preuve néanmois de la résistance du camp républicain, le sénateur Lindsey Graham, l’un des proches alliés du président, un temps menacé, a été réélu en Caroline du Sud, puisque le scrutin du jour permet notamment le renouvellement du Congrès. Plus anecdotique, l’ancien médecin de la Maison Blanche Ronny Jackson, connu pour avoir vanté « l’excellente santé » de Donald Trump dont il est devenu un fervent partisan, a été élu mardi à la Chambre des représentants. Se disant « honoré » d’avoir été élu, le Dr Jackson a tweeté : « Je ne m’inclinerai jamais devant les gangs progressistes, et je serai le dirigeant conservateur que vous méritez ».

Malgré tout, comme cela était largement anticipé, les démocrates ont gardé le contrôle de la Chambre des représentants, selon les estimations des médias américains. Ainsi, la jeune star démocrate du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez a été facilement réélue dans sa circonscription new-yorkaise, face à un rival républicain qui avait bénéficié de fonds venus de tout le pays tant « AOC », comme elle est surnommée, est devenue une cible des pro Trump. La course pour le Sénat, aujourd’hui contrôlé par les républicains, restait indécise en milieu de soirée.

4 novembre 2020

Exposition Martin Parr à Rennes - Frac Bretagne (toujours actuellement)

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