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Jours tranquilles à Paris

11 mai 2020

Vu sur internet

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11 mai 2020

Laetitia Casta, née le 11 mai 1978 à Pont-Audemer (Eure), est une actrice, mannequin et réalisatrice française.

Elle devient mannequin dès l'âge de 15 ans et, rapidement, est remarquée par photographes et stylistes. Jean Paul Gaultier est le premier à la faire défiler. Elle entame une carrière d'actrice en 1999 au cinéma, avec le film Astérix et Obélix contre César, puis en 2004 au théâtre avec le rôle-titre d’Ondine. Elle est, en 2000, le modèle de l'un des bustes de Marianne. Elle est fait chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres en 2012. En 2016, elle réalise son premier court métrage, En moi, qu'elle présente à la Semaine de la critique du Festival de Cannes.

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11 mai 2020

Helmut Newton

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Helmut Newton, né Helmut Neustädter le 31 octobre 1920, à Berlin et mort le 23 janvier 2004, à Los Angeles, est un photographe australien d'origine allemande.

Il est connu pour ses photographies de mode et de nus féminins. Il a photographié de nombreux modèles parmi lesquelles Catherine Deneuve, Sylvie Vartan, Brigitte Nielsen, Grace Jones, Kate Moss, Karen Mulder, Monica Bellucci, Cindy Crawford et Claudia Schiffer.

11 mai 2020

Q Numagazine

q nu magazine

11 mai 2020

Tribune - Coronavirus : « Le port du masque défigure le lien social »

Par David Le Breton, Sociologue

Derrière la nécessité sanitaire de nous protéger, nous perdons notre singularité et le plaisir de regarder les autres, relève le sociologue David Le Breton dans une tribune au « Monde ».

La crise sanitaire bouleverse en profondeur nos rites d’interaction. Les gestes barrières mettent à distance le corps de l’autre en rendant suspecte une présence trop rapprochée, et davantage encore la poignée de main ou la bise, qui imposent un contact. Le déconfinement n’éliminera pas la poignée de main, qui est d’un usage trop courant. Certes, dans un premier temps, il la limitera, mais sans en venir à bout car après tout, en cas de doute, il est loisible de se laver les mains. Une fois la menace disparue, la poignée de main reprendra ses droits. De même la distance sociale s’effacera. La bise est plus compromise dans la mesure où elle impose une proximité des visages et une difficulté plus grande à effacer les traces du contact en cas de crainte d’une éventuelle contagion. Et puis, la bise s’accompagne souvent d’une incertitude (une fois, deux fois, trois, quatre ?) et elle impose une intimité qui n’est pas toujours de mise.

Mais plus encore, nos échanges quotidiens seront mis à mal par le port du masque qui uniformise les visages en les rendant anonymes et défigure le lien social. Après le déconfinement, le masque sera obligatoire dans les transports en commun et vivement conseillé dans l’exercice professionnel en contact avec les autres, voire dans les commerces ou la rue. Cette dissimulation du visage ajoutera au brouillage social et à la fragmentation de nos sociétés. Derrière les masques, nous perdons notre singularité, mais aussi une part de l’agrément de l’existence de regarder les autres autour de nous. En termes d’interaction, nous entrons dans une phase de liminalité, c’est-à-dire d’entre-deux, où les codes manquent et il faudra les réinventer.

Dans nos sociétés contemporaines, le visage est le lieu de la reconnaissance mutuelle. A travers sa nudité, nous sommes reconnus, nommés, jugés, assignés à un sexe, à un âge, une couleur de peau, nous sommes aimés, méprisés, ou anonymes, noyés dans l’indifférence de la foule. Entrer dans la connaissance d’autrui implique de lui donner à voir et à comprendre un visage nourri de sens et de valeur, et faire en écho de son propre visage un lieu égal de signification et d’intérêt. La réciprocité des échanges au sein du lien social implique l’identification et la reconnaissance mutuelle des visages, support essentiel de la communication.

Voie royale de l’individualité

Les mimiques indiquent la résonance de nos paroles, elles sont des régulateurs de l’échange. L’unicité du visage répond à celle de l’individu, artisan du sens et des valeurs de son existence, autonome et responsable de ses choix. Nul espace du corps n’est plus approprié pour marquer la singularité de l’individu et la signaler socialement. La valeur à la fois sociale et individuelle qui distingue le visage du reste du corps se traduit dans les jeux de l’amour par l’attention dont il est l’objet de la part des amants. Mais il en va de même de la contemplation de nos proches : le visage est le chiffre rayonnant de leur présence.

Le visage est signification, traduisant sous une forme vivante et énigmatique l’absolu d’une différence individuelle pourtant infime. Ecart infinitésimal, il invite à comprendre le mystère qui se tient là, à la fois si proche et si insaisissable. L’étroitesse de la scène du visage n’est en rien une entrave à la multitude des combinaisons. Une infinité de formes et d’expressions naissent d’un alphabet d’une simplicité déconcertante : des mimiques, un regard, un front, des lèvres, un nez, etc. Le visage relie à une communauté sociale et culturelle par le façonnement des traits et de l’expressivité, ses mimiques et ses mouvements renvoient à une symbolique sociale, mais il trace une voie royale pour démarquer l’individu et traduire son unicité.

Plus une société accorde de l’importance à l’individualité, plus grandit la valeur du visage. Légitime au plan de la santé publique dans le contexte du coronavirus, le masque abîme les relations sociales et prive de l’agrément du visage des autres. Le prix à payer est considérable en matière de lien social, même s’il est nécessaire.

Un sentiment propice à la transgression

Sans visage pour l’identifier, n’importe qui a la possibilité de faire n’importe quoi, la confiance en sera sans doute ébranlée. Un individu masqué devient invisible. Nul ne saurait le reconnaître. Le front et les yeux ne suffisent pas pour l’identifier dans une foule où chacun porte le même masque. Pour fonder le lien social, la singularité des traits est essentielle afin d’assumer sa présence « face » aux autres.

Un monde sans visage, dilué dans la multiplicité des masques, serait un monde sans coupables, mais aussi sans individus. Roger Caillois évoquait autrefois le masque en disant laconiquement de lui qu’il est « ce qui reste du bandit ». On peut en effet penser que le port du masque facilite les rapports de force, le harcèlement, les incivilités. L’effacement du visage grâce à ce stratagème entraîne un sentiment propice à la transgression, au transfert de personnalité. Il libère des contraintes de l’identité et laisse s’épanouir les tentations que l’individu a coutume de refouler ou qu’il découvre à la faveur de cette expérience où il n’a plus de comptes à rendre à son visage. Il n’a plus à craindre de ne pouvoir se regarder en face et répondre de ses actes puisqu’il dérobe son visage à son attention et à celle des autres.

Cette banalisation du masque qui induit un anonymat généralisé est une rupture anthropologique infiniment plus lourde de sens que la mise en question de la poignée de main ou de la bise. Même le sourire ne les remplacera pas, puisqu’il n’y aura provisoirement plus de visage.

David Le Breton est professeur de sociologie à l’université de Strasbourg. Il a notamment écrit « Des visages. Essai d’anthropologie » (Métailié, 2003).

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11 mai 2020

Vu du Royaume-Uni.Les relations extraconjugales, cotées en France mais contrariées par le confinement !

infidelite

Sur un smartphone, avril 2020. Photo / Riccardo Milani / Hans Lucas / AFP

Alors que “la séduction est un sport national en France”, le confinement a totalement compliqué les relations extraconjugales. Si quelques aventureux trouvent des subterfuges grâce aux technologies, le virtuel ne satisfait pas tout le monde, explique The Times.

NOS SERVICES

Quelle est l’étiquette de rigueur dans une orgie virtuelle ? Comment communiquer avec son amant(e) en toute discrétion, alors même que votre conjoint n’est pas bien loin, lui aussi confiné dans l’appartement familial ?

Les subtilités de la télésexualité* font partie des questions abordées avec une remarquable franchise par Maïa Mazaurette, qui, à 41 ans, est la plus célèbre spécialiste des relations amoureuses en France. Elle publie notamment une chronique, dans les pages par ailleurs très sages du quotidien Le Monde [quotidien qui appartient au même groupe que Courrier international], qui aide ses compatriotes à faire face aux frustrations du confinement.

La séduction, sport national

Les mesures strictes mises en place en France ont selon elle divisé les couples en deux groupes : ceux qui vivent seuls et ne peuvent rejoindre leur partenaire domicilié ailleurs, et ceux pour qui la cohabitation vingt-quatre heures sur vingt-quatre est à coup sûr un tue-l’amour.

“Les premiers sont très jaloux des seconds, car ils pensent qu’ils ont accès à l’intimité et au sexe ; au contraire, ceux qui vivent en couple ou en famille sont jaloux des célibataires, car au moins, ils ont la paix”, explique Maïa Mazaurette, qui dispense ses conseils aux Français depuis New York, où elle vit avec son conjoint américain, qui est acteur.

Les choses se compliquent en raison de la tolérance française pour les liaisons extraconjugales, qu’il est plus délicat d’entretenir dans un monde en quarantaine, où la plupart des gens sont isolés chez eux à longueur de journée.

Des sondages montrent que nous sommes le seul pays au monde où l’adultère n’est pas jugé immoral par une majorité des personnes, souligne Maïa Mazaurette. Et on ne trompe pas uniquement quand la relation est dans une mauvaise passe. On trompe aussi quand tout va bien, car c’est agréable, ça permet de se sentir désiré. Pour les Français, la séduction est un sport. Mais actuellement, c’est difficile.”

Sortez masqué !

Comme on pouvait s’y attendre, le succès des applis de rencontre s’en trouve dopé. C’est notamment le cas de Gleeden, un site français spécialisé dans les “rencontres discrètes” destinées à ceux qui sont déjà en couple. L’écrasante majorité des clients affirment se connecter depuis les toilettes ou la salle de bains, tandis qu’un sur six attend que son ou sa conjoint(e) s’endorme ou s’occupe des enfants.

Malgré tout, Maïa Mazaurette conseille à ses lecteurs de prendre des précautions si les échanges deviennent torrides en ligne, comme en témoigne l’exemple de Benjamin Griveaux, ancien candidat à la mairie de Paris. Il s’est trouvé dans l’embarras et a renoncé à se présenter aux élections après la diffusion d’une vidéo intime qu’il aurait lui-même filmée et envoyée à une jeune femme rencontrée sur Internet.

La solution consiste à porter un masque, affirme la journaliste, idéalement de style vénitien. “Réservez les masques chirurgicaux aux situations où ils sont indispensables.”

Des orgies virtuelles

Elle suppose que les rencontres en personne, après une prise de contact en ligne, ne concernent qu’une minorité. Le ministère français de l’Intérieur, qui a recensé 915 000 amendes pour infraction des règles de confinement, n’a pas révélé combien avaient visé des personnes sortant d’un autre foyer que le leur. En tout cas, Maïa Mazaurette a “eu vent d’histoires de rencontres en ligne et de gens qui vont passer la nuit chez quelqu’un puis rentrent chez eux”.

Les règles du confinement n’autorisent qu’une heure d’exercice par jour, mais ce n’est pas forcément un problème pour ceux qui ont pour modèle feu Jacques Chirac, connu à ses grandes heures sous le sobriquet “cinq minutes, douche comprise”.

Le déconfinement n’intervenant pas avant le 11 mai, certains se laissent tenter par quelque chose d’un peu plus grivois : les orgies virtuelles. Après avoir évoqué la question en passant dans l’émission Quotidien [le 24 avril], Maïa Mazaurette a été surprise du nombre de personnes qui l’ont contactée pour en savoir plus sur le site mentionné. “Je ne m’attendais pas à recevoir tant de messages de personnes voulant savoir où étaient les orgies et comment y participer”, admet-elle. Paradoxalement, il s’agit un site implanté non pas à Paris, mais à New York.

Quid des cercles échangistes ?

Le confinement de la capitale est particulièrement fâcheux pour les clubs libertins* selon Emmanuelle Julien, une amie de Maïa Mazaurette qui gère Paris Derrière, un site web consacré à l’érotisme. Ces clubs, tels que Les Chandelles, près du Louvre, ont fermé à la mi-mars en même temps que les bars, cafés et restaurants.

Nul ne sait exactement quand ils pourront rouvrir, sachant qu’ils étaient déjà sur le déclin à cause d’Internet. “L’entrée y est chère, et ils ont de nos jours la réputation d’être de mauvais goût”, explique Emmanuelle Julien. Une bonne partie de la clientèle d’autrefois préfère désormais une start-up française appelée Wyylde, qui permet aux échangistes d’organiser eux-mêmes leurs soirées, où sont souvent conviées un grand nombre de personnes.

Ève de Candaulie, 40 ans, a écrit plusieurs livres sur son expérience des cercles échangistes parisiens, qu’elle fréquente avec son mari. Elle ne sait pas trop quand les soirées reprendront. “Il y a une vraie demande de la part des hommes, mais les femmes sont plus réticentes”, souligne-t-elle avant d’ajouter qu’elle se sentirait plus à l’aise avec des personnes qu’elle connaît bien et à qui elle peut faire confiance.

Un “été de l’amour”… ou pas

En attendant mieux, certains prennent l’initiative d’organiser des rendez-vous par écrans interposés, grâce à Zoom ou à d’autres applications de vidéoconférence. “DD”, âgé de 50 ans, planifie depuis une dizaine d’années des soirées “un peu fétichistes” à Paris. Mais il n’a pas été convaincu par le concept de soirée virtuelle après avoir participé à l’une d’entre elles, proposée tous les samedis soir par un couple d’amis parisiens. “J’aurai essayé une fois, mais ce n’est pas vraiment mon truc”, résume-t-il.

Après la fin du confinement, l’année 2020 connaîtra-t-elle un “été de l’amour” ? “Je pense qu’il y aura un effet de compensation, car les gens ont encaissé beaucoup de frustration, analyse Maïa Mazaurette. Mais quand tout le monde sera autorisé à quitter son domicile, je ne suis pas sûre que la peur disparaîtra. Je ne suis pas certaine que les gens auront envie d’avoir des relations sexuelles et de partager de la salive avec un ou une parfait(e) inconnu(e).”

*en français dans la version originale

Peter Conradi

11 mai 2020

Il va y avoir foule....

coiffeurs

11 mai 2020

Témoignages - La crise liée au coronavirus, accélérateur des inégalités hommes-femmes

Par Marie Charrel

Télétravail, préparation des repas, école à la maison… Loin de contribuer à une répartition plus égalitaire des tâches, la crise liée à la pandémie exacerbe les inégalités de genre à la maison et face à l’emploi.

Le soulagement fut de courte durée. Lorsqu’une semaine après le début du confinement, son conjoint ingénieur est passé au chômage partiel, Cécile espérait qu’il l’aide à la maison. « Il en fait un peu plus depuis que nous sommes tous les deux en télétravail, raconte cette mère de deux garçons en maternelle.Mais je continue de gérer l’essentiel : les courses, les repas, les devoirs, le jardin, les profs, les angoisses des proches… »

La journée, elle peine à se concentrer sur ses traductions. « Quand je souligne l’inconfort de ma situation, il demande de quoi je me plains. » Au fil des jours, l’incompréhension s’est installée dans leur couple. Trop souvent, elle a le sentiment que son compagnon sous-estime la charge de travail supplémentaire pesant sur ses épaules. « Je sacrifie ma carrière, mon temps, confie-t-elle. Et je tombe d’épuisement pendant qu’il regarde des séries. »

Plus de boulot, plus de stress, plus de fatigue : dans bien des foyers, les femmes, surtout lorsqu’elles sont mères, racontent la même histoire. Bien sûr, la crise liée à la pandémie n’est pas vécue de la même façon par tous les couples − et dans certains, elle a favorisé le dialogue. « Mais si l’on pouvait espérer que les hommes assignés à domicile prennent la mesure du poids des tâches domestiques et acceptent de les partager davantage, les premières enquêtes sur le sujet semblent indiquer que cette prise de conscience n’a pas vraiment eu lieu », observe la philosophe féministe Camille Froidevaux-Metterie. « Au contraire, le confinement a plutôt exacerbé les inégalités déjà présentes à la maison et face à l’emploi », ajoute Marie Becker, spécialiste des questions liées l’égalité professionnelle au cabinet Accordia.

Marathon ultra-chronométré

En 2019, 87,4 % des Françaises en couple avec enfants consacraient au moins une heure par jour à la cuisine et au ménage, d’après l’Institut européen pour l’égalité des genres (EIGE), contre 25,5 % seulement des hommes dans la même situation. Et la crise risque d’aggraver encore les écarts, s’alarme l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans un récent rapport.

La situation est particulièrement délicate pour les mères célibataires. En France, elles représentent l’écrasante majorité des parents isolés (83 %). Or, ces dernières semaines, 430 000 familles monoparentales ont été contraintes de solliciter un arrêt de travail pour garde d’enfants à cause de la fermeture des écoles, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Pour elles, la reprise sera d’autant plus complexe que la réouverture des classes s’annonce chaotique.

Pour celles passées en télétravail – et qui le resteront plusieurs semaines encore -, le quotidien s’est bien souvent transformé en marathon ultra-chronométré. Surtout lorsqu’il y a des enfants. Là encore, l’interruption des classes a exacerbé les inégalités déjà en place. Et ce, quel que soit le milieu social : selon l’EIGE, 43,4 % des femmes peu diplômées consacraient déjà, avant la crise, au moins une heure par jour au soin des enfants, contre 25,6 % des hommes peu diplômés. Et la proportion monte à respectivement 51,8 % et 28,7 % au sein des couples très qualifiés.

« Lever, école, déjeuner, école, goûter, jeux : je commence à travailler vraiment à 21 heures, jusqu’à 1 h du matin, témoigne ainsi Charlotte, à la tête d’une agence de communication à Marseille, et mère de trois enfants de 2, 6 et 9 ans. Il n’y a jamais de pause, je suis comme en lévitation. Et si, un jour, je m’effondrerai d’un coup ? » Son conjoint en fait pourtant plus qu’avant. Un peu. « Mais comme souvent, c’est loin de suffire à éponger le surplus des tâches, multipliées par deux dans ce contexte », souligne Coline Charpentier, professeure d’histoire en Seine-Saint-Denis. « Surtout : les hommes qui en font plus ont tendance à privilégier les courses à l’extérieur, qui leur permettent de sortir du foyer », notent Hugues Champeaux et Francesca Marchetta, chercheurs à l’Université Clermont Auvergne, auteurs d’une étude à paraître sur le sujet.

« LA GESTION DES REPAS ET DU DOMESTIQUE A PRIS DES PROPORTIONS DÉMESURÉES, ET LA PLUPART DES FEMMES SE SONT VITE RÉSIGNÉES À EN ASSUMER L’ESSENTIEL » COLINE CHARPENTIER, PROFESSEURE D’HISTOIRE

Il y a quelques mois, Coline Charpentier a créé le compte Instagram T’as pensé à ?, consacré à la charge mentale. Depuis le début de la pandémie, elle est submergée de témoignages de mères épuisées de jongler entre devoirs, cuisine et conférences zoom. « La gestion des repas et du domestique a pris des proportions démesurées, et la plupart des femmes se sont vite résignées à en assumer l’essentiel », explique-t-elle.

Et pour cause : dans nos représentations, ces tâches relèvent encore bien trop de qualités supposément féminines. Y compris aux yeux de beaucoup de femmes, qui peinent parfois à solliciter l’aide de leur compagnon. Et à se libérer du mythe de la superwoman, capable d’assurer sur tous les fronts, sans ciller.

De « précieuses minutes »

A cet égard, le télétravail joue un rôle ambigu. « Il est à la fois un levier et un frein pour l’égalité des sexes dans l’emploi », analyse la sociologue Christine Castelain-Meunier, auteure de L’instinct paternel, plaidoyer en faveur des nouveaux pères (Ed. Larousse). Pour certaines, c’est indiscutable : il apporte une flexibilité bienvenue. « Je gagne deux heures par jour sur les transports, je perds moins de temps à la machine à café », se réjouit Chloé, assistante administrative en Auvergne-Rhône-Alpes. Autant de « précieuses minutes » qu’elle peut consacrer à ses enfants, son travail ou son bien être.

Pour d’autres, le télétravail a tourné au mauvais piège. « Mon employeur m’en demande plus, mais lorsqu’il faut se décoller de l’ordinateur pour s’occuper de nos filles de 2 et 6 ans, mon conjoint ne bouge pas, prétextant que je suis plus “efficace” que lui, confie Natacha, responsable communication à Paris. Résultat : j’ai le sentiment de tout faire à moitié et je culpabilise beaucoup. »

« LES HOMMES EXPLOITENT CETTE FLEXIBILITÉ POUR TRAVAILLER PLUS, TANDIS QUE LES FEMMES L’UTILISENT PLUTÔT POUR MIEUX COMBINER LE PRO ET LE PERSO » BLANDINE MOLLARD, CHERCHEUSE

Contrairement aux idées reçues, le télétravail, comme les horaires flexibles, tend à renforcer la division classique des tâches au sein des couples, montrent les travaux de la sociologue Yvonne Lott, de la fondation de recherche Hans-Böckler-Stiftung, créée par des syndicats allemands. « Les hommes exploitent majoritairement cette flexibilité pour travailler plus, tandis que les femmes l’utilisent plutôt pour mieux combiner le pro et le perso », confirme Blandine Mollard, spécialiste du sujet à l’EIGE. Au risque que cela creuse les écarts de salaires.

Or la question financière, souvent latente, est l’un des nœuds du problème. Selon l’Insee, les revenus de l’homme sont plus élevés que ceux de la femme dans les trois quarts des couples. Résultat : lorsqu’il faut choisir, c’est souvent l’activité du premier que les foyers cherchent à préserver. « Nous sommes tous les deux indépendants, mais lui gagne un peu plus, raconte Sandrine, agent commerciale en Ile-de-France. Du coup, j’ai spontanément réduit mon activité pour m’occuper de nos trois enfants. » Mais elle était loin d’imaginer, mi-mars, que le confinement durerait aussi longtemps.

La nuit, elle dort peu, angoissée par la reprise, qui s’annonce plus dure pour elle. D’autant que comme beaucoup, elle ignore quand ses enfants pourront vraiment reprendre le chemin de l’école et du collège. « La récession ne fait que commencer, et elle sera violente, conclut-elle avec lassitude. J’ai peur des conséquences qu’un déséquilibre financier durable aura sur notre couple. »

11 mai 2020

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11 mai 2020

Déconfinement 11 mai...

111 mai

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