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Jours tranquilles à Paris

7 mai 2020

A table.....

a table

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7 mai 2020

Coronavirus : ce qu’il faut retenir des annonces d’Emmanuel Macron pour la culture

SYNTHESE :

Droits des intermittents prolongés jusqu’en août 2021, fonds d’indemnisation pour le cinéma, commandes publiques… Le chef de l’Etat était très attendu par un secteur culturel sinistré.

Emmanuel Macron, qui avait promis un plan d’aide spécifique pour les secteurs « durablement impactés » par la crise liée au coronavirus, a dévoilé, mercredi 6 mai, les premières orientations d’un « plan pour la culture », à l’issue d’une réunion avec les représentants du secteur.

« Il faut que les lieux de création revivent », a d’emblée déclaré le chef de l’Etat. « Cet été, on ne fera pas de grands événements. On l’a déjà dit », a-t-il rappelé. Selon lui, « beaucoup de choses pourront reprendre » à partir du 11 mai, mais en s’adaptant aux contraintes de l’épidémie pour que le virus ne recircule pas à toute vitesse.

Les droits des intermittents prolongés jusqu’en août 2021

« On doit pouvoir rouvrir les librairies, les musées sans qu’il y ait trop de brassages, les magasins de disques, les galeries d’art », et les théâtres doivent pouvoir « commencer » à fonctionner et à répéter, a-t-il affirmé, en précisant qu’« on aura un point fin mai et début juin. On va regarder comment on peut articuler les choses avec le public ».

Emmanuel Macron s’est notamment engagé à ce que les droits des intermittents du spectacle « soient prolongés d’une année » au-delà des six mois où leur activité aura été « impossible ou très dégradée », c’est-à-dire « jusqu’à fin août 2021 ».

Tout en annonçant cette « année blanche » très attendue par un secteur culturel sinistré, le chef de l’Etat s’est dit convaincu qu’il allait « donner suffisamment confiance pour que quasiment on n’en ait pas besoin ». « On va donner, avec beaucoup de projets, les heures » qui permettront aux intermittents de « ne pas activer ces dispositifs », a-t-il affirmé.

Spécificité française, le régime des intermittents concerne 100 000 artistes et techniciens indemnisés chaque année. Pour obtenir l’assurance-chômage, ils doivent avoir travaillé 507 heures sur douze mois. Or, avec les annulations et l’absence de perspectives, très peu pourront cumuler les cachets nécessaires.

Fonds d’indemnisation pour les séries et tournages de cinéma

Le président a également annoncé la mise en place d’« un fonds d’indemnisation temporaire » pour les séries et tournages de cinéma qui ne peuvent être réalisés à cause du coronavirus. Le secteur de la culture, l’Etat et les assureurs devront s’organiser pour l’indemnisation « au cas par cas » pour les séries et les tournages annulés.

Le Centre national de la musique, « qui vient d’être créé et qui est très fragilisé par la période », sera, quant à lui, redoté à hauteur de 50 millions d’euros.

Réouverture le 11 mai des librairies, médiathèques, certains musées…

Les librairies, disquaires, bibliothèques, médiathèques, galeries d’arts et certains musées rouvriront à partir du 11 mai. Pour les autres lieux culturels, notamment les cinémas, il sera statué « après fin mai ».

Pour le spectacle vivant en particulier, les acteurs pourront réinvestir les lieux, notamment pour répéter, et « nous nous interrogerons fin mai si on peut aller plus loin dans le déconfinement en étant inventifs ». Cela devra être discuté avec les maires et les préfets.

« Programme de commandes publiques » pour la culture

Enfin, le chef de l’Etat a annoncé son intention de lancer un « grand programme de commandes publiques » auprès de divers métiers du secteur culturel. « Qu’on mette le paquet », « que ce soit [pour] les métiers d’art, les spectacles vivants, la littérature, les arts plastiques », a-t-il détaillé. « Je pense en particulier aux créateurs de moins de 30 ans. »

7 mai 2020

GIGI HADID

gigi

7 mai 2020

Valéry Giscard d’Estaing visé par une plainte pour agression sexuelle

vge

Par Thomas Wieder, Berlin, correspondant

Une journaliste allemande accuse l’ancien chef de l’Etat de lui avoir posé la main sur les fesses lors d’un entretien à Paris, en décembre 2018.

L’ancien président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, fait l’objet d’une plainte pour agression sexuelle. La journaliste allemande Ann-Kathrin Stracke, âgée de 37 ans, affirme que l’ex-chef de l’Etat (de 1974 à 1981) lui a posé la main sur les fesses lors d’une interview, fin 2018. Sa plainte, dont Le Monde et le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung ont eu connaissance, a été adressée au parquet de Paris, le 10 mars, qui a accusé réception.

Les faits remontent au 18 décembre 2018. Ce jour-là, Mme Stracke a rendez-vous avec M. Giscard d’Estaing dans son bureau du boulevard Saint-Germain, à Paris. L’objet de la rencontre : une interview pour la chaîne publique allemande WDR, à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de l’ancien chancelier fédéral, Helmut Schmidt (1918-2015), au pouvoir quand « VGE » était à l’Elysée.

A l’issue de l’entretien, Mme Stracke demande à M. Giscard d’Estaing s’il veut bien poser pour une photographie avec elle, son cameraman et sa preneuse de son. Ce qu’il accepte. Mais à ce moment, la journaliste raconte que l’ancien président l’a entourée de son bras, lui a touché la taille et posé la main sur une fesse. Et la journaliste d’affirmer dans sa plainte :

« Très surprise et désapprouvant ces atteintes qui m’ont mise extrêmement mal à l’aise, j’ai tenté de repousser la main de M. Giscard d’Estaing, sans toutefois y parvenir. »

La photo étant de mauvaise qualité, une deuxième prise de vue est réalisée. Comme la première fois, c’est l’assistante de « VGE » qui tient l’appareil. A nouveau, Mme Stracke se souvient que celui-ci lui a touché la taille et la fesse. « J’ai eu l’impression qu’il insistait », raconte-t-elle.

Une situation « dégradante »

L’incident aurait pu en rester là. Mais avant le départ de l’équipe de tournage, l’ancien président de la République tient encore à montrer à Ann-Kathrin Stracke une série de photographies accrochées au mur de son bureau, où on le voit aux côtés des grands de ce monde. Selon la journaliste, M. Giscard d’Estaing lui a de nouveau touché les fesses, elle-même essayant de dégager la main de celui-ci « plusieurs fois et de toutes [ses] forces ».

Afin de la libérer d’une situation qu’elle qualifie de « dégradante », son cameraman aurait alors, affirme-t-elle, cherché à faire diversion en renversant l’abat-jour d’une lampe située sur un buffet et en plaçant une chaise entre l’ex-président et elle.

Juste après, au moment de quitter l’appartement, Mme Stracke raconte que M. Giscard d’Estaing lui a dit au revoir en lui faisant « des baisers appuyés sur les joues », tout en lui susurrant dans le creux de l’oreille, en allemand : « träumen sie süss » (« faites de beaux rêves »). « Eh bien, vous l’avez sacrément charmé », lui aurait glissé, sur le pas de la porte, l’assistante de l’ancien chef de l’Etat, là aussi en allemand.

De retour à Cologne, où se trouvent les bureaux de la WDR, Ann-Kathrin Stracke relate l’histoire à sa hiérarchie. Estimant que les accusations sont graves, la direction de la chaîne mandate un cabinet d’avocats pour recueillir le témoignage de la journaliste. Egalement interrogé, le cameraman confirme le récit de sa collègue, ajoutant que la situation lui a semblé « étrange », et que la façon dont s’est comporté M. Giscard d’Estaing avec Mme Stracke lui a paru « inappropriée, venant d’un ancien chef d’Etat ». Sollicitée elle aussi, la preneuse de son, en revanche, refuse de témoigner, sans expliquer pourquoi.

Après le mouvement #metoo

A la suite de la remise de ce rapport, long de treize pages, la WDR envoie une lettre à M. Giscard d’Estaing, le 23 mai 2019, pour résumer l’affaire, où il est notamment écrit :

« Madame Stracke a été extrêmement choquée par vos agissements. (…) Nous ne saurions tolérer que nos collaborateurs soient confrontés à de telles situations et espérons donc vivement qu’un tel comportement ne se répétera envers aucun d’entre eux à l’avenir. »

Le cabinet de VGE répondra, quelques semaines plus tard, par un simple accusé de réception.

Pourquoi Mme Stracke a-t-elle attendu un peu plus d’un an avant de saisir la justice ? « Dans un premier temps, je n’ai pas pensé porter plainte, d’autant que je n’avais aucune idée de la façon dont fonctionne la justice française », explique-t-elle au Monde. Mais au fil des mois, dans le sillage du mouvement #metoo, la journaliste change d’avis. « Ce mouvement m’a montré à quel point il est important de débattre de ces sujets dans la société. »

Contacté par Le Monde et la Süddeutsche Zeitung, le directeur de cabinet de M. Giscard d’Estaing, Olivier Revol, affirme que l’ancien président de la République, âgé de 94 ans, ne garde « aucun souvenir de sa rencontre » avec Mme Stracke. « Si ce qui lui est reproché était vrai, il en serait bien sûr navré, mais il ne se souvient de rien », ajoute M. Revol, qui se dit d’autant plus « étonné » par cette histoire que c’est la première fois, assure-t-il, que l’ancien chef de l’Etat est visé par ce type d’accusations.

7 mai 2020

Vu sur internet

jaime27

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7 mai 2020

LIBÉRATION - L’exécutif reste prêt à enclencher la «marche arrière»

Par Laure Equy et Lilian Alemagna 

Malgré la confiance affichée mardi par le chef de l’Etat, le «monsieur déconfinement» du gouvernement se montre bien plus réservé sur le déroulement de l’opération.

Alors, on y va ? A quatre jours de la date fixée par Emmanuel Macron pour sortir du confinement imposé mi-mars afin de lutter contre l’épidémie de Covid-19, Edouard Philippe doit annoncer, ce jeudi, les derniers «détails» selon une commande formulée mardi par Emmanuel Macron sur TF1. Le Premier ministre, accompagné de six ministres, doit s’exprimer lors d’un point presse à 16 heures, après d’ultimes arbitrages pris en Conseil de défense suivi d’un Conseil des ministres. Mais, prévient-on à Matignon où l’on se montre bien plus prudent que le chef de l’Etat ces deux derniers jours, «il y a trois critères qui font qu’on appuiera sur le bouton» : les places dans les services de réanimation, la vitesse de circulation du virus et le nombre de tests disponibles dans chacun des départements. Lors de son discours la semaine dernière devant les députés, le chef du gouvernement avait ainsi évoqué le chiffre de «700 000 tests» nécessaires par semaine. Et c’est en fonction de ces «critères» que le Premier ministre dira «si on avance comme prévu ou si on adapte», répète-t-on dans l’entourage de Philippe.

Matignon pourrait-il s’opposer à l’Elysée et dire «stop, on attend» ? «On est sur le go, mais il faut voir les chiffres», dit-on dans l’entourage du Premier ministre. Lequel devrait, jeudi, «préciser deux-trois règles du quotidien», celles des déplacements à 100 km de son domicile ou encore livrer la carte des départements «rouges», où les règles sanitaires seront bien plus strictes que dans les «verts», où le déconfinement sera plus large.

Contraste

Une «prudence» cohérente avec ce que le chef du gouvernement avait énoncé la semaine dernière à l’Assemblée. «Je le dis aux Français, si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai, ou nous le ferons plus strictement», avait-il lancé, insistant sur la nécessité de ne pas dépasser plus de «3 000 nouveaux cas par jour». Mais une tonalité qui contraste avec les propos du chef de l’Etat depuis le début de la semaine. Macron ne s’est pas privé de reprendre la parole pour affirmer qu’une «nouvelle étape», certes «progressive» et peut-être provisoire, débuterait bien lundi. «C’est très bien que le Président rappelle le cap, insiste un macroniste historique. Il ne faut pas donner l’impression qu’on hésite, sinon on n’inspire pas confiance.»

Sauf que le «monsieur déconfinement» du gouvernement, Jean Castex, s’est montré, lui aussi, très prudent mercredi devant les sénateurs. Le coordonnateur national à la stratégie de déconfinement n’a pas caché qu’en cas de relance de l’épidémie après le 11 mai, une «marche arrière» dans les zones concernées par un rebond était possible. Si les critères sanitaires établis pour surveiller la propagation du virus, notamment les résultats des tests virologiques, font apparaître un nombre «anormalement élevé» de personnes contaminées, il faudra, a-t-il insisté, «se donner les moyens d’agir immédiatement» et «prendre des mesures adaptées». Castex a ainsi expliqué qu’un «plan de reconfinement» accompagnerait celui de déconfinement. Il a aussi confirmé que les plages resteraient fermées jusqu’à nouvel ordre : «Les ouvrir créerait une tentation, peut-être des migrations de personnes, a-t-il insisté. Nous n’avons rien contre les migrations de personnes, nous en avons contre la migration du virus.»

«Sas»

L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy a répété que le gouvernement était «à la recherche d’un équilibre entre le respect de la doctrine sanitaire et les exigences du redémarrage de la vie économique et sociale du pays» et que «de cette conciliation s’explique l’ensemble des mesures». Notamment celle de la réouverture des salles de classes maternelles et élémentaires. Jean Castex a donc confirmé qu’il s’agit là bien plus d’un objectif économique qu’une motivation éducative puisque les collèges et lycées resteront, eux, fermés : «Si les deux parents d’un enfant de 9 ans travaillent, ça va poser des difficultés. Si on renvoie tout à septembre, on n’atteint pas notre objectif de remise à l’étrier de notre activité.»

Ce 11 mai, a insisté le coordonnateur du déconfinement, est donc une sorte de «sas» lesté d’un «cadre sanitaire lourd». «Ces trois semaines vont être décisives pour voir ce qui se passe», a-t-il affirmé, donnant rendez-vous le 2 juin pour la suite. L’enjeu est de taille : selon une enquête Elabe, les Français font de moins en moins confiance à l’exécutif sur cette première phase de déconfinement. Seules 33% des personnes interrogées jugent cette préparation «bien gérée» (-12 points en une semaine) contre 67% qui estiment cette reprise mal préparée. Ils sont même 83% à douter sérieusement des approvisionnements en tests et masques de protection. «La peur peut être notre ennemi, […] mais la peur peut aussi être notre alliée si on se repose sur la responsabilité des citoyens dans la période qui s’ouvre», a martelé Castex devant les sénateurs. Pas sûr que les mots suffisent.

7 mai 2020

Marisa Papen

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7 mai 2020

LIBÉRATION - Culture : Macron, président des «chiche»

Par Didier Péron et Julien Gester 

Exalté face à des représentants des milieux créatifs triés sur le volet, le chef de l’Etat a appelé mercredi à une «révolution de l’accès à la culture» et invité les artistes à profiter de leurs calendriers vides pour se reconvertir en baby-sitters culturels.

Décidément, la crise pandémique nous l’a changé. Naguère de centre gauche à l’oral mais de droite ultralibérale à l’écrit, Emmanuel Macron semble désormais chercher l’inspiration de son expression publique chez des référents fleurant volontiers la dictature communiste, quand il emprunte à la tradition tai-chi l’injonction maintes fois réitérée à «enfourcher le tigre» (et gravir la montagne, complète l’adage) tel un haut cadre du Parti communiste chinois, ou quand il proclame l’avènement d’une «saison hors norme», et plus particulièrement d’«un été apprenant et culturel», comme le régime cubain planifiait naguère «l’année de la réforme agraire», «l’année du Vietnam héroïque», ou celle de «l’éducation».

Mais le modèle du Président s’adressant aux représentants des secteurs artistiques et créatifs était sans doute plus volontiers Kennedy que Castro : veste tombée, manches retroussées, mèche électrique, candeur de boy-scout, gestuelle de manager exalté par l’immensité des perspectives offertes par le chaos ambiant.

Devant un casting choisi par son cabinet (1), le président de la République a répondu aux signaux de détresse émis en rafales par le secteur depuis des semaines, et plus intensément encore ces derniers jours, par un show dont la première leçon est peut-être que s’il est un Français à qui la menace du Covid-19 a insufflé une santé meilleure qu’il y a deux mois, c’est bien lui. On se souvient des interventions d’un Emmanuel Macron livide au cœur de la crise des gilets jaunes qui était directement une remise en cause de sa politique. La crise sanitaire, elle, semble l’avoir galvanisé. Ainsi, après deux mois de confinement, dont la majorité des Français vont sortir hirsutes, blêmes ou en surcharge pondérale à force d’efforts de guerre, de télétravail ou de canapé, le chef de l’Etat est apparu mercredi au maximum de l’optimisme hâlé et décontracté : «On va construire une visibilité», «Protéger et accompagner», «Phase de résistance et de résilience», «Une opportunité extraordinaire de chantiers de création»… Au gré d’une prise de parole souvent plus imprécatoire que concrète, sous le vernis revendiqué d’un «idéalisme pragmatique», la scansion du volontarisme antidépressif s’est déclinée par les mots et la gestuelle d’une prestation tout en chiffonnages de cheveux, bras croisés /décroisés, structures abstraites dessinées dans l’air avec les mains pour culminer en direction de ce qui n’est pas précisément un changement de cap, ni un plan «à mettre sur la table maintenant», car «ça ne marche plus comme ça».

Trou d’air

La promesse d’une année blanche pour les intermittents, si elle court jusqu’en août 2021, le conduit de facto à un impératif de mouvement, d’«initiatives» et d’impulsion confiés à une population d’artistes qui n’a pas vocation à rester désœuvrée dès lors qu’elle a vu s’évaporer les perspectives de spectacles ou de contrats dans les salles de concerts, les festivals d’été et les lieux d’exposition. Vous êtes au chômage ? Les jeunes vont être en vacances ! Et d’ici là retournent à l’école, sans toujours savoir qu’y faire. Dès lundi. Ce trou d’air du temps désinvesti qu’a creusé l’épidémie dans un calendrier censément chargé, il faut s’en emparer pour «faire une révolution de l’accès à la culture. […] Chiche ! On a besoin de vous à l’école, on a besoin de ce souffle et d’aider nos enfants […]. On va devoir réinventer notre été, d’autres formes de colonies de vacances, pour des millions d’enfants, d’ados, notamment dans les quartiers populaires, les Français binationaux ou issus de l’immigration qui ne pourront pas partir au pays en vacances». Et «c’est pour maintenant». De là à dire aux centaines de milliers d’acteurs de la culture qu’il n’y a qu’à traverser la rue jusqu’à l’établissement scolaire le plus proche pour se remettre au travail…

Animateurs de colo

Il se trouve que ce travail d’action culturelle existe déjà et qu’il souffre d’avoir été largement détricoté et démuni par l’érosion des ressources du milieu associatif au gré des refontes budgétaires. Mais le milieu est ainsi sommé de ne pas se contenter de ses plaintes ou de ses plaies à panser pour se montrer proactif, et de mettre son idéalisme au service des populations déshéritées ou les plus directement touchées par les conséquences du virus. Le service après-vente sur les marches de l’Elysée d’un Franck Riester réduit pendant l’intervention présidentielle à une fonction subalterne de prise de notes et de hochage de tête n’a pas dissipé le flou total qui règne encore sur les modalités économiques et calendaires de tels happenings, appelés à refonder une ambition culturelle partagée pour le pays, sur l’air d’une note obstinée de souverainisme français, sinon européen, qu’il s’agit d’opposer aux appétits et à la concentration de «grands prédateurs, chinois, américains, avec d’autres sensibilités».

Le souci que tout le monde, des banques et assurances aux collectivités territoriales, se joigne à cette symphonie résiliente, sans compter ses ambitions ni ses deniers - l’un des artistes conviés au tour de table préalable en aura retenu, un brin médusé, que «la question budgétaire n’a été abordée que sur le mode de la plaisanterie» -, tout cela semblait mettre les milieux créatifs et ceux qui les accompagnent au défi discutable de se choisir un destin entre assistés et animateurs de colo. Une forme de politique du «chiche !» dont il reste à démontrer qu’elle diffère foncièrement de l’esprit de compétition présidant aux bonnes vieilles politiques du chiffre.

(1) Etaient conviés l’écrivain Aurélien Bellanger, le chef d’orchestre Sébastien Daucé, la chorégraphe circassienne Camille Decourtye, la soprano Sabine Devieilhe, l’artiste visuel Laurent Grasso, la comédienne Sandrine Kiberlain, la comédienne Norah Krief, le musicien et réalisateur Abd al Malik, la chorégraphe Mathilde Monnier, le duo de cinéastes Nakache et Toledano, le metteur en scène, comédien et directeur de théâtre Stanislas Nordey et la musicienne Catherine Ringer.

7 mai 2020

VOGUE

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7 mai 2020

En Colombie, «la pandémie rend les violences encore plus invisibles»

Par Anne Proenza, correspondante à Bogotá 

Le confinement n’a pas fait baisser le nombre d’assassinats politiques dans le pays, où des groupes armés illégaux étendent leur contrôle sur les territoires. Depuis mars, 30 personnes ont été tuées.

Les restrictions de circulation et les mesures de quarantaine n’y changent rien, au contraire. Les assassinats politiques continuent en Colombie. Rares sont les jours sans crimes ou menaces contre ceux qu’on appelle les «leaders sociaux». Ce sont les hommes et les femmes qui luttent pour les droits de leurs communautés à récupérer leurs terres, tentent de préserver l’environnement mis à mal par des méga-projets miniers, s’opposent aux pouvoirs locaux ou gênent les groupes armés dans leurs activités, en tentant par exemple de mener à bien des programmes de substitutions de cultures illégales de coca ou de marijuana. Tout cela dans des régions souvent très éloignées de la capitale.

Balles

«Je suis préoccupé par la pandémie, mais plus encore pour notre situation en tant que leaders sociaux. On continue à nous tuer», explique par téléphone Hector Carabali qui a dû abandonner son village dans le département du Cauca il y a deux ans pour se protéger. Au total, selon l’ONG Indepaz, près de 30 personnes ont été tuées depuis le premier cas de Covid-19 détecté début mars, et plus de 800 depuis la signature de l’accord de paix avec l’ancienne guérilla des Farc en novembre 2016. Au-delà de ces chiffres morbides, «les leaders sociaux représentent le capital humain des territoires», s’exclame le sénateur de gauche Iván Cepeda.

Par temps de pandémie, les sicaires font irruption d’autant plus facilement chez leurs victimes qu’elles sont confinées. Le 29 avril, des tueurs ont criblé de balles Alvaro Narváez Daza dans sa ferme près du village de Mercaderes, dans le sud du Cauca, le tuant ainsi que son épouse, l’un de ses fils et sa petite-fille. Cultivateur, il était président du conseil d’action communale de son hameau. «La pandémie rend les violences encore plus invisibles, les médias étant occupés ailleurs», dit Sirley Muñoz, de la plateforme Somos Defensores («nous sommes défenseurs») qui, dédiée à protéger les défenseurs des droits de l’homme, vient de lancer une campagne intitulée «Le virus de la violence».

«La situation est vraiment complexe, on ne peut plus se réunir, ni s’informer ni se déplacer pour se protéger, et les assassins se fichent bien de respecter la quarantaine», ajoute un dirigeant politique du département du Cauca, particulièrement touché ces dernières semaines. «Les groupes armés illégaux semblent profiter de l’enfermement de la majorité de la population pour étendre leur présence et leur contrôle sur les territoires», s’est aussi inquiété fin avril le Haut Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies.

La violence politique n’est pas nouvelle en Colombie. «C’est une dynamique qui vient d’époques antérieures», souligne Iván Cepeda, dont le père, dirigeant communiste, avait été assassiné en 1994 par les paramilitaires. Mais le retard de mise en œuvre de l’accord de paix signé avec la guérilla des Farc en 2016 dans les régions a réactivé les violences et entraîné une recrudescence de la guerre à un niveau qu’on avait cru révolu. Les groupes armés organisés, comme les appelle le gouvernement, qui met dans le même sac d’anciennes structures paramilitaires, des cartels de drogue, la guérilla de l’Armée de libération nationale (ELN) ou des dissidents des Farc se disputent les territoires laissés par les Farc avant leur réincorporation à la vie civile. Dans le Cauca, riche en minerais et où les cultures de feuilles de coca ont beaucoup augmenté, les acteurs armés se disputent, entre autres, les couloirs d’accès au Pacifique. La plupart des leaders interrogés s’étonnent de l’inaction de l’armée lors des violences contre les populations civiles. Celles-ci ont lieu «dans des régions fortement militarisées», dit Iván Cepeda. Et d’ajouter : «On peut donc se poser la question de la connivence entre les autorités et le narcotrafic.»

Optimisme

Début mars, le cessez-le-feu unilatéral annoncé par l’ELN pour un mois (lire Libération du 2 avril) avait fait souffler un bref vent d’optimisme. La diminution des violences sur les territoires contrôlés par cette guérilla, née comme les ex-Farc dans les années 60, laissait espérer une reprise des négociations de paix avec le gouvernement, rompues depuis plus d’un an.

Mais le cessez-le-feu a pris fin le 30 avril. Pablo Beltrán, un des dirigeants du groupe armé, a assuré que son organisation «écartait» tout nouveau cessez-le-feu unilatéral. Interviewé de La Havane samedi par le journal télévisé indépendant Noticias Uno, où il est bloqué depuis la rupture des négociations, il a expliqué que le «gouvernement en avait profité pour lancer des attaques offensives» à leur encontre. Et ajouté que l’ELN n’était pas «responsable» d’assassinats de leaders sociaux.

Le gouvernement a annoncé fin avril la mise en place d’un mécanisme de «soumission à la justice» pour inciter les acteurs armés à se démobiliser, quelle que soit leur appartenance et sans nécessité de pourparlers de paix. Dans la foulée, le Président, Iván Duque (droite), a annoncé la démobilisation de 20 guérilleros de l’ELN. Ce mécanisme, utilisé par l’ex-président Uribe, suscite cependant beaucoup de méfiance. Il a donné lieu dans les années 2000 à plusieurs fausses (mais médiatiques) démobilisations.

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