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Jours tranquilles à Paris

19 octobre 2020

Marisa Papen

marisa plonge

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19 octobre 2020

Les millions d’Américains qui ont sombré dans la pauvreté, ce “vaste réservoir de votes”

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE J-15 – Alors que le nouveau plan pour aider les Américains frappés de plein fouet par la pandémie se fait attendre, deux nouvelles études montrent que de 6 à 8 millions d’entre eux sont tombés dans la pauvreté ces derniers mois. Pour la presse, le niveau de participation des électeurs les plus démunis pourrait changer le visage du scrutin.

Et si les Américains les plus pauvres décidaient du sort de la présidentielle ? En 2016, sur les 63 millions d’électeurs pauvres ou à faible revenu du pays, 34 millions n’avaient pas voté, souligne un rapport de l’organisation Poor People’s Campaign relayé par le Guardian.

D’après le quotidien britannique, les Américains les plus démunis “représentent un vaste réservoir de votes”, et le candidat qui, de Donald Trump ou Joe Biden, prendra le mieux en compte le problème de la pauvreté pourrait en tirer parti. Alors que le Guardian estimait en août que la pauvreté affectait 38 millions de personnes aux États-Unis, des chercheurs de l’université de Columbia affirment que le nombre de pauvres a augmenté de huit millions depuis mai, rapporte pour sa part le New York Times.

Une autre étude, réalisée par les universités de Chicago et de Notre-Dame et basée sur une définition différente de la pauvreté, chiffre cette augmentation à six millions depuis trois mois. Ainsi, résume la BBC, l’étude de Columbia évalue à 16,7 % le taux de pauvreté en septembre contre 10,1 % pour l’analyse de Chicago et de Notre-Dame.

Le marché du travail s’est pourtant amélioré

L’auteur de la seconde étude, l’économiste Bruce Meyer de l’université de Chicago, est très inquiet.

Ces chiffres sont très préoccupants. Ils nous disent que les gens ont beaucoup plus de mal à payer leurs factures, à payer leur loyer, à mettre de la nourriture sur la table.”

Selon le quotidien new-yorkais, cette hausse de la pauvreté aux États-Unis, qui touche particulièrement les enfants et les minorités, “s’est produite malgré une amélioration du marché du travail depuis mai, signe que l’économie avait rebondi trop lentement pour compenser les avantages perdus”.

Le Cares Act à sec

La BBC rappelle qu’au printemps, alors que “la pandémie précipitait 20 millions d’Américains au chômage, le gouvernement américain adoptait une aide d’urgence [évaluée au total à plus de 3 000 milliards de dollars]”.

Le plan de relance Cares Act, explique le New York Times, dont les bénéfices se sont arrêtés le 31 juillet, incluait des paiements uniques pour la majorité des ménages américains de quelque 1 200 dollars par adulte et 600 par enfant. Il prévoyait également une extension substantielle du programme de l’assurance-chômage, qui doublait les prestations des travailleurs sans emploi. L’auteur de l’étude de l’université Columbia, Zachary Parolin, fait ce constat :

Le Cares Act a connu un succès inhabituel, mais il n’est plus en vigueur et beaucoup plus de gens sont pauvres.”

Aucune aide en vue à court terme

Les auteurs des deux études affirment que la hausse de la pauvreté démontre la nécessité d’un nouveau cycle d’aide publique, et le New York Times souligne que “la Chambre des représentants [dominée par les démocrates] a par deux fois adopté des programmes de secours de plusieurs milliards de dollars pour fournir plus d’aides et stimuler l’économie, mais les républicains du Sénat […] ont proposé des plans de moindre envergure”.

Les perspectives d’un accord entre démocrates et républicains semblent de plus en plus improbables avant le scrutin du 3 novembre, signale le Washington Post. “Je dirais qu’à ce stade-ci, faire quelque chose avant l’élection et le mettre en branle serait difficile, vu où nous en sommes”, a notamment affirmé le ministre des Finances, Steven Mnuchin.

Ce dernier n’a peut-être pas entendu l’avertissement de Robert Paul Hartley, professeur d’économie à la Columbia School of Social Work, cité par le Guardian :

Si le taux de participation aux élections des électeurs à faible revenu était le même que pour les électeurs à revenu élevé, cela pourrait faire basculer les résultats dans dix États auparavant républicains et dans cinq États auparavant démocrates.”

19 octobre 2020

Vu de l'étranger - La France "debout contre la barbarie", un air de "déjà vu"

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COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

De nombreux médias étrangers ont suivi la journée de mobilisation en faveur de la liberté d’expression à Paris. Beaucoup ont noté que la place de la République avait déjà été le théâtre d’un rassemblement similaire après l’attentat de Charlie Hebdo, s’interrogeant sur les leçons à tirer de cette nouvelle attaque.

“C’étaient comme des spasmes qui secouaient la foule tous les quarts d’heure. De bouleversantes salves d’applaudissements pour Samuel Paty”, décrit Le Soir, l’un des nombreux médias étrangers à avoir suivi le rassemblement en hommage au professeur assassiné et pour la défense de la liberté d’expression dimanche place de la République à Paris.

Une place qui avait déjà accueilli un million et demi de personnes en janvier 2015 après l’attentat contre Charlie Hebdo, rappelle le Daily Telegraph, soulignant que la mort de Samuel Paty “a assommé une nation déjà secouée par des atrocités terroristes”.

“Nous revoilà au même endroit et pour les mêmes raisons”, confie Didier, un professeur, au Soir. “C’est terrifiant mais nous sommes là pour dire qu’on ne cédera pas à la peur”

Le Tagesschau note une “foule dense” en dépit de la pandémie. Les autorités ont approuvé le rassemblement de plusieurs dizaines milliers de personnes malgré les restrictions sanitaires du moment. “La mobilisation contre les violences fanatiques a été massive” avec d’autres manifestations à Lyon, Toulouse, Nantes, Lille, Marseille ou Bordeaux, peut-on lire dans la Repubblica.

“Comme si la France n’avait pas déjà assez à faire avec l’augmentation du nombre d’infections au coronavirus et une grave crise économique, la terreur est de retour”, observe le quotidien autrichien Der Standard qui a repéré dans le cortège le slogan “L’école pleure, mais elle n’a pas peur”.

La France se tient “debout contre la barbarie islamiste”, estime ABC. Signalant la présence du Premier ministre Jean Castex et de Jean-Luc Mélenchon, le quotidien conservateur espagnol insiste sur le “ton unique, du gouvernement à l’opposition d’extrême-gauche” en vigueur sur la place parisienne.

Mais au-delà de la démonstration de solidarité, des questions se posent sur l’impact de la tragédie alors que comme l’a comptabilisé le Sun, l’attentat de vendredi était la cinquième attaque liée à l’islamisme rien que cette année dans le pays.

“L’Islam radical vise la France”

Le quotidien autrichien Der Standard indique que “de nombreux participants” s’interrogent sur le droit au blasphème : “Ne pas publier les caricatures, c’est céder aux islamistes. Cependant, des Français pondérés se demandent si les caricatures délibérément provocantes et irrespectueuses de Mahomet sont le bon moyen de combattre l’islamisme”.

Inquiétude également mentionnée dans les pages d’El Pais. “L’espoir que la mort de Paty réveillerait les consciences (…) coexistait avec le désespoir face à l’absence de solutions ou à la tentation d’abandonner : la possibilité que dans la patrie des Lumières et de la laïcité, désormais les enseignants s’autocensurent”, écrit le correspondant parisien du journal espagnol.

Die Welt suggère de son côté que le manque de connaissances des franges extrémistes de la communauté tchétchène par les services secrets français est une faiblesse. Le titre cite le politologue germano-égyptien Asiem El Difraoui pour qui “la France s’est trop concentrée sur l’organisation terroriste EI et a négligé d’autres groupes”.

Dans un autre article, la correspondante du média allemand à Paris déplore dans “les fleurs et les bougies au pied de la statue de la place de la République” un air de “triste déjà vu”. Pour elle, “c’est clair: l’islam radical vise toute la France, c’est un mode de vie, et surtout c’est la volonté de briser les droits de l’homme et la liberté d’expression de la nation”. D’où sa conclusion : “les nombreux mots de consternation doivent maintenant être suivis d’une action décisive”.

Fox News rapporte que les autorités françaises prévoiraient d’expulser 231 étrangers radicalisés et que le ministre de l’intérieur Gérard Darmanin réfléchirait à durcir le droit d’asile, puisque l’assassin de Samuel Paty était lui-même un réfugié.

“Ce conflit n’est en aucun cas limité à la France”, considère la Frankfurter Allegemeine Zeitung. Le quotidien allemand trouve que “les gens ont détourné le regard lorsqu’une société parallèle islamiste s’est développée” et voit dans les attaques qui ont frappé son voisin ces dernières années “les excès guerriers d’un conflit culturel”. C’est “notre mode de vie” qui est “en jeu”, annonce la FAZ.

D’après le Tagesspiegel, les autorités allemandes craindraient d’ailleurs un risque d’imitation dans le pays. Cinq mois après l’attentat de Nice, un camion avait foncé dans la foule à Berlin et fait douze morts. Même en Allemagne, les caricatures du prophète “restent une étincelle qui peut sauter à tout moment”, assure un expert en sécurité interviewé par le journal.

19 octobre 2020

Libération du 19 octobre

libé 19 oct

19 octobre 2020

Auray - Kevrenn Alré, bientôt 70 ans et des incertitudes

Kevrenn Alré from Snap on Vimeo.

Article de Véronique Le Bagousse

On ne connaîtra le nouveau président de la Kevrenn Alré que dans une semaine. Mais l’assemblée générale de ce samedi 17 octobre à Auray a déjà permis de compléter le conseil d’administration et de présenter les projets.

En préambule à l’assemblée générale de la Kevrenn, qui avait lieu à Athéna, à Auray, ce samedi, Damien Moulin, le président sortant, a vidé son sac. « Je pensais que les épreuves de cette année nous souderaient. Mais je ne peux que constater qu’il y a encore de nombreuses améliorations à apporter au sein de l’association et je m’excuse de ne pas avoir réussi dans cette tâche. J’ai constaté un manque de respect et de discipline, des esprits et des comportements trop personnels, des critiques et des remarques non constructives, des gens qui ne veulent plus s’investir, c’est inadmissible. La Kevrenn doit être un plaisir, mais aussi un lieu où il y a des règles. Il y a beaucoup trop de rancœurs et de tensions, or nous devons travailler ensemble et transmettre. Nous ne pouvons pas tous être copains mais nous devons atteindre le même but, celui de faire grandir l’association ». Un discours qui en dit long sur la nécessité de retrouver l’équilibre au sein de la maison.

Après cette mise au point, Damien Moulin a passé le flambeau pour la présentation des différents bilans, et celle des projets 2021.

Une création pour les 70 ans

Après une année blanche, et malgré de nombreuses incertitudes, la Kevrenn prépare ses 70 ans avec une grande création qui intégrera le bagad, le cercle et l’école. Baptisée « A la croisée des chemins », elle s’inspirera des différents voyages effectués par le bagad et le cercle au fil des années. Autre nouveauté de l’année, un pipe band a vu le jour en septembre dernier et devrait participer aux sorties et aux concours. Un ensemble de batterie est également en cours de création.

L’Espagne cet été ?

Concernant les rendez-vous de l’année, « nous avons appris que le concours de Brest était annulé il y a quelques semaines. Mais nous allons malgré tout travailler la suite prévue. C’est un terroir bigouden très intéressant d’un point de vue technique et qui sera intégré dans la création des 70 ans », note Laurie Le Dorze, chargée de commmunication.  Côté voyage, un déplacement devrait se faire à l’été 2021 en Espagne.

Quant aux cours, tous ont pu reprendre en septembre y compris la danse, en prenant une somme de précautions.

Enfin, Fabrice Lothodé n’a pas manqué de saluer Michel Gravier, parti à l’issue du concours de Brest après 50 ans de bons et loyaux services.

De nouveaux membres au conseil d’administration

Les nouveaux membres du conseil d’administration : Brewen Carel ; Léa Le Barh ; Brewal Le Drezen, Nicolas Loisel ; Philippe Quillay, Aurélien Régent.

kevrenn

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19 octobre 2020

Le vélo-cargo, petite reine des pros

velo cargo20

Par Pascale Krémer - Le Monde

Artisans, commerçants, soignants, livreurs sont de plus en plus nombreux à enfourcher leur vélo de travail. Relégués au musée par le tout-auto, biporteurs et triporteurs sont remis en selle par l’évolution des villes.

Dans son « cheminement », il y a d’abord eu le boycott des supermarchés, « de tous ces trucs emballés avec cinquante ingrédients ». Ensuite, le vélo. « Enfin, quand il fait beau, faut être honnête. » Et depuis que la terre est trop basse pour son dos, le choix de jardiniers bannissant la chimie et circulant eux aussi à vélo. Sylvie Leys, professeure d’anglais à la retraite, tee-shirt à grosses fleurs, sabots à petites fleurs, a confié l’entretien du charmant jardin niché derrière sa maison de ville, en plein cœur d’Angers (Maine-et-Loire), à des paysagistes dont le véhicule utilitaire stationne sous ses fenêtres, sur le trottoir, sans gêner les passants : deux bicyclettes électriques équipées de longues remorques en bois.

Comme d’un puits sans fond, les jardiniers en extraient outils et plantes. Noria silencieuse qui enchante la sexagénaire : « Le vélo se justifie tout à fait, en ville, pour ne pas encombrer l’espace de camionnettes. Le livreur de matelas, l’autre fois, est arrivé en râlant, après avoir cherché à se garer. Là, ils sont charmants et ils sont à l’heure. » Eddie Pineau, Matthieu Courbet et Vincent Chevalier, les trois compères fondateurs de la société coopérative Sicle, savourent le propos et le changement de mentalité. Des paysagistes en vélo-cargo ? Bien peu réaliste aux yeux des banques, il y a encore quatre ans.

« Une vraie efficacité »

La SCOP, aujourd’hui, est forte de six salariés, d’un chiffre d’affaires annuel (300 000 euros) en bonne croissance et de clients (300 depuis le début) qui affluent sans se faire prier, d’emblée séduits par leurs vertus écologiques. « En nous voyant circuler, les gens lèvent le pouce ou baissent la vitre de leur voiture pour parler, sourit Matthieu Courbet. C’est gratifiant, ça donne envie de continuer. » Qu’ils aient, des années durant, parcouru à vélo le monde (comme Eddie Pineau) ou plus modestement les bords de la Loire, les trois ex-camarades d’école de paysagistes n’ont jamais intégré la camionnette diesel à leurs projets d’avenir.

« LES ARTISANS EN TRIPORTEUR, CELA REMONTE AU DÉBUT DU XXE SIÈCLE ET CELA A DURÉ JUSQU’AUX ANNÉES 1950, QUAND LE TOUT-VOITURE A ÉJECTÉ LA BICYCLETTE DE L’ESPACE PUBLIC. »

Fabriquées sur mesure, en bois local, pour charrier 150 kg, se glisser entre les potelets des pistes cyclables, transbahuter petits arbres ou longues débroussailleuses, les remorques leur ont permis de se lancer à peu de frais, en pleine ville, tout près de la gare. Impasse faite sur le gros hangar. Dans un rayon de 10 km, soit une demi-heure à vélo, l’entretien des jardins est rentable : pas de problèmes de circulation, ni d’accès aux rues piétonnes, ni de recherche de place pour se garer, ni de paiement du stationnement… « Au-delà du plaisir de pédaler, il y a une vraie efficacité pour toucher une clientèle urbaine », résume M. Pineau.

Constat de plus en plus partagé. En 2012, un plombier à deux-roues (Zeplombier) montait une petite association locale, à Nantes : Les Boîtes à vélo (BAV). Sept années plus tard, l’association s’est muée en fédération nationale présente dans sept villes, et bientôt quinze. Deux cents adhérents travaillent au guidon d’un biporteur ou triporteur, à assistance électrique le plus souvent, équipé d’une grosse caisse à l’avant, d’une remorque à l’arrière, ou des deux à la fois. « L’entreprise à vélo » ne date pas d’hier, insiste Mathieu Eymin, paysagiste en région parisienne et président des BAV : « Les artisans en triporteur, cela remonte au début du XXe siècle et cela a duré jusqu’aux années 1950, quand le tout-voiture a éjecté la bicyclette de l’espace public. »

Au début du nouveau millénaire, les coursiers new-yorkais ont ressorti du garage le vélo de travail, rebaptisé « vélo-cargo » (cargo bike). En France, il colonise peu à peu les pistes cyclables, depuis une dizaine d’années. Au guidon, des artisans (du réparateur de vélos au déménageur), des commerçants ambulants, professionnels du soin et de l’esthétique (médecins urgentistes, kinésithérapeutes, ostéopathes, coiffeuses, masseuses…) ou encore de la collecte des biodéchets. Quelques vélos-taxis, et des livreurs. Beaucoup de livreurs. Souvent organisés en coopérative, comme Olvo à Paris, Tout en vélo à Grenoble, Les Coursiers à Nantes, Bordeaux et Saint-Etienne.

Adaptation rationnelle

Le temps est venu de la « vélogistique », du « cycloplombier » et du « food bike » (alternative au food truck), selon le vocabulaire né avec le phénomène. Le vélo-cargo est un véhicule utilitaire non polluant, nimbant celui qui l’utilise d’une aura écolo-branchée, pouvant transporter des charges lourdes et encombrantes jusqu’au cœur des centres-villes dont l’accès aux véhicules thermiques tend à se réduire alors même que croissent pistes cyclables et besoins de livraisons, sous l’effet du e-commerce.

CÔTÉ LIVRAISONS, POUR QUE LE VÉLO UTILITAIRE VAILLE SOLUTION À L’ÉTERNEL CASSE-TÊTE DU DERNIER KILOMÈTRE, MANQUENT ENCORE, EN PLEIN CENTRE-VILLE, LES ESPACES DE STOCKAGE À PARTIR DESQUELS RAYONNER.

Bref, pas une excentricité, le vélo de fret, mais une adaptation rationnelle à l’évolution des villes. La preuve ? De grandes sociétés y viennent, comme Ikea ou DHL-Express France. Chronopost, qui en utilise une flopée pour ses livraisons « 100 % propres » dans Paris, depuis 2019, prévoit un déploiement similaire dans onze grandes villes. « Les ébénistes ne se déplacent plus pour un abattant de secrétaire alors que moi, à vélo, oui, ajoute Philippe Gentil, porte-parole des BAV. On récupère des marchés qui ne sont plus exploités. » Car trop peu rentables. Quand on peut se faufiler à deux-roues, les petites interventions s’enchaînent rapidement. Leur coût baisse pour les clients.

Encore faut-il « réinventer son métier, pour que tout tienne dans un vélo-cargo », admet M. Eymin. Eddie Pineau, à Angers, avoue n’avoir pas pris conscience dès le départ de toutes les implications de son choix cycliste. Elles vont bien au-delà d’un outillage minimisant le poids et l’encombrement. « Pour limiter les imports et les exports de matériaux, poursuit le trentenaire, nous taillons moins sévèrement, nous conservons une majorité de végétaux, en les mettant en valeur, nous amendons grâce au compost plutôt que d’ajouter de la terre, nous débitons en copeaux, broyons ou compostons sur place et nous laissons des zones non tondues, en prairie fleurie, qui sont autant de refuges pour les insectes. » Un brin éloigné du jardin à la française… Alors, un dialogue nourri s’impose avec les clients, aussi sensibles à l’avenir de la planète qu’à leur impeccable carré de pelouse.

Côté livraisons, pour que le vélo utilitaire vaille solution à l’éternel casse-tête du dernier kilomètre, manquent encore, en plein centre-ville, les espaces de stockage à partir desquels rayonner, comme il en existe aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne. La Mairie de Paris a identifié 62 implantations possibles, dans son dernier plan d’urbanisme. Le livreur coopératif Olvo vient d’inaugurer un premier site de 1 000 m2, dans le 18e arrondissement. Autre piste : le bâteau-entrepôt (de la société Fluidis) qui charge au port de Genevilliers avant d’effectuer quatre escales dans Paris, libérant à chaque fois une flottille de tricycles-cargos chargés de colis. La petite reine n’a pas fini de trimer.

19 octobre 2020

Exposition Cabu à l'Hôtel de Ville de Paris

cabu expo

19 octobre 2020

Décryptages - Empoisonnement d’Alexeï Navalny : l’UE met le Kremlin en accusation

Par Benoît Vitkine, Moscou, correspondant, Piotr Smolar - Le Monde

Deux collaborateurs importants du président russe, Vladimir Poutine, font l’objet de sanctions imposées par l’Union européenne.

L’Union européenne met en cause le Kremlin pour l’empoisonnement d’Alexeï Navalny. La liste des sanctions nominales de l’UE, publiée au Journal officiel de l’Union européenne jeudi 15 octobre à Bruxelles, compte six noms et une entité. Parmi les individus ciblés figurent deux collaborateurs importants de Vladimir Poutine. Le plus haut responsable est l’ancien premier ministre (1998) Sergueï Kirienko, premier adjoint du chef de l’administration présidentielle, qui dirigea Rosatom, l’agence fédérale de l’énergie atomique. Le second est Andreï Yarine, qui se trouve à la tête du département de la politique intérieure. Celui-ci a notamment conduit une task force dont le rôle est de « contrer l’influence d’Alexeï Navalny dans la société russe, y compris par des opérations visant à le discréditer ».

Selon le tableau explicatif figurant dans la résolution européenne, il est donc « raisonnable de conclure que l’empoisonnement d’Alexeï Navalny a été possible uniquement avec l’accord du bureau exécutif présidentiel ». Sur le plan politique, le représentant du président pour le district fédéral de Sibérie, Sergueï Mieniaïlo, se trouve aussi sur la liste.

Le 20 août, l’opposant russe avait été hospitalisé en urgence dans un hôpital de la ville sibérienne d’Omsk en raison d’un empoisonnement. Deux jours plus tard, il était évacué vers l’Allemagne, à la demande de sa famille. Soigné à l’hôpital de la Charité à Berlin, il a repris conscience et l’usage de la parole, qu’il a employée pour dénoncer l’implication du Kremlin dans l’attaque dont il a été la victime.

Gel d’avoirs et interdiction de voyager

Sur la liste européenne se trouve aussi le directeur des services de sécurité intérieure (FSB), Alexandre Bortnikov. « Dans ces circonstances et prenant en compte le fait qu’Alexeï Navalny se trouvait sous surveillance au moment de son empoisonnement, il est raisonnable de conclure que l’empoisonnement n’a été possible qu’avec l’implication du FSB », souligne la résolution. Celle-ci implique aussi deux vice-ministres de la défense, Pavel Popov et Alexeï Krivoroutchko. Leur ministère est jugé responsable de la conservation et de la destruction des agents chimiques. Dès lors, l’utilisation du Novitchok n’aurait pu être le fait que d’une intention criminelle ou d’une négligence, estiment les Européens.

L’entité figurant sur la liste est l’Institut d’Etat pour la recherche scientifique en chimie organique et en technologie (GosNIIOKhT), considéré comme le lieu de conception de l’agent neurotoxique Novitchok à l’époque soviétique. Il est mis en cause pour avoir failli à sa mission, en matière de surveillance et de destruction des agents chimiques.

Cette liste, qui implique un gel d’avoirs et une interdiction de voyager en Europe, est d’abord le fruit d’une concertation franco-allemande, validée ensuite par les autres Etats membres. Paris et Berlin avaient souhaité attendre les conclusions de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Publiées le 7 octobre, ces dernières ont confirmé que les échantillons de sang et d’urine de M. Navalny contenaient un « inhibiteur de la cholinestérase », similaire à deux substances chimiques de type Novitchok.

La liste de sanctions a été discutée à l’occasion du Conseil des affaires étrangères, le 12 octobre. Un dispositif européen similaire, en réponse à l’annexion russe de la Crimée, comporte déjà 177 personnes et 48 entités, six ans après les faits. Alexandre Bortnikov, par exemple, y figurait déjà. Mais cette nouvelle vague de sanctions a une haute portée politique, anticipée par Moscou. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a envisagé publiquement cette semaine la suspension de tous les contacts politiques avec l’Union européenne, ce qui ne signifie pas une rupture des relations diplomatiques. En outre, la Russie a toujours privilégié les relations bilatérales avec les capitales, plutôt que celles avec Bruxelles. Mais le contexte ne s’y prête pas davantage.

« Ne pas renoncer à nos principes »

Jeudi, Moscou a annoncé qu’il ne participerait plus aux contacts tripartites, avec les Pays-Bas et l’Australie, au sujet du Boeing MH17 de la Malaysia Airlines, abattu en Ukraine en juillet 2014. Jamais le projet d’« architecture de sécurité et de confiance » avec la Russie, amorcé à l’été 2019 par Emmanuel Macron, n’a paru plus incertain, plus compromis. « C’est toujours le même chemin, celui d’un dialogue transparent mais exigeant avec la Russie, auquel je crois, a expliqué le président français jeudi à son arrivée à Bruxelles. La Russie est notre voisin, la Russie partage ce continent, mais nous ne saurions céder, renoncer à nos principes et nos ambitions, en particulier quand il s’agit des armes chimiques. »

En marge de la liste Navalny est aussi visé un ennemi juré de l’opposant, Evgueni Prigojine, très proche de Vladimir Poutine. L’homme d’affaires est présenté comme ayant des « liens étroits, notamment financiers, avec la compagnie militaire privée Wagner », responsable de « violations répétées » de l’embargo sur les armes à destination de la Libye. Cette justification a été choisie car elle est plus solide, d’un point de vue juridique, qu’une mise en cause éventuelle de Prigojine dans l’empoisonnement de Navalny. Mais, dans l’esprit européen, il s’agit bien d’un même paquet de sanctions, se voulant une réponse exemplaire à l’usage d’un agent neurotoxique dans une tentative d’assassinat.

La réponse de Moscou à cette initiative européenne fait peu de doutes : l’adoption de contre-sanctions est désormais une mécanique bien rodée. Reste à savoir la forme retenue, Moscou s’appliquant généralement à prendre des mesures qu’il considère comme parfaitement symétriques. Pour la Russie, il n’y a tout simplement pas d’affaire Navalny, ce qui rend ces sanctions particulièrement insupportables. Le « blogueur », comme l’appelle la télévision, le « patient de Berlin », comme dit le Kremlin, n’aurait pas été empoisonné, ou en tout cas pas sur le sol russe.

De là résulte une multitude de théories, depuis la version des médecins évoquant une hypoglycémie jusqu’à celle d’un empoisonnement intervenu sur le sol allemand. Mais rien qui puisse justifier une mise en cause directe du Kremlin. La justice russe a même refusé d’ouvrir la moindre enquête. Formellement, Moscou considère que c’est l’Allemagne qui refuse de coopérer, en ne transmettant pas à la partie russe les résultats médicaux de M. Navalny.

Dans les médias, l’affaire est présentée comme un complot, une invention de l’Occident pour nuire à la Russie. Le 13 octobre, une députée membre du comité des affaires étrangères de la Douma, Elena Panina, estimait par exemple que les sanctions européennes avaient pour but « de discréditer les succès de la science russe dans la mise au point d’un vaccin contre le coronavirus ».

19 octobre 2020

Publicité - Laetitia Casta pour Yves Saint Laurent

casta st laurent

19 octobre 2020

Controverse - Faut-il faire entrer le télétravail dans la loi ?

DIE TAGESZEITUNG (BERLIN)

Contrairement à la chancelière Angela Merkel, le ministre du Travail allemand, Hubertus Heil, juge utile d’inscrire dans la loi le droit à vingt-quatre jours par an d’activité en distanciel. Le quotidien berlinois Die Tageszeitung s’est emparé du débat.

OUI

Il permet de gagner un temps précieux

Le salut, c’est le télétravail. Du moins le droit au télétravail. On ne parle pas là d’une obligation, qui serait une quasi-assignation à résidence prononcée par l’employeur. Le droit de travailler depuis chez soi, en déplacement ou n’importe où au moins quelques jours par mois est un bon moyen de concilier travail et vie de famille – ou vie privée.

Bien sûr, avec le coronavirus, les crèches fermées et l’école à la maison, travailler chez soi ne représentait qu’un double fardeau – surtout pour les femmes. Mais en temps normal, quand les enfants sont pris en charge dans la journée, il permet aux parents de respirer : au lieu de faire deux trajets, l’un vers la crèche et l’autre vers le lieu de travail, on n’en fait qu’un seul. À la pause de midi, on peut tranquillement préparer le dîner et accessoirement faire tourner au moins deux machines à laver – toutes choses qui sinon empiètent sur le temps précieux passé avec les enfants, une fois que tout le monde est rentré stressé et éreinté à la maison. Cette histoire de temps précieux vaut naturellement aussi pour ceux qui n’ont pas d’enfants. Eux aussi ont une vie privée le soir.

C’est justement dans les grandes métropoles, dans les grandes villes, que les trajets sont longs et éprouvants nerveusement – et que les loyers ne cessent d’augmenter depuis des années. On les paie en grinçant des dents pour ne pas avoir à se taper des trajets encore plus longs en s’installant en banlieue. Une normalisation du travail à distance permettrait à davantage de gens de s’installer à la périphérie des villes voire à la campagne – s’ils le souhaitaient.

Pour les réunions importantes, les processus créatifs ou tout ce qui nécessite d’être présent, on peut toujours aller au bureau. Pour être juste, même si le phénomène est plutôt injuste, il faut bien dire que pas plus de la moitié des emplois se prêtent au télétravail. Les infirmiers, les coiffeurs, les boulangers et tous ceux qui doivent se rendre sur leur lieu de travail souffriraient tout de même moins de l’engorgement des transports, le marché immobilier serait peut-être moins tendu et il n’est pas exclu qu’ils puissent mieux profiter de leur partenaire si il ou elle est moins épuisé.e.

– Ariana Lemme –

NON

C’est une plongée dans l’isolement

Non, le Homeoffice [terme employé couramment en allemand pour désigner le télétravail] présente trop d’inconvénients. Il existe un mot allemand pour Homeoffice, c’est Telearbeit. Homeoffice, ça fait actuel, on s’imagine faire son jogging sur la plage à Majorque ou aux Canaries avant d’envoyer quelques données depuis un appartement AirBnB avec vue sur la mer – le rêve néolibéral de la classe moyenne numérique. Telearbeit, en revanche, ça fait technique, bureaucratique, avec un petit côté années 1970. Fernarbeit [travail à distance] fait encore plus allemand. Pourtant le travail n’est pas si loin, il est même tellement près que la frontière entre travail et vie privée, entre travail et non-travail, se brouille encore plus.

Le travail à distance est actuellement un privilège. Cinquante pour cent de la population active au maximum pourrait passer au télétravail. Car on ne peut pas ramasser les poubelles à distance ni s’occuper des personnes âgées en ligne. Ces gens-là devront continuer à s’exposer aux contacts sociaux. Il ne faut pas oublier que nous devons le basculement vers le numérique, le recours au télétravail, à la pandémie. En pleine pandémie, les contacts sociaux sont un danger.

Or le projet de loi sur le travail mobile est pensé pour l’après-coronavirus, si tant est qu’il y ait un après. Et là, le télétravail n’est pas une bonne idée. Car il n’a rien de social : bien sûr, il peut soulager les parents, surtout les parents isolés, faire baisser les loyers des bureaux et accessoirement profiter à l’environnement, mais il conduira à un contrôle accru de la vie privée, une extension du travail (quand on travaille chez soi, on prend moins de congés maladie), une privatisation accrue des frais, un renforcement de l’isolement, une atomisation grandissante. Sans oublier une exclusion de certains processus et décisions qui ont lieu ou qui sont prises en entreprise. On ne peut pas tout résoudre par Zoom.

Et puis, le coronavirus est toujours là. Et il accentue des tendances qui étaient déjà engagées. Au lieu de proclamer #staythefuckathome [#restezàlamaisonbordel], il serait temps de miser sur #returntooffice [#retournezaubureau].

– René Hamann –

Ariane Lemme et René Hamann

Source

Die Tageszeitung

BERLIN http://www.taz.de

 

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