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Jours tranquilles à Paris

19 octobre 2020

Octobre rose à Riantec

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19 octobre 2020

Macron presse Le Drian de mener la liste LREM aux régionales

Thierry Mestayer et Hubert Coudurier - Le Télégramme

La décision pourrait être prise dès la fin du mois mais Jean-Yves Le Drian est fortement incité à conduire une liste En Marche au prochain scrutin régional en Bretagne. Pour l’heure, il fait la sourde oreille. Richard Ferrand ou une personnalité de la société civile seraient les autres options envisagées.

Emmanuel Macron mise sur une forte personnalité pour emporter le conseil régional de Bretagne, et presse son ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ex-président de la Région, de conduire la liste LREM. Comme avec Jean-Michel Blanquer pour l’Île-de-France, le président de la République tente de pousser ses généraux à prendre leurs risques. Lesquels cherchent à gagner du temps. Les élections régionales et départementales sont prévues les 14 et 21 mars 2021 mais l’hypothèse d’un report lié à la crise sanitaire ne peut être exclue.

L’Élysée a défini deux stratégies, selon les rapports de force régionaux. Des alliances sont à l’étude avec les exécutifs sortants, comme en Nouvelle-Aquitaine avec Alain Rousset (PS), dans le Grand-Est avec Jean Rottner (LR) ou en PACA avec Renaud Muselier (LR). Le principe serait d’obtenir des listes communes dès le premier tour. Rien de tel n’est envisagé en Rhône-Alpes avec Laurent Wauquiez ou dans les Hauts-de-France avec Xavier Bertrand, clairement identifiés comme opposants au président de la République.

Les termes sont inversés en Bretagne, où l’Élysée estime que le PS Loïg Chesnais-Girard, à qui Jean-Yves Le Drian a transmis la présidence de la Région en 2017, n’a pas assis son leadership. LREM espère toujours son ralliement. « Toute alliance sous direction de la gauche comme de la droite est exclue pour LREM dans la région, confirme un proche conseiller d’Emmanuel Macron. Il y a la place pour une candidature de la majorité présidentielle associant Agir et le MoDem sur le modèle de la liste Renaissance aux européennes. » L’Élysée tente de fragiliser la candidature du président du conseil régional.

« C’est un sujet qui n’existe pas »

« Loïg Chesnais-Girard est un ancien strauss-kahnien et ses méthodes de travail comme président de la Région sont appréciées mais il a viré à gauche pour obtenir l’investiture du PS, juge-t-on au sein d’En Marche. Il est prisonnier de l’aile gauche de sa majorité comme des Verts ». À droite, Marc Le Fur (LR), qui ne cache pas ses ambitions de rempiler comme tête de liste aux régionales, conduit son groupe Droite, centre et régionalistes dans une opposition résolue. « C’est une droite dure avec qui il sera difficile de renouer », analyse un député breton LREM.

Dès lors, l’Élysée et le parti se mettent en quête d’une tête de liste pour emporter une des rares régions gagnables. « On n’a pas décidé le casting mais il y a de grandes chances que ce soit Jean-Yves Le Drian », précisent plusieurs sources au sein du parti présidentiel. Sauf que l’ex-président du conseil régional de Bretagne de 2004 à 2012 et réélu en 2015, fait la sourde oreille. « Revenir en Bretagne fait partie de ses plans, croit savoir un stratège de LREM. À partir de 2022, il se réserve ainsi cinq ans à la tête de la Région. » « Stupide, réplique Jean-Yves Le Drian. C’est un sujet qui n’existe pas ».

« Il ne me ferait pas ça », nous confie de surcroît Loïg Chesnais-Girard. Ce choix serait pourtant l’occasion pour Emmanuel Macron de clarifier le positionnement politique de son ministre, adhérent du PS de 1978 à 2017 et qui n’a jamais adhéré à En Marche. Coincé entre deux fidélités, Jean-Yves Le Drian renâcle sérieusement pour l’instant. L’ancien « duc de Bretagne » n’a-t-il pas annoncé qu’il ne se représentait plus devant les électeurs ?

L’hypothèse Ferrand...

« Ce serait bien que le "menhir du Morbihan" conduise la liste, s’enthousiasme un député LREM. Sa stature et le respect qu’il inspire aux Bretons de tous bords permettront le rassemblement le plus large possible ». Mais les électeurs risquent de ne pas s’y retrouver dans les allers-retours de « Jean-Yves » qui avait invoqué la « guerre contre le terrorisme » pour se maintenir à la Défense. La crise sanitaire lui fournirait-elle un nouveau prétexte ?

Le parti, en quête de succès, réclame en tout cas de fortes personnalités. « Rien n’est décidé, tempère un élu breton. LREM est prête à placer d’autres candidats en tête de liste ». Si le ministre des Affaires étrangères ne se laissait pas convaincre, l’hypothèse Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, serait la plus légitime. Ou alors une personnalité de la société civile non encore choisie.

19 octobre 2020

Trump, chef d'escadrille ?

dessin trump chef escadrille

19 octobre 2020

Entretien - Marjane Satrapi : « Le gâteau à la crème, c’est moi »

Par Annick Cojean - Le Monde

Chaque dimanche, « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. Cette semaine, la dessinatrice et réalisatrice évoque sa jeunesse en Iran, où s’est forgé son esprit rebelle.

Sa BD autobiographique, Persepolis (L’Association), l’a révélée au monde entier au début des années 2000. Depuis, l’artiste franco-iranienne Marjane Satrapi a montré bien d’autres talents. Réalisatrice de plusieurs longs-métrages, dont Radioactive (sorti en mars) portant sur la vie de Marie Curie, elle expose jusqu’au 28 novembre ses peintures à la galerie Françoise Livinec à Paris.

Je ne serais pas arrivée là si…

Si je n’étais pas la fille de ma mère, cette femme née en 1945, dotée d’un potentiel énorme, animée d’une multitude de rêves, mais que la société iranienne n’a eu de cesse de brider. Une expression persane me vient à l’esprit quand j’évoque son destin : « Quel fantastique nageur ! Dommage qu’il n’ait eu droit qu’à une baignoire ! » Eh bien voilà. C’est tout à fait ma mère, freinée, brimée, entravée par une époque qui voyait d’un très mauvais œil que les femmes travaillent. Ça lui est resté en travers de la gorge.

Avec un sentiment de révolte ?

La révolte n’est possible que si vous pouvez vous retourner contre le responsable du gâchis. Mais le fait est qu’elle s’est autobridée, avec fatalisme, et c’est bien ça le problème. Alors elle a voulu que sa fille échappe à tout prix à ce destin. J’étais encore minuscule qu’elle avait déjà écrit le programme de ma vie, programme que j’ai exécuté point par point.

D’abord, il fallait que je sois une femme indépendante. Elle me disait : « Ma chérie, tu ne dois surtout pas investir sur ton physique, comme tant de filles. C’est sur ton cerveau qu’il faut miser ! » Moi je comprenais : « Ma chérie, la cause est perdue, tu es décidément trop moche, essaie au moins d’être intelligente. » Quand je le lui ai avoué, bien des années plus tard, elle m’a dit que j’étais décidément stupide de n’avoir rien compris. Mais pour me forger cet esprit d’indépendance, elle a été d’une grande dureté. Pendant mon enfance et mon adolescence, et même jusqu’à la moitié de ma vingtaine, je l’ai crainte et souvent détestée.

Comment s’exprimait sa dureté ?

Par une exigence effroyable en matière d’éducation. Elle m’astreignait à un emploi du temps épuisant. Mon école bilingue ayant été fermée après la révolution [en 1979], j’allais à l’école iranienne jusqu’à 14 heures, puis je suivais des cours de français par correspondance. Il fallait que j’enchaîne les cours de karaté, de peinture, que je lise une multitude de bouquins dont elle exigeait des comptes rendus écrits. Il n’y avait pas de jour férié qui tienne. Et je devais bien sûr être la meilleure de ma classe. Gare à moi si je ne rapportais qu’un 18 sur 20. Je me souviens qu’une fois, elle avait même déchiré cinquante pages de mon cahier d’histoire : « C’est trop mal écrit. Recommence ! » Je lui en ai voulu à mort.

Voyez-vous aujourd’hui une vertu à cette sévérité ?

Elle m’a appris la rigueur. Et le dépassement de soi. Et quelques phrases cinglantes lancées ici ou là ont résonné comme des leçons. Un jour où je voulais me faire pardonner une bêtise, j’ai ramassé les assiettes du dîner pour faire la vaisselle. Elle m’a alors tapé sur la main : « Il n’est pas impossible qu’un connard de mari t’oblige un jour à faire la vaisselle. Alors tant que tu vivras chez moi, tu n’y toucheras pas. C’est le destin de trop de femmes ! » Je vous assure que ça marque.

Aviez-vous d’autres modèles féminins ?

Toutes les femmes de la famille valaient le détour ! Pas une femme mièvre à l’horizon ! Des battantes, des révoltées, des fortes en gueule. Ce sont elles qui m’ont construite, pas les hommes, même si j’adorais mon père qui est la gentillesse sur Terre. A la génération au-dessus, il y avait ma grand-mère paternelle, fille d’un chef de tribu, qui avait échappé à un mariage arrangé par son père en s’enfuyant à cheval, une nuit, déguisée en garçon, pour rejoindre l’homme qu’elle aimait.

« MA MÈRE ME DISAIT : “SI TU CHOISIS LA DANSE, AMBITIONNE LE LIDO”. IL FALLAIT VISER L’EXCELLENCE ET NE JAMAIS SE LAISSER FAIRE »

Et puis il y avait ma grand-tante maternelle. Une vraie inspiration. Imaginez… Mariée contre son gré, elle avait vite divorcé, était partie en Suisse étudier la peinture avant de revenir en Iran, poétesse, chanteuse à la radio, peintre de nus. Elle conduisait une immense voiture américaine et clamait sa préférence pour le statut de maîtresse d’un homme marié plutôt que d’épouse, ne réclamant « que les bons moments ». Bref, une liberté de pensée sublime. J’adorais passer du temps avec elle. Je ne me lasse jamais des histoires que racontent mille fois les personnes âgées. De l’implantation de mes cheveux en haut de mon front, elle déduisait que je serais peintre ou écrivain.

Ce qui vous autorisait tous les rêves ?

Et comment ! Avec ces femmes-là, j’ai vite compris que je ne deviendrais pas vétérinaire ou maîtresse d’école. Il fallait que je fasse un truc extraordinaire. Comme c’était la mode des films de gangsters, j’ai longtemps pensé que ce serait un débouché : braquer des banques. Il fallait de la stratégie, beaucoup d’intelligence, et ça pouvait rapporter gros. En grandissant, j’ai compris qu’on ne gardait plus le fric dans les banques et que ce serait vraiment dommage de finir en taule. Mais la barre, vous le voyez, était très haute.

Ma mère disait : « Si tu deviens pute, sois au moins Madame Claude. Si tu choisis la danse, ambitionne le Lido. » Il fallait viser l’excellence et ne jamais se laisser faire. Quand, plus tard, elle m’a reproché de toujours me rebeller, y compris à son égard, je lui ai répondu : « Tu m’as toujours dit de m’affranchir, de dire merde à tout et à tout le monde, eh bien je t’obéis ! »

Qu’est-ce qui lui dictait ce message de rébellion ?

Un simple constat : j’étais une femme dans une société patriarcale et un pays machiste. Pour m’en sortir, il me faudrait lever la tête, montrer les crocs, arracher un à un tous mes droits et refuser toute soumission. La vie serait très dure. Le mieux serait d’ailleurs de quitter l’Iran. D’où les cours de français…

Le français en guise de passeport ?

Et d’ouverture sur une autre façon de penser. Si tu parles une deuxième langue, me disait ma mère, tu es deux personnes. Si tu en parles trois, tu es trois personnes, et ainsi de suite. Il s’agissait de m’armer pour affronter la vie avec un maximum d’atouts et partir en Occident, terre de démocratie, le plus vite possible.

Et c’était incroyablement généreux, quand on y pense, car j’étais sa fille unique. Mais elle considérait que je ne lui étais « confiée » que pour un certain temps et qu’ensuite je devrais m’envoler. « Pars ma fille. Pars loin, et vis ce que tu as à vivre. » Seule une très bonne mère est capable d’un tel discours. Pas le genre à faire du chantage affectif ni à me faire croire que la maternité était la meilleure chose au monde. Au contraire ! Elle me disait : « J’ai été intelligente, je n’ai fait qu’un gosse. Si tu es très intelligente, tu n’en feras pas du tout. » Je n’en ai pas fait. Je chéris trop la liberté. Le moindre compromis m’aurait rendue malade.

Ce n’est pourtant pas évident de résister à l’injonction de la maternité…

Une injonction croissante, extravagante, insupportable ! Comme si l’utérus des femmes ne leur appartenait pas mais appartenait à la société, puisqu’elles doivent perpétuer la race humaine. Odieux. Combien de fois ai-je entendu : vous n’êtes pas une femme complète tant que… Eh bien si ! Je suis femme, complètement femme, sans connaître l’enfantement. Et je ferai des expériences que d’autres ne connaîtront jamais. Je n’ai nullement besoin d’être « complétée » par un homme ou par un enfant. Je me suffis amplement. Les autres, c’est la cerise sur le gâteau. Mais le gâteau à la crème, c’est moi.

Votre mère au caractère si trempé avait-elle été influencée par des lectures ?

Elle avait lu Simone de Beauvoir mais c’était spontanément une rebelle. Mon premier souvenir d’elle remonte à mes 2 ans et elle tabasse un mec qu’elle a surpris en train de regarder par la serrure la bonne qui fait pipi. Elle avait la morphologie d’une brindille, mais elle le tenait par la peau du cou en lui fichant des claques et en criant en persan : « Dis que tu bouffes ta merde ! »

Son message n’a jamais varié : « Si un homme te touche, Marjane, tu frappes ! » Je ne vous raconte pas le nombre de coups de poing que j’ai donnés dans le métro lorsque je suis arrivée à Paris. A la moindre main aux fesses, je cognais, interloquée par le regard désapprobateur des autres passagers. « C’est lui l’agresseur, je ne fais que me défendre ! », ai-je dû souvent me justifier. En Iran, toute la population me soutiendrait. Eh bien à Paris, le public reste inerte et c’est la femme agressée qui prend une mine honteuse. C’est incroyable !

La vie a-t-elle été pour vous aussi « dure » que le prévoyait votre mère ?

Disons qu’elle n’a pas toujours été clémente. Je fais court. J’ai 9 ans quand éclate la révolution iranienne. Révolution faite par des idéalistes et récupérée, classiquement, par des cyniques. Dans ce cas précis : des religieux. Nos proches, qui ont cru en la révolution, sont expédiés en prison, drames et tragédies se succèdent. Les parents en parlent devant les enfants, croyant qu’ils jouent. Foutaise ! On écoute tout, attentivement. Résultat : je peux tomber dans les pommes, aujourd’hui, en voyant des gens écorcher leurs cuticules. Trop de récits de tortures en tête où les ongles étaient systématiquement arrachés.

« J’AI LONGTEMPS EU BESOIN DE ME PROUVER À MOI-MÊME QUE J’ÉTAIS CAPABLE D’UN TAS DE CHOSES. C’ÉTAIT UN DÉFI UNIQUEMENT ENTRE MOI ET MOI. JE N’AVAIS PAS LE DROIT DE ME DÉCEVOIR »

A 10 ans, je m’entraînais d’ailleurs à devenir une prisonnière politique : je me tapais hyper fort et je m’assénais moi-même des coups de ceinture pour me préparer à résister à la torture et ne jamais livrer le nom de mes amis… Après, il y a eu cette foutue guerre avec l’Irak, ma famille m’a expédiée très jeune à Vienne, j’y ai sombré, vécu dans la rue, connu le sort des clochards. Ce fut violent. Sans doute le moment le plus dur de toute ma vie. Mais bon, ça va très bien maintenant. Me plaindre serait indécent.

Quelle indécence à raconter les embûches d’un parcours ?

C’est vrai que je ne serais pas qui je suis aujourd’hui sans ces épreuves qui m’ont marquée. Rumi [Djalal ad-Din Muḥammad Balkhi, 1207-1273], notre grand poète, a écrit qu’il faut des fêlures pour laisser passer la lumière. Eh bien, j’en ai plein ! Et je suis sûre que sans elles, je n’éprouverais pas la même compassion et empathie pour les autres, notamment les paumés. On est tous vulnérables. D’expérience, je sais qu’on peut chuter.

Quel est votre moteur ?

J’ai longtemps eu besoin de me prouver à moi-même que j’étais capable d’un tas de choses. C’était un défi uniquement entre moi et moi. Je n’avais pas le droit de me décevoir. Aujourd’hui, à 50 ans passés, mon moteur, c’est la mort. J’ai réalisé qu’il me restait moins d’années à vivre que ce que j’ai vécu : à peine trente-deux ans, puisque je pense mourir vers 82 ans. Je me suis donc fixé un programme : huit films, quatre livres, trois expos. Après ça, je pourrai passer l’arme à gauche. Cela n’exclut pas de rester ouverte aux surprises de la vie. Mais la montre que je porte toujours au bras me rappelle que le temps file et que ce serait folie de le perdre.

Parce que vous entendez laisser une œuvre ? Continuer d’avoir un rayonnement ?

Post-mortem ? Vous plaisantez ! Je m’en fous royalement ! Ma mort sera aussi absurde et insignifiante que celle d’un microbe ou d’un ver de terre. C’est insupportable, mais c’est ainsi. Je veux juste mourir satisfaite.

Mais de quoi ?

D’avoir fait tout ce que je voulais faire. Et dans ma tête, c’est assez précis. D’autant que le confinement m’a donné des ailes. Ou plutôt : la fin du confinement. Car je l’ai d’abord très mal vécu : stress, malaise, frustration, créativité zéro. Mais voilà qu’à la fin, toute la bile accumulée s’est transformée en un élan créatif excitant. Et alors que pendant cinquante ans j’avais cru ne savoir faire qu’une chose à la fois, je suis brusquement devenue multitâches : j’arrive en même temps à peindre, élaborer un scénario, imaginer des projets, répondre à des interviews, écrire un roman. C’est une révolution. Quelque chose s’est ouvert, j’ai devant moi un boulevard.

Et quelle est votre priorité ?

En ce moment, mon exposition de peintures. Des portraits de femmes : elles m’ont faite, j’ai pour elles un amour absolu. Mais je travaille aussi sur un scénario qui me passionne et un roman dont je crois, pour une fois, tenir le bon bout. Tout un programme, vous dis-je ! Mon angoisse de la mort, je l’évacue en marchant chaque jour une dizaine de kilomètres. Un exercice vital, vu le nombre de clopes que je fume par jour. Je me fiche bien des rides. Mais mon corps, il faut qu’il me suive jusqu’au bout. Alors je l’entretiens.

Quelle discipline !

Pas le choix. J’ai tant de projets. Et notamment un super plan pour mes 70 ans. Impossible de vous en dire davantage mais je vous garantis que je surprendrai. Cet âge m’autorisera enfin toutes les audaces et ce sera délicieux. On me pardonnera puisqu’on se dira : « Elle est vieille. » J’en suis presque impatiente. André Malraux avait raison : la façon dont on meurt est encore plus importante que celle dont on vit. Moi, je veux mourir avec panache !

Exposition « Femme ou rien », jusqu’au 28 novembre, galerie Françoise Livinec, 24, rue de Penthièvre, 75 008 Paris (ouvert du mardi au samedi de 14 heures à 19 heures). Radioactive, avec Rosamund Pike, Sam Riley, 1 h 50.

19 octobre 2020

Milo Moiré - Photographe : Peter Palm

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18 octobre 2020

«Choisir entre Biden et Trump montre à quel point les Etats-Unis sont tombés dans la boue»

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Par Alexandra Schwartzbrod — Libération

Eddy Harris Né en 1956, diplômé de l’université de Stanford, il vit en France depuis 1993 après avoir beaucoup voyagé. Il parle un français parfait, appris au lycée et perfectionné dans le village des Charentes où il s’est installé. Il vient de publier «Mississipi Solo» chez Liana Levi.

A trois semaine de l’élection présidentielle, Libération a interrogé des écrivains américains viscéralement anti-Trump, désabusés, désespérés et avides d’espoir.

«Cette élection est un désastre des deux côtés. Joe Biden et Donald Trump sont-ils vraiment les meilleurs hommes politiques que nous ayons ? Normalement, le Président est censé être bien au-dessus du lot. Or Biden a 200 ans et Trump est minable. Avoir à choisir entre ces deux-là montre à quel point les Etats-Unis sont tombés dans la boue. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Spontanément, je dirais que c’est à cause des républicains, mais en réalité, c’est un enchaînement d’événements. Tout remonte à George W. Bush. Il a été tellement catastrophique en tant que président qu’il a ouvert la voie à Barack Obama. On aurait pu choisir John McCain, qui se présentait face à lui, mais son choix de Sarah Palin comme colistière montrait qu’il n’était pas sérieux, alors que l’on traversait une grave crise économique. Obama a donc été élu et cela a immédiatement entraîné des contre-réactions qui allaient aboutir à la victoire de Trump huit ans plus tard.

«Si Obama avait été un meilleur président, cela aurait été différent. Mais il était trop cool, il ne voulait pas être le méchant Noir. Il aurait pu défendre son Obamacare, l’équivalent de votre sécurité sociale, devant les Américains, mais cela n’a pas été le cas. Au lieu de le faire par étapes, en expliquant mieux aux gens ce qu’il voulait entreprendre, il l’a lancé sans forcer. Quand Bernie Sanders avait proposé la même chose devant Fox News, le public avait explosé en applaudissements.

«Les républicains ont donc dominé le débat et tordu le projet. Par ailleurs, depuis Nixon et peut-être avant, il y a eu un fond de racisme dans leur politique, le backlash [contrecoup] après l’élection d’Obama n’en a été que plus virulent. C’est sûr qu’Obama était intelligent, le président le plus cool depuis JFK, mais ça ne suffit pas pour être un bon président.

«Le problème principal à mes yeux, ce sont les républicains qui veulent tout bloquer. C’est eux qui mettent en péril la démocratie. Tout ce qu’ils veulent, c’est le pouvoir. Pas pour faire avancer le pays, mais pour freiner les démocrates. Avec Trump, qui a mis la réputation des Etats-Unis en jeu, on a perdu beaucoup de respect dans le monde.

«Je pense que Joe Biden va gagner, j’en suis sûr, même. Et s’il ne meurt pas pendant son mandat, il passera le relais à Kamala Harris - il ne se représentera pas. La base de Trump n’est pas aussi solide qu’on le croit. Par exemple, en Floride, les vieux sont républicains. Or les vieux ont peur de la pandémie.

«Tout le monde a un rôle à jouer, les écrivains pas plus que les autres. Moi, Américain, écrivain, qui habite à près de 5 000 km des Etats-Unis, d’une certaine façon j’ai abandonné mon pays. J’ai essayé de m’engager dans la campagne des démocrates auprès de Pete Buttigieg et Cory Booker. Mais je n’étais pas assez connu, ils ont refusé. Je pensais pouvoir leur apporter quelque chose sur la question raciale. Mais c’était avant le meurtre de George Floyd, ça ne les a pas intéressés. Je voulais leur parler d’une autre façon de voir cette question. Leur dire de prendre aussi en compte la pauvreté et l’éducation, au lieu de faire croire qu’il suffisait de prendre les Noirs par la main pour améliorer leur vie. Non, il faut trouver un moyen de les inclure dans la vie américaine. Ne plus les appeler Afro-Américains mais Américains. Et arrêter d’en faire des victimes.

«Cette racialisation de tout a conduit par exemple à retirer de certaines bibliothèques le livre de Mark Twain Huckleberry Finn, c’est ridicule ! Il faut au contraire en parler, avoir un débat sur le mot que personne ne veut prononcer, le «n-word»… [le mot «nègre», ndlr]. Effacer Mark Twain, ça ne sert à rien ! Au lieu de cacher, il faut débattre, honnêtement ! Sinon, on devient une victime.»

18 octobre 2020

Fanny Müller

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18 octobre 2020

Analyse - Les cinq guerres de la Turquie d’Erdogan

Par Marie Jégo, Istanbul, correspondante - Le Monde

De la Syrie au Haut-Karabakh, en passant par l’Irak, la Libye, Chypre et la mer Egée, Ankara accentue ses pressions.

Jamais autant qu’aujourd’hui la Turquie n’a été engagée dans tant d’opérations militaires en même temps. L’armée turque est présente en Syrie, à la manœuvre en Libye, en perpétuelle incursion dans le nord de l’Irak. Ses navires attisent les tensions avec la Grèce et Chypre en Méditerranée, ses avions chasseurs volent quotidiennement en rase-mottes au-dessus des îles de la mer Egée.

Récemment, le gouvernement a pris fait et cause pour l’Azerbaïdjan dans la guerre menée par cette ancienne république soviétique contre les indépendantistes arméniens pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh, disant privilégier la solution de force aux pourparlers. Les drones et les frégates ont remplacé la diplomatie.

Indifférente aux mises en garde de l’Union européenne, la Turquie a redéployé ses navires en Méditerranée orientale, où elle réclame un nouveau découpage des frontières maritimes, ainsi qu’un accès aux gisements gaziers récemment découverts en eau profonde.

Placées sous escorte militaire, ces nouvelles missions de prospection risquent de raviver les tensions dans cette partie de la Méditerranée, où la Grèce et la Turquie – deux membres de l’Oganisation du traité de l’Atlantique Nord – ont failli en venir aux mains pendant l’été. Jeudi 15 octobre, la France et l’Allemagne ont donné une semaine à la Turquie pour retirer ses navires, sous peine de sanctions.

Espoirs de détente déçus

Après avoir semé la zizanie tout l’été avec ses prospections dans les eaux territoriales grecques et chypriotes, la Turquie avait fini par rappeler au port deux de ses navires. L’Union européenne (UE), solidaire de la Grèce et de Chypre, qui en sont membres, avait cru y voir l’amorce d’une désescalade. Le retrait avait eu lieu juste avant le sommet européen des 1er et 2 octobre, centré sur la crise en Méditerranée.

Principal partenaire commercial d’Ankara, l’UE espérait que les propositions offertes lors du sommet, à savoir la modernisation du traité d’union douanière, la simplification des procédures de visas pour les ressortissants turcs désireux de voyager en Europe, de nouvelles dotations pour les réfugiés syriens hébergés sur le sol turc, seraient plus attractives que la menace de sanctions. Il s’agissait d’inciter le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à entamer des pourparlers avec la Grèce et Chypre.

Cet espoir s’est estompé, lundi, avec le redéploiement du navire Oruç-Reis, au large de Kastellorizo, la plus orientale des îles du Dodécanèse, suivi par l’annonce de ce que le navire Yavuz allait lui aussi reprendre sa mission de prospection au large de Chypre, l’île divisée de la Méditerranée.

Réouverture d’une station balnéaire dans le nord de Chypre

La Grèce et Chypre « recevront les réponses qu’elles méritent », a déclaré M. Erdogan, mercredi, dans une adresse aux députés de son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur).

Un brin provocateur, le numéro un turc a vanté sa récente décision de rouvrir au public, partiellement, l’ancienne station balnéaire chypriote de Varosha. Vidée de ses habitants chypriotes grecs, à l’arrivée de l’armée turque en 1974, la ville est restée intouchée depuis, avec ses anciens hôtels et villas abandonnés, ouverts aux quatre vents.

Ouvrir les plages et les rues de la ville fantôme au public, sans concertation préalable avec la partie chypriote grecque, équivaut à tirer un trait sur la perspective d’une reprise des négociations pour la réunification de l’île.

« La zone fermée de Varosha appartient aux Turcs du nord de Chypre », a insisté M. Erdogan. L’île divisée de la Méditerranée orientale, où la Turquie maintient 30 000 soldats, risque de devenir un point chaud, un parmi bien d’autres sur lesquels le « leader mondial » – selon l’expression favorite des médias progouvernementaux, cherche à avoir la main.

« La politique étrangère turque peut être analysée à l’aune de la faillite des politiques européenne et américaine. Les anciens gardiens du système issu de la guerre froide s’effacent, la Turquie va occuper le vide laissé », explique Yohanan Benhaim, chercheur et cofondateur du site en ligne Noria Research.

En Syrie, les Américains ont choisi, en 2013, de ne pas intervenir, laissant le champ libre à la Russie et à la Turquie, tandis que les Européens, tétanisés par le problème migratoire, se sont placés en position d’otages en signant, en 2016, un accord avec Ankara.

Le changement de pied de la diplomatie turque s’explique aussi par le tournant radical pris par le président Erdogan depuis le coup d’Etat raté de 2016. Entré en coalition avec le Parti de l’action nationaliste (MHP), sensibilisé aux arguments des officiers « eurasiens », des souverainistes partisans d’un rapprochement avec la Russie, il veut plus que jamais libérer son pays de la « laisse » qui lui a été « passée autour du cou par l’Occident », selon la phraséologie en vigueur chez les islamo-conservateurs.

L’abandon du « zéro problème »

Perçue comme trop alignée sur les intérêts occidentaux, la politique étrangère est la pièce maîtresse de sa contre-révolution. Jadis, l’ancien ministre des affaires étrangères de M. Erdogan Ahmet Davutoglu, en poste de 2009 à 2014, ne cessait de vanter le soft power turc, l’indépendance de la diplomatie, championne du « zéro problème avec les voisins ».

« Le “zéro problème” n’a jamais été qu’un slogan, qui a perdu son utilité quand M. Erdogan a renoncé à poursuivre sa politique d’adhésion à l’Union européenne. Ce slogan s’est affirmé une seule fois, lorsque son administration, il y a une quinzaine d’années, a tenté d’aider à résoudre le problème de Chypre », rappelle Selim Kuneralp, un diplomate à la retraite. Les efforts ont échoué, Chypre a adhéré à l’Union sans que l’île ait pu être réunifiée. La perspective d’adhésion de la Turquie n’est plus. « M. Erdogan a pu dès lors laisser libre cours à son ambition de dominer la région, chose impossible si l’UE n’avait pas tourné le dos à la Turquie de façon aussi nette. »

On est désormais loin du « zéro problème ». A couteaux tirés avec la Grèce et l’Arménie, en rupture avec ses partenaires européens, fâchée avec l’Egypte, brouillée avec Israël, en froid avec l’Arabie saoudite et avec les Emirats arabes unis, la Turquie n’a jamais été aussi isolée. En Syrie, en Libye, au Haut-Karabakh, le président Erdogan se retrouve dans le camp opposé à celui de Vladimir Poutine, son homologue russe et son nouvel allié.

Quel but poursuit donc le président turc en étant présent sur plusieurs fronts ? Ses raisons sont internes. « Les conflits perpétuent la perception d’un pays assiégé, attaqué par des acteurs malveillants. Ils nourrissent le besoin d’un dirigeant fort. Ils créent une fausse dichotomie en contraignant l’électorat à choisir entre le bien-être économique et la sécurité nationale », écrit le chercheur Sinan Ülgen, dans une tribune publiée le 6 octobre dans la revue américaine Foreign Policy.

« L’esprit de conquête » ottoman

Erdogan se pose en sauveur auprès de sa population en prétendant rendre au pays son ancienne gloire impériale. Annonçant la conversion de Sainte-Sophie en mosquée, le 10 juillet, il avait justifié sa décision par la nécessité de ranimer « l’esprit de conquête » de Mehmet II, le sultan ottoman qui s’est emparé de Constantinople en 1453. Le nouveau récit national est familier, car il reprend des éléments de l’ancien, avec l’idée de la forteresse assiégée, d’un Occident prêt à dépecer la Turquie, d’agissements en sous-main d’hypothétiques ennemis, externes et internes.

« La direction turque s’est éloignée de la démocratie pour tomber dans le militarisme. Le nationalisme s’en trouve renforcé. Pour autant, la population ne va pas oublier les problèmes de la vie quotidienne, le chômage, l’inflation, l’absence de justice. Par ailleurs, ces interventions ont un coût, les dépenses militaires font enfler la dépense publique », rappelle l’économiste Mehmet Altan.

En six ans, le produit intérieur brut est passé de 951 milliards de dollars (environ 813 milliards d’euros) en 2013 à 754 milliards de dollars (645 milliards d’euros) en 2019. La promesse de croissance s’est évanouie et avec elle la popularité de l’AKP, tombée à 32 % selon les derniers sondages, contre 42 % en 2018.

18 octobre 2020

«SHADOWY» UNE NOUVELLE HISTOIRE VISUELLE DE «MR. HXLY '{NSFW / ÉDITORIAL EXCLUSIF}

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Le photographe M. Hxly  et le mannequin Leatitia se sont  associés pour l' éditorial exclusif d'aujourd'hui de NAKID intitulé « Shadowy ».

«..Une occasion d'explorer le côté le plus sombre de cette jeune beauté, et ce travail se présente comme une expression de cette période particulière de ségrégation et de distanciation sociale.

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18 octobre 2020

«La démocratie mourra dès l’instant où Trump sera réélu»

Par Sabrina Champenois — Libération

Jerome Charyn Né en 1937 dans le Bronx, cet écrivain prolifique et protéiforme est à son aise partout : roman, policier, nouvelle, roman jeunesse, bande dessinée, essai biographique, autobiographie, écrits sur New York…

A trois semaine de l’élection présidentielle, Libération a interrogé des écrivains américains viscéralement anti-Trump, désabusés, désespérés et avides d’espoir.

Jerome Charyn a publié début septembre Avis de grand froid (Payot /Rivages), l’ultime volume de sa saga autour d’Isaac Sidel. Ce flic passé inspecteur à la criminelle new-yorkaise, avant de devenir commissaire principal puis maire de New York, y accède à la présidence des Etats-Unis. L’écrivain a répondu à Libération depuis New York, où il vit.

Vous faites partie des nombreux intellectuels et artistes américains qui se mobilisent contre la réélection de Donald Trump. Pourquoi ? Etes-vous confiant ?

Je ne peux parler qu’en mon propre nom, et je le fais avec un profond sentiment d’affliction. Cette élection est plus que décisive, son enjeu dépasse le péril ou la folie. Si nous perdons, si Trump est réélu, l’Amérique deviendra un pays squelettique, avec très peu à dévorer.

Je ne suis absolument pas confiant. Nous, les démocrates, sommes le parti de l’inclusion. Voter est tout ce qui nous reste. J’irai jusqu’à aider une vieille dame aveugle à y aller, quand bien même elle voudrait voter Trump. Si tous les votes sont pris en compte, nous gagnerons.

Le pire aspect de la présidence Trump, selon vous ?

Il n’y a pas de présidence Trump. Ce qu’il a concrètement apporté, c’est une guerre civile soft. Il est comme un golem (1), planté dans nos têtes. On se lève avec lui, on va se coucher avec lui et on traverse les journées accompagnés par Trump et son bombardement de tweets.

Que craignez-vous le plus, si Trump est réélu ? Et s’il ne l’est pas ? Pensez-vous que cela pourrait susciter des troubles ?

La démocratie mourra dès l’instant où Trump sera réélu. Elle est déjà à moitié morte. L’argent a remplacé notre sens des valeurs, l’honneur, l’amour et le souci de l’autre. On sombre dans la cupidité. La Maison Blanche est devenue son château privé. Trump n’a jamais vraiment considéré qu’elle était la maison du peuple. Il a pris le pouvoir, érigé ses remparts et scande ses cris de guerre. Si Trump perd, il ne lâchera pas facilement ses fonctions. Cette guerre civile ne sera pas soft. Il va nous falloir trouver notre propre chant pour y faire face.

Joe Biden est-il une vraie chance ou un moindre mal ?

Je crois vraiment en Joe Biden, qui a fait preuve d’honnêteté tout au long de sa vie. Il a beaucoup souffert (2) et il a surmonté cette souffrance. Nous sommes coincés dans un labyrinthe toujours plus étroit et mystérieux, quelqu’un doit nous mener vers la sortie. Si Biden est élu, il nous aidera à échapper à cette folie. Mais nous devons aussi nous rappeler que cela fait des années que la démocratie disparaît, voire qu’elle n’a jamais vraiment été effective, du fait que les Pères fondateurs étaient des bourgeois blancs et, pour beaucoup, des propriétaires d’esclaves. Il s’agissait d’esprits brillants, mais je ne suis pas sûr qu’ils comprenaient les étonnantes complexités que recelait une nation toute neuve. Ils disaient vouloir un président qui ne soit pas un roi, mais en ont créé un, et Trump montre son pouvoir royal.

La façon dont Trump gère la crise du Covid compte-t-elle dans votre engagement ?

Absolument. Trump ne gère pas cette pandémie. Il l’ignore, ridiculise les conseils médicaux et le port du masque. Tout le pays est en danger, y compris lui-même, sa famille et les gens pris dans son orbite. Sans doute qu’aucun pays n’a été en mesure de vaincre le Covid, mais on aurait vraiment, vraiment dû essayer.

Pourquoi admirez-vous le président Lincoln ?

Abraham Lincoln est notre seul grand président. Gamin pauvre avec des propos aux échos racistes, il est devenu un homme de compassion, qui souhaitait faire advenir le meilleur de l’homme. C’était un homme modeste, qui avait de la dignité sans autoglorification. Il croyait avant tout en la valeur humaine. L’Amérique n’a jamais eu un autre président si peu convaincu par la machinerie maléfique de la politique. Lincoln avait foi en la bonté humaine. Il était persuasif et pouvait être cruel, mais toujours au service de son pays. Le personnage de mon dernier roman, Avis de grand froid, devient président, et c’est hanté qu’il avance dans les couloirs et les pièces de la Maison Blanche, en sentant le fantôme du président barbu à ses côtés.

(1) Créature mythique issue de la culture juive, le golem est un être artificiel, inachevé, incapable de parole et dénué d’âme comme de libre arbitre. Il est façonné pour assister ou défendre son créateur mais devient incontrôlable.

(2) Joe Biden a perdu sa première femme et leur fille de 13 mois dans un accident de voiture en 1972, puis son fils de 46 ans des suites d’une tumeur au cerveau, en 2015.

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