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Jours tranquilles à Paris

26 avril 2020

Milo Moiré au grand air. Photos : Peter Palm

Milo au grand air (3)

Milo au grand air (4)

Milo au grand air (5)

Milo au grand air (7)

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26 avril 2020

Où sont passés les 1 081 marins contaminés du «Charles-de-Gaulle» ?

L’annonce a été faite le 17 avril : 1 081 marins du porte-avions ont été contrôlés positifs au Covid-19. Cette épidémie a contraint le vaisseau amiral de la marine nationale française à rentrer plus tôt que prévu à Toulon, sa base.

Qu’est-il advenu de ces marins ? Sur son site, le ministère des Armées affirme que «tous les marins sont actuellement pris en charge et confinés au sein d’emprises militaires et font également l’objet d’un suivi médical quotidien par le Service de santé des armées». Deux d’entre eux sont en réanimation à l’heure où nous écrivons ces lignes. Une enquête de Mediapart suggère toutefois que les marins, à terre, ont pu continuer à se contaminer entre eux. Le site fait en effet état d’un marin ayant développé plusieurs symptômes compatibles avec le Covid-19, et qui avait, après son arrivée à Toulon, été placé en quatorzaine «avec des gens qui n’ont pas de symptômes, donc potentiellement non contaminés».

Contactée par Libé, Justine Brabant, auteure de l’enquête de Mediapart, assure être toujours en contact avec une dizaine de marins actuellement confinés. «Plusieurs d’entre eux m’ont assuré qu’ils avaient continué, en attendant le résultat de leurs tests, à être mélangés entre malades et non-malades.»

De son côté, le ministère des Armées assure : «Dès le départ et le temps que tous les marins puissent être testés, ceux présentant des symptômes compatibles avec le Covid-19 ont été séparés des marins ne présentant aucun symptôme, dans des lieux de confinement distincts

26 avril 2020

Je m'en fous...

je men fous

26 avril 2020

Marlène Schiappa : «Un plan d’urgence pour les jeunes LGBT vivant un enfer»

Par Virginie Ballet 

Face à l’inquiétude des associations, la secrétaire d’Etat à l’Egalité présente à «Libération» ses mesures pour protéger les victimes de violences homophobes dans leur foyer en temps de confinement.

Son histoire a choqué et ému. Début avril était relayé sur Twitter le cri de détresse d’un Lyonnais de 21 ans victime de l’homophobie de son père, avec qui il est confiné, et qui le «menace de mort et l’oblige à se masturber devant du porno hétéro». Son désarroi a mis en lumière les violences dont sont victimes nombre de jeunes lesbiennes, gays, bi ou trans. Face à l’inquiétude des associations, la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa, en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, dévoile à Libé son plan d’urgence.

La haine anti-LGBT a-t-elle explosé depuis le confinement ?

Il est difficile d’avoir une prévalence exacte, parce que ces faits sont souvent cachés. Mais on sait par les associations et les services sociaux que beaucoup de jeunes vivent actuellement un enfer, soit parce qu’ils sont confinés avec des parents homophobes qui ne savent pas que leur enfant est gay, bi ou lesbienne, soit parce qu’ils ont déjà fait leur coming out et vivent alors parfois de véritables persécutions au sein de leur foyer.

Plusieurs militants réclament que ces jeunes puissent bénéficier des dispositifs déployés pour les femmes victimes de violences. Est-ce une bonne solution ?

Les associations ont raison d’alerter. Elles sont dans leur rôle, et je les écoute. Nous allons répondre favorablement à leur demande et lancer un plan d’urgence spécifique pour soutenir les personnes LGBT +. Différentes mesures sont prévues : d’abord en matière de prévention et d’aide à ces jeunes en détresse. La permanence téléphonique de SOS Homophobie (1) était suspendue en raison de difficultés techniques. Nous sommes intervenus auprès de l’opérateur pour accélérer sa réouverture, qui devrait avoir lieu dès ce week-end. On soutient également l’association Contact (2), qui propose une ligne d’écoute à destination de l’entourage et des familles, pour favoriser un dialogue positif et bienveillant.

Est-ce qu’un jeune en difficulté pourra désormais donner l’alerte en pharmacie, ou envoyer un SMS au 114, comme les victimes de violences conjugales ?

Absolument. Là-dessus, je voudrais être très claire : quand on parle de mesures pour lutter contre les violences intrafamiliales, il va de soi qu’elles englobent toutes les formes de ces violences. Avec le ministre de l’Intérieur, nous mobilisons ces différents dispositifs (services de l’Etat, partenaires, ordre des pharmaciens, numéros d’urgence) pour qu’ils portent explicitement une attention particulière aux publics LGBT +. Aucun jeune ne doit rester sans solution. Nous ouvrons aussi la plateforme Arrêtonslesviolences.gouv.fr aux jeunes LGBT.

La question de l’hébergement d’urgence est cruciale. Allez-vous débloquer des fonds ?

Avec Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics, nous avons débloqué 300 000 euros afin de financer 6 000 nuitées d’hôtel pendant le confinement, mises en œuvre dès lundi, et directement prises en charge par l’Etat pour permettre aux jeunes confrontés à de la violence homophobe d’être protégés.

Il s’agit de nuitées supplémentaires aux 20 000 déjà prévues pour les femmes victimes de violences ou les auteurs à éloigner du domicile ?

Absolument. Il s’agit de publics fragiles, certes, mais ce ne sont pas les mêmes, pas le même accompagnement. Il n’était pas question de déshabiller Paul pour habiller Jacques. Nous allons aussi proposer aux associations qui le souhaitent de signer une convention-cadre de partenariat. Beaucoup d’acteurs de terrain, partout en France, y compris dans des petites villes, soutiennent des jeunes en urgence et financent directement des nuits d’hôtel sans passer par les dispositifs de l’Etat. Avec cette convention, l’Etat leur remboursera les frais avancés pour mettre ces jeunes à l’abri.

Face à ces situations alarmantes, deux amendements (LREM et socialiste) ont été présentés la semaine dernière dans le cadre du projet de loi de finances rectificative pour renforcer la prise en charge de ces jeunes. Ils ont fait l’objet d’un avis défavorable du gouvernement. Pourquoi ?

Je pense qu’il faut être assez précis dans la lecture de l’amendement. En l’occurrence, ces textes, de l’avis du rapporteur et du gouvernement, qui était représenté au banc, n’étaient pas assez concrets ni suffisamment bien ficelés. Par ailleurs, ils proposaient de réallouer la somme de 120 000 euros. Nous avons retenu une évaluation plus large. Au moment du rejet de ces amendements, ce qui a pu être perçu, c’est le refus d’une action en faveur des LGBT, mais c’est un raccourci trompeur : au contraire, nous étions en train d’élaborer ce plan que je vous présente aujourd’hui et qui méritait plusieurs jours de travail avec les acteurs de terrain et en interministériel.

Que sait-on des violences conjugales au sein des couples LGBT ?

J’ai demandé à Elisabeth Moiron-Braud, secrétaire générale de la Miprof [la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains, ndlr], d’ajouter à la mission que je lui ai confiée sur la prévalence des violences conjugales en temps de confinement un volet sur les couples LGBT +, pour mettre au jour et quantifier ces faits en lien avec l’association Flag ! [association LGBT + des agents des ministères de l’Intérieur et de la Justice, pompiers, policiers municipaux et des alliés] et le centre LGBT Orléans, avec qui nous avons déjà travaillé sur ce sujet lors du Grenelle [des violences conjugales]. Par ailleurs, l’Etat finance à hauteur de 50 000 euros une application créée par l’association Flag !. Cette application, qui est disponible gratuitement dès maintenant, permet de signaler les violences LGBTphobes, mais aussi les violences conjugales au sein des couples LGBT directement aux forces de l’ordre. Ce tabou doit être levé.

(1) Tél. : 01 48 06 42 41.

(2) Tél. : 0805 69 64 64.

26 avril 2020

Serge Gainsbourg et Béatrice Dalle

gainsbourg dalle

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26 avril 2020

Les paradoxes de l’application StopCovid

David Bounie, Winston Maxwell Et Xavier Vamparys

Les trois chercheurs se demandent s’il y a un sens à lancer une application qui ne serait efficace que si elle était obligatoire, mais qui susciterait, si elle était obligatoire, la défiance légitime des citoyens

Comme sa cousine singapourienne TraceTogether, l’application française StopCovid serait introduite sur la base du volontariat. C’est un pari : l’application asiatique n’a été téléchargée que par 10 % de la population alors que, selon le réseau européen eHealth, il faudrait un taux d’adoption supérieur à 60 % pour que StopCovid soit efficace.

Y a-t-il un sens à lancer une application fondée sur le volontariat, sachant qu’elle sera probablement inefficace ? La Commission européenne, comme le président de la République, compte sur la confiance et la solidarité des citoyens pour que le dispositif soit massivement adopté, deux éléments qui semblent avoir fait défaut à Singapour. La confiance des citoyens ne sera acquise que si certaines conditions techniques, opérationnelles et juridiques sont remplies et présentées clairement aux citoyens. Quelles sont ces conditions ?

En premier lieu, la confiance des citoyens dépendra de la finalité de l’application. D’après l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), StopCovid ne servira qu’à prévenir de manière anonyme les personnes qui ont eu un contact récent avec une personne testée positive. Elle permettra également à Santé publique France d’étudier la progression de l’épidémie grâce à des données anonymisées (même si on peut se demander comment Santé publique France pourra étudier la progression de l’épidémie sans données géographiques). Contrairement à son équivalent polonais, StopCovid ne servira pas à vérifier le respect du confinement ; contrairement aux approches israélienne et sud-coréenne, StopCovid ne permettra pas de retracer les déplacements passés. Mais la finalité exacte de l’application demande à être confirmée.

Deuxièmement, la confiance des citoyens dépendra d’un encadrement juridique précis. Le système devra être soumis au contrôle d’une commission indépendante, qui veillera à son efficacité, à sa sécurité et au respect des droits individuels. Nous préconisons que le système en France soit placé sous la responsabilité de Santé publique France, qui gère déjà la collecte de données pour les maladies à déclaration obligatoire (Zika, fièvre jaune, VIH…). Les Français partagent avec l’Etat de très grandes quantités de données médicales, notamment au travers du système d’assurance-maladie. La confiance des citoyens repose sur la protection institutionnelle et technique de ces données sensibles, et le respect du secret médical par l’ensemble des acteurs de la santé en France. StopCovid devrait s’insérer dans cet écosystème de confiance.

Messages contradictoires

Troisièmement, la confiance des citoyens dépendra de la durée de validité du dispositif ; autrement dit, l’Etat devra s’engager sur une date ferme de fin du traçage. Comme nous en avons fait l’expérience en matière de lutte contre le terrorisme, des mesures annoncées comme temporaires peuvent devenir permanentes, créant une menace pérenne pour la vie privée. Limitation dans le temps, mais aussi limitation des données collectées à ce qui est strictement nécessaire pour la finalité recherchée et la sécurité du système. Selon l’Inria, l’application StopCovid ne stockera que des « crypto-identifiants » éphémères. Ainsi, lorsque l’Etat enverra un message à une personne via l’application pour la prévenir d’une possible exposition au virus, il ne pourra obtenir ni l’identifiant du téléphone contacté, ni le nom du patient à l’origine de l’alerte.

Mais quid des fausses alertes, déclenchées par négligence ou par des personnes malintentionnées ? Pour éviter ces dérives, le réseau eHealth européen recommande que ce soit un professionnel de santé – le laboratoire d’analyse ou le médecin traitant – qui déclenche l’alerte. Mais si le laboratoire ou le médecin aide le patient à déclencher l’alerte, sommes-nous toujours dans un régime purement volontaire ?

Ce qui nous amène au plus grand paradoxe du dispositif. Pour être légitime, StopCovid doit prouver son efficacité, c’est-à-dire, comme indiqué ci-dessus, être adopté par plus de 60 % de la population. On sait, grâce à l’expérience singapourienne mais aussi à la vivacité des débats publics, que ce pourcentage ne sera probablement pas atteint sur la base du seul volontariat.

Dans l’affaire des masques, dont le port avait été rendu obligatoire par la municipalité de Sceaux, le Conseil d’Etat a souligné la nécessité d’assurer une cohérence d’ensemble des mesures de lutte contre le virus et de ne pas semer la confusion dans l’esprit du public par des messages contradictoires. Dans le cas de StopCovid, on risque de buter sur la même difficulté. Si l’application est importante pour la santé publique, elle devrait en toute logique être obligatoire pour espérer atteindre le taux minimal d’adoption nécessaire à son efficacité. Les obstacles pratiques d’une application obligatoire ne doivent pas être ignorés, mais la démarche serait au moins cohérente. A l’inverse, si l’application ne s’avère pas essentielle en matière de santé publique, son efficacité est de peu d’importance et nous pouvons rester sur une approche volontaire. Mais se poserait alors la question de la légitimité et de la proportionnalité du dispositif.

David Bounie, Winston Maxwell et Xavier Vamparyssont chercheurs à Télécom Paris

26 avril 2020

Big Brother...

big brother

26 avril 2020

Le tracking, un danger pour nos libertés

Claire Gerardin

Pour la consultante en communication, il y a un risque que le contrôle des citoyens mis en place à l’occasion de la crise sanitaire devienne pérenne

En période de crise sanitaire, le gouvernement bénéficie de pouvoirs extraordinaires qui lui permettent de restreindre nos libertés personnelles. En ce moment, c’est le cas pour notre droit d’aller et venir. Et pour vérifier la bonne mise en application de ces restrictions, le gouvernement se dote, entre autres, d’instruments numériques de surveillance : le « backtracking » (le traçage, en français).

Le backtracking est la collecte, par les opérateurs télécoms, de nos données de géolocalisation issues de nos smartphones. A la demande de la Commission européenne, huit opérateurs européens (dont Orange, Deutsche Telekom, Vodafone et Telefonica) ont communiqué ces données aux gouvernements de l’Union afin de lutter contre la pandémie de Covid-19, en cartographiant en temps réel les déplacements des populations, ce qui permet d’identifier les lieux où elles se concentrent et l’intensité des interactions entre les personnes. Le but est, à ce jour, de prédire les zones où le virus se déploiera le plus afin d’adapter le système de soins. Ces informations sont anonymisées, et il n’est pour le moment pas autorisé de remonter à un individu et de l’identifier. Cette collecte de données sans le consentement des individus est permise par le règlement général de la protection des données (RGPD), en cas de nécessité liée à l’intérêt public. Dans le cas de la pandémie actuelle, elle est utilisée pour des motifs de santé publique et de protection des intérêts vitaux.

Le backtracking va aussi permettre de développer, dans ce même cadre réglementaire, l’application StopCovid. Celle-ci vise à identifier les personnes qui ont été en contact avec des malades afin de juguler la circulation du virus. Au-delà du fait que la technologie au cœur de cette application (le Bluetooth) n’est pas très performante pour le résultat visé, et que la condition d’atteindre 60 % d’utilisateurs pour qu’elle soit effective est quasi irréalisable, ce projet relève d’un choix politique qui ne fait pas l’unanimité.

Trois niveaux d’information

Le risque d’une telle mesure est en effet sa pérennisation, alors qu’elle ne doit concerner que des situations extraordinaires, comme celle que nous vivons actuellement. Certains Etats pourraient décider de conserver ce dispositif en invoquant, par exemple, l’incertitude sur la fin de l’épidémie puisque les médecins affirment qu’elle pourrait ressurgir. Ils le feraient pour instaurer des systèmes de surveillance et de contrôle des populations, en vue de leur sécurité, mais aux dépens de leurs libertés. Plus on s’accoutume à ces systèmes de surveillance, plus on les considère comme anodins, et plus ils sont intégrés à notre quotidien. Par exemple, après les attentats de 2015, plusieurs mesures exceptionnelles instaurées durant le régime temporaire de l’état d’urgence ont été transposées dans le droit commun (à titre expérimental jusqu’au 31 décembre 2020). Parmi celles-ci : les perquisitions administratives, la fermeture de lieux de culte, ou encore la création de périmètres de sécurité lors d’événements publics.

En temps « normal », voici ce qui se passe derrière la collecte de nos données. Ceux qui la font (opérateurs et entreprises) possèdent trois niveaux d’information sur nous. Le premier, qui est sous notre contrôle, recense les informations que nous postons sur les réseaux sociaux et applications mobiles (informations de profil, publications, messages privés, inscription à des événements, sites Web visités, etc.).

Le deuxième analyse nos comportements. Il est composé de métadonnées, c’est-à-dire des informations qui fournissent, sans que nous en soyons conscients, un contexte à nos profils. Il s’agit, via des informations de géolocalisation, de cartographie de nos relations intimes et sociales et de nos comportements (récurrence et durée des lieux visités, des contenus consultés, de la nature des achats en ligne, et même de la vitesse à laquelle on tape sur le clavier et du mouvement de nos doigts sur les écrans), de construire le canevas de nos habitudes de vie.

Mine d’or

Le troisième niveau interprète les deux premiers, grâce à des algorithmes qui nous comparent avec d’autres profils afin d’opérer des corrélations statistiques. Il ne s’agit plus de savoir ce que nous faisons, mais qui nous sommes.

Dans le secteur privé, cette collecte d’informations est une mine d’or pour le développement de l’intelligence artificielle. Car avec elle vient la promesse d’automatiser, sur la base de nos profils créés par les algorithmes, les décisions des banques, des assureurs, des recruteurs ou encore des administrations publiques.

Dans le cadre d’une politique de surveillance de la mise en application de mesures exceptionnelles, la collecte de données par les gouvernements (ou la demande de leur mise à disposition par les collecteurs) pourrait être élargie à tout moment. A ce jour, elle est partielle – elle ne concerne « que » nos déplacements et le fait d’avoir été ou non en contact avec une personne infectée – et anonymisée. Mais la réglementation européenne permet aux Etats, s’ils en font la demande et pour des raisons d’intérêt général, de légiférer afin de désanonymiser ces données ou d’en collecter d’autres (de niveau un, deux ou trois). On pourra alors identifier les individus auteurs de comportements considérés comme transgressifs et les pénaliser. C’est déjà le cas de la Pologne, qui a lancé une application exigeant des personnes malades de prouver quotidiennement qu’elles restent chez elles, sous peine d’intervention policière.

Il ne faudrait pas que, en en forçant l’acceptation sociale pour cause d’urgence, ces méthodes se muent par la suite en mesures ordinaires. Ce choix d’utilisation des outils technologiques pourrait alors donner lieu à la mise en place d’un mode de gouvernement fondé sur la surveillance sécuritaire, ce qui n’est un idéal pour aucun régime démocratique…

Claire Gerardin est consultante en communication, spécialiste des nouvelles technologies

26 avril 2020

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26 avril 2020

Paris, un déconfinement à hauts risques

Denis Cosnard

La maire de la capitale, Anne Hidalgo, souhaite tester massivement, mais fait face à la pénurie de matériel

Retour à l’Hôtel de ville pour les élus de Paris. Ou du moins pour une quarantaine d’entre eux, afin de respecter les distances de sécurité entre chacun. Mardi 28 avril, ils retrouveront l’hémicycle pour un conseil municipal exceptionnel, consacré à l’épidémie de Covid-19. Après un hommage aux victimes, les élus, dont le mandat a été prolongé, débattront de la crise sanitaire. L’occasion, pour la maire Anne Hidalgo, de présenter la façon dont elle prépare la sortie du confinement… Et pour ses opposants de faire entendre leur voix.

Rachida Dati, la candidate Les Républicains (LR) à la Mairie, critique déjà vivement la gestion de la crise par l’édile socialiste. D’autres sont plus nuancés. « Je n’ai rien à redire à ses décisions et ses annonces, mais nous serons très vigilants sur leur concrétisation », commente ainsi Pierre-Yves Bournazel, un macroniste de droite. Un point d’accord entre élus de tout bord : sortir du confinement, dès le 11 mai, une capitale comme Paris s’annonce une opération à hauts risques.

Le défi du 11 mai La date fixée par Emmanuel Macron est-elle tenable ? Aujourd’hui, Paris et sa région sont encore en pleine vague épidémique. En Ile-de-France, 12 340 patients demeurent hospitalisés pour cause de Covid-19, dont plus de 2 000 en réanimation. La décrue, entamée il y a une dizaine de jours, reste lente.

Dans ces conditions, autoriser les 12 millions de Franciliens à sortir de chez eux dans moins de vingt jours suscite des interrogations. « Comment croire un seul instant que Paris pourrait être prêt pour le déconfinement au 11 mai ?, demande Danielle Simonnet, la candidate de La France insoumise (LFI) à la Mairie. La pandémie risque de repartir de plus belle. » Le maire (LR) du 15e arrondissement, Philippe Goujon, ne cache pas davantage son inquiétude : « Vu la vigueur de l’épidémie, l’extrême densité de la ville et l’ampleur des problèmes à résoudre, c’est à Paris que le déconfinement sera le plus compliqué. On peut y arriver avec beaucoup d’organisation et de volontarisme, mais c’est risqué. »

Consciente de l’envie d’une partie des Parisiens d’en finir avec l’enfermement, Anne Hidalgo n’a pas demandé de report de la date lors de sa réunion avec Emmanuel Macron, jeudi 23 avril. Elle a cependant insisté sur la nécessité de disposer d’assez de tests et de masques. Selon l’Elysée, la levée des restrictions « pourra être adaptée aux réalités de chaque territoire ». A Paris, « ce sera forcément progressif », dit-on à la Mairie.

La pénurie de tests et de masques C’est le premier problème. En matière de tests, « la pénurie commence à être moins forte », assure Anne Souyris, adjointe chargée de la santé. Le dépistage massif que souhaitait Anne Hidalgo pour éviter que des personnes contagieuses ne circulent bute néanmoins sur les difficultés d’approvisionnement. Pour l’heure, le dépistage reste donc réservé aux soignants, aux personnes présentant des symptômes, aux résidents des maisons de retraite et des foyers de migrants. La montée en puissance de ce dispositif semble incertaine. La cartographie de l’épidémie à laquelle travaillent la municipalité et l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris devrait permettre de tester en priorité certains quartiers.

Les soucis existent aussi en matière de masques. Dans l’absolu, il faudrait que tout le monde en porte dès à présent. « Mais il est difficile d’obliger les gens à porter des équipements qui font l’objet d’une pénurie », reconnaît Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d’Anne Hidalgo. Faute de masques médicaux, la Ville de Paris a commandé 2,5 millions d’articles « grand public », en tissu et lavables, qu’elle entend distribuer gratuitement, sans doute dans les pharmacies. Les 500 000 premiers sont censés arriver ces prochains jours. Mais le reste sera-t-il au rendez-vous du déconfinement ? Et cela suffira-t-il si le port d’un masque devient obligatoire, au moins dans les transports ?

L’isolement en hôtel débute à peine Pour stopper les contaminations familiales, la municipalité parisienne propose désormais aux personnes contagieuses qui ne peuvent s’isoler chez elles d’être hébergées à l’hôtel pendant deux ou trois semaines. Toutefois, ce projet pilote débute à peine, avec seulement 114 patients pris en charge à ce jour dans des hôtels d’Accor. Si l’expérience est concluante, « tous les [établissements] volontaires auront vocation à participer au dispositif », assure Emmanuel Grégoire.

Une rentrée scolaire très floue Emmanuel Macron a décidé de faire coïncider déconfinement et réouverture des écoles. Mais le 11 mai, lesquelles accueilleront quels élèves ? Comment seront-elles adaptées aux nouvelles normes sanitaires ? Les cantines fonctionneront-elles ? « Nous travaillons d’arrache-pied sur ces sujets, et nous nous préparons à sonder les parents », assure la municipalité. Mais celle-ci est tributaire de décisions nationales qui n’ont pas encore été prises. Et la Ville va devoir composer avec l’absence d’une partie de ses agents. En réalité, « Paris n’est absolument pas préparé » à un retour à l’école, a déclaré Rachida Dati mercredi sur LCI.

Même flou concernant les crèches. « Les nouvelles règles vont diviser par trois le nombre d’enfants que nous pourrons y accueillir », indique Emmanuel Grégoire. Sur quels critères seront-ils choisis ? Pas de réponse à ce stade.

Le « verrou » des transports Pour les transports en commun, la réduction de l’offre va être encore plus drastique. Au maximum, 1 million de personnes pourront les utiliser en Ile-de-France, soit cinq fois moins qu’avant l’épidémie, selon Valérie Pécresse, la présidente de la région. La création de pistes cyclables temporaires risque de ne pas suffire.

Assurer l’hygiène en ville C’est un des sujets sur lesquels la municipalité a le plus avancé. Des distributeurs de gel hydroalcoolique ont commencé à être installés à l’entrée des bâtiments municipaux. La société JCDecaux devrait également en ajouter sur une partie du mobilier urbain, comme les arrêts de bus. La RATP fera sans doute de même dans le métro.

La question de l’aide aux entreprises Dernier sujet sensible, l’aide aux entreprises victimes du confinement. La droite s’étonne qu’Anne Hidalgo soit restée assez silencieuse sur la question. « Je demande à la maire un geste fort, une exonération totale de toutes les taxes municipales sur l’année pour les commerçants et entrepreneurs touchés, plaide Geoffroy Boulard, maire (LR) du 17e arrondissement. Il en va de la survie de notre économie. » Pierre-Yves Bournazel réclame aussi une exonération pour le secteur culturel.

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