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Jours tranquilles à Paris

3 novembre 2020

Libération du 3 novembre

libé du 3 novembre

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3 novembre 2020

Qui va gagner ?

trump biden 20

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3 novembre 2020

Caricatures : les Émirats soutiennent Macron face aux critiques.

Dans une interview parue lundi dans le quotidien allemand Die Welt, le ministre des Affaires étrangères émirati, Anwar Gargash, a rejeté l’idée selon laquelle le président français aurait exprimé un message d’exclusion des musulmans. “Il faut écouter ce que Macron a vraiment dit dans son discours, il ne veut pas de ghettoïsation des musulmans en Occident et il a tout à fait raison”, a-t-il déclaré. Les protestations antifrançaises dans certains pays musulmans sont survenues en réaction aux déclarations d’Emmanuel Macron défendant le droit à la caricature au nom de la liberté d’expression, après l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty.

3 novembre 2020

'AO (DANÇ) AR LIVRE' UNE NOUVELLE HISTOIRE VISUELLE DE 'ZÉ LUCAS' {NSFW / EXCLUSIVE EDITORIAL}

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Le photographe de 24 ans Zé Lucas  et la mannequin  Roberta Barbosa se sont  associés et ont tourné cette nouvelle histoire en Acari dans le Rio Grande do Norte au Brésil pour l' éditorial exclusif du NAKID d' aujourd'hui intitulé `` Ao (Danç) ar Livre ''. Une délicate ambiance de déesse avec des tons qui font vraiment ressortir les sentiments d'automne ce lundi.

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3 novembre 2020

Présidentielle américaine : les Américains aux urnes dans un pays sous tension

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Des dizaines de millions d’Américains se rendent mardi aux urnes pour choisir entre Donald Trump et Joe Biden au terme d’une campagne enflammée qui a renforcé la fracture entre deux Amériques aux antipodes.

« Bidon » : dans son style, Donald Trump a balayé, lundi 2 novembre, les sondages qui le placent derrière son rival Joe Biden, affichant une confiance absolue dans une élection qui prend mardi des allures de référendum sur sa présidence hors norme.

« Est-ce que [Biden] peut vraiment gagner ? On est sérieux là ? », a-t-il ironisé depuis Kenosha, dans le Wisconsin, avant-dernière étape d’un marathon de cinq meetings dans quatre Etats. « J’ai le sentiment que nous allons vers une large victoire demain », a lancé, presque au même moment Joe Biden depuis Pittsburgh (Pennsylvanie), la ville où il avait débuté sa campagne il y a dix-huit mois.

Deux Amériques aux antipodes

Les deux septuagénaires, aussi différents sur la forme que sur le fond, sont engagés dans un sprint final après une campagne enflammée qui a renforcé la fracture entre deux Amériques aux antipodes. D’un côté, un héritier de New York, magnat de l’immobilier passé par la téléréalité avant de faire irruption en politique avec un message populiste, « l’Amérique d’abord », et qui continue de se présenter en « outsider » malgré ses quatre années passées à la Maison Blanche.

De l’autre, un vieux routier de la politique issu des classes moyennes – au compteur, 36 années comme sénateur puis huit de plus comme vice-président – qui promet de panser les plaies d’un pays meurtri. Après deux échecs en 1988 et 2008, Joe Biden, pur produit de l’aile modérée du parti démocrate, s’est imposé aux primaires de son camp avec un message simple : battre Donald Trump, étrillé comme « le pire président » de l’histoire récente des Etats-Unis.

Les Etats-Unis « en ont assez du chaos », a martelé Joe Biden qui dit se battre pour restaurer l’« âme » de l’Amérique. « Il est temps de se relever et de reprendre le contrôle de notre démocratie », a lancé l’ancien vice-président de Barack Obama.

Face à lui, le président républicain, fragilisé par une recrudescence de la pandémie de Covid-19, se démultiplie pour faire mentir les sondages et créer la surprise, comme il l’avait fait en 2016. « Demain, nous allons gagner quatre ans de plus à la Maison Blanche », a-t-il lancé devant des partisans en Caroline du Nord. « Comme ça, on pourra finir le travail entamé », a-t-il ajouté quelques heures plus tard dans le Michigan. Comme en pied de nez, il s’est entre-temps rendu à Scranton (Pennsylvanie), la ville natale de son rival démocrate, qu’il a accusé d’être « endormi », mais aussi « agité », « corrompu », « contrôlé par les grands médias »…

Lady Gaga avec Joe Biden

Joe Biden continuera sa campagne dans cet Etat jusqu’à la dernière minute, avec des interventions prévues mardi à Scranton et Philadelphie, une démarche légale mais inhabituelle. « Je ne supporterai pas quatre ans de plus avec Trump », s’est épanchée une de ses partisanes, Jane Perry, 65 ans, croisée à Pittsburgh où l’ancien vice-président a tenu un meeting en présence de la star Lady Gaga qui a chanté et affiché ses convictions.

A l’inverse, Lara Schmidt, 42 ans, espère un « raz-de-marée » en faveur de Donald Trump, qu’elle a écouté avec ferveur à Scranton. « Mais si les votes par correspondance se font dans l’illégalité, je me mettrai à genoux pour prier », dit-elle, inquiète.

Près de 100 millions d’Américains ont déjà voté par anticipation, en personne ou par correspondance, pour éviter les bureaux de vote bondés en pleine pandémie. Depuis des semaines, Donald Trump critique cette option, l’accusant sans preuve de favoriser la fraude électorale.

Les réseaux sociaux Facebook et Twitter ont d’ailleurs signalé, lundi, l’un de ses messages sur le vote anticipé, l’accusant d’être « trompeur ». Le président républicain y qualifie de « très dangereuse » la décision la semaine dernière de la Cour suprême d’autoriser l’Etat-clé de Pennsylvanie à comptabiliser jusqu’à trois jours après l’élection les bulletins envoyés par courrier. M. Trump a affirmé que cette décision « minerait tout le système juridique américain » et « provoquerait de la violence dans les rues ».

« Une partie ou la totalité du contenu partagé dans ce Tweet est contestée et susceptible d’être trompeuse quant au mode de participation à une élection ou à un autre processus civique », a écrit le réseau à l’oiseau bleu à côté de ce post, ajoutant un lien expliquant la sûreté du vote anticipé.

« Nos avocats seront prêts »

Le président, qui craint de devenir le premier à ne pas être réélu depuis un quart de siècle [George Bush père, candidat à sa réélection, avait été battu par Bill Clinton en 1992], entretient le flou sur la position qu’il adoptera en cas de défaite, ce qui suscite l’anxiété dans le pays. « Dès que l’élection sera terminée, nos avocats seront prêts », a-t-il notamment déclaré dimanche, laissant entrevoir la possibilité d’une longue bataille judiciaire. Signe de la tension qui règne à l’issue d’une campagne d’une agressivité inouïe, des commerces dans plusieurs villes américaines, dont New York et Washington, se barricadaient par crainte de manifestations violentes.

Les derniers sondages placent Joe Biden confortablement en tête dans plusieurs Etats décisifs remportés par le républicain en 2016, comme le Wisconsin et le Michigan. Mardi soir, dans un premier temps, tous les regards seront braqués sur la Floride – un Etat où les deux candidats sont au coude-à-coude. Sans cet Etat qu’il avait gagné en 2016, c’est mission quasi-impossible pour Donald Trump. En revanche, s’il parvient à conserver la Floride, l’attention se déplacera vers la Pennsylvanie, l’Etat natal du démocrate où les intentions de vote sont partagées.

Singularité du système américain : ce sont les grands électeurs, et non le vote populaire, qui font l’élection. En 2016, Donald Trump avait recueilli près de trois millions de voix de moins qu’Hillary Clinton, mais avait remporté la majorité des 538 grands électeurs et créé l’une des plus grandes surprises de l’histoire politique américaine.

Une incertitude qui pousse l’ancien président Barack Obama à soutenir activement, dans la dernière ligne droite, la candidature de celui qui fut son vice-président pendant huit ans. Donald Trump « n’a jamais pris au sérieux » sa fonction et a « utilisé la présidence comme un show télévisé pour attirer l’attention sur lui », a-t-il taclé lundi depuis Miami, appelant une nouvelle fois les électeurs à se rendre aux urnes massivement. « On ne peut pas laisser de place au doute », a-t-il estimé.

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3 novembre 2020

Milo Moiré - captures d'écran

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3 novembre 2020

Election américaine : « Trump peut encore gagner. Etre un président sortant est un très gros atout pour un candidat »

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La politologue spécialiste des Etats-Unis, Marie-Christine Bonzom, a couvert sept élections présidentielles entre 1992 et 2016. Elle a répondu à vos questions dans un tchat du « Monde ».

A l’approche du scrutin du 3 novembre, la rhétorique de surface a parasité tout débat de fond et le scrutin semble parfois se limiter à un référendum pour ou contre Donald Trump. La société américaine est de plus en plus polarisée, alors que les Etats-Unis doivent faire face aux conséquences sanitaires, sociales et économiques de l’épidémie de Covid-19.

La politologue, spécialiste des Etats-Unis, Marie-Christine Bonzom, est l’une des rares analystes à avoir entrevu la défaite d’Hillary Clinton face à Donald Trump, en 2016. Installée à Washington de 1989 à 2018, elle a été journaliste à Voice of America, puis correspondante de la BBC, où elle a couvert sept élections présidentielles et les mandats de cinq présidents, de Bush père à Trump.

Gilbert : A-t-on déjà connu dans l’histoire récente des Etats-Unis une élection présidentielle aussi polarisée ?

Dans l’histoire récente, on peut évoquer la présidentielle de 2004 dans laquelle le président républicain George W. Bush était opposé au démocrate John Kerry. Bush était attaqué de manière virulente par Kerry à propos de l’aventure irakienne. Bush a rétorqué en montant avec les républicains une attaque en règle du passé d’ancien combattant de Kerry au Vietnam.

Mais la polarisation bipartisane, qui a commencé à s’accentuer dans les années 1990, a atteint son paroxysme pendant la campagne de 2016 et un nouveau paroxysme dans celle de 2020.

FaFaFa : Si Joe Biden est élu et que Donald Trump ne reconnaît pas sa défaite, comment se passera l’investiture ?

Le président Trump a indiqué hier qu’il reconnaîtrait sa défaite s’il perdait face à Joe Biden. Plusieurs fois ces derniers mois, il a cependant laissé planer le doute sur sa réaction au cas où il ne gagnerait pas. Cela dit, le doute plane aussi dans le camp démocrate. Cet été, on a notamment entendu Hillary Clinton conseiller à Biden de « n’accepter le résultat sous aucune circonstance » au cas où le démocrate ne l’emporterait pas.

Charlie : Joe Biden a misé sa campagne sur le rejet de Donald Trump et il risque de bénéficier des voix de personnes aussi variées que des sympathisants de Bernie Sanders ou des républicains modérés. S’il accède à la Maison Blanche, comment va-t-il fédérer ces groupes ?

Joe Biden se présente comme un candidat qui serait le président de tous les Américains, s’il était élu. Mais rassembler les Américains, même ceux dans le camp démocrate qui auront voté en sa faveur, serait une tâche très difficile. Les sympathisants de Sanders ont été extrêmement déçus de voir les pressions sans précédent que l’appareil du parti démocrate a exercées afin que Sanders, bien qu’encore viable dans la course à l’investiture, n’abandonne au profit de Biden.

Beaucoup estiment aussi que le « programme » (non contraignant : Biden parle de « recommandations » seulement) adopté lors du congrès national du Parti démocrate n’inclut pas certaines des propositions les plus emblématiques et les plus réformatrices de Sanders, telles que le « Medicare For All » (un système universel et public de couverture médicale). Le passé de Biden en tant que sénateur (vote en faveur de l’Alena et de l’invasion de l’Irak) et en tant que vice-président de Barack Obama (scandale de l’espionnage de la NSA, implication dans la guerre au Yémen) le rend controversé parmi l’aile gauche du Parti démocrate. Pour celle-ci, la présence de Kamala Harris aux côtés de Biden n’est pas bien perçue non plus, car la sénatrice de Californie est considérée comme une centriste.

Bougiot : Ne pensez-vous pas que Trump est le candidat qui reflète le plus les valeurs de la société américaine, cette Amérique puritaine et chrétienne ?

La société américaine est en plein bouleversement : démographique, social, politique… L’année en cours, pendant laquelle le pays est traversé par une crise protéiforme et grave (sanitaire, économique, « raciale », etc.), et qui plus est, en pleine campagne présidentielle, illustre les convulsions qui l’agitent.

Curieusement, en effet, pour un Donald Trump qui n’est pas connu pour sa pratique religieuse, contrairement à un Jimmy Carter, un Bill Clinton ou un George W. Bush, le président actuel a incarné les valeurs puritaines et chrétiennes que vous évoquez auprès d’une grande partie des évangéliques (blancs, noirs ou hispaniques, d’ailleurs), notamment, mais pas seulement. Mais pour de nombreux autres Américains, y compris pratiquants, Trump incarne plutôt une parodie de ces valeurs.

John : Qu’est-ce qui vous avait fait sentir une défaite d’Hillary Clinton ? Voyez-vous des phénomènes similaires lors de cette élection qui pourrait en influencer le résultat ?

En 2016, Hillary Clinton était la candidate la plus détestée de l’histoire moderne des Etats-Unis. J’ai commencé à sentir la possibilité de sa défaite quand, à la fin de 2015 et au début de 2016, j’ai rencontré de plus en plus d’électeurs américains qui avaient voté pour les démocrates toute leur vie mais qui soutenaient Trump, des électeurs qui n’avaient jamais voté ou pas voté depuis longtemps et qui soutenaient Trump. Et particulièrement, quand j’ai commencé, toujours à cette période, à rencontrer des électeurs hispaniques, noirs ou homosexuels qui soutenaient Trump.

Pinpon : Pensez-vous que les sondeurs puissent se tromper aussi lourdement qu’en 2016 ?

Il faut se rappeler ici que les sondages ne sont pas des prédictions, mais des photos instantanées, plus ou moins correctes, de l’électorat. En 2016, la plupart des instituts de sondage avaient sous-estimé le vote en faveur de Donald Trump, mais ils avaient correctement montré, dans les toutes dernières semaines de la campagne, que la course entre Donald Trump et Hillary Clinton se resserrait beaucoup dans les Etats indécis, comme le Wisconsin et la Pennsylvanie.

Aujourd’hui, les instituts affirment avoir modifié leurs méthodologies pour tenir compte notamment du vote dit souterrain en faveur de Trump. Cependant, le président Trump peut encore gagner. Aux Etats-Unis, être un président sortant est un très gros atout pour un candidat. Depuis 1960, presque tous les présidents sortants ont été réélus. Plus largement au regard de l’histoire du pays, un président sortant a deux chances sur trois d’obtenir un second mandat.

Dans le cas de Trump, l’atout du « sortant » peut être atténué par sa grande impopularité et par les crises que le pays traverse cette année. Comme en 2016, il est probable qu’il y ait un vote souterrain pour Trump parmi les électeurs ayant fait des études supérieures et parmi les Hispaniques (ou Latinos).

Le seul modèle qui avait correctement prédit la victoire de Trump en 2016 (le modèle de Helmut Norpoh) prédit aujourd’hui à nouveau une victoire du républicain. Pour ma part, j’avais prédit en 2008 qu’Hillary Clinton échouerait à obtenir l’investiture du Parti démocrate face à Barack Obama. Puis, j’avais entrevu la victoire de Trump en 2016. Aujourd’hui, je dirais que Biden a 60 % de probabilités de gagner et Trump 40 %.

Citoyen Inquiet : Pour l’élection américaine, existe-t-il un risque réel et sérieux de « guerre civile » ou tout du moins de troubles importants en cas de résultats serrés ?

Des violences ne sont malheureusement pas à exclure. On a déjà vu des violences physiques, et parfois armées, lors de cette campagne. La société américaine est aussi violente en général. Il y a eu une exacerbation des tensions sociales au cours de cette année. Exacerbation alimentée, à la fois par les crises auxquelles le pays est confronté et par les ambitions électoralistes des partis républicain et démocrate. La violence armée n’est pas à exclure non plus, dans un pays où circulent quelque 400 millions d’armes à feu.

EnglishTeacher : Quel est l’événement majeur de ces deux dernières semaines de campagne, selon vous ?

La censure par Twitter et consorts de l’affaire sortie par le New York Post, puis développée par Mike Taibbi de Rolling Stones et par Glenn Greenwald de The Intercept, concernant les relations financières nébuleuses et juteuses de Hunter Biden, l’un des fils du candidat démocrate, avec des entreprises ukrainiennes, chinoises et d’autres sociétés étrangères du temps où Joe Biden était vice-président. Cette censure, accompagnée du refus de la plupart des médias américains de couvrir ce dossier, alimente le ressentiment de nombreux Américains envers les médias, accusés de protéger Biden au nom du « n’importe qui sauf Trump ».

Barack H. Trump : Campagne d’esquive de Biden, campagne narcissique de Trump : une campagne 2020 finalement décevante ?

Une campagne 2020 très affligeante. Pour ceux qui, comme moi, suivent la politique américaine de près depuis des décennies, ce n’est pas vraiment décevant, car ce n’est pas surprenant. La débâcle des débats télévisés entre Trump et Biden n’a fait qu’illustrer, une fois de plus, la détérioration du discours public aux Etats-Unis.

Christophe : L’avenir de la démocratie aux USA peut-il passer par la fin du bipartisme et l’émergence de plusieurs partis reflétant mieux la diversité des opinions ?

Je dirais même que l’avenir de la démocratie américaine « doit » passer par un assouplissement du bipartisme (plus réaliste que sa fin), et donc, par l’inclusion accrue des petits partis ou des candidats indépendants dans le discours public.

3 novembre 2020

'SOMEWHERE' UNE NOUVELLE HISTOIRE VISUELLE DE 'NICOLAS PROST' {NSFW / EXCLUSIVE EDITORIAL}

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Le photographe autodidacte Nicolas Prost  et la mannequin  Cledia Fortin se sont  associés pour l' éditorial exclusif d'aujourd'hui de NAKID intitulé « Quelque part ». Né en France en 1989, son travail se concentre principalement sur le nu érotique, les beaux-arts et la mode avec une esthétique monochromatique en noir et blanc.

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3 novembre 2020

Macron sur Al-Jezira : une opération clarification bien calibrée

Par Hala Kodmani — Libération

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Entretien d'Emmanuel Macron à la chaîne Al-Jezira, samedi.

Lors d’une longue interview sur la chaîne qatarie, le président de la République a cherché à «apaiser les choses» après la flambée de colère dans le monde arabo-musulman, tout en défendant la liberté d’expression.

Reculade ou désescalade ? Les premières appréciations des commentateurs arabes sont partagées sur les propos tenus samedi par Emmanuel Macron dans son interview à la chaîne Al-Jezira. Tout comme les réactions sur les réseaux sociaux sont divisées entre compréhensifs et irrédentistes. Mais dans un espace public arabo-musulman en surchauffe depuis une quinzaine de jours contre la France, une retombée est globalement perceptible. Il est cependant trop tôt pour considérer que c’est un effet direct de la volonté d’apaisement recherchée par le président de la République en s’adressant aux musulmans dans le monde.

L’Elysée a en tout cas beaucoup investi dans l’opération «d’explication» de la position de la France par Macron, visé personnellement par les campagnes antifrançaises. Le choix d’Al-Jezira a été particulièrement bien pesé, pour «répondre aux contre-vérités qui ont accompagné les récents discours» du Président, selon l’Elysée. Non seulement en raison de la notoriété et de l’audience arabophone étendue de la chaîne basée au Qatar, mais parce qu’elle a été en pointe pour relayer les critiques antifrançaises à travers les pays arabo-musulmans.

«Nécessaire».

Sa couverture des manifestations violentes, de Karachi à Jérusalem, en passant par Beyrouth et Koweït, et sa reprise des appels au boycott des produits français, a rappelé la place d’Al-Jezira comme porte-voix d’un islam militant. Or, depuis samedi soir, la chaîne met en avant son «interview exclusive» avec Emmanuel Macron en titrant sur cette déclaration : «Je ne suis opposé ni à l’islam ni aux musulmans et ma position sur les caricatures a été déformée.»

Enregistrée à l’Elysée au lendemain de l’attentat meurtrier dans l’église de Nice, l’interview de près d’une heure avec le chef du bureau parisien d’Al-Jezira figurait en tête du site de la présidence française dimanche. Dans les heures qui ont précédé sa diffusion à l’antenne samedi soir, des extraits judicieusement sélectionnés des déclarations d’Emmanuel Macron ont été égrenés sur son compte Twitter en français et en arabe.

Ils ont été retweetés par des dizaines de milliers d’internautes arabophones. Détail intéressant, le tweet le plus plébiscité a été celui portant sur l’égalité entre les hommes et les femmes : «Des extrémistes enseignent qu’il ne faut pas respecter la France. Ils enseignent que les femmes ne sont pas l’égal des hommes, que les petites filles ne doivent pas avoir les mêmes droits que les petits garçons. Je vous le dis très clairement : pas chez nous.»

«Cette intervention est certainement une initiative positive et nécessaire», estime Salam Kawakibi, directeur du Centre arabe de recherche et d’études à Paris, think tank affilié à l’institut du même nom basé au Qatar. «Les propos bien étudiés de Macron à l’adresse de l’opinion musulmane ne constituent pas une reculade mais une clarification nécessaire après un discours ambigu. C’est probablement le résultat d’une prise de conscience à l’Elysée que cette affaire a été mal gérée, conduisant au malentendu», selon le chercheur.

Il fait valoir que les déclarations du Président lors du discours à la Sorbonne, qui ont déclenché la fureur de certains groupes musulmans, ont été mal relayées et surtout mal traduites en arabe, faisant croire qu’il approuvait les caricatures de Charlie Hebdo. Un malentendu reconnu par Emmanuel Macron dans son interview. «Cette campagne antifrançaise indigne et inadmissible repose sur le fait que les gens ont cru comprendre que moi, j’étais favorable aux caricatures de Mahomet publiées dans la presse, en particulier par l’hebdomadaire Charlie Hebdo.»

«Protéger».

Insistant sur les «fondements du modèle républicain», le Président a défendu la liberté de la presse, soulignant que les caricatures du prophète n’ont pas été publiées à l’initiative du gouvernement mais par «des journaux libres et indépendants». Une notion quasi inexistante dans les pays musulmans autoritaires. «Mon rôle est d’apaiser les choses, comme je le fais là, mais c’est en même temps de protéger ces droits, a-t-il insisté. Ça ne veut pas dire que je soutiens à titre personnel tout ce qu’on dit, pense, dessine, mais ça veut dire que ces libertés, ces droits de l’homme qui ont été pensés, voulus, créés en France, je considère que c’est notre vocation de les protéger et de protéger aussi la souveraineté du peuple français qui le veut.»

«C’est une leçon de démocratie qu’Emmanuel Macron a donnée aux Arabes, dirigeants et populations confondus, estime Salam Kawakibi. Une leçon nécessaire dans des pays où toute expression est verrouillée par le pouvoir et où les gens ne peuvent s’imaginer qu’un journal publie ce qu’il veut sans un feu vert venu d’en haut.» Il faudra attendre quelques jours avant de voir si les musulmans en colère ont bien perçu les clarifications de Macron. Du moins ceux d’entre eux qui veulent bien entendre. Car peu après la diffusion de son interview, un hashtag «Macron, tu ne nous tromperas pas» figurait en tête des réseaux sociaux arabes.

3 novembre 2020

Serge Gainsbourg

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