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Jours tranquilles à Paris

16 octobre 2020

Couvre-feu en France : un “revers” qui “fait mal"

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Le président français Emmanuel Macron a annoncé mardi soir la mise en place d’un couvre-feu nocturne dans les métropoles à partir de samedi, pour faire face à la reprise de l’épidémie sur le territoire. Un terme aux évocations guerrières qui atteste de la gravité de la situation en Europe, estime la presse étrangère.

“Couvre-feu : le mot fait mal, d’autant qu’il va durer”, remarque Le Temps. En annonçant mardi soir un “confinement nocturne de grande ampleur”, en Ile-de-France et dans huit métropoles à partir de samedi, Emmanuel Macron a “coupé” l’Hexagone en deux, “entre la partie du pays où la vie demeurera normale, et celle que la diffusion du Covid-19 oblige à se refermer”, estime le quotidien suisse.

Cette décision choc compte “parmi les actions les plus drastiques prises par un dirigeant politique depuis le rebond de la pandémie”, note le Financial Times. “La semaine dernière, Berlin a contraint les bars, les cafés et les restaurants à fermer entre 23 heures et 6 heures du matin, sans aller” jusqu’à imposer un “couvre-feu complet”, remarque le quotidien financier britannique.

“Une sorte d’électrochoc”

Pour la presse étrangère, l’utilisation du terme “couvre-feu” n’est pas anodine. “Ce mot fort, chargé d’évocations guerrières, vise à avoir un effet psychologique sur la population, à jouer le rôle d’une sorte d’électrochoc”, estime La Vanguardia.

“Il entend dire très clairement que le moment est grave et que les conséquences de l’inaction des autorités ou de l’indiscipline de la population peuvent être dramatiques. Quelques heures avant la comparution, on a d’ailleurs émis l’hypothèse que Macron allait utiliser un terme plus doux, tel que ‘confinement nocturne’. Finalement, il a été décidé de fuir les euphémismes et d’affronter la réalité ouvertement”, explique le journal espagnol.

“Accusé d’infantilisation”, Macron a “opté pour un ton plus compatissant”

Malgré cette annonce choc, la correspondante du Süddeutsche Zeitung note qu’Emmanuel Macron a dans le même temps opté pour un ton différent de celui qu’il avait adopté lors de l’annonce du confinement au printemps dernier. “Le président a cherché à utiliser une rhétorique plus confiante”, précisant notamment qu’il n’y avait pas non plus lieu de “paniquer”. Encourageant, il a notamment rappelé à quel point la population française “avait bien suivi les consignes de confinement au printemps et que la France avait alors été l’un des premiers pays d’Europe à ouvrir à nouveau des écoles”.

“Oublié le ‘nous sommes en guerre’ martelé […] en mars”, renchérit Le Soir. Macron – accusé par ses détracteurs d’avoir versé dans l’infantilisation – a opté pour un ton plus compatissant en déroulant les nouvelles restrictions auxquels les Français devront se plier pour au moins quatre semaines, voire six.”

Pour le New York Times, l’annonce du couvre-feu français est certainement “le signe le plus frappant de la détérioration de la situation” en Europe. Le quotidien new-yorkais n’est toutefois “guère surpris par ce revers” : “Dans plusieurs pays européens, le confinement a été levé trop rapidement, semant un faux sentiment de sécurité parmi les personnes qui pensaient pouvoir reprendre une vie normale.”

Noémie Taylor-Rosner

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16 octobre 2020

La Turquie contre le reste du monde

turquie contre le monde

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Chaque semaine, Courrier international explique ses choix éditoriaux et les débats qu’ils suscitent parfois au sein de la rédaction. Cette semaine, au vu des derniers événements dans le Haut-Karabakh (où Ankara soutient l’Azerbaïdjan), c’est la Turquie que nous avons choisi de mettre en avant. Nous tentons de décrypter pourquoi le régime d’Erdogan s’engage sur tous les fronts. Deux autres dossiers majeurs sont à retrouver dans ce numéro : un portrait de la jeunesse thaïlandaise et vingt pages spéciales sur les nouveaux nomades (numériques), à l’occasion du Forum Expat qui se tiendra le 4 novembre.

C’est un numéro très riche que nous vous proposons cette semaine, avec trois dossiers en majesté, ce que nous évitons en général, mais l’actualité internationale et notre propre actualité nous ont conduits à cette construction particulière de l’hebdomadaire.

L’actualité internationale pour commencer, avec deux événements majeurs ces dernières semaines. D’abord, la reprise des affrontements dans le Haut-Karabakh entre Arméniens et Azéris – et, avant ça, la montée des tensions en mer Égée, en Libye… Nous avons, dans des numéros précédents, abordé ces crises séparément. Il nous semblait intéressant cette fois d’élargir notre vision et de nous attarder sur le protagoniste commun à tous ces conflits : la Turquie. Ankara, qui affirmait en 2004 le principe du “zéro problème avec les voisins”*, est, seize ans plus tard, en conflit avec à peu près tout le monde.

“L’arrivée au pouvoir, au début des années 2000, du Parti de la justice et du développement (AKP), créé par Recep Tayyip Erdogan, a été, curieusement, un puissant moteur pour l’européanisation”, écrit le politologue russe Fiodor Loukianov dans Rossia v Globalnoï Politiké. “Mais, à un moment donné, Ankara est arrivé à la conclusion (non sans fondement) que l’UE n’était pas prête à accepter la Turquie dans ses rangs.” Et si jusqu’en 2016 les relations avec la Turquie ont été plutôt cordiales, explique un autre politologue, grec lui, dans I Kathimerini, “Erdogan a beaucoup changé depuis le coup d’État raté contre lui en 2016”.

En soutenant aujourd’hui l’Azerbaïdjan dans le conflit qui l’oppose à l’Arménie, le président turc entend montrer qu’il est “le patron” dans la région. “Ce n’est sûrement pas un hasard si Ankara se retrouve en première ligne de ce conflit à un moment où la Turquie est suractive dans son environnement régional, tentant de faire bouger les lignes partout en même temps”, écrit L’Orient-Le Jour en ouverture de ce dossier.

Le rêve d’Erdogan de “ressusciter l’Empire ottoman”, comme l’écrivait L’Orient-Le Jour dans un autre article, risque toutefois de se heurter aux intérêts russes dans le Caucase et de buter sur la situation intérieure même de la Turquie. “Militairement, le pays est peut-être plus fort que jamais, mais il ne s’agit là que d’un subterfuge pour surcompenser une société déchirée et désenchantée”, expliquait récemment le quotidien israélien Ha’Aretz.

C’est pour mieux comprendre ce que cherche la Turquie et les réponses que peuvent lui apporter l’Europe, la Russie, la Chine (le dernier allié d’Ankara, avec le Qatar) que nous avons monté ce dossier très géopolitique. En croisant les sources, en donnant la parole aux journaux turcs pro-Erdogan, en multipliant les points de vue, en revenant sur la passe d’armes récente entre Macron et Erdogan…

Autre actualité internationale, à laquelle nous consacrons sept pages dans ce numéro, la Thaïlande, où les moins de 30 ans multiplient les manifestations depuis cet été pour exiger des réformes constitutionnelles et la fin de l’autoritarisme. Quatre ans après la mort du roi Bhumibol Adulyadej qui, malgré soixante-dix ans de règne (1946-2016), suscitait toujours une popularité et un respect immenses, la monarchie ne jouit plus du même crédit. Le roi Vajiralongkorn cristallise les mécontentements autour de ce qu’il est, ce qu’il fait, ce qu’il représente. Ce portrait d’une jeunesse rebelle est à retrouver dans nos pages 360°.

Enfin, et c’est notre actualité propre, l’objet de notre troisième dossier : le Forum Expat que Courrier international organise chaque année pour les candidats à l’expatriation et qui se tiendra le 4 novembre à l’auditorium du groupe Le Monde, à Paris, et en direct sur Facebook et YouTube. Il y a cinq ans, nous avons créé, sur notre site Courrier Expat, une rubrique dédiée aux expatriés, qui représentent une part non négligeable de notre lectorat. Vous y trouverez des conseils pratiques, mais aussi des articles traduits de langues étrangères sur la vie au Canada, au Portugal… suivant les principes de Courrier international : la vie ailleurs, vue par la presse étrangère. Cette année, pandémie oblige, partir à l’étranger est devenu plus complexe. Pourtant, nombreux sont ceux qui font encore ce choix, avec une tendance qui se confirme : le nomadisme numérique, auquel nous consacrons ces pages spéciales Expat.

Bonne lecture !

Claire Carrard

16 octobre 2020

Smartphone : l’offensive chinoise en France

Par Vincent Fagot - Le Mond

Après Oppo et Xiaomi, Vivo, cinquième constructeur mondial, se lance à l’assaut du Vieux Continent.

Mardi 13 octobre, Apple a annoncé le lancement de ses premiers smartphones 5G − la dernière génération de téléphonie mobile. Un événement largement commenté.

Pourtant, d’autres constructeurs ont lancé avant la marque à la pomme de tels appareils, à commencer par des fabricants chinois qui sont aujourd’hui les premiers animateurs du marché des terminaux. Ils sont de plus en plus nombreux à essayer de s’imposer dans les pays occidentaux, cherchant ainsi à imiter l’exemple de Huawei, qui a réussi en deux ans à faire grossir sa part au niveau mondial de 11 % à 20 %.

Dernier en date à se lancer à l’assaut du Vieux Continent : Vivo. Une équipe d’une petite vingtaine de personnes a été montée en France pour imposer la marque, en amont de l’événement du 20 octobre qui lui permettra de présenter ses premiers produits. La même démarche a été entreprise au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Pologne, et devrait être étendue à d’autres pays européens.

Des partenariats

En 2010, Vivo a écoulé 110 millions de smartphones, ce qui la place au cinquième rang mondial. Mais ces ventes se sont faites en très grande partie en Asie. Le fabricant possède pourtant une importante force de frappe en matière de recherche et développement avec pas moins de 10 000 ingénieurs.

En France, elle va s’appuyer sur une équipe débauchée chez des acteurs bien établis (Samsung, Honor, Huawei, Nokia, etc.). D’ores et déjà elle a noué des partenariats avec des opérateurs et des enseignes de la grande distribution. « On sait quels leviers activer », explique Jean-Philippe Ladoux, chargé des ventes. N’ayant pas les moyens d’un Apple ou d’un Samsung, le groupe chinois compte sur le bouche-à-oreille pour faire son trou en France. Il doit toutefois annoncer prochainement un partenariat avec un événement sportif très populaire.

Une recette qui a déjà fonctionné pour Oppo, dont on a vu cette année s’afficher le nom le long des cours de Roland-Garros. La marque, qui estime n’être encore connue que par une personne sur trois en France, a constaté que les recherches sur son nom ont bondi pendant la quinzaine d’Auteuil.

OPPO A ÉGALEMENT RÉUSSI À IMPOSER DES PRODUITS HAUT DE GAMME, CE QUI LA PLACE DANS LE TOP 3 EN TERMES DE PRIX MOYEN DE VENTE PAR APPAREIL

Entrée depuis un peu plus de deux ans sur le marché français, la marque connaît une croissance fulgurante (+ 350 % en volume entre les mois de janvier et juillet et la même période il y a un an). Une performance remarquable dans un marché mondial des téléphones marqué par un brusque ralentissement : selon le cabinet Counterpoint, on peut s’attendre à une contraction de 10 %.

L’entreprise a mis les moyens pour cela : elle a même rapatrié en France son service client, localisé jusque-là à l’étranger. Désormais, celui-ci se situe dans les Hauts-de-France, à côté du service de réparation de l’entreprise. Oppo a également réussi à imposer des produits haut de gamme, ce qui la place dans le top 3 en termes de prix moyen de vente par appareil. Le cliché du constructeur chinois low cost a fait florès.

Autre challenger des leaders sur les marchés occidentaux, Xiaomi connaît la même croissance frénétique. Arrivé à peine plus tôt sur le marché français, il prévoit « seulement » une croissance supérieure à 100 % cette année… qu’il estime difficilement tenable l’an prochain. L’entreprise a en tout cas réussi au deuxième trimestre à se hisser au deuxième rang des ventes de téléphones en France grâce à sa forte présence en ligne − situation qu’elle estime elle-même exceptionnelle. Ses effectifs sont passés de cinq employés à plus de quarante et elle prévoit que d’ici à la fin de l’année 3,8 millions de Français auront un de ses smartphones entre leurs mains. La preuve que l’essai a été transformé pour Yan Liu, à la tête de la filiale française : « On n’est plus dans la phase de survie. »

Une aubaine

Comme Huawei, Xiaomi a réussi sa bascule à l’international : le groupe y réalise près de la moitié de ses ventes. Son autre succès a été de réussir à imposer en France la très large étendue de son catalogue. Elle affirme ainsi être aujourd’hui le numéro un des ventes de trottinettes électriques auprès des particuliers. La marque propose également des oreillettes, des aspirateurs, des caméras, des bracelets connectés dans les sept boutiques qu’elle a ouverts sur le territoire.

Pour tous ces fabricants nouvellement arrivés en Europe, les déboires de Huawei, un temps monté sur la première marche du podium des constructeurs mondiaux de smartphones, sont une aubaine. Sous le coup des sanctions des Etats-Unis, le géant de Shenzhen va devoir se passer des meilleures solutions logicielles (il ne peut utiliser la suite des applications Google) et matérielles (il doit renoncer à des puces très performantes).

Même si Huawei est probablement une des marques les mieux armées pour affronter ces défis avec 19 milliards de dollars (16 milliards d’euros) investis chaque année en recherche et développement, on admet en interne que les ventes, qui avaient résisté jusque-là, devraient accuser le coup dans les prochains mois. Ses concurrents en tout cas sont à l’affût.

16 octobre 2020

« Rendez-nous l’argent des impôts ! » : les manifestations interdites à Bangkok

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« Rendez-nous l’argent des impôts ! » : les manifestations interdites à Bangkok, où les protestataires n’hésitent plus à s’en prendre au roi

Par Bruno Philip, Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est - Le Monde

Tout rassemblement de cinq personnes et plus est prohibé après la grande manifestation antigouvernementale de mercredi, au cours de laquelle un cortège royal où se trouvait la reine a été conspué par la foule.

Ce fut la provocation de trop : la Rolls Royce beige de la reine et du prince héritier – suivie d’une cohorte de Mercedes rouges –, est contrainte de ralentir, fendant avec peine la foule des manifestants en train de défiler par milliers, mercredi 14 octobre, dans les rues de Bangkok. La reine Suthida, 42 ans, esquisse un geste de la main, souriante. La réponse de ses sujets n’est pas très aimable. De la foule, difficilement contenue par un cordon de police, des cris fusent : « Rendez-nous l’argent des impôts ! »

La limousine poursuit son chemin, saluée par les mains levées des contestataires, trois doigts tendus en signe de révolte, geste hérité de la série de films américains Hunger Games qui est devenu le signe de ralliement des activistes thaïlandais.

Etat d’urgence « renforcé »

La réaction du pouvoir à ce camouflet populaire infligé à la famille royale n’a pas tardé : dès potron-minet, jeudi, le gouvernement a annoncé l’instauration d’un état d’urgence « renforcé » (ce dernier était déjà en vigueur pour cause de pandémie) après avoir dispersé les derniers manifestants qui campaient devant les bureaux du premier ministre Prayuth Chan-ocha et arrêté une vingtaine de meneurs du mouvement étudiant contestataire. Tout rassemblement de cinq personnes et plus est désormais interdit tandis que sont aussi prohibées de diffusion les informations pouvant mettre en danger « la sécurité nationale ».

Alors que se multiplient depuis trois mois des manifestations antigouvernementales destinées à forcer le premier ministre à la démission, le roi Vajiralongkorn, 68 ans, le monarque le plus riche du monde, est désormais ouvertement critiqué. Une situation sans précédent dans ce royaume où le souverain, monarque censément constitutionnel mais jouissant d’énormes pouvoirs, est quasi divinisé.

Le bras de fer engagé depuis trois mois par des étudiants activistes contre l’oligarchie militaro-monarchiste qui tient les rênes politiques et économiques du pays n’épargne donc plus ce roi dont la fortune est estimée au bas mot à une trentaine de milliards de dollars (25 milliards d’euros). De récentes informations révélant que Sa Majesté dispose en outre d’une flotte de trente-huit avions et hélicoptères aux frais de l’Etat ont suscité une certaine indignation populaire, relayée sur les réseaux sociaux.

Ce genre d’information passe de plus en plus mal dans la population, quand l’économie risque de se contracter de 8 % et que l’industrie touristique s’est quasiment effondrée pour cause de fermeture des frontières en raison de la pandémie de coronavirus.

« Stop à la faim et à la pauvreté ! »

« Je suis un paysan sans terre et ce gouvernement ne profite qu’aux riches », se lamentait dans la manifestation un agriculteur enturbanné originaire d’un village de la province de Chiang Maï, au nord du pays. Phoung Siri, 58 ans, se tenait, avec une dizaine de membres d’une association paysanne, derrière une longue bannière proclamant : « Stop à la faim et à la pauvreté ! » Sous la moustache grisonnante, on sentait la colère contenue du fermier : « Je n’ai jamais fait de politique mais depuis que [le premier ministre et ex-général] Prayuth a fait son coup d’Etat [en 2014], les choses ont empiré. Ce gouvernement viole le droit des gens ! »

Le fait que ce même Prayuth ait formé en 2019 un gouvernement de coalition à l’issue d’élections législatives contestées n’a en rien contribué à amadouer ses adversaires et ceux des héritiers d’une junte militaire qui s’était installée au pouvoir durant cinq années. Dans la foule des quelques dizaines de milliers de manifestants qui ont défilé depuis le monument de la démocratie, épicentre traditionnel des grands rassemblements, il n’y avait pas que des étudiants : on y voyait aussi des paysans, des gens d’âge mur, des anciennes « chemises rouges », partisans d’un ancien premier ministre renversé par l’armée en 2006.

La manifestation de mercredi avait commencé dans une ambiance tendue, en ce mois d’octobre qui est traditionnellement celui de tous les dangers, et en cette journée commémorative du grand rassemblement du 14 octobre 1973 au cours duquel des centaines de milliers de jeunes et d’étudiants avaient réussi à bouter hors du pouvoir le dictateur de l’époque. Au prix de la mort de 77 d’entre eux, tués par les forces de l’ordre…

Dès le début de la matinée, les autorités avaient mobilisé environ 14 000 policiers et membres des unités paramilitaires de la police des frontières la plupart non armés, cependant. Des milliers de partisans du roi, tous vêtus de la chemise jaune qui est la couleur du souverain et des ultraroyalistes, avaient également été mobilisés et s’alignaient sur une grande avenue proche du palais royal. Certains étaient des policiers déguisés, d’autres étaient de simples fidèles venus saluer leur roi, qui devait passer devant eux dans l’après-midi pour aller présider une cérémonie bouddhiste.

« Les contestataires mettent en danger l’unité nationale »

« Je suis un soldat mais je ne vous dirai rien de plus », affirmait l’un de ces hommes en jaune, avec un sourire contraint. « Je suis venu soutenir le roi à un moment où les étudiants et les contestataires mettent en danger l’unité nationale », assurait Pattawee, un chômeur de 44 ans. Un paysan venu de la lointaine province de Sakaeo, à la frontière du Cambodge, confiait ingénument : « La maire de mon village, qui est aussi mon amante, a réquisitionné tout le monde, sur ordre des autorités. On est tous venus en bus. » L’homme, un certain Sanit, 66 ans, ajoutait en souriant : « J’ai reçu 600 bahts [16 euros] pour venir à Bangkok. »

Un quart d’heure plus tard, longeant une foule obéissante, assise à même le goudron, la Rolls Royale défilait sur l’avenue. Installées à l’arrière de la limousine, leurs majestés répondaient en saluant de la main aux cris de leurs sujets, qui scandaient : « Vive le roi ! » C’était quelques heures avant que la reine, assise dans la Rolls sans son époux, se retrouve prise à partie par une foule qui, cette fois, n’était pas en jaune.

16 octobre 2020

Bangkok : vent de fronde contre la monarchie

Regain de tension à Bangkok. Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés, mercredi soir, dans la capitale thaïlandaise pour réclamer la démission du Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, certains exhortant à une réforme de la puissante monarchie. Le cortège de manifestants parti du Monument de la Démocratie scandait « À bas la dictature », « Prayut dehors » et « Vive la démocratie ». Les contestataires ont été stoppés brièvement par des barrages de police, puis les forces de l’ordre ont finalement renoncé à les arrêter et quelque 8 000 personnes, selon les autorités, ont réussi à atteindre la Maison du gouvernement. « Nous ne partirons pas tant que Prayut Chan-O-Cha n’aura pas démissionné », a lancé un des leaders du mouvement.

Un face-à-face inédit

Le long du trajet, plusieurs centaines de partisans pro-royalistes, vêtus de jaune, la couleur du roi, s’étaient rassemblés pour venir saluer et soutenir le monarque Maha Vajiralongkorn. Ce dernier, qui séjourne très fréquemment en Europe, est actuellement en Thaïlande où il préside plusieurs cérémonies et son convoi ne pouvait éviter le parcours de la manifestation. « La monarchie existe depuis plus de 700 ans. Ils veulent la renverser. On est venu apporter notre amour à notre souverain », a déclaré une de ses partisanes, Siri Kasemsawat, guide touristique avant la pandémie de coronavirus.

Hormis quelques brèves échauffourées, les deux camps, pro-royaliste et anti-establishment, ont maintenu leurs distances. Mais c’est la première fois qu’ils se retrouvaient face à face depuis le début du mouvement de contestation, qui a fleuri cet été au sein d’une partie de la jeunesse thaïlandaise.

Défi à la royauté

Une voiture du cortège royal, avec à son bord la reine Suthida, a été arrêtée quelques instants et des dizaines de manifestants pro-démocratie ont levé trois doigts devant son véhicule. La veille, au passage du roi, d’autres activistes avaient fait ce même salut, inspiré par le film « Hunger Games », des gestes inédits de défi à l’autorité royale.

Ces militants demandent une réforme en profondeur de la royauté, une revendication encore impensable il y a quelques mois dans le pays. « Nous ne voulons pas renverser la monarchie, nous lui demandons simplement de s’adapter avec nous », a commenté Dear Thatcha, une jeune Thaïlandaise de 20 ans. Les manifestants réclament aussi le départ du Premier ministre, le général Prayut Chan-O-Cha, au pouvoir depuis un coup d’État en 2014 et légitimé par des élections controversées, l’année dernière.

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16 octobre 2020

Emmanuel Macron acte l’échec de l’application StopCovid et annonce une nouvelle version : « Tous anti-Covid »

Par Florian Reynaud - Le Monde

L’application de suivi de cas contacts du gouvernement n’a été téléchargée que 2,6 millions de fois en quatre mois. « Ça n’a pas marché », a admis le président de la République, qui a annoncé une nouvelle version pour le 22 octobre, dont la priorité sera « l’information » sur la maladie.

Le président de la République a reconnu, mercredi 14 octobre, que l’application StopCovid, conçue pendant le confinement pour améliorer le suivi des contaminations au coronavirus, avait été un échec. « Ça n’a pas marché », a déclaré Emmanuel Macron sur France 2 et TF1, dans une intervention où il a annoncé l’instauration d’un couvre-feu en Ile-de-France et dans huit métropoles.

Le président de la République a admis que l’application française pour smartphones de suivi des cas contacts avait été « beaucoup moins téléchargée » que dans d’autres pays européens où un dispositif similaire avait été mis en place. « Personne n’a réussi à [en] faire un vrai outil d’alerte », a-t-il ajouté.

StopCovid, sous sa forme actuelle, a été installée environ 2,6 millions de fois depuis son lancement début juin. C’est bien moins que les applications britannique et allemande, téléchargées respectivement 16 millions et 20 millions de fois. Outre-Rhin et outre-Manche, les autorités n’ont en revanche pas communiqué sur le nombre de cas contacts signalés grâce leur dispositif.

Selon les derniers chiffres transmis par le gouvernement français la semaine passée, ce sont 7 969 personnes qui se sont déclarées comme étant positives au Covid-19 dans l’application, générant seulement 472 notifications envoyées à de potentiels cas contacts. Cela alors qu’actuellement, la France compte en moyenne 20 000 nouveaux malades par jour, selon ce qu’a déclaré Emmanuel Macron mercredi soir.

Une nouvelle « application d’information »

En complément aux nouvelles mesures annoncées mercredi en France, le gouvernement publiera le 22 octobre une nouvelle version de l’application. Renommée « Tous anti-Covid », elle conservera comme objectif de faciliter le contact tracing et le suivi des chaînes de contamination. Mais, a précisé Emmanuel Macron, il s’agira surtout d’une « application d’information », prévenant les utilisateurs de « la circulation du virus, des points pour se faire tester, etc. ».

Par ailleurs, le gouvernement donnera « un mode d’emploi très clair » aux utilisateurs, afin de les sensibiliser à l’utilisation de l’application. Cela consistera, selon Emmanuel Macron, à « dire aux gens : quand vous allez au restaurant, au bar, à chaque fois que [vous êtes] dans un endroit où il y a risque », il faut allumer l’application.

C’est également ce que soulignait le ministre de la santé, Olivier Véran, lors d’un point presse le 17 septembre, en parlant de StopCovid :

« Si vous n’avez pas envie de la brancher toute la journée, je vous demande au moins de le faire quand vous allez dans un bar ou dans un endroit où vous n’êtes pas sûr de pouvoir respecter la distanciation sociale. »

Par ailleurs, une nouvelle société doit remplacer fin octobre Capgemini, qui travaillait jusqu’alors gratuitement comme chef de projet sur StopCovid. Elle sera désignée via une procédure d’appel d’offres, et le plafond mensuel de dépenses liées à l’application augmentera, de 100 000 euros aujourd’hui à « probablement autour de 200 000 euros », a fait savoir le secrétaire d’Etat chargé du numérique, Cédric O

16 octobre 2020

Milo Moiré

milo (1)

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15 octobre 2020

Les élections américaines de novembre 2020

15 octobre 2020

La basilique du Sacré-Cœur classée monument historique

Par Cédric Pietralunga - Le Monde

L’édifice, le deuxième le plus visité de la capitale après Notre-Dame, a longtemps été associé à la Commune de Paris, ce qui explique ce classement tardif.

« C’est un événement ! », reconnaît elle-même la ministre de la culture Roselyne Bachelot. Un siècle après sa consécration, la basilique du Sacré-Cœur, située au sommet de la butte Montmartre à Paris (18e), va être protégée au titre des monuments historiques. La décision de son inscription a été prise mardi 13 octobre par le préfet d’Ile-de-France, après un avis favorable de la commission régionale de l’architecture et du patrimoine. Sa procédure de classement, qui devrait accorder une protection encore plus importante au monument, sera lancée dans la foulée et devrait aboutir à l’été 2021, assure-t-on rue de Valois.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Sacré-Cœur ne faisait jusqu’à aujourd’hui l’objet d’aucune protection, alors que 1 957 sites parisiens – dont soixante-six églises – sont inscrits ou classés au titre des monuments historiques.

« Expier les crimes des communards »

C’est pourtant le deuxième lieu le plus visité de la capitale, après la cathédrale Notre-Dame : environ dix millions de promeneurs et de pèlerins se rendent chaque année dans l’édifice en pierre calcaire de Château-Landon, qui a la particularité de se nettoyer au contact de la pluie, ce qui explique sa blancheur éclatante. C’est plus qu’au musée du Louvre (9,6 millions de visiteurs en 2019) ou qu’à la tour Eiffel (6,2 millions).

Selon le ministère de la culture, c’est à « une mauvaise lecture de l’histoire » que le Sacré-Cœur doit de ne jamais avoir été classé. Longtemps, la basilique a été associée aux événements de la Commune de Paris, la croyance publique laissant entendre que son édification avait été décidée pour « expier les crimes des communards ».

De fait, c’est au sommet de la butte Montmartre que débuta l’insurrection des Parisiens le 18 mars 1871, lorsque les troupes d’Adolphe Thiers vinrent enlever les canons de la Garde nationale qui y étaient entreposés. Mais la décision d’édifier la basilique a été prise dès 1870, affirment les historiens. « Ces querelles sont derrière nous mais ont retardé le processus de protection », reconnaît Roselyne Bachelot.

Subventions de l’Etat en cas de restauration

Propriétaire du site depuis 1905, la mairie de Paris a néanmoins tenu à ce que les abords du Sacré-Cœur soient eux aussi protégés, pour éviter toute polémique. Outre la basilique elle-même, le parvis qui domine Paris à 130 mètres de hauteur (point culminant de la capitale), les escaliers qui serpentent le long de la butte Montmartre, ainsi que le square Louise-Michel attenant, seront inscrits au titre des monuments historiques.

« Un lien mémoriel existe entre la basilique et la Commune de Paris, on ne peut pas le nier. Mais le classement se base sur le geste architectural », précise Karen Taïeb, adjointe à la maire de Paris, chargée du patrimoine. Le site sera d’ailleurs associé au 150e anniversaire des événements de la Commune, commémoré en mars 2021.

Outre son aspect symbolique, l’inscription du Sacré-Cœur permettra à l’archidiocèse de Paris, qui gère le site, de bénéficier de subventions de l’Etat en cas de travaux de restauration (jusqu’à 30 % du montant pour les immeubles inscrits, 50 % pour les immeubles classés).

Même si la basilique « se porte bien » et ne nécessite pas de réparations d’urgence, contrairement à la plupart des 87 cathédrales françaises propriétés de l’Etat, des aménagements de la crypte sont envisagés. « Celle-ci n’a jamais été terminée. Il faut penser à l’avenir du bâtiment, nous travaillons pour l’histoire », estime le père Stéphane Esclef, recteur du Sacré-Cœur.

15 octobre 2020

Jeanne Moreau

jeanne moreau newton

Vêtements, bijoux et photos... Des souvenirs de Jeanne Moreau, dont sa garde-robe à la ville comme à la scène, seront mis aux enchères du 16 au 22 octobre par Artcurial au profit de la fondation de l'actrice pour le théâtre, le cinéma et l'enfance, a annoncé la maison de ventes.

Estimés à partir de 250 euros, les 300 lots seront exposés en accès libre dès le premier jour de la vente dans les salons d'Artcurial. Les enchères se dérouleront uniquement en ligne, sur le site de la maison de ventes.

Un ensemble composé d'une veste sur jupe longue en soie rebrodée de perles et de sequins de la maison Chanel, porté au Festival de Cannes par Jeanne Moreau en 2003, une bague en or jaune ornée d’une perle dans un entourage de diamants, une boîte à chapeau Goyard et une paire de mules Roger Vivier portée dans le film "La Grande Catherine" (1968) de Gordon Flemyng sont au catalogue.

"A travers la vente de cette importante garde-robe, nous avons souhaité saluer le style intemporel et l’élégance de Mademoiselle Moreau, muse des cinéastes mais également des créateurs de mode", souligne Clara Vivien, spécialiste mode pour Artcurial.

Amie de nombreux couturiers, l'actrice décédée en 2017 a rencontré Pierre Cardin lors d’une séance d’essayage des costumes pour "Eva" (1962), film de Joseph Losey. Ils ont entamé une romance de plusieurs années.

Parmi les créations haute couture de Pierre Cardin pour Jeanne Moreau, seront proposés notamment aux enchères un ensemble pailleté cuivré, une robe du soir et un manteau en vinyle noir.

Des vêtements dessinés par Coco Chanel, Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld pour Jeanne Moreau, mais aussi une quarantaine de photographies de l'actrice signées Helmut Newton, Peter Lindbergh et Henri Cartier-Bresson, seront aussi dispersés.

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