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Jours tranquilles à Paris

8 avril 2020

Yurie Nagashima, un regard féminin de premier plan dans la photographie japonaise

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La photographe et écrivaine Yurie Nagashima a grandi entourée de solides modèles féminins : ses professeurs, les membres de sa famille et Simone de Beauvoir. Des femmes n’ayant rien à voir avec l’attitude attendue d’une femme dans le Japon des années 1990. Ignorant ceux qui lui demandaient d’être plus féminine, la jeune Nagashima décide de faire porter sa voix singulière par la photographie. Et sa voix a été entendue. C’est alors qu’elle est encore étudiante à l’université qu’elle remporte le prix Urbanart. Parmi les membres du jury : le photographe reconnu et hautement polémique, Araki Nobuyoshi.

La série de photographies qui lui a valu ce prix, dépeignant la famille de Nagashima dans sa nudité, fait rapidement sensation au niveau national. Peu de temps après, l’expression « photographies de fille » (onna no ko shashin) voit le jour pour désigner un groupe de femmes photographes — dont Nagashima est l’une des figures de proue —, qui documentent leur vie quotidienne et s’expriment pour la première fois librement et au grand jour. Leur recours fréquent aux autoportraits et à la nudité ne laissent pas les critiques indifférents et un doute émerge sur les motivations réelles de ces photographes.

Interrogée sur la série, Nagashima explique qu’elle n’est pas sensée représenter sa famille, mais une famille, n’importe laquelle. L’artiste désire entamer un dialogue sur le concept même de famille en tant qu’unité politique et reflet des dynamiques qui traversent notre société. Cette quête d’une explication imagée du concept de famille, qui a commencé avec elle dans son rôle de fille et de sœur, a naturellement évolué au fil du temps, à mesure que la photographe a adopté de nouveaux rôles — ceux de mère, épouse et belle-fille.

L’attitude de l’artiste vis-à-vis de l’acte photographique en lui-même a également changé. Moins audacieuse qu’auparavant, elle accepte désormais que certains moments doivent filer sans être interrompus par le bruit de l’obturateur. Mais même si le ton de sa voix s’est modifié à mesure que Nagashima a mûri et approfondi sa connaissance du féminisme, notamment grâce à des études de sociologie, son message reste clair. Pour l’une de ses dernières installations, l’artiste a cousu avec sa mère une tente composée de vieux vêtements de sa famille, mettant ainsi en lumière les concepts de famille et de foyer qui ont toujours été au cœur de son travail.

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8 avril 2020

Deux millions de masques en tissu offerts aux Parisiens par la Mairie de Paris

Ce mardi 7 avril, Anne Hidalgo était au micro de franceinfo. L’occasion pour la maire de Paris de remettre les pendules à l’heure sur la question qui brûle toutes les lèvres : doit-on porter un masque ou non ?

La réponse est oui, bien évidemment. Le port du masque est d’ailleurs si important que la maire évoque la possibilité de le rendre obligatoire pour tous les Parisiens dans la rue, à l’instar de la ville de Nice. Et puisqu’on sait comme ils sont difficiles à dénicher, elle annonce également que deux millions de masques en tissu vont être offerts aux Parisiens, « fabriqués par un réseau d'une trentaine de petites entreprises de l'économie sociale et solidaire, dans les prochains jours ».

Dans la même veine, c’est le gel hydroalcoolique qui serait aussi bientôt disponible gratuitement dans la rue via des distributeurs, « à chaque coin de rue (...) pour avoir aussi de quoi se nettoyer les mains ».

Le jogging interdit entre 10h et 19h

Enfin, Anne Hidalgo aborde le sujet sensible du sport pendant le confinement, puisqu’on voit de nombreux joggeurs abuser de leur autorisation de sortie, prenant le risque de propager le virus. « On est en train de travailler sur des horaires qui permettraient aux joggeurs de courir plus tôt le matin et plus tard le soir pour éviter qu'on ne croise les autres », affirme la maire de Paris, proposant d’interdire le jogging entre 10h et 19h afin de compartimenter les sorties des uns et des autres.

8 avril 2020

Mieux vaut être dans un appartement de six pieds que six pieds sous terre !!!

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8 avril 2020

Gainsbourg Birkin le couple mythique

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8 avril 2020

« StopCovid » : l’application sur laquelle travaille le gouvernement pour contrer l’épidémie

Par Olivier Faye, Chloé Hecketsweiler, François Béguin, Martin Untersinger

Olivier Véran et Cédric O, ministre de la santé et secrétaire d’Etat au numérique, expliquent dans un entretien au « Monde » réfléchir au développement d’une application pour smartphone pour « limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission ».

Selon l’organisme de sécurité sanitaire Santé publique France (SpF), 597 personnes sont mortes dans les hôpitaux du pays depuis vingt-quatre heures, soit 10 328 depuis le début de l’épidémie. Le nombre de patients en réanimation continue, lui, d’augmenter.

Dans un entretien au Monde, le ministre de la santé, Olivier Véran, et le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, expliquent réfléchir au développement d’une application pour smartphone qui serait destinée à « limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission ». « Nous en sommes à une phase exploratoire mais nous ne voulons fermer aucune porte », assurent-ils.

Le premier ministre Edouard Philippe s’est dit favorable à un traçage numérique des Français sur la base du volontariat pour lutter contre le Covid-19. Quelle solution avez-vous retenue ?

Cédric O : Dans le combat contre le Covid-19, la technologie peut aider. Nous ne voulons fermer aucune porte mais nous sommes sans certitude de succès. Le gouvernement a décidé de lancer le projet StopCovid afin de développer une application qui pourrait limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission. L’idée serait de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif afin de pouvoir se faire tester soi-même, et si besoin d’être pris en charge très tôt, ou bien de se confiner.

Le principe serait simple : l’application est installée volontairement ; lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l’un enregistre les références de l’autre dans son historique. Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne sont prévenus de manière automatique.

Olivier Véran : Depuis le premier jour de la crise épidémique, nous avons décidé d’être dans l’anticipation, c’est-à-dire de disposer au moment opportun de tous les moyens possibles pour lutter contre la diffusion du virus.

Certains sont technologiques. Des pays en ont fait l’usage, et il faut être prêt à pouvoir en faire bénéficier les Français, si les scientifiques nous disent que cela peut nous aider à lutter contre la propagation de l’épidémie. Aucune décision n’est prise.

Que dirait cette application concrètement ? Donnerait-elle une instruction à l’utilisateur, et si oui, laquelle ?

O : L’application vous informera simplement que vous avez été dans les jours précédents en contact avec quelqu’un identifié positif au SARS-CoV-2.

Ne craignez-vous pas un effet anxiogène ?

Véran : Aux Contamines-Montjoie (Haute-Savoie), quand il y a eu des patients diagnostiqués, les équipes d’intervention ont interrogé tout le monde. Cela nous a fait gagner du temps avant que l’épidémie se répande sur le territoire.

Le « contact tracing » – c’est-à-dire la recherche de toutes les informations sur les rencontres faites par une personne contaminée – a permis de remonter à des patients sources, d’identifier des chaînes de contamination et de freiner la diffusion de l’épidémie. Cette approche n’a pas évolué depuis le premier jour ; il y a encore des territoires où on le pratique.

Quelle technologie serait utilisée ?

O : Nous travaillons sur le Bluetooth. Cette technologie est au centre d’un projet européen mené à la fois par l’Allemagne, la France et la Suisse. L’Inria [Institut national de recherche en informatique et en automatique] pilote, sous la supervision du gouvernement, la « task force » française composée de chercheurs et développeurs du public et du privé.

Envisagez-vous une autre technologie, par exemple le GPS ?

O : Seul le Bluetooth est envisagé. L’application ne géolocalisera pas les personnes. Elle retracera l’historique des relations sociales qui ont eu lieu dans les jours précédents, sans permettre aucune consultation extérieure, ni transmettre aucune donnée.

Ce n’est pas une application qui trace vos déplacements, c’est une application qui permet d’indiquer aux personnes que vous avez croisées pendant un temps long qu’elles ont, éventuellement, rencontré un cas positif au SARS-CoV-2.

A quelle échéance cette application pourrait être utilisée ?

O : La task force est au travail depuis plusieurs jours pour développer un prototype mais je ne peux pas vous dire s’il nous faudra trois ou six semaines pour le développer. Nous ne sommes pas certains de réussir à franchir toutes les barrières technologiques car le Bluetooth n’a pas été prévu pour mesurer des distances entre les personnes. Nous ne déciderons que plus tard de l’opportunité de déployer ou non une telle application.

Cette application sera-t-elle concomitante au déconfinement ? Pourrait-elle être obligatoire pour être déconfiné ?

O : Nous ne travaillons que sur l’hypothèse d’une installation volontaire de l’application. J’ajoute que le projet StopCovid n’est qu’une brique – par ailleurs incertaine – d’une stratégie globale de déconfinement et un outil numérique parmi d’autres dans la lutte contre l’épidémie. Nous voulons faire en sorte que les Français puissent avoir à leur disposition, le moment venu, les outils nécessaires à leur protection. Viendra alors le temps de la décision, après un débat avec l’ensemble des parties prenantes.

Il faut se garder du fantasme d’une application liberticide. Notre hypothèse est celle d’un outil installé volontairement, et qui pourrait être désinstallé à tout moment. Les données seraient anonymes et effacées au bout d’une période donnée. Personne n’aura accès à la liste des personnes contaminées, et il sera impossible de savoir qui a contaminé qui. Le code informatique sera public, « auditable » par n’importe qui, et compatible avec d’autres pays. Nous veillons à associer étroitement la CNIL [Commission nationale de l’informatique et des libertés] : la version finale de ce projet lui sera évidemment soumise.

Il faut se garder aussi d’un fantasme opposé, celui de l’application magique qui permettrait de tout résoudre. Il y a une incertitude technologique, et ce n’est qu’une brique optionnelle dans une stratégie globale de déconfinement.

Quelle proportion de la population devrait télécharger l’application ? Pour être efficace, il faudrait que des millions de Français l’aient dans leur téléphone…

O : Les études épidémiologiques sont très diverses sur ce sujet. Or, nous ne savons aujourd’hui ni si l’application fonctionnera ni quelle sera la stratégie de déconfinement. De ces deux éléments dépendra évidemment la réponse à votre question.

Ce que je tiens à rappeler, c’est que nous ne travaillons pas sur un autre principe que celui d’une installation volontaire de l’application.

Comment comptez-vous procéder pour ceux qui ne disposent pas de smartphone ?

O : La fracture numérique, qui concerne près de 13 millions de nos concitoyens aujourd’hui, nous préoccupe évidemment. Nous travaillons sur diverses possibilités d’aide à l’équipement, ou à des alternatives aux smartphones pour ceux qui n’en disposent pas. Et un certain nombre de paramètres sont pris en compte sur l’ergonomie pour que l’application soit simple à utiliser et accessible aux personnes en situation de handicap.

Plusieurs membres du gouvernement, vous compris, se déclaraient il y a encore quelques jours opposés à ces méthodes de tracking. Pourquoi avoir changé d’avis ?

Véran : Je me suis déclaré très sceptique sur l’utilisation d’un tracking numérique avec un modèle qui informerait systématiquement de toute personne de votre entourage ou de vos contacts présentant des symptômes de la maladie.

Aujourd’hui, notre réflexion est sur la base du volontariat. Elle est compatible avec le droit européen des données personnelles, avec des données anonymisées. C’est une réflexion préliminaire pour savoir si des outils numériques, dans des conditions conformes à la tradition française de sécurité et de garantie des libertés individuelles et collectives, peuvent être un appui pour les médecins dans une démarche épidémiologique. Ne pas se poser la question aujourd’hui c’est prendre le risque de ne pas être prêts demain si d’aventure on se rendait compte que c’était nécessaire.

Selon la plupart des sondages, les Français sont réceptifs à ce type de mesures. La restriction des libertés peut-elle être engagée dans la mesure où les Français y seraient favorables ?

Véran : C’est une question fondamentale. Les Français ont accepté de renoncer temporairement, le temps de l’épidémie, à une part de liberté individuelle et collective à travers le confinement. Le civisme dont ils font preuve est tout simplement remarquable. Il s’agit de sauver des vies et ils l’ont compris.

O : Notre approche est respectueuse des libertés publiques et proportionnée. Nous agissons en toute transparence depuis le début de cette crise : ce à quoi nous réfléchissons, et sur ce que sont nos doutes. Par ailleurs, notre approche est évidemment temporaire. Le projet StopCovid dont nous parlons n’a pas vocation à aller au-delà de la crise sanitaire.

Une partie de la majorité comme de l’opposition se tient vent debout contre de telles mesures. N’allez-vous pas fragiliser davantage une union nationale déjà chancelante ?

Véran : Une partie de l’opposition et de la majorité est opposée à une démarche qui contreviendrait au respect de la vie privée, qui serait obligatoire et restreindrait les libertés individuelles. Or, ce n’est pas ce que nous faisons.

Si nous ne menions pas cette réflexion, et s’il s’avérait le moment venu que cet outil était précieux dans la lutte contre la diffusion du virus, les mêmes qui aujourd’hui nous font un procès seraient les premiers à venir nous dire que la France ne s’est pas préparée. Nous avons une stratégie qui est dans l’intérêt général et dans l’anticipation. Le reste, je laisse ça au débat politique, qui est légitime.

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8 avril 2020

Vu sur internet - j'aime bien

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8 avril 2020

La France, quatrième pays à franchir le seuil des 10 000 morts

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Mardi, 1 417 décès supplémentaires ont été recensés. “Nous n’avons pas atteint le ‘pic critique’ de la crise”, a rappelé le directeur général de la santé, Jérôme Salomon.

C’est un “chiffre horrible”, écrit, au Royaume-Uni, le Daily Express, une “grande tragédie”, s’émeut, en Espagne, le quotidien ABC : la France a fait état, mardi 7 avril, de 1 417 décès supplémentaires en vingt-quatre heures et d’un total de 10 328 morts depuis le début de l’épidémie de Covid-19.

Elle est ainsi devenue le quatrième pays à enregistrer plus de 10 000 décès dus aux coronavirus, note encore le Daily Express. Après l’Italie, “pays le plus touché au monde, avec 17 127 morts et 135 586 cas confirmés”, l’Espagne avec “743 nouveaux décès mardi” pour un total de “13 798 morts” et “140 510 cas confirmés”, et les États-Unis, qui comptent “11 800 décès et 380 000 cas”.

Courbe à l’italienne, “avec onze jours de retard”

Le bilan quotidien de 1 417 morts représente “près du double du précédent record de 833 (morts) établi” la veille dans l’Hexagone, s’inquiète le tabloïd britannique. Il correspond à 597 nouveaux décès dans les hôpitaux et à 820 décès dans les Ehpad et établissements médico-sociaux, détaille ABC. Ce dernier chiffre est “frappant” et la situation dans les maisons de retraites médicalisées “est celle qui alarme le plus, alors qu’aux premiers jours les victimes n’ont même pas été comptées”, estime, en Italie, le Corriere della Sera. “Il est maintenant clair que l’épidémie s’est répandue dans les institutions pour personnes âgées. […] Le directeur général de la santé (Jérôme Salomon) a annoncé la mobilisation de la ‘réserve sanitaire’ pour faire face à la crise.”

“Mardi, le ministère français de la Santé a publié des chiffres de mortalité nationaux très élevés”, résume ABC, tout en rappelant que le sujet “est très controversé”, “les différents États européens” ayant “des méthodes de comptabilisation qui ne sont pas toujours similaires”. Le journal n’entrevoit en tout cas “aucune perspective d’amélioration” à court terme. Car le nombre d’infection continue pour l’instant d’augmenter, a averti M. Salomon lors de son point presse quotidien :

Nous n’avons pas atteint le ‘pic critique’ de la crise. Chaque jour, les hôpitaux et les maisons de retraite comptent de plus en plus de malades. Nous n’avons jamais atteint un tel niveau critique en France. Nous sommes toujours dans une phase ascendante, même si elle ralentit un peu.”

“L’heure du confinement”, actuellement prévu jusqu’au 15 avril, “va durer”, a d’ailleurs martelé le Premier ministre, Édouard Philippe, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée. Au 22e jour depuis l’entrée en vigueur des restrictions de déplacement, les Français commençaient mardi “à montrer des signes d’impatience”, notamment en raison de “la chaleur et du beau temps”, remarque le Corriere della Sera. “Même si la courbe de contagion semble toujours suivre la tendance italienne, avec onze jours de retard.”

Débats sur l’après

En attendant, la France, “pays de penseurs et de philosophes”, réfléchit à l’après, raconte le quotidien espagnol La Vanguardia. “Il n’est pas surprenant que la crise du coronavirus (y) fasse l’objet de nombreux débats”, estime le correspondant du journal à Paris. “On s’interroge sur les valeurs de la société et ce qui se passera quand tout cela sera fini. Comment le monde aura-t-il changé ? Comment aura évolué notre façon de vivre ?”

Le journaliste prédit un avenir où le télétravail sera “beaucoup plus répandu”, un “renforcement” du système de santé. “La France repense également la mondialisation”, relate-t-il. Et, “après avoir découvert les dangers de dépendre de la Chine pour des produits vitaux”, comme les masques de protection, “envisage le rapatriement de certaines activités”.

Violette Robinet

situation au 7 avril

8 avril 2020

La PQR du 8 avril

PQR 8 avril

PQR2 le 8 avril

8 avril 2020

Libération du 8 avril

libe 8 avril

8 avril 2020

Inégalités - Aux États-Unis, les Noirs et les plus pauvres touchés de plein fouet par l’épidémie

THE NEW YORK TIMES (NEW YORK)

À Chicago, Milwaukee ou Detroit, les statistiques des décès le montrent : les Africains-Américains sont affectés de façon disproportionnée par le coronavirus qui fait des ravages dans les communautés les plus vulnérables.

On entend dire que le Covid-19 ne respecte ni races, ni classes sociales ni pays, qu’il ne fait pas de distinguo et touchera tous ceux qu’il peut.

C’est vrai en théorie, mais en pratique, dans le monde réel, le nouveau coronavirus se comporte comme tous les autres et fonce en hurlant comme un missile thermoguidé sur les membres les plus vulnérables de la société.

Et ce n’est pas parce qu’il les préfère mais parce qu’ils sont plus exposés, plus fragiles et plus malades.

Les catégories les plus vulnérables de la société varient selon les pays mais, aux États-Unis, la vulnérabilité est fortement liée à la race et à la pauvreté.

Les premières données en provenance des villes et des États montrent que les Noirs sont affectés de façon disproportionnée par le virus, avec des conséquences dramatiques. D’après le [site d’investigation] ProPublica, au 3 avril, les Noirs représentaient 81 % des décès dans le comté de Milwaukee, dans le Wisconsin, alors qu’ils ne constituent que 26 % de la population de ce comté.

La station de radio locale WBEZ a annoncé le 5 avril que “70 % des personnes mortes du Covid-19” à Chicago étaient “noires” et que “si les Noirs ne constituaient que 23 % de la population” du comté de Cook, qui entoure la ville, ils représentaient “58 % des décès dus au Covid-19”.

Le quotidien local The Detroit News a rapporté la semaine dernière que “40 % au moins des personnes tuées par le Covid-19 dans le Michigan” étaient “noires, un pourcentage qui dépasse de loin la proportion d’Africains-Américains dans la région de Detroit et dans l’État du Michigan.”

Si ce schéma se retrouve dans d’autres États et d’autres villes, ce virus risque d’avoir un impact catastrophique sur les Noirs américains.

La distanciation sociale est un privilège

Pourtant, la couverture médiatique et la réponse des autorités ne semblent pas se concentrer sur ces disparités raciales. On se retrouve donc face à une désinformation aux conséquences mortelles.

Il faut arrêter de penser que cette maladie ne touche que les membres de la “jet-set” ou les gens qui partent en vacances, ou que c’est un “virus chinois” comme se plaît à l’affirmer le président Trump. Il faut également arrêter de s’imaginer que ce virus tue sans distinction.

Et il faut arrêter de déclarer simplement que la meilleure défense que l’on ait vis-à-vis de cette maladie consiste à faire quelque chose que tout le monde peut faire : rester chez soi et maintenir une distance sociale.

Comme le pointait un rapport de l’Economic Policy Institute [Institut de politique économique] publié fin mars, “moins d’un travailleur noir sur cinq et environ un travailleur hispanique sur six est en mesure de travailler à son domicile”. Le rapport précisait : “Seulement 9,2 % des personnes faisant partie du quart inférieur de l’échelle des rémunérations peuvent travailler à distance, contre 61,5 % des personnes appartenant au quart le plus élevé.”

Si on exerce un métier qui implique de toucher des gens, parce qu’on s’occupe de personnes âgées ou qu’on garde des enfants, si on leur coupe les cheveux, si on nettoie leur logement ou si on prépare leurs repas, si on conduit leur voiture ou si on construit leur maison, on ne peut pas faire ça de chez soi.

Rester à la maison est un privilège. La distanciation sociale est un privilège.

Elitisme économique

Les personnes qui ne peuvent pas faire de télétravail doivent faire des choix terribles : rester à la maison et risquer de mourir de faim ou aller travailler et risquer d’attraper la maladie. Et c’est la même chose pour les pauvres du monde entier, de New Delhi à Mexico.

S’ils vont travailler, ils doivent souvent emprunter des transports publics bondés parce qu’un travailleur percevant un bas salaire ne peut pas nécessairement se permettre d’avoir une voiture ou d’appeler un taxi.

Telle est la vie des travailleurs pauvres ou de ceux qui sont légèrement au-dessus du seuil de pauvreté mais ont quand même du mal à s’en sortir.

Tout le débat sur ce virus est entaché d’élitisme économique. Les commentaires postés sur les réseaux sociaux sous les images de bus bondés et de grappes de livreurs qui attendent devant les restaurants reprochent aux Noirs et aux minorités de ne pas rester confinés, mais beaucoup de ces donneurs de leçons sont installés dans des logements confortables avec suffisamment d’argent et de nourriture.

Ils sont incapables de comprendre ce que c’est vraiment que d’être pauvre, de vivre dans un espace trop petit, avec trop de gens, de ne pas avoir assez d’argent pour faire des provisions de nourriture ni de place où entreposer ses stocks si on pouvait en faire. Ils ne savent pas ce que c’est que de vivre dans un désert alimentaire où les fruits et légumes frais sont introuvables mais la malbouffe, bon marché et abondante.

Ils s’empressent de reprocher à ces gens de s’entasser dans les fast-foods pour trouver quelque chose à manger, mais tout le monde n’a pas les moyens de s’approvisionner auprès de plateformes comme GrubHub ou FreshDirect.

La possibilité de paniquer

En outre, dans ce pays où on a fait sentir à trop de Noirs que leur vie était constamment menacée, l’existence d’une menace de plus ne provoque pas vraiment la panique. La possibilité de paniquer est un privilège réservé aux personnes qui ont rarement à le faire.

J’encourage du fond du cœur tous ceux qui le peuvent à rester chez eux, mais je suis aussi conscient que tout le monde ne le peut pas et qu’il ne s’agit pas simplement d’un mépris pathologique pour l’intérêt général.

Si vous êtes réfugiés dans une tour d’ivoire ou un appartement douillet et que votre plus grande préoccupation est l’ennui et les restes de nourriture, cessez de vous en prendre à ceux qui font ce qu’ils peuvent pour survivre.

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