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Jours tranquilles à Paris

2 avril 2020

Témoignages - Avec la crise, les travailleurs invisibles sortent de l’ombre

Par Alexandre Piquard, Louisa Benchabane, Francine Aizicovici, Laurence Girard, Eric Béziat, Cécile Prudhomme, Camille Bordenet, Juliette Garnier, Béatrice Madeline

Alors que l’économie française connaît un arrêt brutal en raison de l’épidémie de Covid-19, caissières, livreurs, agents de nettoyage, ouvriers de chantier, conducteurs de métro, auxiliaires de vie, apparaissent enfin pour ce qu’ils sont : des rouages essentiels de la vie du pays.

Le Covid-19 les a fait surgir au grand jour. Alors que l’économie du pays est clouée au sol, caissières, livreurs, agents de nettoyage, ouvriers de chantier, conducteurs de métro, auxiliaires de vie, ces travailleurs invisibles apparaissent enfin pour ce qu’ils sont : des rouages essentiels de la vie du pays, sans lesquels point de commerces, de transports ou de services aux personnes.

Alors qu’une partie des salariés s’installent dans le télétravail, ils et elles n’ont pas d’autre choix que de continuer à aller travailler, parfois de nuit, souvent en horaires décalés, toujours au risque d’attraper la maladie. Quatre d’entre eux ont déjà perdu la vie, comme le rappelle la fédération CGT des commerces et services dans une lettre ouverte adressée à la ministre du travail Muriel Pénicaud, le 31 mars. Et des centaines d’autres sont contaminés. « Cette crise fait apparaître une forme de pénibilité que l’on n’imaginait plus : celle d’être exposé à un risque sanitaire létal dans le cadre de son activité professionnelle », souligne le sociologue Julien Damon, professeur associé à Sciences Po. « Cette exposition à des risques majeurs n’était plus tellement prise en compte dans l’évolution de notre droit du travail, on l’avait un peu oubliée. »

Selon une note de l’OFCE publiée lundi 30 mars, 8,4 millions de personnes en France peuvent travailler à distance, de leur domicile : la moitié sont des cadres, les autres sont employés qualifiés ou appartiennent aux professions intermédiaires, comme les enseignants. Et, à l’inverse, 18,8 millions de salariés, ouvriers ou employés pour l’essentiel, ne peuvent effectuer leur travail à distance. Pour certaines personnes interrogées, il existe une certaine fierté à continuer à aller au travail, que ce soit pour ne pas laisser tomber les « copains » ou les personnes dont elles s’occupent, pour contribuer à assurer le service public. Mais c’est aussi un non-choix. Droit de retrait difficile à faire appliquer, nécessité de faire rentrer un salaire coûte que coûte. Beaucoup y vont la boule au ventre, avec la peur de tomber malade, de contaminer leur famille.

« On est là pour la survie de l’entreprise »

Samuel Dubelloy, 48 ans, ouvrier chez Arc à Arques (Pas-de-Calais)

« Je travaille chez Arc depuis plus de quinze ans, pour un salaire de 1 944 euros, à raison de trente-deux à trente-trois heures par semaine. Le mois prochain, j’aurai 49 ans. Je n’ai jamais vu autant de gars ayant peur d’aller travailler, c’est énorme. Depuis lundi 23 mars, toute l’organisation du personnel a été revue [seuls 700 des 2 500 ouvriers y ont conservé leur poste sur les chaînes de production, à la suite de l’adoption d’un plan de crise réduisant de 70 % le tonnage pour se conformer aux mesures de distanciation sociale]. Certains sont en chômage partiel. D’autres sont en congés maladie pour garde d’enfants de moins de 16 ans.

Je suis assistant à la fusion de l’un des cinq fours qui produit encore au sein du site. On y fabrique du verre pour des hublots de machines à laver et des assiettes de couleur noire, à raison de 440 tonnes par jour. Bien que l’Audomarois soit épargné et qu’il n’y ait pas eu de malades du coronavirus dans le coin, ni à l’usine, pour le moment, j’ai peur. Quand j’arrive, j’ai mal au ventre. Et puis ça passe. Au fond, le boulot, il n’a pas changé. Tout le monde est bien protégé. On est habitués à porter des masques, puisque la fusion du verre fait appel à des produits nocifs, du nickel, de la silice, du chrome ou de la chaux vive. Et puis je me dois d’être là au côté de mon fils, qui est conducteur de machines, et pour la survie de l’entreprise. Arc a traversé des situations très difficiles [en 2013, elle a frôlé le dépôt de bilan]. Cette crise ne va pas améliorer la situation, ça c’est sûr. Mais on ne peut pas arrêter des fours verriers. On ne peut pas tout mettre par terre. Il y a 680 personnes qui d’habitude travaillent sur ce four. Beaucoup ont plus de 50 ans. Ils retrouveraient difficilement un emploi si Arc s’arrêtait. »

« La prime de 1 000 euros, je m’en fous »

Olivier*, agent de nettoyage en gare TER (Bouches-du-Rhône) pour le compte de Sud Service, filiale du groupe Nicollin

« La prime de 1 000 euros ? Je m’en fous pas mal. Ce n’est pas ça qui va me rassurer sur mes conditions de travail. J’ai peur, oui, je ne peux plus faire semblant. Nous sommes deux agents de nettoyage dans une camionnette. Mon collègue a des allergies. Il éternue, renifle, toute la journée. Et ni lui ni moi n’avons de masque. Pourquoi on ne me donne pas un autre véhicule ? L’entreprise en a plein d’autres. Au moins le temps que le pic d’épidémie passe. Je ferais ma tournée seul. Au volant, je ne peux pas être à moins de 1,50 m de mon collègue. De 8 heures à 16 heures, toute la journée, je ramasse des mouchoirs usagés, nettoie les trains, les toilettes. Et nous n’avons pas de gel hydroalcoolique.

Partout, sur les réseaux sociaux, le Groupe Nicollin dit « prendre des mesures pour votre sécurité et celle de ses agents ! » Mais nos chefs ne savent rien de ce qui se passe sur le terrain. Dans les gares, comme les toilettes sont fermées, je ne peux plus me laver les mains. Et comme il n’y a plus d’agents de la SNCF, les voyageurs s’adressent à nous pour trouver leur train. Ils sont pressés. Ils parlent fort, postillonnent. Ils se tiennent trop près de nous. On ne peut pas continuer comme ça. »

« Je contribue à la continuité du transport public »

Cédric Gentil, conducteur RATP sur la ligne A du RER (Ile-de-France)

« Pour aller travailler, je dispose d’un équipement de protection assez sommaire. Depuis la mi-mars, nous avons un kit personnel que nous emportons en permanence avec nous. Il contient des lingettes désinfectantes, des gants et deux masques chirurgicaux à utiliser uniquement si je dois porter assistance à un voyageur malade. L’un des masques est pour moi et l’autre est destiné à l’usager.

A chaque prise de poste, l’entreprise me fournit six petites lingettes désinfectantes pour nettoyer mon poste de conduite. Mais cela ne suffit pas. Alors, comme mes collègues, j’arrive avec mes propres lingettes. Cette question du nettoyage, c’est le sujet qui suscite le plus de crainte, de colère même, chez les conducteurs. Avec parfois l’envie d’arrêter. Sachant que, dans mon centre d’attachement de Torcy (est de la ligne A du RER), on compte une dizaine de personnes positives au Covid-19. Les mesures d’assainissement prises avec retard ne sont toujours pas effectives. Par exemple, l’équipe de nettoyage en bout de ligne, à Saint-Germain-en-Laye, est présente une fois sur deux.

A Boissy-Saint-Léger, un collègue a un jour signalé qu’une voiture avait été souillée par les vomissures d’une personne malade. La consigne a été d’en interdire l’accès parce qu’on n’avait pas les moyens de la nettoyer. Ce n’est déjà pas acceptable en temps normal mais alors, durant cette période… Cela me met d’autant plus en colère qu’au même moment Ile-de-France Mobilités [l’autorité organisatrice des transports dans la région parisienne] communique en disant que les trains sont désinfectés plusieurs fois par jour.

Il y a quand même des mesures qui fonctionnent, comme la nouvelle organisation mise en place pour réduire le nombre de personnes présentes en même temps dans les centres d’attachement. Contrairement à certains de mes collègues, je n’ai pas d’appréhension majeure dans le fait d’aller travailler, je suis même plutôt satisfait de contribuer à la continuité du transport public. »

« Nous avons besoin de considération »

Cécilia*, 29 ans, auxiliaire de vie (Allier)

« Je suis auxiliaire de vie, nous sommes auxiliaires de vie, celles qui permettent à des personnes âgées de maintenir leur vie à leur domicile, que ce soit par souhait, par manque de moyens, de places en structure… Je vais être encore plus directe, nous sommes celles qui empêchent certaines personnes de crever la bouche ouverte en silence, seules, parce qu’elles n’ont personne. C’est ce qui arriverait si toutes les aides à domicile se mettaient à faire la grève en même temps, et encore plus en ces temps de crise sanitaire. Si nous n’étions pas là, qui ferait les courses pour ces personnes fragiles, qui leur préparerait leurs repas, les laverait, les écouterait, et j’en passe ?

On nous laisse sur le terrain avec pas ou peu de moyens de protection, notre profession n’étant pas considérée comme prioritaire. Certaines ont aussi de grandes difficultés à exercer leur droit de retrait. Et tout cela pour ne pas avoir la moindre reconnaissance de notre gouvernement : pas un mot gentil à notre égard ou une mesure. Je suis une maman de deux enfants en bas âge qui, en plein confinement à cause d’une épidémie, se lève et va travailler. J’aime mon métier et j’ai de l’affection pour ces personnes en situation de faiblesse, mais nous avons besoin qu’on nous donne les moyens d’exercer sans risque notre métier. Nous avons aussi besoin de considération. »

« C’est le pot de terre contre le pot de fer »

Tatiana Campagne, 30 ans, élue SUD-Solidaires et employée logistique chez Amazon à Lauwin-Planque (Nord)

« Au début du coronavirus, parmi les employés d’Amazon de mon site, on a fait comme tout le monde, on a attendu de voir. Mais comme nous recevons beaucoup de marchandise de Chine, nous avons commencé à nous inquiéter. Nous avons évoqué l’idée d’utiliser des gants ou du gel hydroalcoolique mais ça faisait plutôt sourire. Pourtant, si on nous avait écoutés plus tôt…

La peur s’est vraiment installée le jeudi 12 mars, quand Emmanuel Macron a annoncé la fermeture des écoles. Ça confirmait que le virus était bien dangereux. Avec les autres syndicats de notre entrepôt, nous avons cherché à répondre aux inquiétudes des salariés. Et avons commencé à dénoncer le manque de mesures de protection sur le site. Nous avons conseillé aux salariés d’arrêter le travail en exerçant leur droit de retrait. Mais Amazon estime la sécurité satisfaisante et refuse de payer les employés qui font jouer ce droit. En réponse à notre mobilisation, la direction a renforcé les mesures pour faire respecter la distanciation sociale, en poussant les meubles des salles de repos, en décalant les horaires de travail…

Mais, avec 2 500 salariés sur le site, c’est très difficile d’éviter le risque de contagion. Il n’y a toujours pas de gel pour tout le monde, de masques, de gants… Pour nous, Amazon outrepasse ses droits. C’est le pot de terre contre le pot de fer. Donc, avec l’intersyndicale, nous allons porter les cas de droit de retrait devant les prud’hommes. Moi, j’aurais voulu faire jouer mon droit de retrait mais je ne me voyais pas rester à la maison, en sécurité, et laisser tomber les employés. »

« Les collègues sont à fleur de peau à cause de la promiscuité »

Laurence Gillet, 56 ans, responsable du rayon des produits frais, libre-service et découpe, au Super U d’Egletons (Corrèze), et élue du syndicat Force ouvrière

« Ce métier, je l’ai choisi. J’aime ce que je fais. Ici, on est dans une petite ville, dans un magasin où l’on se sert les coudes. Les collègues me disent : “Je viens car je ne suis pas un tire-au-flanc, mais j’ai peur.” Et puis, on s’entend bien. Mais la fatigue commence à s’installer, physique, et surtout psychologique. Les premiers jours ont été très difficiles, avec beaucoup d’incivilités. C’était la razzia dans les rayons. Les protections pour les hôtesses de caisse, les gants, le gel, ont été mis en place un peu tard, et parfois dans la débrouille : une collègue a par exemple utilisé une toile cirée mise comme un rideau de douche.

Avec la loi d’urgence sanitaire, on peut faire le remplissage du magasin la nuit et éviter de croiser du public. Le magasin a demandé qui était volontaire pour faire l’équipe de nuit. Depuis mardi 24 mars, au lieu de travailler de 6 heures à midi, je commence à 18 heures jusqu’à minuit, voire 1 heure du matin.

La nuit, la fatigue est physique, mais, dans l’équipe de jour, les collègues sont à fleur de peau à cause de la promiscuité avec les clients… Jusque-là, personne n’a été touché, mais le jour où on aura un cas, j’ai peur que ça dérape. D’autant qu’il y a encore des clients qui n’ont rien compris, qui font leur sortie journalière pour acheter une bouteille de Coca ou un paquet de sucre. D’autres qui viennent en famille avec leurs enfants qui courent partout. Et au drive, c’est encore pire, car les gens ne supportent pas d’attendre. »

« J’ai pensé arrêter de travailler. Mais je n’ai pas le choix »

Thomas De Carvalho, 30 ans, artisan taxi pour sa société, Thomas TRC (Ile-de-France)

« J’ai perdu 90 % de mon chiffre d’affaires en mars. Il n’y a presque pas de clients. J’ai ma clientèle privée, ça marche encore un peu, avec deux ou trois courses par jour. Pour rassurer les clients, j’ai mis un film alimentaire entre les sièges avant et arrière, des gants et du gel hydroalcoolique à disposition à l’arrière, c’est gratuit. J’ai commandé du Plexiglas pour remplacer ce rafistolage. Je nettoie ma voiture après chaque client. Si l’un d’eux ne met pas les gants, je le refuse. Je suis là pour servir, pas pour subir, ni mourir.

Je n’ai pas peur du coronavirus pour moi-même. Mais j’ai peur pour ma famille, mes clients. J’ai pensé arrêter de travailler. Mais je n’ai pas le choix. J’ai 5 000 euros de charges par mois, dont 1 500 euros pour la licence et 565 euros pour la voiture. Vendredi 20 mars, j’ai appelé des grandes surfaces pour leur proposer mes services pour livrer. J’attends. »

« Mon employeur a refusé mon droit de retrait »

Antoine*, chef d’équipe logistique d’un sous-traitant d’EDF, dans la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly (Loiret)

« Dans la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly, il aura fallu que les salariés de sous-traitants menacent d’arrêter de travailler pour qu’EDF prenne des précautions. Dans la zone contrôlée, on est tenu de mesurer sa radioactivité fréquemment, notamment en glissant ses mains pendant dix secondes dans un appareil. Mais celui-ci n’était pas désinfecté, malgré le passage de centaines de personnes par jour. De plus, dans le bâtiment du réacteur en cours de rechargement, les distances de sécurité n’étaient pas respectées et les poignées de porte n’étaient désinfectées que deux fois par jour. Mon employeur a refusé que je fasse usage de mon droit de retrait. Il l’a considéré abusif. De mon côté, je n’avais qu’une peur : contaminer ma famille en rentrant chez moi le soir.

Mais à partir du mardi 17 mars, nous avons commencé à nous mobiliser en refusant d’entrer dans la zone contrôlée tant que des précautions n’étaient pas mises en place par EDF. Autour du 23 mars, EDF a adapté le dispositif : une distance d’un mètre est respectée dans la zone contrôlée, et on est autorisés à porter des gants pour mesurer notre radioactivité. Les chantiers sur les arrêts de tranche (période pendant laquelle un réacteur est arrêté) sont aussi suspendus le week-end. Mais ces mesures arrivent trop tard. Quelques collègues présentent des symptômes de la maladie. »

« On vit au jour le jour »

Amélie Huyn, 26 ans, assistante marketing de la société Alpina Savoie à Chambéry (Savoie)

« Avec la fermeture des restaurants et des cantines, mon entreprise, connue pour ses marques de pâtes, de semoule et de crozets, a vu une partie de ses débouchés se fermer. La direction m’a proposé d’opter pour un chômage partiel ou de prêter main-forte à la production. Je n’ai pas hésité un instant.

Depuis lundi 23 mars, après une courte période de formation, je travaille de 8 heures à 16 heures sur les lignes de conditionnement des crozets. C’est tout nouveau pour moi, cela me rapproche des coulisses, cela se passe bien, on se serre les coudes. Je ne suis pas du tout inquiète. Toutes les mesures sanitaires sont prises. Je porte masque, charlotte, blouse et chaussures de sécurité. A la pause du midi, chacun a une place numérotée, sans vis-à-vis et espacée. Je ne sais pas encore combien de temps durera l’expérience. On vit au jour le jour. 

« Il faut assurer la propreté ! »

Célestin, 64 ans, agent de service (Seine-Saint-Denis)

« Je suis agent de service, je fais le nettoyage dans des immeubles et des locaux professionnels. Je fais ce travail depuis trente-six ans. On a des gants jetables et du gel hydroalcoolique, mais pas de masque, et cela ne m’empêche pas d’aller travailler. Il faut quand même assurer la propreté des lieux ! On nettoie les portes, les boîtes à lettres, les rampes d’escalier… On est tous inquiets. On évite les contacts directs avec les occupants, quand on croise quelqu’un, on garde nos distances. On ne se laisse pas postillonner dessus ! Mais les gens m’encouragent, ils sont contents de ce que je fais pour eux. Je me sens utile. »

*Ces personnes ont requis l’anonymat, leurs noms ont été changés.

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2 avril 2020

Arielle Dombasle

2 avril 2020

CULTURE

culture

2 avril 2020

Coronavirus. En Italie, la mafia prépare déjà l’après-confinement

COURRIER INTERNATIONAL 

Selon les services de police transalpins, la période de crise économique qui suivra la fin de la quarantaine pourrait constituer une énorme occasion pour le crime organisé. La mafia, qui dispose d’argent liquide, deviendra une aide incontournable pour de nombreuses entreprises. Elle y travaille déjà.

Après des semaines d’urgence sanitaire absolue, l’Italie semble lentement se diriger vers une amélioration de la situation. Alors que le rythme des nouvelles contaminations quotidiennes diminue, la presse transalpine commence à envisager l’après-confinement ; une phase porteuse d’espoir, mais qui soulève également des inquiétudes. Notamment en ce qui concerne le rôle que pourrait jouer le crime organisé dans cette période de “reconstruction économique”.

“Les mafias possèdent une capacité naturelle à s’adapter aux changements économiques et sociaux, et elles sont déjà en train de réfléchir à la façon de s’infiltrer dans le processus de relance des entreprises et des activités économiques fortement touchées par la crise du coronavirus”, prévient le quotidien romain Il Fatto Quotidiano, qui explique que “la direction centrale de la police d’État a publié un document qui alerte les divisions locales des forces de l’ordre sur ce danger imminent”.

Des entreprises en manque de trésorerie

À en croire Il Fatto Quotidiano, le problème principal qui va se poser pour beaucoup d’entreprises lorsqu’elles pourront rouvrir sera celui du manque de trésorerie :

Petites usines, magasins, restaurants et bars, nombreux sont les petits entrepreneurs qui commencent à cumuler des dettes parce qu’ils ne peuvent pas payer les fournisseurs ou le loyer de leur commerce. C’est la situation parfaite pour la mafia sicilienne, la Camorra napolitaine ou la ’Ndrangheta calabraise, qui disposent de grandes quantités d’argent liquide.”

“En temps normal déjà, beaucoup de ces commerces peuvent avoir des difficultés d’accès au crédit des banques, désormais ce sera bien pire”, explique le quotidien romain, qui note que le crime organisé pourrait donc “prêter” les sommes nécessaires, en échange d’“une requête plus ou moins explicite de rentrer dans la gestion du commerce”. Une proposition qui, pour certains, sera “la seule possibilité de sauver leur entreprise et de ne pas devoir fermer boutique pour toujours”.

Un “État social” mafieux se met en place

Outre son rôle de “banquier de l’ombre”, les mafias du sud de l’Italie pourraient également infiltrer des activités économiques qui ont le vent en poupe en ce moment, comme “la grande distribution, la livraison à domicile ou les services pour la santé”, détaille Il Fatto Quotidiano.

La mafia est donc déjà projetée dans l’avenir, mais elle n’oublie pas pour autant d’agir dans le présent, explique le grand quotidien du Sud Il Mattino, qui analyse la stratégie actuelle de la criminalité organisée locale.

“À Naples, c’est un système d’‘État social mafieux’ qui est en train de se mettre en place dans certains quartiers, annonce le journal. La Camorra [mafia napolitaine] semble avoir changé de nature, le racket et les investissements sont à l’arrêt. La priorité des clans, aujourd’hui, c’est de maintenir le contrôle du territoire, de renforcer leur consensus dans la population.”

Pâtes offertes et courses livrées à domicile

Ainsi, selon les informations du quotidien napolitain, la Camorra “offre désormais des pâtes aux personnes, fait les courses pour eux, en redistribuant ainsi l’argent du trafic de drogue qui ne s’est pas arrêté dans le territoire. Ainsi, ils espèrent avoir de la main-d’œuvre bon marché à recruter quand, dans les prochains mois, les intérêts et les capitaux à prendre seront bien plus nombreux.”

Une prédiction qui pourrait bien se réaliser car, comme l’a souligné Pietro Grasso – l’ancien procureur national antimafia – dans les colonnes d’Il Fatto Quotidiano : “Il y a une partie de la population qui sort de chez soi le matin avec comme seul objectif de donner à manger à sa famille. Et ces personnes, aujourd’hui, n’ont plus de possibilité de subsistance.” “C’est parmi cette population que les clans pourraient piocher”, s’inquiète le quotidien.

Le nord de l’Italie également menacé

Tous les yeux sont rivés vers le sud de la péninsule, mais, selon le quotidien turinois La Stampa, le nord de l’Italie n’est pas non plus à l’abri d’une progression de l’activité de la criminalité organisée une fois le confinement terminé.

“Parmi les protagonistes de la ‘reprise’, malheureusement il y aura aussi les mafias, et pas seulement dans nos régions méridionales, regrette le journal. Les enquêtes de ces dernières années montrent en effet que les mafias – en particulier la ’Ndrangheta calabraise ​– ont colonisé également le centre et le nord du pays, en touchant aussi à de nombreux secteurs de l’économie légale.”

Ainsi, conclut La Stampa :

Si la lutte contre les clans devra se poursuivre dans les régions du Sud, où ils trouveront un terrain fertile dans un tissu social économiquement plus faible et durement frappé par la crise, il ne faudra néanmoins pas oublier que les activités économiques et financières les plus importantes du pays se trouvent dans le Nord. Ces régions devront donc faire l’objet d’une vigilance toute aussi forte.”

2 avril 2020

CORONAVIRUS : Pas de vacances de Pâques

vacances paques

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2 avril 2020

La Bretagne au chevet des malades du coronavirus

presse55

tgv medicalisé

tgv transferts

2 avril 2020

Maty Chevrière

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maty chevriere (2)

maty chevriere (3)

2 avril 2020

Serge Gainsbourg - il aurait 92 ans aujourd'hui...

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Serge Gainsbourg, de son vrai nom Lucien Ginsburg né le 2 avril 1928 à Paris et mort le 2 mars 1991 dans cette même ville, est un auteur-compositeur-interprète, et accessoirement, poète, pianiste, artiste peintre, scénariste, metteur en scène, écrivain, acteur et cinéaste français. Il accède à la notoriété en tant qu'auteur-compositeur-interprète, abordant de nombreux styles musicaux. Il s'essaie également au cinéma et à la littérature, réalise plusieurs films et vidéo-clips et compose plus de quarante musiques de films. Au milieu des années 1950, il utilise les pseudonymes Julien Gris puis Julien Grix avant de choisir Serge Gainsbourg comme nom d'artiste. Dans les années 1980, il s'invente aussi un alter ego appelé Gainsbarre.

Ses débuts sur scène sont difficiles en raison de son physique. Toute sa vie, Serge Gainsbourg souffre d'un sentiment de rejet et de l'image que lui renvoie le miroir : celle d'un homme que l'on qualifie de laid. Au fil des années, il se crée une image de poète maudit et provocateur, mais pas pour autant en marge du système : « J'ai retourné ma veste quand je me suis aperçu qu'elle était doublée de vison » déclare-t-il à Denise Glaser à propos de sa conversion dans les années 1960 d'une musique variété / jazz de facture classique à la pop musique alors en plein essor4. Les textes de ses chansons jouent souvent sur le double sens, et illustrent son goût pour la provocation (Nazi Rock, Aux armes et cætera, Lemon Incest) et l'érotisme (Les Sucettes, Je t'aime… moi non plus, Love on the Beat), voire la scatologie5 (Vu de l'extérieur, La poupée qui fait, Des vents des pets des poums, Evguénie Sokolov), ce qui lui vaut nombre de polémiques. Serge Gainsbourg aime également jouer avec les références littéraires, comme Verlaine (Je suis venu te dire que je m'en vais), et recycler des thèmes de musique classique (Initials B.B., Lemon Incest). Cependant, il considère la chanson, et en particulier les paroles de chanson, comme un « art mineur3 », puisque ne nécessitant, contrairement à la peinture par exemple, aucune initiation pour être apprécié6. Il travaille cependant, parfois jusqu'à l'obsession, la forme poétique de ses textes, les parsemant de rimes sophistiquées, de jeux de mots, d'allitérations et autres figures de style peu communes dans la musique populaire.

Auteur prolifique de chansons pour d'autres artistes, en particulier des femmes, Gainsbourg traverse la vie de chanteuses et actrices renommées, dont Brigitte Bardot, avec qui il a une brève liaison, et Jane Birkin3, qui est sa compagne pendant plus de douze ans (restant sa principale muse même après leur séparation) et avec qui il a son troisième enfant, Charlotte Gainsbourg. Durant les années 1980 il fréquente Caroline von Paulus dite « Bambou »7, qui lui donne son quatrième et dernier enfant, Lucien Gainsbourg, dit « Lulu ».

Il influencera considérablement des artistes français comme le groupe Taxi Girl, Renaud ou encore Étienne Daho8, mais aussi des artistes non francophones tels que Beck Hansen, Mike Patton9, le groupe Portishead ou le compositeur David Holmes.

Si sa notoriété à l'extérieur du monde francophone se limite aux professionnels de la musique, il réussit à classer deux de ses albums dans les meilleures ventes de disques aux États-Unis : Bonnie and Clyde10 (avec Brigitte Bardot) se classe 12e au Billboard 200 au cours de l'année 1968, et Jane Birkin / Serge Gainsbourg11 se classe 196e au cours de l'année 1970. Sa chanson Je t'aime… moi non plus se classe 58e au Billboard Hot 10012, malgré des diffusions à la radio limitées en raison de la censure13, mais rencontre un plus grand succès encore au Royaume-Uni où elle se classe numéro 1 des ventes14. Avec celles de la chanteuse belge Sœur Sourire15 et les albums francophones de Céline Dion, ces performances sont inégalées pour des chansons en langue française aux États-Unis.

Serge Gainsbourg sur France Culture  (écoutez, c'est excellent) - cliquez ci-dessous

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/serge-gainsbourg-je-connais-mes-limites-cest-pourquoi-je-vais?utm_medium=Social&utm_source=Twitter

2 avril 2020

Roy Stuart

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2 avril 2020

BRETAGNE : Ploërmel. Les carnavaliers annulent les deux parades

Après l’annulation de l’élection des Miss de Ploërmel, du carnaval des enfants, c’est la mort dans l’âme « que nous venons de prendre la décision d’annuler le carnaval de jour du dimanche 3 mai et la parade de nuit du samedi 9 mai », partage André-Pierre Grenier, l’un des coprésidents du comité des Carnavaliers de Ploërmel.

Il s’agit bien d’une annulation, « à cause du confinement, nous avons plus d’un mois de retard dans les travaux. De plus, le carnaval de Vitré est aussi annulé, c’est l’une des manifestations où nous achetons de nouveaux chars. Nous ne pouvons donc pas reporter les dates », détaille le coprésident.

Les autres associations de Campénéac, Gourhel, Saint-Malo-de-Beignon, Saint-Jean-de-Villenard et le lycée Ampère, de Josselin, ne seraient également pas prêts à temps pour assurer les grands défilés.

« Cela reste une très grosse déception pour les bénévoles qui travaillent sur les chars depuis le mois d’octobre », complète Olivier Guyot, le second coprésident.

Tous espèrent et croisent les doigts pour que la traditionnelle soirée moules-frites puisse se maintenir. « C’est la seule animation qui reste à notre calendrier pour que notre année 2020 ne soit pas blanche », concluent les coprésidents.

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