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Jours tranquilles à Paris

13 mars 2020

Extrait d'un shooting - photo : Jacques Snap

shoot24

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13 mars 2020

La pandémie de Covid-19 provoque un krach boursier historique

Par Isabelle Chaperon

Après un lundi noir, les Bourses mondiales ont connu jeudi un violent accès de fièvre malgré l’intervention des banques centrales.

Les mots sont importants. Leur gradation aussi. L’épidémie de coronavirus s’est transformée en pandémie, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La correction sur les marchés a muté, jeudi 12 mars, en krach boursier, admettent les puristes.

Après un lundi noir, les Bourses mondiales ont connu, jeudi 12 mars, un violent accès de fièvre malgré l’intervention des banques centrales. « Il faut remonter à 2008 pour essuyer deux sessions de Bourse aussi négatives en une seule semaine », souligne Laurent Boudoin, responsable de la gestion obligataire de Sanso Investment Solutions.

Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), se souviendra de son baptême du feu. Malgré les mesures de soutien annoncées jeudi par l’institution de Francfort, le CAC 40 a plongé de 12,3 % pour clôturer à 4 044 points : jamais l’indice vedette de la Bourse de Paris n’avait subi un tel écroulement sur une séance, même pendant le mois d’octobre 1987 de sinistre mémoire.

Le CAC 40 abandonne désormais près de 31 % depuis le début de l’année. A la mi-février, porté par l’euphorie des investisseurs, il caracolait encore au-dessus des 6 000 points. Les montants sont vertigineux : ces 2 000 points effacés en trois semaines équivalent à quelque 100 milliards d’euros de capitalisation boursière évaporés pour les actionnaires de LVMH, Total et Renault.

Dégringolades record

Les Bourses européennes, de Londres (– 10,9 %), à Madrid (– 14 %) en passant par Francfort (– 12,2 %), ont aussi subi des dégringolades record. Mais, sans surprise, c’est la place de Milan qui s’est avérée la plus pénalisée, alors que le coronavirus contraint l’économie italienne à l’arrêt. L’indice phare des actions transalpines a plongé de près de 17 %. Le taux d’emprunt à dix ans de l’Etat italien s’est, lui, tendu de 50 points de base.

Dans la soirée, la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale) n’a pas plus réussi que sa consœur européenne à rassurer les salles de « trading ». Elle a pourtant annoncé l’injection de 1 500 milliards de dollars (1 340 milliards d’euros) de liquidités sur le marché monétaire. « Un pas très important », a salué James Knightley, chef économiste chez ING.

Cela n’a pas empêché, à Wall Street, l’indice S&P 500 de lâcher 9,5 % pour clôturer sous les 2 500 points. A ce niveau, « cela veut dire que les investisseurs anticipent une récession aux Etats-Unis. C’est exagéré mais il y a beaucoup de nervosité car l’incertitude reste très grande », souligne Philippe Müller, responsable des thématiques d’investissement chez UBS Wealth Management.

Signe de stress majeur, la montée en flèche de l’indicateur Vix – surnommé aussi « l’indice de la peur » – qui mesure la volatilité des actions américaines. Autre phénomène inquiétant, même l’or, sacro-sainte valeur refuge, a perdu de son éclat. « Jeudi, l’or a commencé dans un premier temps par s’apprécier avant de chuter. Cela montre qu’il y a des vendeurs forcés, qui sont obligés de couper leurs positions même si ce n’est pas leur intérêt », analyse M. Muller.

« Les marchés s’effondrent comme en 2008 mais la situation n’a rien à voir car la liquidité est loin d’être aussi dégradée que pendant la crise des subprimes. Nous ne sommes pas dans un environnement systémique », insiste Benjamin Melman, directeur des gestions chez Edmond de Rothschild Asset Management (Edram), qui ajoute : « Il y aura un choc économique mais peut-être a-t-il été surestimé. »

Dispositifs de soutiens

Le choc est bien réel : le transport aérien, le tourisme, l’hôtellerie, les centres commerciaux, la culture…, des secteurs entiers de l’économie voient leur activité freinée par la mise en place de mesures destinées à limiter l’expansion du virus.

Les pétroliers, de leur côté, souffrent de la glissade du prix du baril depuis dimanche, après la décision de l’Arabie saoudite de réduire ses tarifs pour écouler plus de brut. Les banques, enfin, apparaissent doublement pénalisées par la chute des marchés et par la montée potentielle des défaillances d’entreprises.

Mais est-ce temporaire ou est-ce parti pour durer ? Faute de pouvoir prévoir la durée de la crise sanitaire, les investisseurs s’en remettent aux Etats et aux banques centrales pour éviter que la lutte contre la pandémie ne provoque des dommages irréversibles sur l’économie mondiale. Déjà, des dispositifs de soutiens aux PME ou aux banques ont été annoncés ici et là mais, à mesure que l’Italie ferme ses commerces, les Etats-Unis ses aéroports et la France ses écoles, les attentes se font plus pressantes.

« La peur du coronavirus chez les investisseurs augmente plus vite que ne parviennent les informations sur les stimuli fiscaux et monétaires », résume M. Muller de UBS. « Les mesures annoncées par la BCE sont très bonnes mais il ne s’agit pas d’un bazooka », ajoute M. Melman d’Edram. Surtout, « on aurait pu espérer une coopération monétaire et budgétaire plus marquée, au moins au sein de l’Europe ».

Après le « pschitt » des banques centrales, les investisseurs espèrent une intervention déterminante des Etats. « Nous, Européens, ne laisserons pas une crise financière et économique se propager. Nous réagirons fort et nous réagirons vite. L’ensemble des gouvernements européens doit prendre les décisions de soutien de l’activité puis de relance quoi qu’il en coûte », a promis, jeudi soir, Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée. En 2008, il avait fallu la faillite d’un établissement de crédit allemand pour que la chancelière, Angela Merkel, accepte l’élaboration d’un plan européen de sauvetage des banques.

13 mars 2020

Coronavirus - dans la presse.... ses conséquences

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13 mars 2020

Emmanuel Macron vante une « France unie » contre le coronavirus

Par Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié

Le président de la République a annoncé, jeudi soir lors d’une allocution télévisée enregistrée à l’Elysée, différentes mesures, dont la fermeture des établissements scolaires à partir de lundi.

L’Elysée avait promis un président « protecteur » et « rassembleur ». Pour son premier discours depuis le début de la crise du coronavirus, prononcé, jeudi 12 mars, lors d’une allocution solennelle de près d’une demi-heure, c’est un véritable plan de bataille contre la « plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle » qu’a en réalité esquissé Emmanuel Macron. « Je compte sur vous », a répété à plusieurs reprises le chef de l’Etat, comme un général s’adresse à ses troupes avant l’assaut.

A ses yeux, l’heure n’est en effet plus à tergiverser. « Nous ne sommes qu’au début de cette épidémie, et partout en Europe, elle s’accélère », a prévenu le président. « Malgré nos efforts pour le freiner, le virus continue de se propager », a-t-il ajouté, ton martial et regard droit depuis le Salon doré, situé au premier étage de l’Elysée.

Selon le ministère de la santé, 2 876 cas de Covid-19 ont été enregistrés en France depuis l’apparition du virus et 61 personnes en sont décédées. Des chiffres sous-évalués, selon la plupart des experts, pour qui le pic de l’épidémie, requalifiée mercredi en « pandémie » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est encore devant nous.

Face au risque de saturation des services de réanimation dans les hôpitaux, comme en Italie, le chef de l’Etat a donc décrété une sorte d’état d’urgence, même s’il n’a pas utilisé le terme et s’il n’a pas évoqué un passage au stade 3 de l’épidémie qui pourrait intervenir dans quelques jours. Pour protéger les plus fragiles, il a d’abord invité « toutes les personnes âgées de plus de 70 ans », mais aussi « celles et ceux qui souffrent de maladies chroniques ou de troubles respiratoires » ou sont « en situation de handicap », à « rester autant que possible à leur domicile ». Une sorte de confinement volontaire destiné à éviter les contacts avec le virus et à ralentir l’épidémie.

De même, Emmanuel Macron a annoncé le report de deux mois de la fin de la trêve hivernale, prévue le 31 mars, pour éviter que des personnes en situation de précarité se retrouvent à la rue. « Je demande au gouvernement des mesures exceptionnelles, dans ce contexte, pour les plus fragiles », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.

Une décision d’une ampleur inédite

Surtout, le président a provoqué la surprise en annonçant la fermeture « dès lundi et jusqu’à nouvel ordre » de toutes les crèches, des écoles primaires, des collèges, des lycées et des universités. Une décision d’une ampleur inédite en France : selon l’Insee, près de 12,4 millions d’élèves étaient inscrits rien que dans les écoles, les collèges et les lycées à la rentrée 2019, ce qui représente 18,5 % de la population française. « C’est à la fois pour les protéger et pour réduire la dissémination du virus à travers notre territoire », a justifié Emmanuel Macron.

Pour éviter un blocage du pays et permettre aux gens d’aller travailler, le président de la République a assuré qu’« un service de garde sera mis en place région par région » et il a demandé aux entreprises de « permettre à leurs employés de travailler à distance ». « Le déploiement de notre système d’enseignement à distance va s’enclencher pour toute la France », a par ailleurs précisé le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui assurait pourtant, le matin même sur Franceinfo n’avoir « jamais envisagé la fermeture totale » des établissements scolaires.

A l’inverse, et malgré une rumeur qui a alimenté les conversations toute la journée, Emmanuel Macron n’a pas souhaité reporter les élections municipales, prévues les 15 et 22 mars. « J’ai interrogé les scientifiques sur nos élections municipales (…). Ils considèrent que rien ne s’oppose à ce que les Français, même les plus vulnérables, se rendent aux urnes », a expliqué le chef de l’Etat, qui avait réuni, jeudi matin, le conseil scientifique de suivi de la crise du coronavirus, composé de onze médecins et chercheurs, chargés d’éclairer les décisions de l’exécutif.

« J’ai aussi demandé au premier ministre [Edouard Philippe] (…) de consulter largement toutes les familles politiques, et elles ont exprimé la même volonté », a-t-il ajouté, même si les discussions ont été âpres en coulisses et si le chef de l’Etat a longtemps hésité avant de se rallier à la position défendue par Gérard Larcher, le président (Les Républicains) du Sénat, et le chef du gouvernement, pour une fois unis dans le même combat.

Les failles de notre modèle

Mais Emmanuel Macron ne s’est pas contenté d’énumérer les mesures. Il a aussi esquissé ce qui pourrait être le tournant social que lui réclame depuis des mois une partie de ses troupes.

Au-delà de l’annonce de la mise en place d’un « mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel » pour limiter les conséquences économiques de la crise, et du report « sans justification, sans formalité, sans pénalité, [du] paiement des cotisations et impôts dus en mars » par les entreprises, le président de la République s’est ainsi dit déterminé à « interroger le modèle dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour ».

« Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-Providence, ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe », a ainsi défendu le chef de l’Etat, régulièrement présenté par l’opposition comme voulant détruire le modèle social français, notamment à l’occasion de la réforme de l’assurance-chômage ou de celle du système de retraites.

Surtout, Emmanuel Macron s’est dit résolu à « placer en dehors des lois du marché » un certain nombre de biens et de services. « Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie (…) à d’autres est une folie », a-t-il expliqué, sorte de critique en creux de la mondialisation et du libéralisme. « Nous devons en reprendre le contrôle », a-t-il ajouté, une phrase qui n’est pas sans faire écho au slogan « Take back control », utilisé par l’américain Donald Trump, lors de sa campagne victorieuse de 2016.

« Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai », a promis le président, donnant le sentiment d’esquisser le programme qui pourrait le conduire à une prochaine candidature en 2022. A la fin de son discours, Emmanuel Macron a d’ailleurs utilisé la locution « la France unie », qui était le slogan de campagne de François Mitterrand lors de l’élection présidentielle de 1988.

« Mais maintenant, c’est la guerre »

Sans surprise, ce discours a suscité l’enthousiasme de l’aile gauche de la majorité. « C’est clairement un discours humaniste, vraiment à la hauteur. On place l’humain et la santé au-dessus de toutes priorités. On se mobilise sur ce qui nous rassemble. Une orientation qui remet la science au centre et écarte le repli nationaliste », se félicite Guillaume Chiche, député (La République en marche, LRM) des Deux-Sèvres. « Nous aurons des enseignements à tirer sur le monde dans lequel nous vivons. Des services publics à préserver, un modèle de développement à réinventer. Le président prend date », abonde Hugues Renson, vice-président (LRM) de l’Assemblée nationale et ancien conseiller de Jacques Chirac.

Signe que le coronavirus fait bouger les lignes, Edouard Philippe et ses soutiens ont de leur côté remisé le costume de gardiens de l’orthodoxie budgétaire. « Le premier ministre et [le ministre de l’économie et des finances] Bruno Le Maire ont été proactifs sur le plan de relance, il n’y a pas de sujet », affirme un familier des deux hommes. « Quand on est dans un moment de croissance, il est normal de faire des efforts. Mais quand le moteur cale, on ne va pas appuyer sur le frein », assure un conseiller, qui décrit un chef du gouvernement « à l’aise » avec les annonces du chef de l’Etat. « L’orthodoxie budgétaire, c’est pour être plus fort avant la guerre. Mais maintenant, c’est la guerre », a confié Edouard Philippe à son entourage, jeudi soir au retour de l’Elysée.

Parmi les soutiens d’Emmanuel Macron, on se dit en tout cas persuadé que ce discours marquera un tournant dans le quinquennat. « La crise du coronavirus peut être au chef de l’Etat ce que la crise bancaire de 2008 a été pour Nicolas Sarkozy, la révélation que lui aussi tient bon dans la tempête », estime un ministre.

« C’est un discours fondamental. Le président acte une rupture majeure avec la façon dont le siècle passé a fonctionné et il dessine un nouveau modèle français et européen au XXIe siècle, s’enthousiasme Pieyre-Alexandre Anglade, député des Français établis hors de France et porte-parole du groupe LRM à l’Assemblée nationale. Le Covid-19, c’est la crise qui nous fait quitter le XXe siècle et entrer de plain-pied dans le XXIe. »

13 mars 2020

Donald Trump - conséquences du Coronavirus...

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13 mars 2020

Bourses : ça krach de tous les côtés, la BCE impuissante

Par Christophe Alix

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Christine Lagarde, le 11 février. (Photo V. Kessler. Reuters)

Après avoir annoncé une série de mesures pour endiguer la panique boursière, Christine Lagarde a exhorté la zone euro à apporter une réponse plus «ambitieuse».

Dernière grande banque centrale à réagir à la pandémie mondiale de Covid-19, la Banque centrale européenne (BCE) se sera montrée totalement impuissante jeudi à rassurer les marchés. A peine avait-elle annoncé le maintien de ses taux directeurs que les places européennes sont reparties dans une spirale baissière, précipitant le deuxième krach de la semaine à la Bourse de Paris, bien plus sévère encore que le premier. Il faut dire que la journée avait (très mal) débuté : jeudi matin, Donald Trump annonçait la fermeture des frontières des Etats-Unis pour les trente prochains jours aux voyageurs provenant d’Europe.

«Vendez, vendez»

A la différence des autres grandes banques centrales, la BCE n’a pas touché à ses taux directeurs. Si le principal est déjà à zéro depuis 2016, celui qui s’applique aux dépôts des banques dans ses caisses a été maintenu à -0,50 %. Dans les minutes qui ont suivi, le CAC 40 à Paris, le DAX de Francfort et le FTSE à Londres s’effondraient de plus de 10 %, accentuant un recul qui représente désormais plus d’un tiers de leur valeur depuis le début de l’année. A - 12,28 % en clôture, la place parisienne a même essuyé la pire baisse journalière de son histoire. Le Dow Jones a aussi plongé de 8,22 % à l’ouverture, provoquant une interruption automatique des échanges. Un scénario qui s’est répété à la Bourse de São Paulo (- 11,6 %). «Vendez, vendez, vendez», a résumé un analyste pour qualifier l’état d’esprit du jour ; un autre pronostiquait une «descente aux enfers boursiers» qui devrait continuer à court et moyen termes.

En annonçant toute une série de mesures pour tenter d’endiguer cette panique, la BCE n’est toutefois pas restée inerte. Les Etats et les entreprises, en premier lieu les PME, vont bénéficier de son programme de prêts et de rachats de dette publique et privée rallongé de 120 milliards d’euros d’ici la fin de l’année. Quant aux banques, en première ligne, dont certaines ont déjà perdu plus de la moitié de leur valeur en Bourse ces dernières semaines, elles vont voir leurs règles assouplies et être autorisées à opérer temporairement en dessous des exigences de fonds propres et de liquidités en vigueur.

Challenge

Après cette série d’annonces, la présidente de l’institution, Christine Lagarde, n’a pas vraiment remonté le moral des marchés en évoquant une «considérable aggravation des perspectives de croissance à court terme». L’entrée potentielle de la zone euro en récession «va clairement dépendre de la vitesse, de la force et du caractère coordonné» de la réponse «de tous les acteurs», a-t-elle insisté.

Or à l’écouter, les Etats ont jusqu’ici fait preuve de «lenteur et de complaisance» dans leur réaction face au coronavirus, «en particulier dans la zone euro». Une critique aussi vive qu’inhabituelle de la part de l’institution européenne pour mieux exhorter les Etats à apporter une «réponse budgétaire ambitieuse et coordonnée» lors de la réunion de l’Eurogroupe lundi.

Confrontés au double challenge «d’assumer le défi sanitaire» tout en limitant l’impact économique de la pandémie, les Etats vont devoir prolonger l’action de la BCE, plaide Lagarde, notamment en apportant des garanties supplémentaires sur les crédits. Manière de signifier que l’arme monétaire des banques centrales, déjà très sollicitée ces dernières années, n’est qu’un rempart temporaire pour faire face à des crises d’une telle ampleur.

13 mars 2020

A propos du Coronavirus...

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13 mars 2020

Marisa Papen

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13 mars 2020

La une du Télégramme de ce matin

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13 mars 2020

Jean Paul Gaultier se confie : son dernier show, son regard sur la mode...

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Après avoir présenté son dernier défilé haute couture en janvier dernier, Jean Paul Gaultier présentait son tout nouveau concept de co-création avec la Japonaise Chitose Abe du label avant-gardiste Sacai. Entre ces deux annonces, Jean Paul Gaultier a répondu aux questions indiscrètes de Numéro.

Photos par Sofia Sanchez & Mauro Mongiello, Interview par Philip Utz

Iconoclaste et visionnaire, l’immense couturier célébrait, le 22 janvier dernier, 50 ans de carrière au théâtre du Châtelet. Il faisait ses adieux aux podiums, offrant aux spectateurs un défilé grandiose, accueilli par une standing ovation. Esprit libre, espiègle et provocateur, cet emblème de la mode française a toujours refusé de se conformer aux modèles établis. Fidèle à lui-même, il brisait une nouvelle fois les tabous en célébrant la beauté sous toutes ses formes, dans un show époustouflant qui s’est achevé en explosion de joie, comme l’apothéose d’une carrière extraordinaire.

Le 4 mars, Jean Paul Gaultier dévoilait son tout nouveau concept qui consiste à inviter chaque saison un créateur à cosigner la collection haute couture. La Japonaise Chitose Abe, fondatrice du label avant-gardiste Sacai, première invitée de ce projet novateur présentera sa collection en juillet 2020 à l'occasion de la Semaine de la couture. Rencontre avec le couturier qui se livre sans concession.

NUMÉRO : Il paraît que vous avez fait un pot de départ dément au théâtre du Châtelet l’autre soir... Mais il va falloir que vous me racontiez parce que je n’étais pas invité !

JEAN PAUL GAULTIER : Vous rigolez ? Non mais sincèrement. Vous auriez dû m’appeler, non seulement je vous aurais invité, mais je vous aurais mis sur le podium en combinaison de tulle brodé !

Je n’en demandais pas tant. Il paraît que vous avez décidé de tout arrêter : l’alcool, la drogue, le sexe, le prêt-à-porter et la haute couture !

En réalité, je ne faisais pas tout ce que vous avez énuméré, du coup, ça faisait moins de choses à éliminer. Mais la collection s’est faite comme une espèce de flot, entre les choses que je voulais refaire, défaire, reconstruire, sans en mesurer l’étendue, en faisant simplement dans l’impulsion et dans l’instinct. En plus, j’ai du mal avec le calcul mental, alors quand il a fallu attribuer les vêtements... j’ai été un peu dépassé. Je m’en suis rendu compte lorsque je suis arrivé dans les coulisses du Châtelet, en voyant toutes ces tenues et tout ce monde – tellement de monde qu’il était difficile de circuler. Ça m’a fait un choc. Il a fallu compter sur le miracle, comme pour mon premier défilé.

Pourquoi avoir choisi le théâtre du Châtelet pour faire vos adieux à la mode ?

La première fois que j’ai vu un spectacle avec ma grand-mère, un vrai spectacle, c’était ici. Il s’agissait d’une production de l’opérette Rose de Noël avec le ténor André Dassary. J’avais 8 ou 9 ans.  À un moment, il était sur un lit qui s’envolait dans les airs, c’était magique. Le Châtelet est ainsi resté gravé dans ma mémoire comme un magnifique théâtre où les rêves pouvaient se réaliser. Un peu comme avec les spectacles aux Folies-Bergère d’ailleurs, que j’avais vus à la télévision et qui m’ont guidé vers la mode.

“Aujourd’hui plus personne n’achète des vêtements.”

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Gigi Hadid.

C’est quoi toutes ces histoires d’“upcycling” ? Que veut dire ce mot exactement ?

Je ne saurais vous donner la traduction exacte, mais l’idée, c’est de réinventer... En fait, je ne sais pas du tout ce que veut dire ce mot, mais je l’ai utilisé car “up” me faisait penser à la haute couture. Il s’agit donc de recycling avec ma propre couture, que j’ai mélangée aussi avec du prêt-à-porter.

Bref, pourquoi avez-vous décidé de raccrocher les ciseaux ?

Déjà, je vais avoir 68 ans au mois d’avril...

Et alors ? Quel est l’âge de la retraite en France ?

Ah, justement, c’est l’objet de toutes les discussions ! Mais il ne s’agit pas d’une retraite... J’ai toujours eu la sensation, depuis que je faisais des croquis chez moi et que je les montrais à ma grand-mère, que le jour où j’arrêterais, je pourrais toujours continuer à dessiner. Que c’était mon petit plaisir à moi. Peu importe que ce soit médiatisé ou non, ces dessins étaient faits par moi, pour moi et pour personne d’autre... Maintenant, je vais pouvoir les montrer à mon chat !

“Maintenant tout le monde peut coller sa robe sur le dos de n’importe quelle star, il suffit de lui signer un gros chèque.”

Le dessin vous passionne plus que tout ?

Non, maintenant, c’est de faire des collections. Ou plutôt, ça a été de faire des collections, c’est-à-dire de réaliser mes dessins. J’ai été assistant de Pierre Cardin, qui était quelqu’un de très libre. Maintenant, on vit dans un monde où il y a de moins en moins de liberté, dans tous les sens du terme : dans le sens moral, dans le sens de la perception des choses, qui sont mal vues ou mal interprétées, et d’une façon parfois très violente. Et en plus de ça, le vêtement n’a plus du tout la même signification qu’avant. Il montre toujours un milieu socioculturel, mais maintenant, le vêtement de luxe, on ne l’achète plus, il est souvent offert.

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Irina Shayk.

Qu’entendez-vous par là ?

Aujourd’hui plus personne n’achète des vêtements. Ou alors très peu. Il y a une surconsommation, mais en même temps, il n’y a pas assez de monde pour pouvoir tout acheter. Certaines maisons vont même jusqu’à brûler leurs fins de stock... Elles font toutes des collections de plus en plus énormes, alors qu’aujourd’hui, il faudrait plutôt faire l’inverse. Tout le monde veut faire de tout, alors que chacun devrait rester là où il est.

“Si ​récemment j’ai senti que j’avais moins de liberté, c’est peut-être à cause de la conjoncture économique, et des groupes de luxe...”

Pourquoi dites-vous que les vêtements de luxe ne se vendent plus, qu’ils sont offerts ?

Avant, j’étais très flatté de me rendre compte que Boy George ou Sting achetaient mes vêtements en boutique. Même Madonna le faisait, imaginez ! Tout ça a changé. Ce n’est pas que je veuille vendre à tout prix, mais c’était une manière pour eux de montrer qu’ils aimaient ce que je faisais. Maintenant les stars se font payer pour porter les vêtements. Ça n’est plus un acte d’amour. Maintenant tout le monde peut coller sa robe sur le dos de n’importe quelle star, il suffit de lui signer un gros chèque.

Aviez-vous l’impression de ne plus trouver votre place dans le paysage actuel de la mode ?

J’en avais peut-être marre parce que je ne trouvais pas ma place, en effet. Mais quelle était ma place ? En fin de compte, je suis assez gâté : j’ai fait ce que je rêvais de faire étant gamin. Ce qui est un luxe inouï. J’ai toujours été libre. Et si récemment j’ai senti que j’avais moins de liberté, c’est peut-être à cause de la conjoncture économique, et des groupes de luxe qui font tout pour éliminer la concurrence. C’est le Fashion Freak Show, le spectacle que j’ai monté aux Folies-Bergère, qui m’a fait prendre conscience que la boucle était bouclée. J’avais besoin de me changer les idées, de faire autre chose, c’était devenu comme une urgence.

La maison de couture de la rue Saint-Martin va-t-elle fermer ses portes ?

Non, pas du tout, ça va continuer. J’ai monté un projet pour m’assurer qu’elle allait me succéder. J’ai trouvé un concept que je ne peux pas encore dévoiler, mais qui correspond à l’époque et qui permettra aux collections de couture de continuer sans moi. C’est tout à fait possible ; il y a plein de jeunes – et de moins jeunes – qui ont du talent.

Pourriez-vous envisager que votre marque perdure sous la direction artistique d’un autre créateur ?

Tout à fait, surtout si je ne m’en mêle pas !

Alors, qu’allez-vous faire de votre temps libre à présent ? Vous inscrire en cours de poterie, vous mettre au bridge, retapisser les sièges du TGV comme Christian Lacroix ?

Je vais faire comme Divine, et me lancer dans le macramé ! [Rires.] Non, j’ai quelques projets. D’abord, je vais toujours avoir un œil sur la maison, mais en arrêtant totalement de faire des collections. Peut-être que je ferai des collaborations. Mais il y a surtout le Fashion Freak Show qui continue. [Jean Paul Gaultier annonçait, le 4 mars son nouveau concept couture en collaboration avec la créatrice Chitose Abe, fondatrice de Sacai]

L’arrêt de la haute couture ne risque-t-il pas de nuire aux ventes des parfums Gaultier qui sont en licence depuis 2011 chez Puig ?

C’est bien pour cela qu’on ne l’arrêtera pas.

Anna Wintour a été aperçue dans l’orchestre du Châtelet... Était-ce la première fois qu’elle assistait à l’un de vos défilés ?

Ça m’a fait plaisir, car elle n’est pas rancunière par rapport à ce que j’ai pu dire sur elle – et que je regrette. Elle sait s’amuser en tout cas, elle dansait, elle souriait, elle applaudissait...

Elle dansait ?

Oui, sans doute parce qu’elle se disait : [tapant dans ses mains...] “Ça y est, il s’en va ! Ça y est, il s’en va !” [Rires.]

Comment avez-vous fait pour tenir cinquante ans dans le métier ? Moi ça fait vingt ans, et j’ai déjà envie de me jeter par la fenêtre.

Il ne faut pas se jeter par la fenêtre. Si j’ai tenu aussi longtemps, c’est parce que j’aime ça, c’est ma passion. Et puis, au cours de ma carrière, je n’ai pas énormément fréquenté le milieu de la mode, ça préserve.

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