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Jours tranquilles à Paris

3 mars 2020

Jane Birkin et Serge Gainsbourg

birkin gainsbourg

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3 mars 2020

NEGZZIA

zzia

Au fond de ses yeux noirs, la détermination s'efface pour laisser place à une impatience tout enfantine quand elle évoque l'arrivée prochaine de ses papiers d'identité français. C'est que Negzzia vient tout juste d'obtenir l'asile. « On a fourni des articles sur les arrestations de mannequins et de photographes à Téhéran montrant bien la menace à laquelle elle était exposée dans son pays d'origine », explique Me Sahand Saber, qui défend pro bono la jeune femme. Au printemps 2017, alors que sa carrière explose en Iran, Negzzia transgresse l'interdit et pose en lingerie. En plein shooting, le photographe se jette sur elle et tente de la violer. Elle réussit à lui échapper in extremis mais le mal est fait. « Il a juré qu'il me détruirait. Il avait des photos sensuelles où l'on voyait mes tatouages. Il pouvait me faire tomber à n'importe quel moment », se souvient-elle. En Iran, la police religieuse punit l'atteinte à la pudeur d'au minimum 1044 coups de fouet. Elle quitte alors Téhéran à la hâte pour se réfugier à Istanbul. Là, Negzzia multiplie les shootings en petite tenue. Elle poste les clichés sur Instagram, comme un défi lancé au régime des mollahs. Mais la Turquie conservatrice la rattrape. Un ami réussit à lui obtenir un visa pour la France. Elle arrive à Paris sans contacts, sans logement et accepte l'hospitalité d'un homme. Mais s'aperçoit qu'il lui faudrait céder à ses avances pour conserver un toit. « Je préfère dormir dehors », dit-elle fièrement. C'est ce qui finira par arriver l'hiver dernier. « J'avais dépensé mes derniers euros dans un abonnement à un club de gym pour entretenir mon corps et continuer à être mannequin, mon rêve. Le soir, je dormais sur un banc, dans un parking, et le matin j'allais me doucher à la salle et j'essayais dans la journée de trouver un job. Mais sans papiers, c'était mission impossible. » Avec son statut de réfugiée, la résiliente Negzzia a désormais toutes les cartes en main pour réaliser ses rêves.

3 mars 2020

Libération

libé22

3 mars 2020

Théâtre - Isabelle Huppert dans la « Ménagerie de verre », au Théâtre de l’Odéon à Paris

Il faudra attendre le 6 mars pour voir Isabelle Huppert endosser le rôle d’Amanda dans la pièce « La Ménagerie de verre » de Tennessee Williams (mise en scène par Ivo van Hove au Théâtre de l’Odéon, à Paris). | JAN VERSWEYVELD

Pour son retour dans « sa » maison de théâtre, l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Isabelle Huppert retrouve Tennessee Williams. Après avoir été Blanche DuBois dans Un tramway nommé désir sous la direction de Krzysztof Warlikowski, elle est Amanda, la mère de La Ménagerie de verre, une des plus belles pièces de l’auteur américain, une des plus personnelles, où Williams convoque les fantômes de son histoire familiale.

C’est le metteur en scène belge Ivo van Hove qui signe l’écrin propre à déployer le jeu d’Isabelle Huppert, laquelle est accompagnée par Justine Bachelet, Cyril Guei et Nahuel Pérez Biscayart, remarqué dans 120 battements par minute, le film de Robin Campillo. Fabienne Darge

« La Ménagerie de verre », Odéon-Théâtre de l’Europe, Paris 6e. Du 6 mars au 26 avril.

3 mars 2020

Peut-on encore être un bon coup ?

bon coup

Par Maïa Mazaurette

Plutôt que de perpétuer cette formule un tantinet brutale, privilégions le vocabulaire du bon amant, nous invite Maïa Mazaurette, la chroniqueuse de « La Matinale ».

LE SEXE SELON MAÏA

Qu’est-ce qu’un bon coup ? Cette question renvoie, sur Google, à 236 000 résultats. Elle est cinq fois plus populaire que « qu’est-ce qu’un bon citoyen ? ». Quand la demande de performance sexuelle se révèle plus forte que la performance républicaine, assiste-t-on à la chute d’une civilisation ? A un glissement de valeurs ? Au triomphe du génital sur le national ?

Je laisse les polémistes en débattre, d’autant que c’est ma propre chronique, datée de 2017, qui apparaît en tête des résultats (Le Monde, premier sur le bon coup !). Il se trouve que depuis 2017, la conversation a changé. Reprenons donc de zéro.

Idéalement, on cesserait de parler de bons coups, d’à-coups, de tirer un coup, de coups de boutoir, de coup d’un soir. L’étymologie montre que ces termes sexuels sont inspirés du vocabulaire guerrier. Dans l’absolu, y’a pas mort d’homme (« tu ne vas quand même pas t’attaquer à des métaphores »). La banalisation d’un langage agressif est pourtant difficile à défendre quand, précisément, nous faisons face à une épidémie de sexualité agressive.

Pour information, voici les tout derniers chiffres américains, tombés cette semaine dans le Journal of Sexual Medicine : 76 % des hommes ont déjà frappé « érotiquement » leur partenaire, 36 % ont infligé des fellations brutales, 23 % ont insulté, 22 % ont tenté d’imposer du sexe anal, 20 % ont pratiqué des étranglements. Si le détail vous intéresse, j’ai décortiqué cette étude pour GQ Magazine.

Coopération

Au regard de ces statistiques, et sans velléité de censure, admettons que les mots ont des conséquences. Ils normalisent, ou nourrissent des fantasmes. Si on peut développer un diabète en mangeant d’innocentes fraises Tagada, alors on peut développer l’idée que la brutalité sexuelle soit désirable en utilisant d’« innocentes » métaphores : défoncer, déglinguer, niquer, fourrer...

Plutôt que de parler de « bon coup », parlons donc du bon amant… qui malgré cette formulation au masculin, n’est pas forcément un homme. Eh oui. Nous sommes en 2020, les rapports sexuels reposent sur la coopération, on est donc toujours deux bons amants – au pluriel.

Jusqu’à récemment, les normes de genre primaient sur la coopération : les hommes sont actifs, les femmes sont passives. Les hommes donnent des orgasmes, les femmes sont décoratives. Dans ces conditions, impossible d’être une bonne amante ! Sauf à considérer que s’allonger sur le dos puisse produire des étincelles (si ça fait des étincelles, j’ai le regret de vous annoncer que vous êtes allongée sur des rails de métro).

Cette répartition des tâches a créé des amantes déresponsabilisées, désinvesties, ou carrément suspectes lorsqu’elles démontrent « trop » de compétences. On ne s’étonnera d’ailleurs pas que 44 % d’entre elles ne prennent jamais ou rarement l’initiative au lit (Ifop/Psychologies Magazine, avril 2014). Pas mieux du côté des amants supposément virils et somptueusement membrés, puisque à accaparer tout le boulot, 20 % des hommes souffrent de ne pas être sexuellement à la hauteur, tandis que 63 % sont préoccupés par leurs performances (Ifop/Charles.co, octobre 2019).

Division des responsabilités

Heureusement, l’époque du taylorisme sexuel et du strict séquençage des tâches se termine. Les amants, de plus en plus, partagent à la fois le désir (ce ne sont plus uniquement les femmes qui se font belles) et le plaisir (ce ne sont plus seulement les hommes qui font des prouesses). Chacun s’empare des compétences qui l’amusent, l’intéressent ou l’excitent. En divisant les responsabilités, non seulement on respire, mais on reprend des espaces de liberté.

Ce déplacement de la compétence sexuelle touche particulièrement les hommes, qui en 2020 ne peuvent décemment plus considérer le pénis comme l’organe absolu de la performance. N’importe qui peut acheter, sans quitter son sofa, un godemiché ultra-réaliste à 10 euros. Avec la vibration en prime. A ce titre, placer sa valeur là où des objets produits en série triomphent à tous les coups et sur tous les tableaux (taille, rigidité, résistance), constitue une fascinante entrée sur l’autoroute de la déprime. Un couturier ne se place pas en concurrence avec une machine à coudre : un homme ne devrait jamais exposer sa fierté virile à la comparaison avec un double dildo phosphorescent texturé.

En s’extrayant de la logique du piston (bander, tenir, tenir, tenir, céder), les amants mâles ne perdent rien au change. Au contraire, ils peuvent réinvestir tous les autres domaines. En premier lieu la sensualité.

Parce qu’un godemiché ne possède pas (encore) de nerfs, parce qu’il obéit aux directives, parce qu’il ne démontre aucune faculté d’adaptation, il génère des frustrations. Le bon amant millésime 2020 en a conscience, et en profite pour développer son initiative, son intelligence et sa réceptivité. Ce dernier point a des vertus redoutablement libératrices. Privilégier la sensualité sur la rigidité permet en effet d’effacer, momentanément, les misères de la loterie génétique : on n’a pas moins de terminaisons nerveuses quand son pénis est petit ou flaccide, on est donc exactement aussi « performant » que Rocco Siffredi.

Permettre à ses partenaires de s’améliorer

Ainsi l’amant 2.0 explore-t-il ses zones érogènes (voir notre chronique à ce sujet), sans oublier de les développer (car la sensibilité se travaille). Il connaît son corps tout autant que celui de ses partenaires, ce qui signifie qu’il accepte de recevoir. Car si les attitudes de « donneur d’orgasmes » passent pour altruistes, elles constituent aussi un évitement, une manière de (se) refuser. Cette générosité ne trompe personne : si vous pratiquez une sexualité qui ne vous implique qu’à moitié, mieux valait opter pour une série télé.

Bien sûr qu’on peut avoir des préférences. Mais pour préférer, encore faut-il essayer, notamment en acceptant que l’autre nous fasse des choses. Même quand il y a des maladresses, même quand la communication nous déconcerte. Faire confiance à ses amants est la seule manière de développer leurs compétences : le « bon coup » est celui ou celle qui permet à ses partenaires de s’améliorer, en diffusant le savoir-faire et en servant (dans la limite du raisonnable) de terrain d’expérimentation.

Enfin, le bon amant, la bonne amante, renonce à l’idée qu’on puisse être un virtuose générique, qui sache tout faire, sur tous les corps. La sexualité a besoin de chirurgiens, pas de généralistes. A ce titre, les experts autoproclamés sont très probablement victimes de l’effet Dunning-Kruger, selon lequel les personnes les moins qualifiées dans un domaine ont tendance à surestimer leur compétence (à l’inverse, plus on est spécialiste, plus on est capable de mesurer son incompétence, donc de faire preuve d’humilité).

2017-2020 : les temps ont changé, pas ma conclusion. Les bons coups du passé font les mauvais amants contemporains. La rigidité des membres a laissé place à la fluidité des affects. L’intelligence n’est plus magistrale mais adaptative. Le répertoire n’est plus imprimé dans des Kamasutras mais partagé entre les draps. En design comme en sexualité, nous sommes passés de la rigidité à la mollesse, des positions de principe au principe de coopération. Le bon amant, la bonne amante, épouse les contours de ses partenaires.

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2 mars 2020

Milo outdoor... photos : Peter Palm

milo outdoor (1)

milo outdoor (2)

milo outdoor (3)

2 mars 2020

Crise humanitaire - Les migrants, otages des manœuvres politiques d’Erdogan

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Sans espoir et sans ressources, des milliers de migrants syriens, afghans et irakiens sont bloqués depuis ce week-end à la frontière gréco-turque. Le président Erdogan leur a fait miroiter des frontières européennes grandes ouvertes, mais la Grèce a cadenassé la majeure partie de ses points d’entrée.

“À quelques mètres du poste-frontière d’Ipsala, des centaines de réfugiés sont regroupés sur un parking aux allures de terrain vague”, raconte l’envoyé spécial du Soir en Turquie. “Autour d’eux, des files de camions attendent les contrôles pour gagner la Grèce. Mohamad les regarde, dépité. ‘Erdogan nous a dit que nous pouvions passer ! Nous sommes venus et nous sommes bloqués… Les Grecs ont fermé les frontières’, explique ce jeune Afghan de 20 ans.”

Des centaines de familles comme celles de Mohamad ont cru trouver des frontières ouvertes et “sur les routes, les migrants continuent d’espérer passer, sans savoir qu’ils sont d’abord au cœur d’un marchandage”, écrit le quotidien belge.

En claironnant l’ouverture des frontières, Erdogan n’avait qu’un objectif : faire pression sur l’Union européenne (UE) en agitant le spectre de la crise migratoire de 2015, qui avait déstabilisé une Europe plus divisée que jamais.

Engagé dans une escalade militaire sanglante avec le régime de Bachar El-Assad, le président turc espère ainsi forcer les Européens à s’investir davantage dans le conflit à ses côtés. Les migrants se retrouvent otages de ce vaste jeu politico-diplomatique.

L’envoyé spécial d’El País raconte le sort de Zekerya et de ses proches, originaires d’Irak. Après d’être rendu compte qu’ils ne pourraient jamais passer côté grec, ils ont décidé “de rentrer à Istanbul. Nous étions une quinzaine de familles dans des taxis, mais la police turque nous a arrêtés sur la route. Et ils nous ont dit de retourner à la frontière.”

Le jeune homme est désespéré : “Les Grecs ne nous laissent pas passer et les Turcs ne nous laissent pas rentrer, du coup nous ne savons pas quoi faire. Nous nous retrouvons entre les deux.”

Si la voie terrestre semble verrouillée, la voie maritime est un peu moins étanche, observe Kathimerini. “Grâce aux bonnes conditions météorologiques, les arrivées sur les îles s’accélèrent”, selon le quotidien grec. Seize bateaux, avec à leur bord “plus de 400 migrants, ont débarqué à Lesbos, Chios et Samos” dimanche matin. “Et des milliers d’autres migrants sont rassemblés sur la côte turque, attendant leur tour pour traverser.”

Situation explosive

Mais si les migrants réussissent à échapper aux gardes-côtes, leur sort n’est pas pour autant réglé en arrivant sur les îles. À Lesbos, des dizaines d’habitants les attendaient dimanche sur les plages pour les empêcher de débarquer. L’île abrite déjà un centre de réfugiés surpeuplé – construit pour 3 000 migrants, il en accueille aujourd’hui 20 000 – et demande maintenant à la Grèce continentale de prendre ses responsabilités.

The Guardian a discuté avec le sergent Panaghiotis Fykias, de la police de Lesbos. “Pour être honnête, je suis pessimiste, déclare-t-il. Aujourd’hui, pour la première fois, j’ai eu l’impression de revenir en 2015. Les vents sont tombés, le temps est parfait (pour traverser), mais si ces flux continuent, c’est de mauvais augure. La situation est explosive. Il y a 27 000 migrants ici et les habitants ont perdu patience. Cela pourrait facilement dégénérer.”

L’UE, inquiète de la situation, va réunir cette semaine ses ministres des Affaires étrangères, tandis que le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov – dont le pays partage une frontière avec la Turquie –, doit rencontrer Erdogan lundi, au nom des Vingt-Sept.

Mais quelle que soit l’issue politique de la crise, le sort des milliers de réfugiés bloqués à la frontière reste incertain. Apostolis Fotiadis, spécialiste des politiques migratoires, craint, dans La Stampa, que leur situation ne devienne “encore plus difficile”.

“La Grèce est prise en étau entre la Turquie, qui utilise les réfugiés pour des raisons géopolitiques, et l’UE, qui n’envisage aucun autre scénario que de maintenir ses frontières extérieures fermées, explique-t-il. Le gouvernement (grec) fera tout pour continuer à verrouiller ses frontières et considérera cette situation comme une excuse pour promouvoir une politique de détention plus sévère.”

2 mars 2020

Jean Paul Gaultier

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2 mars 2020

Césars 2020 : après la cérémonie, les fractures du cinéma français

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Par Zineb Dryef

Le prix de la meilleure réalisation attribué à Roman Polanski pour son film « J’accuse » a provoqué une vague de soutiens, massivement féminins, à l’actrice Adèle Haenel.

Cette seule image de la 45e cérémonie des Césars a balayé toutes les autres : Adèle Haenel et Céline Sciamma quittant la salle Pleyel à l’annonce de la remise du César de la meilleure réalisation à Roman Polanski, suivies par quelques dizaines de personnes parmi lesquelles l’actrice Aïssa Maïga qui a expliqué au Monde avoir été bouleversée par la victoire de Roman Polanski : « J’étais terrassée, effrayée, dégoûtée, dans mes tripes. J’ai pensé à toutes ces femmes qui voient cet homme plébiscité et je pense à toutes les autres, ces femmes victimes de viol et de violences sexuelles. » Déborah François, Sara Forestier, Laure Calamy, Mati Diop, toutes présentes salle Pleyel, ont elles aussi déploré la situation.

Le geste d’Adèle Haenel, quitter la salle, est venu acter cette fracture profonde dans le milieu du cinéma français qui, depuis plusieurs années, se divise sur cette question : « Faut-il honorer Roman Polanski et lui décerner des prix ? » Si l’Académie des Césars a répondu oui, de nombreuses voix s’élèvent depuis vendredi pour soutenir Adèle Haenel. A quelques rares exceptions – Swann Arlaud qui a jugé « assez incompréhensible » le choix des Césars –, les réactions d’indignation à cette distinction sont massivement venues des femmes : elles ne représentent que 35 % du collège des votants de l’Académie.

« Ça pue dans ce pays »

Parmi les voix qui se sont élevées (Virginie Despentes, Adèle Exarchopoulos, Christine and the Queens, Elodie Frégé…), nombreuses sont celles des femmes qui ont dénoncé des violences sexuelles.

L’Américaine Rose McGowan, qui fut l’une des premières à témoigner contre Harvey Weinstein, a apporté son soutien public à la réalisatrice et à la comédienne française, sur Twitter : « Chère Adèle et Céline, je sais ce que cela signifie d’être seul et de poursuivre ce qui est juste. (…) Allez-y foncez ! » L’économiste Sandrine Rousseau, élue Europe Ecologie-Les Verts, présidente de l’association Parler qui soutient des victimes de violences sexuelles et qui a été l’une des premières femmes politiques à dénoncer le harcèlement sexuel dont elle a été victime, a également apporté son soutient à la comédienne. Andréa Bescond, réalisatrice du film Les chatouilles, qui raconte les viols dont elle a été victime enfant, a longuement réagi sur son compte Instagram : « Je me reconnais dans les mots de Swann (Arlaud), dans les départs précipités et empreints d’une immense colère d’Adèle, Noémie et Céline [Haenel, Merlant, Sciamma, actrices et réalisatrice du Portrait de la jeune fille en feu], alors tout n’est pas perdu ! A ceux qui publient en faveur de Polanski, (…) ne restons pas en contact, nos discussions seraient stériles, toxiques et chronophages, je n’y tiens pas. »

Dans ce climat très tendu où chacun doit choisir son camp, le comédien Gilles Lelouche a dû publier une mise au point après avoir reçu des messages hostiles : « C’est mon ami Jean Dujardin que j’ai soutenu et pas Polanski. Je suis, comme beaucoup, choqué qu’on ait pu lui donner ce César-là cette année-là, comme je le suis des raccourcis et amalgames qui se font aujourd’hui. » Demeurés discrets après avoir annoncé qu’ils ne participeraient pas à la cérémonie, les membres de l’équipe de J’accuse ont peu réagi à l’annonce du prix, seul Jean Dujardin a multiplié les publications sur Instagram. La dernière en date, le montrait dans un aéroport parisien portant un masque chirurgical. La légende : « Je me casse, ça pue dans ce pays. » Sur le même réseau social, l’actrice Emmanuelle Seigner, épouse de Roman Polanski, a dénoncé les « mensonges de folles hystériques en mal de célébrité » avant de fermer son compte.

« On se lève. On se casse »

Adèle Haenel, elle, s’est exprimée dans Mediapart au lendemain des Césars, résumant ainsi la soirée : « Ils voulaient séparer l’homme de l’artiste, ils séparent aujourd’hui les artistes du monde. » Une formule qui fait écho aux origines de l’indignation suscitées par ce prix : le sentiment pour beaucoup que les voix des victimes n’ont pas été écoutées par les votants.

« Si vous tenez tant vous aussi à ce que le cinéma reste une fête ne violez pas, ne touchez pas les fesses, les seins, les cuisses des femmes qui n’ont pas exprimé leur consentement, écrit Marlène Schiappa, dans une tribune à la liberté de ton rare, publiée dans Libération. Vous ne voulez plus de cris, de manifestations, de scandales, de départs de la salle ? Soutenez les femmes. (…) Ne couvrez pas ceux qui sont accusés de viols. » Franck Riester, le ministre de la culture, a lui aussi déclaré sur Europe 1 regretter le mauvais signal envoyé par cette récompense « à un moment où la chape de plomb sur ces agressions sexuelles et sexistes est en train d’exploser dans notre pays ».

Après #metoo, qui encourageait la prise de parole des femmes, beaucoup aimeraient voir ce geste, « quitter la salle », se diffuser. Partir pour marquer son inflexibilité et sa colère. Virginie Despentes, dans un texte publié par Libération dimanche 1er mars, prend la parole au nom de toutes celles qui ont exprimé leur indignation : « Vous avez le pouvoir et l’arrogance qui va avec mais on ne restera pas assis sans rien dire. Vous n’aurez pas notre respect. (…) C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde. »

Du côté des associations féministes, la colère, très vive, semble remobiliser. Le collectif Nous Toutes appelle à se rassembler le 8 mars.

2 mars 2020

Coronavirus

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