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Jours tranquilles à Paris

1 mars 2020

«Nous démissionnons pour défendre l’idée de la critique»

cahiers du cinema

Par Jérôme Lefilliâtre 

Le rédacteur en chef des «Cahiers du cinéma», Stéphane Delorme, explique pourquoi la rédaction a décidé jeudi de quitter collectivement la revue historique après son rachat par des producteurs et des industriels.

Jeudi, la rédaction des Cahiers du cinéma a collectivement démissionné. Dix-huit journalistes vont quitter le mensuel après avoir bouclé le numéro d’avril, pour protester contre la vente de l’emblématique titre de presse, dans lequel ont écrit Rohmer, Godard ou Truffaut. Les Cahiers ont été rachetés au début du mois de février par un groupe de vingt investisseurs, parmi lesquels des producteurs comme Christophe Barral et Pascal Caucheteux et des industriels comme Xavier Niel ou Alain Weill (PDG d’Altice France, groupe propriétaire de Libération). Le rédacteur en chef de la revue, Stéphane Delorme, explique pourquoi l’équipe a claqué la porte.

Pourquoi quitter les Cahiers ?

C’est une question de principe. Parmi les nouveaux actionnaires, huit sont des producteurs de cinéma. Pour nous, une ligne rouge est franchie : il n’est pas possible que des producteurs soient propriétaires d’une revue critique de cinéma. A l’avenir, on accuserait forcément nos articles d’être complaisants ou d’être des règlements de comptes. Tout est brouillé désormais. Nous avons été surpris que personne n’ait réagi à l’annonce de la vente. C’est passé comme une lettre à la poste. Ce manque de soutien nous a accablés.

Avez-vous hésité ?

Nous nous sommes posé la question de résister depuis l’intérieur. Pour beaucoup d’entre nous, nous travaillons ensemble depuis onze ans. Nous en avons parlé. Mais nous nous serions vite retrouvés dans la position d’un camp retranché, cela n’aurait tenu que quelques mois et ils auraient trouvé le moyen de changer la direction - il y a trente-six façons d’y arriver. Rester aux Cahiers aurait aussi signifié jouer le jeu de la transition. C’est pourquoi nous avons préféré partir.

Le fait qu’il y ait des industriels parmi les repreneurs a-t-il joué ?

Oui. Cet assemblage de propriétaires dotés d’intérêts variés nous interpelle. Pourquoi l’entrepreneur Frédéric Jousset, l’un des promoteurs du Pass Culture d’Emmanuel Macron, en est-il ? J’ai écrit un éditorial très violent sur ce projet… Pourquoi retrouve-t-on Xavier Niel ou Alain Weill ? Ce sont des industriels que l’on voit partout dans la presse, qui rachètent les journaux et les médias. Même les Cahiers, pourtant une entreprise de 7 salariés, ne sont pas préservés de ce phénomène de concentration… En partant, nous voulons aussi dire notre opposition à ce phénomène. En l’occurrence, ce sont des noms qui achètent une marque, mais pas nous, pas l’équipe éditoriale, pas la matière vive du journal.

Quelle est la situation financière des Cahiers ?

Nous avons été handicapés par la disparition des livres, que l’ancien propriétaire, Richard Schlagman, a arrêtés. Historiquement, l’entreprise a pourtant toujours reposé sur deux pieds, la revue et les livres. Et puis, nous avons subi le contexte général difficile pour la presse. Malgré tout, nous avons résisté. On vient d’avoir les chiffres : les ventes en kiosque ont augmenté de 4 % en 2019. Je ne suis pas très content qu’on dise que la situation est mauvaise. C’est vrai, le nombre d’abonnés a un peu baissé. Mais nous n’avons eu aucune campagne de recrutement, aucun développement ces dernières années. Les Cahiers en ont besoin. Regardez notre site internet… Nous avons été laissés à l’abandon. Mais les pertes financières ne sont pas monstrueuses [la société a perdu 150 000 euros en 2018, pour 1,3 million d’euros de chiffre d’affaires, ndlr]. Et les repreneurs ont la force de frappe financière.

Avez-vous rencontré certains repreneurs ?

Nous en avons vu deux : le nouveau gérant, Eric Lenoir, et Grégoire Chertok, qui est banquier d’affaires chez Rothschild. Devant nous, ils ont montré patte blanche et nous ont assurés de notre indépendance. Deux jours après, dans la presse, nous apprenions qu’ils voulaient recentrer la revue sur le cinéma français et qu’ils avaient un «projet». Depuis, nous ne les avons pas vus. Ils n’ont pas d’intérêt pour nous. Ils ne se cachent pas de chercher une autre équipe.

Payez-vous une ligne éditoriale trop à gauche, qui s’exprimait dans vos éditoriaux ?

Oui. Mes prises de position sur les gilets jaunes et la façon dont ils ont été médiatisés n’ont pas plu à tout le monde. Je le sais. J’ai eu des échos négatifs, de la part de lecteurs, d’anciens des Cahiers, de réalisateurs. Des tenants d’une cinéphilie pure ne se sont pas retrouvés dans cette ligne et ne voient certainement pas d’un mauvais œil le fait que je m’en aille. Dans le milieu du cinéma, la conscience politique est très faible.

La critique artistique a-t-elle encore un avenir ?

Nous faisons aussi ce geste pour défendre l’idée de la critique. Sinon, on se retrouve avec de la soupe. Nous ne sommes pas là pour passer les plats. Je crois que les gens veulent pouvoir lire des avis intègres, de la part de critiques qui écrivent en conscience et depuis quelque part. Quand on écrit depuis les Cahiers du cinéma, on écrit depuis quelque part : on remet les œuvres dans une perspective historique, on n’avale pas l’actualité des films, on n’est pas dans la promotion. L’absence de critique met en danger l’art que l’on critique.

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1 mars 2020

Enquête - Les années 1970-1980, âge d’or de l’apologie de la pédophilie

Par Anne Chemin

Au nom de la libération sexuelle et de l’émancipation des adolescents, nombre d’intellectuels, d’écrivains et d’artistes ont défendu, après mai 1968, la pédophilie. Il a fallu, dans les années 1990, que les victimes prennent publiquement la parole pour mettre fin à ces discours.

Enquête. C’est une époque lointaine dont la langue nous est désormais inconnue. Une terre reculée où un écrivain sacré par le prix Médicis (1973) comme Tony Duvert peut affirmer que les « gamins aiment faire l’amour comme on se mouche » ; où le Groupe de recherche pour une enfance différente (GRED) publie dans une revue aussi sérieuse que L’Ecole des parents ; où un journal comme Libération sert de poste restante à un éphémère Front de libération des pédophiles. « Les années 1970 et 1980 nous mettent en présence d’un monde disparu », résume le sociologue Pierre Verdrager, chercheur associé à l’université Paris-Descartes.

Pour évoquer cette parenthèse où l’éloge de la pédophilie eut droit de cité, Wikipédia ne s’embarrasse pas d’euphémismes : dans l’encyclopédie en ligne, l’une des entrées sur l’après-Mai 68 est titrée « Apologie de la pédophilie ». « Ces années furent “l’âge d’or” de l’offensive en faveur de la défense des pédophiles », constate Jean-Hugues Déchaux, professeur à l’université Lumière-Lyon-II.

Cet univers a sombré corps et biens au début des années 1990 : la pédophilie est alors apparue, non comme une salutaire libération de la sexualité enfantine, mais comme un abus de pouvoir perpétré par des prédateurs sans scrupules – et les décennies précédentes nous sont, du même coup, devenues étrangères.

Une ivresse libertaire qui bouscule tous les interdits

Le plaidoyer en faveur de la pédophilie émerge, il est vrai, dans un monde très éloigné du nôtre. Au lendemain de Mai 68, la France est plongée dans une ivresse libertaire qui bouscule un à un tous les interdits. « Cette époque sanctifie, de manière parfois naïve, la notion d’émancipation, souligne Antoine Garapon, secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice. Il faut impérativement briser l’ordre moral et les tabous de la société bourgeoise. » « L’heure de la libération des corps et des sexualités a sonné : plus rien ne va de soi », ajoute l’historienne Anne-Claude Ambroise-Rendu, auteure d’Une histoire de la pédophilie. XIXe-XXIe siècle (Fayard, 2014).

Dans ce climat d’exaltation de la liberté sexuelle, nombre de photographes et d’écrivains célèbrent avec ferveur l’érotisme des enfants. Diffusées dans le monde entier, les photos de David Hamilton mettent en scène de très jeunes adolescentes vêtues de nuisettes vaporeuses et de voiles transparents. Brooke Shield, 13 ans, fait la « une » du magazine Photo, entièrement nue et outrageusement maquillée. Tony Duvert, publié aux éditions de Minuit, écrit avoir eu des relations sexuelles « avec un bon millier de garçons » dont les plus jeunes avaient 6 ans. « A 4 ans, les enfants bandent ; à 8 ans, ils enculent ; à 10 ans, ils se tripotent ; à 12 ans, ils aiment », proclame Jean-Luc Hennig, journaliste à Libération.

A l’époque, la défense des pédophiles a pignon sur rue – à l’extrême droite, où Alain de Benoist estime qu’il est plus scandaleux de regarder des jeux télévisés que d’avoir la « passion des fesses fraîches, des émotions naissantes et des seins en bouton », mais aussi, à l’extrême gauche. En 1979, le journal Le Gai Pied dénonce ainsi la « phobie de la pédophilie » : en poursuivant les adultes « qui aiment les enfants », la justice réprime « l’une des multiples formes d’expression de la sexualité et de l’amour humain ». Deux ans plus tard, Le Petit Gredin, la revue du Groupement de recherche pour une enfance différente, proclame joyeusement dans son premier numéro : « Ça y est, la pédophilie est de sortie ! »

sodomie

LA CRIMINALISATION DE LA PÉDOPHILIE, ESTIME GUY HOCQUENGHEM, EST LE FRUIT ABSURDE DES « INTERDITS RELIGIEUX SUR LA SODOMIE »

La parole pédophile n’est pas cantonnée à ces groupes militants nés dans le sillage de Mai 68 : elle s’épanouit aussi dans les milieux littéraires.

« Coucher avec un/une enfant, c’est une expérience hiérophanique, une épreuve baptismale, une aventure sacrée », soutient l’écrivain Gabriel Matzneff, qui célèbre, dans ses romans, le « corps enfantin, baisé, exploré, fouillé ». « La secte des instituteurs et des pédagogues » doit être « attentive aux attractions passionnées des enfants », estime le philosophe René Schérer dans L’Emile perverti (Robert Laffont, 1974) : il faut les aider « à satisfaire l’immensité de leurs désirs, en dehors des familles et contre elles ».

Des textes qui donnent le vertige

Cette puissante vague de remise en cause des normes sexuelles n’épargne pas les milieux intellectuels. En 1978, dans un dialogue diffusé sur France Culture qui sera publié l’année suivante par la revue Recherches de Félix Guattari, le philosophe Michel Foucault, l’avocat Jean Danet et l’écrivain Guy Hocquenghem critiquent le régime français de « contrôle de la sexualité » qui fait de tout enfant un « être en danger ». La criminalisation de la pédophilie, estime Guy Hocquenghem, est le fruit absurde des « interdits religieux sur la sodomie » et de la croyance en la « totale étrangeté de l’univers enfantin et de l’univers adulte ». « On peut faire confiance à l’enfant pour dire si oui ou non il a subi une violence », ajoute Michel Foucault.

Dans ces années anti-autoritaires, nombre d’intellectuels s’insurgent contre la « répression » des pédophiles. En 1977, les plus grands noms des lettres et des idées dénoncent la sévérité des juges envers trois hommes accusés, à Versailles, d’avoir agressé sexuellement des mineurs de 13 et 14 ans. Trois ans de prison préventive pour une « simple » affaire « où les enfants n’ont pas été victimes de la moindre violence, mais, au contraire, ont précisé aux juges d’instruction qu’ils étaient consentants », cela suffit, estiment, entre autres, Louis Aragon, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, François Chatelet, Patrice Chéreau, Gilles Deleuze, Françoise d’Eaubonne, André Glucksmann, Félix Guattari, Guy Hocquenghem, Michel Leyris, Jean-François Lyotard, Gabriel Matzneff, Christiane Rochefort, Jean-Paul Sartre et René Schérer.

Si tous ces textes donnent aujourd’hui le vertige, ils mêlent des argumentaires très différents. Grisés par l’ivresse pétitionnaire des années 1970, les signataires du texte sur le procès de Versailles sont aveuglés par l’idée que les enfants pourraient être « consentants », mais beaucoup croient, en critiquant les lois « désuètes » sur la majorité sexuelle, défendre le droit à la sexualité des adolescents. Le suicide de Gabrielle Russier en 1969 est alors dans toutes les mémoires : poursuivie pour détournement de mineur, l’enseignante dont André Cayatte a relaté l’histoire dans Mourir d’aimer, a été incarcérée parce qu’elle avait eu une relation amoureuse avec un élève de 17 ans.

NOMBRE D’INTELLECTUELS ET D’ÉCRIVAINS S’ÉGARENT DANS LA TOURMENTE PROPÉDOPHILE DE L’APRÈS MAI 68

Tous les auteurs de ces textes propédophiles des années 1970 et 1980 ne sauraient en outre être mis sur le même plan. Guy Hocquenhem, René Schérer, Tony Duvert ou Gabriel Matzneff sont d’ardents défenseurs de la pédophilie mais en ces temps de débat sur l’âge de la majorité sexuelle, Michel Foucault et Gilles Deleuze s’interrogent plutôt sur la liberté sexuelle des jeunes. « Quant à Simone de Beauvoir, elle n’a jamais défendu la pédophilie, ajoute Sylvie Chaperon, professeure d’histoire contemporaine à l’université Jean-Jaurès de Toulouse et auteure des Années Beauvoir, 1945-1970 (Fayard, 2000). Dans Le Deuxième Sexe, elle dénonce au contraire le fait que les jeunes filles sont soumises, très tôt, à un système de prédation sexuel. »

Ces nuances n’empêchent pas de constater que dans les années 1970 et 1980, nombre d’intellectuels et d’écrivains s’égarent dans la tourmente propédophile de l’après Mai 68. Dans les milieux qui souhaitent tout remettre en cause, comme le proclame le titre du journal maoïste Tout ! publié en 1970-1971, la pédophilie passe, non pour un viol commis dans un climat d’emprise, mais pour une pratique sexuelle « alternative » étouffée par des siècles de coercition morale. L’heure est à la dénonciation de l’ordre moral – et la sexualité n’échappe pas à cette aspiration à l’« insubordination », selon le mot de l’historien Xavier Vigna.

« La pédophilie instituée en acte de rébellion »

Portés par cette puissante vague de libération sexuelle, les défenseurs de la pédophilie ont d’ailleurs l’intelligence, voire le cynisme, d’adopter le langage de l’émancipation.

Gabriel Matzneff, qui relate avec une évidente délectation le « piment rare » de la prostitution enfantine, tente ainsi de transformer ses plaisirs en combat politique. « Non seulement son roman Isaïe réjouis-toi développe l’argumentaire pédophile mais il l’inscrit explicitement dans l’héritage de Mai 68 et son idéologie de la libération, analyse Nelly Wolf dans Proses du monde. Les enjeux sociaux des styles littéraires (PUF, 2014). La pédophilie est instituée en acte de rébellion. »

Pour ces « rebelles » autoproclamés, l’interdiction de la pédophilie, de l’homosexualité et de l’avortement relève d’une même oppression. « L’autorisation de la pédophilie sera, à leurs yeux, une étape du mouvement de libération du corps et des sexualités qui s’est développé après Mai 68, explique Pierre Verdrager, auteur de L’Enfant interdit (Armand Colin, 2013). Certains pensent alors qu’un implacable processus historique déplacera une à une les limites. Après la légalisation de la contraception en 1967, après la suppression de l’homosexualité du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux en 1973, après l’autorisation de l’avortement en 1975, après l’alignement de la majorité sexuelle homosexuelle sur la majorité sexuelle hétérosexuelle en 1982, viendra le temps de l’abolition de l’âge de la majorité sexuelle. »

Pour argumenter leur propos, les défenseurs de la pédophilie font preuve d’une grande fertilité intellectuelle – et d’une certaine arrogance. « Ils considèrent que l’interdit qui pèse sur la pédophilie est le fruit de l’ignorance, des préjugés et des traditions, poursuit Pierre Verdrager. Pour se distinguer du sens commun, ils prétendent donc, dans le sillage de la philosophie de Bachelard ou de la sociologie critique de Durkheim à Bourdieu, dénoncer la naïveté des “prénotions” en s’appuyant sur le savoir : la science va, selon eux, permettre de déconstruire les illusions qui gouvernent la foule ignorante. Ils invoquent donc constamment les acquis de l’histoire, de la sociologie, de la psychanalyse et de l’anthropologie. »

Sigmund Freud et Karl Marx

Dans cette guerre contre l’« irrationalité », leur première référence intellectuelle est Sigmund Freud. Puisque le psychanalyste écrit en 1905, dans les Trois essais sur la théorie sexuelle, que l’enfant est un « pervers polymorphe », la sexualité entre mineurs et majeurs est naturelle, voire souhaitable, proclament-ils en se méprenant sur le sens du livre.

« Le philosophe René Schérer continue, aujourd’hui encore, à se placer sous la figure tutélaire du Freud des Trois essais, remarque Pierre Verdrager. Dans un livre d’entretien avec Geoffroy de Lagasnerie publié en 2007, il affirme que cet ouvrage “inaugural” du psychanalyste a le mérite de se démarquer de la “prétendue innocence enfantine” − comme si Freud avait ouvert la voie à la défense de la pédophilie. »

La seconde référence de la plaidoirie propédophile est Karl Marx. Dans la famille comme au lycée, à l’hôpital ou à l’usine, il faut, estiment-ils, combattre sans merci les logiques de domination − des professeurs sur les élèves, des médecins sur les malades, des patrons sur les ouvriers et des parents sur leurs enfants.

« Aujourd’hui, la famille est considérée comme un refuge salvateur mais, à l’époque, elle est honnie, rappelle Pierre Verdrager. Le romancier Tony Duvert l’affirme très clairement dans ses écrits : les pères, et surtout les mères, exercent une véritable oppression sur leurs enfants. Le pédophile est donc un libérateur : en émancipant le mineur du joug de leurs parents, il favorise son épanouissement et sa liberté. »

Dispositif répressif

La pédérastie de l’Antiquité grecque est une référence incontournable de leurs discours mais René Schérer évoque également, dans L’Emile perverti, les travaux de Verrier Elwin sur les « maisons des jeunes » de la tribu indienne des Muria. « L’universalité des “jeux sexuels” des enfants, écrit-il, est depuis longtemps constatée et décrite dans d’autres cultures que la nôtre comme étant précisément un facteur d’équilibre mental et social. »

La pédophilie, en concluent-ils, est une construction culturelle arbitraire de l’Europe moderne, et non un invariant anthropologique des sociétés humaines : rien n’empêche donc de la déconstruire et donc de l’autoriser.

Il faudra des années, et bien des controverses, pour que le vent tourne, mais, dans les années 1990, la défaite des avocats de la pédophilie est consommée.

Deux dates symbolisent ce tournant : en 1989, la nouvelle Convention internationale des droits de l’enfant des Nations unies mentionne explicitement les abus sexuels envers les mineurs alors que la précédente n’y faisait pas allusion ; en 1997, la ministre de l’éducation nationale, Ségolène Royal, durcit le dispositif répressif en instaurant un « devoir de signalement » pour les éducateurs. « Les militants de la cause pédophile ont perdu leur combat », conclut Pierre Verdrager.

La psychanalyse et la psychiatrie jouent un rôle important dans cette métamorphose de l’esprit public. Au début des années 1990, la pédopsychiatre américaine Leonor Terr analyse les traumatismes « de type 2 » liés à des événements répétés et menaçants comme les abus sexuels. « Elle montre que, contrairement à ce que l’on avait longtemps pensé, l’enfant n’oublie rien, explique Thierry Baubet, professeur des universités et chef du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Avicenne, à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Non seulement il subit une blessure traumatique à chaque agression, mais il doit mettre en place une défense psychique archaïque – déni de la réalité ou forte dissociation − qui engendre elle-même de nouveaux traumas. »

Ces inoubliables blessures

Les victimes commencent d’ailleurs à raconter ces inoubliables blessures en prenant une à une la parole. Dans un monde qui comprend de mieux en mieux les souffrances psychiques, dans une société qui accorde de plus en plus d’importance aux victimes, cet afflux de témoignages change la donne.

« Leur prise de parole emporte tout, constate Pierre Verdrager. Dans des livres ou des émissions de télévision, des adultes qui se sont tus pendant des décennies relatent leur calvaire et leur récit suffit à renverser tous les raisonnements des défenseurs de la pédophilie. La société ne parvient plus à les écouter, encore moins à les comprendre. »

En 1986, « Les Dossiers de l’écran » programment la première émission grand public consacrée à l’inceste. Sur le plateau, Eva Thomas, qui vient de publier un livre intitulé Le viol du silence, raconte, aux côtés de deux femmes filmées de dos, les viols que lui a infligé son père lorsqu’elle avait 15 ans. « J’ai choisi de témoigner à visage découvert parce que j’aimerais sortir de la honte », explique-t-elle. La fiction qui ouvre ce soir-là les débats recueille 37 % de l’audimat et une avalanche d’appels submerge le standard du SVP 11-11.

Trois ans plus tard, François de Closets réunit dans son émission Médiations des victimes d’inceste – mais cette fois, toutes parlent face à la caméra.

Le début des années 1990 sonne le glas de l’éloge de la pédophilie

Les mouvements féministes, puis les associations de défense de l’enfance, se font les relais politiques de cette parole. « Parce qu’elles se mobilisent contre le viol, les militantes féministes sont les premières, dans les années 1980, à “découvrir” l’ampleur du phénomène des abus sexuels sur mineurs et à le porter sur la scène publique, constate Laurie Boussaguet, chercheuse invitée à l’Institut universitaire européen de Florence. En ce sens, elles peuvent être considérées comme des “faiseuses d’agenda”. Ce monopole est cependant de courte durée : dès les années 1990, la mobilisation contre la pédophilie est orchestrée par des associations de protection de l’enfance et des familles de victimes. »

Le début des années 1990 sonne le glas de l’éloge de la pédophilie. Pour l’historienne Anne-Claude Ambroise-Rendu, ce tournant est symbolisé par le « moment 89 ». Cette année-là, une loi ambitieuse de protection de l’enfance tente, en reportant le point de départ de la prescription, de combattre ces violences « scellées sous le couvercle hermétique de la honte », selon le mot d’Yvette Roudy. Quelques jours plus tard, la justice condamne à la peine minimale une femme poursuivie pour diffamation parce qu’elle avait raconté, lors de l’émission télévisée de François de Closets, avoir été violée par son père de 9 à 14 ans.

Pour l’historien Georges Vigarello, le plaidoyer des années 1970 et 1980 est le fruit d’une tragique – et parfois cynique − méprise. « Mai 68 est marqué par la prise de conscience de l’autonomie des individus et de la légitimité de leur désir, explique-t-il. Nous sommes les enfants de cette affirmation de l’individualité, de cette réinvention des corps et de cette contestation de l’autorité hiérarchique – à condition, bien sûr, qu’elles respectent l’intégrité de chacun. La libération, ce n’est pas le n’importe quoi : c’est au contraire l’accentuation du droit des personnes. Les féministes le disaient très bien : “Mon corps est à moi”. » Le message était sans ambiguïté, mais il a fallu de longues décennies pour qu’il soit entendu.

29 février 2020

29 février et coronavirus !

29 fevrier

29 février 2020

Retraites : Edouard Philippe annonce le recours à l'article 49.3 de la Constitution

edouard

Retraites : Edouard Philippe annonce le recours à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le projet de réforme

Cet article permet au Premier ministre d'engager sa responsabilité sur un texte de loi, et de le faire ainsi adopter sans vote du Parlement.

Le Premier ministre a pris sa décision. Samedi 29 février, Edouard Philippe a annoncé aux députés qu'il allait recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le projet de réforme des retraites. Le feu vert a été donné lors du Conseil des ministres extraodinaire, ce samedi. Cet article permet au Premier ministre d'engager sa responsabilité sur un texte de loi, et de le faire ainsi adopter sans vote du Parlement. "Toutes les oppositions sont légitimes, toutes les contestations sont exprimées, mais dans le respect du débat démocratique (...). Je n'ai pas l'impression que ce soit le cas", a lancé Edouard Philippe.

Il y a quelques jours, le Premier ministre avait laissé entendre qu'il se réservait la possibilité d'activer cet article de la Consitution. "Notre objectif" est d'"adopter la réforme avant l'été", avait-il encore rappelé, soulignant qu'à cette fin, une adoption en première lecture est nécessaire en mars à l'Assemblée nationale. Dans un communiqué, les députés MoDem s'étaient dits "prêts à apporter (leur) soutien au gouvernement s'il décide d'utiliser le 49.3, seule porte de sortie possible à ce blocage inconsidéré et dangereux pour notre démocratie". Mais le texte soumis "doit incontestablement être enrichi des avancées déjà discutées entre les partenaires sociaux et le gouvernement" et d'amendements des députés, préviennent-ils.

29 février 2020

La bière Corona, victime collatérale de l'épidémie de coronavirus

corona biere

Près de trois mois après le début de l'épidémie de coronavirus, la popularité de la bière Corona est en chute libre.

Au départ, il s'agissait de simples plaisanteries sur les réseaux sociaux. Mais près de trois mois après le début de l'épidémie, l'heure n'est plus à la rigolade. Selon un sondage publié par YouGov ce mercredi 26 février, la popularité de la bière Corona, très prisée aux Etats-Unis, est actuellement en chute libre à cause de la propagation du coronavirus, ou Covid-19.

Seuls 5% des Américains comptent acheter de la Corona

Les chiffres sont cruels : alors que 80% des Américains avaient une image positive de la marque début janvier, le chiffre a dégringolé à tout juste 50% au mois de février. Et si l'impact sur les ventes n'est pas encore connu, les intentions d'achat ont suivi une courbe encore plus inquiétante.

Ainsi, seuls 5% des Américains interrogés ont déclaré vouloir acheter de la Corona dans les prochains jours, soit le niveau le plus bas enregistré depuis deux ans. Un constat similaire en France, où le score de Préférence d'Achat de la marque a été divisé par huit depuis le 10 janvier et atteint désormais 0,7%, nous apprend aujourd'hui RTL

"Les consommateurs  comprennent qu’il n’y a pas de lien"

Conséquence directe de ce désamour pas franchement mérité, le cours des actions boursières du groupe Constellation Brands, maison mère de Corona, a chuté de plus de 8% cette semaine à New York, rapporte BFMTV.

Mais l'entreprise se veut tout de même rassurante, et reste persuadée que "les consommateurs  comprennent qu’il n’y a pas de lien" entre le virus et l'entreprise, comme l'a expliqué un porte-parole à Business Insider. Pour l'heure, les chiffres lui donneraient plutôt tort...

Par Tanguy Vallée 

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Milo Moiré en mode CORONA...

milo en mode corona (2)

milo en mode corona (3)

milo en mode corona (4)

milo en mode corona (5)

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29 février 2020

Annas Workshops

annawork20

29 février 2020

Extrait d'un shooting - photo : Jacques Snap

shoot venise

29 février 2020

Pourquoi ? Parce que en 2005.... L'Académie des Césars fait sa propre loi ?

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Jean-Claude Brisseau, né le 17 juillet 1944 à Paris où il est mort le 11 mai 2019 est un réalisateur français.

Personnalité controversée du cinéma français, Jean-Claude Brisseau est un réalisateur autodidacte qui a enseigné le français pendant une vingtaine d’années avant de pouvoir se consacrer au cinéma grâce au succès commercial de son film Noce blanche. Ses films réalistes frôlent parfois le fantastique et traitent de la violence sociale, du plaisir féminin et du mysticisme.

En 2005, il est condamné à un an de prison avec sursis et à 15 000 € d'amende pour harcèlement sexuel sur deux actrices lors d'auditions pour son film Choses secrètes.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Claude_Brisseau

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29 février 2020

Adèle Haenel

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La 45e cérémonie des César a récompensé vendredi Roman Polanski de trois César, dont celui du meilleur réalisateur. En signe de protestation, l’actrice Adèle Haenel, la réalisatrice Céline Sciamma et toute l’équipe de leur film ont quitté la salle, dans l’apathie générale. « Ils voulaient séparer l’homme de l’artiste, ils séparent aujourd’hui les artistes du monde », réagit la comédienne dans Mediapart.

29 février 2020

BRODZIAK presents: PERSONAL STREET SHOOT from Szymon Brodziak on Vimeo.

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