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Jours tranquilles à Paris

11 février 2020

Coronavirus en Afrique aussi ?

Le ministère russe des Affaires étrangère a annoncé le 11 février devant la presse qu’il y avait bien des cas de coronavirus sur le continent africain.

L'épidémie de pneumonie virale s’est propagée jusqu’à l’Afrique où des cas ont été détectés, a annoncé mardi 11 février lors d’une conférence de presse Oleg Ozerov, directeur adjoint du département d’Afrique du ministère russe des Affaires étrangère.

«Il y en a», a notamment dit M.Ozerov au sujet de l’information selon laquelle aucun cas confirmé de coronavirus sur le continent africain n’avait été repéré.

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11 février 2020

Claire Bretécher est décédée

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DECES - Agrippine est oprheline. La célèbre dessinatrice et autrice de bande dessinée Claire Bretécher est morte à l’âge de 79 ans, ont annoncé ses proches à L’Obs pour lequel elle avait travaillé.

C’est à elle qu’on doit la série “Les Gnangnan” publiée dans “Spirou” à la fin des années 1960 avant que Glénat n’en édite un album. Claire Bretécher avait ensuite imaginé “Les Frustrés” puis “Agrippine” dans les pages de L’Obs. En 1982, elle avait reçu le grand prix spécial du festival d’Angoulême.

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11 février 2020

Szymon Brodziak - Photographe polonais

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Ci-dessus Szyman Brodziak

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BRODZIAK presents: Belle du Jour from Szymon Brodziak on Vimeo.

11 février 2020

Coronavirus : le président chinois veut des mesures « plus fortes » alors que le bilan dépasse les 1 000 morts

La province du Hubei déplore une centaine de nouveaux morts en une journée. Xi Jinping est apparu à la télévision nationale le visage recouvert d’un masque de protection.

Le chiffre et l’image sont hautement symboliques. Le nombre de morts en Chine dus au coronavirus 2019-nCoV a dépassé la barre des mille après l’annonce par les autorités, mardi 11 février au matin, de 103 nouveaux décès dans la province du Hubei, portant à 1 011 le bilan des victimes. Et parallèlement à cette progression, le président Xi Jinping est apparu à la télévision nationale le visage recouvert d’un masque de protection.

Alors que l’épidémie apparue en décembre dans un marché de Wuhan (au centre du pays) a contaminé plus de 42 200 personnes selon le dernier bilan quotidien, le numéro un chinois s’est rendu lundi dans un quartier résidentiel de Pékin pour assister aux efforts de lutte contre la contagion et visiter un hôpital.

Dans un long reportage diffusé au journal télévisé du soir, M. Xi est apparu pour la première fois avec le visage recouvert d’un masque de protection, comme le fait désormais l’immense majorité de ses compatriotes. Il s’est laissé prendre la température de l’avant-bras à l’aide d’un thermomètre électronique, un rituel désormais courant dans le pays à l’entrée des lieux publics. On l’a vu ensuite discuter à distance respectable avec des habitants du quartier, masqués eux aussi.

Le président chinois a évoqué la situation à Wuhan, placée de facto en quarantaine depuis le 23 janvier, ainsi qu’une grande partie de sa province, le Hubei, où se comptent le plus grand nombre de victimes. « L’épidémie au Hubei et à Wuhan reste très grave », a-t-il reconnu, appelant à prendre « des mesures plus fortes et décisives pour enrayer résolument l’élan de la contagion ».

Son gouvernement a déjà pris des mesures radicales en interdisant à quelque 56 millions d’habitants du Hubei de quitter la province. En outre, deux hauts responsables de la province ont été limogés, a annoncé mardi la télévision d’Etat, après des critiques de l’opinion sur leur gestion de la crise.

Zhang Jin, le principal responsable communiste à la Commission provinciale de la santé, et Liu Yingzi, la directrice, ont été démis de leurs fonctions sur décision du comité permanent du Parti communiste chinois (PCC) pour le Hubei. Cette décision semble vouloir apaiser l’opinion publique, qui réclamait des têtes après la mort de Li Wenliang. Cet ophtalmologue fait désormais figure de héros national face à des responsables locaux accusés d’avoir cherché à étouffer ses révélations.

Un ancien vice-ministre de la Commission nationale (ministère) de la santé, Wang Hesheng, remplace les deux responsables limogés.

Le Hubei est au cœur de l’épidémie, loin devant les autres régions de Chine et l’étranger : il concentre 96 % des plus de 1 000 morts enregistrés jusqu’à présent, et 74 % des cas de contamination.

Les transmissions hors de Chine inquiètent l’OMS

Le bilan des morts dépasse désormais celui du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère), qui avait traumatisé le pays en 2002-2003 et coûté la vie à 774 personnes dans le monde. En dehors de la Chine continentale, le virus a tué deux personnes, une aux Philippines et une autre à Hong Kong. Plus de 320 cas de contamination ont été confirmés dans une trentaine de pays et territoires. Les ministres européens de la santé se réuniront en urgence jeudi à Bruxelles pour discuter de mesures coordonnées contre l’épidémie.

L’expansion du virus hors de Chine pourrait s’accroître avec la transmission de la maladie par des personnes n’ayant jamais voyagé dans ce pays, a prévenu dimanche le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Nous ne voyons peut-être que la partie émergée de l’iceberg », a averti Tedros Adhanom Ghebreyesus, alors qu’une « mission internationale d’experts » de l’OMS est arrivée lundi en Chine.

Pas de nouveaux cas en France, les tests de Haute-Savoie négatifs

« En ce qui concerne la situation en France, il n’y a pas de nouveaux cas ce jour. Nous avons toujours onze cas confirmés dont un cas sévère », a indiqué lundi le directeur général de la santé, le professeur Jérôme Salomon, faisant le point de l’évolution de l’épidémie en France lors d’un point presse.

A propos des six malades hospitalisés à Bordeaux et dans les établissements parisiens Bichat et La Pitié, leur état « est tout à fait satisfaisant », hormis celui d’un patient chinois âgé « toujours en réanimation dans un état critique à Bichat ». Les cinq personnes porteuses du virus aux Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) « sont hospitalisées et dans une situation clinique tout à fait rassurante, il n’y a pas d’inquiétude aujourd’hui sur leur état de santé », a-t-il poursuivi.

En Haute-Savoie, ce sont jusqu’ici « 61 personnes qui ont été testées, et 61 personnes ont eu un test négatif », a-t-il ajouté, soulignant qu’à cette date, « il n’y a pas de chaîne de transmission », ce qui est « rassurant pour la population concernée » dans ce département.

La ministre de la santé Agnès Buzyn et la ministre de la recherche, Frédérique Vidal, ont annoncé lors de ce point presse avoir décidé de débloquer 2,5 millions d’euros pour des travaux de recherche autour du coronavirus, menés en France par des consortiums multidisciplinaires.

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La Chine au ralenti

En Chine même, la sortie du président Xi coïncide avec une timide reprise du travail lundi en dehors des régions sous quarantaine, même si les étudiants restent en vacances et que les entreprises sont incitées à laisser leurs employés travailler à domicile.

A Pékin comme à Shanghai, la circulation automobile connaissait un léger regain d’activité, même si les deux mégapoles restaient très loin de leurs embouteillages habituels. Le métro de Pékin n’enregistrait que 50 % de sa fréquentation normale pour un jour de semaine, selon les médias publics.

Dans les bureaux, la mairie de Shanghai conseille d’éviter les regroupements de personnel en adoptant des horaires décalés, en évitant les repas entre collègues qui doivent conserver entre eux une distance d’au moins un mètre. Les systèmes d’aération par soufflerie doivent rester éteints.

Signe des difficultés économiques provoquées par le virus, Pékin a annoncé lundi un bond de plus de 20 % des prix de l’alimentation en janvier. Une flambée liée aux différents blocages routiers imposés dans l’ensemble du pays dans l’espoir d’endiguer l’épidémie. A la télévision, Xi Jinping s’est voulu rassurant, affirmant que l’impact du virus serait « de courte durée ». Il a appelé à « faire très attention à la question du chômage » et à « éviter des licenciements à grande échelle ».

Les Etats-Unis envoient du matériel médical au Laos

Les Etats-Unis ont annoncé lundi avoir envoyé du matériel médical au Laos, pays frontalier de la Chine, dans le cadre d’un programme de 100 millions de dollars (environ 90 millions d’euros) destiné à enrayer la propagation du nouveau coronavirus.

L’Agence internationale pour le développement (USAID) a indiqué avoir notamment envoyé 440 lunettes de protection et 1 500 blouses chirurgicales au Laos.

De son côté, le président américain Donald Trump s’est voulu rassurant : « D’ici avril, ou au cours du mois d’avril, la chaleur en général tue ce genre de virus, a-t-il déclaré depuis la Maison Blanche. Ce serait une bonne chose. » Une affirmation jugée discutable par les experts, alors que beaucoup d’aspects du virus restent à découvrir.

11 février 2020

Vu sur internet

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11 février 2020

Académie des Césars : « Nous n’avons aucune voix au chapitre »

cesarrrr

Par Collectif

A quelques jours de la cérémonie, le 28 février, quelque 200 personnalités du monde du cinéma dénoncent des dysfonctionnements de l’académie. Ils réclament à ce titre une refonte profonde des modes de gouvernance.

Le jour du dîner des Révélations, nous apprenions que deux marraines (Virginie Despentes et Claire Denis) choisies par de jeunes acteurs pour les accompagner lors de cette soirée avaient été refusées par l’Académie des Césars de façon arbitraire, voire discriminatoire. Le soir même, son président, Alain Terzian, envoyait une lettre d’excuses mais sans répondre sur le fond aux questions soulevées par cette affaire. Des excuses mais pas d’explications.

Aujourd’hui, il nous semble que le refus de ces marraines n’est qu’un des aspects de dysfonctionnements plus généraux de l’Académie des Césars et de l’association 1901 (l’APC) qui la régit. Alain Terzian a récemment fait des annonces concernant la parité des votants et des membres de l’association. Nous nous réjouissons de ces changements à venir, mais ils nous semblent insuffisants.

L’Académie des Césars est constituée de 4 700 membres, hautement sélectionnés, qui chacun payent une cotisation annuelle et peuvent voter pour élire les nommés puis les lauréats de chaque catégorie. Les signataires de ce texte en font tous partie. Pourtant, bien que membres, nous n’avons aucune voix au chapitre ni dans les fonctionnements de l’académie et de l’association, ni dans le déroulé de la cérémonie.

Jusqu’à il y a encore quelques années, les comptes annuels de l’association et ses statuts apparaissaient sur le site des Césars (dans la partie réservée aux membres), mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cette opacité des comptes est dommageable et participe d’une vision potentiellement fantasmatique de la façon dont l’argent est dépensé. C’est d’autant plus difficile à admettre que le montant des cotisations est important et que l’est plus encore le prix à verser à l’académie pour que nos films fassent partie des DVD envoyés à chaque membre dans le fameux « coffret des Césars ».

Du côté des statuts de l’association [l’Association pour la promotion du cinéma, APC, régit l’Académie et fixe notamment les conditions d’entrée], la situation n’est guère plus enviable, ceux-ci n’ayant pas évolué depuis très longtemps. Parmi ses 47 membres, les personnalités viennent de deux horizons : d’un côté, celles qui ont été cooptées à vie à différentes périodes de l’histoire de l’académie, et dont les dernières cooptations remontent à plus de vingt ans. De l’autre, des membres « de droit » qui intègrent l’association dès lors qu’ils sont français et ont obtenu un Oscar aux Etats-Unis. Mais les statuts ne permettent pas qu’un nouveau membre de l’association soit élu par l’intégralité des 4 700 membres de l’académie.

Parmi les annonces récentes, il y a celle d’intégrer une dizaine de femmes dans l’association afin d’atteindre la parité. Mais il s’agirait de nouveau d’un système de cooptation, vestige d’une époque que l’on voudrait révolue, celle d’un système élitiste et fermé. Tout cela aboutit à une structure où la majorité des membres de l’académie ne se retrouve pas dans les choix qui sont faits en leur nom et qui ne reflète pas la vitalité du cinéma français actuel dans ses très nombreuses composantes.

Pourquoi les 4 700 membres de l’académie ne peuvent-ils pas voter pour élire leurs représentants comme c’est le cas aux Oscars, aux Baftas ou à l’EFA (l’académie européenne du cinéma) ? Pourquoi l’académie est-elle régie par un club de personnes cooptées ou désignées au compte-gouttes ? Comment se fait-il que les membres de l’association le soient à vie et que ses dirigeants soient indéfiniment rééligibles ?

Il est temps d’envisager une refonte en profondeur des modes de gouvernance de l’association afin qu’ils se rapprochent de celles des institutions étrangères et des fonctionnements démocratiques qui les encadrent.

Emmanuel Agneray, producteur ; Eric Altmayer, producteur ; Nicolas Altmayer, producteur ; Oulaya Amamra, actrice ; Yves Angelo, directeur de la photographie ; Danièle D’Antoni, agent artistique ; Aure Atika, actrice ; Yvan Attal, réalisateur et acteur ; Jacques Audiard, réalisateur ; Jean-Pierre Bacri, acteur ; Antony Bajon, acteur ; Jeanne Balibar, actrice ; Emmanuel Barraux, producteur ; Christine Beauchemin-Flot, exploitante ; Nadège Beausson-Diagne, actrice et réalisatrice ; Leïla Bekthi, actrice ; Bérénice Bejo, actrice ; Lucas Belvaux, réalisateur ; Saïd Ben Saïd, producteur ; Lisa Benguigui, productrice ; Houda Benyamina, réalisatrice ; Emmanuelle Bercot, réalisatrice ; Anne-Cécile Berthomeau, productrice ; Priscilla Bertin, productrice ; Rémi Bezançon, scénariste et réalisateur ; Thomas Bidegain, scénariste et réalisateur ; Benjamin Biolay, acteur et musicien ; Jonathan Blumental, producteur ; Sandie Bompar, chef monteuse ; Bertrand Bonello, réalisateur ; Pascal Bonitzer, réalisateur ; Caroline Bonmarchand, productrice ; Jérome Bonnell, réalisateur ; Marc Bordure, producteur ; Lucie Borleteau, réalisatrice ; Elodie Bouchez, actrice ; Antoinette Boulat, directrice de casting ; Frédéric Bourboulon, producteur ; Guillaume Brac, réalisateur ; Jean Bréhat, producteur ; Serge Bromberg, réalisateur, producteur ; Claire Burger, réalisatrice ; Robin Campillo, réalisateur ; Laurent Cantet, réalisateur ; Thibault Carterot, post-producteur ; Malik Chibane, réalisateur ; Rosalia Cimino, agent artistique ; Hélier Cisterne, réalisateur ; Camille Chamoux, actrice ; François Clerc, éditeur de film ; Clément Cogitore, réalisateur ; Michaël Cohen, acteur et réalisateur ; Anne Consigny, actrice ; Pascale Consigny, chef décoratrice ; Catherine Corsini, réalisatrice ; Delphine Coulin, réalisatrice ; Bénédicte Couvreur, productrice ; François Damiens, acteur ; François Delaire, décorateur ; Matthieu Delaporte, réalisateur ; Maxime Delauney, producteur ; Emilie Deleuze, réalisatrice ; Claire Denis, réalisatrice ; Yann Dedet, chef monteur ; Matthieu Derrien, attaché de presse ; Dante Desarthe, réalisateur ; Arnaud Desplechin, réalisateur ; Mati Diop, réalisatrice ; Audrey Diwan, scénariste, réalisatrice ; Olivier Do Huu, mixeur ; Valérie Donzelli, réalisatrice ; Laetitia Dosch, actrice ; Léa Drucker, actrice ; Julia Ducournau, réalisatrice ; Maamar Ech-Cheikh, chef décorateur ; Virginie Efira, actrice ; Adèle Exarchopoulos, actrice ; Julia Faure, actrice ; Cécile Felsenberg, agent artistique ; Pascale Ferran, réalisatrice ; Marina Foïs, actrice ; Sandra da Fonseca, productrice ; Leila Fournier, directrice de casting ; Déborah François, actrice ; Thierry François, chef décorateur ; Denis Freyd, producteur ; Nicole Garcia, réalisatrice, actrice ; Marie-Christine Gauchée, administratrice de production ; Marianne Germain, directrice de production ; François Gila Girard, chef décorateur ; Charles Gilibert, producteur ; Delphine Gleize, réalisatrice ; Alice Girard, productrice ; Olivier Goinard, mixeur ; Yann Gonzalez, réalisateur ; Olivier Gorce, scénariste ; Bertrand Gore, producteur ; Robert Guédiguian, réalisateur ; Thomas Grézaud, chef décorateur ; Pauline Gygax, productrice ; Sébastien Haddouk, réalisateur ; Michel Hazanavicius, réalisateur ; Alexandra Henochsberg, distributrice ; Hafsia Herzi, actrice et réalisatrice ; Julien Hirsch, directeur de la photographie ; Jean-Paul Hurrier, mixeur ; Agnès Jaoui, réalisatrice et actrice ; Eric Juherian, producteur ; Reda Kateb, acteur ; Alexis Kavyrchine, directeur de la photographie ; Cédric Klapisch, réalisateur ; Thierry Klifa, réalisateur ; Jean Labadie, distributeur ; Ariane Labed, actrice et réalisatrice ; Vincent Lacoste, acteur ; Laurent Lafitte, acteur ; Jean-Pierre Laforce, mixeur ; Eric Lagesse, distributeur ; Nadine Lamari, scénariste ; Claire Langmann, directrice de production ; Jeanne Lapoirie, directrice de la photographie ; Jean-Marie Larrieu, réalisateur ; Laurence Lascary, productrice ; Guy Lecorne, chef monteur ; Gilles Lellouche, acteur et réalisateur ; Katia Lewkowicz, réalisatrice ; Sébastien Lifshitz, réalisateur ; Florence Loiret-Caille, actrice ; Valérie Loiseleux, chef monteuse ; Irina Lubtchansky, directrice de la photographie ; Marie-Ange Luciani, productrice ; Gaëlle Macé, scénariste ; Lisa Macheboeuf, scénariste ; Alexandre Mallet-Guy, producteur et distributeur ; Philippe Martin, producteur ; Corinne Masiero, actrice ; Chiara Mastroianni, actrice ; Claire Mathon, directrice de la photographie ; Vincent Maraval, distributeur ; Lionel Massol, producteur ; Edouard Mauriat, producteur ; Patricia Mazuy, réalisatrice ; Denis Ménochet, acteur ; Antoine Mercier, chef opérateur son ; Joséphine de Meaux, actrice et réalisatrice ; Patrick Mille, acteur et réalisateur ; Pierre Milon, directeur de la photographie ; Oury Milshtein, producteur ; Dominik Moll, réalisateur et scénariste ; Anne Mouglalis, actrice ; Jean-Paul Mugel, chef opérateur son ; Bruno Nahon, producteur ; Olivier Nakache, réalisateur ; Safy Nebbou, réalisateur ; Valentina Novati, productrice et distributrice ; Judith Nora, productrice ; Géraldine Pailhas, actrice ; Alexandre de la Patellière, réalisateur ; Isabelle de la Patellière, agent artistique ; Louis-Julien Petit, réalisateur ; Elisabeth Perez, productrice ; Nahuel Emiliano Perez Biscayart, acteur ; Nicolas Philibert, réalisateur ; Julien Poupard, directeur de la photographie ; Milena Poylo, productrice ; Tahar Rahim, acteur ; Aude Léa Rapin, réalisatrice ; Antoine Reinartz, acteur ; Yannick Reix, exploitant ; David Rit, chef opérateur son ; Anaïs Romand, créatrice de costumes ; Axelle Ropert, réalisatrice ; Pauline Rostoker, agent artistique ; Brigitte Roüan, actrice et réalisatrice ; Christian Rouaud, réalisateur ; Richard Rousseau, directeur de casting ; Romain Rousseau, producteur ; Jean-Paul Rouve, acteur et réalisateur ; Matthias Rubin, producteur ; Carine Ruszniewski, productrice ; Nicolas Saada, réalisateur ; Gilles Sacuto, producteur ; Agnès de Sacy, scénariste ; Ludivine Sagnier, actrice ; Jérôme Salle, réalisateur ; Céline Sallette, actrice ; Jean-Paul Salomé, réalisateur ; Pierre Salvadori, réalisateur ; Guillaume Schiffman, directeur de la photographie ; Céline Sciamma, réalisatrice ; Carole Scotta, productrice ; Léa Seydoux, actrice ; Sabrina Seyveccou, actrice ; Florence Seyvos, scénariste ; Julien Sicard, chef opérateur son ; Abderrahmane Sissako, réalisateur ; Morgan Simon, réalisatrice ; Patrick Sobelman, producteur ; Julien Sicard, réalisateur ; Omar Sy, acteur ; Bertrand Tavernier, réalisateur ; Justin Taurand, producteur ; André Téchiné, réalisateur ; Sarah Teper, directrice de casting ; Eric Tolédano, réalisateur ; David Thion, producteur ; Clément Trehin-Lalanne, réalisateur ; Justine Triet, réalisatrice ; Anne-Louise Trividic, scénariste ; Gaspard Ulliel, acteur ; Diego Urgoiti, directeur de production ; Agnès Vallée, productrice ; Vanessa Van Zuylen, productrice ; Cécile Vargaftig, scénariste ; Thomas Verhaeghe, producteur ; Mathieu Verhaeghe, producteur ; Karin Viard, actrice ; Julie Viez, productrice ; Thomas Vincent, réalisateur ; Elie Wajeman, réalisateur ; Matthias Weber, producteur ; Edouard Weil, producteur ; Candica Zaccagnino, productrice ; Jonathan Zaccaï, acteur ; Roschdy Zem, acteur ; Khadija Zeggaï, chef costumière ; Rebecca Zlotowski, réalisatrice.

11 février 2020

Tempête Ciara - Côte sauvage - Presqu’île de Quiberon

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11 février 2020

Enquête - Neom, le rêve hollywoodien de Mohammed Ben Salman pour l’Arabie saoudite

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Le prince saoudien veut édifier dans son pays une ville immense et ultramoderne d’ici à 2025. La conception en a été confiée, dans le plus grand secret, à des créateurs habitués à travailler pour le cinéma.

Au Ritz-Carlton de Riyad, c’est jour d’avant-première. En ce 24 octobre 2017, Mohammed Ben Salman, alias « MBS », inaugure le « Davos du désert ». Entre autres célébrités, Tony Blair, Nicolas Sarkozy ou Christine Lagarde ont répondu à l’invitation du prince saoudien. Le jeune héritier profite de la conférence pour dévoiler un projet titanesque : il s’apprête à faire ériger une mégalopole au nord-ouest du pays. Une bande-annonce est diffusée, comme au cinéma. On y voit beaucoup d’écrans tactiles, des familles ostensiblement heureuses, une palanquée de panneaux solaires, des éoliennes en rafale.

De cette cité mystère, on ne sait alors pas grand-chose. Son nom, Neom, semble celui d’un super-héros – il s’agit en fait de l’association du grec neo (« nouveau ») et de l’arabe mostaqbal (« futur »). Sa superficie ? Pas moins de 26 500 km2 – soit vingt fois la taille de Los Angeles –, entre la mer Rouge et la Jordanie. Le budget ? Cinq cents milliards de dollars. La date de sortie attise, elle aussi, le teasing : livraison prévue dès 2025. Quant au synopsis, il tient en quelques lignes : Neom s’inscrit dans le plan de développement qu’a imaginé « MBS » pour l’Arabie saoudite, intitulé « Vision 2030 ». L’objectif est d’affranchir le pays de la rente pétrolière et de diversifier son économie, en pariant sur le tourisme. Un scénario que déclinent plusieurs sites distincts : Al-Ula mise sur l’archéologie, Qiddiya sur les loisirs familiaux… Autrement spectaculaire, Neom se tourne vers les nouvelles technologies. Avec l’ambition, selon une note confidentielle, de devenir la mégalopole « la plus vivable qui soit, grâce aux plus grands talents de ce monde ».

De fait, un casting de haut standing est rapidement constitué. Au générique du conseil scientifique de Neom, les stars abondent : l’architecte Norman Foster, le designer d’Apple Jonathan Ive, le fondateur d’Uber, Travis Kalanick, l’ancien secrétaire américain à l’énergie Ernest Moniz ou l’ex-vice-présidente de la Commission européenne Neelie Kroes en font partie. L’Allemand Klaus Kleinfeld, passé par la direction d’Alcoa et de Siemens, préside le projet ; il est assisté d’Antoni Vives, adjoint au logement du maire de Barcelone entre 2011 et 2015. Tous sont séduits par la green tech que fait miroiter cette « Mecque pour robots », ainsi que l’a définie le Washington Times en octobre 2017.

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Capitale de l’intelligence artificielle et du divertissement

Dès lors, comme pour toute superproduction digne de ce nom, la conception de Neom s’agence dans le plus strict secret. Seul le Wall Street Journal, en juillet 2019, a fait fuiter quelques informations. Le Monde a pu consulter les documents sur lesquels se fonde l’enquête du quotidien américain. C’est peu de dire qu’ils décoiffent. Sorte d’oxygène numérique, l’Internet à très haut débit sera gratuit dans toute la région, qui bénéficiera d’une juridiction autonome par rapport au reste du royaume ; l’alcool y sera autorisé, et le voile non obligatoire.

DES DINOSAURES ET DES GLADIATEURS ROBOTISÉS, DES TAXIS VOLANTS ET UNE LUNE ARTIFICIELLE COMPLÉTERONT LE DÉCOR

De parcs d’attractions géants en tournois d’« e-sport », Neom entend s’imposer comme une capitale de l’intelligence artificielle et du divertissement. Un pont gigantesque la reliera à la rive égyptienne. Un réseau de capsules supersoniques assurera la célérité et la propreté des transports. Ensemencement de nuages, aérogénérateurs et autres technologies vertes viseront à garantir l’intégrité de la faune et de la flore – à commencer par la barrière de corail qui borde le littoral. Des dinosaures et des gladiateurs robotisés, des taxis volants et une lune artificielle compléteront le décor, tout droit échappé d’un songe hollywoodien.

Du reste, c’est bien là, à Los Angeles, que Neom est écrite, produite et réalisée. Sous le sceau de l’anonymat, un architecte européen a accepté d’en révéler la genèse au Monde : « Au cours d’un trajet en avion, “MBS” est tombé en pâmoison devant un film de super-héros, Les Gardiens de la galaxie [2014]. Il a demandé à l’un de ses conseillers d’en recruter le chef décorateur et d’assembler une équipe de spécialistes des effets spéciaux, à Hollywood. Ce sont majoritairement eux qui conçoivent Neom. »

« Je suis comme un gamin qui découvre un jouet »

Pour suivre cette piste californienne, il faut d’abord pousser la porte d’un concessionnaire automobile lambda, battant pavillon allemand. A l’extérieur de la vitrine, les grosses artères de Beverly Hills retentissent de leur tapage habituel. A l’intérieur, moteurs éteints, berlines immaculées : rien ne bouge, si ce n’est l’ascenseur, au fond du magasin. Nulle plaque n’indique leur présence, mais une dizaine de sociétés d’audiovisuel se sont installées dans ce bâtiment anonyme. Au troisième étage, les portes s’ouvrent sur un hall non moins banal : déco claire, secrétaire affairée, fauteuils accueillants. Bienvenue chez The Hideaway Entertainment – soit « la planque divertissement » en VF.

Au premier abord, il s’agit d’une boîte de production comme L.A. en compte tant. Sur les murs, des affiches de films côtoient un écran de télé où défilent en boucle des extraits des blockbusters maison, 22 Miles (2018) ou Men in Black : International (2019). Parmi cette cascade de scènes d’action, une bande-annonce se détache : la course d’un léopard en verre, bondissant et rugissant dans une ville de science-fiction. En matière de testostérone, la mise en scène n’a rien à envier aux autres vidéos diffusées. Le titre ? Neom, the Prince’s Challenge (« Neom, le défi du prince »).

Joviale, la secrétaire nous propose un petit-déjeuner à l’américaine – céréales, agrumes, beurre de cacahuète. Son patron s’avère tout aussi sémillant. Sourire félin et mise « casual chic », Judd Payne est un briscard de l’industrie cinématographique. Son tableau de chasse cumule les prises prestigieuses. D’abord agent pour Bruce Willis ou John Travolta, il s’est reconverti dans la production. « Mais je n’y consacre plus que 5 % de mon temps », déclare-t-il. N’allez pas croire que The Hideaway Entertainment soit une société-écran. « Mon associé Matthew Rhodes s’investit à fond dans la structure, nous sortirons de super films prochainement, avec des poids lourds comme Vin Diesel ou Tom Holland, détaille M. Payne. Pour autant, l’essentiel de mes journées est dévolu à tout autre chose. Je suis comme un gamin qui découvre un jouet, je m’éclate ! »

Des « futuristes » aux commandes

Créée il y a trois ans, The Hideaway Entertainment partage ses locaux avec une agence de design baptisée iDeA – pour Intelligent Design Agency. S’agirait-il de la boîte à idées créée par « MBS » pour Neom ? Motus et bouche cousue : impossible de divulguer le nom du principal client. « iDeA travaille sur des villes nouvelles et de nouvelles façons de vivre, élude Judd Payne. Nos méthodes aussi sont innovantes. L’équipe est composée d’architectes, d’ingénieurs, de designers, mais également de professionnels du cinéma. Ce métissage décuple la créativité. »

On passe par un vaste open space ; les parois sont ornées de cartes de la péninsule Arabique. Les employés, plutôt jeunes, bûchent en silence derrière leurs écrans. Nous voici dans la salle de conférence, où patientent deux des plus brillants d’entre eux, Olivier Pron et Jeff Julian. Ce sont des « futuristes », ainsi qu’on les appelle dans le jargon hollywoodien. Pour les majors du cinéma, ces cadors des effets spéciaux conçoivent des décors grandiloquents – dystopies pyrotechniques, exoplanètes chatoyantes… Le tout en images de synthèse, à l’aide de logiciels dernier cri. « Des futuristes autoproclamés, vous en trouverez un paquet à Los Angeles. Mais il n’y en a qu’une dizaine de vrais, et la plupart travaillent ici, chez iDeA », plastronne Jeff Julian.

« APRÈS TOUTES CES ANNÉES DANS LA FICTION, C’EST HYPEREXCITANT D’IMAGINER DE VÉRITABLES ÉDIFICES ! », S’EXCLAME OLIVIER PRON

Ainsi du Français Olivier Pron, physique frêle mais CV garni. Autodidacte, ce geek revendiqué a quitté l’école à 13 ans : « La vision de Terminator 2 [1991] a changé ma vie. Je me suis mis à bidouiller sur mon ordi, tout seul. » Il monte des expos pour le photographe Henri Cartier-Bresson, avant de rejoindre les pontes des effets spéciaux, Buf Compagnie et Method Studios. C’est lui qui a forgé les féeries urbaines des Gardiens de la galaxie, le film fétiche de « MBS ». Depuis qu’il a rejoint iDeA, Olivier Pron s’est éloigné de l’usine à rêves pour travailler sur le réel : « Après toutes ces années dans la fiction, c’est hyperexcitant d’imaginer de véritables édifices ! », s’enthousiasme cet ex-collaborateur de Tim Burton ou de Wong Kar-wai.

Culture du secret-défense

Son compère, Jeff Julian, est, lui, un authentique enfant de Los Angeles. Sa généalogie épouse l’histoire industrielle de la ville : parmi ses aïeux, il compte beaucoup de militaires, et l’un des premiers décorateurs hollywoodiens. Lui aussi a navigué entre ces pôles. Pour la marine, il a dessiné toute une panoplie d’armes et d’engins. Pour Hollywood, il a épaulé les plus grands – Spielberg, Fincher, Cameron… « Dans Minority Report [2002], nous avons préfiguré le dispositif de prévision criminelle qu’utilise aujourd’hui la police de Los Angeles », précise-t-il. Ce logiciel équipera-t-il les forces de sécurité de Neom ? On ne se risque pas à poser la question, tant ce gaillard tout de noir vêtu en impose. Ancien golfeur de haut niveau, ex-professeur en Australie, il a eu mille vies, et mille clients – d’Apple à Audi, de Samsung à Siemens… « Mais rien ne m’emballe davantage que notre projet actuel ! », s’exclame le quadra.

Chez iDeA, il a retrouvé la culture du secret-défense. Dans la salle de conférence, le duo de futuristes Pron-Julian insiste sur les accords de confidentialité signés avec leur commanditaire. Tout juste consentent-ils à montrer quelques maquettes. D’abord, les images d’un hôpital assez original : des arbres poussent à l’intérieur du bâtiment et certaines dorures évoquent l’Art nouveau viennois. « Je me suis inspiré d’un tableau de Gustav Klimt, confesse Olivier Pron. Les couloirs blancs, c’est glauque. On a voulu dessiner une structure médicale qui ne soit pas déprimante. » Passe ensuite entre nos mains l’ébauche d’un quartier sans voitures, aux courbes et aux couleurs chaleureuses, cerné par une nature aride. L’esquisse est intitulée « Silver Beach ». C’est aussi le nom d’une des zones de Neom. « Ne faites pas attention au titre ! », s’inquiète Judd Payne, le patron de The Hideaway Entertainment, toujours aussi soucieux de confidentialité.

Le producteur préfère vanter la croissance de ses effectifs : « Nous serons bientôt une quarantaine, et plus de 80 l’été prochain. » De tous les futuristes débauchés par iDeA, Nathan Crowley n’est pas le moins fameux : chef décorateur attitré du cinéaste Christopher Nolan, ce Britannique a été nommé deux fois aux Oscars. Mais c’est du fondateur de First Idea, la holding englobant iDeA et The Hideaway Entertainment, que Judd Payne parle avec le plus d’admiration : « Il s’appelle Jonathan Gray, il est franco-américain et habite à Cannes. C’est quelqu’un d’extraordinaire, vous devriez le rencontrer. » Serait-ce à cet homme que le prince saoudien a confié les clés de Neom ?

mbs neom bis

« Un fantasme d’ado »

Une recherche sur Google donne une idée de son pedigree : à 39 ans, Jonathan Gray dirige une douzaine d’entreprises, dont JG Events et Beauchamp Estates France, spécialisées dans l’événementiel et l’immobilier. Plusieurs articles le décrivent comme féru d’hélicoptères. Et comme un proche conseiller de Mohammed Ben Salman. « J’accompagne “MBS” sur certaines affaires privées, précise l’intéressé. Nous avons une relation de confiance. »

Jonathan Gray reçoit dans un hôtel 5 étoiles, sur les hauteurs de Cannes. Teint frais, allure décontractée, le père de famille jubile : « Je viens de vendre la maison la plus chère de la Côte d’Azur. C’est mon cinquième record. » Mais dans son cœur d’entrepreneur, les villas grand luxe se font voler la vedette par une vieille obsession, le cinéma. « En travaillant pour Hollywood, je réalise un fantasme d’ado. J’ai grandi à Cannes, au milieu d’affiches de films. Je voulais savoir ce qui se passait derrière les portes des palaces. A 16 ans, j’ai trouvé un job chez Disney : j’accueillais les stars, j’organisais les soirées… je rêvais d’action. »

« [“MBS”] M’A OUVERT DE NOUVEAUX HORIZONS, JE SUIS SORTI DE MON QUOTIDIEN CONFORTABLE D’EUROPÉEN », RACONTE JONATHAN GRAY, SPÉCIALISTE DE L’ÉVÉNEMENTIEL ET DE L’IMMOBILIER

Son père, le marchand d’art Martin Gray, est le coauteur d’Au nom de tous les miens (1971) ; il y raconte comment sa famille a été décimée par la Shoah, puis par un épouvantable incendie. « Nous sommes peut-être issus de la même lignée que le cinéaste James Gray. J’en ai parlé avec lui, lors d’une fête. Brad Pitt, à qui j’ai vendu une maison, m’y avait invité. » C’est dans un contexte pareillement mondain que Jonathan Gray a rencontré « MBS » : « J’avais 27 ans, lui, 22. On a vite sympathisé. Il m’a ouvert de nouveaux horizons, je suis sorti de mon quotidien confortable d’Européen. Il a plein d’idées, c’est un visionnaire. »

Une « anti-Dubaï »

De grands desseins pour l’Arabie saoudite, le roi Abdallah (1924-2015) en eut à foison, lui aussi. Sobrement nommés « la ville économique du roi Abdallah » et « le quartier financier du roi Abdallah », les deux projets phares de l’oncle de « MBS » ont été édifiés à partir de 2005, pour 60 milliards de dollars. Ce sont des fiascos : d’après les observateurs, ces villes fantômes fonctionnent à 10 % de leurs capacités. « Il y a peu de chances que Neom devienne une coquille vide », veut croire Jonathan Gray, qui la compare à une « anti-Dubaï » : « C’est un projet très romantique, fait pour des rêveurs, par des rêveurs. » Pourquoi faire plancher les futuristes hollywoodiens sur Neom ? « Parce qu’ils savent adapter leur style à chaque projet et créer sans limite préalable, expose le Franco-Américain. Les architectes sont obsédés par exactement l’inverse : imprimer leur patte d’auteur et respecter les contraintes – qu’elles soient physiques ou économiques. »

Une ex-collaboratrice d’iDeA, architecte de formation, a mesuré la distance qui la séparait de ses collègues futuristes californiens : « Avant de dessiner le moindre bâtiment, j’ai étudié le climat de Neom, la direction du vent, la lumière…, glisse-t-elle sous le couvert de l’anonymat. Les futuristes, qui raffolent de Photoshop, ont une approche moins architecturale : il faut aller vite et en mettre plein la vue pour satisfaire le client. » Une mise en scène dans l’air du temps, selon Sarah Moser, géographe à l’université McGill à Montréal, où elle anime le New Cities Lab : « Depuis le début du millénaire, les nouvelles Babylone fleurissent par dizaines, promettant monts et merveilles. Le but, c’est d’être toujours plus tape-à-l’œil… Alors pourquoi ne pas faire appel au monde du cinéma ? En Inde, la ville d’Amaravati a été en partie dessinée par des réalisateurs de Bollywood. »

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A L.A., iDeA n’est pas la seule société travaillant sur Neom. Joint par courriel, le futuriste Guy Hendrix Dyas confirme avoir créé « une énorme agence de design » dans ce but : « Mon travail reste absolument confidentiel, étant donné sa nature innovante et ma relation avec le prince héritier », explique le Britannique, primé pour les décors d’Indiana Jones (2008) ou d’Inception (2010). Car, dès qu’il est question de projets saoudiens, la discrétion est de mise, murmure une autre architecte, elle aussi de manière anonyme : « Entre collègues, on ne parle jamais de “MBS”, quand bien même il s’agit de notre principal client. Ou alors on le désigne par un surnom, “Peter”, par exemple. »

La « tempête » Khashoggi

Même prudence chez le « starchitecte » Thom Mayne. D’après nos informations, c’est son agence, Morphosis, qui signe le plan d’urbanisme de Neom, en étroite collaboration avec l’aréopage de futuristes. Un contrat dont le lauréat du prix Pritzker 2005 refuse, pour l’heure, de s’enorgueillir. En revanche, l’Américain, qui fut l’un des conseillers culture de Barack Obama, assume sans ambages son ancrage hollywoodien. « Des films comme Blade Runner [1982] ou Star Wars [1977] ont ouvert nos imaginaires », reconnaît Eui-Sung Yi, l’un des associés de Morphosis.

« MÉFIEZ-VOUS DE CE QU’ON RACONTE SUR NEOM. BIEN SOUVENT, CE N’EST QUE DU VENT », MET EN GARDE EUI-SUNG YI, L’UN DES ASSOCIÉS DE L’AGENCE MORPHOSIS

Dans ses studios bétonnés de Culver City, à l’ouest de Los Angeles, l’architecte fait défiler, façon Powerpoint, les travaux dont il est le plus fier, à La Nouvelle-Orléans ou en Haïti. Alors qu’il passe d’un fichier à l’autre, l’arborescence de ses dossiers est projetée sur grand écran. L’un d’eux est intitulé Neom. « Il s’agit d’un très gros projet, dont on ne peut pas encore parler », écourte Eui-Sung Yi. Devant notre insistance, il accepte de montrer « un petit trailer ». Son réalisateur ? « Jeff Julian, le meilleur futuriste d’Hollywood. » En nous raccompagnant vers la sortie, Eui-Sung Yi met en garde : « Méfiez-vous de ce qu’on raconte sur Neom. Bien souvent, ce n’est que du vent. »

En guise d’alizé, c’est une violente tempête qu’ont dû affronter les promoteurs du projet, en octobre 2018. L’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, sur ordre de Riyad, transforme le film d’anticipation en film catastrophe. Aussitôt, le conseil scientifique de Neom perd la moitié de ses membres. Même le président, Klaus Kleinfeld, aurait pris du recul. Il devrait être remplacé par Nadhmi Al-Nasr, l’ex-numéro deux de Saudi Aramco, la compagnie pétrolière nationale. « Il faut comprendre les démissionnaires, beaucoup travaillent pour des sociétés cotées en Bourse, comme Apple ou Google », tempère John Rossant, président de la NewCities Foundation.

Ce New-Yorkais fait partie des neuf personnalités siégeant encore au conseil scientifique de Neom – le board, comme il le désigne en anglais. Passé par l’agence de communication Publicis, il a organisé plusieurs éditions du Forum économique de Davos. « Le board s’est réuni à Riyad quelques semaines après la mort de Khashoggi, qui était l’un de mes amis, poursuit-il. J’ai pris la décision de rester parce que je crois dans ce projet. La fin des hydrocarbures et la réinvention des transports marqueront le XXIe siècle. Axé sur une mobilité très peu émettrice de carbone, Neom préfigure ces deux tendances. C’est courageux et révolutionnaire. »

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Des amis encore nombreux

Ses camarades du board sont moins loquaces. La militante écologiste Alexandra Cousteau, petite-fille de l’océanographe Jacques-Yves Cousteau, n’a pas donné suite à nos sollicitations. Embarras similaire chez l’architecte italien Carlo Ratti. Interrogé par téléphone, ce Piémontais est intarissable sur les défis que devront relever les smart cities du XXIe siècle : « Je préfère le terme de “ville sensible”… Il faudra combiner l’urbs et la civitas chers aux Romains, c’est-à-dire insister sur la dimension citoyenne de tout projet urbain », développe le directeur du Senseable City Lab, au sein du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Mais dès que Neom est mentionnée, la conversation tourne court : « Le board n’a qu’un avis consultatif, nous ne nous voyons que deux fois par an… Il est trop tôt pour juger. »

C’est que, aux yeux de l’opinion publique occidentale, il y a un avant et un après Khashoggi. « Il s’agit d’un incident d’autant plus dramatique qu’on commençait à voir l’Arabie saoudite sous un nouveau jour, regrette Jonathan Gray. Le pays a énormément changé ces dernières années. Est-ce qu’il repart en arrière, ou est-ce qu’il progresse ? La réponse me semble évidente. Est-ce qu’il doit aller plus loin ? Oui, bien sûr. » A Neom, les travaux avancent, souligne-t-il : l’aéroport n’est-il pas déjà en train d’être creusé par le Saudi Binladin Group, le mastodonte saoudien du BTP ? « Ce pays a de l’espace, de l’argent et de la volonté. L’affaire Khashoggi a permis de faire la part entre les “haters”, les sceptiques et les vrais amis de l’Arabie saoudite. »

« CERTAINS VONT JUSQU’À DIRE DE “MBS” QU’IL “DISNEYFIE” LE PAYS… NEOM, CE N’EST RIEN D’AUTRE QU’UNE GRANDE CAMPAGNE DE COM », ESTIME PIERRE CONESA, ANCIEN HAUT FONCTIONNAIRE

Des amis encore nombreux, et puissants. « Sa première visite de chef d’Etat à l’étranger, c’est à l’Arabie saoudite que Donald Trump l’a réservée, rappelle Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire au ministère de la défense. Il s’agit d’un allié historique des Etats-Unis, pour des raisons à la fois énergétiques, géopolitiques et religieuses. » Auteur, chez Robert Laffont, de Dr. Saoud et Mr. Djihad. La diplomatie religieuse de l’Arabie saoudite (2016) et de Hollywar. Hollywood, arme de propagande massive (2018), il ne s’étonne guère de la collaboration entre ses deux domaines d’expertise : « Pour l’Arabie saoudite, la communication est essentielle, et Hollywood entre évidemment dans cette orbite. Certains vont jusqu’à dire de “MBS” qu’il “disneyfie” le pays… Neom, ce n’est rien d’autre qu’une grande campagne de com. »

Fermées depuis la première guerre du Golfe, les salles de cinéma commencent à rouvrir dans le royaume. Le producteur Matty Beckerman, vieux renard hollywoodien, vient de s’installer à Riyad, où il compte tourner une dizaine de films par an. Pour lustrer son image, abîmée par d’innombrables manquements aux droits de l’homme, le régime semble prêt à tout : recruter à prix d’or des instagrameurs, organiser des compétitions sportives de renom… Parmi elles, la quatrième étape du Dakar, le 8 janvier, ralliait le site de Neom à Al-Ula. C’est que Paris est, au même titre que Washington, un partenaire stratégique de Riyad : « En France comme aux Etats-Unis, la plupart des grosses agences de relations publiques ont signé des contrats lucratifs avec les Saoudiens », décrit Pierre Conesa.

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« La culture, c’est un formidable cheval de Troie pour faire progresser les mentalités. Il ne faut pas laisser ce pays aux Américains. La France a un rôle à jouer », appuie Jean-Michel Jarre. Le 23 septembre 2018, à l’occasion de la fête nationale saoudienne, la star des musiques électroniques a donné à Riyad l’un de ses légendaires spectacles son et lumière. Il l’a appelé The Green Concert, en écho au credo écolo de « MBS » et à la couleur de l’islam : « J’ai accepté de jouer à la condition que les femmes puissent y assister, nuance-t-il. J’ai toujours distingué les peuples de leurs dirigeants. C’est un pays très jeune, plein de promesses. »

Il y retournera en mars, « dans le cadre d’un festival organisé par le magazine Vice, qui me donnera carte blanche ». Lui aussi cogite sur Neom, au sein d’un think tank. « Je leur donne quelques conseils. Vous savez, j’ai une longue histoire familiale avec la région. Mon père a composé la BO du film Lawrence d’Arabie [1962], j’ai joué dans les pyramides… Neom me fait penser à Dune : le désert qui rencontre le XXIe siècle, c’est très romanesque. » Une nouvelle adaptation du best-seller est prévue pour décembre 2020. Le film a été tourné en Jordanie, en face de Neom ; quant aux futuristes qui ont œuvré sur les décors, qui sait s’ils n’en ont pas échafaudé de plus irréels encore, de l’autre côté de la frontière.

11 février 2020

Bella Hadid

bella hadid

11 février 2020

L’hétérosexualité, c’est terminé ?

Par Maïa Mazaurette

Pour les séparatistes, la messe est dite, le couple hétérosexuel nuit aux femmes… Mais, l’amour ébranle aussi profondément le machisme, objecte la chroniqueuse Maïa Mazaurette, qui en appelle à de nouvelles coopérations.

LE SEXE SELON MAÏA

« Sortir de l’hétérosexualité » : le programme de la seconde édition du festival Des sexes et des femmes, en septembre dernier à Paris, pouvait difficilement passer inaperçu. De fait, la polémique ne s’est pas fait attendre ! Les conservateurs ont immédiatement dégoupillé le spectre du séparatisme, de l’hystérie et de l’effondrement de la civilisation, de manière plus ou moins caricaturale (l’interrogation chez Valeurs actuelles, l’outrage chez Marianne). Et pourtant. Virginie Despentes le déclarait elle-même au Monde en 2017 : « Sortir de l’hétérosexualité a été un énorme soulagement. »

Si l’icône du féminisme français a franchi le pas, pourquoi pas vous, pourquoi pas moi ? L’idée de se passer des hommes fait son chemin : sous la plume de Juliet Drouar pour Mediapart, dans les pages du Globe and Mail, dans la vie privée de militantes. Certaines femmes renoncent carrément au sexe. Elles expriment leur ras-le-bol dans le magazine Slate, dans le Guardian, dans l’essai Les Corps abstinents, d’Emmanuelle Richard (Flammarion, 288 p., 19 €, parution la semaine prochaine).

Cette médiatisation est d’autant plus remarquable qu’elle s’effectue à l’approche d’une Saint-Valentin aux codes un chouïa embarrassants, reposant sur un folklore romantique manifestement coincé dans les années 1950 (monsieur se fend d’un cadeau calorique ou de couleur rouge, madame joue les gigots d’agneau dans sa guêpière made in China).

Les modèles peinent à s’adapter aux avancées féministes

Le constat est amère : mouvement #metoo ou pas, le modèle amoureux comme le modèle sexuel peinent à s’adapter aux avancées féministes. La penseuse Peggy Sastre portait d’ailleurs cette critique dès 2018, dans un essai au titre lapidaire : Comment l’amour empoisonne les femmes (éditions Anne Carrière). Quelques mois plus tard, la philosophe Manon Garcia en remettait une couche dans son ouvrage On ne naît pas soumise, on le devient (Flammarion).

Les enjeux sont considérables, et bousculent des consensus auparavant inamovibles. Résumons : 1) le lesbianisme politique et le féminisme séparatiste, qui incarnaient le repoussoir absolu, gagnent progressivement en respectabilité. 2) L’orientation sexuelle, considérée comme une donnée impossible à déconstruire, est désormais sujette à des reconstructions.

Que s’est-il passé, ces cinq dernières années, qui ait favorisé un tel retournement ? Eh bien, non seulement les études de genre ont conquis une solide assise médiatique (impossible de comprendre le mouvement #metoo sans disposer de cette grille de lecture), mais cette évolution s’est produite précisément quand les marges ont commencé à interroger les normes (la masculinité, la blanchité, la complémentarité hommes-femmes).

L’hétérosexualité, une simple option

Autrefois perçue comme naturelle, l’hétérosexualité se voit renvoyée à une simple option. Ces thèses sont soutenues par l’histoire et l’anthropologie (comme l’Antiquité grecque l’a démontré, on peut bâtir une civilisation brillante sans norme hétérosexuelle), par la décorrélation du biologique et du social (prétendre qu’il faille se marier et vivre ensemble pour qu’un spermatozoïde soit absorbé par un ovule serait aberrant, l’espèce n’a donc pas besoin de système hétérosexuel), et par une critique du « dressage » hétérosexuel (si la majorité d’entre nous sont attirés par le sexe « opposé », c’est parce que, des contes de fées aux films hollywoodiens, des clubs sportifs aux maisons de retraite, des parents aux copains, tout nous y engage de manière implicite).

Venons-en donc aux actes d’accusation : que reproche-t-on au couple homme-femme ? Les charges sont abordées avec une grande clarté dans le podcast « Adieu, monde hétéro », qui donne la parole à des dissidentes. Je vous recommande notamment les témoignages de Sarah et Roxane. La première évoque une hétérosexualité du « michetonnage » constant, où chaque geste de tendresse se monnaie à coups de rapports pas toujours désirés. Le couple n’existe alors que pour fournir de la gratification sexuelle aux hommes. La seconde décrit une triple oppression économique, domestique et sexuelle.

Se dessine alors, en creux, le portrait d’hommes pas forcément méchants mais égoïstes et immatures (ironiquement, ces arguments recoupent pile-poil ceux des hommes du mouvement MGTOW, « men going their own way », qui dressent le même constat d’une incompatibilité fondamentale... mais en leur défaveur).

Coucher avec l’ennemi

La cohabitation homme-femme est présentée comme intrinsèquement violente et contre-productive. Car coucher avec le dominant, c’est coucher avec l’ennemi, tout en renforçant son pouvoir. Pour citer la militante Juliet Drouar, fondatrice du fameux festival Des sexes et des femmes : « Le couple hétérosexuel (...) met une personne dominante en vis-à-vis et en huis clos avec une personne structurellement dominée par “il”. Comment mieux surveiller, exploiter et punir ? L’hétérosexualité propose basiquement que le dominant puisse, à l’abri des regards, toujours surveiller la dominée, même quand elle dort. » La messe est dite : le couple met les femmes en danger (malheureusement, la réalité statistique des viols et des féminicides valide cette opinion).

De manière moins dramatique, certaines dissidentes décrivent leur lassitude face à des hommes qu’il va falloir « éduquer » : batailler sur les tâches ménagères, expliquer le concept de charge mentale, inclure dans les choix contraceptifs, éveiller aux dynamiques de pouvoir, etc. De fait, convertir un homme en début de transition féministe est épuisant (surtout quand on mène déjà ces combats par ailleurs). Face au risque de burn-out militant, certaines préfèrent quitter le navire.

Enfin, les dissidentes évoquent une sexualité infligée selon des modalités strictement masculines : les rapports sont considérés comme un dû, y compris quand la répétition de la pénétration vaginale tue le désir (c’est exactement ce que décrit le magazine Time cette semaine). Non seulement cette sexualité phallocentrée est inefficace et humiliante, mais les copains ou maris sont décrits comme manquant d’attrait, de curiosité et de sensualité.

Ces problématiques produisent un ras-le-bol. Légitime. Et une angoisse : comment être encore hétérosexuelle aujourd’hui ? Dans ses émanations les plus condescendantes, le séparatisme va jusqu’à réduire la femme hétéro à une éternelle victime, voire une traîtresse. Quant aux hommes, ils seraient irrécupérables (bisou à tous ceux qui, depuis des décennies, se remettent en question).

Coopération plutôt qu’opposition

Bon. En tant qu’hétéro indéboulonnable, et avec toute ma sympathie pour les dissidentes, ma réponse est simple : si l’hétérosexualité balkanise les femmes, elle balkanise aussi les hommes. Si l’amour menace le féminisme, il ébranle profondément le machisme. Si le couple est un espace où la domination masculine peut s’exercer, il est également un espace où l’émancipation féminine peut faire des miracles – un espace où les femmes regardent les hommes dormir.

Quand on reste hétérosexuelle, on peut retourner les hommes un par un, loin des solidarités masculines. On peut travailler ces problématiques en coopération plutôt qu’en opposition. On peut conquérir des alliés plutôt que d’encourager le ressentiment mutuel.

Les périodes de désespoir militant – et, éventuellement, de mise à distance – sont inévitables. Mais abandonner l’idée même du vivre-ensemble constitue, en soi, une défaite. On ne fait pas la révolution en claquant la porte. On ne s’engage pas en désertant. On ne considère pas comme perdue une bataille non menée. Et surtout, on ne change pas le quotidien sans s’y ancrer intimement.

D’où la nécessaire affirmation d’un hétéro-optimisme : le couple, c’est exactement ce que nous en faisons. L’hétérosexualité nous déplaît ? Elle n’est pas toujours facile, on est d’accord. Mais la quitter sera toujours moins efficace que la métamorphoser de l’intérieur. En commençant – pourquoi pas ? – par la réinvention des codes de la Saint-Valentin. La semaine prochaine, c’est monsieur qui enfile la lingerie.

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