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Jours tranquilles à Paris

6 octobre 2020

Carla Bruni - VOGUE Paris octobre 2020

carla bruni vogue paris octobre

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6 octobre 2020

Crise sanitaire : une réponse politique gouvernée par l’incertitude

Par Eric Favereau — Libération

Après avoir suivi le scénario le plus fataliste au début de l’épidémie de Covid, les pouvoirs publics tâtonnent depuis la fin du confinement.

Rien n’est plus difficile que de décider dans un contexte fait d’incertitudes. Et la critique desdites décisions est évidemment facile, d’autant plus que la fin de l’histoire n’est pas écrite. Il n’en reste pas moins qu’en matière de gestion du Covid-19, un certain nombre d’interrogations s’installent sur la politique de santé publique menée depuis le début de l’épidémie. L’approximation, la confusion et surtout la peur ont souvent prévalu chez les différents acteurs. Sans oublier un contexte délicat, avec une parole médicale incohérente, car partant dans tous les sens, et une forte présence médiatique qui a transformé les incertitudes en inquiétudes (lire page 8). Retour sur les aléas de la gestion en trois points.

Une dramatisation initiale

On l’a peut-être oublié, mais en France, et d’une certaine manière en Europe, c’est à la mi-mars qu’une modélisation de l’épidémie a joué un rôle clé dans le basculement généralisé. Cette modélisation a été réalisée par le Britannique Neil Ferguson, épidémiologiste de l’Imperial College à Londres. Son équipe avait été sollicitée par plusieurs gouvernements européens «pour établir différents scénarios de progression de l’épidémie». Et pour ce faire, elle s’est appuyée «sur l’analyse de différentes pandémies grippales et l’évaluation de différentes interventions possibles» pour endiguer la propagation d’un virus, comme la fermeture des écoles, la mise en quarantaine des personnes infectées ou la fermeture des frontières.

Les résultats pour la France ont été présentés le 12 mars à l’Elysée, quelques heures avant que le président de la République ne prenne solennellement la parole devant les Français pour expliquer «l’urgence» de la situation. Les prévisions sont alors absolument alarmistes. Selon ces modélisations (qui devaient être confidentielles), l’épidémie de Covid-19 pourrait provoquer en France, en l’absence de toute mesure de prévention ou d’endiguement, entre 300 000 et 500 000 morts. Le nouveau coronavirus serait ainsi au XXIe siècle ce que la grippe espagnole a été au XXe siècle. C’est selon ce scénario alarmiste qu’a alors travaillé le Conseil scientifique, ce groupe de onze experts mis en place le 11 mars à la demande d’Emmanuel Macron «pour éclairer la décision publique». «Quand nous avons eu connaissance des chiffres, nous avons été saisis d’effroi», nous avait confié un membre du Conseil. Certes, ce scénario a été calculé en retenant les hypothèses de transmissibilité et de mortalité probables les plus élevées, et ce en l’absence de mesures radicales de prévention et de distanciation sociale, mais le fait est que la perspective la plus sombre est mise en avant.

Quelques jours après, l’un des meilleurs spécialistes français, le Pr Antoine Flahault, a beau dire au journal les Echos, non sans ironie, que « dans l’histoire, les prévisions catastrophiques se sont toujours révélées erronées», la couleur est donnée. Elle sera sombre. Ont-ils eu raison ? Constatons que les prévisions des meilleurs épidémiologistes au monde n’ont pas été validées, même si le confinement a permis de diminuer fortement le nombre de victimes.

Des citoyens absents de la gestion

Comment mener une politique de santé publique ? Sur quoi et sur qui doit-elle reposer ? De fait, le traitement et la prise en charge de cette épidémie, aussi inédite que surprenante, ont été confiés aux spécialistes des maladies infectieuses. Ce monde de l’infectiologie de la médecine hospitalière a été façonné depuis quarante ans par l’épidémie du sida, aussi terrible que mortelle, mais qui ne provoquait pas un sentiment d’urgence chez les autorités. L’arrivée des traitements en 1996 a transformé le paysage, apportant en fin de compte une réponse essentiellement biomédicale à une épidémie sociale. Le milieu scientifique qui travaillait sur le sida avait ses repères, ses modèles, qui avaient peu à voir avec ce à quoi ils seraient confrontés avec le Covid-19. Ce n’est pas le même «écosystème» - une expression prisée par le Pr Didier Raoult.

Paradoxalement, le grand apport du sida a été la place donnée aux patients : pour reprendre une formule du fondateur d’Aides, Daniel Defert, «les malades ne sont pas le problème mais une partie de la solution». Or c’est sur ce point particulier que la réponse politique s’est révélée la plus faible. Les citoyens ont été absents de la gestion. Ce sont des médecins experts, des administratifs et des politiques qui ont géré le Covid-19. Et non la société, qui devait suivre. Faut-il rappeler une anecdote ? Sur la question des masques, le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé, était en désaccord profond avec les politiques. Mais il n’en a rien dit, préférant soutenir le gouvernement (qui, au départ, a laissé entendre que le masque était inutile) plutôt que les citoyens qui le jugeaient nécessaire pour combattre l’épidémie. Tout un symbole… Une santé publique, loin du public.

Quid du tableau de bord ?

C’est assurément l’élément le plus frustrant. Alors que nous sommes à plus de neuf mois du début de l’épidémie du nouveau coronavirus en France, alors que nous avons des experts de grand talent, il n’est pas sûr que les pouvoirs publics aient à leur disposition un tableau de bord à la fois performant et réactif, qui leur permet de prendre des décisions appropriées, et surtout de s’adapter en permanence à un déroulé épidémique qui évolue sans cesse.

Prenons par exemple le bulletin de Santé publique France (la référence, dit-on) daté du 24 septembre. Il se conclut ainsi : «Du fait de l’augmentation de la circulation virale sur l’ensemble du territoire, le nombre de clusters identifié est probablement largement sous-estimé.» Et ce n’est pas tout : «Du fait des saturations des capacités diagnostiques des laboratoires dans plusieurs régions, les augmentations du nombre de nouveaux cas sont très certainement sous-estimées… Les indicateurs issus de ces différentes surveillances doivent ainsi être interprétés avec prudence car ils ne décrivent désormais plus qu’imparfaitement la dynamique de l’épidémie sur le territoire.»

Comment décider ainsi ? Et surtout, comment justifier les décisions prises ? Le ministère de la Santé a récemment déclaré qu’il rendrait publics tous les indicateurs sanitaires «pour une transparence complète». On les attend toujours. Faute de les avoir, et faute d’un débat solide dans la société, on risque d’osciller sans fin entre le fatalisme et le drame, entre le rassurisme inconscient et l’alarmisme à outrance.

6 octobre 2020

François Hollande

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6 octobre 2020

Nous courons de crise en crise en laissant derrière nous des parcelles de liberté

Par Sandrine Rousseau, Economiste — Libération

Avec la crise sanitaire, des mesures supposées d’exception petit à petit se banalisent puis s’institutionnalisent au nom de la santé. Il faudra pourtant la garantie de la liberté tout entière pour affronter la crise climatique qui vient.

Nous courons de crise en crise : la crise sécuritaire faite d’attentats et d’états d’urgence exceptionnels devenus permanents, la crise sanitaire et sa restriction des libertés au nom de la santé. Arrive la crise économique et sa sœur siamoise, la crise sociale. Cette succession ne dit pas encore grand-chose de celle qui se prépare, massive, et qui en entraînera quantité d’autres dans son sillon, la crise climatique.

La République et la démocratie sont à chaque fois éprouvées par ces évènements à répétition. Le schéma est toujours le même : la décision politique est centralisée, les arbitrages tout droit sortis de conseils de guerre ou venus de personnalités régaliennes, ministres et président. Le peuple est intimé à obéir, au nom d’un intérêt supérieur. Il le fait sans trop sourciller. Qui irait contre la protection lorsqu’il y a danger imminent ? Les Françaises et les Français sont compréhensifs - et c’est nécessaire, faute de quoi la pandémie aurait pris un autre tour.

Le problème n’est pas tant dans la gestion de l’urgence que dans les temps qui suivent. Ces mesures supposées d’exception petit à petit se banalisent puis s’institutionnalisent. Gravées dans le droit commun, elles deviennent la norme. Un régime d’exception a été mis en place à la suite des attaques du 13 novembre 2015, pour se transformer en droit commun en 2017 : assignations à un périmètre déterminé, perquisitions simplifiées et création de «zones de protection» à l’intérieur desquelles les forces de l’ordre ont des pouvoirs exceptionnels. Des rapporteurs de l’ONU s’étaient même inquiétés d’une atteinte à l’exercice de la liberté d’expression, de réunion et d’association.

L’état d’urgence sanitaire, lui, a pris fin le 10 juillet. Il est remplacé par un «régime transitoire» (1) de quatre mois. Mais l’épidémie rebondit et la manière dont cette crise est gérée, depuis Paris, nous conduit peu à peu vers un nouvel arsenal juridique visant à contrôler la vie privée. On entend déjà les arguments : il faut bien contrer la propagation du virus et la saturation des hôpitaux, protéger les gens contre leur gré. Autoriser le survol de villes par des drones, limiter les regroupements, empêcher de se réunir dans les bars ou la rue, repousser les repas de famille… Que restera-t-il de la liberté de réunion et d’association après ce nouvel assaut ? Bien malin qui pourrait le dire aujourd’hui. Ce que l’on sait dès à présent est que les climats anxiogènes sont propices à l’édiction de lois, restrictions et règlements. Parfois ils n’ont que peu de liens avec la crise mais celle-ci sert d’écran de fumée. Ainsi en va-t-il du nouveau schéma du maintien de l’ordre par exemple, qui limite la possibilité donnée aux journalistes d’exercer librement leur métier lors de manifestations.

Rien de tout cela n’est pourtant inéluctable. Si l’urgence peut nécessiter des mesures immédiates et dérogatoires du droit, deux garde-fous permettent tout de même de préserver l’essentiel : la liberté.

Le respect de la démocratie d’abord. Même en cas de crise, surtout en cas de crise, la démocratie ne s’exerce pas uniquement depuis Paris. En France, elle est composée d’assemblées municipales, départementales, régionales. Si les pouvoirs régaliens ne leur reviennent que partiellement, les élu·e·s des territoires constituent le socle de notre cohésion territoriale et la garantie contre des abus de pouvoirs venus de la capitale. Le cas de Marseille devrait nous alerter. L’absence de concertation avec les élu·e·s locaux est une atteinte grave à une démocratie de proximité. Il s’agit d’un ordre donné à la population depuis le centre du pouvoir. Que cet ordre soit bon ou mauvais, telle n’est pas la question. La Ve République et sa toute-puissance présidentielle sont propices à de tels assujettissements, mais faut-il en user de la sorte ? Aucune république fédérale, aucun régime parlementaire ne pourrait prendre de telles mesures sans en passer par les territoires et une gestion décentralisée, du moins concertée.

Ne jamais institutionnaliser les règles dérogatoires ensuite. Faute de quoi chaque crise verra se réduire nos libertés, et avec elles les fondements mêmes de notre république. Si nous ne construisons pas après celle-ci un nouvel élan de liberté alors petit à petit, sans même que nous le percevions, nous préparons le terrain à une gestion totalitaire. Si nous ne maintenons pas, quels que soient les vents contraires, notre modèle démocratique, ce qui fait de la France le pays des Droits de l’homme - et de la femme -, alors nous n’aurons pas plus la force de le défendre plus tard. C’est à cela que l’on reconnaît un pays libre : sa capacité à ne pas renier ses grands principes par temps de crise. Et ce défi, nous n’en sommes qu’au début.

La crise climatique qui vient mettra en tension nos démocraties et nos manières de vivre ensemble.

Apprenons de ce qui se déroule actuellement, perfectionnons notre démocratie, garantissons nos libertés et développons notre sens collectif de la responsabilité. Saisissons les événements actuels pour nous réinterroger sur notre commun, nos valeurs, ce qui fonde notre société française, si chère, si libre. Utilisons la démocratie locale pour faire bloc, décentralisons les décisions, renforçons le rôle du Parlement, développons les outils démocratiques qui nous permettent de lutter contre nos propres peurs, garantissons les contre-pouvoirs indépendants.

Alors ces crises n’auront pas servi à rien. Elles nous auront même aidés à affirmer l’essentiel : nos valeurs. Pour que l’avenir ne nous plonge pas dans l’obscurité, réaffirmons l’idéal des Lumières et garantissons nos libertés de citoyen·ne·s.

(1)     Paru au Journal officiel le 10 juillet.

6 octobre 2020

Bretagne

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6 octobre 2020

La Bretagne, région au top sur Instagram ?

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Le 6 octobre 2010, Instagram, application dédiée au partage de photos, déboulait sur nos smartphones. Succès instantané. Dix ans plus tard, on s’est demandé quelle région était la plus populaire sur le réseau social. Y’a pas photo, la Bretagne est au top.

Quelle est la région française la plus mentionnée grâce aux hashtags sur Instagram ? Sans surprise (et sans chauvinisme !), la Bretagne monte sur la plus haute marche du podium. La région est de loin la plus populaire sur l’appli de partage de photos. Le hashtag #bretagne est une machine à produire des « j’aime », autant à des fins de promotions touristiques et commerciales que personnelles.

Une région « instagrammable »

À ce jour, #bretagne a été utilisé au total plus de six millions de fois sur Instagram. En deuxième position (loin derrière), #normandie est mentionné dans un peu plus de trois millions de publications (et le fossé serait encore plus grand si les Normands n’avaient pas le Mont-Saint-Michel !).

Gwen Vigouroux, fondateur de l’agence de communication Chez Insta (spécialisée sur Instagram), qualifie la Bretagne « d’instagrammable », car elle réunit tous les critères des utilisateurs du réseau social : « Les photos les plus diffusées sur Instagram sont des clichés de paysages, de nourriture et de personnes en maillots de bain ». Grâce à son vaste espace côtier, sa tradition culinaire remarquable et ses nombreuses plages, la Bretagne coche effectivement toutes les cases.

Les utilisateurs d’Instagram postent beaucoup plus pendant leurs vacances

La popularité du hashtag #bretagne profite à un secteur économique fragilisé cette année par la crise sanitaire : le tourisme. Pour preuve, le deuxième hashtag le plus populaire mentionnant la région est #bretagnetourisme, et « les utilisateurs d’Instagram postent beaucoup plus pendant leurs vacances », indique Gwen Vigouroux. Par conséquent, les offices de tourisme ne se passent plus d’Instagram, comme à Perros-Guirec (22) : « On communique beaucoup sur l’image, et Instagram est justement LE réseau social de l’image, de la photographie. Il devient donc un outil indispensable pour nous ».

À Fouesnant (29), l’office de tourisme a adopté la même stratégie : « On mise sur l’image qui fait rêver, qui donne envie de se rendre chez nous, et on utilise systématiquement des hashtags comme marqueur de territoire pour chaque publication ».

Le mot-clé #bretagne a aussi un intérêt économique. La Bretagne fait vendre, c’est une certitude, selon Gwen Vigouroux : « Dans l’inconscient collectif, les produits bretons sont des produits de qualité, synonymes d’authenticité, de savoir-faire ».

Un maximum de visibilité

#bretagne accompagne donc systématiquement les publications publicitaires des entreprises de la région car « les hashtags sont nécessaires pour obtenir le maximum de visibilité sur Instagram ». En effet, « l’algorithme de ce réseau social favorise la mise en avant de nos contenus lorsque nous utilisons #bretagne pour référencer nos photos dans le moteur de recherche interne », précise Simon Lagadec, fondateur de Port d’Attache, magazine spécialisé sur la Bretagne. Les hashtags permettent surtout de « diffuser le bon contenu face à la bonne audience ».

La gloire est fragile

Si la Bretagne est la région la plus populaire de France sur Instagram concernant le nombre total, sans limite de temps, de hashtags portant son nom, le résultat diffère lorsque l’observation se porte uniquement sur cet été 2020. En effet, les données relevées par le site Visibrain montrent que la notoriété de la Bretagne dégringole à la quatrième place : de juin 2020 à août 2020, #bretagne a été citée 2 194 fois, derrière Provence-Alpes-Côte d’Azur (6 611), Auvergne-Rhône-Alpes (3 768) et Occitanie (2 346).

Ce constat s’explique peut-être par l’absence de tous les événements culturels bretons comme les grands (et petits) festivals, les spectacles en salles, les défilés traditionnels et autres festoù-noz annulés pour cause de Covid-19.

La région, bien placée dans ce classement français, a cependant encore du chemin à faire dans la course aux hashtags pour espérer concurrencer un jour la popularité de Kim Kardashian ou Cristiano Ronaldo. À moins que ces stars ne choisissent la Bretagne pour une prochaine destination de vacances ?

6 octobre 2020

KENZO

kenzo dans libé

6 octobre 2020

Traitements anti-Covid : de quoi Trump est-il le cobaye ?

Par Camille Gévaudan — Libération

trump dans sa suite hopital

Une photo diffusée dimanche par la Maison Blanche montrant le Président dans sa suite à l’hôpital Walter-Reed. (Photo Reuters)

Patient à haut risque, le président américain s’est vu administrer plusieurs traitements : le remdésivir, développé contre Ebola, un stéroïde anti-inflammatoire et surtout un cocktail d’anticorps testé sur seulement 275 personnes.

C’est par un tweet triomphant que Trump a annoncé lundi soir sa sortie de l’hôpital. «Je me sens vraiment bien ! N’ayez pas peur du Covid. Ne le laissez pas dominer votre vie», a indiqué le président américain sur le réseau social, minimisant à nouveau les dangers du virus alors qu’il a été placé sous oxygène au moins deux fois. Quelques heures plus tôt, s’ajoutant à une communication cacophonique, la porte-parole de la Maison Blanche, Kayleigh McEnany, annonçait avoir été testée positive. Cette nouvelle contamination dans l’entourage de Trump est un énième signe, s’il en fallait encore, que la Maison Blanche n’a pas pris la mesure de l’épidémie de Covid et des risques de contagion. «Nous avons développé sous l’administration Trump de très bons médicaments et savoirs», a trompeté le président américain. A l’hôpital militaire Walter-Reed de Bethesda, dans la banlieue de Washington depuis vendredi, Trump a en effet reçu plusieurs traitements et médicaments qui font de lui un cobaye.

Remdésivir connu de longue date

Vendredi soir, le médecin de Trump, le Dr Sean Conley, annonce que le Président est traité au remdésivir, un antiviral largement utilisé depuis le début de la pandémie, mais aussi avec un cocktail expérimental d’anticorps de synthèse pas encore autorisé. Dimanche, on apprend que Trump reçoit en outre de la dexaméthasone, un stéroïde, sans compter la vitamine D, le zinc, la famotidine (contre les brûlures d’estomac), la mélatonine (pour les troubles du sommeil) et l’aspirine. A-t-on déjà vu un tel traitement de choc administré si précocement à un patient qui, selon les premières déclarations de son équipe médicale, allait pourtant «très bien» ?

Le remdésivir est un médicament connu de longue date : initialement développé contre le virus Ebola durant l’épidémie de 2014-2016, il a montré une certaine efficacité contre les précédents coronavirus, celui ayant sévi au Moyen-Orient en 2012 et celui responsable du Sras. Il a donc été testé dès le printemps contre le nouveau coronavirus, le Sars-CoV-2. En tant qu’antiviral, le remdésivir bloque la réplication des virus, les empêchant de créer des copies d’eux-mêmes pour infecter les cellules de leur hôte.

Un grand essai clinique aux Etats-Unis a conclu que le remdésivir pouvait accélérer de quatre jours, par rapport au placebo, le rétablissement des patients hospitalisés avec une pneumonie nécessitant une oxygénation. Sur la base de ces résultats, le médicament a été autorisé en procédure d’urgence aux Etats-Unis au mois de mai. Et le 3 juillet, le remdésivir a été approuvé en Europe, premier médicament anti-Covid à obtenir ce feu vert.

Mais la molécule du laboratoire Gilead a perdu de son aura depuis le début de l’été où elle faisait figure de solution miracle (quand Trump en a acheté 92 % des stocks mondiaux). Le 17 septembre, la Haute Autorité de santé a rendu un avis mitigé sur le remdésivir : s’il ne réussit qu’à réduire les hospitalisations de quatre jours, «le service médical rendu est jugé faible». En plus, son efficacité semble limitée aux «patients qui nécessitent une oxygénothérapie à faible débit», et il «ne montre pas d’effet global sur la mortalité à quatorze jours». Bref, il y a «encore beaucoup d’incertitudes sur l’efficacité et la tolérance du remdésivir».

Peut-être ne sert-il à rien dans le cas de Trump. «Les médecins qui conseillent Donald Trump veulent faire diminuer très rapidement la charge virale même si on n’a aucune démonstration chez l’homme que ça fonctionne», juge l’infectiologue Nicolas Dauby pour la RTBF. Toute aggravation de sa santé serait catastrophique, «parce qu’on sait que, vu l’âge du patient Trump, son pronostic ne sera pas bon». Agé de 74 ans, Trump est obèse et suit un traitement pour son cholestérol : c’est un malade à très haut risque.

Cocktail d’anticorps pour patient VIP

Quant aux anticorps de synthèse que reçoit le président américain, ils n’ont pas encore été approuvés par l’autorité américaine de régulation des médicaments (FDA). Il n’y a aujourd’hui que deux manières d’y avoir accès : soit en participant à un essai clinique, soit par la procédure de l’«usage compassionnel». Habituellement réservée aux personnes gravement malades, en urgence vitale ou atteintes de maladies rares, elle permet au médecin de solliciter un traitement expérimental pour un patient particulier, en justifiant que les bénéfices potentiels pour sa santé valent bien les risques encourus.

C’est donc par une sorte de passe-droit dû à son statut de VIP que Trump a pu tester l’un des médicaments prometteurs dans la recherche contre le Covid. «Ils nous ont demandé l’autorisation de l’utiliser, racontait vendredi le patron de Regeneron, Leonard Schleifer, et nous avons accepté avec plaisir. […] Quand c’est pour le président des Etats-Unis, bien sûr, ça retient notre attention.» Schleifer, qui précise que Trump n’est pas le premier patient à recevoir ces anticorps en usage compassionnel, fréquente le Président depuis des années, notamment sur les parcours de golf.

Le cocktail qui lui est administré s’appelle REGN-COV2. Développé par l’entreprise pharmaceutique Regeneron, qui avait déjà développé un médicament similaire contre Ebola, il consiste à injecter au patient deux anticorps de synthèse imitant ceux naturellement produits par le système immunitaire lors d’une infection au coronavirus. Les anticorps s’accrochent aux molécules pointues qui enveloppent le virus, l’empêchant de se fixer aux cellules humaines. C’est donc un traitement qu’il est pertinent d’administrer le plus tôt possible dans l’évolution de la maladie, pour freiner sa progression dans le corps avant d’avoir pu y faire des dégâts.

Les résultats des premiers essais du REGN-COV2 ont été publiés le 29 septembre, quelques jours avant le diagnostic de Trump. Ils sont encourageants : la charge virale (et avec elles les symptômes du Covid) baisse de manière significative en l’espace de sept jours, surtout chez les patients les plus lents à développer une défense immunitaire. Mais les essais cliniques n’ont concerné pour l’instant que 275 cobayes non hospitalisés. Les tests devront continuer sur de plus grandes cohortes, à divers niveaux de gravité et d’évolution de l’infection, avant que le médicament soit autorisé.

Dexaméthasone contre les autres agressions

De son côté, enfin, la dexaméthasone est une hormone stéroïdienne, prescrite pour son effet anti-inflammatoire. Car chez un patient atteint du Covid, l’attaque du virus elle-même n’est qu’une partie du problème. L’autre agression vient du système immunitaire qui se défend très fort, gonflant les muqueuses des bronches et des poumons. La respiration s’en retrouve d’autant plus compliquée ; le myocarde peut subir des lésions, et une inflammation, menant parfois jusqu’à l’insuffisance cardiaque. Des anti-inflammatoires sont donc proposés aux patients gravement malades. Dont la dexaméthasone, souvent utilisée contre la polyarthrite rhumatoïde, le lupus ou la maladie de Crohn.

«La médecine présidentielle a toujours été unique», analyse Arthur Caplan, professeur d’éthique médicale à la faculté de médecine de l’université de New York, dans le Seattle Times. «Si ses docteurs pensent qu’une intervention peut être utile, si leur jugement est confirmé par des experts et que la situation paraît grave ou urgente, le Président pourra avoir accès à n’importe quel traitement.»

6 octobre 2020

Trump de retour à la Maison Blanche tombe le masque...et pourtant...

trump enleve masque

trump tous positifs

6 octobre 2020

IDEAT : Lutte Contre le Cancer du Sein

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Le magazine IDEAT et son éditeur Laurent Blanc ont demandé à 30 femmes photographes  de réaliser chacune une image sur le thème du sein.

Le fruit de la vente des tirages  sera entièrement reversé à la cellule de recherché sur le cancer du sein de l’institut. Les reproductions des œuvres sont exposées du 1er au 31 octobre pour Octobre Rose à l’Institut Gustave Roussy (114 rue Édouard Vaillant, 94800 Villejuif) et l’intégralité des recettes sera reversée à l’Institut et à sa cellule de recherche contre le cancer du sein pour cofinancer un essai clinique.

Jean-Jacques Naudet

https://ideat.thegoodhub.com/2020/09/30/octobre-rose-ideat-et-30-photographes-sengagent-contre-le-cancer-du-sein/

www.gustaveroussy.fr

15 œuvres et explication

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Emmanuelle BOUSQUET

La dramatisation et la poétique du corps sont au cœur de l’univers d’Emmanuelle Bousquet. Partant de son histoire personnelle, elle convoque des souvenirs liés à l’enfance. À travers ses autoportraits, elle tente de formaliser son propre parcours de vie. La question du corps meurtri, qui se recompose et s’affranchit de ses blessures, parcourt ses Polaroid, grattés, craqués puis agrandis – des clichés que l’on peut notamment retrouver dans l’ouvrage Stigmate (2018), chez Filigranes Éditions. L’image choisie ici symbolise toute la force de l’artiste pour rester debout et affronter le monde.

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Letizia LE FUR

Après des études aux Beaux-Arts, où elle a beaucoup pratiqué la peinture, Letizia Le Fur découvre la photographie grâce à Valérie Belin. C’est elle qui va l’encourager à persévérer dans ce médium, qui lui permet de s’extraire d’une réalité qu’elle juge parfois trop difficile à vivre. Par cet intermédiaire, Letizia Le Fur peut choisir un environnement qui lui est propre pour évoquer ses rêves, son idée de la fuite. L’harmonie chromatique revêt une importance capitale dans son travail, comme en témoigne la subtile image réalisée spécialement pour IDEAT.

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Linda TULOUP

Les notions d’intimité et d’identité définissent l’univers de Linda Tuloup. Capturés à l’aide d’un appareil moyen format, ses tirages, en noir et blanc ou en couleurs, révèlent le corps féminin sous le prisme de la métamorphose. Qu’elle soit photographiée dans une chambre ou bien dans une forêt, la femme de Linda Tuloup s’inscrit dans un état de nature. Elle évolue alors parmi les feuilles et les écorces et se transforme en animal. Son corps y apparaît comme une chimère. Pour ce numéro spécial, elle nous offre une silhouette évanescente.

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Mona KUHN

Reconnue sur la scène internationale, Mona Kuhn aime jouer avec la netteté et le flou, l’ombre et la lumière, pour réaliser ses photos de nus. Brésilienne d’origine allemande, elle vit depuis de longues années à Los Angeles après avoir étudié aux Beaux-Arts de San Francisco. Ses portraits de femmes s’inscrivent dans une volonté de sublimer les corps tout en les intégrant dans des espaces architecturaux ou bien dans une nature luxuriante. Pour IDEAT, elle offre une image évanescente où onirisme rime et classicisme.

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Christine LEFEBVRE

Dans une vie précédente, elle a été enseignante. Mais Christine Lefebvre se découvre un attrait profond pour la photographie en 2005, à la faveur d’un voyage en Namibie. Sa rencontre avec le peuple San et avec le désert l’amène vers l’épure. Dans les choses, les êtres et les paysages, elle retient avant tout le dénuement. Elle apporte autant de soin à la prise de vue qu’à ses tirages, qu’elle réalise elle-même. Une exigence que l’on peut observer dans les noirs profonds sur lesquels se détachent ces deux femmes complices de dos.

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Claudine DOURY

Depuis une trentaine d’années, Claudine Doury parcourt le monde pour réaliser des paysages dans des contrées lointaines et des portraits intenses. Les notions de mémoire, de transition autour de l’adolescence et du voyage ponctuent l’ensemble de ses images en noir et blanc et en couleurs. Lorsqu’elle est retournée en Sibérie en 2018, vingt ans après un premier voyage, elle a sélectionné une photographie de jeunes meres en train d’allaiter dans une maternité roumaine.

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Isabel MUÑOZ

Passionnée très jeune par la photographie, Isabel Muñoz entame des études à Photocentro, à Madrid, puis complète ses connaissances techniques à la fin des années 80 à New-York. Très connue pour ses séries « Tango » et « Flamenco », réalisées en 1989, elle poursuit depuis ses recherches sur l’être humain. Spécialiste du tirage au platine, elle arrive à concilier procédés anciens et démarche contemporaine autour du corps. Dans cette logique, elle a sélectionné pour IDEAT un danseur japonais de buto, en continuité avec son questionnement autour des origines de l’humanité.

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Julieta TORIBIO

Après des études en architecture, Julieta Toribio a cherché sa voie dans le cinéma et les arts scéniques, mais aussi dans la pratique de la photographie. Toujours accompagnée de son appareil, elle voyage au gré de son métier d’actrice et, de retour, se réfugie dans son studio, où elle entretient sa curiosité aux multiples facettes. Elle a récemment fait ses premiers pas dans la sculpture et produit une série de bustes de femmes de différents âges afin d’explorer sa vision plurielle de la féminité. Ses œuvres seront exposées courant 2021 à la galerie Modus Operandi, à Madrid.

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Laure VASCONI

La très discrète Laure Vasconi poursuit un travail exigeant à la croisée du réel, de l’intime et de la fiction. Depuis une vingtaine d’années, elle y mêle des instants personnels avec des travaux documentaires. Reconnue pour ses images en couleurs légèrement floues, elle vient de publier un journal photographique, « L’Après Jour », chez Filigranes, qu’elle a réalisé en puisant dans ses archives, faisant du livre une trace. Sa proposition pour IDEAT évoque son rapport au cinéma et aux personnages mythiques, comme la divine Anita Ekberg.

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Katrien DE BLAUWER

Artiste flamande, Katrien de Blauwer crée des images sans appareil photo. Elle extrait des éléments du langage photographique pour réaliser des compositions dans lesquelles le sujet féminin est omniprésent. Des recadrages de cheveux, de bouches ou de jambes issus de vieux magazines sont recomposés de manière radicale et associés à des aplats de peintures. Son image extraite de la série « Dark Scenes » évoque le cadrage cinématographique, très souvent utilisé par l’artiste, où la solitude féminine transparaît.

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Ouka LEELE

Figure de la Movia, Ouka Leele a participé, l’an dernier à Arles et en début d’année à Paris (Galerie Vu’), à une exposition collective sur la scène madrilène des années 80. Ses tirages colorés empreints d’une fantaisie surréaliste expriment son besoin de passer par la narration pour évoquer des sujets du quotidien avec drôlerie. Hommes et femmes se retrouvent ainsi dans des scènes où les couleurs saturées évoquent le pas de côté. Celle qui a œuvré au renouveau de la photographie espagnole nous fait les honneurs d’un tirage s’inscrivant pleinement dans la continuité de cette démarche.

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Romina RESSIA

L’attrait pour la peinture de la Renaissance continue d’inspirer de nombreux photographes contemporains, à l’instar de Romina Ressia, particulièrement influencée par les artistes flamands. Née en 1981 en Argentine, elle n’hésite pas à intégrer des éléments en faisant directement référence aux codes esthétiques de cette période avec une approche décalée. Elle mixe avec brio le baroque et l’art sud-américain pour créer des ambiances personnelles. Dans ses compositions picturales, Romina Ressia saisit avec finesse toute la magie de la féminité.

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Brigitte KUSTENBERGER

Les fonds noirs de Brigitte Lustenberger, née en Suisse, composent son écriture photographique. À partir de ce noir intense, elle réalise des natures mortes de fleurs, le plus souvent fanées, et des portraits d’enfants et de femmes. Les installations qu’elle crée pour ses expositions prennent la forme de cabinets de curiosités où se mêlent objets, images projetées et accrochées. Brigitte Lustenberger a sélectionné ici un tirage en noir et blanc éloigné de sa pratique habituelle.

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Diana LUI

Si elle a pu réaliser des images de paysages dénués de présence humaine en voyageant à bord du Transsibérien, Diana Lui préfère photographier le corps féminin. Depuis ses débuts, elle en célèbre la sensualité en composant des portraits variés dans lesquels elle joue avec la lumière, les étoffes, la chevelure et qui dévoilent son amour pour les femmes. Sa maîtrise de la couleur et du noir et blanc lui permet d’alterner portraits en intérieur et en extérieur. Elle a choisi pour IDEAT le cliché d’une étudiante philippine qui pose dans un jardin de Pasadena, en Californie.

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Claudia HUIDOBRO

Faire corps avec son propre corps semble être la devise de Claudia Huidobro. Sa pratique questionne la notion de fragments corporels depuis plusieurs années. Ses autoportraits réalisés dans une chambre vide, où elle expérimente les déplacements et la notion d’échelle, renvoient à son désir de ne pas s’enfermer dans une production purement esthétique. Minimaliste dans la forme, sa recherche photographique explore dans le fond sa vision de la féminité. Pour ce numéro spécial, elle a mis en scène ses mains, comme un geste de soutien.

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