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Jours tranquilles à Paris

6 octobre 2020

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5 octobre 2020

Trump passe son temps comme il peut dans sa chambre d'hôpital.... Il tweete !!!

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5 octobre 2020

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5 octobre 2020

Madame Claude : sous le chic, une sordide entreprise de prostitution

madame claude

Par Vanessa Schneider, Samuel Blumenfeld - Le Monde

Loin du joli conte licencieux que la plus célèbre proxénète de la France gaulliste et pompidolienne se plaisait à raconter, Fernande Grudet était une pourvoyeuse de sexe impitoyable. Cette femme d’affaires, morte en 2015 à 92 ans, a inspiré le cinéma : un biopic de Sylvie Verheyde doit sortir dans les prochains mois.

La somptueuse demeure en pierre de taille bleu clair surplombe la mer Méditerranée, un jardin fleuri l’enrobe comme un écrin ou une prison végétale. Un détail intrigue la visiteuse : le portail rouillé du domaine est ouvert et personne ne répond à son coup de sonnette. La jeune femme, une beauté à la mise élégante, en a vu d’autres. Elle est l’une des « filles » de Madame Claude, la plus célèbre proxénète des « trente glorieuses ». Elle est habituée au luxe et aux demandes parfois excentriques de ses clients. La caméra la suit dans un parc en forme de labyrinthe, à la recherche d’invisibles occupants. Le « jeu » peut alors commencer.

Tour à tour, trois hommes d’une quarantaine d’années dont on distingue à peine les traits surgissent et la frappent sans vergogne dans différentes pièces de la bâtisse. C’est à celui qui cognera le plus fort, avec juste suffisamment de retenue pour la laisser vivante. Ces hommes sans visage, mais au portefeuille garni, ont assouvi leur fantasme. Ils laissent derrière eux la call-girl en état de choc, défigurée, le corps couvert ­d’ecchymoses. Dans son sac, on aperçoit plusieurs liasses de ­billets. Le prix de son martyr.

« LES CHOSES ÉTAIENT LOIN D’ÊTRE MERVEILLEUSES DANS L’UNIVERS DE MADAME CLAUDE. CROIRE QU’UNE PROSTITUÉE, MÊME DANS CE CADRE-LÀ, PRENNE DU PLAISIR À SON TRAVAIL RELÈVE DE LA MÊME HYPOCRISIE QU’IMAGINER UNE FEMME DE MÉNAGE AMOUREUSE DU NETTOYAGE. » SYLVIE VERHEYDE, RÉALISATRICE

Dans Madame Claude, le film de Sylvie Verheyde (dont la date de sortie, prochainement, n’est pas encore fixée), rien n’est éludé, ni la violence ni les dessous sordides de ce qui a été longtemps présenté comme une activité librement consentie où chacun, « filles » et clients, trouvait son compte. Madame Claude détestait le mot « prostitution », préférant évoquer des « échanges de bons services ». Il ne fallait pas confondre ses filles avec des prostituées effectuant vingt passes par jour. « Passe », le terme, jugé trop vulgaire à son goût, avait d’ailleurs été effacé de son vocabulaire. « Mon métier consiste à rendre le vice joli », expliquait-elle dans une interview au magazine Lui en 1981.

Sylvie Verheyde, qui s’était déjà intéressée à la prostitution dans Sex Doll (2016), assume dans ce nouveau long-métrage consacré à la « mère maquerelle de la Ve République », après Madame Claude (1977), de Just Jaeckin, et Madame Claude 2 (1981), de François Mimet, de déconstruire, à partir d’un rigoureux travail de documentation, le mythe consciencieusement tissé par cette dernière. « Les choses étaient loin d’être merveilleuses dans l’univers de Madame Claude, explique la réalisatrice. Croire qu’une prostituée, même dans ce cadre-là, prenne du plaisir à son travail relève de la même hypocrisie qu’imaginer une femme de ménage amoureuse du nettoyage. »

L’histoire de Madame Claude a longtemps résonné comme un festival de paillettes et de glamour. Son nom évoque le franc, les DS noires, le Concorde, les voyages exotiques, le temps béni du plein-emploi. Cette France gaulliste dans laquelle les fortunes se consolidaient, où les hommes aux attachés-cases en cuir rigide régnaient en maître sur une économie triomphante ainsi que sur leurs épouses, pour la plupart cantonnées à leur intérieur. Une société à la découverte du plaisir, mais où le sexe était encore tabou.

Société en pleine ébullition

Si le nom de Madame Claude reste attaché aux fastes d’une époque, il était inévitable que sa fortune décline avec l’évolution des mœurs et l’émancipation des femmes dans la société. Après plusieurs condamnations, une réprobation quasi unanime et des séjours en prison, elle est morte, en 2015, dans l’anonymat, à 92 ans. Sa légende affiche néanmoins une surprenante résilience. Dans l’imagerie des années 1970, elle était cette petite femme décidée et nimbée de mystère au service des grands de ce monde.

En 2020, dans le film de Sylvie Verheyde, elle est dépeinte en proxénète dure et intraitable, mais aussi comme une sorte d’icône féministe, femme délimitant son territoire et affirmant son indépendance dans un monde d’hommes qu’elle se plaisait à dominer. « Ma mère avait quitté son Auvergne natale pour monter à Paris et, pour elle, Madame Claude symbolisait la réussite, se souvient la ­metteuse en scène. C’est tout de même paradoxal de choisir une maquerelle comme exemple, sauf qu’il n’existait pas tellement de modèles d’ascension sociale chez les femmes à l’époque. Or, Madame Claude a grimpé les barreaux de l’échelle sociale de manière stupéfiante, dans un monde strictement masculin. »

Si le parcours de Madame Claude fascine autant, c’est parce qu’il raconte les mutations d’une société en pleine ébullition. Née le 6 juillet 1923 à Angers, dans une famille pauvre — son père vendait des sandwichs sur une charrette devant la gare –, Fernande Grudet, de son vrai nom, avait parfaitement compris son époque et ses besoins. « Deux choses marchent dans la vie : la bouffe et le sexe. Je n’étais pas douée pour la cuisine », aimait-elle à répéter.

Elle possédait en revanche un véritable talent de conteuse, s’inventant une enfance bourgeoise avec un père industriel, des études chez les sœurs visitandines, un passé de résistante et une déportation à Ravensbrück. Même le récit de son « éducation » parisienne, la prostitution occasionnelle, la fréquentation du milieu et une histoire d’amour avec l’un des cerveaux du gang des tractions avant, Pierre Loutrel, plus connu sous le surnom de « Pierrot le Fou », n’a jamais été vérifié.

Le téléphone, accessoire du désir

Celle qui avait érigé le mensonge en art de vivre savait combien les hommes aiment se bercer d’illusions. Elle inventa la « call-girl » pour des individus désireux d’oublier qu’ils couchent avec une putain, sortant la prostitution du caniveau pour répondre aux fantasmes d’une clientèle aisée, soucieuse de discrétion : grands patrons, élus de la République, hauts fonctionnaires, stars du cinéma, chefs d’Etat.

La réputation des filles de Madame Claude avait, depuis le début des années 1960, largement dépassé les frontières de l’Hexagone. Le chah d’Iran, l’industriel italien de l’empire Fiat Gianni Agnelli réservaient les plus belles créatures du catalogue pour leurs fêtes fastueuses. Hussein de Jordanie et le guide libyen Mouammar Kadhafi auraient eu recours aux services de « Madame ». La légende raconte que John F. Kennedy, en visite officielle à Paris en 1961, aurait exigé le sosie de son épouse Jackie « en plus libérée ».

Femme d’affaires avisée et génie du marketing, elle a établi, dès 1957, les bases d’une fructueuse et efficace entreprise en s’appuyant sur l’une des nouvelles technologies de l’époque, le téléphone. Dans une France où celui-ci restait un luxe réservé aux entreprises, où même le général de Gaulle affirmait en plaisantant qu’il n’en pos­sédait pas à son domicile, Madame Claude avait saisi l’usage qu’elle pourrait tirer de cette invention : cet outil pouvait se muer en accessoire du désir. Au sommet de son pouvoir, au mitan des années 1970, elle avait directement appelé le ministre des télécommunications pour lui demander de remplacer au plus vite l’un de ses trois appareils tombés en panne.

10 000 francs la soirée

Plutôt que de se déplacer dans une maison close clan­destine ou de ramasser une fille dans la rue pour échouer dans une chambre d’hôtel minable, les clients – ou plutôt les « amis », puisque c’est ainsi que Claude préférait les désigner – appelaient la proxénète, qui leur envoyait, chez eux ou dans un palace du 8e arrondissement, la compagne de leur choix pour quelques heures, une nuit ou un voyage, au tarif de 10 000 francs la soirée.

Pour justifier de tels honoraires – la proxénète a toujours insisté sur le fait qu’elle n’avait jamais forcé ses filles à monnayer leurs charmes –, « Madame » s’engageait à fournir du haut de gamme. Ses recrues devaient être jeunes, entre 25 et 30 ans. Une certaine taille était également exigée. Si les mannequins sont aussi longilignes, remarquait-elle, ce n’est pas par hasard. Les hommes riches préfèrent toujours les filles grandes, estimait-elle, à l’image de la démesure de leur maison ou de leur yacht.

Les jeunes femmes devaient aussi être dotées d’un minimum d’éducation, Madame Claude se targuant de ne pas supporter les mauvaises manières. Elle offrait à ses filles une formation intellectuelle, avec des rudiments d’anglais et de culture ­générale. Même si la leçon se limitait à un abonnement à la revue Historia et à un encoura­gement à parcourir le dernier prix Goncourt, l’idée était que la femme d’un soir puisse devenir celle d’une vie, une épouse modèle. « Plusieurs d’entre elles ont fait de beaux mariages », se rengorgeait la pygmalion.

Chirurgien esthétique

La maquerelle recrutait au Crazy Horse, dans les boîtes de nuit, chez Castel ou Régine. Ses protégées étaient modèles ou apprenties actrices, mais elle se vantera aussi d’avoir engagé des femmes mariées et des bourgeoises désireuses de pimenter leur vie. Elisabeth Antébi et Anne Florentin, deux journalistes, autrices, en 1975, de l’enquête Les Filles de Madame Claude, un empire qui ne tient qu’à un fil (Julliard), ont infiltré le processus de recrutement pour intégrer l’agence de Madame Claude.

« NOUS ÉTIONS BIEN ROULÉES, PLUTÔT PAS BÊTES, NOUS FAISIONS 1,70 MÈTRE, MINCES, BRUNES. CELA CORRESPONDAIT AUX CRITÈRES. NOUS AVONS ÉTÉ ACCEPTÉES. » ELISABETH ANTÉBI, JOURNALISTE

Un rendez-vous leur avait été fixé dans un restaurant parisien avec Catherine Vergitti, numéro deux de la proxénète. Cette grande blonde, toujours de cuir vêtue, ­roulant à moto, était chargée de repérer les candidates potentielles. « Nous étions bien roulées, plutôt pas bêtes, nous faisions 1,70 mètre, minces, brunes. Cela correspondait aux critères. Nous avons été acceptées », se souvient Elisabeth Antébi, qui n’ira jamais au-delà du processus de sélection.

Un passage chez le chirurgien esthétique attitré de Claude était également requis pour intégrer son écurie, afin de corriger une poitrine, relever des pommettes, redessiner une bouche. Même la fille la plus parfaite nécessitait une « correction », Madame Claude voulant imprimer sur elle sa signature comme l’on marque au fer les bêtes de son troupeau.

La proxénète s’était imposé un traitement comparable. Elle se jugeait laide et s’était infligé plusieurs opérations au visage, sans jamais parvenir à en gommer l’indélébile sécheresse. En revanche, elle possédait un certain charisme. « Dans une pièce, on ne voyait qu’elle », raconte Philippe Thuillier, collaborateur de Laurent Ruquier et producteur des « Confessions de Madame Claude », l’émission diffusée sur TF1 en 1993, où la mère maquerelle s’exprima pour la première fois face caméra.

« LA GRANDE IDÉE DE MADAME CLAUDE, C’ÉTAIT DE FAIRE COMME SI TOUT SE PASSAIT ENTRE GENS DE BONNE COMPAGNIE. » SYLVIE VERHEYDE, RÉALISATRICE

Une fois la plastique de ses filles « corrigée », elle s’occupait de leur constituer une garde-robe de luxe, avec chaussures et sacs à main de marque, l’uniforme indispensable pour ressembler à une femme du monde, son idée fixe. Perfectionniste, elle n’autorisait que le port de dessous blancs. Elle enseignait aussi les règles de la bienséance : comment allumer une cigarette, se tenir à table, ranger son sac. Devenir une femme trophée demande du travail. « La grande idée de Madame Claude, c’était de faire comme si tout se passait entre gens de bonne compagnie », note la réalisatrice Sylvie Verheyde.

La proxénète se prévalait de garantir une hygiène irréprochable, soumettant régulièrement ses travailleuses du sexe à des tests de dépistage de maladies vénériennes chez un médecin de sa connaissance. La drogue était formellement proscrite. Une fois sa recrue jugée prête, « Madame » l’envoyait à un « testeur », un ami qui lui faisait un compte rendu des performances au lit de la jeune femme.

Jacques Quoirez, le frère de Françoise Sagan, qui, en 1975, cosignera avec la proxénète son autobiographie édulcorée, « Allô, oui » ou les Mémoires de Madame Claude (Stock), tiendra longtemps cet emploi si particulier de goûteur ou d’inspecteur des travaux finis. « Je les travaillais parfois une année entière. Quand je les lançais, elles étaient parfaites », avait confié Madame Claude, glaciale et glaçante à l’écrivaine Eve de Castro.

Esthétique de papier glacé

Just Jaeckin a eu l’occasion de prendre la mesure de ce perfectionnisme. Les films de cet ancien photographe de mode – Emmanuelle (1974) et Histoire d’O (1975) – ont rencontré un succès considérable. Ils incarnaient un érotisme d’élite, avec des protagonistes issus de la bourgeoisie à une époque de libération des mœurs, où l’esthétique de papier glacé du réalisateur se conjuguait au licencieux.

« ELLE M’A ENVOYÉ LE SOIR MÊME UNE FILLE DE 30 ANS, LA BLONDE QUE J’AVAIS DEMANDÉE. NOUS AVONS PASSÉ UNE SOIRÉE MAGNIFIQUE. » JUST JAECKIN, RÉALISATEUR

Lorsqu’il est entré, en 1976, dans le bureau de la proxénète, rue de Marignan, près des Champs-Elysées, pour discuter de la réalisation de Madame Claude, cette dernière l’a interpellé d’emblée : « Comment pouvez-vous réaliser un film sur moi sans tester une de mes filles ? », raconte-t-il. Jaeckin, sensible à la proposition, lui a alors détaillé ses goûts. « Elle m’a envoyé le soir même une fille de 30 ans, la blonde que j’avais demandée, se souvient-il, très satisfait. Nous avons passé une soirée magnifique. »

La jeune femme, apparemment heureuse de pouvoir aider le réalisateur à documenter l’écriture de son film, s’était révélée loquace. « C’est elle qui m’a raconté comment elle se rendait en jet privé chez le chah d’Iran, pour en revenir avec un bijou de valeur, que récupérait systématiquement Madame Claude », poursuit Jaeckin.

Informations très privées

« Madame » affichait une extrême discrétion sur le nom de ses clients. Son succès reposait sur ce goût du secret, même si elle ne contredisait jamais les journalistes quand ils s’aventuraient sur le terrain des devinettes. Plus on lui prêtait d’habitués prestigieux, plus son aura grandissait. Elle jouissait de son pouvoir sur la gent masculine. « C’est si excitant d’entendre un milliardaire ou un chef d’Etat solliciter ce que vous pouvez lui donner avec une voix de petit garçon », s’amusait-elle, avec un sens aigu de la formule. Elle ne dédaignait pas faire patienter un client au téléphone ou lui annoncer que telle fille avec laquelle il avait passé une nuit, et qu’il désirait tant revoir, n’était pas disponible ce soir-là.

« ELLE A PU PROSPÉRER EN TOUTE IMPUNITÉ, PROTÉGÉE AU PLUS HAUT NIVEAU. ELLE AVAIT ACCÈS À DES RENSEIGNEMENTS UTILES, LE SYSTÈME TOURNAIT BIEN, TOUT LE MONDE ÉTAIT CONTENT. » MARTINE MONTEIL, EX-COMMISSAIRE DE POLICE

Dans le monde du cinéma comme dans celui de l’entreprise, du marchand de canons au marchand de béton, on faisait appel à ses services pour faciliter la conclusion d’une affaire. « Personne ne me connaît, mais je connais tout le monde », se réjouissait celle qui était devenue une femme d’influence.

Elle se régalait de détenir les informations très privées recueillies par ses filles. Untel aimait, par exemple, se faire talquer, un autre fouetter, un troisième insulter ou sodomiser. Les préférences sexuelles des puissants se retrouvaient consignées dans les fameuses notes blanches des Renseignements généraux qui, en échange de ces « données », assuraient à « Madame » une indéfectible protection.

Pendant presque vingt ans, elle a été intouchable. « Elle a pu prospérer en toute impunité, protégée au plus haut niveau. Elle avait accès à des renseignements utiles, le système tournait bien, tout le monde était content », raconte l’ex-commissaire de police Martine Monteil, qui l’a arrêtée en 1992. « J’ai mené ma coupable industrie avec la bénédiction de l’Etat », admettait la proxénète dans les colonnes de Lui. « A l’époque, tout cela se savait et ne choquait personne, se souvient le journaliste et écrivain Philippe Labro. On connaissait des femmes embourgeoisées dont les gens disaient qu’elles étaient des anciennes de Madame Claude, c’était tout à fait accepté. » « C’est une femme incontestée dans un domaine contestable », résumait son « testeur » et ami Jacques Quoirez.

Avide d’argent

Madame Claude ne s’aimait pas, détestait les hommes et ne manifestait aucune tendresse pour les femmes. « Il faut être con ou tordu pour payer une fortune une partie de jambes en l’air », expliquait-elle froidement. Loin du plaisir, elle voyait dans le sexe un moyen de domination, de prise de pouvoir. « Elle méprisait les hommes horriblement et les femmes encore davantage. Pour elle, les premiers étaient des portefeuilles, les secondes des trous », se souvient l’actrice Françoise Fabian, qui avait déjeuné avec elle à plusieurs reprises avant de jouer son personnage dans le film de Just Jaeckin.

« ELLE AVAIT TROUVÉ UNE MANIÈRE D’ÊTRE INDÉPENDANTE ET D’AVOIR DU POUVOIR DANS UN MONDE D’HOMMES, MAIS ELLE N’ÉTAIT PAS DU TOUT FÉMINISTE, ELLE ÉTAIT MÊME TRÈS TRADITIONNELLE. » FRANCIS SZPINER, SON ANCIEN AVOCAT

Fernande Grudet était en effet, et surtout, avide d’argent. Elle prélevait 30 % des gains de ses filles, lesquelles ne pouvaient pas se défaire de son joug si facilement. Si elles souhaitaient partir, il leur fallait auparavant rembourser le prix des opérations de chirurgie esthétique endurées ainsi que celui des vêtements de luxe.

Ceux qui l’ont rencontrée gardent le souvenir d’une femme peu amène. « C’était quelqu’un d’assez froid, dans le contrôle d’elle-même et de son image, toujours sur son trente et un », rapporte son ancien avocat et maire du 16e arrondissement, Francis Szpiner. Une patronne pensant avant tout à l’efficacité de ses affaires, sans grande considération pour ses filles. « Elle avait trouvé une manière d’être indépendante et d’avoir du pouvoir dans un monde d’hommes, mais elle n’était pas du tout féministe, elle était même très traditionnelle », poursuit-il. « Une maîtresse femme avec un caractère presque masculin qui avait une très haute estime d’elle-même et qui traitait les filles avec sévérité », note Martine Monteil, l’ex-patronne de la Mondaine.

Françoise Fabian évoque « quelqu’un d’assez terrifiant. Elle était prétentieuse et complètement mythomane ». Madame Claude voyait pourtant en la vedette de Ma nuit chez Maud et de La Bonne Année un alter ego de rêve. « Claude était enchantée en apprenant que Françoise Fabian tiendrait son rôle, assure Just Jaeckin. Elle lui ressemblait, selon elle ! ». « Elle était fière de sa légende », s’amuse Francis Szpiner, qui remarque que, après avoir officié dans de grands procès, comme ceux de Jacques Chirac ou de l’ordre du Temple solaire, on ne lui parle que de celui de Madame Claude.

Talents de maître chanteur

Narcissique et mégalo, celle dont le grand public ne connaissait pas le visage jusqu’à ses ennuis judiciaires s’était enivrée de sa célébrité. « Madame Claude, c’est un peu comme Frigidaire, une marque déposée », se réjouissait-elle, en janvier 1993, dans une interview au Parisien. Dans le même journal, un an plus tard, elle s’enorgueillissait d’avoir « dressé des jeunes filles » : « J’ai été la meilleure maquerelle du siècle ! » Ce titre lui permettait de menacer ceux susceptibles de ternir sa légende. « J’ai reçu des coups de téléphone menaçant de me défigurer au sucre, se souvient la journaliste Elisabeth Antébi alors qu’elle enquêtait sur la proxénète. Quand j’ai publié Droits d’asile en Union soviétique [Julliard, 1977], j’ai eu moins de menaces qu’avec Madame Claude. »

C’est paradoxalement au moment où le mythe Madame Claude atteint son apogée que ses ennuis commencent. Valéry Giscard d’Estaing, arrivé à l’Elysée en 1974, la soupçonne d’avoir essayé de le piéger en lui jetant une de ses filles dans les bras. Les talents de maître chanteur de la proxénète inquiètent le nouveau président de la République. Ordre est donné au plus haut sommet de l’Etat de se débarrasser d’elle.

Les protecteurs de « Madame » ont laissé place à de nouveaux venus moins indulgents pour ses pratiques. Comme pour le gangster américain Al Capone, c’est par le biais fiscal que la justice cherche et réussi à la coincer. En effet, la mère maquerelle ne déclarait pas les revenus reversés par ses filles. En octobre 1976, elle est condamnée à dix mois de prison avec sursis et 11 millions de francs d’amende. Dans une époque où l’image de la prostitution est en train de changer, « Madame » a fait son temps.

Reconversion dans la boulangerie

Quelques mois plus tard, en 1977, l’année de la sortie du film de Just Jaeckin, elle s’exile en Californie pour échapper à sa condamnation. L’ancienne proxénète tente une reconversion dans la boulangerie, mais vendre des baguettes semble être moins dans ses cordes et elle fait rapidement faillite. Huit ans après, elle est à nouveau en France dans sa bergerie de Carjac, dans le Lot, où elle est arrêtée le 31 décembre 1985 et un temps incarcérée pour s’être soustraite à la justice. L’histoire aurait pu s’arrêter là.

En 1991, lorsque Martine Monteil, chef de la brigade des mœurs, reçoit un tuyau qui lui apprend que « la mamie s’est remise en selle » et a remonté un réseau à Paris, elle n’en revient pas. « Elle habitait sous un faux nom dans un appartement du Marais. On a fait des planques pour la saisir en flagrant délit avec une de ses recrues ! » La commissaire mène discrètement son enquête sans en parler à son supérieur tant elle craint qu’une fuite ne fasse capoter l’opération.

Le jour de son arrestation, Madame Claude est en train d’« évaluer » une jeune femme en petite tenue. Outrée de se retrouver à nouveau face aux gendarmes, elle les traite de tous les noms. Martine Monteil se charge de la recadrer : « Si vous ne vous calmez pas, le procès-verbal va être terrible pour vous. » Le calme revenu, Monteil lui fait la faveur de demander à des policiers de l’accompagner chez elle pour qu’elle puisse prendre une douche et se changer. Madame Claude ne voulait pour rien au monde poursuivre sa garde à vue le cheveu plat. Elle est réapparue coiffée, maquillée, vêtue d’un blazer en flanelle et d’un pantalon bien coupé.

« De l’artisanat, monsieur le juge ! »

Le 16 septembre 1992, à 69 ans, Fernande Grudet comparait pour « proxénétisme aggravé ». Elle reconnaît avoir employé une dizaine de filles entre janvier 1991 et mars 1992, « de l’artisanat, monsieur le juge ! », lance-t-elle au magistrat. Francis Szpiner tente de plaider une « affaire banale » pour sa cliente qui avait été « sous haute surveillance après avoir été sous haute protection ». « La réputation de ma cliente est plus lourde que les charges du dossier », explique-t-il. En vain : elle écope de trente-six mois d’emprisonnement, dont trente avec sursis. « Elle trouvait cela totalement injuste, se rappelle l’avocat. Elle disait : “Je n’ai fait de mal à personne.” Elle estimait qu’elle avait été d’utilité publique et avait rendu service à l’Etat. »

Quatre ans plus tard, à 73 ans, l’ancienne mère maquerelle posait en escarpins, vêtue d’un seul body en dentelles noires ajourées, loin du chic qu’elle avait toujours prôné. Mais il fallait bien vivre et « Madame » monnayait alors ses interviews. « Au fond d’elle, se souvient le producteur Philippe Thuillier, elle restait ­nostalgique de cet argent qu’elle avait gagné et gaspillé. Elle vivait chichement dans son appar­tement, sa femme de ménage était payée par la mairie. » Fernande Grudet est morte seule à l’hôpital de Nice, le 19 décembre 2015. A son enterrement, six personnes ont fait le dépla­cement, dont Philippe Thuillier et quatre de ses coiffeurs, derniers témoins d’une époque ­disparue.

5 octobre 2020

Hospitalisation de Donald Trump : l’optimisme affiché brouillé par une communication erratique

trump hopital

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

La séquence qui a suivi l’annonce de la contamination du président contrarie sa stratégie qui consistait à passer sous silence sa gestion de l’épidémie de Covid-19.

Donald Tump s’est offert une escapade, dimanche 4 octobre. Encore officiellement hospitalisé à Walter-Reed, l’institution militaire d’élite où il a été transféré deux jours plus tôt, il a pris place, masqué, dans sa limousine présidentielle, The Beast, pour saluer ses partisans rassemblés devant les grilles, vitres remontées. Le convoi présidentiel est revenu rapidement à son point de départ où le président des Etats-Unis devait passer une troisième nuit consécutive.

Cette sortie inattendue n’a pas été notifiée au groupe de journalistes accrédités qui suivent le locataire de la Maison Blanche dans ses moindres déplacements au nom de la transparence. Cette escapade s’est inscrite dans la volonté exprimée par Donald Trump dimanche de mettre en scène un président combatif, qui aurait déjà tourné la page de son hospitalisation pour envisager son retour aux affaires.

Autant Donald Trump avait été silencieux sur son compte Twitter, vendredi, alimentant les interrogations que son transfert à Walter-Reed avait confirmées, autant ce compte a repris sa fonction de métronome des humeurs présidentielles. Il lui a permis de diffuser samedi une première vidéo le montrant assis derrière un bureau et remerciant toutes les personnes qui lui ont exprimé leur sympathie, avant de se féliciter des « miracles » permis par les avancées dans le traitement du coronavirus. Ces médicaments « viennent de Dieu », a-t-il ajouté.

Dimanche, filmé cette fois-ci debout, il a annoncé sa visite à ses partisans également par une vidéo publiée quelques instants seulement avant son départ.

Un patient « qui va très bien »

Ce volontarisme n’a cependant pas masqué la gestion particulièrement chaotique par la Maison Blanche de la contamination puis de l’hospitalisation du président. Ella a débuté quelques heures seulement après l’annonce du test positif de Donald Trump, lorsque le secrétaire général de la Maison Blanche, Mark Meadows, a parlé de « légers symptômes » démentis en milieu d’après-midi par le transfert à Walter-Reed.

Samedi en fin de matinée, le médecin de la Maison Blanche, Sean Conley, a parlé d’un patient « qui va très bien » et dont les symptômes « se réduisent et s’améliorent », alors qu’une source, dont l’anonymat a immédiatement volé en éclats puisqu’il s’agissait du même Mark Meadows, dressait parallèlement un tableau dramatique des heures écoulées. « Les signes vitaux du président ces dernières vingt-quatre heures ont été très inquiétants, et les quarante-huit prochaines heures seront critiques en termes de soins. Nous n’avons toujours pas emprunté une voie claire vers le rétablissement », a-t-il assuré.

Le médecin de la Maison Blanche, qui a refusé de répondre à la question de savoir si à un moment Donald Trump avait reçu une assistance en oxygène, a affaibli lui-même sa position en publiant un communiqué après son intervention. Ce dernier visait à corriger l’une de ses affirmations selon laquelle le président aurait été diagnostiqué « soixante-douze heures » plus tôt, ce qui laissait entendre qu’il avait rencontré des fidèles, jeudi, se sachant positif. Sean Conley a alors remonté la pendule de vingt-quatre heures, tout en écorchant dans le même communiqué le nom d’un traitement expérimental administré au président, le Regeneron, ajouté à un médicament antiviral, le Remdesivir, ainsi que des anticorps de synthèse.

trump chloro

Dimanche, le médecin a admis que Donald Trump avait manifesté une « saturation en oxygène » insuffisante à deux reprises, vendredi et samedi matin, précipitant une assistance médicale via l’administration de stéroïdes. Leur utilisation concerne généralement des personnes sérieusement atteintes. Sean Conley a justifié son silence de la veille par la volonté de ne pas écorner l’impression « optimiste » dégagée ensuite par le président. Le médecin a esquissé l’hypothèse d’une sortie de Walter-Reed dès le lundi 5 octobre.

« J’ai beaucoup appris »

Cette communication brouillonne laisse de nombreuses zones d’ombres, comme la chronologie de la contamination de Donald Trump, ou l’état de ses poumons. « Nous suivons tout cela. Il y a quelques résultats attendus, mais rien de grave sur le plan clinique », s’est contenté de répondre Sean Conley dimanche, à propos de ce second point.

Il ne s’agit pourtant pas du pire problème que pose au locataire de la Maison Blanche cet enchaînement des événements. Il ramène en effet en avant le sujet qu’il souhaite éviter par-dessus tout pendant les quatre dernières semaines d’une campagne présidentielle sans précédent et dans laquelle il n’est pas en bonne posture pour l’instant : la gestion de l’épidémie de Covid-19.

Il est rattrapé cruellement par ce virus dont certains de ses conseillers parlaient au passé lors de la convention républicaine d’investiture, à la fin du mois d’août. « La fin de la pandémie est en vue », affirmait encore Donald Trump jeudi, quelques heures seulement avant l’annonce de son test positif, alors que les contaminations repartent à la hausse dans le pays depuis la mi-septembre.

Le président a tenté de justifier brièvement samedi, dans la première vidéo filmée à Walter-Reed, les risques pris avec la multiplication de déplacements et le maintien de meetings certes tenus majoritairement en extérieur, mais où ses fidèles se pressent sans précautions, comme dans la roseraie de la Maison Blanche, lors de la présentation de la juge conservatrice choisie pour siéger à la Cour suprême, Amy Coney Barrett, le 26 septembre. Cette cérémonie est associée à de nombreux cas de contamination depuis l’annonce de celui du président.

« Je n’avais pas le choix. Je devais être en première ligne (…). Je ne peux pas être enfermé dans une pièce à l’étage [de la Maison Blanche] et totalement en sécurité », a-t-il assuré. « En tant que leader, vous devez affronter les problèmes », a-t-il précisé. « J’ai beaucoup appris » sur le virus, a-t-il ajouté dimanche. « Je l’ai appris en allant vraiment à l’école. [Mon hospitalisation] c’est la vraie école. Ce n’est pas l’école dans laquelle on lit des livres », a-t-il assuré, après sept mois d’épidémie et des dizaines d’heures de points de presse consacrées exclusivement à la maladie.

trump javel

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5 octobre 2020

Le créateur japonais Kenzo Takada est mort des suites du Covid-19

kenzo20

Premier styliste japonais à s’être imposé à Paris, où il a fait toute sa carrière et rendu célèbre son prénom, Kenzo Takada est mort dimanche à l’âge de 81 ans.

Il était reconnaissable à sa figure ronde, à ses lunettes et à sa coupe de garçon dans le vent, celle d’un éternel adolescent. Le créateur de mode japonais Kenzo Takada, plus connu sous le nom de Kenzo, est mort dimanche 4 octobre, à 81 ans, des suites du Covid-19, a annoncé son porte-parole.

Premier styliste nippon à s’être imposé à Paris, Kenzo était connu pour ses imprimés graphiques et floraux, qu’il avait à nouveau déclinés dans la dernière ligne de design qu’il avait lancée en début d’année. Dans ses « près de huit mille dessins », le créateur « n’a jamais cessé de célébrer la mode et l’art de vivre », a rappelé son porte-parole.

Parisien d’adoption

Né le 27 février 1939 à Himeji, près d’Osaka, Kenzo Takada se passionne pour le dessin et pour la couture, qui était enseignée à ses sœurs. Il arrive en France en 1965, par bateau, dans le port de Marseille, et monte vers Paris, qui le fascine. Lui qui pensait n’être que de passage s’y installe définitivement.

Sa première collection date de 1970, conçue depuis une boutique de la galerie Vivienne. Il déménage en 1976 vers un lieu plus grand, place des Victoires, et fonde sa marque sous son seul prénom. Il crée alors la surprise… certes à son insu.

« Quand il a montré ses premières créations, il s’est trompé de saison. Il ne maîtrisait pas le français, il a donc présenté la mauvaise ; l’été au lieu de l’hiver ou inversement, je ne sais plus, relatait au Monde Felipe Oliveira Baptista, directeur de la création de Kenzo depuis 2019. En dehors de l’anecdote, cela raconte ce qu’était la mode au début des années 1970. Faite de beaucoup d’instinct et de liberté. »

Il avait ensuite lancé sa ligne pour hommes, en 1983, puis son premier parfum (Kenzo Kenzo) en 1988. En 1993, la griffe est rachetée par le groupe de luxe LVMH. Kenzo Takada quitte la mode en 1999, pour des projets plus ponctuels, et restera connu pour son attachement à la couleur et sa déclinaison à l’infini du métissage, pas seulement de l’Extrême-Orient et de la France, mais aussi de l’Afrique.

« Il avait donné à la couleur et à la lumière toute leur place »

L’annonce de sa disparition a provoqué des réactions émues, comme celle de la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a fait part, sur Twitter, de son « immense tristesse ». « Créateur avec un talent immense, il avait donné à la couleur et à la lumière toute leur place dans la mode. Paris pleure aujourd’hui un de ses fils. »

« Kenzo Takada était d’une incroyable créativité ; d’un trait de crayon, d’un geste vif, il inventait une nouvelle fable artistique, une nouvelle épopée colorée mariant Orient et Occident, son Japon natal et sa vie parisienne », a déclaré Jonathan Bouchet Manheim, le directeur général de la marque de design K-3, lancée en janvier, le dernier projet de Kenzo Takada.

« Large sourire, yeux éternellement rieurs encadrés de lunettes rondes, Kenzo Takada incarne la joie de vivre. Au fil du temps, cette dernière est même devenue son fil créatif, se traduisant par l’association – et même la fusion – de couleurs, de motifs à la fois animaliers, floraux et géométriques qui rendent son style si personnel », lui a aussi rendu hommage K-3.

« Kenzo Takada a su, à partir de 1970, donner à la mode un ton de poésie légère et une allure de douce liberté qui a inspiré de nombreux créateurs », a salué de son côté le PDG de LVMH, Bernard Arnault.

« La ministre de la culture salue la mémoire d’un créateur iconique et audacieux », ont déclaré à l’AFP les services de la ministre Roselyne Bachelot. « Je l’aimais et l’admirais », a confié l’un de ses prédécesseurs, Jack Lang.

5 octobre 2020

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5 octobre 2020

Auray - « Expressions 7 » :il se passe quelque chose au Saint-Esprit

La chapelle du Saint-Esprit, à Auray, a rouvert ses portes vendredi soir, pour le vernissage de l’exposition « Expressions 7 » organisée par l’association Auray pays d’artistes (Apa). 20 artistes, comptant de nombreux peintres mais aussi un sculpteur, deux céramistes, une photographe et quatre plasticiens, y exposent leurs œuvres récentes.

« Enfin ! », un mot qui résume l’impatience collective après ces sept mois d’annulation de toutes les animations prévues. À commencer par la deuxième biennale internationale de mosaïque contemporaine, très attendue en avril, et dont la scénographie sur fond noir a finalement bénéficié à l’Apa, mettant en valeur des dizaines de tableaux et créations originales.

« Visionnaire sans le savoir »

Claire Masson, maire, a exprimé son plaisir de retrouver cet espace culturel propice au mélange des arts, et souhaité voir accélérer son aménagement « pour mieux l’utiliser toute l’année ». Son adjoint à la culture, Jean-François Guillemet, s’est réjoui pour sa part de la mobilisation de tant d’artistes du territoire, et salué « leur courage et leur réactivité ».

Nadine Commereuc, présidente de l’Apa, a remercié la municipalité, les services techniques et le service communication d’Athéna. Elle a précisé que le thème donné aux artistes en novembre 2019, « Il se passe quelque chose », avait été « visionnaire sans le savoir », et que l’épisode Covid 19 avait été pour beaucoup « l’occasion d’un repli sur soi, d’une réflexion sur la fin d’un monde », mais aussi d’un regard nouveau sur la nature.

Le marché des petits formats prévu samedi sur le parvis de la chapelle a été annulé pour cause d’avis de tempête. Il sera reconduit à une date non précisée.

Pratique : Ouvert tous les jours de 14 h à 18 h. Gratuit. Liste des exposants et programme des animations disponible sur place.

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Exposition : « Expressions VII ».

Chapelle du Saint-Esprit - Place du FourMollet. Organisée par Auray Pays d’artistes, sur le thème : « Il se passe quelque chose ! », vingt artistes de l’association présentent leurs œuvres. 

Cette expo est ponctuée d’animations musicales, théâtrales et de danses. Samedi 3 octobre, à 18 h 30 : Hélène Bass, violoncelliste (animation déjà passée); vendredi 9, à 18 h 30 : groupe Tenn Ar Zing (jazz manouche) ; samedi 10 et dimanche 11, à 18 h 30 : Maria-Maï Matrat (danse « Une éclipse de papillon ») ; vendredi 16, à 18 h 30 : Les Cabaniers (théâtre) ; samedi 17, à 18 h 30 : Loïc Goubé (saxophoniste, musique improvisée) ; vendredi 23 octobre, à 18 h : Troupe des Crazys Mélodies (chorale déjantée) ; samedi 24, à 18 h 30 : animation musicale avec Arnaud Leclerc (musique espagnole). Ouvert à tous. Entrée libre.

 

5 octobre 2020

La belle noiseuse - Emmanuelle Béart

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5 octobre 2020

Vladimir Poutine dans « l’œil du cyclone »

poutine oeil cyclone

De notre correspondante à Moscou, Nathalie Ouvaroff

Accusations d’empoisonnement de Navalny par Moscou, refus de Loukachenko d’accepter son échec à la présidentielle, conflit armé dans le Haut Karabakh… Certes, Vladimir Poutine est encore aux manettes russes mais il semble de plus en plus nerveux et déstabilisé face à la succession de crises.

Les retombées de la gestion calamiteuse de l’affaire Navalny et la gestion inadéquate de l’empoisonnement présumé du chef de l’opposition risquent d’être lourdes de conséquences pour Vladimir Poutine. En effet, elles ont donné une stature nationale et internationale à « l’ennemi numéro un du Kremlin » qui devient ainsi, de facto, un concurrent sérieux pour son locataire actuel dont elles écornent dangereusement l’image.

Le Kremlin a multiplié les maladresses

Dans cette affaire, le Kremlin a multiplié maladresses, erreurs, mensonges grossiers, s’embourbant de plus en plus dans ses propres contradictions. Jugez-vous même : refus d’ouvrir une procédure judiciaire malgré les demandes de la famille, puis de l’ensemble de la communauté internationale, pressions sur les médecins de l’hôpital d’Omsk, en Sibérie, pour qu’ils nient « toute présence de poison dans le sang et les urines d’Alexeï Navalny et attribuent son malaise sévère à un problème métabolique », enfin recherche frénétique parmi les compagnons du directeur du Fonds contre la corruption d’une personne susceptible de lui avoir donné un poison qui fait partie des substances proscrites par la convention sur l’interdiction des armes chimiques…

Par ailleurs, la phrase du Président russe sur un éventuel auto-empoisonnement d’Alexeï Navalny et les allusions de la machine de propagande sur la collaboration entre ce dernier et des services de renseignement étrangers n’ont fait que corroborer la thèse d’un empoisonnement orchestré au sommet de l’État.

Les révolutionnaires de Minsk ne désarment pas

Dans l’espace post-soviétique, Poutine, qui semble ne pas avoir tiré les leçons des évènements d’Ukraine, est en train de perdre la main… Sa stratégie - affaiblir Loukachenko pour le contraindre à accepter ce que la journaliste bélarusse, Hanna Livbakova, dans son interview au Washington Post, appelle « un Anschluss » (NDRL : un rattachement) et, en cas de refus, le remplacer par une personnalité plus docile, a échoué face à la volonté d’un peuple, avide de liberté. Certes, le changement de stratégie du Président bélarusse, et de son mentor, et la présence en nombre de communicants russes peuvent ralentir les évolutions. Reste que le rêve d’une reconstitution de l’empire soviétique espérée par Poutine est, d’ores et déjà, un échec.

Haut Karabakh : l’intenable neutralité russe

Le conflit du Karabakh constitue un véritable casse-tête chinois pour le chef de l’État russe, qui se trouve pris entre plusieurs feux alors qu’il est déjà affaibli. Le choix de la neutralité - seule possibilité pour la Russie qui a des liens étroits avec les deux protagonistes auxquels elle vend des armes - ne lui permet pas une autre politique et cela d’autant plus que Moscou doit ménager le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont elle a besoin pour mener à bien sa politique au Proche-Orient.

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