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Jours tranquilles à Paris

7 décembre 2019

Harcourt Studio - Normal Magazine Issue 13 - Tales & Lengeds from Normal Magazine on Vimeo.

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7 décembre 2019

Extinction Rébellion justifie le sabotage de trottinettes en libre-service, objets roulants « briseurs de grèves »

Par Nathan Cocquempot

XR revendique le sabotage de 3 600 véhicules à Paris, Bordeaux et Lyon pendant la grève du 5 décembre.

« Nous envisageons de porter plainte. » Contacté vendredi 6 décembre, le porte-parole de Lime, opérateur de trottinettes électriques en « free floating » (sans station) est consterné par l’opération menée par Extinction Rebellion (XR) à Paris, Bordeaux et Lyon, jeudi, jour des manifestations contre la réforme des retraites. « C’est du vandalisme ». Voi, autre prestataire, envisage aussi de saisir la justice. « Nous condamnons fermement ces actions », déclare Lucas Bornert, directeur de Voi France.

Le groupe XR, qui prône la désobéissance civile non-violente face à l’inaction climatique des gouvernements, a ciblé les trottinettes en libre-service, trop polluantes selon eux. « En raison de leur production très énergivore, de leur faible durée de vie, et de la nécessité de les transporter tous les soirs pour les recharger », ont-ils expliqué, jeudi, dans un communiqué. Un sabotage qu’ils justifient aussi par leur soutien à la mobilisation, en qualifiant les objets roulants de « briseurs de grèves ». Ils pointent du doigt un partenariat entre la RATP et certains opérateurs de trottinettes.

Les QR codes ont été recouverts ou détériorés, rendant impossible le déverrouillage avec smartphone. De nombreux prestataires de trottinettes ont été touchés par l’action du groupe écologiste. Selon Extinction Rébellion, 2 020 engins auraient été mis hors d’usage à Paris, 1 500 à Lyon et 90 à Bordeaux.

Difficile de confirmer ces chiffres car les prestataires n’ont pas encore pu identifier toutes les trottinettes concernées. L’opérateur Dott déplore plus d’une centaine de dégradations (sur 3 000 véhicules dans la capitale) et « une dizaine » de cas à Lyon (sur 2 000), a affirmé Matthieu Faure, directeur commercial et marketing du groupe à l’AFP. Lime, touché aussi, ne peut pas communiquer de chiffres pour le moment. Voi, qui avait été informé de cette action au préalable, parle de dégâts minimes pour ses 1 000 trottinettes dispersées à Paris et les 2000 autres en province. « L’impact n’est pas énorme » pour Driss Ibenmansour, directeur général France de Bird qui avait déployé 4 500 trottinettes jeudi.

Les prestataires se défendent

Sur la question écologique, Lime, premier prestataire de trottinette à être arrivé sur la capitale explique « ne pas avoir besoin de se justifier face à un groupe comme Extinction Rebellion » et affirme avoir déjà prouvé à maintes reprises, le respect écologique de ses véhicules à deux roues. Lucas Bornert de Voi est aussi surpris de ces accusations : « En plus d’être recyclées, nos trottinettes sont entretenues lors d’opérations zéros émissions avec des véhicules non polluants. »

Pour le prestataire Bird, « une société anglaise fait du repêchage de trottinette dans les points d’eau de la capitale, retire les batteries, les conditionne, puis les recycle », explique le directeur général France. « Quand une trottinette est endommagée, on l’identifie, on voit si elle est réparable. Et pour le reste, on a des prestataires de recyclage comme le groupe belge Comet, qui s’occupe des pièces et Snam, une entreprise française qui recycle les batteries. » explique-t-on chez Lime.

Le groupe Extinction Rebellion évoque de son côté une pollution moyenne de 202 g de CO2 par passager et par kilomètre parcouru, en s’appuyant sur une étude publiée cet été sur IOP science, un service qui regroupe des revues scientifiques.

Cette action de sabotage ne sera sans doute pas la dernière : « Nous renouvellerons cette opération jusqu’à mettre ces jouets des capitalistes verts hors de nos villes », prévient le mouvement écologiste.

6 décembre 2019

ITALIE - Pour sauver Venise, sauvons les Vénitiens

Submergée par les marées hautes, la Cité des doges est en danger. Mais selon cet éditorial, la source des problèmes de Venise est l’abandon de la ville par ses habitants, et une solution radicale s’impose.

Venise est sous les eaux. Les images de la basilique Saint-Marc, inondée une deuxième fois en moins de quatre cents jours, ont particulièrement frappé les esprits. D’autant plus que, avant ces épisodes, cela n’était arrivé que quatre fois au cours des 1 200 dernières années. Au cours des prochaines décennies, même des changements climatiques modestes pourraient être fatals à la Sérénissime et à son fragile réseau de ruelles, petites places et palais au ras de l’eau.

Dès lors, beaucoup envisagent aujourd’hui des scénarios apocalyptiques et se demandent s’il sera encore possible d’empêcher qu’ils ne se réalisent. On évoque même la possibilité d’une “mort de Venise”. Toutefois, au-delà de ce décès annoncé, je crois qu’une autre mort devrait nous alarmer plus encore : celle des Vénitiens. Les villes ne sont jamais des entités purement matérielles : pour rendre vie à l’urbs – la ville physique, avec ses murs et ses rues –, il doit exister une civitas, c’est-à-dire une société de citoyens actifs et engagés. Or aujourd’hui la civitas vénitienne est presque morte.

Les facteurs ayant contribué à ce résultat sont nombreux. Tout a commencé par des choix malavisés faits dans les années 1980, qui ont amené la ville à ne plus miser sur l’innovation, mais à se replier sur un modèle de développement aussi commode qu’irresponsable : l’exploitation du tourisme.

Le désengagement citoyen de Venise ainsi que l’hémorragie de résidents du centre historique ont eu pour conséquence de priver la ville des moyens naturels de maîtrise du territoire et de l’environnement. Résultat, la ville s’est recroquevillée dans une inaction pleurnicharde.

L’histoire de Venise des dernières décennies, hormis les cas de quelques dirigeants éclairés, est celle d’un échec dramatique. Et c’est pourquoi la première réponse possible devrait être de soustraire la ville de la lagune à la juridiction italienne, pour faire de Venise une cité sous juridiction internationale. Une ville qui se voudrait ouverte, où tout nouvel arrivant pourrait devenir aussitôt citoyen de plein droit, à condition que son horizon mental ne soit pas celui, éphémère et irresponsable, du touriste.

Nouveau modèle urbain

Pour reconstruire sa civitas, Venise n’a plus qu’une seule option : s’ouvrir au monde et solliciter la contribution de tous ceux qui pourront apporter des idées et des projets concrets. Des innovateurs qui ont l’esprit d’entreprise, en passant par les étudiants prêts à passer quelques années dans la ville pour restaurer ses magnifiques palais, jusqu’aux ingénieurs capables de mettre au point de nouveaux ouvrages pour faire face au changement climatique (car les problèmes de Venise aujourd’hui pourraient bien être ceux de New York demain), tous ceux qui voudraient s’engager dans la reconstruction de la glorieuse mais aujourd’hui décrépite civitas vénitienne seraient les bienvenus. La Sérénissime pourrait alors devenir un champ d’expérimentation pour un nouveau modèle urbain, un banc d’essai pour un “pacte de citoyenneté” audacieux.

La solution peut sembler irréaliste, mais il existe un précédent. Après avoir été décimée par la peste au milieu du XIVe siècle et avoir perdu environ 60 % de sa population, Venise décida de s’ouvrir aux étrangers, non seulement en acceptant des immigrés, mais en offrant la citoyenneté vénitienne à tous ceux qui comptaient s’y installer à long terme. Ce type de citoyenneté reposait sur le désir des non-Vénitiens d’embrasser la “vénitienneté” dans son entièreté, y compris en ce qui concerne la volonté de travailler sur le territoire. Il n’y a aucune raison pour que cette méthode ne fonctionne pas aujourd’hui contre le fléau moderne du tourisme. Un mal dont la contagion est plus lente, mais les effets plus dévastateurs, puisque depuis les années 1950 la population de Venise a diminué d’environ 70 %.

Bien sûr, ce nouveau statut de “ville ouverte” ne suffira pas à lui seul à inverser le déclin de Venise. D’importantes interventions physiques et infrastructurelles seront nécessaires. Mais agir sur l’urbs n’aura aucun sens si nous oublions l’importance de la civitas. Pour sauver Venise, nous devons sauver les Vénitiens, et les sauver tout d’abord d’eux-mêmes.

Article de Carlo Ratti

SOURCE : LA STAMPA Turin www.lastampa.it Créée en 1895, La Stampa est à la fois le principal journal de Turin et le troisième quotidien d’Italie, après le Corriere della Sera et La Repubblica.  Créée en 1895, La Stampa est à la fois le principal journal de Turin et le troisième quotidien d’Italie, après le Corriere della Sera et La Repubblica.

Née des cendres de la Gazzetta Piemontese, La Stampa a réduit progressivement son format, pour se stabiliser depuis un moment sur le tabloïd. Après la Seconde Guerre mondiale, une série de rédacteurs en chef brillants ont permis au titre de se détacher de son image locale pour devenir un des grands quotidiens nationaux. Depuis 2011, le journal attribue le Premio Informazione Digitale (“prix de l’information numérique”), qui récompense les meilleurs reportages numériques envoyés par les lecteurs. Le site du quotidien est assez statique. Le 23 juin 2011, La Stampa a lancé le portail Vatican Insider, consacré à l’information sur le Vatican, le pape et le Saint-Siège.

6 décembre 2019

Jean Paul Gaultier

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6 décembre 2019

Mode : Le Calendrier Pirelli 2020 revisite la légende de « Roméo et Juliette »

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Un casting cinq étoiles pour un calendrier mêlant mode, théâtre et cinéma… La nouvelle édition du célèbre almanach, capturée par le photographe Paolo Roversi, est un véritable objet d’art.

« Oh Roméo ! Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? » se lamente Juliette dans la célèbre scène du balcon tirée du Roméo et Juliette de Shakespeare. Pas de Roméo à l’horizon dans l’édition 2020 du Calendrier Pirelli, présenté le 3 décembre au cœur du Théâtre Philharmonique de Vérone. Intitulée À la recherche de Juliette, la nouvelle édition du célèbre almanach, réalisée cette année par Paolo Roversi, revisite ainsi le drame intemporel du dramaturge anglais. Avec ce calendrier, qui s’accompagne pour la première fois d’un court-métrage de 18 minutes, le photographe italien part à la recherche « de la Juliette qui sommeille en toutes les femmes ». « J’étais à la recherche d’une âme pure, pleine d’innocence associant force, beauté, tendresse et courage », explique Roversi dans le communiqué de presse. Une âme pure incarnée ici par dix femmes, actrices, chanteuses ou artistes : Claire Foy, Mia Goth, Chris Lee, Indya Moore, Rosalía, Stella Roversi, Yara Shahidi, Kristen Stewart et Emma Watson.

Inspiré d’un livret d’opéra, l’une des passions de Paolo Roversi, le Calendrier Pirelli 2020 se compose de 132 pages, où se mêlent les clichés du photographe et des extraits de la pièce de Shakespeare. Une jolie façon de combiner photographie, théâtre, mode et cinéma au sein d’un bel objet unique en son genre.

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5 décembre 2019

Le Parisien ce matin

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5 décembre 2019

PLAYBOY - Olga Kobzar by Ana Dias from Ana Dias on Vimeo.

5 décembre 2019

Luc Besson

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5 décembre 2019

Cologne Fine Art & Design 2019 from VernissageTV on Vimeo.

5 décembre 2019

La Haute-Savoie, camp de base d’espions russes spécialisés dans les assassinats ciblés

Par Jacques Follorou

Une traque a permis de localiser quinze officiers du renseignement militaire. Certains y sont venus à de nombreuses reprises, en provenance de Londres, d’Espagne ou de Suisse.

La vengeance est un plat qui se mange froid, surtout dans le monde de l’espionnage. Selon les informations du Monde, une traque sans précédent, lancée, au printemps 2018, par les services de contre-espionnage britannique, français, suisse et leurs partenaires, notamment américains, a permis de dresser une liste de quinze officiers du renseignement militaire russe (GRU). Ces membres d’une même unité, spécialisée dans les assassinats, ont circulé en Europe, de 2014 jusqu’à la fin 2018.

Tous ces services secrets se sont mobilisés après l’attaque au Novitchok – un agent neurotoxique innervant de l’ère soviétique –, le 4 mars 2018, à Salisbury, dans le sud de l’Angleterre, par deux officiers du GRU, menée contre Sergueï Skripal, un ancien collègue passé à l’Ouest.

Base arrière et logistique

Cette vaste chasse aux tueurs, à laquelle la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a fortement contribué, a montré que les quinze officiers du GRU ont transité et résidé en France pendant cette période. Certains à de nombreuses reprises, d’autres une ou deux fois. Ils venaient de Londres, de Moscou, d’Espagne ou de Suisse. L’Hexagone a pu leur servir d’étape dite « de sécurité » avant que ces agents, rompus aux techniques de clandestinité, n’atteignent leur destination finale.

Ces hommes ont très régulièrement séjourné dans la même zone, en Haute-Savoie, dans des villes comme Annemasse, Evian ou Chamonix, et dans des bourgs plus isolés. Avant cela, ils ont souvent atterri à Roissy ou à Lyon, une fois à Nice, avant de passer la nuit dans un hôtel à Cannes (Alpes-Maritimes), et de nombreuses fois à Genève. Ils ont alors loué des voitures pour se rendre en Haute-Savoie.

Si de nombreuses questions subsistent encore, cette région frontalière avec la Suisse aurait, selon le contre-espionnage français, servi de base arrière et logistique à ce service action du GRU pour des actions menées dans toute l’Europe.

LA TENTATIVE D’EMPOISONNEMENT DE M.SKRIPAL A RÉSONNÉ COMME UN ACTE DE GUERRE CHIMIQUE ET UNE GRAVE PROVOCATION

Aucune trace d’opérations de cette unité du GRU n’a été, à ce jour, détectée en France. La fonction de « camp de base » de ce département pourrait expliquer le choix des services russes de ne pas attirer l’attention des autorités locales en opérant sur le sol français.

Assassinats et sabotages

Ces quinze agents sont rattachés à l’unité 29155 du 161e centre de formation spéciale du GRU. Cette institution formait, à l’époque de la guerre froide, les cadres des guérillas communistes en Asie, en Afrique ou en Amérique centrale.

Reconvertie, depuis la chute du mur de Berlin, en service d’action clandestine, cette unité se livre désormais à l’assassinat, au sabotage ou à des tâches plus obscures comme la relève des « boîtes aux lettres mortes », moyen de communication des agents secrets dans le monde. Leur modus operandi, assez atypique dans le monde de l’espionnage, explique la mutualisation des efforts pour traquer ces hommes.

Car, si la tentative d’empoisonnement de M. Skripal, en mars 2018, a avorté, elle a résonné, pour Londres et ses alliés, comme un acte de guerre chimique et une grave provocation. Le produit toxique très dangereux avait été jeté dans un parc après son utilisation, ce qui a causé, quelques semaines plus tard, la mort d’une femme, et contraint à l’hospitalisation de plusieurs personnes.

C’était aussi la première utilisation d’une arme chimique en Europe depuis la seconde guerre mondiale. Une pratique, dangereuse pour le grand public, qui illustre l’extrême agressivité de la Russie et transgresse les règles, pourtant très souples, de l’univers du secret.

Une opération contre le Monténégro

Les services secrets anglais, français, suisse et leurs partenaires, notamment américains, seraient parvenus à identifier ces quinze agents du GRU dès 2018, après avoir « remonté » tous leurs déplacements.

Les noms de certains officiers figurant sur cette liste sont déjà sortis au fil d’enquêtes journalistiques. A l’automne 2018, le site d’investigation anglais Bellingcat et son partenaire russe The Insider avaient révélé ceux des deux auteurs de la tentative d’empoisonnement au Novitchok : Alexandre Michkine, alias Alexandre Petrov, et le colonel Anatoli Tchepiga, alias Rouslan Bachirov. Mi-février, Bellingcat livrait le nom d’un troisième homme, coordonnateur de l’opération de Salisbury, le major général Denis Sergeev, alias Sergueï Fedotov, diplômé de l’Académie diplomatique militaire de Russie.

Fedotov a également été repéré en Bulgarie. Il aurait dirigé, le 28 avril 2015, une tentative d’empoisonnement contre Emilian Gebrev, un fabricant d’armes perçu comme hostile aux intérêts du Kremlin dans la région.

Ce dernier s’était effondré lors d’une réception, à Sofia. Son fils et un haut cadre de son entreprise avaient également été touchés. La cible et les victimes collatérales en ont réchappé. Le parquet bulgare a confirmé, pour sa part, les soupçons visant « un agent du GRU », du nom de Fedotov, s’étant rendu à trois reprises en Bulgarie au moment des faits.

Fin novembre 2019, en poursuivant leur travail sur l’opération avortée en Bulgarie, Bellingcat, The Insider et le magazine allemand Der Spiegel ont découvert les alias de six autres membres de l’unité 29155 : Vladimir Popov, Nikolaï Koninikhin, Ivan Lebedev, Danil Stepanov, Sergueï Pavlov et Georgy Gorshkov, chargés de la sécurité et de la logistique.

Ces organes de presse montraient aussi qu’ils avaient participé à d’autres missions, notamment en 2014, lors de l’annexion de la Crimée et lors d’une campagne de déstabilisation de la Moldavie. Vladimir Popov, lui, semble avoir codirigé, fin 2016, avec un autre agent de l’unité, Eduard Chichmakov, alias Eduard Chirokov, une opération contre le Monténégro alors que ce pays tentait de se rapprocher de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Demande d’entraide judiciaire

Selon l’enquête du Monde, l’un de ces agents, Sergueï Pavlov, a également été repéré par les services de renseignement britanniques, fin 2017, sur leur sol. Son passage serait lié à la tentative d’empoisonnement de Sergueï Skripal. Il compléterait le trio composé d’Alexandre Petrov, de Rouslan Bachirov et de Sergueï Fedotov.

Dans l’affaire Skripal, la France a fait l’objet d’une demande d’entraide judiciaire du Royaume-Uni pour retrouver deux familles françaises ayant occupé la chambre d’hôtel que venaient de quitter les deux auteurs de l’attaque au Novitchok. Les autorités voulaient s’assurer que leur santé n’avait pas été mise en danger par des restes de l’agent neurotoxique. Ce qui ne fut pas le cas.

Nos recherches, confirmées par des sources issues du renseignement, ont permis la mise au jour des noms de cinq autres membres de l’unité 29155, figurant sur la liste des quinze tueurs du GRU. Connus par leurs seuls alias, il s’agit d’Alexandre Koulaguine, d’Evgueni Larine, de Timour Nouzirov, de Naman Youssoupov et de Guennadi Chvets. A l’instar des autres membres de cette unité, ils ont transité et séjourné en France et en Haute-Savoie.

Fedotov, le coordonnateur des opérations de Salisbury, en 2018, et de Sofia, en 2015, est localisé à Paris, le 12 novembre 2014. Il reste en France jusqu’au 1er décembre de la même année. En avril 2016, il fait l’aller-retour entre Londres et Lyon.

Le 9 septembre 2017, Petrov et Bachirov, les deux empoisonneurs au Novitchok de Salisbury, arrivent à Paris en provenance de Moscou. Ils feront le chemin inverse une semaine plus tard. Entre-temps, ils se sont rendus en Haute-Savoie. Les mêmes reviennent à Paris, le 25 octobre 2017, retournent en Haute-Savoie, avant de reprendre l’avion, le 4 novembre, pour Moscou en décollant de Genève. Ils feront encore des trajets similaires en décembre 2017 et janvier 2018.

Un lieu discret fréquenté par les Russes

Le contre-espionnage français, britannique et suisse n’a pas trouvé, à ce jour, en France, de caches de matériels, d’armes ou pu confondre des complicités locales. Ils ont néanmoins pu identifier des lieux de restauration ou de résidence et même ceux de shopping, pour des vêtements ou des objets plus précieux.

Des commerçants, visités plusieurs fois par certains agents du GRU, ont fait l’objet de vérifications approfondies mais aucune preuve de compromission n’a pu être relevée.

Fin 2019, l’hypothèse « la plus probable », retenue par un haut responsable du renseignement français, reste de considérer « la Haute-Savoie comme une base arrière pour l’ensemble des opérations clandestines de l’unité 29155 en Europe ». Facile d’accès, frontalière avec la Suisse, c’est un lieu discret fréquenté par les Russes, à l’instar d’une ville comme Megève.

LES AGENTS TUEURS DU GRU SE SERAIENT ABSTENUS DE TOUTE COMMUNICATION AVEC LES ESPIONS RUSSES AGISSANT SOUS COUVERTURE DIPLOMATIQUE

Lors de leur séjour en France, les membres de l’unité 29155 n’auraient eu aucun contact avec d’autres cellules du GRU, comme celle chargée du cyberespionnage militaire (unité 26165), dont les membres ont aussi transité en Suisse et en Haute-Savoie, à Annemasse et à Evian.

Le contre-espionnage français avait mis en lumière l’implication de cette autre unité du GRU, fin 2016 et 2017, lors d’opérations de piratage informatique visant, en Suisse, l’Agence mondiale antidopage (AMA). De même, les agents tueurs du GRU se seraient abstenus de toute communication avec les espions russes agissant sous couverture diplomatique dans les consulats ou à l’ambassade de Russie en France.

Le dernier passage dans l’Hexagone de membres de l’unité 29155 figurant sur la liste des quinze tueurs du GRU date de septembre 2018, sept mois après l’affaire Skripal. Le contre-espionnage français ne les verra plus après.

A la même époque, les noms de certains avaient, il est vrai, été publiés dans la presse. Et surtout, des mandats d’arrêt européen ont été délivrés, en 2018, dans le cadre de l’affaire Skripal contre Alexandre Petrov, Rouslan Bachirov, Sergueï Fedotov et Sergueï Pavlov.

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