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Jours tranquilles à Paris

29 novembre 2019

Entretien - Le Black Friday, illustration de ce « capitalisme qui génère des besoins artificiels, souvent aliénants »

Par Nicolas Santolaria

Razmig Keucheyan, sociologue à l’université de Bordeaux, décrypte les nouvelles mythologies commerciales.

Entretien avec Razmig Keucheyan, sociologue à l’université de Bordeaux et auteur de l’essai Les besoins artificiels. Comment sortir du consumérisme (Editions Zone, 250 p. 18 €)

Ces dernières années, on a vu arriver en France de nouvelles mythologies commerciales. Quel regard portez-vous sur le Black Friday ou le Cyber Monday ?

Dans un système concurrentiel, qui plus est régulièrement en crise, les entreprises se livrent une lutte sans merci pour l’obtention de parts de marché, dont l’une des modalités est le marketing. Il faut comprendre que les mythologies commerciales visent à élargir sans cesse le règne de la marchandise…

N’y a-t-il pas une forme de morbidité à vouloir entretenir ces grands-messes consuméristes quand la crise écologique ne cesse de nous rappeler la limitation des ressources et la fragilité des écosystèmes ?

C’est le moins qu’on puisse dire. La logique de la concurrence oblige les entreprises à produire toujours davantage, ce qui suppose que nous, consommateurs, achetions ces marchandises pour faire place aux suivantes. Et ainsi de suite, à l’infini. Pour cela, le capitalisme génère, notamment par la publicité et l’obsolescence programmée, des besoins artificiels, souvent aliénants et écologiquement non soutenables.

Cette année, de nombreuses initiatives ont vu le jour en réaction au Black Friday, comme le « Fair Friday », lancé par Nature & Découvertes, ou le « Green Friday » qui promeuvent une « consommation responsable ». Que pensez-vous de ces initiatives ?

Le greenwashing est désormais généralisé. Il faut bien sûr le dénoncer, mais cela ne signifie pas pour autant que des formes de politisation par la consommation ne soient pas possibles. Néanmoins, ces initiatives vertueuses ne suffiront pas : la transition écologique implique d’imposer un contrôle politique accru sur la production, qui passera forcément par l’Etat. C’est tout le sens du Green New Deal proposé par la députée Alexandria Ocasio-Cortez aux Etats-Unis. A la concurrence, il faut substituer une logique de planification écologique et démocratique, qui parte de la question : que produire pour satisfaire quels besoins ?

On voit apparaître aujourd’hui des termes qui viennent signifier une forme de sentiment honteux associé à la consommation. Le « köpskam », soit « la honte de faire du shopping » en suédois, est-il un signe que notre rapport à la consommation évolue ?

La honte est-elle est une émotion politiquement porteuse de progrès ? Il me semble qu’elle a, au contraire, un effet de repli sur soi. A l’époque moderne, les mouvements sociaux qui ont compté ont plutôt reposé sur le sentiment d’injustice, ce que le philosophe Jacques Rancière appelle le « tort », qui donne lieu à une demande de reconnaissance ou de redistribution matérielle. Si on observe les marches pour le climat, c’est ce sentiment qui semble prévaloir. Le « tort » implique de se donner des adversaires politiques, responsables de l’injustice : en l’occurrence les classes dominantes et leur mode de vie polluant, ou la classe politique et son incapacité à prendre les mesures écologiques qui s’imposent.

Une partie des revendications des « gilets jaunes » reposait sur le fait qu’ils n’avaient pas accès à la consommation. Est-ce que la critique des ravages du consumérisme n’est pas une attitude cantonnée à des milieux favorisés ?

Cette idée selon laquelle les classes populaires ne rêveraient que d’une chose, à savoir accéder au mode de vie des classes dominantes, est profondément erronée. L’interprétation que je fais du mouvement des « gilets jaunes » – il y en a, bien sûr, plusieurs possibles – est en termes d’inégalités environnementales : les riches détruisent la planète, ils émettent par exemple huit fois plus de gaz à effet de serre que les classes populaires. Mais en instaurant une taxe sur les carburants, l’Etat passe l’addition à des salariés qui n’ont d’autre choix que d’utiliser leur véhicule. Le sentiment d’injustice de départ est celui-là.

Dans vos travaux, vous mettez en avant la notion de besoin artificiel. Comment la définissez-vous ?

La survie de l’organisme dépend de la satisfaction d’un certain nombre de besoins vitaux : se nourrir, se protéger du froid, respirer ou dormir. Du fait de la crise écologique, certains de ces besoins vitaux sont plus difficiles à satisfaire, respirer un air non pollué par exemple. Tous les autres besoins sont, en un sens, « artificiels » : ils sont culturellement construits et sujets à évolution historique. Certains ont des effets néfastes, pour l’environnement notamment.

Statuer de l’extérieur sur le caractère légitime d’un besoin, n’est-ce pas une forme de dirigisme ?

Certains pensent que les démocraties sont trop lentes ou « court-termistes » pour trouver des solutions à la crise environnementale. Je crois pour ma part que l’on n’arrivera à rien en matière de transition sans mobiliser les populations à la base. Pour cela, une démocratie directe, ancrée dans les quartiers et les entreprises, doit venir exercer une pression sur la démocratie représentative, en distinguant les besoins que l’on va continuer à satisfaire, de ceux qui sont devenus insoutenables. Les marches pour le climat en constituent peut-être les prémices.

L’avion est à la fois une source de pollution et une occasion de découverte d’autres lieux, d’autres cultures, comment gérer cette complexité inhérente à la consommation ?

Voyager est partie intégrante des identités modernes, mais le coût écologique du voyage est devenu exorbitant. Il faut donc réglementer pour favoriser l’apparition d’autres imaginaires du voyage. Pour les long-courriers, un système de « crédits voyage » par citoyen sur une période donnée pourrait être expérimenté, avec un objectif de diminution globale des kilomètres parcourus.

Selon vous, la consommation doit-elle être contrôlée, encadrée, et si oui de quelle manière ?

Parmi les mesures urgentes, il faut encadrer strictement la publicité. Tout le monde connaît la campagne publicitaire « Marlboro Man » : le cow-boy solitaire sur son cheval qui contemple l’horizon une cigarette à la bouche. La publicité met en circulation des identités sociales auxquelles les consommateurs aspirent. Ce lien entre marchandise et identification doit être remis en question.

Au-delà de la nécessité ou non des besoins, il y a une désirabilité des objets qui fait que l’on se laisse aller à les acheter. Cette notion de plaisir dans l’achat, dans le fait de déballer un nouveau produit, est aussi à prendre en compte, non ?

Cette désirabilité des objets est historiquement construite, elle pourrait donc être déconstruite, afin de permettre au désir de s’investir ailleurs que dans le fétichisme de la marchandise. De nombreuses recherches montrent que passé un certain stade, la relation entre possession matérielle et bien-être de la personne s’inverse : l’accumulation de biens ne rend pas plus heureux, au contraire.

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29 novembre 2019

Extrait d'un shooting. Photos : Jacques Snap

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29 novembre 2019

En France, mobilisation contre Amazon et la surconsommation

Par Rémi Barroux

A l’occasion du Black Friday, les associations de lutte pour le climat et l’environnement multiplient les opérations contre les centres logistiques et commerciaux.

Comme une répétition générale. En bloquant les accès du centre logistique d’Amazon, à Brétigny-sur-Orge (Essonne), jeudi 28 novembre, la cinquantaine de militants d’ANV-COP21 (Action non violente-COP21) et des Amis de la Terre ont donné le coup d’envoi des mobilisations contre la surconsommation dont le Black Friday est, selon eux, le symbole.

Dès 14 heures, les activistes ont empilé des bottes de paille et des réfrigérateurs, des machines à laver et des cuisinières récupérés dans des décharges pour empêcher les dizaines de camions, immatriculés en Lituanie, en Allemagne, en Belgique… de pénétrer sur l’immense site de 150 000 mètres carrés, récemment ouvert en août – Amazon en compte une vingtaine en France, dont une petite dizaine de centres logistiques. Se couchant par terre pour retarder une éventuelle évacuation, les militants ont aussi tendu des banderoles « Amazon, pour le climat, pour l’emploi, stop expansion, stop surproduction ».

« On reproche à Amazon d’avoir une politique destructrice pour la planète, pour les conditions sociales et le Black Friday permet à cette société de réaliser un chiffre d’affaires exponentiel », a dénoncé Sandy Olivar Calvo, porte-parole d’ANV-COP21.

Alors que des centaines de salariés devaient patienter, non sans protester pour certains car ils ne pouvaient quitter les lieux, lors du changement d’équipe en milieu de journée, les militants ont manifesté leurs intentions de rester jusqu’au lendemain matin, la plupart étant arrivés équipés de duvet. Les prises de parole se sont succédé, sous un ciel plombé, percé à de rares occasions par de timides rayons de soleil.

Responsable des émissions de gaz à effet de serre

« On a demandé un moratoire au gouvernement sur les nouveaux entrepôts de logistique. On nous a répondu “oui peut-être” dans un premier temps, mais ils nous mènent en bateau, a ainsi déclaré Alma Dufour, des Amis de la terre. On a cru que cela avait changé avec l’arrêt d’Europacity par le gouvernement [un mégacentre commercial et de loisirs qui devait être construit sur les terres agricoles du Triangle de Gonesse, au nord de Paris], mais non… »

Les militants qui luttent pour le climat considèrent que le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, voté dans un premier temps par le Sénat et qui doit être débattue par les députés début décembre, n’apporte pas de réponse satisfaisante au développement de la surconsommation et de la surproduction. « Il faut rehausser fortement le niveau d’ambition de cette loi en mettant les enjeux de surproduction au cœur du texte », insistent les deux ONG. Selon elles, et d’après un rapport de 2018 de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), la fabrication et le transport des produits électroniques et textiles sont responsables d’un quart des émissions de gaz à effet de serre.

En contact avec la CGT de la société Amazon, ils veulent aussi dénoncer les conditions de travail dans ces grands centres logistiques, ainsi que la destruction des emplois, notamment dans les commerces locaux, que représente le développement de zones commerciales et d’entrepôts en périphérie des villes.

La direction d’Amazon, elle, réfute ces critiques, que ce soit sur le volet environnemental ou sur les questions sociales. Elle considère ainsi que les propos du député (La République en marche) de Paris Mounir Mahjoubi, ancien secrétaire d’Etat au numérique – il a accusé la société, dans une note publiée le 22 novembre, de détruire plus d’emplois qu’elle ne prétend en créer –, sont faux.

« Un système qui marche sur la tête »

« Nous avons créé directement 1 500 emplois en CDI [contrat à durée indéterminée] en 2017, 2 000 en 2018 et 1 800 en 2019, et nous avons, en quatre ans, multiplié par trois nos effectifs en France, preuve de l’engagement pérenne d’Amazon sur le territoire », a expliqué au Monde Julie Valette, porte-parole de la société. Des chiffres qui ne correspondent pas à la réalité, selon M. Mahjoubi qui affirme que « quand Amazon crée un emploi en France, le commerce de proximité en perd 2,2 ».

S’agissant des critiques écologiques, Amazon estime que toutes sont « simplement fausses ». La société met en avant « des engagements ambitieux pris dans le cadre du plan The Climate Pledge [présenté fin septembre à New York par le PDG de la société Jeff Bezos] visant à devenir une entreprise zéro carbone d’ici à 2040, soit dix ans avant l’objectif prévu par l’accord de Paris de décembre 2015 », assure Julie Valette. L’entreprise vante aussi sa politique de développement durable avec des « programmes innovants », tels que « déballer sans s’énerver » ou « expédier dans l’emballage d’origine ».

Aucun de ces arguments ne convaincra les associations mobilisées pour le climat et l’environnement qui rappellent que « pour maintenir le réchauffement climatique à 1,5 °C à la fin du siècle, il faudrait réduire par dix, d’ici à 2030, les mises sur le marché de produits textiles ou environ par trois celles des produits électroniques ».

 

« Amazon est le symbole d’un système qui marche sur la tête. Mais si cette société est grandement responsable de la crise environnementale, les consommateurs ont aussi leur part de responsabilité. Ce qui n’est pas consommé n’est pas produit », affirme Christine Traxoler, dessinatrice de presse, qui participait à l’action de ce jeudi. Et de prôner la décroissance pour ceux qui ont trop, une consommation locale et « la plus écologique possible ».

« Consommer moins mais mieux »

Trois heures après leur arrivée devant le site d’Amazon, les militants ont été évacués par la police. Jeudi soir, huit d’entre eux étaient en garde à vue, pour « entrave à la liberté de circuler » et « organisation d’une manifestation non déclarée », précisait la commissaire d’Arpajon, présente sur les lieux. L’accès était libéré pour les poids lourds en attente de décharger ou de charger les marchandises tant attendues pour le Black Friday.

Le vendredi de cette journée d’hyperconsommation – elle dure en fait tout le week-end – sera aussi perturbé par des manifestations, à nouveau contre Amazon. Le siège de la société, à Clichy (Hauts-de-Seine) devrait être occupé, dès le début de la matinée, par une centaine de militants d’Attac, des Amis de la Terre, d’ANV-COP21, avec des représentants du DAL (Droit au logement), de la CGT et de Solidaires, ainsi que des députés de La France insoumise, du Parti communiste ou encore d’Europe Ecologie-Les Verts. Le but de cette action est de transformer le siège d’Amazon en librairie.

Dans la journée encore, Youth for Climate, ainsi qu’Extinction Rebellion, ont prévu des mobilisations dans de nombreuses villes, qui devraient prendre pour cibles les lieux de consommation, vecteurs de « soldes et de dépenses inutiles ». Le réseau, à l’origine des grèves scolaires qui se sont déroulées à l’automne 2018 et encore en 2019, réclame notamment « l’interdiction de construction de centres commerciaux de plus de 5 000 mètres carrés de surface utile ».

Enfin, 500 sociétés regroupées dans un mouvement Make Friday Green Again (créé à l’initiative de la marque de vêtements et de chaussures Faguo), dont Naturalia, Nature et découvertes, Camif.fr et de nombreuses jeunes griffes de mode… ont décidé de boycotter ce vendredi d’affaires. « Consommer moins mais mieux » est leur slogan, rejoignant ainsi les mobilisations des ONG.

29 novembre 2019

Milo Moiré

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29 novembre 2019

Willy Rizzo : Pop!

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Jusqu’au 8 février, l’exposition de photographies & design « POP ! », au Studio Willy Rizzo à Paris, vous plonge dans le mouvement POP ART avec plusieurs oeuvres iconiques et inédites de Willy Rizzo.

Une sélection d’une trentaine de tirages argentiques signés et numérotés.

Comme en témoignent sous son objectif de nombreux artistes:

Jack Nicholson, Stéphanie Seymour, Dennis Hopper, Marisa Berenson, Marilyn Monroe, Jean Seberg, Jean Lagarrigue et Jean-Paul Goude, César, Jane Fonda, Gérard Fromanger …

Il suffit de se plonger dans cette exposition pour retrouver l’univers POP dans les attitudes, dans les gestes, dans les couleurs avec un ton évocateur et provocateur du quotidien! et un clin d’oeil POP, à sa muse et femme Elsa Martinelli!

2009 – 2019

10 ans d’ expositions, 10 ans de création, 10 ans de photographies,

10 ans du Studio Willy Rizzo !

Exposition de Photographies et Design

du 4 décembre 2019 > 8 février 2020

Studio Willy Rizzo

Laetitia Braquenié Viot

12 rue de Verneuil Paris 7e.

www.willyrizzo.com

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4-Jean-Paul-Goude-et-Jean-Louis-Lagarrigue-Paris-–-1956-x540q100

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6-XXIe-siècle-publicité-Piaget-par-Willy-Rizzo-–-1969-x540q100

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11-Jean-la-coiffeuse-Paris-1966-x540q100

12-Stéphanie-Seymour-New-York-1996-x540q100

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29 novembre 2019

La vie en rose...

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29 novembre 2019

Les opposants au Black Friday payent de leur personne

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Par Nelly Didelot 

Attac, Youth for Climate et Extinction Rebellion ont prévu tout un éventail d’actions pour dénoncer le consumérisme débridé que symbolise le Black Friday.

«Black Friday» ou «Block Friday» ? Aux promotions en série affichées par les grandes chaînes commerciales répondront ce vendredi une multitude d’actions destinées à faire dérailler «un symbole de la surproduction et la de surexploitation des ressources terrestres et humaines», selon le communiqué commun de Youth for Climate (YFC), Extinction Rebellion (XR) et Attac. Tous sur le pont vendredi, ces mouvements n’agiront pas toujours ensemble mais leurs revendications et dénonciations se rejoignent.

Eau potable

«Nous avons décidé de ne pas cibler une entreprise en particulier, et de nous en prendre au consumérisme en général, en accord avec l’approche systémique de notre mouvement, explique Franck, de XR. La plupart de ce qui est vendu lors du Black Friday est importé, cela contribue à augmenter les émissions indirectes de CO2 françaises. Et pour ne rien arranger, beaucoup des produits achetés en ligne seront renvoyés puis détruits par les vendeurs.» Extinction Rebellion comme les jeunes grévistes pour le climat de YFC visent en particulier le coût environnemental de la mode (2 % des émissions de gaz à effet de serre annuelles mondiales, et 4 % de la consommation d’eau potable), ainsi que celui des appareils électroniques. Youth for Climate propose ainsi d’interdire la production de ceux qui n’offriraient pas la possibilité d’être réparés, de définir légalement l’obsolescence programmée comme un délit ou d’interdire la publicité pour les secteurs très polluants tels l’automobile ou le transport aérien.

Attac a choisi de son côté de s’en prendre à Amazon, «une des multinationales qui profite le plus du Black Friday, qu’elle a contribué à importer en France, explique Raphaël Pradeau, porte-parole de l’association. C’est aussi un choix tactique : on cible une entreprise au bilan carbone démentiel et qui bafoue les droits les plus élémentaires pour inciter les pouvoirs publics à agir et à réguler les multinationales».

Pour faire pression, les militants ont prévu tout un éventail d’actions. Il devrait aller de l’occupation de lieux symboles de la surconsommation dans quelques grandes villes, à des campagnes d’affichage, en passant par l’organisation d’un marché alternatif avec troc et don, organisé par les militants d’Extinction Rebellion de Dinant. «On cherche à combiner blocage et sensibilisation, explique Franck, de XR. Par exemple, à Montpellier, des "rebelles" ont prévu de faire de l’affichage dans les cabines d’essayage et de glisser dans les poches des pantalons soldés des messages comme : "Ce jean a nécessité 7 000 à 11 000 litres d’eau."»

Anticapitaliste

Là où des actions de blocage de centres commerciaux sont prévues, les groupes locaux de XR devraient épauler les jeunes grévistes pour le climat, qui sont à l’origine de l’appel pour le «Block Friday». Un choix logique pour un mouvement qui, en France, vient de décider d’assumer une orientation anticapitaliste, après de longs mois d’hésitations et de débats. Aux revendications purement environnementales, les jeunes ont désormais ajouté des mesures économiques, comme l’intégration des salariés à la gouvernance des entreprises.

La journée d’action coïncide aussi avec une nouvelle grève scolaire internationale pour le climat, dont ce sera déjà la quatrième édition. A Paris, le groupe local de YFC a décidé de ne pas manifester pour se concentrer sur une grande action de blocage. «On a commencé les marches en février et rien ne change. Quand Emmanuel Macron a dit qu’elles ne servaient à rien et qu’on ferait mieux de nettoyer les plages, on a décidé de le prendre au mot et d’organiser une grande action», explique Marie Chureau, 17 ans, membre de YFC à Paris.

Dans un contexte de recours croissant à la désobéissance civile, les jeunes s’emparent eux aussi de la méthode. Après des blocages visant des lieux de pouvoir politique, tel l’Elysée en juin, ils se tournent de plus en plus vers les entreprises, pour des raisons écologiques et pragmatiques. «Le Black Friday est tellement mis en avant par les grandes chaînes que réussir ce jour-là à monter une action d’ampleur contre la surproduction permet de mieux nous faire entendre. D’autant que les entreprises ont un rôle important à jouer dans la transition environnementale», reprend Marie Chureau. Sans compter que le basculement des marches aux actions de désobéissance civile est un moyen de continuer à être percutants alors que moins de jeunes se mobilisent désormais : ils n’étaient que 9 400 à s’être rassemblés à Paris pour la précédente grève du 20 septembre, contre 14 800 en mai et de 29 000 à 40 000 en mars.

28 novembre 2019

Christophe Mourthé - vernissage ce soir

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28 novembre 2019

Street Art

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28 novembre 2019

Extrait d'un shooting. Photos : Jacques Snap

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