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Jours tranquilles à Paris

2 octobre 2020

Trump-Biden : chaos debout au débat

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Par Isabelle Hanne, Correspondante à New York. Libération

Les candidats se sont affrontés mardi dans un face-à-face ahurissant de violence. Un condensé de brutalité en prime time, entre les mensonges et les appels du pied à l’extrême droite du président républicain et la perte de sang-froid du démocrate excédé de se faire couper la parole.

Difficile d’imaginer plus grand écart entre l’acuité des défis du moment et la faiblesse de ceux qui prétendent les relever. Hommes, blancs, âgés respectivement de 74 et 77 ans, l’inclassable Donald Trump et le démocrate Joe Biden ambitionnent de présider au futur proche des Etats-Unis. Nombre de jeunes, femmes, et représentants des minorités considéraient déjà ce casting de gérontocrates comme un affront. Le premier duel télévisé, mardi soir, entre les deux hommes, ne les aura pas apaisés. «Atroce», «indécent», «humiliant» : médias, élus et simples citoyens rivalisaient mercredi de superlatifs pour décrire ce qui, de l’avis unanime, fut «le pire débat de l’histoire». Quatre-vingt-dix minutes de brutalité en prime time, pénibles à regarder. Mais dépourvues d’enseignements ? Loin de là, tant ce débat fut à la fois un condensé de la crise politique, démocratique et de confiance qui traverse l’Amérique, et une incarnation du contraste saisissant qui s’offre à ses électeurs. Car si Trump et Biden ont en commun d’avoir plus d’années derrière eux que devant, tout ou presque les sépare. Leur milieu d’origine, leur parcours, leurs idées et, plus que tout, leur personnalité. Cela s’est vu et entendu mardi soir. Même si, à force d’injecter à haute dose depuis cinq ans le poison de la division à travers le pays, Donald Trump a contaminé jusqu’à son adversaire. Biden, qui se rêve en sauveur de «l’âme de la nation», a à son tour plongé dans la boue. «C’est tout à fait unique de rivaliser avec Trump», souligne Célia Belin, chercheuse à la Brookings Institution. Unique, on aurait aimé que le débat le soit aussi. Deux autres suivront, pourtant, avec des ajustements pour permettre «une discussion plus ordonnée», selon les organisateurs. Mais à la clé, sans doute, les mêmes enseignements.

La fin de la civilité

Les observateurs de la politique américaine se souviennent du premier débat entre Al Gore et George W. Bush, en 2000, au cours duquel le candidat démocrate avait montré à plusieurs reprises des signes d’exaspération, levant les yeux au ciel et soupirant bruyamment. «Les républicains s’en étaient servis pour dépeindre Al Gore en candidat arrogant et condescendant, et ça l’avait beaucoup desservi», rappelle Thomas Holbrook, professeur de sciences politiques à l’université du Wisconsin-Milwaukee. Le démocrate avait également mentionné une anecdote inexacte, «ce qui avait permis au camp républicain de le traiter de menteur jusqu’à la fin de la campagne». Vingt ans plus tard, le premier débat présidentiel de cette campagne est venu rappeler à quel point Donald Trump a fait bouger les lignes de la décence et de la civilité en politique. Forçant son adversaire à se mettre à son niveau, parfois avec un langage de cour de récré. Au choix, Joe Biden a traité Donald Trump de «clown», de «menteur», de «chiot de Poutine», de «pire président que l’Amérique ait jamais eu». Excédé par ses interruptions incessantes, il lui a même demandé de «la fermer». Le Président a rétorqué qu’il n’y avait «rien d’intelligent chez Biden». «Vous n’auriez jamais pu faire le travail que nous avons fait, vous n’avez pas ça dans le sang», a martelé Donald Trump, célébrant sa gestion de la crise du coronavirus, qui a fait 206 000 morts aux Etats-Unis. En d’autres temps, les invectives de Biden auraient sans doute été jugées inacceptables. Mais elles passent au second plan devant l’attitude brutale de Trump, qui a multiplié les mensonges et les attaques personnelles contre son adversaire, et n’a cessé de chercher à le pousser à la faute.

Le débat d’idées porté disparu

Les Etats-Unis ont beau traverser leur plus grave crise sanitaire en un siècle et leur pire récession depuis celle de 1929, Joe Biden a beau avoir le programme le plus détaillé de l’histoire moderne du Parti démocrate, le débat de fond n’a jamais réussi à trouver sa place. Même les électeurs en quête d’un aperçu sommaire des propositions des candidats, sur des sujets aussi divers que l’épidémie de coronavirus, la fiscalité, l’assurance santé ou les tensions raciales, sont repartis bredouilles. Joe Biden s’y est certes un peu frotté, note Célia Belin : «A chaque fois qu’il avait des segments de deux minutes au cours desquels Trump le laissait à peu près parler, il a essayé de prendre de la hauteur, d’exposer sa vision.» Sans pour autant se départir de ses attaques envers son rival. «Sous sa présidence, l’Amérique est devenue plus faible, plus malade, plus pauvre, plus divisée et plus violente», a ainsi déroulé Biden, confirmant que le scrutin du 3 novembre était avant tout un référendum sur Donald Trump. En d’autres temps, la succession controversée de la juge Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême ou les récentes révélations du New York Times sur les faibles impôts payés par le milliardaire auraient sans doute suscité d’intenses discussions. Mais «depuis que Donald Trump a lancé sa campagne il y a cinq ans, nous avons assisté à mille coups de théâtre à son propos. Aucun n’a vraiment déplacé le curseur», rappelle Patrick Murray, directeur de l’institut de sondages de la Monmouth University. Dans une société polarisée à l’extrême, la course à la Maison Blanche est depuis des mois «très peu volatile», rappelle-t-il : «Un nombre très élevé d’électeurs ont déjà fait leur choix : il y a très peu d’électeurs indécis.» Au point que même la perception de la crise sanitaire et économique du Covid-19 est vue «à travers un prisme partisan», prévient Murray.

La démocratie fragilisée

Donald Trump «fait campagne sans programme, en basant tout sur l’idée que s’il perd, c’est parce que les gens auront triché», rappelle Thomas Holbrook. Continuant de fragiliser un peu plus les institutions démocratiques, le chef d’Etat a renouvelé mardi soir ses attaques contre l’intégrité du scrutin de novembre. Joe Biden s’est engagé à «accepter» le résultat de l’élection, quel qu’il soit. Donald Trump, lui, a esquivé. Se bornant à affirmer sans preuves, comme il le fait depuis des semaines, que le vote par correspondance, qui s’annonce important en raison de la pandémie, favoriserait des «fraudes comme nous n’en avons jamais vu». Il a également avancé que les résultats de l’élection présidentielle pourraient ne pas être connus «avant des mois». Et concluant, comme une menace : «Ça va mal finir.» «Plus Donald Trump questionne l’intégrité des élections, plus les électeurs vont être inquiets, souligne Thomas Holbrook. Le problème de cette attitude, c’est que s’il perd, la confiance d’une partie des Américains envers l’élection sera encore plus érodée, même si ses accusations de fraudes massives ne sont tout simplement pas étayées par les faits.»

L’ombre des violences

Le président américain s’était déjà refusé, il y a quelques jours, à s’engager à une passation pacifique du pouvoir. Mardi soir, il n’a rien fait pour répondre aux inquiétudes liées à un potentiel chaos post-électoral, en cas d’attente de résultats pour cause de long décompte du vote par correspondance, ou de tentatives d’intimidation d’électeurs par ses partisans lors du scrutin. Interrogé sur sa volonté «d’appeler ses supporteurs au calme», et «d’attendre que tous les bulletins de vote soient comptés avant de déclarer victoire», Trump a répondu qu’il «encourage [ait] [s] es supporteurs à se rendre dans les bureaux de vote et à surveiller [le scrutin] très attentivement». Et qu’il ne pourrait rester les bras croisés, s’il voyait «des dizaines de milliers de bulletins manipulés». Il a refusé de condamner les milices d’extrême droite et autres groupes d’autodéfense armés, très visibles ces derniers mois en marge de manifestations antiracistes, ainsi que les partisans de la suprématie blanche, pourtant considérés par le FBI comme une menace à la sécurité nationale. Les confrontations entre manifestants antiracistes et groupuscules d’autodéfense ont fait des morts des deux côtés il y a un mois, à Portland dans l’Oregon et Kenosha dans le Wisconsin. Le président américain s’est même adressé aux Proud Boys, une organisation néofasciste, masculiniste et pro-Trump née en 2016, considérée comme un «groupe haineux» par le Southern Poverty Law Center. Loin d’un appel au calme, c’est un appel aux armes qu’a lancé Donald Trump, devant des dizaines de millions de téléspectateurs : «Proud Boys, tenez-vous en retrait et tenez-vous prêts ! Je vais vous dire moi : quelque chose doit être fait contre les antifas et la gauche», a-t-il justifié. Les Proud Boys, qui se présentent comme «antipolitiquement correct» et «anticulpabilité blanche», avec une rhétorique misogyne et antimusulmans, ont célébré sur leurs forums les propos du Président, perçus comme une approbation tacite de leur stratégie violente. Et se sont félicités, selon des messages postés sur Telegram et cités par le New York Times, d’avoir vu un pic de «nouvelles recrues».

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2 octobre 2020

Autoportrait - Frac Bretagne à Rennes

FRAC Rennes (14)

2 octobre 2020

Laïcité : comment Macron a imposé le séparatisme dans le débat

Par Cécile Chambraud, Louise Couvelaire - Le Monde

Le chef de l’Etat doit présenter aux Mureaux (Yvelines), ce vendredi, son plan d’action qui va faire l’objet d’un projet de loi.

Après plusieurs reports, Emmanuel Macron doit présenter vendredi 2 octobre, aux Mureaux (Yvelines), son action contre « les séparatismes », une priorité revenue au premier plan cet été et qui doit faire l’objet d’un projet de loi d’ici à la fin de l’année. Le texte est longtemps resté dans les limbes. « Il est trop tôt pour parler du contenu », avait ainsi indiqué mi-septembre Jean Castex aux représentants des cultes, reçus un à un à l’Hôtel Matignon.

Le gouvernement, lui, en parle beaucoup. Jean Castex l’a annoncé lors de son discours de politique générale, le 15 juillet, Emmanuel Macron l’a confirmé le 4 septembre. Quant au duo formé au ministère de l’intérieur par Gérald Darmanin et Marlène Schiappa, il en a fait une des clés de sa ligne politique. Mais ce qu’en a dit jusqu’à présent l’exécutif est jugé bien faible, voire « à côté de la plaque » par les acteurs de terrain.

Pendant tout l’été, le ministre de l’intérieur a préparé cette mobilisation par un discours alarmiste. « Le pays est malade de son communautarisme et désormais d’un islam politique qui veut renverser les valeurs de la République », a-t-il lancé dans La Voix du Nord le 18 juillet, avant de présenter le futur projet de loi comme un rempart contre « la guerre civile ». Puis, il a dénoncé quelques jours plus tard « l’ensauvagement d’une certaine partie de la société ».

Dans sa ligne de mire : les quartiers populaires, qu’il dépeint comme gangrenés tantôt par les intégristes musulmans, tantôt par les trafiquants. Le ton est donné. Certains le jugent glissant. Entre « ensauvagement » et « séparatisme », les banlieues sont l’objet d’un « jeu politicien dangereux » au nom d’un calcul « électoral court-termiste », analyse François Cornut-Gentille, député (Les Républicains, LR) de Haute-Marne et coauteur d’un rapport parlementaire sur la « faillite de l’Etat » en Seine-Saint-Denis, publié en mai 2018.

Changement de pied

Ce branle-bas de combat au secours de la République en danger arrive comme le point d’orgue d’une évolution du discours d’Emmanuel Macron depuis un an. Conscient de l’intrication de différentes dimensions qu’il ne souhaitait pas confondre – tentation radicale, fondamentalisme, influences étrangères, organisation du culte, discriminations –, le président de la République avait jusqu’alors marché sur des œufs. Mais après avoir pointé du doigt le « communautarisme » pendant plusieurs mois, il a introduit le mot « séparatisme » dans le débat public à la suite de l’attentat à la Préfecture de police de Paris, en octobre 2019, pour cibler un islam en rupture avec les règles sociales et politiques.

« [EMMANUEL MACRON] A LONGTEMPS DÉNONCÉ LES AMALGAMES. AUJOURD’HUI, IL LES FABRIQUE », ESTIME AURÉLIEN TACHÉ, DÉPUTÉ EX-LRM DU VAL-D’OISE

Ce changement de pied a surpris et déçu certains anciens élus de La République en marche (LRM). « En 2017, il avait un discours beaucoup plus mesuré, estime ainsi Aurélien Taché, député du Val-d’Oise. Il a longtemps dénoncé les amalgames. Aujourd’hui, il les fabrique. On termine le quinquennat avec un président qui n’aura pas prononcé le nom de George Floyd [un Afro-Américain asphyxié lors de son arrestation par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis] et qui charge ses deux ministres (Darmanin et Schiappa) d’assumer un virage néoconservateur. Avec ce type d’approche, on n’aura pas réussi à éliminer un extrémisme – islamiste – et on aura réussi à renforcer un autre – d’extrême droite. »

Au départ, le « séparatisme » vise sans détours et exclusivement certaines conceptions et pratiques de l’islam. « Dans certains endroits de la République, affirme Emmanuel Macron sur RTL le 28 octobre 2019, il y a un séparatisme qui s’est installé, c’est-à-dire la volonté de ne plus vivre ensemble, de ne plus être dans la République, au nom d’une religion, l’islam, en la dévoyant. » En février, à Mulhouse (Haut-Rhin), ce séparatisme devient même le « séparatisme islamiste ». Cet été, après la parenthèse de la crise sanitaire, le séparatisme est revenu en force en gagnant au passage le « s » du pluriel. Une subtilité sémantique qui ne dupe personne, les cibles principales restent musulmanes.

« Intérêts court-termistes dangereux »

« En optant pour cette approche, le gouvernement veut donner des gages à la droite, son électorat, et défend ainsi des intérêts court-termistes dangereux qui risquent de susciter des vocations », alerte Mohamed Bajrafil, linguiste et imam à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Il n’est pas le seul à craindre des effets contre-productifs. « J’ai peur que ce genre de discours omniprésent pousse les plus vulnérables dans les bras de personnes mal intentionnées », prévient Yacine Hilmi, président de l’association Hozes, qui propose des sessions de formations – apprentissage du français, découverte des institutions… – aux imams dans toute l’Ile-de-France.

« J’AI PEUR QUE CE GENRE DE DISCOURS POUSSE LES PLUS VULNÉRABLES DANS LES BRAS DE PERSONNES MAL INTENTIONNÉES », PRÉVIENT YACINE HILMI, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION HOZES

Dans un entretien au Parisien, le 7 septembre, Gérald Darmanin et Marlène Schiappa n’ont pas masqué cette orientation en évoquant l’interdiction des « certificats de virginité ». Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, conteste cette association avec l’islam. D’autres jugent cette pratique si « anecdotique » qu’ils ne comprennent pas qu’elle soit ainsi montée au rang de priorité. « On nage en plein délire, tempête Driss Ettazaoui, adjoint au maire d’Evreux et vice-président de l’association des maires Ville et Banlieue. Ça représente quoi, ces certificats ? Il doit probablement y avoir quelques cas, mais les enjeux ne sont pas là. Tous ces propos inconséquents sèment la confusion et créent un climat de haine et de défiance qui fracture le pays. »

Autre piste évoquée : pour recevoir des subventions publiques, les associations devraient signer un « contrat » présenté tantôt comme un « engagement sur la laïcité », tantôt sur « les valeurs de la République », dont l’égalité hommes-femmes. Le contenu reste flou. Pour le Planning familial, par exemple, il est hors de question de contraindre ses membres à la neutralité vestimentaire. « Nous pratiquons l’accueil inconditionnel de toutes les femmes. Salariées et militantes s’habillent comme elles veulent », rappelle Véronique Séhier, ancienne coprésidente.

Mesures de contrôle et sanctions

Telle qu’elle ressort des discours ministériels actuels, la lutte contre « les séparatismes » se résume à des mesures de contrôle et de sanctions. Il ne reste plus grand monde pour défendre la dimension sociale de cette politique. « Au nom d’un problème qui existe mais qui n’est pas aussi massif qu’on veut bien le présenter, on stigmatise toute une communauté, se désole Yacine Hilmi. Qui sont ces séparatistes ? Combien sont-ils ? Où sont-ils ? Tout ça est très vendeur, mais cela ne pose pas les bonnes questions. Le vrai sujet, il est social : quels moyens est-on prêt à investir pour sortir ces habitants des difficultés ? »

Amputé du logement, et donc de sa principale source de financement, le ministère de la ville est devenu un « ministère accessoire », dénonce François Cornut-Gentille. « Ce ministère n’a plus les moyens de mener une politique publique ambitieuse et la nouvelle ministre, Nadia Hai, même si c’est une dame respectable, n’a pas la dimension pour peser sur la ligne du gouvernement. » L’élu parle d’un « déni de réalité sur les quartiers » : « Tous ces faux débats sur l’islam et le séparatisme – même s’il est indéniable qu’il y a un problème – détournent de la réalité du terrain qu’on ne veut pas voir : l’effondrement de l’Etat et l’explosion des mafias autour des trafics illégaux. La vérité, c’est que l’on n’a aucune stratégie. Au lieu de repenser les outils de l’action publique, de réinventer la politique de la ville et d’admettre qu’il ne s’agit pas seulement d’un problème de répression policière mais surtout d’action sociale, on parle d’islam. »

« Face à la ligne dominante Blanquer-Darmanin-Schiappa, Nadia Hai n’est absolument pas en mesure de faire le poids », déplore Aurélien Taché. « Le levier qu’il faut activer en urgence aujourd’hui, c’est pourtant le levier social », insiste Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon. Ça fait trois ans qu’on attend un vrai projet de l’exécutif, et trois ans plus tard, on nous sort le séparatisme ! Le problème, ce n’est pas les certificats de virginité ; la réponse, ce n’est pas un certificat de laïcité ; méconnaître à ce point la réalité du terrain, c’est très préoccupant. Si on persiste dans ce sens, on va continuer à produire des gens qui ne se sentent pas français. »

2 octobre 2020

Marisa Papen

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2 octobre 2020

Etats-Unis : Donald Trump testé positif au Covid-19

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Le président américain avait confirmé auparavant le test positif de l’une de ses plus proches collaboratrices, Hope Hicks, qui était avec lui lors de ses derniers déplacements et annoncé qu’il était en quarantaine.

Le test positif au Covid-19 d’une proche collaboratrice, Hope Hicks, a contraint le président Donald Trump à en subir un jeudi 1er octobre. Le test s’est révélé positif, a annoncé le président sur Twitter. Quelques instants auparavant, il avait indiqué qu’il s’isolait, en compagnie de sa femme, Melania, officiellement dans l’attente des résultats.

L’agenda du président pour vendredi, rendu public jeudi soir, mentionnait une réunion avec des sympathisants au Trump Hotel de Washington avant un départ pour la Floride. Donald Trump devait en effet tenir un meeting politique à Sanford, près d’Orlando, avant de rentrer dans la soirée dans la capitale fédérale.

Revenue à la Maison Blanche en février après un détour par la direction de la communication de Fox News, Hope Hicks est l’une des rares personnes en dehors de sa famille à disposer de la confiance du président. Elle était à bord d’Air Force One avec Donald Trump lorsqu’il s’est rendu mardi à Cleveland, dans l’Ohio, pour participer au débat qui l’a opposé à Joe Biden. Elle a également voyagé avec lui le lendemain mercredi lorsqu’il s’est déplacé dans le Minnesota pour un meeting de campagne.

Aucun ne portait de masque

C’est au cours de ce déplacement que la jeune femme a été testée positive au coronavirus et qu’elle a quitté le cortège présidentiel. Elle avait voyagé auparavant non seulement avec le président mais aussi avec sa garde rapprochée, dont son gendre Jared Kushner, l’un de ses plus influents conseillers, et son directeur de la communication numérique, Dan Scavino, au côté de Donald Trump depuis plus de deux décennies. Lorsque le petit groupe avait quitté la West Wing à bord de Marine One, l’hélicoptère présidentiel, mercredi, en direction de la base militaire d’Andrew, aucun ne portait de masque. Ces proches conseillers s’abstiennent généralement de s’en munir, alors que le président n’en arbore pratiquement jamais.

Ce n’était pas la première fois, pourtant, que le virus touche la Maison Blanche. Le conseiller à la sécurité nationale, Robert O’Brien, a été testé positif en juillet, tout comme plusieurs agents du Secret Service, chargé aux Etats-Unis de la protection des personnalités, dont certains pour avoir été présents lors du meeting tenu en juin à Tulsa dans l’Oklahoma. Katie Miller, la porte-parole du vice-président Mike Pence, avait été testée positive en mai. Aucune de ces personnes ne jouit cependant d’un accès au président comparable à celui de Hope Hicks, présente à ses côtés dès son entrée en politique, il y a cinq ans.

Avant l’annonce de cette contamination, une modification du calendrier du président avait déjà ramené l’épidémie sur le devant de la scène. L’équipe de campagne de Donald Trump avait en effet déplacé un meeting prévu samedi dans l’ouest du Wisconsin, à La Crosse, après les appels du maire de la ville et du gouverneur de l’Etat, tous deux démocrates, pour qu’il n’y tienne pas de rassemblements publics en raison d’une augmentation du nombre de cas de coronavirus. Les meetings présidentiels sont organisés désormais en plein air sur des tarmacs d’aéroports. Le directeur de celui de La Crosse a assuré que le meeting a été annulé en raison d’un problème de contrat de location.

Meetings remis en cause

Donald Trump n’avait cependant pas renoncé à faire campagne dans cet Etat qu’il doit conserver, après une victoire surprise en 2016, pour préserver ses espoirs de réélection. Faute de pouvoir être à La Crosse, il avait prévu de se rendre dans une ville située à 200 kilomètres de là, dans une zone moins touchée par les contaminations. Il devait participer à une autre réunion publique le même jour dans le même Etat à Green Bay. Le Wisconsin occupait jeudi le troisième rang parmi les Etats pour l’augmentation des cas par habitant au cours des deux dernières semaines. Ces meetings, tout comme les événements prévus pour vendredi, étaient désormais remis en cause.

Avec plus de 46 000 cas recensés jeudi, la reprise de l’épidémie se confirme aux Etats-Unis, un élément qui pourrait compliquer la fin de campagne présidentielle. Donald Trump ne recueille l’assentiment que de 40,4 % des personnes interrogées à propos de sa gestion de la maladie. Il s’efforce de concentrer l’attention sur la découverte prochaine d’un vaccin alors que son adversaire démocrate insiste au contraire sur une crise qui témoigne selon lui de l’inaptitude à gouverner de Donald Trump. Dans un livre publié à la mi-septembre, le journaliste Bob Woodward assure, enregistrements à l’appui, que Donald Trump a minimisé la sévérité du virus alors qu’il connaissait sa létalité.

Au cours du débat particulièrement houleux du 29 septembre, Donald Trump a ironisé sur la discipline que s’impose Joe Biden, qui porte un masque en toutes circonstances et qui a renoncé aux meetings et aux bains de foule pour respecter les recommandations des Centre de contrôle et de prévention des maladies. « Je ne porte pas de masque comme lui. Chaque fois que vous le voyez, il a un masque. Il peut parler à 200 mètres de quelqu’un et il se présente avec le plus grand masque que j’aie jamais vu », a assuré le président des Etats-Unis. Lorsque le modérateur, le journaliste Chris Wallace, a noté que Joe Biden tient de plus petites réunions publiques, Donald Trump l’a aussitôt interrompu en assurant : « Parce que personne ne vient. »

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2 octobre 2020

Photos vues sur internet - j'aime beaucoup

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2 octobre 2020

SPÉCIAL CHARLIE HEBDO - «Charlie», 50 ans et tout son mordant

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Par Frédérique Roussel — Libération

Né le 23 novembre 1970 pour prendre la relève de «l’Hebdo Hara-Kiri», interdit à la vente par le pouvoir, «Charlie Hebdo» est resté fidèle à son impertinence et à sa liberté de ton. Un copieux florilège de dessins, unes et articles relate son aventure.

Cinquante balais le mois prochain. Charlie fête son anniversaire. On dirait le titre cucul la praline d’un album pour la jeunesse. Sauf qu’avoir un demi-siècle, en général, n’a rien de léger, que celui-là est assombri par LE massacre, et qu’il tombe dans un contexte de procès des attentats de janvier 2015. N’empêche. L’équipe de Charlie Hebdo continue sa «Vie de château», comme l’a représenté sur deux pages Vuillemin le 3 janvier 2018, un dessin reproduit à la fin de Charlie Hebdo : 50 ans de liberté d’expression qui sort ce jeudi. Un château plutôt qu’un bunker, parce qu’il continue à repousser les assauts des cons de tous poils et qu’il demeure une tour inexpugnable de la liberté d’expression, et de celle de la liberté de ton aussi.

On aimerait pouvoir assister par autorisation exceptionnelle divine, si on y croyait, ou par technologie futuriste de voyage dans le temps, si elle existait, aux ires et rires qui ont propulsé le premier numéro, celui du 23 novembre 1970. Raymond Marcellin avait interdit l’Hebdo Hara-Kiri du «Bal tragique à Colombey : 1 mort». En faisant un raccourci hâtif, on peut dire que le général de Gaulle a entraîné l’Hebdo dans la tombe avec lui. Mais la bande d’alors - Cabu, Cavanna, Choron, Delfeil de Ton, Fournier, Gébé, Reiser, Willem, Wolinski - l’a ressuscité sous les oripeaux de Charlie Hebdo.

Démêlés judiciaires

Interdit d’interdire, l’antienne de 1968, coulait de source pour eux. Charlie Hebdo était un pied de nez à la censure, une solution provisoire, «une solution de désespoir», en attendant la fin de l’interdiction de la loi de 1949 (protéger la jeunesse des «mauvaises» lectures, prétexte alors à des coupes sombres dans environ 5 000 livres, revues et journaux au total) qui frappait l’Hebdo. Mais ce n’est que dix ans plus tard, en 1981, qu’un autre ministre de l’Intérieur, de gauche celui-là, Gaston Defferre, la leva. Peu de temps après cette liberté recouvrée, le 11 janvier 1982, Charlie se saborda. «Pourquoi ? Parce que tu ne l’achètes pas, mon salaud.» Du Cavanna évidemment, qui insultait copieusement ceux qui ignoraient son bébé papier bête et méchant, «des cons et des veaux qui ne savent pas ce qu’est bon». Conclusion : quand Charlie disparaît, ce n’est pas de la censure, peut-être de bas besoins financiers, de la faute aux non-lecteurs ou même à un membre qui quitte le navire, comme Siné en 2008. Mais pas de la censure, la liberté est sa raison d’être. 

Cinquante ans de liberté d’expression, c’est l’angle, comme on dit dans la presse, de l’ouvrage cadeau (d’anniversaire) de Charlie Hebdo. Y sont rassemblés des unes frappantes, des dessins, des articles, tous en rapport avec ce sujet majeur, mais aussi avec ceux qui sont censés l’exercer, autrement dit les journalistes et les médias. «La liberté de la presse sans journalistes, c’est comme un myopathe sans chaise roulante : elle ne risque pas d’aller très loin.» L’hebdo ne s’est jamais gêné pour taper ses confrères, pour critiquer la tendance de la presse à être rachetée par des industriels soucieux d’image, à être vendue aux annonceurs («La publicité nous prend pour des cons. La publicité nous rend cons», disait Cavanna, en 1994), à être pleutre («journalisme anti-vagues»). Il y a aussi dans ce florilège les dessins et articles suscités par les polémiques et les démêlés judiciaires («L’histoire de Charlie Hebdo pourrait s’écrire uniquement à travers les procès dont il fut l’objet»). On pourrait penser que la publication des caricatures en 2006, puis ses suites au tribunal, représentent un tournant dans l’histoire de Charlie. Pour les autres peut-être. Pour l’esprit Charlie, non.

Rire de tout

Car si on regarde la photo de bout en bout, rien n’a bougé philosophiquement. C’est ce que nous dit Riss en préface. La ligne a été fidèle à la lettre de ses fondateurs, comme on dit : «Mais comment un journal qui s’était battu depuis 1970 pour combattre toutes les formes de restriction à la liberté d’expression aurait pu à son tour céder à la censure en s’interdisant de publier ces dessins blasphématoires ? C’est toute l’histoire de Charlie Hebdo qui imposait de le faire.» Ce qui a été moins fidèle, c’est la capacité de la société à accepter qu’on puisse rire de tout. Des petits trucs «gribouillés» (Riss, le 25 février 2015) faits pour amuser et donner à réfléchir (pas toujours bons d’ailleurs), ont déclenché une tuerie. Le dernier chapitre de ce livre des 50 ans, c’est «Charlie vivant». Pub : le numéro 1 471 est en kiosque.

Charlie Hebdo : 50 ans de liberté d’expression Les Echappés, 328 pp., 39 €.

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Libération du 1er octobre 2020

2 octobre 2020

DÉDALE - Vannes

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2 octobre 2020

États-Unis : une proche conseillère de Donald Trump testée positive au coronavirus, le président dit se mettre à l’isolement.

Après le test positif au coronavirus de sa proche collaboratrice Hope Hicks, Donald Trump a dit jeudi 1er octobre que lui et son épouse Melania avaient fait un test, et qu’ils se confinaient en attendant les résultats, indique Politico. “Nous verrons ce qui se passera, mais qui sait ?”, a déclaré le président américain lors d’une interview télévisée dans la soirée. Hope Hicks a voyagé deux fois avec le chef de l’État cette semaine – mardi pour son débat avec le candidat démocrate à la Maison-Blanche Joe Biden, et mercredi pour un meeting de campagne dans le Minnesota – et elle a été vue “sans masque” à bord d’Air Force One, note le site.

2 octobre 2020

VOGUE Italia rend hommage à Helmut Newton

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