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Jours tranquilles à Paris

1 octobre 2020

Les Inrockuptibles - Juliette Gréco

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1 octobre 2020

Les associations saluent la fin des animaux sauvages dans les cirques et delphinariums

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Photo : Jacques Snap. Lion dans un petit cirque itinérant en été de passage à Erdeven.

Par Mathilde Gérard - Le Monde

La ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, a annoncé mardi la fin progressive des spectacles itinérants mettant en scène fauves, primates ou cétacés, ainsi que l’interdiction, sous cinq ans, des élevages de visons.

« Fauves, éléphants, singes, dauphins ou visons : il est temps d’ouvrir une nouvelle ère dans notre rapport à ces animaux. » La ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, a annoncé, mardi 29 septembre, une série de mesures sur la faune sauvage détenue en captivité : fin progressive des animaux sauvages dans les cirques itinérants et des spectacles avec orques et dauphins et, interdiction, d’ici cinq ans, des élevages de visons d’Amérique pour leur fourrure.

Ces annonces, dont le cadre formel – arrêté, décret ou loi – n’a pas été précisé, interviennent plus d’un an après des consultations sur ces sujets avec les associations et professionnels concernés, lancées au printemps 2019 sous l’égide du ministre alors chargé de la transition écologique, François de Rugy. Tandis que les conclusions du gouvernement étaient attendues à l’automne 2019, sa successeure, Elisabeth Borne, n’avait pas tranché ce dossier épineux. C’est finalement la nouvelle occupante de l’hôtel de Roquelaure, Barbara Pompili, qui a arbitré en faveur de la fin de l’activité des delphinariums et d’une transition vers des spectacles sans animaux pour les cirques.

« C’est un grand jour, une avancée historique. Cette décision acte le fait que nous avons actuellement la dernière génération d’animaux sauvages détenue dans les cirques itinérants », s’est félicitée Amandine Sanvisens, présidente de l’association Paris Animaux Zoopolis, qui a participé à la concertation en 2019. Les organisations de défense des animaux, de PETA à la Fondation Droit animal, en passant par L214, se sont unanimement réjouies de ces annonces. L’association One Voice, pour qui les mesures « vont dans le bon sens », s’inquiète toutefois du manque de précisions sur les modalités et le calendrier prévus. « Ces annonces arrivent après plus d’un an d’attente. Ce ne serait pas inquiétant si elles n’étaient pas si floues », a indiqué dans un communiqué sa présidente, Muriel Arnal.

« Couteau dans le dos »

« On nous plante un couteau dans le dos, a pour sa part réagi William Kerwich, directeur de cirque et président du Syndicat des animaux de cirque et de spectacle. Notre profession est déjà très affaiblie par la crise sanitaire. On nous parle d’un accompagnement sur cinq ans, mais c’est aujourd’hui que nous avons besoin d’aide, pour nos professionnels et pour subvenir aux besoins des animaux. » Le directeur du Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes) a lui aussi dénoncé une décision « injuste et injustifiée », tandis que le parc Astérix a indiqué « prendre acte de ces déclarations ».

La ministre a fixé un horizon à deux ans pour la fin de l’activité des quatre orques et sept à dix ans pour les dauphins répartis dans les différents parcs d’attraction français. Concernant les cirques, la ministre, qui a rencontré les professionnels vendredi 25 septembre, leur a donné « une fourchette » mais n’a pas souhaité communiquer de date butoir. « Mettre une date ne résout pas tous les problèmes, je préfère mettre en place un processus pour que ça arrive le plus vite possible », a justifié Barbara Pompili. Selon M. Kerwich, la ministre leur a fait part d’un horizon à cinq ans.

Sous pression des associations, qui militent sur ces sujets depuis des dizaines d’année, et d’une opinion publique de plus en plus sensible à la cause animale, le gouvernement a présenté ces mesures quelques jours avant l’examen à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi sur la condition animale portée par le député Cédric Villani (Groupe Ecologie, démocratie et solidarité, EDS). Un projet de référendum d’initiative partagée, lancé au début de l’été par des associations et des chefs d’entreprise, a par ailleurs réuni à ce jour 770 000 signatures et le soutien de 141 parlementaires (180 signatures d’élus seront nécessaires pour enclencher le processus). Parmi les six propositions contenues dans le projet, figurent l’interdiction des élevages pour la fourrure, et celle des spectacles avec animaux sauvages dans les cirques.

« Tout le monde bougeait sur ces questions, sauf le gouvernement qui n’arrivait pas à prendre des décisions et enchaînait depuis trois ans concertations et groupes d’études », a réagi le député EDS Matthieu Orphelin, relevant la proximité de ces annonces avec l’examen en commission des affaires économiques, jeudi 1er octobre, du texte porté par son groupe parlementaire. « On les a forcés à sortir de l’inaction et on assume de les avoir forcés à bouger. »

Quelques centaines d’animaux concernés

Selon les chiffres du ministère, les mesures annoncées affecteront 80 cirques itinérants en France, pour environ 250 animaux – il n’existe toutefois pas de recensement précis par espèces des animaux concernés, pourtant demandé par les associations –, trois parcs delphinariums et quatre élevages de visons encore en activité.

Le gouvernement assure que les professionnels seront accompagnés à hauteur de 8 millions d’euros, pour assurer la reconversion des salariés concernés (soignants et dresseurs notamment) et trouver des solutions de refuge pour les animaux concernés. N’ayant connu que la captivité pour la plupart, ils ne peuvent être remis directement en liberté et des refuges et sanctuaires marins pour les cétacés sont à l’étude. Mais l’enveloppe d’aide annoncée paraît dérisoire à M. Kerwich : « La ministre est en train de se moquer de nous. Pourra-t-on organiser des spectacles à Noël ? Qui va s’occuper de nos animaux ? Comment vont faire nos soignants ? Les dresseurs doivent-ils s’improviser clowns ? Dès aujourd’hui, des grandes villes refusent de nous recevoir. On a besoin de réponses plus concrètes. »

Dans sa présentation, Barbara Pompili a appelé les quelque 400 collectivités qui ont pris des arrêtés ces dernières années contre l’installation de cirques itinérants avec animaux à ne pas fermer leurs portes. « On demande un énorme effort de transition à la profession. On doit plutôt les aider que les stigmatiser », a insisté la ministre.

30 septembre 2020

ETAM - Fashion Week

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30 septembre 2020

Vu du Canada - Rimbaud et Verlaine au Panthéon : “Qui sommes-nous pour pacser ce drôle de couple” ?

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LE DEVOIR (MONTRÉAL)

Depuis la parution d’une pétition en faveur de la panthéonisation des deux poètes, le Tout-Paris s’étrangle sur l’idée de faire reposer Arthur Rimbaud et Paul Verlaine aux côtés des “grands hommes” sur la montagne Sainte-Geneviève. Un débat aussi français qu’insupportable, commente ce chroniqueur canadien dans un billet bien trempé.

Il n’y a qu’en France qu’un tel débat est encore possible. Depuis une semaine, le Tout-Paris s’écharpe à propos d’une pétition publiée dans Le Monde [Courrier international fait partie du groupe Le Monde]. Une centaine de personnalités y proposaient de faire entrer Paul Verlaine et Arthur Rimbaud au Panthéon. Ce mausolée de la montagne Sainte-Geneviève au fronton duquel est écrit “Aux grands hommes la patrie reconnaissante”, et qui accueille Victor Hugo, Jean Moulin, Simone Veil et quelques autres.

Parmi les signataires, on trouve pas moins de neuf anciens ministres, dont celui de la Culture Jack Lang. Sa successeure Roselyne Bachelot leur a aussitôt apporté son soutien. La controverse ne tient évidemment pas aux mérites respectifs de ces deux génies incontestés du verbe. Elle tient plutôt aux raisons qui justifieraient cette entrée insolite, en couple, de deux poètes dont les œuvres sont radicalement différentes. Selon les pétitionnaires, c’est d’abord en tant que “couple homosexuel” et “symboles de la diversité” que les deux poètes devraient reposer aux côtés de Voltaire et Rousseau.

C’est ici que le bât blesse. Qui sommes-nous en effet pour pacser malgré eux sous les ors du Panthéon ce drôle de couple dont l’idylle, aussi brève qu’arrosée d’absinthe, se termina tout de même par deux coups de feu, une balle dans le bras, un séjour à l’hôpital et deux ans de prison pour Verlaine ? Et surtout, depuis quand entre-t-on au Panthéon en fonction de son orientation sexuelle ? D’autant que ni Verlaine ni Rimbaud n’en firent un combat. Loin de là !

Des “Oscar Wilde français”, jamais !

Ne serait-il pas aussi réducteur de hisser Rimbaud et Verlaine au pinacle pour cause d’homosexualité que de les vouer aux gémonies parce que le premier fut marchand d’armes et d’ivoire en Afrique, embauchant à l’occasion quelques esclaves, et que le second a battu sa femme et fréquenté un mineur ? Car Rimbaud avait alors 17 ans. Sans compter que l’auteur des Illuminations ne cachait pas son dédain du “patrouillotisme” et que celui de Romances sans paroles avait souhaité que les communards à coups de canon détruisent le… Panthéon.

Les pétitionnaires ont beau se croire provocateurs, ils ne font, au fond, qu’obtempérer aux injonctions de l’époque. Comme si l’aspect insolent de l’homosexualité n’avait pas été récupéré depuis belle lurette par le discours dominant, et même par la publicité. Contrairement à ce qu’écrivent les pétitionnaires, Verlaine et Rimbaud sont loin d’être des “Oscar Wilde français”. Peut-être Verlaine a-t-il vu sa peine prononcée (en Belgique) aggravée à cause des préjugés de son siècle. Mais, la Révolution française ayant supprimé le crime de sodomie dès 1791, jamais ni l’un ni l’autre n’auraient pu être condamnés à deux ans de travaux forcés, comme le fut le poète irlandais. D’ailleurs, Wilde ne s’est-il pas réfugié en France ?

“Obscène spectacle que celui de ces apprentis sorciers manipulant des cadavres pour les envoyer au front, dans une guerre qui n’est pas la leur”, écrit avec justesse l’écrivain Pierre Jourde dans L’Obs. Au lieu d’inciter la jeunesse à lire ce génie qui composait à 16 ans des vers en latin, on préfère travestir Rimbaud en “char de la Gay Pride”, affirmait le poète Alain Borer en 2015. Comme si, dans ce monde sans littérature, l’œuvre devait dorénavant s’effacer devant la banalité de la vie de chacun, fut-elle celle d’un grand poète.

Spécialiste de Rimbaud, Borer est à l’origine d’une seconde pétition dénonçant, dans cette panthéonisation, une “instrumentalisation de la poésie”. Parmi la cinquantaine de signataires, on trouve les poètes québécois Denise Boucher, Bernard Pozier et Rodney Saint-Éloi. Les auteurs dénoncent au passage une forme de communautarisme et un “acte supplémentaire de l’américanisation […] qui envahit la culture française et qui la compromet chaque jour jusque dans sa langue”.

L’art relevait du beau et non du bon

L’occasion est belle de rappeler quelle haute conception se faisait de la littérature le chantre du “long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens”. La morale, ou plutôt la leçon de morale, n’y avait pas sa place. On est à des années-lumière de la moraline qu’exhalent aujourd’hui tant de romans, de pièces de théâtre et de films soumis aux nouveaux canons de la rectitude politique.

Pour ces poètes, l’art relevait du beau et non du bon. “Il faut peindre les vices tels qu’ils sont ou ne pas les voir, écrivait Baudelaire à propos de Madame Bovary. Et si le lecteur ne porte pas en lui un guide philosophique et religieux qui l’accompagne dans la lecture du livre, tant pis pour lui.”

Les poètes candidats au Panthéon ne manquent pas. Parmi eux, citons Charles Péguy, mort au champ d’honneur en 1914. On pense aussi à Guillaume Apollinaire, d’origine polonaise, blessé lors de la Première Guerre mondiale et qui terminait ses soupers en chantant la Marseillaise.

Ceux-là n’ont malheureusement pas de lobby suffisamment puissant pour aller s’étendre à côté de Victor Hugo. Ce “père Hugo” dont Verlaine disait qu’on l’avait “fourré dans une cave où il n’y a pas de vin”.

Christian Rioux

30 septembre 2020

Les Seins Français

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30 septembre 2020

Election américaine : Donald Trump torpille son premier débat présidentiel face à Joe Biden

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Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Les deux candidats à la Maison Blanche ont débattu dans une ambiance électrique, mardi, lors de leur premier face-à-face télévisé à Cleveland, suivi par des dizaines de millions d’Américains.

Une effroyable tempête, voilà à quoi s’est résumé le premier débat présidentiel organisé mardi 29 septembre entre les deux principaux candidats à l’élection présidentielle, Donald Trump et Joe Biden.

Les deux hommes se sont présentés sur scène à l’appel de leur nom. Ils ont pris place, sans se serrer au préalable la main en raison de l’épidémie de Covid-19, derrière les pupitres installés dans la salle de l’université de Cleveland (Ohio) choisie pour accueillir l’événement. Puis le désordre s’est installé, emportant le modérateur, le pourtant chevronné Chris Wallace, de la chaîne Fox News. Et par vagues successives ont déferlé, l’agressivité, l’aigreur et la méchanceté.

Au cours des jours précédents, l’équipe de campagne de Donald Trump avait multiplié les métaphores guerrières, évoquant même une « destruction » de l’ancien vice-président démocrate, régulièrement dépeint comme miné par l’âge. Le président sortant s’est tenu à ce cap, interrompant continuellement son adversaire, moquant ses réponses, affichant ouvertement son mépris, y compris sur son parcours universitaire (Joe Biden n’est pas passé par les grandes institutions du pays). « Il n’y a rien d’intelligent en vous », a assuré Donald Trump. L’objectif était clair : pousser son adversaire hors de ses gonds en comptant sur l’un des coups de sang qui ont ponctué la longue carrière de ce dernier et qui le ferait apparaître à son désavantage.

Régulièrement, Joe Biden a été sur le point de céder. « Ferme-la », « il est difficile de placer un mot avec ce clown, excusez-moi, cette personne », « continue à japper, mon gars » : à de nombreuses reprises, des formules de disputes de buveurs éméchés lui ont échappé sous le coup de l’exaspération, contribuant également à rabaisser le débat.

Rappel à l’ordre

Cependant, l’ancien vice-président a résisté, parvenant même régulièrement à énumérer propositions et projets sans prêter attention aux piques incessantes de son contradicteur. Joe Biden a même fini par trouver une parade efficace, celle de ne prêter aucune attention au président sortant pour s’adresser directement à la caméra qui lui faisait face, afin de parler à ses concitoyens.

Le fauteur de trouble a rapidement été désigné par Chris Wallace, initialement pris de court par la tournure des événements. « Monsieur le président, votre équipe de campagne a accepté que les deux camps disposent [pour chacun des thèmes évoqués] de deux minutes sans interruption », a-t-il fini par lâcher, tout en tentant parfois de ramener Donald Trump à de meilleures dispositions. « Vous allez être content », a-t-il ainsi assuré en annonçant des sujets où il s’attendait à être plus à son aise, notamment sur les questions de sécurité. Ni le rappel à l’ordre, ni la cajolerie n’ont pourtant payé.

Livré à lui-même, Donald Trump a pourtant travaillé contre ses intérêts. A deux reprises, à propos du Covid-19 et de la fraude électorale qu’il ne cesse d’associer au vote par correspondance, il a démenti les propos de responsables de sa propre administration.

Il s’était vanté de ne pas avoir besoin de se préparer avec le débat, mais cette désinvolture s’est affichée à ses dépens, ses propos de meetings, souvent mensongers et outranciers ne trouvant aucun écho dans une salle où avait pris place un public très clairsemé pour cause de coronavirus.

Trump incapable de condamner le suprémacisme blanc

Le président s’est même précipité la tête la première dans des pièges tendus à l’attention de son adversaire. Il n’a cessé de mettre en cause le comportement du fils de l’ancien vice-président, Hunter, connu pour son instabilité. Les républicains lui reprochent d’avoir utilisé son nom de famille pour faire des affaires même s’il n’a jamais fait l’objet de poursuites. Un rapport de sénateurs républicains n’a pas été en mesure de montrer que Joe Biden l’avait favorisé dans le cadre de ses fonctions.

Le président s’est cependant égaré dans ces attaques répétées, notamment lorsqu’il est revenu à la charge alors que son adversaire venait de mentionner son autre fils, Beau, emporté en 2015 par une tumeur au cerveau. « Je ne connais pas Beau, je connais Hunter », a-t-il dit à propos de cet ancien militaire, ancien procureur général du Delaware et sur lequel Joe Biden fondait de grands espoirs. « Mon fils… comme beaucoup de gens que nous connaissons, a eu un problème de drogue. Il l’a surmonté. Il s’est soigné. Il a travaillé pour y arriver. Et je suis fier de lui », a alors rétorqué l’ancien vice-président, opposant un peu d’humanité à la hargne de son adversaire.

Donald Trump est également retombé dans un autre de ses travers lorsqu’il lui a été rappelé qu’il s’était montré incapable de condamner le suprémacisme blanc après des affrontements à Charlottesville en Virginie, qui avaient entraîné la mort d’une militante antiraciste. Invité à le faire avec insistance, il a renâclé avant de se contenter simplement d’inviter un groupe d’extrême droite à prendre ses distances.

Le contraste entre les deux hommes a été encore plus manifeste à la fin du débat lorsque Joe Biden s’est engagé à reconnaître les résultats de l’élection alors que Donald Trump, une nouvelle fois, a esquivé. Puis la tempête s’est arrêtée, laissant derrière elle une démocratie américaine abasourdie par l’image qu’elle venait de donner d’elle-même.

30 septembre 2020

Martin Parr - Frac Bretagne à Rennes

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30 septembre 2020

« Lux Æterna » : enfer et bûcher

Lux Æterna saisit quelques minutes du tournage d’un film dont on sait peu de choses, sinon que la scène qui se met en place sous nos yeux apparaît comme la représentation publicitaire et clinquante du simulacre d’une Passion malaxée par l’esthétique du vidéoclip. Une Passion qui serait celle du Christ mais aussi celle de ces femmes condamnées, dans l’histoire, au bûcher pour sorcellerie. Béatrice Dalle (la réalisatrice) et Charlotte Gainsbourg (l’actrice) y sont plongées dans un enfer, dont elles contribuent par ailleurs à la création. Durant cinquante minutes se déploie un catalogue de démonstrations hystériques et de haine largement diffuse.

Gaspar Noé brosse, sous une forme incroyablement condensée, un lugubre et inquiétant portrait de groupe, « à chaud » et dans l’illusion que donne le sentiment d’une captation sur le vif des affects. Lux Æterna se situe à une place à la fois imprenable et impossible, entre la noblesse revendiquée de l’art surréaliste (Buñuel y est même cité, in fine), un naturalisme sans rédemption et la vulgarité de l’audiovisuel contemporain. Jean-François Rauger

Film français de Gaspar Noé. Avec Béatrice Dalle, Charlotte Gainsbourg, Abbey Lee 

30 septembre 2020

Nobuyoshi ARAKI

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30 septembre 2020

Eva Joly : « Dans un dossier qui demandait la pondération, Eric Dupond-Moretti a choisi la brutalité »

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Par Eva Joly, Avocate

En ordonnant une enquête sur trois des magistrats du Parquet national financier, le garde des sceaux foule au pied le principe fondamental de la séparation des pouvoirs et mine une institution dont l’efficacité en matière de délinquance financière dérange, estime l’avocate dans une tribune au « Monde ».

Avocat, Eric Dupond-Moretti ferraillait avec les magistrats du Parquet national financier (PNF). Devenu ministre de la justice, il bénéficie à présent de « remontées d’informations » sur des dossiers qui lui sont très familiers.

Alors qu’il ordonne une enquête sur trois des magistrats du PNF, à l’occasion d’une enquête préliminaire conclue par un classement sans suite, comment échapper à l’idée qu’Eric Dupond-Moretti, garde des sceaux, vient au secours de maître Dupond-Moretti avocat ?

Ce pourrait n’être qu’une pantalonnade, ou « le conflit d’intérêts pour les nuls ». C’est en réalité une attitude qui a de graves conséquences : elle foule au pied, avec cynisme, le principe fondamental de la séparation des pouvoirs et mine la lutte contre la grande délinquance financière et la corruption.

Cette attaque contre le PNF n’est cependant pas surprenante. C’est la dernière manifestation d’une défiance récurrente de l’exécutif et des politiques à l’égard d’une institution bien trop efficace.

Une mise en perspective s’impose. J’ai connu le temps où la délinquance financière restait largement impunie. Puis, dans les années 1990, certaines enquêtes ont abouti à des condamnations sévères. C’était nouveau. Nous travaillions alors comme nous le pouvions, dans des locaux minuscules, sans équipements, avec une section financière du parquet de Paris en grave sous-effectif. Aussi la création en 1999 du pôle financier, ancêtre du PNF, regroupant les juges et les parquetiers, rue des Italiens, à Paris, fut-elle un grand progrès. Des années plus tard, le gouvernement Hollande n’eut politiquement pas d’autre choix, face à la magnitude du scandale Cahuzac, que de renforcer les moyens de lutte contre la corruption et la grande délinquance financière et fiscale en créant le Parquet national financier.

Depuis 2014, l’action du PNF a rapporté pas moins de 9,9 milliards d’euros au Trésor public. Du jamais-vu en France pour quelque institution que ce soit.

LE GARDE DES SCEAUX, QUI A AUTORITÉ SUR LE MINISTÈRE PUBLIC, SE MET EN SITUATION D’ÊTRE SOUPÇONNÉ D’AGIR POUR DES INTÉRÊTS PARTICULIERS

Ces montants proviennent notamment de la lutte contre la grande délinquance financière, la corruption et autres infractions à la probité (procédures Guéant, Fillon, Airbus), la fraude fiscale et le blanchiment de fraude fiscale, la fraude à la taxe carbone (les affaires HSBC, Google, UBS, Dassault, Balkany, Cahuzac), les biens mal acquis (procédures Obiang, Al-Assad). Ils sont autant d’exemples de l’intérêt et de l’efficacité de ce parquet spécialisé dirigé jusqu’en juin 2019 par Eliane Houlette, aujourd’hui dans le collimateur de l’actuel garde des sceaux.

Derrière la mise en cause des magistrats, il y a une mise en cause du PNF. Et le garde des sceaux, qui a autorité sur le ministère public et devrait par conséquent agir dans l’intérêt de la société, se met en situation d’être soupçonné d’agir pour des intérêts particuliers. En effet, le PNF va prochainement soutenir l’accusation contre un homme très influent : l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy.

Le procès de ce dernier, de son avocat Me Herzog (ami proche du ministre de la justice, selon ses propres dires) et de l’avocat général de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, doit intervenir en novembre. C’est dire la pression qui pèse sur les épaules des procureurs du PNF. C’est dire aussi combien est pernicieuse la décision du ministre de la justice de s’en prendre au PNF.

La suspicion est malheureusement inévitable lorsqu’on apprend par le site Mediapart qu’Eric Dupond-Moretti a séjourné l’été avec l’un des prévenus, Me Herzog, avant de prendre à la rentrée cette initiative susceptible d’affaiblir l’accusation dans cette même affaire, prévue pour être jugée à l’automne.

Démonstration de force

En s’attaquant à Eliane Houlette, l’une des plus brillantes procureures du pays qui a parfaitement rempli sa mission à la tête du PNF, Eric Dupond-Moretti tombe le masque. Il semble se comporter encore, malgré sa nomination de ministre de la loi, comme l’avocat pénaliste coriace qu’il fut. lI défendait il y a peu encore l’intermédiaire Alexandre Djouhri dans le dossier dit du financement Libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy et avait en charge d’autres dossiers devant le PNF. Il a même été plaignant comme avocat dans cette procédure où il intervient aujourd’hui comme garde des sceaux !

Qu’il détourne une procédure de son objectif pour tenter d’obtenir des sanctions disciplinaires contre trois magistrats du PNF est donc extrêmement préoccupant. Cette démonstration de force ne repose sur rien et il le sait. Les enquêtes de l’inspection générale de la justice ne peuvent être utilisées pour porter une appréciation sur un acte juridictionnel déterminé, en application de l’article 64 de la Constitution et du principe de la séparation des pouvoirs. Seul le fonctionnement du PNF pouvait légitimement faire l’objet d’une enquête de l’inspection, comme c’est le cas pour toutes les juridictions.

Alors que le gouvernement dit vouloir renforcer la lutte contre toutes les formes de criminalité, l’affaiblissement délibéré du Parquet national financier envoie un tout autre message : l’intérêt général et la lutte contre la délinquance financière peuvent bien attendre.

Le Conseil supérieur de la magistrature a d’ailleurs déjà fait savoir son inquiétude sur le respect du bon fonctionnement des institutions judiciaires en l’espèce.

La justice française, un paysage de désolation

Avocat d’assises talentueux, défenseur passionné, on peut concevoir qu’une reconversion express en garde des sceaux ne soit pas facile. La justice a cependant besoin de réformes. Comme avocate, je déplore souvent le manque de spécialisation réelle de certaines formations de jugement et le déficit criant de moyens qui pèsent sur l’ensemble des auxiliaires de justice et des justiciables. Sous-dotée chroniquement depuis trente ans, la justice française est devenue un paysage de désolation, un océan de pénuries qui protège de plus en plus mal les Français. Quelle erreur formidable dans ces circonstances que de s’attaquer à ce qui fonctionne encore !

Le ministre de la justice est l’un des plus hauts personnages de l’Etat, l’un des principaux garants du respect de nos règles les plus fondamentales et du jeu institutionnel. Dans un dossier qui demandait pondération et réflexion, Eric Dupond-Moretti a choisi la brutalité et la transgression. Ce faux pas est une alerte. A l’heure où les jeux d’influences des politiques sur la justice vont être jugés en correctionnelle, la vigilance sur les menées de l’exécutif s’impose.

Eva Joly est avocate et ancienne députée au Parlement européen (EELV).

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